Exo du jeudi 8 septembre 20h30
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Poste 12 B
Contraintes : les mêmes que les autres + temps orageux avec de gros éclairs
Je prends la direction de la grande salle,
là où les machines ne s’arrêtent jamais, là où le bruit empêche toute réflexion
d’ailleurs je ne pense plus, à quoi bon
Peut-être que j’aurais dû faire comme le grand Paulo, un verre avec les anciens du poste 12 B, une lettre d’adieu, l’éternité à l’ombre d’un platane.
Mais j’ai cette colère infinie qui gronde en moi, comme un mal qui tarde à surgir
alors j’actionne le bras mécanique, je retrouve le geste de l’homme face à la machine
encore et toujours répéter le mouvement, les yeux rivés sur l’écran de contrôle.
étoile, as, grappe de raisin...la chaîne ne s’arrête jamais.
L’eau ruisselle sur les vitres,
si seulement le ciel pouvait m’emporter, noyer tout le fiel de ma vie à grandes eaux, tout recommencer.
Une grosse femme en robe à fleurs s’est installée à côté de moi. Les arachides grillées remplissent sa bouche au rythme des pièces entrant dans la machine. Ses yeux brillent d’avidité, elle est presque belle et ne tiendra pas longtemps. Trop de désir nuit.
coeur, étoile, étoile
j’actionne le bras, la machine dicte sa loi, j’en ai vu d’autres. Quinze ans chez Renault ça vous laisse des automatismes. J’ai pourtant essayé de leur faire comprendre que je pouvais encore supporter les cadences, que j’étais suffisamment malléable, comme ils disent, pour m’adapter aux nouvelles technologies.
Dehors les éclairs déchirent la mer de leur violence électrique. L’enseigne lumineuse vacille dans la nuit, je ne suis pas de ceux qui se rendent, même épuisé je me battrai encore. Le bras devient lourd, l’écran de plus en plus flou.
étoile, étoile, étoile comme c’est assourdissant.
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Il est attachant ton futur veinard Coline, y’a plein de tendresse et de tristesse mêlées dans ton texte. J’ai bien aimé les "que" de Sandra. L'a bien fait de choisir le casino, il va peut-être la récupérer....
elea- Nombre de messages : 4894
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Localisation : Au bout de mes doigts
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
j'en lis un oudeux, je ne peux pas résister mais je commente plus tard, faut que je dorme
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Si gentille modération voulait bien intégrer entre " Quand on a la poisse " et "Il s'est mis à grêler".
J'étais comme un con à regarder les tags et les affiches déchirées sur le mur à côté du restau : Trop de désir/Nuit de la dance.C'est toi l/ Avatar. J'ai déchiré un bout qui pendouillait. Dessous, c'était une pub Super U. J'aime mieux Casino.
Merci !
C'est fait.
J'étais comme un con à regarder les tags et les affiches déchirées sur le mur à côté du restau : Trop de désir/Nuit de la dance.C'est toi l/ Avatar. J'ai déchiré un bout qui pendouillait. Dessous, c'était une pub Super U. J'aime mieux Casino.
Merci !
C'est fait.
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Contrainte de temps météo : la neige.
La neige se perdait dans les flots ; elle faisait des tâches blanches à la surface, pendant quelques instants, puis se noyait, disparaissait, sans cesse remplacée. L'homme se tenait à la balustrade, le givre mordant ses doigts, la brûlure gercée du métal sur sa peau ; le phare le protégeait un peu, mais le blizzard faisait tournoyer ses lamelles blanches, et il passa une main dans son cou, machinalement, comme l'auraient fait ses collègues, pour enlever la neige qui commençait à couler dans son dos. Il regardait placidement l'horizon terne. Ses vêtements seraient mouillés. Dans sa poche chaude où il plongeait ses mains, il sentit à travers ses mitaines quelques pièces oubliées, joua avec. Il en lança une ou deux dans la mer ; elles trouèrent le fin écran qui se formait à la surface de l'eau, puis tombèrent, balayées par les remous.
Dans le ciel blanc, à travers la pellicule laiteuse, on apercevait le disque bleu du soleil ; sa lumière froide éclairait la mer. Une poupée dérivait, perdue dans les souffles et les vagues glacées ; ses cheveux blonds avaient été arrachées, et on voyait le crâne nu, cette tête hideuse et chauve ; elle passa devant l'avancée de la jetée, fixa l'homme dans les yeux. Il frissonna doucement. La poupée continua, emportée par les vents, dans le sillage de sa robe déchiquetée. L'homme se dévêtit complètement, tabassé par l'air glacial, au bord des eaux pâles ; il plongea une jambe dans l'eau ; les muscles se resserrèrent violemment, tétanisés. Il se laissa tomber dans l'eau, prisonnier de son écrin ; il voyait ses mains bleues devant ses mains ouvertes, les pupilles écarquillées par la douleur. L'eau recouvrait son corps tout entier, son cerveau lisse, son torse nu, comme une hémorragie. Il remonta, à grand-peine, las de ne pas crier.
Il fallait qu'il ressente les choses. C'était une pulsion. Il regarda derrière-lui. Saint-Malo se dressait, avec ses maisons grises aux toiles givrés. Le port immobile ; rien ne bougeait. Les bateaux s'étaient fossilisés dans cette neige sédimentaire qui tombait depuis la veille. Les restaurants aux rideaux gris étaient comme un décor ; les marées, comme des planches fades ajoutées au sable et la neige factices ; le ciel lui-même était comme un élément de théâtre, vide, immatériel ; rien n'existait ; l'homme lui-même, à l'intérieur de sa tête, se regardait comme un comédien terne qui ne savait plus jouer, au milieu d'une scène trop grande et morte ; il traversait l'air sans le sentir, répétait ses gestes, les expressions de son visage. Ses émotions étaient celles que donne les codes sociaux ; tout, de toute façon, était imaginaire. Il se voyait dans un vide noir, sans rien autour, sans coeur, sans sentiments, sans pensées, un point noir dans de l'obscurité ; tout ce que les autres avaient construit autour n'existait pas. Sa réalité et ses vérités étaient un tour de magie, un leurre médiocre.
Il prit le chemin de chez lui. Il regarda sa femme dormir comme il regarde les champignons nucléaires, les bombes américaines, les combats de judo et les matches de rugby à la télé. Il l'avait épousée pour faire comme tout le monde ; il avait crû un jour qu'il y avait un but à tout cela, qu'à la fin, on retournerait au néant ; pour l'instant, cependant, rien ne venait. Il suffisait d'attendre. De temps en temps, il voulait se convaincre qu'il y avait quelque chose de plus profond, qu'il aurait pu toucher, sentir, goûter ; mais pas une bribe, une esquisse, un morceau ; rien du tout. Il faisait l'amour ; il sentait la pression de son sperme dans ses testicules et son pénis mais l'acte ne lui procurait rien, il était froid, le resterait. Il ne pensait pas au suicide ; il n'était pas malheureux. Simplement, l'homme n'éprouvait rien. C'était une brume, un passage qui essayait d'être sortie.
L'homme essayait alors toutes sortes de choses, dans le rythme de son quotidien, pour voir enfin des couleurs, essayer de se convaincre que son environnement n'était pas irréel : mais il couchait toujours froid, avec la sensation de dormir autre part, dans un endroit sombre et inerte qu'il aurait quitté enfant. Il voyait sa naissance comme un assemblage de pénombre : des bras fantômes, sur une tête à bascule de haut en bas et droite à gauche sur un cou en plastique ; des jambes et des fesses en caoutchouc ; il ne s'ennuie pas dans le noir, il n'a la sensation de rien, ne connaît pas le désir ni la souffrance. Des objets de toutes sortes le traversent sans peine, il ne les perçoit pas ; c'est une plante noire, un monticule d'organes sombres sans vie qui le transcende. L'homme aimait bien se blottir dans les toilettes, la nuit, la tête dans la cuvette, la bouche tout prêt de l'eau mousseuse ; en fait, il n'aimait pas, il n'arrive pas, mais il trouve que c'est mieux qu'autre chose. Ces nuances-là lui sont perceptibles.
Il faut qu'il se nourrisse, sinon il est fatigué. C'est embêtant pour lui ; lorsque il est normal, il ne ressent déjà rien ; l'esprit lourd, il ne peut plus du tout bouger. Dans le casino à côté de chez lui, il y a un restaurant. L'homme veut goûter les moules-frites. Tout le monde en parle, et lorsque ses amis conversent entre eux, ils sont encore plus joyeux qu'à l'accoutumée, en parlant du sel et des fruits de mer, des souvenirs de leurs enfants les joues et les doigts pleins de sauce. Pour lui, c'est aussi existant que de parler de la reproduction des oursins ou des derniers chiffres de la bourse ; cependant, l'homme veut savoir si s'en mettre partout et se gaver de pommes de terre en bâtonnets peut éveiller en lui quelque chose de nouveau ; le chaud de ce plat, la déchirure des aliments dans l'œsophage le sortiraient peut-être de sa torpeur, le temps de quelques minutes. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. Un instinct de survie de ce légume infini le pousse à essayer, par crainte de rester toujours comme il est. L'homme sent bien que son comportement n'est pas normal, et ça le dérange. Il n'aime pas être fixé, reluqué, observé, lui qui est invisible et transparent, lui qui vit dans le noir.
Il marche sur le parking, dans le froid et la neige, au milieu des voitures écroulées sous les amas de glace, aux rouages arrêtés par la machine de l'hiver. Des ornières remplies de boue neigeuse serpentent entre les places ; l'homme marche dans l'une d'elle sans y faire attention. Son pantalon et ses chaussures sont trempés ; il ne s'en aperçoit pas.
Avant d'entrer les magasins, des panneaux publicitaires numériques font défiler des messages hurlants, aux couleurs criardes. Les annonces sont bariolées, immondes et répugnantes, le mauvais-goût omniprésent ; sur celle de gauche, un slogan clignote toutes les deux secondes en flashs épileptiques. « Trop de désir nuit ! Trop de désir nuit ! » clame le panneau, en flèches étincelantes et agressives dans les ténèbres neigeuses environnantes. L'homme détourne la tête, gêné par les spots lumineux ; il tombe sur une autre accroche, la fixe quelques instants. « C'est toi l'avatar ! » tutoie le tableau digital. L'homme est presque sur le point de ressentir quelque chose, se sent vaguement proche de l'interpellation, comme s'il l'avait déjà vue, mais, réfléchissant, il se dit que les gens ressentent de la lassitude quand ils ne parviennent pas à comprendre quelque chose, et pour faire comme tout le monde, il baisse le regard. Il a tourné les talons, parcourt les galeries marchandes, du même rythme morne et monotone.
L'entrée du casino se profile en bout de l'année, en lettres fluorescentes. L'homme jette un coup d'oeil amorphe aux cafés avoisinants ; la neige a bloqué les routes, tous affichent fermés. Le monde a peut-être gagné un jour de congé, c'est sa journée à lui, son travail de persistance. Il entre dans le casino, rentre ses dernières pièces dans une machine pour voir s'il va être malheureux de perdre son argent. Non, cela ne lui fait rien. Il travaille lundi, de toute façon. Il tourne les talons, s'en va sommeiller quelque part, dans un recoin sombre, peut-être sous les escalators de la FNAC, le temps de quelques minutes. Derrière lui, les trois 7 alignés s'illuminent bruyamment, mais il ne les entend pas, il est loin, déjà, retourné dans son inexistence, dans l'ombre de son noir, dans le fond de son gouffre anesthésié. Il a oublié pourquoi il était venu là. Le HLM est plus habituel, c'est ce qu'il connaît, sans doute va t'il dormir un peu dans le placard pendant que sa femme et ses enfants seront sortis, jusqu'au soir, pour attendre le sommeil véritable contre un seau de nettoyage.
L'homme qui vivait dans un décor
La neige se perdait dans les flots ; elle faisait des tâches blanches à la surface, pendant quelques instants, puis se noyait, disparaissait, sans cesse remplacée. L'homme se tenait à la balustrade, le givre mordant ses doigts, la brûlure gercée du métal sur sa peau ; le phare le protégeait un peu, mais le blizzard faisait tournoyer ses lamelles blanches, et il passa une main dans son cou, machinalement, comme l'auraient fait ses collègues, pour enlever la neige qui commençait à couler dans son dos. Il regardait placidement l'horizon terne. Ses vêtements seraient mouillés. Dans sa poche chaude où il plongeait ses mains, il sentit à travers ses mitaines quelques pièces oubliées, joua avec. Il en lança une ou deux dans la mer ; elles trouèrent le fin écran qui se formait à la surface de l'eau, puis tombèrent, balayées par les remous.
Dans le ciel blanc, à travers la pellicule laiteuse, on apercevait le disque bleu du soleil ; sa lumière froide éclairait la mer. Une poupée dérivait, perdue dans les souffles et les vagues glacées ; ses cheveux blonds avaient été arrachées, et on voyait le crâne nu, cette tête hideuse et chauve ; elle passa devant l'avancée de la jetée, fixa l'homme dans les yeux. Il frissonna doucement. La poupée continua, emportée par les vents, dans le sillage de sa robe déchiquetée. L'homme se dévêtit complètement, tabassé par l'air glacial, au bord des eaux pâles ; il plongea une jambe dans l'eau ; les muscles se resserrèrent violemment, tétanisés. Il se laissa tomber dans l'eau, prisonnier de son écrin ; il voyait ses mains bleues devant ses mains ouvertes, les pupilles écarquillées par la douleur. L'eau recouvrait son corps tout entier, son cerveau lisse, son torse nu, comme une hémorragie. Il remonta, à grand-peine, las de ne pas crier.
Il fallait qu'il ressente les choses. C'était une pulsion. Il regarda derrière-lui. Saint-Malo se dressait, avec ses maisons grises aux toiles givrés. Le port immobile ; rien ne bougeait. Les bateaux s'étaient fossilisés dans cette neige sédimentaire qui tombait depuis la veille. Les restaurants aux rideaux gris étaient comme un décor ; les marées, comme des planches fades ajoutées au sable et la neige factices ; le ciel lui-même était comme un élément de théâtre, vide, immatériel ; rien n'existait ; l'homme lui-même, à l'intérieur de sa tête, se regardait comme un comédien terne qui ne savait plus jouer, au milieu d'une scène trop grande et morte ; il traversait l'air sans le sentir, répétait ses gestes, les expressions de son visage. Ses émotions étaient celles que donne les codes sociaux ; tout, de toute façon, était imaginaire. Il se voyait dans un vide noir, sans rien autour, sans coeur, sans sentiments, sans pensées, un point noir dans de l'obscurité ; tout ce que les autres avaient construit autour n'existait pas. Sa réalité et ses vérités étaient un tour de magie, un leurre médiocre.
Il prit le chemin de chez lui. Il regarda sa femme dormir comme il regarde les champignons nucléaires, les bombes américaines, les combats de judo et les matches de rugby à la télé. Il l'avait épousée pour faire comme tout le monde ; il avait crû un jour qu'il y avait un but à tout cela, qu'à la fin, on retournerait au néant ; pour l'instant, cependant, rien ne venait. Il suffisait d'attendre. De temps en temps, il voulait se convaincre qu'il y avait quelque chose de plus profond, qu'il aurait pu toucher, sentir, goûter ; mais pas une bribe, une esquisse, un morceau ; rien du tout. Il faisait l'amour ; il sentait la pression de son sperme dans ses testicules et son pénis mais l'acte ne lui procurait rien, il était froid, le resterait. Il ne pensait pas au suicide ; il n'était pas malheureux. Simplement, l'homme n'éprouvait rien. C'était une brume, un passage qui essayait d'être sortie.
L'homme essayait alors toutes sortes de choses, dans le rythme de son quotidien, pour voir enfin des couleurs, essayer de se convaincre que son environnement n'était pas irréel : mais il couchait toujours froid, avec la sensation de dormir autre part, dans un endroit sombre et inerte qu'il aurait quitté enfant. Il voyait sa naissance comme un assemblage de pénombre : des bras fantômes, sur une tête à bascule de haut en bas et droite à gauche sur un cou en plastique ; des jambes et des fesses en caoutchouc ; il ne s'ennuie pas dans le noir, il n'a la sensation de rien, ne connaît pas le désir ni la souffrance. Des objets de toutes sortes le traversent sans peine, il ne les perçoit pas ; c'est une plante noire, un monticule d'organes sombres sans vie qui le transcende. L'homme aimait bien se blottir dans les toilettes, la nuit, la tête dans la cuvette, la bouche tout prêt de l'eau mousseuse ; en fait, il n'aimait pas, il n'arrive pas, mais il trouve que c'est mieux qu'autre chose. Ces nuances-là lui sont perceptibles.
***
Il faut qu'il se nourrisse, sinon il est fatigué. C'est embêtant pour lui ; lorsque il est normal, il ne ressent déjà rien ; l'esprit lourd, il ne peut plus du tout bouger. Dans le casino à côté de chez lui, il y a un restaurant. L'homme veut goûter les moules-frites. Tout le monde en parle, et lorsque ses amis conversent entre eux, ils sont encore plus joyeux qu'à l'accoutumée, en parlant du sel et des fruits de mer, des souvenirs de leurs enfants les joues et les doigts pleins de sauce. Pour lui, c'est aussi existant que de parler de la reproduction des oursins ou des derniers chiffres de la bourse ; cependant, l'homme veut savoir si s'en mettre partout et se gaver de pommes de terre en bâtonnets peut éveiller en lui quelque chose de nouveau ; le chaud de ce plat, la déchirure des aliments dans l'œsophage le sortiraient peut-être de sa torpeur, le temps de quelques minutes. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. Un instinct de survie de ce légume infini le pousse à essayer, par crainte de rester toujours comme il est. L'homme sent bien que son comportement n'est pas normal, et ça le dérange. Il n'aime pas être fixé, reluqué, observé, lui qui est invisible et transparent, lui qui vit dans le noir.
Il marche sur le parking, dans le froid et la neige, au milieu des voitures écroulées sous les amas de glace, aux rouages arrêtés par la machine de l'hiver. Des ornières remplies de boue neigeuse serpentent entre les places ; l'homme marche dans l'une d'elle sans y faire attention. Son pantalon et ses chaussures sont trempés ; il ne s'en aperçoit pas.
Avant d'entrer les magasins, des panneaux publicitaires numériques font défiler des messages hurlants, aux couleurs criardes. Les annonces sont bariolées, immondes et répugnantes, le mauvais-goût omniprésent ; sur celle de gauche, un slogan clignote toutes les deux secondes en flashs épileptiques. « Trop de désir nuit ! Trop de désir nuit ! » clame le panneau, en flèches étincelantes et agressives dans les ténèbres neigeuses environnantes. L'homme détourne la tête, gêné par les spots lumineux ; il tombe sur une autre accroche, la fixe quelques instants. « C'est toi l'avatar ! » tutoie le tableau digital. L'homme est presque sur le point de ressentir quelque chose, se sent vaguement proche de l'interpellation, comme s'il l'avait déjà vue, mais, réfléchissant, il se dit que les gens ressentent de la lassitude quand ils ne parviennent pas à comprendre quelque chose, et pour faire comme tout le monde, il baisse le regard. Il a tourné les talons, parcourt les galeries marchandes, du même rythme morne et monotone.
L'entrée du casino se profile en bout de l'année, en lettres fluorescentes. L'homme jette un coup d'oeil amorphe aux cafés avoisinants ; la neige a bloqué les routes, tous affichent fermés. Le monde a peut-être gagné un jour de congé, c'est sa journée à lui, son travail de persistance. Il entre dans le casino, rentre ses dernières pièces dans une machine pour voir s'il va être malheureux de perdre son argent. Non, cela ne lui fait rien. Il travaille lundi, de toute façon. Il tourne les talons, s'en va sommeiller quelque part, dans un recoin sombre, peut-être sous les escalators de la FNAC, le temps de quelques minutes. Derrière lui, les trois 7 alignés s'illuminent bruyamment, mais il ne les entend pas, il est loin, déjà, retourné dans son inexistence, dans l'ombre de son noir, dans le fond de son gouffre anesthésié. Il a oublié pourquoi il était venu là. Le HLM est plus habituel, c'est ce qu'il connaît, sans doute va t'il dormir un peu dans le placard pendant que sa femme et ses enfants seront sortis, jusqu'au soir, pour attendre le sommeil véritable contre un seau de nettoyage.
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Suis claquée et le tel sonne sans cesse, vous commente domani, merci MC !
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Merci Yali, je commente tout le monde ce week-end (demain je bosse toute la journée), mais p'têt que je commencerai à lire ce soir, y'a l'air d'avoir encore beaucoup de trucs chouettes !
Mais j'ai du sable dans les yeux et il veut pas partir
Mais j'ai du sable dans les yeux et il veut pas partir
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Bonne nuit à tous et merci au MC de service deux semaines de suite :-)
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Gros gros GROS coup de coeur pour ton texte, Abstract ! La fatigue te réussit ! C'est du cousu main au petit point, du travail perlé, c'est superbe ! Je suis muette d'admiration devant cette maîtrise !
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Balade à St Malo
À l'abri des remparts de Saint-Malo, l'homme qui avait les mains dans les poches, s'était arrêté devant le restaurant Delaunay où il pensait manger une moule frite. Une seule. Une moule et une frite. C'était tout ce qu'il pouvait s'offrir avec les pièces de vingt centimes qu'il avait trouvées sur le trottoir, probablement délaissées par des touristes. Pour notre homme, au chômage depuis vingt-quatre mois, c'était une aubaine. Il voulait tenter sa chance. Mais le restaurant était fermé. Pas de bol !
Il décida de sortir de la vieille ville en passant devant l'hôtel Central pour emprunter à pied le quai Saint-Vincent et admirer le front de mer. Au moins, c'était gratuit, les murs obscurs et hauts ne l'oppresseraient plus ! Il avait envie de grand large.
En chemin il rencontra un couple dont le roquet, tenu en laisse, avait relevé sa patte arrière pour pisser sur une bite d'amarrage. Il s'exclama à l'adresse du cabot :
― Hé, espèce d'avorton, te fais pas chier !
Le couple, probablement hollandais, offusqué par le ton aigre du marcheur ne comprit pas très bien la remarque et répliqua :
― Hach ! C'est toi l'avatar !
Notre homme errant, qui, pour une fois, s'échappait du HLM dans lequel il marinait à longueur de journée, continua son chemin. Regard en biais par-dessus son épaule.
Il allait pour faire le tour du port de plaisance quand il croisa le petit train touristique qui amenait les badauds. Sur celui-ci des enfants se bâfraient de glace à la vanille, ou à la fraise, et s'en plastronnaient allègrement les cuisses et les mains Les parents regardaient ailleurs. Il pensait lui aussi à ses quatre enfants, puis évacua rapidement cette image de son esprit. Il avait envie d'être égoïste aujourd'hui, de ne penser qu'à lui, alors que dans sa poche tintaient les quelques pièces qu'il avait trouvées.
Il croisa l'avenue Louis Martin, puis aperçut les panneaux "Palais du Grand large" et "Casino", juxtaposés, dans la même direction, comme une provocation ultime à ses désirs les plus enfouis. L'air était frais, l'odeur de la vase du port à marée basse, était chassée par les embruns venus du large qui attiraient ses pulsions. Son esprit s'éclaircit alors. Il se remémora quelques lignes que sa fille de 12 ans avait écrites, en espérant un jour devenir chanteuse d'ambiance.
"Au 4ème étage, sans ascenceur, j’me fais les muscles des gambettes,
Quand je monte les sacs à provision, j’me d’mande où j’ai ma tête,
J’espère surtout qu’j’ai rien oublié, pas question de redescendre,
Est-ce que j’ai bien fermé la voiture à clef ? Envie d’me peeeeeeeeeeeendre !!"
Justement, c'est ce qu'il voulait éviter et continua sa marche. En s'approchant des deux panneaux, il s'arrêta, médita un instant puis pensa que l'un ou l'autre amènerait de toute façon à la même destination, la perdition. Il traversa le quai Duguay-Trouin, s'arrêta un instant devant la statue de l'ancien corsaire, qui, de sa main droite, discrètement, indiquait à l'homme de continuer son chemin. Il se sentit ragaillardi à cette vision et en apercevant le casino à quelques pas décida de s'y rendre. Sa bourgeoise, qui l'irritait particulièrement en ces moments difficiles, tenait sévèrement les cordons de la bourse. Elle assénait régulièrement "trop de désir nuit", et notait méticuleusement, jour après jour, chaque centime gagné et dépensé. Pas de superflu.
Il avait envie ce jour-là de se sentir l'âme conquérante, tel Surcouf, et serra dans son poing droit les quelques pièces devenues chaudes et poussa la porte du casino.
Il décida de sortir de la vieille ville en passant devant l'hôtel Central pour emprunter à pied le quai Saint-Vincent et admirer le front de mer. Au moins, c'était gratuit, les murs obscurs et hauts ne l'oppresseraient plus ! Il avait envie de grand large.
En chemin il rencontra un couple dont le roquet, tenu en laisse, avait relevé sa patte arrière pour pisser sur une bite d'amarrage. Il s'exclama à l'adresse du cabot :
― Hé, espèce d'avorton, te fais pas chier !
Le couple, probablement hollandais, offusqué par le ton aigre du marcheur ne comprit pas très bien la remarque et répliqua :
― Hach ! C'est toi l'avatar !
Notre homme errant, qui, pour une fois, s'échappait du HLM dans lequel il marinait à longueur de journée, continua son chemin. Regard en biais par-dessus son épaule.
Il allait pour faire le tour du port de plaisance quand il croisa le petit train touristique qui amenait les badauds. Sur celui-ci des enfants se bâfraient de glace à la vanille, ou à la fraise, et s'en plastronnaient allègrement les cuisses et les mains Les parents regardaient ailleurs. Il pensait lui aussi à ses quatre enfants, puis évacua rapidement cette image de son esprit. Il avait envie d'être égoïste aujourd'hui, de ne penser qu'à lui, alors que dans sa poche tintaient les quelques pièces qu'il avait trouvées.
Il croisa l'avenue Louis Martin, puis aperçut les panneaux "Palais du Grand large" et "Casino", juxtaposés, dans la même direction, comme une provocation ultime à ses désirs les plus enfouis. L'air était frais, l'odeur de la vase du port à marée basse, était chassée par les embruns venus du large qui attiraient ses pulsions. Son esprit s'éclaircit alors. Il se remémora quelques lignes que sa fille de 12 ans avait écrites, en espérant un jour devenir chanteuse d'ambiance.
"Au 4ème étage, sans ascenceur, j’me fais les muscles des gambettes,
Quand je monte les sacs à provision, j’me d’mande où j’ai ma tête,
J’espère surtout qu’j’ai rien oublié, pas question de redescendre,
Est-ce que j’ai bien fermé la voiture à clef ? Envie d’me peeeeeeeeeeeendre !!"
Justement, c'est ce qu'il voulait éviter et continua sa marche. En s'approchant des deux panneaux, il s'arrêta, médita un instant puis pensa que l'un ou l'autre amènerait de toute façon à la même destination, la perdition. Il traversa le quai Duguay-Trouin, s'arrêta un instant devant la statue de l'ancien corsaire, qui, de sa main droite, discrètement, indiquait à l'homme de continuer son chemin. Il se sentit ragaillardi à cette vision et en apercevant le casino à quelques pas décida de s'y rendre. Sa bourgeoise, qui l'irritait particulièrement en ces moments difficiles, tenait sévèrement les cordons de la bourse. Elle assénait régulièrement "trop de désir nuit", et notait méticuleusement, jour après jour, chaque centime gagné et dépensé. Pas de superflu.
Il avait envie ce jour-là de se sentir l'âme conquérante, tel Surcouf, et serra dans son poing droit les quelques pièces devenues chaudes et poussa la porte du casino.
Consignes________________________________________________________________________
Ambiance du récit : Nuageux
Un homme avait envie de s’offrir un plat de moules frites. Mais comme le restaurant était fermé, il a décidé de tenter sa chance au Casino de Saint Malo avec quelques pièces jaunes. C’est en misant trois pièces de vingt centimes sur une machine à sous que ce chômeur a remporté le jackpot (un demi million d’euros) au casino Barrière de Saint-Malo, sur un ensemble de trois machines à sous progressives reliées entre-elle. Ce père de famille de quatre enfants, était au chômage depuis deux ans et vit actuellement dans un HLM. (véridique)
Votre texte devra raconter ce qui précède immédiatement cet événement heureux, et, bien évidemment décrire l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Il devra également évoquer l’univers dans lequel il évoluait, les personnes qu’il côtoyait, bref, sa façon d’envisager ou de subir le monde avant que la chance ne le rattrape.
Et devra intégrer les phrases des avatars des participants pour peu, bien sûr, que ceux-ci soient textuels : Kilis, Eugène.
Vous prenez le temps du posteur suivant, et pour le dernier celui du premier ,et, ATTENTION, le temps est l’âme du récit.
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Dites le avec des chansons
« Vent frais vent du matin
Vent qui souffle au sommet des grands pins
Joie du vent qui souffle……
Allons dans le grand vent frais »
Je souffrais … Sans me vanter, j’avais fait preuve d’une patience inespérée toute l’après midi avec mes quatre enfants….Maintenant, j’avais envie de mettre les voiles… Dehors la mer était démontée et la leur n’allait pas tarder à remonter .
En attendant, je souffrais entre Zébulon qui hurlait dans son bain après avoir voulu se faire un chapeau avec des bulles de savon , il n’avait réussi qu’à s’en mettre plein les yeux , Jonathan qui jouait au goëland dans le salon renversant tout sur son passage , Jodie qui me tannait pour que j’accepte qu’elle se fasse tatouer pour être dans le vent comme les copines et Johanna qui chantait à tue tête depuis deux heures « Vent frais Vent du matin » de sa voix stridente et grinçante ! Même le chat s’y était mis miaulant à qui mieux mieux…On aurait dit qu’un vent de folie s’était emparé de mon modeste appartement dans lequel pourtant je n’aspirais qu’au repos mérité de tout chômeur qui se respecte.
Dehors aussi le temps était turbulent…l’effet papillon ? J’avalai une longue goulée d’air que je savourai tandis que la fenêtre claquait et sentis que quelque chose m’aspirait inexorablement . Je me surpris à rêver de me transformer en courant d’air moi aussi et au plus vite !
J’allai sonner à la porte de ma voisine Mme Bonnaventure (qui méritait mal son nom, je ne m’y risquerai pas !) et lui racontai que j’avais besoin qu’elle vienne garder ma tribu déchainée le temps que ma femme rentre.
Ma femme ne se formaliserait pas , elle savait que parfois j’avais besoin de prendre l’air, de plus en plus souvent d’ailleurs, et il arrivait même qu’elle m’y encourage : « Du vent du vent » disait-elle . Je ne dirai pas que notre mariage prend l’eau mais c’est tout comme. …Du reste, elle aussi souvent jouait à la fille de l’air…. Alors avec le temps, les feuilles mortes tout ça, les sentiments se retrouvent quelque peu éventés. Pas vrai ?
J’ai du mal à me souvenir du temps doux et paisible où je lui chantais en boucle et en boucles :
« Avec ma gueule de métèque
De Juif errant de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai ma douce captive
Mon âme sœur ma source vive
Je viendrai boire tes vingt ans »
Trop de désir nuit , pensais-je et puis là tout de suite c’est une bonne bière que je préférerai boire . Et je me mangerai bien une moule frites pour lester le tout .
« Vent frais vent du matin
Vent qui souffle au sommet des grands pins »
Seul. Sinon les grands pains ça va voler.
-« Quel bon vent vous amène ? » me souffla dans les narines l’imposante virago , fière comme une mongole fière, et son haleine fétide me sauta au visage.
Pour toute réponse, je lui chantai :
"Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM
Y a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime"
-"Oula y’a du vent dans les voiles" qu’elle me fait …"Z’avez besoin de vous aérer vous !"
Et c’est comme ça que je me suis retrouvé en route pour mon petit resto d’habitués , là où tu peux refaire le monde avec tes potes d’infortune, voyager aux quatre coins de la planète avec tes copains d’abord, où tu peux t’évader dans une autre dimension , rêver que c’est toi l’avatar et que l’autre le chômeur va cesser de se lever tard parce que la vie appartient à ceux qui se lèvent en même temps que le vent , là enfin où tu peux imaginer ce qu’aurait pu être ta vie si….
« Vent frais vent du matin
Vent qui souffle au sommet des grands pins
Joie du vent qui souffle……
Allons dans le grand vent frais »
Je souffrais … Sans me vanter, j’avais fait preuve d’une patience inespérée toute l’après midi avec mes quatre enfants….Maintenant, j’avais envie de mettre les voiles… Dehors la mer était démontée et la leur n’allait pas tarder à remonter .
En attendant, je souffrais entre Zébulon qui hurlait dans son bain après avoir voulu se faire un chapeau avec des bulles de savon , il n’avait réussi qu’à s’en mettre plein les yeux , Jonathan qui jouait au goëland dans le salon renversant tout sur son passage , Jodie qui me tannait pour que j’accepte qu’elle se fasse tatouer pour être dans le vent comme les copines et Johanna qui chantait à tue tête depuis deux heures « Vent frais Vent du matin » de sa voix stridente et grinçante ! Même le chat s’y était mis miaulant à qui mieux mieux…On aurait dit qu’un vent de folie s’était emparé de mon modeste appartement dans lequel pourtant je n’aspirais qu’au repos mérité de tout chômeur qui se respecte.
Dehors aussi le temps était turbulent…l’effet papillon ? J’avalai une longue goulée d’air que je savourai tandis que la fenêtre claquait et sentis que quelque chose m’aspirait inexorablement . Je me surpris à rêver de me transformer en courant d’air moi aussi et au plus vite !
J’allai sonner à la porte de ma voisine Mme Bonnaventure (qui méritait mal son nom, je ne m’y risquerai pas !) et lui racontai que j’avais besoin qu’elle vienne garder ma tribu déchainée le temps que ma femme rentre.
Ma femme ne se formaliserait pas , elle savait que parfois j’avais besoin de prendre l’air, de plus en plus souvent d’ailleurs, et il arrivait même qu’elle m’y encourage : « Du vent du vent » disait-elle . Je ne dirai pas que notre mariage prend l’eau mais c’est tout comme. …Du reste, elle aussi souvent jouait à la fille de l’air…. Alors avec le temps, les feuilles mortes tout ça, les sentiments se retrouvent quelque peu éventés. Pas vrai ?
J’ai du mal à me souvenir du temps doux et paisible où je lui chantais en boucle et en boucles :
« Avec ma gueule de métèque
De Juif errant de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai ma douce captive
Mon âme sœur ma source vive
Je viendrai boire tes vingt ans »
Trop de désir nuit , pensais-je et puis là tout de suite c’est une bonne bière que je préférerai boire . Et je me mangerai bien une moule frites pour lester le tout .
« Vent frais vent du matin
Vent qui souffle au sommet des grands pins »
Seul. Sinon les grands pains ça va voler.
-« Quel bon vent vous amène ? » me souffla dans les narines l’imposante virago , fière comme une mongole fière, et son haleine fétide me sauta au visage.
Pour toute réponse, je lui chantai :
"Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM
Y a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime"
-"Oula y’a du vent dans les voiles" qu’elle me fait …"Z’avez besoin de vous aérer vous !"
Et c’est comme ça que je me suis retrouvé en route pour mon petit resto d’habitués , là où tu peux refaire le monde avec tes potes d’infortune, voyager aux quatre coins de la planète avec tes copains d’abord, où tu peux t’évader dans une autre dimension , rêver que c’est toi l’avatar et que l’autre le chômeur va cesser de se lever tard parce que la vie appartient à ceux qui se lèvent en même temps que le vent , là enfin où tu peux imaginer ce qu’aurait pu être ta vie si….
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Trop de
C’était une journée comme une autre. Il avait pris la camionnette, conduit les gosses à l’école et puis… continué la route, celle-ci, une autre, n’importe. Toutes se valaient. Il ne cherchait plus. Avant oui, avant il l’avait fait, ça, opiniâtrement. Chercher du boulot. Opiniâtrement, chaque jour, au petit malheur, la malchance.
A ce carrefour, il opta pour Saint-Malo. Il s’était mis à pleuvoir. Il roulait, la tête à rien, ou à si peu, des bribes que balayaient les essuie-glace. Marine sur le seuil dans son éternel peignoir bleu. Elle avait un joli nom, Marine. Ne rentre pas trop tard. Elle disait toujours ça. Pourquoi ?
A présent, il entrevoyait la mer. La marée était haute, la mer tumultueuse, c’était beau. Il pleuvait de plus en plus fort. « Il y a autant d’eau dans le ciel que sur la terre », pensa-t-il. « Si bien que je suis entre deux eaux » et il sourit.
Il gara la camionnette et sortit. La pluie lui cingla le visage. C’était violent mais pas désagréable. Au contraire. Une preuve qu’il était vivant. D’ailleurs il avait faim. Il fouilla ses poches. Lui restait-il de quoi se payer un Moules-frites ? Oui. Mais l’essence ? Le réservoir était dans le rouge. Tant pis pour le retour. Tant pis pour Marine. Tant pis pour les gamins. Tant pis pour tout.
« Trop de », cria-t-il en traversant la chaussée vers le restaurant.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Putain qu'est-ce que j'suis à la bourre...
EXO 080911
Contrainte de climat : GROSSE pluie
EXO 080911
Contrainte de climat : GROSSE pluie
SLOT MACHIN
M’appellent Machin, maintenant, mes potes. Slot pour les intimes. Bon j’explique.
Pleuvait sur Brest ce jour-là. Donc sur Saint-Malo aussi. Et sur toute la Bretagne pour tout dire, et même les régions avoisinantes, mais ça, ça compte pas pour un vrai breton. Et puis quoi encore. En fait y a qu’une REGION, en France, la Bretagne. Les autres, c’est tout juste des divisions administratives, et je reste correct.
Pleuvait sur Saint-Malo ce jour-là, mais alors pas de la pluie fine pour parigots, mais la vraie de vraie bonne grosse pluie bretonne bien juteuse, avec des gouttes dodues comme des moules de bouchot. Mais bon, en Bretagne, si tu mettais pas le nez dehors de chez toi parce qu’il pleut, tu sortirais pas souvent. Comme dit le proverbe de marin (breton, naturellement) : « Qui trop écoute la météo passe son temps au bistrot ». Ca dit bien ce que ça veut dire. Tu me diras, y en a aussi un qui dit : « Avis de tempête, reste donc à la buvette. » C’est qu’en Bretagne, on a des proverbes pour tout et son contraire. C’est ce qui fait qu’on est VRAIMENT une région.
Ma Jeannine elle m’avait dit, pluie pas pluie, c’est samedi, faut qu’on sorte. Je pouvais pas aller là contre, mais-z-où ? A Saint-Malo, quand il pleut comme ça, on a que le choix de l’embarras. T’écoutes le premier proverbe, tu fais comme Surcouf, et tu finis en beauté avec la Médaille du Mérite à titre posthume, ou alors tu suis le second et tu termine la soirée au poste avec trois grammes cinq dans les veines.
Je te laisse deviner l’option qu’on a choisie. Seulement faut bien reconnaître qu’à la cité « L’Abri Côtier » si on a des idées de sortie magnifiques – le Breton est volontiers grandiose – on manque un peu de pétrole pour les concrétiser. Surtout quand on est à la chôme depuis plus longtemps qu’il n’en faut pour lasser les statistiques. Remarque, pas avoir de boulot, ce serait encore supportable. Le problème, c’est de pas avoir de paye. Ca incite à la modération question tournée des grands-ducs. Trop de désir nuit. Quand on a eu retourné nos poches avec Jeannine, on a juste déniché de quoi prendre le bus aller-retour jusqu’au centre-ville et se payer une moule frites chez Robic, le restau voisin du Casino sur la jetée. Les galettes, ça va cinq minutes, mais y a un moment tu satures.
Quand c’est pas de moule c’est pas de moule, au propre comme au figuré. C’était fermé, chez Robic. Soit il avait pris la mer, soit la tangente. Après un quart d’heure de marche depuis l’arrêt de bus, trempés comme on était, fallait bien qu’on trouve un endroit pour faire sécher nos fringues et s’humecter le gosier. Dans les casinos, y a toujours à boire. Après avoir éclusé deux trois mousses – le reste est inabordable, faut pas rêver – j’ai dit à Jeannine on va jouer un peu. A quoi, qu’elle m’a dit, tu crois vraiment que c’est l’endroit pour jouer à ce que tu penses ? Jeannine, faut te dire, c’est la meilleure des filles, mais elle a pas inventé la poudre à couper le beurre, même salé comme on aime chez nous. Mais non, ma poule j’y ai répondu, pas ce jeu-là, non, on va faire comme au cinoche, on va flamber pour décrocher le banco. Elle m’a regardé d’un air comme si j’avais perdu le cap, mais bon dans un couple c’est comme sur un bateau, faut qu’y en aie un qui tienne le gouvernail, et en cas de tempête, je préfère que ce soit moi.
L’ennui c’est qu’après avoir payé nos mousses, y nous restait tout juste trois pièces de vingt cents. Pour flamber, c’est pas le Pérou, mais au jeu comme sur mer, faut savoir braver les intempéries. Une pièce, une pomme, une banane une cerise. Deuxième pièce, une banane, une pomme une cerise. La cerise, quoi. Mais tu crois qu’y se serait découragé, Surcouf ? Tiens fume ! La troisième pièce, je la balance dans la fente comme une bordée de boulets sur un trois-mâts rosbif, et voilà que ça se met à clignoter de partout, des sirènes se déclenchent, et toute la sécurité de la taule qui débarque ventre à terre, tel point que Jeannine m’attrape par la manche. Tirons-nous vite, j’crois qu’on a bousillé leur sacrée machine.
La suite, elle est à la une de tous les canards régionaux et même au vingt heures à la télé. Avec nos trois pièces, on a décroché le jackpot du siècle. Près d’un demi-million d’Euros. Même pas je sais ce que ça fait en pièces de vingt cents. Mais notre banquier le sait. Et nos potes aussi. C’est pour ça qu’à la Cité on m’appelle Machin. Slot pour les intimes, et Dieu sait qu’on en a beaucoup, depuis !
KerGobu
Pleuvait sur Brest ce jour-là. Donc sur Saint-Malo aussi. Et sur toute la Bretagne pour tout dire, et même les régions avoisinantes, mais ça, ça compte pas pour un vrai breton. Et puis quoi encore. En fait y a qu’une REGION, en France, la Bretagne. Les autres, c’est tout juste des divisions administratives, et je reste correct.
Pleuvait sur Saint-Malo ce jour-là, mais alors pas de la pluie fine pour parigots, mais la vraie de vraie bonne grosse pluie bretonne bien juteuse, avec des gouttes dodues comme des moules de bouchot. Mais bon, en Bretagne, si tu mettais pas le nez dehors de chez toi parce qu’il pleut, tu sortirais pas souvent. Comme dit le proverbe de marin (breton, naturellement) : « Qui trop écoute la météo passe son temps au bistrot ». Ca dit bien ce que ça veut dire. Tu me diras, y en a aussi un qui dit : « Avis de tempête, reste donc à la buvette. » C’est qu’en Bretagne, on a des proverbes pour tout et son contraire. C’est ce qui fait qu’on est VRAIMENT une région.
Ma Jeannine elle m’avait dit, pluie pas pluie, c’est samedi, faut qu’on sorte. Je pouvais pas aller là contre, mais-z-où ? A Saint-Malo, quand il pleut comme ça, on a que le choix de l’embarras. T’écoutes le premier proverbe, tu fais comme Surcouf, et tu finis en beauté avec la Médaille du Mérite à titre posthume, ou alors tu suis le second et tu termine la soirée au poste avec trois grammes cinq dans les veines.
Je te laisse deviner l’option qu’on a choisie. Seulement faut bien reconnaître qu’à la cité « L’Abri Côtier » si on a des idées de sortie magnifiques – le Breton est volontiers grandiose – on manque un peu de pétrole pour les concrétiser. Surtout quand on est à la chôme depuis plus longtemps qu’il n’en faut pour lasser les statistiques. Remarque, pas avoir de boulot, ce serait encore supportable. Le problème, c’est de pas avoir de paye. Ca incite à la modération question tournée des grands-ducs. Trop de désir nuit. Quand on a eu retourné nos poches avec Jeannine, on a juste déniché de quoi prendre le bus aller-retour jusqu’au centre-ville et se payer une moule frites chez Robic, le restau voisin du Casino sur la jetée. Les galettes, ça va cinq minutes, mais y a un moment tu satures.
Quand c’est pas de moule c’est pas de moule, au propre comme au figuré. C’était fermé, chez Robic. Soit il avait pris la mer, soit la tangente. Après un quart d’heure de marche depuis l’arrêt de bus, trempés comme on était, fallait bien qu’on trouve un endroit pour faire sécher nos fringues et s’humecter le gosier. Dans les casinos, y a toujours à boire. Après avoir éclusé deux trois mousses – le reste est inabordable, faut pas rêver – j’ai dit à Jeannine on va jouer un peu. A quoi, qu’elle m’a dit, tu crois vraiment que c’est l’endroit pour jouer à ce que tu penses ? Jeannine, faut te dire, c’est la meilleure des filles, mais elle a pas inventé la poudre à couper le beurre, même salé comme on aime chez nous. Mais non, ma poule j’y ai répondu, pas ce jeu-là, non, on va faire comme au cinoche, on va flamber pour décrocher le banco. Elle m’a regardé d’un air comme si j’avais perdu le cap, mais bon dans un couple c’est comme sur un bateau, faut qu’y en aie un qui tienne le gouvernail, et en cas de tempête, je préfère que ce soit moi.
L’ennui c’est qu’après avoir payé nos mousses, y nous restait tout juste trois pièces de vingt cents. Pour flamber, c’est pas le Pérou, mais au jeu comme sur mer, faut savoir braver les intempéries. Une pièce, une pomme, une banane une cerise. Deuxième pièce, une banane, une pomme une cerise. La cerise, quoi. Mais tu crois qu’y se serait découragé, Surcouf ? Tiens fume ! La troisième pièce, je la balance dans la fente comme une bordée de boulets sur un trois-mâts rosbif, et voilà que ça se met à clignoter de partout, des sirènes se déclenchent, et toute la sécurité de la taule qui débarque ventre à terre, tel point que Jeannine m’attrape par la manche. Tirons-nous vite, j’crois qu’on a bousillé leur sacrée machine.
La suite, elle est à la une de tous les canards régionaux et même au vingt heures à la télé. Avec nos trois pièces, on a décroché le jackpot du siècle. Près d’un demi-million d’Euros. Même pas je sais ce que ça fait en pièces de vingt cents. Mais notre banquier le sait. Et nos potes aussi. C’est pour ça qu’à la Cité on m’appelle Machin. Slot pour les intimes, et Dieu sait qu’on en a beaucoup, depuis !
KerGobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
J'avais l'intention de vous commenter ce soir et puis... la fatigue, l'envie de lire vos textes à mesure qu'ils se pointent et de les relire mieux demain pour en dire deux mots. En plus j'ai un mot d'excuse du docteur : prise de sang demain matin tôt, et j'aime pas les piqûres !
Alors merci pour la soirée et pour l'exercice Yali.
Bonne nuit à tous et merci pour les lectures sympas.
Alors merci pour la soirée et pour l'exercice Yali.
Bonne nuit à tous et merci pour les lectures sympas.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Je tiens à remercier Renaud et Moustaki pour leur sympathique contribution. Je ne remercie pas le créateur de vent frais etc...
Et merci yali même si je suis toute décoiffée :-)))
Et merci yali même si je suis toute décoiffée :-)))
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
abstract a écrit:y en a qui ne se gênent pas pour prendre des titres de chansons de bashung et publier leur bouquin...
et même que ça peut marcher pour le Goncourt...faut juste oser
moi, ça me coupe toute envie d'en lire une seule ligne
hihi moi je me suis retenue pour pas mettre les chansons en entier....
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
UUUUUN AUTRE !!! UUUUUN AUTRE !!!! UUUUUN AUTRE !!!
Je vais pisser d'abord. Hein.
Je vais pisser d'abord. Hein.
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Lyra will a écrit:ah faites un duo !!Rebecca a écrit:j viens de faire son omelette à fifille et elle m'a donné une bonne idée pour l'exo...mais je me sens pas de la mettre en pratique...c'est elle que je devrai mettre devant le clavier ce soir...
:-)))
fifille voulait que j'écrive tout le texte en allitération de VVVVVVvvvvvv pour qu'on entende le souffle du vvvvent ....ce week end elle me refait l'exo à sa manière, petit travaux personnels (quoique au bac de français elle ne risque pas d'avoir un sujet e ce genre mais bon) :-)))
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Et m'en griller une petite... j'me suis bien amusé. Surtout à lire les posts de Gobu ! Pour les textes, j'attendrai demain.
Merci au MC (je ne sais toujours pas ce que cela veut dire, mais bon).
Merci au MC (je ne sais toujours pas ce que cela veut dire, mais bon).
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Vais dormir collé à ma Ronde.
Vaut mieux sinon je vais rentrer dans une colère noire.
Vaut mieux sinon je vais rentrer dans une colère noire.
Yali- Nombre de messages : 8624
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Ben, vous êtes bons !
Vous commenterai dès que possible.
Merci Yali, merci tous et toutes.
Nuit Désir Trop > vais au dodo.
Vous commenterai dès que possible.
Merci Yali, merci tous et toutes.
Nuit Désir Trop > vais au dodo.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Yali a écrit:Vais dormir collé à ma Ronde.
Vaut mieux sinon je vais rentrer dans une colère noire.
Soyons Zen
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Je vous lis mais commenterai ce week end.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Brume de chaleur
Ce matin-là, J.-R. Médrat s'était levé de bonne humeur. Ou, en tout cas, d'assez bonne humeur par rapport à d'habitude. L'antique machine à café n'avait pas fait de difficultés, les gosses non plus avant de partir à l'école, rien à signaler côté 4L. Météo : dégagée, juste un léger brouillard matinal, frais, mais pas un nuage au dessus, la part belle faite au soleil. Suffisamment engageant pour la petite virée en bord de mer qu'il s'était promis d'offrir à S. Geffroy, sa nouvelle conquête, fermant les yeux sur le déficit bancaire qui risquait d'en découler.
C'est à peu près ce qu'un observateur objectif pourrait écrire sur ce début de journée, dans le cas où il s'attarderait sur celui de Médrat. En l'occurrence, c'est ce que le gros Bob avait exprimé, en un autre langage, au Café des Copains de Saint-Servan, pour postillonner sa frustration de ne pas s'enfiler la traditionnelle pinte du vendredi matin avec son pote et voisin Jean-Raoul. Bob – Robert pour les pas intimes – et Jean-Raoul étaient deux gars assez appréciés autour du HLM, tous deux anciens maçons aujourd'hui tributaires de l'ex-ANPE – Bob se refusait à appeler Pôle emploi « Pôle emploi », surtout depuis que les bureaux avaient déménagé à trois kilomètres de chez lui.
Bob, donc, était de mauvaise humeur, parce que, d'habitude, c'est la pinte du vendredi matin qui assure la gaieté du weekend à suivre, sorte de rite sacré, presque chamanique, lié à une production monastique : tout un symbole. Mais J.-R. Médrat, ce vendredi-là, n'avait pas besoin de sa bière pour être de bonne humeur : il sortait la petite Sandra – « Sandra, Médrat », il avait fait le rapprochement et trouvait ça amusant, d'ailleurs c'est sur cette plaisante trouvaille qu'il avait osé franchir le pas avec elle, alors qu'elle tentait vainement de combattre les effets d'un anis trop bu un samedi soir de club. Bref, la petite Sandra, à mi-temps entre des études de philo et la caisse à Leclerc, mais avec de belles boucles brune et un corps parfait pour porter des robes pastel.
Alors, ce vendredi, ce vendredi matin, il oubliait le chômage, le HLM, la cafetière pourrie, le mauvais bulletin du benjamin, la date à laquelle il avait payé des impôts pour la dernière fois. Ce vendredi matin, lui et sa fidèle 4L devaient se faire beau pour sortir la petite Sandra qui, contre toute attente, avait rappelé le numéro qu'il lui avait laissé. Oui, il y avait un chouette rayon de soleil en perspective pour l'après-midi.
Quelques heures plus tard, J.-R. Médrat envisagerait certainement d'investir dans une collection de robes pastel, une pour chaque jour où la brume de chaleur le saluerait au matin.
Ce matin-là, J.-R. Médrat s'était levé de bonne humeur. Ou, en tout cas, d'assez bonne humeur par rapport à d'habitude. L'antique machine à café n'avait pas fait de difficultés, les gosses non plus avant de partir à l'école, rien à signaler côté 4L. Météo : dégagée, juste un léger brouillard matinal, frais, mais pas un nuage au dessus, la part belle faite au soleil. Suffisamment engageant pour la petite virée en bord de mer qu'il s'était promis d'offrir à S. Geffroy, sa nouvelle conquête, fermant les yeux sur le déficit bancaire qui risquait d'en découler.
C'est à peu près ce qu'un observateur objectif pourrait écrire sur ce début de journée, dans le cas où il s'attarderait sur celui de Médrat. En l'occurrence, c'est ce que le gros Bob avait exprimé, en un autre langage, au Café des Copains de Saint-Servan, pour postillonner sa frustration de ne pas s'enfiler la traditionnelle pinte du vendredi matin avec son pote et voisin Jean-Raoul. Bob – Robert pour les pas intimes – et Jean-Raoul étaient deux gars assez appréciés autour du HLM, tous deux anciens maçons aujourd'hui tributaires de l'ex-ANPE – Bob se refusait à appeler Pôle emploi « Pôle emploi », surtout depuis que les bureaux avaient déménagé à trois kilomètres de chez lui.
Bob, donc, était de mauvaise humeur, parce que, d'habitude, c'est la pinte du vendredi matin qui assure la gaieté du weekend à suivre, sorte de rite sacré, presque chamanique, lié à une production monastique : tout un symbole. Mais J.-R. Médrat, ce vendredi-là, n'avait pas besoin de sa bière pour être de bonne humeur : il sortait la petite Sandra – « Sandra, Médrat », il avait fait le rapprochement et trouvait ça amusant, d'ailleurs c'est sur cette plaisante trouvaille qu'il avait osé franchir le pas avec elle, alors qu'elle tentait vainement de combattre les effets d'un anis trop bu un samedi soir de club. Bref, la petite Sandra, à mi-temps entre des études de philo et la caisse à Leclerc, mais avec de belles boucles brune et un corps parfait pour porter des robes pastel.
Alors, ce vendredi, ce vendredi matin, il oubliait le chômage, le HLM, la cafetière pourrie, le mauvais bulletin du benjamin, la date à laquelle il avait payé des impôts pour la dernière fois. Ce vendredi matin, lui et sa fidèle 4L devaient se faire beau pour sortir la petite Sandra qui, contre toute attente, avait rappelé le numéro qu'il lui avait laissé. Oui, il y avait un chouette rayon de soleil en perspective pour l'après-midi.
Quelques heures plus tard, J.-R. Médrat envisagerait certainement d'investir dans une collection de robes pastel, une pour chaque jour où la brume de chaleur le saluerait au matin.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
- Flûte ! Zappé la contrainte du texte des avatars !
- Pff, c'est toi l'avatar.
- Pôv' tache, tu me causes meilleur !
- De toute façon, t'es toujours à vouloir faire bien tout le temps, mais à force, ça va te retomber dessus. Tu bâcles.
- Trop de désir nuit.
- Et voilà, qu'est-ce que je disais !
1ères lectures (ai commencé par la fin)
PS: JRM c'est les initiales du véritable bonhomme (j'oublie une consigne, mais je vais au bout du truc..)
Eugène : style haché, effet ras-le-bol impec'. Ce n'est pas que ce soit ma tasse de thé, mais c'est bien fichu.
Rebecca : autant en emporte le vent ! C'était savoureux ! Merci et bravo !
Kilis : la perfection faite concision, voilà comment je finirai par surnommer ta plume.
Gobu : le plongeon Gobu ! Habituellement, je t'adore en chinoiserie, j'apprécie Saint-Jean Pied-de-Port et n'aie en revanche un goût que très modéré que pour tes virées à Paname. Mais la Bretagne de ton cru, j'en reprendrai ! Hissez haut !
Merci Ker'Sté, bonne nuit camarades !
- Pff, c'est toi l'avatar.
- Pôv' tache, tu me causes meilleur !
- De toute façon, t'es toujours à vouloir faire bien tout le temps, mais à force, ça va te retomber dessus. Tu bâcles.
- Trop de désir nuit.
- Et voilà, qu'est-ce que je disais !
1ères lectures (ai commencé par la fin)
PS: JRM c'est les initiales du véritable bonhomme (j'oublie une consigne, mais je vais au bout du truc..)
Eugène : style haché, effet ras-le-bol impec'. Ce n'est pas que ce soit ma tasse de thé, mais c'est bien fichu.
Rebecca : autant en emporte le vent ! C'était savoureux ! Merci et bravo !
Kilis : la perfection faite concision, voilà comment je finirai par surnommer ta plume.
Gobu : le plongeon Gobu ! Habituellement, je t'adore en chinoiserie, j'apprécie Saint-Jean Pied-de-Port et n'aie en revanche un goût que très modéré que pour tes virées à Paname. Mais la Bretagne de ton cru, j'en reprendrai ! Hissez haut !
Merci Ker'Sté, bonne nuit camarades !
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Lyra, ton éleveur de phasmes m'a séduite et convertie, je vais m'en procurer incessamment.
J'ai flashé sur cette réplique :
J'ai flashé sur cette réplique :
et j'aurais bien vu finir sur cette phrase, sauf que les néons qui papotent avec les éclairs m'ont bien plu également, mais tu aurais pu le caser ailleurs...J'ai wouhoué beaucoup au cours de cette soirée, le dieu des phasmes était avec moi
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Coline
J’aime beaucoup ton récit, petit coin de vie et autant de malaises bien décrits. Des petits bouts de phrases que je t’envie.
elea :
Ah Les valseuses, rien que pour la référence je poursuis le texte et, pas déçu. Mais bémol, la dernière phrase me semble être de trop.
Lyrette :
voilà ce que c’est de ne pas assez travailler les textes (je veux dire plus souvent), j’ai perdu le fil ici et là, et pourtant j’aimais les digressions phasmiques.
abstract :
où qu’il est passé le papa des gosses ? À part ça, rien à dire, t’as le rythme !
Marine :
que de bavardage… Et quel sacré potentiel. Ok, je remets ma casquette de MC et donc pour les prochaines fois — pareil pour Lyrette — 2000 signes maximum espaces comprises. Écrire ce n’est pas raconter, c’est dire. Non mais :-)
Eugène :
au 4ème ? ‘Tain, heureusement que je t’ai pas en cours toi. Au 4e, pas au 4éme, cette abréviation n’est acceptée que dans le cas d’un arrondissement et seulement lorsqu’elle est précédée de chiffres romains. IVéme, et encore c’est sujet à caution. Et on ne double jamais un signe de ponctuation genre !!! ou ??? ou pire ?!
Et tu devrais copier ça quelque par,t ça pourrait te servir ( :
À É È Ê « » Ç œ — …
Mais bref :-) et revenons-en au texte, j’ai eu l’impression d’être dans Mappy, un peu, ce qui a gêné ma lecture, et dommage, parce que j’aime beaucoup que l’histoire cesse à l’ouverture de la porte du casino.
Kilis :
du roadmovie, c’est pas de jeu tu sais que j’adore ça. Ambiance parfaitement calée, contrainte évacuée d’un revers de clavier et cette impression que j’aime décidément ce genre de texte, sans histoire sauf celle un peu désuète qu’est la vie. Celui-ci c’est mon coup de cœur de la soirée.
Gobu :
pour avoir pas mal traîné dans ce bas monde, je sais une chose. À l’étranger certains sont Français, d’autres Bretons ou Basques ou Corses. C’est ainsi, et doit bien se passer trois minutes avant de l’apprendre (deux pour les Basques, une pour les Bretons, 15 secondes pour les Corses).
Bien tapé comme d’habitude et lecture des plus agréables.
Chako :
S. Geffroy :-) Je parie que son prénom c’est Stéphanie. En même temps normal quel effroi — Bordel le jeu de mot — si tu ne lui proposes qu’une banquette arrière de 4L.
Question texte : bien vu, ramassé à souhait, et tant pis pour les contraintes.
J’aime beaucoup ton récit, petit coin de vie et autant de malaises bien décrits. Des petits bouts de phrases que je t’envie.
elea :
Ah Les valseuses, rien que pour la référence je poursuis le texte et, pas déçu. Mais bémol, la dernière phrase me semble être de trop.
Lyrette :
voilà ce que c’est de ne pas assez travailler les textes (je veux dire plus souvent), j’ai perdu le fil ici et là, et pourtant j’aimais les digressions phasmiques.
abstract :
où qu’il est passé le papa des gosses ? À part ça, rien à dire, t’as le rythme !
Marine :
que de bavardage… Et quel sacré potentiel. Ok, je remets ma casquette de MC et donc pour les prochaines fois — pareil pour Lyrette — 2000 signes maximum espaces comprises. Écrire ce n’est pas raconter, c’est dire. Non mais :-)
Eugène :
au 4ème ? ‘Tain, heureusement que je t’ai pas en cours toi. Au 4e, pas au 4éme, cette abréviation n’est acceptée que dans le cas d’un arrondissement et seulement lorsqu’elle est précédée de chiffres romains. IVéme, et encore c’est sujet à caution. Et on ne double jamais un signe de ponctuation genre !!! ou ??? ou pire ?!
Et tu devrais copier ça quelque par,t ça pourrait te servir ( :
À É È Ê « » Ç œ — …
Mais bref :-) et revenons-en au texte, j’ai eu l’impression d’être dans Mappy, un peu, ce qui a gêné ma lecture, et dommage, parce que j’aime beaucoup que l’histoire cesse à l’ouverture de la porte du casino.
Kilis :
du roadmovie, c’est pas de jeu tu sais que j’adore ça. Ambiance parfaitement calée, contrainte évacuée d’un revers de clavier et cette impression que j’aime décidément ce genre de texte, sans histoire sauf celle un peu désuète qu’est la vie. Celui-ci c’est mon coup de cœur de la soirée.
Gobu :
pour avoir pas mal traîné dans ce bas monde, je sais une chose. À l’étranger certains sont Français, d’autres Bretons ou Basques ou Corses. C’est ainsi, et doit bien se passer trois minutes avant de l’apprendre (deux pour les Basques, une pour les Bretons, 15 secondes pour les Corses).
Bien tapé comme d’habitude et lecture des plus agréables.
Chako :
S. Geffroy :-) Je parie que son prénom c’est Stéphanie. En même temps normal quel effroi — Bordel le jeu de mot — si tu ne lui proposes qu’une banquette arrière de 4L.
Question texte : bien vu, ramassé à souhait, et tant pis pour les contraintes.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Kilis
Pour moi, là, c'est pas "trop de", mais plutôt un poil pas assez. D'hab, j'adore ta concision. Là, j'ai trouvé ça un peu sec. Mais c'est p'têt moi !
Pour moi, là, c'est pas "trop de", mais plutôt un poil pas assez. D'hab, j'adore ta concision. Là, j'ai trouvé ça un peu sec. Mais c'est p'têt moi !
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Gobu
Bon, service impecc, on n'est jamais déçu, c'est le terroir !
tu les arroses pas, c'est pour ça ! Ah non, c'est les crêpes qu'on flambe ?Les galettes, ça va cinq minutes, mais y a un moment tu satures.
Bon, service impecc, on n'est jamais déçu, c'est le terroir !
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Reb : même pas elle triche, elle nous met les paroles in extenso ou presque, elle, au moins !
J'aime les noms des mômes, il doit se mélanger les pinceaux en les appelant le chômeur : Jo, non, pas toi, Jo ! pas celui là, Jonathan quoi bordel, tu m'écoutes ?
Et un Zébulon qu'on voit bien tout frais issu de son cocon de mousse !
Dure, la vie de chômeur vue par toi !
J'aime les noms des mômes, il doit se mélanger les pinceaux en les appelant le chômeur : Jo, non, pas toi, Jo ! pas celui là, Jonathan quoi bordel, tu m'écoutes ?
Et un Zébulon qu'on voit bien tout frais issu de son cocon de mousse !
Dure, la vie de chômeur vue par toi !
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Marine : Trop touffu, et dis donc, ton psychanalyste doit se régaler :
Ce qui m'a beaucoup plu, c'est le fait qu'il gagne et ne s'en aperçoive même pas !
J'ai vraiment trouvé qu'il y avait là quelque chose de très fort, qui correspond bien au sentiment d'irréalité de ton personnage.
rien que ça, moi, je t'en fais quinze pages !!!mais il couchait toujours froid, avec la sensation de dormir autre part, dans un endroit sombre et inerte qu'il aurait quitté enfant
Ce qui m'a beaucoup plu, c'est le fait qu'il gagne et ne s'en aperçoive même pas !
J'ai vraiment trouvé qu'il y avait là quelque chose de très fort, qui correspond bien au sentiment d'irréalité de ton personnage.
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Eugène
Dans ton texte il y a un détachement, une façon de ne pas t'impliquer qui se ressent et en fait quelque chose d'assez artificiel. On sent que t'as pris un plan de Saint Malo pour faire balader ton bonhomme dedans, mais c'est au détriment d'une véritable épaisseur du personnage, dommage.
Dans ton texte il y a un détachement, une façon de ne pas t'impliquer qui se ressent et en fait quelque chose d'assez artificiel. On sent que t'as pris un plan de Saint Malo pour faire balader ton bonhomme dedans, mais c'est au détriment d'une véritable épaisseur du personnage, dommage.
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Chakchak : bien ficelé, bien croustillant, des clins d'oeil, et j'aime beaucoup la chute ! Pis t'as fait ça en courant, et même pas essoufflé !
Invité- Invité
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Et bam !Lyrette :
voilà ce que c’est de ne pas assez travailler les textes (je veux dire plus souvent)
:0)
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Et encore Lyrette, en littérature tu peux toujours simuler, mais avec l'image, jamais !Lyra will a écrit:Et bam !Lyrette :
voilà ce que c’est de ne pas assez travailler les textes (je veux dire plus souvent)
:0)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Et re-bam !Yali a écrit:Et encore Lyrette, en littérature tu peux toujours simuler, mais avec l'image, jamais !Lyra will a écrit:Et bam !Lyrette :
voilà ce que c’est de ne pas assez travailler les textes (je veux dire plus souvent)
:0)
(y aura un troisième ou pas ? :0)
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Même remarque générale déjà faite : ça serait plus facile de commenter avec le rappel des consignes ! Notamment particulières, dans ce cas.
Et de façon encore plus générale, mon général, la consigne du temps qu'il fait pour colorer l'âme du texte est particulièrement difficile. Sauf à décrire le temps réel perçu, réalisé dans la plupart des cas. Exercice intéressant.
Coline : Laborieusement, au début, tu nous amènes vers un chemin exotique fait de petits obstacles que j'ai du mal à franchir. Il y a une recherche d'originalité. Mais aussi, on transpire avec toi pour savoir où tu veux aller.
Quand commencent les phrases un peu plus longues, et les descriptions du contexte, on commence à se sentir plus à l'aise. Cet entourage est tellement ordinaire, que l'on s'y retrouve. Non pas qu'il soit banal, mais il est bien évoqué. Il répond en cela à la tranquillité nécessaire à la suite du parcours que tu nous fais faire au début. Ça sent le jambon beurre, la villageoise et le désordre. Mais l'ambiance du candide qui cultive tranquillement son jardin ne peut correspondre au temps de grêle, forcément plus violent. Je reste sur ma faim.
Yali : Ou bien je n'ai pas compris les consignes, notamment celle du temps qu'il fait pour teinter la couleur du récit, ou bien ta fatigue accumulée ces derniers temps te vaut la reconnaissance du proverbe : « faites ce que je dis, pas ce que je fais». Sans doute, autre solution, ai-je mal dormi cette nuit pour te lire pour la première fois sous un aspect qui ne m'enchante pas beaucoup. Je ne comprends donc pas l'énoncé dès le début « dehors la grêle », alors que par le jeu du triptyque que tu déroules au fil de ton texte, il y a matière à jouer des mots et des sonorités… Pour qu'ils claquent et rebondissent. Mais bon, faire un texte « grêleux » était un challenge bien difficile ! Les avatars ne t'ont pas conquis non plus.
Eléa : C'est curieux, dans ton texte, j'ai trouvé un accent parigot franchouillard qui ne peut pas être celui de Saint-Malo, mais bien celui du narrateur, pauvre, désœuvré et nonchalant. De ce point de vue, ton texte fait ressortir la lourde ambiance, sans dialogue, sans pause véritable, puisqu'il s'agit de torpeur. J'ai eu du plaisir à le lire d'autant qu'un effort a été fait pour l'utilisation des avatars, la situation dans la ville, et la précision dans la scène qui précède l'arrivée du jackpot. Je ne vois pas par contre l'intérêt de terminer par ces deux phrases à la fin : «J’avais gagné. J’ai vraiment jamais eu de veine. ».
Lyra : Ton début de texte avec les phasmes et l'aquarium m'a fait beaucoup rire… Mais d'incompréhension. Je ne vois pas du tout ce qu'est un phasme, mais il me semble que c'est une bestiole plutôt lente. Quant à l'aquarium, il me semble aussi que c'est un univers de la lenteur. J'étais donc pris dans des images contradictoires qui ne pouvaient pas coller entre elles, et au temps orageux rempli d'éclairs.
La suite s'enchaîne plutôt bien, entre les questionnements, les dialogues et les descriptions, cela rend une ambiance dynamique. Parfois, le passage trop rapide d'une idée à une autre peut semer la confusion, mais il y a de l'air malgré la lourdeur du climat. Sans doute est-ce cette ambiance orageuse ?
Abstract : J'aime bien ton texte léger et cours. En choisissant de décrire ainsi l'unique et ultime moment passé devant la machine à sous et la comparaison faite avec un poste de travail mécanique, à la chaîne, il y avait de quoi nous éblouir avec des éclairs et nous faire peur avec des sons tonitruants. Lumière des néons, lumière des machines, éclats de soudure dans un atelier, bruit sourd de tapis roulant, etc.
Mais c'est toujours facile de dire après coup, voilà en tout cas quelques idées qui me sont venues en te lisant.
Marine : Pourquoi faire triste quand on peut faire gai ? La neige pour moi n'est pas quelque chose de triste. Je me suis donc arrêté de lire ton texte à cette phrase : «Il regarda sa femme dormir comme il regarde les champignons nucléaires, les bombes américaines, les combats de judo et les matches de rugby à la télé. » Parce que c'est la seule qui m'a amusé.
Sinon, globalement, mêmes remarques que précédemment. Et une question : comment fais-tu pour taper ton texte aussi vite ?
Rébecca : On sent du vécu derrière tout cela. Je n’espère pas pour tout ! L'effet des chansonnettes n'est pas pour me déplaire, mais il est dommage que ne se soient pas des propres paroles. La lecture est douce, agréable et on va jusqu'au bout, porté par un délire qui prend les chemins de traverse. Mais pourquoi faire un exercice imposé, sauf pour le détourner, si on ne retrouve pas des piécettes et l'enjeu du casino ?
Kilis :
L'exercice est-il détourné, comme ci-dessus, dans un élan de grosse fatigue ? De cela sans doute il y a trop. Mais les mots manquent, et de ceux-ci, il y en a trop peu.
Gobu :
Je me demande si le « bon j'explique » est bien nécessaire ? C'est la seule ombre à ce tableau de Turner, version populaire ! Comme toujours, un texte savoureux qui ne nécessite pas, à mon avis, ces deux mots. Les personnages rustiques sont bien décrits et le lecteur comprend leur naïveté devant les éléments qui se déchaînent.
Chako Noir : Bien aimé. J'en redemande. La suite !
Eugène: Ha, non, c'est moi !
Et de façon encore plus générale, mon général, la consigne du temps qu'il fait pour colorer l'âme du texte est particulièrement difficile. Sauf à décrire le temps réel perçu, réalisé dans la plupart des cas. Exercice intéressant.
Coline : Laborieusement, au début, tu nous amènes vers un chemin exotique fait de petits obstacles que j'ai du mal à franchir. Il y a une recherche d'originalité. Mais aussi, on transpire avec toi pour savoir où tu veux aller.
Quand commencent les phrases un peu plus longues, et les descriptions du contexte, on commence à se sentir plus à l'aise. Cet entourage est tellement ordinaire, que l'on s'y retrouve. Non pas qu'il soit banal, mais il est bien évoqué. Il répond en cela à la tranquillité nécessaire à la suite du parcours que tu nous fais faire au début. Ça sent le jambon beurre, la villageoise et le désordre. Mais l'ambiance du candide qui cultive tranquillement son jardin ne peut correspondre au temps de grêle, forcément plus violent. Je reste sur ma faim.
Yali : Ou bien je n'ai pas compris les consignes, notamment celle du temps qu'il fait pour teinter la couleur du récit, ou bien ta fatigue accumulée ces derniers temps te vaut la reconnaissance du proverbe : « faites ce que je dis, pas ce que je fais». Sans doute, autre solution, ai-je mal dormi cette nuit pour te lire pour la première fois sous un aspect qui ne m'enchante pas beaucoup. Je ne comprends donc pas l'énoncé dès le début « dehors la grêle », alors que par le jeu du triptyque que tu déroules au fil de ton texte, il y a matière à jouer des mots et des sonorités… Pour qu'ils claquent et rebondissent. Mais bon, faire un texte « grêleux » était un challenge bien difficile ! Les avatars ne t'ont pas conquis non plus.
Eléa : C'est curieux, dans ton texte, j'ai trouvé un accent parigot franchouillard qui ne peut pas être celui de Saint-Malo, mais bien celui du narrateur, pauvre, désœuvré et nonchalant. De ce point de vue, ton texte fait ressortir la lourde ambiance, sans dialogue, sans pause véritable, puisqu'il s'agit de torpeur. J'ai eu du plaisir à le lire d'autant qu'un effort a été fait pour l'utilisation des avatars, la situation dans la ville, et la précision dans la scène qui précède l'arrivée du jackpot. Je ne vois pas par contre l'intérêt de terminer par ces deux phrases à la fin : «J’avais gagné. J’ai vraiment jamais eu de veine. ».
Lyra : Ton début de texte avec les phasmes et l'aquarium m'a fait beaucoup rire… Mais d'incompréhension. Je ne vois pas du tout ce qu'est un phasme, mais il me semble que c'est une bestiole plutôt lente. Quant à l'aquarium, il me semble aussi que c'est un univers de la lenteur. J'étais donc pris dans des images contradictoires qui ne pouvaient pas coller entre elles, et au temps orageux rempli d'éclairs.
La suite s'enchaîne plutôt bien, entre les questionnements, les dialogues et les descriptions, cela rend une ambiance dynamique. Parfois, le passage trop rapide d'une idée à une autre peut semer la confusion, mais il y a de l'air malgré la lourdeur du climat. Sans doute est-ce cette ambiance orageuse ?
Abstract : J'aime bien ton texte léger et cours. En choisissant de décrire ainsi l'unique et ultime moment passé devant la machine à sous et la comparaison faite avec un poste de travail mécanique, à la chaîne, il y avait de quoi nous éblouir avec des éclairs et nous faire peur avec des sons tonitruants. Lumière des néons, lumière des machines, éclats de soudure dans un atelier, bruit sourd de tapis roulant, etc.
Mais c'est toujours facile de dire après coup, voilà en tout cas quelques idées qui me sont venues en te lisant.
Marine : Pourquoi faire triste quand on peut faire gai ? La neige pour moi n'est pas quelque chose de triste. Je me suis donc arrêté de lire ton texte à cette phrase : «Il regarda sa femme dormir comme il regarde les champignons nucléaires, les bombes américaines, les combats de judo et les matches de rugby à la télé. » Parce que c'est la seule qui m'a amusé.
Sinon, globalement, mêmes remarques que précédemment. Et une question : comment fais-tu pour taper ton texte aussi vite ?
Rébecca : On sent du vécu derrière tout cela. Je n’espère pas pour tout ! L'effet des chansonnettes n'est pas pour me déplaire, mais il est dommage que ne se soient pas des propres paroles. La lecture est douce, agréable et on va jusqu'au bout, porté par un délire qui prend les chemins de traverse. Mais pourquoi faire un exercice imposé, sauf pour le détourner, si on ne retrouve pas des piécettes et l'enjeu du casino ?
Kilis :
L'exercice est-il détourné, comme ci-dessus, dans un élan de grosse fatigue ? De cela sans doute il y a trop. Mais les mots manquent, et de ceux-ci, il y en a trop peu.
Gobu :
Je me demande si le « bon j'explique » est bien nécessaire ? C'est la seule ombre à ce tableau de Turner, version populaire ! Comme toujours, un texte savoureux qui ne nécessite pas, à mon avis, ces deux mots. Les personnages rustiques sont bien décrits et le lecteur comprend leur naïveté devant les éléments qui se déchaînent.
Chako Noir : Bien aimé. J'en redemande. La suite !
Eugène: Ha, non, c'est moi !
Ciao
Bonne brise sous la plume.
Re: Exo du jeudi 8 septembre 20h30
Eugène, les contraintes sont surtout l'art de les contourner, voire de les détourner, si ce n'est de les éviter (personne ne t'as prévenu ? Sont vaches quand même :-))))
Yali- Nombre de messages : 8624
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