Petits fours

Petits fours

Un nuage
C'est une lave sans volcan
Une pelote de laine crue
Qui se tricote en nues
Et dont l'enfer descend

Ligne 28 Lisboa
Tu brinquebales sur le pavé
Prisonnier des gorges de fer
Qui mènent du paradis à l'enfer
Selon que l'on est pressé d'arriver

Amsterdam
Des vélos qui se font la bise
Les ponts faisant le gros dos
Rembrandt devant sa toile grise
Ses huiles peintes d'eau

Garnement
Fuyons les devoirs d'écolier
Pour le livre de la rue
Bourré de mots grossiers
Et de soleil plein la vue

Plage
Il y a des mers de sable
Et des dunes d'eau
Des tempêtes affables
Et des oasis infernaux

Averse
Il n' y a pas assez de mots
Pour dire la pluie
Le langage essuie
Les traces de l'eau

Neige
Laissez les flocons blancs
Sur vos cheveux beiges
Illuminer le poids des ans
Tant que tourne le manège

Peupliers
De grands porte-plumes
Se mirant dans l'encre
Solides grumes
Ayant jeté l'ancre

Marée basse
Qui est donc ce peintre
Qui invita sur la grève
A une intime étreinte
La couleur et le rêve ?

Technicien de surface
Il ne peut plus se voir
Le laveur de carreau
Des jours devant ce miroir
A faire briller son égo

Anvers et Liège
Les gares s'étirent
Et j' y perds mes pas
Tels des vampires
Font de mon temps, leur repas

Bouchots
Il y a des agricultures secrètes
Comme d'alchimiques boissons
Sur des boiseries discrètes
S'accrochent d'obscures moissons
Et de la mer surgissent des crêtes
Striant d'encre noire l'horizon

Brume
C'est une fumée sans feu
Une vapeur spontanée
Une invisible cheminée
Qui se ravive quand il pleut

SMS
Il m'a prise au mot
JT'M
Ce n'était qu'un texto
Pas un poème

Mini-jupe
L'excuse est exquise
De dévoiler sa dentelle
Et de dire, pour la bagatelle
"Le vent m'a surprise"

Annonciation
Rendez-grâce, mécréants, à la douce Marie
Qui pour Jésus, son enfant, eût la faiblesse
De se garder près de son chaste charpentier
Alors qu'elle savait où menait sa divine folie

Paris urbain
Tu as les quatre fers en l'air
Trotteur, tu fonces au galop
Au bistrot, les parieurs en colère
Hurlent des noms d'oiseaux

Bruxelloises
Elles lèvent des pintes
Grosses comme des haltères
Rien ne les éreinte
Ces dames très entières

Chanson belge
Brussel t'es brune comme un caramel
Bruxelles t'es blonde comme une prune
T'as la peau rose comme un Spéculos
T'as le goût des tropiques de la Lambic

Calais
Comment ne pas penser,
En caressant la mer du Nord
A la vie et à la mort
Nous qui sommes grains de sable

Collants
Les jambes des dames
Ça se lit de bas en haut
Et que Dieu me damne
Avec des « Dim », sublimes oripeaux

Imparfaite
Tout trop long, sauf le jupon
Tout trop fin, sauf le satin
Rien de rond, sauf les talons
Rien de rien, on reste sur sa faim

Jupe ponctuée
J’ai sur les reins un champ de pois
Un jardin avec de topiaires motifs
Sans parler de mes collants de soie
A rendre tous les regards fautifs

Départ
De celle qui me tourna les talons
Sur son image, tirai un trait
Mais avec le temps vient le pardon
Et la douleur un tableau abstrait

succulentes ces mignardises. Peut pas mieux dire !
(Calais un peu moins goûteux peut-être)

Merci Eclaircie pour ce commentaire gourmand, je repars de ce pas en cuisine

Bien plus qu'une mise en bouche, j'ai beaucoup aimé dans l'ensemble

Oui, c'est très sympa à lire comme poème... J'ai commencé par chercher un lien entre les différentes strophes puis j'ai fini par les lire individuellement et comme ça, c'était parfait!

dommage pour oasis infernaux

chaque petit texte se suffit et dans l'ensemble, c'est très agréable

Merci à vous tous (pourquoi dommage pour oasis infernaux ???)

echalot-lover a écrit:Merci à vous tous (pourquoi dommage pour oasis infernaux ???)

paskeu oasis est du féminin
ce qui t'obligerait à tout recommencer pour celui-ci !
;-)

et le titre Paris urbain
tu es sûre de ce que tu veux dire ?
C'est la ville de Paris ?
Ou ce sont des paris ?
Si c'est des paris, alors il faut un s à urbains
sinon "pari urbain"
à mon avis c'est cela que tu voulais
mais je n'en suis plus très sûr
;-)

comme quoi, l'ortho, c'est pas n'importe quoi

Mentor, merci
Oasis .... piégé par le genre je suis !!!

PMU est bien le pari mutuel urbain .... sans S

Délicieux ces petits fours, on ne sait que choisir, voyons ...
bien gourmand de "garnement" et qu'une bouchée de "bouchot"

Merci pour ce régal. Y aurait-il du rab ??

Merci à vous deux de votre visite et vos de compliments

J'adore, ça se lit facilement, c'est croustillant, j'attends la suite du repas !

Bravo pour cette trouvaille :


Plage
Il y a des mers de sable
Et des dunes d'eau

ce texte me rappelle que les collants sur des jambes de femme me bouleversent

Merci de votre passage

Femmes en forme de dunes
Le sable dans vos collants
Vos cours d'eau mouvants
Demandez-nous la lune

presque dommage de tout délivrer d'un coup

on aurait aimé.......avoir pour chaque strophe...une sorte de pensée du jour

ce petit détail que l'on découvre le matin en se levant

Quelle bonne idée Mitsouko, ceci d'autant plus que j'en ai au moins une centaine dans le congélateur !!!

J'aime bien le principe, ces formes courtes et légères.
En revanche, (cent fois sur le métier, etc.), j'ai le sentiment que tu es allé un peu vite en besogne et que la chose mériterait plus d'attention, plus de roulement en bouche.

A titre d'exemple:


C'est une lave sans volcan 8
Une pelote de laine crue 9
Qui se tricote en nues 6
Et dont l'enfer descend 6

Il me semble que ces petits bijoux, ces verroteries (dont je raffole, ce n'est pas péjoratif du tout), se doivent de briller de mille(et un) feux. Couler en bouche. 8 8 6 6 , super, mais ce 9... (Je pense, en plus, que le troisième vers, si court après les précédents aurait gagné à s'achever par une rime féminine.)

Ligne 28 Lisboa
Tu brinquebales sur le pavé 9
Prisonnier des gorges de fer 8
Qui mènent du paradis à l'enfer 10
Selon que l'on est pressé d'arriver 10

Avec, en plus, ce souci: selon que... ou que... Il y a là une nécessité grammaticale.

Ayant eu des remarques de la modération, je ne réponds que la nuit du dimanche

Merci Zenobi pour ta rigueur