Aux petits oignons
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Aux petits oignons
Le temps est un oignon émincé qui se venge
Heures
…minutes
……secondes
plus on le tranche fin
plus on verse de larmes
Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru
comme un fruit !
Faire fondre les montres
frire au beurre
les alarmes
les aiguilles liées en un bouquet garni
déguster son bouillon au bec de la clepsydre
et croquer le cadran d'un soleil sans rayons
avec un beau coucou tapi dans son gousset
Heures
…minutes
……secondes
plus on le tranche fin
plus on verse de larmes
Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru
comme un fruit !
Faire fondre les montres
frire au beurre
les alarmes
les aiguilles liées en un bouquet garni
déguster son bouillon au bec de la clepsydre
et croquer le cadran d'un soleil sans rayons
avec un beau coucou tapi dans son gousset
Re: Aux petits oignons
Fantastique. Commentaire vraiment inutile, mais dieu que j'aime ta poésie ! J'aurais aimé avoir l'idée et la mettre en forme avec autant de grâce et de prestesse.
Invité- Invité
Re: Aux petits oignons
Inimitable !Il y a tout là-dedans : l'insolence, la mélancolie, une grâce primesautière, le jeu, la vie ... je suis baba !
Invité- Invité
Re: Aux petits oignons
J'arrive en 5ème position pour te dire Arielle que j'admire sincèrement ton talent de plume et la variété des thèmes que tu nous offres... oui ce sont des présents que je garde précieusement dans mon cahier de "bonheurs".
Re: Aux petits oignons
Bonsoir Arielle
Superbe !
L'oignon fait la sauce, il faut être bon cuisinier...
Superbe !
L'oignon fait la sauce, il faut être bon cuisinier...
la fille du pays du nord- Nombre de messages : 65
Age : 59
Date d'inscription : 27/01/2011
Re: Aux petits oignons
Arielle vous êtes dans la poétique provençale et cela ne manque pas de doux piquant; j'ai quand même préféré les "saveurs du monde"
ça , ça me plaît beaucoup plus
Une suggestion, si vous n'en prenez pas ombrage :
L'oignon émincé se venge comme le temps,
Plus on le tranche fin...
ou
Le temps se venge comme un oignon qu'on émince,
Plus on le tranche fin....
ou
On émince un oignon comme le temps
Qui se venge :
Plus on le tranche fin...
clin d'oeil pictural à Dali, non ?
....Toujours plaisir à vous lire,
Marvejols
ce vers me paraît un peu trop direct ("ceci est comme cela" / "le temps est un oignon".. mouais...).Arielle a écrit:Le temps est un oignon émincé qui se venge
Arielle a écrit:plus on le tranche fin
plus on verse de larmes
ça , ça me plaît beaucoup plus
Une suggestion, si vous n'en prenez pas ombrage :
L'oignon émincé se venge comme le temps,
Plus on le tranche fin...
ou
Le temps se venge comme un oignon qu'on émince,
Plus on le tranche fin....
ou
On émince un oignon comme le temps
Qui se venge :
Plus on le tranche fin...
Arielle a écrit:Faire fondre les montres
clin d'oeil pictural à Dali, non ?
....Toujours plaisir à vous lire,
Marvejols
Re: Aux petits oignons
je suis assez insensible à la peinture de Dali, mais dans ce registre poétique,je marche de la "poésie molle" que je trouve touchante et superbe
Re: Aux petits oignons
Joli détraquement.
A lire dans le sens des aiguilles qui se montrent :-)
A lire dans le sens des aiguilles qui se montrent :-)
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Aux petits oignons
Position à 12hOO... J'en profite pour remercier ceux et celles qui sont venus lire l'heure à ma porte.
Marvejols je vous sais gré pour vos aimables propositions mais je mets un point d'honneur, et une pointe de jeu à éviter l'utilisation du mot "comme" qui alourdit singulièrement les images en poésie, à mon sens.
Si j'affirme que le temps est un oignon, libre à vous, néanmoins, de juger péremptoire ma vision des choses et d'en proposer une plus soft. ;-)
Marvejols je vous sais gré pour vos aimables propositions mais je mets un point d'honneur, et une pointe de jeu à éviter l'utilisation du mot "comme" qui alourdit singulièrement les images en poésie, à mon sens.
Si j'affirme que le temps est un oignon, libre à vous, néanmoins, de juger péremptoire ma vision des choses et d'en proposer une plus soft. ;-)
- Spoiler:
- Je suppose que le double-sens du mot oignon ne vous a pas échappé
Re: Aux petits oignons
ah ben si, ça m'avait échapper, sans dec !
Je salue et j'admire la finesse de la préparation et l'élégance de la présentation. Arielle, tu dois être toquée !
Après l'ail (saveur du monde), voilà l'oignon. A quand l'échalote
Je salue et j'admire la finesse de la préparation et l'élégance de la présentation. Arielle, tu dois être toquée !
Après l'ail (saveur du monde), voilà l'oignon. A quand l'échalote
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Aux petits oignons
Pour Hellian :
Taille, taille une bavette
bavarde sur le tapis
laisse reposer ta langue
offre-lui donc un répit !
Il est midi, midinette
dans la poële sous la hotte
noircissent les échalottes
dans le beurre de tes parlottes
Bon appétit !
Taille, taille une bavette
bavarde sur le tapis
laisse reposer ta langue
offre-lui donc un répit !
Il est midi, midinette
dans la poële sous la hotte
noircissent les échalottes
dans le beurre de tes parlottes
Bon appétit !
Re: Aux petits oignons
Echevelée, Charlotte
Fait la course à l'échalote
Et dans ma liste je note :
une bavette pour Outretemps
Fait la course à l'échalote
Et dans ma liste je note :
une bavette pour Outretemps
Invité- Invité
Re: Aux petits oignons
Moi je n'aime pas trop cet amalgame entre le temps et l'oignon. Incongrue. De plus, je trouve que l'image de l'oignon n'a vraiment rien de poétique !
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Aux petits oignons
J'aime beaucoup!!!
Je me plais à imaginer ce poême ^^
Par contre, pourquoi un oignon (par curiosité?)
Je me plais à imaginer ce poême ^^
Par contre, pourquoi un oignon (par curiosité?)
Cutalion- Nombre de messages : 10
Age : 34
Date d'inscription : 08/02/2011
Re: Aux petits oignons
Cutalion a écrit:Par contre, pourquoi un oignon (par curiosité?)
"l'oignon est aussi une montre qu'on portait dans une poche de gilet, veste ou veston (le gousset), ou bien encore attachée à l'extrémité un ruban ou une chaînette fixés en haut de la culotte ou du pantalon."
Tout le poème joue avec les différents objets chargés de nous donner l'heure... Désolée si je n'ai pas été assez claire.
Re: Aux petits oignons
d'accord je comprends tout désormais et il est encore mieux que je ne l'imaginais. C'est juste que je n'ai pas connu cette époque
Cutalion- Nombre de messages : 10
Age : 34
Date d'inscription : 08/02/2011
Re: Aux petits oignons
Succulent et jubilatoire ! Parfait quoi .
- Spoiler:
- ( Dites, pourriez-vous de loin en loin publier un poème limite nul, voire juste moyen, afin que nous puissions varier nos commentaires? ^^ :))))
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Aux petits oignons
J'arrive un peu tard, et je suis ravie.
Tout ou presque a été dit, reste que...
Arielle nous surprend toujours où on ne l'attendait pas; "je me souviens" qu'un des premiers textes qui m'a enchantée sur VE est un poème d'Arielle sur l'ortie.
Il faut un sacré talent pour parler d'ortie, d'oignon (bientôt la soupe?) avec tant de grâce.
Tout ou presque a été dit, reste que...
Arielle nous surprend toujours où on ne l'attendait pas; "je me souviens" qu'un des premiers textes qui m'a enchantée sur VE est un poème d'Arielle sur l'ortie.
Il faut un sacré talent pour parler d'ortie, d'oignon (bientôt la soupe?) avec tant de grâce.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Aux petits oignons
On n'arrive jamais trop tard pour une soupe à l'oignon qui a l'heur de nous plaire...
(Le temps est un gnon aussi qui se cuit au beurre noir)
(Le temps est un gnon aussi qui se cuit au beurre noir)
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Aux petits oignons
Une musique vraiment des plus agréables et très pétillant au goût, se rire du temps...
Invité- Invité
Re: Aux petits oignons
Arielle a écrit: je vous sais gré pour vos aimables propositions mais je mets un point d'honneur, et une pointe de jeu à éviter l'utilisation du mot "comme" qui alourdit singulièrement les images en poésie, à mon sens.
Arielle, bonsoir. Vous n'avez pas complètement tort sur le COMME et je vois que j'en parsème mes textes assez régulièrement (pas toujours un COMME de comparaison toutefois). Un remplacement par TEL est parfois avantageux il est vrai. Et je travaillerai plus généralement à un évitement / contournement. Je vous remercie
euh... je ne vois pas d'où l'on peut tirer que j'aurais jugé "péremptoire" votre vision des choses, vous avez-du vous mêler les aulx.Arielle a écrit:Si j'affirme que le temps est un oignon, libre à vous, néanmoins, de juger péremptoire ma vision des choses et d'en proposer une plus soft. ;-)
Arielle a écrit:
- Spoiler:
Je suppose que le double-sens du mot oignon ne vous a pas échappé
Je me demandais toujours ce que sont ces SPOILER qui apparaissent parfois au bas de messages, je pensais qu'il s'agissait de scories d'erreurs de manip. Je viens de découvrir en faisant "citer" qu'il s'agissait d'un message complémentaire. Je ne sais ni comment les créer ni comment les lire. Désolé. Celui-ci étant apparu en clair, l'OIGNON et surtout quand il est coupé, me fait plutôt penser à un sexe féminin qu'à une montre à gousset...
Re: Aux petits oignons
Le temps qui passe, c'est toujours un thème qui me touche,
J'aime beaucoup, comme très souvent!
J'aime beaucoup, comme très souvent!
Re: Aux petits oignons
Arielle... dernièrement, à chaque fois que je te lis, j'ai faim après !
Blague à part, c'est vraiment agréable de trouver un si beau message au coeur d'images quotidiennes !
Blague à part, c'est vraiment agréable de trouver un si beau message au coeur d'images quotidiennes !
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Aux petits oignons
J'ai beaucoup apprécié à la seconde lecture bien que ce ne soit pas mon "style" de poésie.
Petit bémol: je n'aime pas trop cette strophe que je trouve perdue au milieu du reste du poème.
"Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru
comme un fruit !"
Petit bémol: je n'aime pas trop cette strophe que je trouve perdue au milieu du reste du poème.
"Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru
comme un fruit !"
laconis- Nombre de messages : 45
Age : 33
Date d'inscription : 09/10/2010
Re: Aux petits oignons
Il y a ce temps que l’on mesure, avec les horloges, les montres, et aussi les « oignons ».
Ainsi mesuré, il est découpé, « émincé » en unités de plus en plus réduites : heures, minutes, secondes. Jamais pourtant le temps n’est vide ; il n’est rien s’il n’est pas vécu. Ce qui est divisé alors, fragmenté, c’est la vie, ce qui est à vivre. Fractions de passé, portions de futur, zest de présent : la durée de la vie est éclatée dans trois dimensions. Mais c’est en multiples parcelles de la durée que la vie est découpée. Temps organisé, planifié, programmé. Agenda, emploi du temps, almanach. Ephémérides et rides moins éphémères. Rien n’est vécu à fond, et de façon spontanée, mais tout est en lamelles de temps, vécu petit, en petits bouts.
Le temps se « venge » des coupures qu’on lui inflige, comme une personne, un corps que l’on a blessé, que l’on a lacéré, déchiqueté. Il se venge et nous fait pleurer sur notre sort, comme fait un oignon liliacée. Plus le temps est coupé finement, moins de temps donc est consacré à ce que nous vivons, et plus nous en pleurons, ou pouvons en pleurer. Rien en effet n’est alors pleinement vécu, et la vie nous échappe, et les instants se succèdent rapidement.
Comment goûter à la vie, quand ainsi elle est découpée en activités au temps limité, qui se succèdent à un rythme effréné ?
Comment boire alors une gorgée d’absolu ? Comment goûter à l’instant éternel que rien ne limite ?
Il faudrait croquer la vie à pleines dents : « Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru ». La pomme serait plus facile à mordre, mais l’oignon ? Plus difficile à croquer l’oignon, surtout quand il est cru, son goût est plus fort, plus prononcé, moins sucré. La vie n’est pas pur sucre, n’est pas un fruit, pas le fruit du péché.
Croquer donc dans l’oignon cru, l’oignon non préparé, non émincé, non découpé. Toutes les saveurs de la vie alors dans l’instant qui dure, le temps non mesuré, le perpétuel présent, l’éternité de la présence.
Que faire pour échapper au temps des émincés ?
Une recette :
« Faire fondre les montres » : comme on fait fondre les oignons coupés menu. Non pas faire les montres molles, mais les faire fondre : les réduire, les résoudre, les dissoudre. Les allonger. Les diluer. Les dilater sans mesure.
« Faire frire au beurre les alarmes », les faire revenir, faire revenir les instants en fuite dans un précipité sans solution, et ceux, cuisants, quand ils ne sont plus qu’à larmes.
« les aiguilles liées en un bouquet garni » : lier les aiguilles pour que la sauce ne tourne pas, les transformer en fines herbes, pimprenelle, ciboulette, pour qu’elles donnent du bouquet, aromatiques branches et tiges, thym, romarin.
Quand tout est prêt, après avoir laissé mijoter à petits feux
« déguster son bouillon au bec de la clepsydre » goûter alors le breuvage savoureux qui coule goutte à goutte, lentement, le potage sans âge, celui qui étanche la soif d’éternité.
Enfin « croquer le cadran d'un soleil sans rayons » savourer la lumière, pas d’un trait, pas d’un rai, au cadran solaire, mais son intensité diffuse, nébuleuse, embrassante.
Et laisser le coucou dans son gousset, ne pas le laisser sortir, ne plus entendre son chant au rythme du temps qui passe.
Ta poésie, Arielle, est une quête d’un art, celui de savourer le monde, qui est aussi un art de goûter le temps. Ici, c’est un art culinaire, une gastronomie du temps.
L’art de prendre le temps d’échapper au temps.
Très bon texte, oui, même si j’ai préféré La saveur du monde.
Ainsi mesuré, il est découpé, « émincé » en unités de plus en plus réduites : heures, minutes, secondes. Jamais pourtant le temps n’est vide ; il n’est rien s’il n’est pas vécu. Ce qui est divisé alors, fragmenté, c’est la vie, ce qui est à vivre. Fractions de passé, portions de futur, zest de présent : la durée de la vie est éclatée dans trois dimensions. Mais c’est en multiples parcelles de la durée que la vie est découpée. Temps organisé, planifié, programmé. Agenda, emploi du temps, almanach. Ephémérides et rides moins éphémères. Rien n’est vécu à fond, et de façon spontanée, mais tout est en lamelles de temps, vécu petit, en petits bouts.
Le temps se « venge » des coupures qu’on lui inflige, comme une personne, un corps que l’on a blessé, que l’on a lacéré, déchiqueté. Il se venge et nous fait pleurer sur notre sort, comme fait un oignon liliacée. Plus le temps est coupé finement, moins de temps donc est consacré à ce que nous vivons, et plus nous en pleurons, ou pouvons en pleurer. Rien en effet n’est alors pleinement vécu, et la vie nous échappe, et les instants se succèdent rapidement.
Comment goûter à la vie, quand ainsi elle est découpée en activités au temps limité, qui se succèdent à un rythme effréné ?
Comment boire alors une gorgée d’absolu ? Comment goûter à l’instant éternel que rien ne limite ?
Il faudrait croquer la vie à pleines dents : « Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru ». La pomme serait plus facile à mordre, mais l’oignon ? Plus difficile à croquer l’oignon, surtout quand il est cru, son goût est plus fort, plus prononcé, moins sucré. La vie n’est pas pur sucre, n’est pas un fruit, pas le fruit du péché.
Croquer donc dans l’oignon cru, l’oignon non préparé, non émincé, non découpé. Toutes les saveurs de la vie alors dans l’instant qui dure, le temps non mesuré, le perpétuel présent, l’éternité de la présence.
Que faire pour échapper au temps des émincés ?
Une recette :
« Faire fondre les montres » : comme on fait fondre les oignons coupés menu. Non pas faire les montres molles, mais les faire fondre : les réduire, les résoudre, les dissoudre. Les allonger. Les diluer. Les dilater sans mesure.
« Faire frire au beurre les alarmes », les faire revenir, faire revenir les instants en fuite dans un précipité sans solution, et ceux, cuisants, quand ils ne sont plus qu’à larmes.
« les aiguilles liées en un bouquet garni » : lier les aiguilles pour que la sauce ne tourne pas, les transformer en fines herbes, pimprenelle, ciboulette, pour qu’elles donnent du bouquet, aromatiques branches et tiges, thym, romarin.
Quand tout est prêt, après avoir laissé mijoter à petits feux
« déguster son bouillon au bec de la clepsydre » goûter alors le breuvage savoureux qui coule goutte à goutte, lentement, le potage sans âge, celui qui étanche la soif d’éternité.
Enfin « croquer le cadran d'un soleil sans rayons » savourer la lumière, pas d’un trait, pas d’un rai, au cadran solaire, mais son intensité diffuse, nébuleuse, embrassante.
Et laisser le coucou dans son gousset, ne pas le laisser sortir, ne plus entendre son chant au rythme du temps qui passe.
Ta poésie, Arielle, est une quête d’un art, celui de savourer le monde, qui est aussi un art de goûter le temps. Ici, c’est un art culinaire, une gastronomie du temps.
L’art de prendre le temps d’échapper au temps.
Très bon texte, oui, même si j’ai préféré La saveur du monde.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Aux petits oignons
Purée, l'aphorisme ! Belle trouvaille vraiment. Si un jour tu t'arrêtes d'écrire, je serai en grand deuil.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Aux petits oignons
Comme à l'habitude, c'est avec beaucoup de talent que vous avez su accomoder l'angoisse du temps qui passe, pourtant à priori indigeste ...
Mais avec une pincée de Dali, et une grande rasade d'humour et de second degré, ce petit poème se déguste avec un grand plaisir ...
Mychelc
Mais avec une pincée de Dali, et une grande rasade d'humour et de second degré, ce petit poème se déguste avec un grand plaisir ...
Mychelc
mychelc- Nombre de messages : 119
Age : 64
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Aux petits oignons
Merci à mes nouveaux lecteurs et commentateurs.
Louis, j'aime particulièrement que tu aies relevé la parenté entre ce texte et la saveur du monde qui ne me paraît pas évidente au premier abord mais tu entres si intimement dans les textes que tu commentes qu'ils ne peuvent rien te cacher. Quelle que soit la recette, aucun secret de cuisine ne semble t'échapper !
Louis, j'aime particulièrement que tu aies relevé la parenté entre ce texte et la saveur du monde qui ne me paraît pas évidente au premier abord mais tu entres si intimement dans les textes que tu commentes qu'ils ne peuvent rien te cacher. Quelle que soit la recette, aucun secret de cuisine ne semble t'échapper !
Re: Aux petits oignons
alex a écrit:Tout pareil !
Dis donc Alex , te foule pas, surtout ! (Oui je sais on ne commente pas les commentaire. Mais là, hi hi, j'ai le droit , c'est pas un commentaire...) C'est vrai qu'après le commentaire de louis... Remarque tu me donnes une idée :
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Aux petits oignons
Louis a écrit:Il y a ce temps que l’on mesure, avec les horloges, les montres, et aussi les « oignons ».
Ainsi mesuré, il est découpé, « émincé » en unités de plus en plus réduites : heures, minutes, secondes. Jamais pourtant le temps n’est vide ; il n’est rien s’il n’est pas vécu. Ce qui est divisé alors, fragmenté, c’est la vie, ce qui est à vivre. Fractions de passé, portions de futur, zest de présent : la durée de la vie est éclatée dans trois dimensions. Mais c’est en multiples parcelles de la durée que la vie est découpée. Temps organisé, planifié, programmé. Agenda, emploi du temps, almanach. Ephémérides et rides moins éphémères. Rien n’est vécu à fond, et de façon spontanée, mais tout est en lamelles de temps, vécu petit, en petits bouts.
Le temps se « venge » des coupures qu’on lui inflige, comme une personne, un corps que l’on a blessé, que l’on a lacéré, déchiqueté. Il se venge et nous fait pleurer sur notre sort, comme fait un oignon liliacée. Plus le temps est coupé finement, moins de temps donc est consacré à ce que nous vivons, et plus nous en pleurons, ou pouvons en pleurer. Rien en effet n’est alors pleinement vécu, et la vie nous échappe, et les instants se succèdent rapidement.
Comment goûter à la vie, quand ainsi elle est découpée en activités au temps limité, qui se succèdent à un rythme effréné ?
Comment boire alors une gorgée d’absolu ? Comment goûter à l’instant éternel que rien ne limite ?
Il faudrait croquer la vie à pleines dents : « Ah… Mordre à pleines dents
l'oignon cru ». La pomme serait plus facile à mordre, mais l’oignon ? Plus difficile à croquer l’oignon, surtout quand il est cru, son goût est plus fort, plus prononcé, moins sucré. La vie n’est pas pur sucre, n’est pas un fruit, pas le fruit du péché.
Croquer donc dans l’oignon cru, l’oignon non préparé, non émincé, non découpé. Toutes les saveurs de la vie alors dans l’instant qui dure, le temps non mesuré, le perpétuel présent, l’éternité de la présence.
Que faire pour échapper au temps des émincés ?
Une recette :
« Faire fondre les montres » : comme on fait fondre les oignons coupés menu. Non pas faire les montres molles, mais les faire fondre : les réduire, les résoudre, les dissoudre. Les allonger. Les diluer. Les dilater sans mesure.
« Faire frire au beurre les alarmes », les faire revenir, faire revenir les instants en fuite dans un précipité sans solution, et ceux, cuisants, quand ils ne sont plus qu’à larmes.
« les aiguilles liées en un bouquet garni » : lier les aiguilles pour que la sauce ne tourne pas, les transformer en fines herbes, pimprenelle, ciboulette, pour qu’elles donnent du bouquet, aromatiques branches et tiges, thym, romarin.
Quand tout est prêt, après avoir laissé mijoter à petits feux
« déguster son bouillon au bec de la clepsydre » goûter alors le breuvage savoureux qui coule goutte à goutte, lentement, le potage sans âge, celui qui étanche la soif d’éternité.
Enfin « croquer le cadran d'un soleil sans rayons » savourer la lumière, pas d’un trait, pas d’un rai, au cadran solaire, mais son intensité diffuse, nébuleuse, embrassante.
Et laisser le coucou dans son gousset, ne pas le laisser sortir, ne plus entendre son chant au rythme du temps qui passe.
Ta poésie, Arielle, est une quête d’un art, celui de savourer le monde, qui est aussi un art de goûter le temps. Ici, c’est un art culinaire, une gastronomie du temps.
L’art de prendre le temps d’échapper au temps.
Très bon texte, oui, même si j’ai préféré La saveur du monde.
Tout pareil !
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Aux petits oignons
J'ajoute ma voix à ce concert de louanges bien mérité
Arielle, ta soupe à l'oignon, c'est le pied :-))))
Arielle, ta soupe à l'oignon, c'est le pied :-))))
Mélusine- Nombre de messages : 185
Age : 63
Localisation : sous l'ondée
Date d'inscription : 13/03/2009
Re: Aux petits oignons
Pour une fois qu'on peut s'occuper d'oignons sans pleurer mais avec un large sourire, j'en remets une louche.
C'est trop bon. Arielle, ta table est succulente.
Invité- Invité
Re: Aux petits oignons
J'ai honte d'arriver si tard pour saluer ce petit chef d'oeuvre . Travaillons à la réplique !
François T- Nombre de messages : 147
Age : 96
Date d'inscription : 13/02/2011
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