Comment écrivez-vous ?

Il y a longtemps, il y avait une émission de radio : comment écrivez-vous ? (ou truc du genre) qui s'adressait à des écrivains confirmés, c'était fort intéressant. Tel ne pouvait écrire tant que le lit n'était pas fait, l'autre déplaçait sa table dans toute la maison à la recherche du soleil, l'autre encore se levait avant les enfants, celui-ci avait besoin d'une bouteille à proximité, ou d'un crayon à papier bien taillé, d'un ordi, ou d'un cahier comme ci et comme ça, etc etc.

Alors :
comment écrivez-vous ?

Quand ?
Où ?
Avec quoi ?
Qu'est-ce qui est indispensable ?
Qu'est-ce qui est rédibitoire ?
Quelles petites manies ?

Quand ?
Où ?
Avec quoi ?
Qu'est-ce qui est indispensable ?
Qu'est-ce qui est rédibitoire ?
Quelles petites manies ?

N'importe quand,
salon
PC,
la concentration n'avoir rien à faire sur plusieurs jours (je ne travaille pas),
l'agitation, le bruit, les choses à faire, la fatigue.
Aucune. parfois un peu de musique.

Quand ?
- En soirée, juste avant de dormir

Où ?
- En général, dans mon bureau
- Parfois, allongé sur mon lit

Avec quoi ?
- Avant, sur papier
- Maintenant, principalement sur ordinateur

Qu'est-ce qui est indispensable ?
- De me "laisser aller", "laisser venir" certains mots
- L'envie

Qu'est-ce qui est rédibitoire ?
- La fatigue

Quelles petites manies ?
- Si ça ne me plaît pas, je supprime sans sauvegarder, je garde en mémoire que ce qui m'a plu et je réessaie plus tard
- Je copie et recopie sans cesse les mêmes vers, mais en "un petit peu différent"
- Je me laisse beaucoup de temps ensuite pour lire et relire et re-relire... et corriger, et revoir...

Quand ?

Quand celle qui écrit à ma place veut bien venir habiter dans ma tête !

Le plus souvent le soir tard, parfois en me réveillant dans la nuit ou tôt le matin.
Et parfois n'importe quand, n'importe où, souvent après une discussion ou une émission de radio, une conversation entendue qui déclenche des trucs...


Où ? Principalement à mon bureau devant mon clavier, mais aussi, par petites notes, à une terrasse, dans un troquet, un jardin public...


Avec quoi ?

Ordinateur ou cahier /stylo ou feuilles volantes ou...


Qu'est-ce qui est indispensable ?

Un ou des mots déclencheurs : je n'ai jamais l'idée d'abord, elle est amenée par des mots qui vont donner un ton, une ambiance...

Visualiser un lieu, et une lumière particulière à ce lieu. Tant que je n'ai pas une image de lieu dans la tête, je n'arrive pas à construire une intrigue.


Qu'est-ce qui est rédhibitoire ? L'idée de manquer de temps, de devoir m'interrompre.


Quelles petites manies ?
Un thé

Le calva est réservé aux exo live

Je parle idéalement, hormis les exos, et à ce propos faudrait peut-être relance la machine

Janis a écrit:
Quand ?

Le matin très tôt, de cinq à dix j'aime.

Janis a écrit:Où ?

Bureau en général, sinon bistrot

Janis a écrit:Avec quoi ?

Bistrot = Waterman, sinon clavier/bureau.

Janis a écrit:Qu'est-ce qui est indispensable ?

Chansons exclusivement françaises : de Bashung à Ferré

Janis a écrit:Qu'est-ce qui est rédibitoire ?

Bistrot : faut pas que la serveuse soit trop jolie. Bureau : ma femme parce qu'elle est trop jolie. Et le temps, s'il ne m'offre pas au minimum trois mois sans bosser autre chose que l'écriture, j'attaque pas un texte long et, c'est dans le long que j'aime être.

Janis a écrit:Quelles petites manies ?

Un Richard Brautigan, un Bukowski, un Jhon Fante, un Djian, un Jim Harrison — liste non exhaustive, ça dépend des moments. Lorsque je cale, j'en ouvre un au hasard, je lis un paragraphe juste histoire de me dire qu'à leur place je l'aurais écrit autrement ledit paragraphe. Et je m'y recolle sans jalousie et sans honte.

Quand je n'ai rien d'autre à faire la nuit ou quand je pleure
chez moi uniquement
avec mes doigts, ma tête et mon coeur (mes tripes aussi), quel que soit le support
le silence externe m'est indispensable
le bruit d'une pelle mécanique dans la tête est rédhibitoire
je m'étire souvent

Quand ? Le matin, généralement entre 6 et 9 h, parfois le soir vers 22 h
Où ? Dans le train, entourée de gens, au bord d’une piscine (en vacances), sur ma terrasse (mais c’est moins bien), je fuis la solitude.
Avec quoi ? Mon Mac Book Air qui me suit partout...
Qu’est-ce qui est indispensable ? Antidote, le meilleur logiciel orthographique (j'en ai vraiment besoin), en plus il possède des dictionnaires.
Qu’est-ce qui est rédhibitoire ? Rien, mais je trouve toujours de fausses excuses pour ne pas écrire et la connexion internet est un ogre avide de temps libre.
Quelles petites manies ? De la musique, toujours en anglais, si possible Neil Young.
J’ai besoin de lire une phrase d’un des trois auteurs suivant : William Cliff (que j’idolâtre), Serge Delaive (pour l’accessibilité de ses textes) et Jean-Philippe Toussaint (car c’est lui qui m’a donné envie la première fois). Que des Belges, je ne sais pas pourquoi...

Quand ?
Quand ça vient donc en général quand j’ai un peu de temps, le soir ou les jours où je ne travaille pas.

Où ?
Chez moi uniquement, jamais à l’extérieur. Besoin d’être coupée du monde pour le réécrire.

Avec quoi ?
Avec l’ordinateur, depuis que j’en ai un je n’écris plus du tout avec stylo sur papier, ce qui est beaucoup plus facile pour me relire ! Et surtout ça va plus vite, le clavier suit beaucoup plus rapidement le cours de mes mots que mes doigts.

Qu’est-ce qui est indispensable ?
Euh… une idée ? L’envie ? Le besoin plutôt, les mots qui sortent tout seuls.

Qu’est-ce qui est rédhibitoire ?
Un bruit trop énorme ou la fatigue. Le manque d’inspiration.

Quelles petites manies ?
Cigarettes et beaucoup d’eau, écrire m’assèche la bouche. À moins que ce ne soit le fait de fumer :-)

Quand ?

Le matin tôt ou le soir tard.
La nuit
Jamais l'après-midi (lumière, lassitude, digestion, travail)

Où ?

Dans ma chambre, sur une toute petite table en bois (50 cm2?) - pliante - que je déplace
ou
sur le canapé du salon quand ça dort

Avec quoi ?

Le sytlo-plume que je me suis offert quand j'ai réussi le concours de PE, des petits carnets, puis l'ibook que je me suis offert quand j'ai obtenu un poste près de chez moi !

Indispensable

Que la table de la cuisine soit débarrassée
Que j'ai eu mon café

rédibitoire

Le bruit des travaux dans ma rue
Les chamailleries dans la maison
les dents pas lavées

les manies

Relire dans mes carnets les phrases volées dans mes livres de prédilection (carver, o'connor, anna enquist...)
Siroter une bière forte (douglas, kwack, chimay)
voire un petit whisky (le soir, of course)
Envoyer tout le monde au pieu et m'écouter penser

C'est amusant, cette question !

Quand : quand ça me prend

Où : n'importe où

Avec quoi : papier-crayon, sinon dans la tête (j'écris souvent en marchant en forêt)

Indispensable : avoir qq chose à dire !

Rédibitoire : les coups de fil publicitaires

Manies : variables... un petit tour au soleil ou à la cuisine (café et chocolat noir)

Quand ?
Plutôt en soirée, l'idéal : la nuit

Où ?
Dans le train ou dans mon salon

Avec quoi ?
A l'extérieur : Crayon de papier
Chez moi : PC

Qu'est-ce qui est indispensable ?
Le déclic émotionnel

Qu'est-ce qui est rédhibitoire ?
Tout ce qui est extérieur à ce moment précis

Quelles petites manies ?
Un café noisette
Parfois de la musique, plutôt classique...Sans voix ;-)

Remus a écrit:je me lance,
tu trouves que c'est plus simple d'écrire un texte qui évoque un de nos propres expériences malheureuses
ou que c'est plus simple d'écrire sur un sujet dur / triste / etc. si ça ne nous concerne pas, si ça ne nous ait jamais arrivé ?

eh bien c'est un processus particulier (et long)

j'écris d'abord dans ma tête, en faisant autre chose : marcher, dessiner, cuisiner, écouter la radio, et surtout m'endormir
ça mûrit ça grandit, parfois je prends deux ou trois notes sur mon carnet à spirale
et un matin (plutôt) hop, je l'écris
et après j'y reviens (le matin ou le soir) je le ronge jusqu'à l'os,car j'aime les textes-os, sans path'os, ni rien qui pleure trop obstensiblement mais quand même je veux que l'énergie bouillonne comme dans ma tête alors c'est du boulot : un os à moelle qui bout. Un pot-au-feu, quoi.

voilà, merci Janis

alors, réponses ?

ça dépend pour qui

moi ma matière, c'est ma vie, triste ou/et drôle, et tous ceux qui ont compté, que j'ai croisés et tout ça.
Ma vie et les vies qui me sont proches
En fait, je vais te dire : tant que c'est pas écrit, ça n'existe pas vraiment pour moi, les choses qui m'arrivent.

après, du moment où je fais un texte qui se tienne avec des choses dures vécues, comme la mort de Madina, c'est que je commence à guérir. Sinon, c'est nul, ça dégouline, ça pleurniche, c'est peut être nécessaire mais c'est pas encore des textes.

Bon après j'aime bien forcer le trait, je n'ai jamais envoyé un coup de bûche à quelqu'un ni jeté un emmerdeur par la fenêtre, par exemple ! (mais ça devrait finir par arriver)

mais enfin tout ceci est absolument une affaire de personnes, je suppose qu'il y a mille façons de faire.
j'ai un ami qui écrit à partir des faits divers des trucs supers, avec un angle de vue à lui.

ai-je répondu ?

oui, tu as répondu !

moi, quand j'essaye d'écrire à propos de moi, j'y arrive pas tellement
ça me paraît plat, vide ; j'ai l'impression de ne pas être fidèle, que finalement, c'est pas un bon sujet

tu crois que ça aide d'exagérer, de grossir le trait, voire de romancer ? c'est peut être la solution

pourquoi cette question ?

parce que je m'interrogeai tout à l'heure, je me demandais si j'arriverai à écrire à propos d'un vécu personnel
j'ai déjà essayé, c'était nul nul nul
peut-être que c'était nul parce que j'essayais de maquiller un peu, de trop changer l'histoire et de ne pas être assez ... simple, collée à la réalité

oups, je t'avais pas lue

mais moi ça a été long avant d'arriver à la forme d'aujourd'hui, qui je dois l'avouer me plaît et me donne surtout beaucoup de joie féroce, de jubilation.

je me suis longtemps encombrée de vouloir faire beau, profond, machin et surtout alors les adjectifs et les adverbes, un max, maintenant je me donne de la liberté, dans le ton, les mots, tout, l'humour aussi

ça m'effraie un peu de retravailler, remodeler, un texte
il finit par ne plus ressembler du tout à la version d'origine, non ?

faut pas trop coller, je crois
au contraire, il faut se décoller selon moi, pour trouver la bonne distance et réussir un texte

donc il faut du temps
et puis écrire écrire écrire même si c'est "nul"
laisser reposer
y revenir le lendemain et tout jeter
recommencer

maintenant que j'ai du temps, j'écris au moins trois heures tous les jours, et c'est quand même long avant que ça me paraisse fini, même quelques lignes (sauf les petits fragments que je poste, ils sont sur le vif mais travaillés dans la tête en amont)

et puis il faut de l'inspiration aussi

Remus a écrit:ça m'effraie un peu de retravailler, remodeler, un texte
il finit par ne plus ressembler du tout à la version d'origine, non ?

ben oui mais des fois c'est pas plus mal
ou alors faut jeter

regarde : j'avais commencé une série de textes vaguement poétiques sur les lieux, la météo (ça, c'est du vécu !)
je les trouvais trop longs, trop compliqués, j'ai coupé
ensuite c'était trop bref, ça n'avait plus d'intérêt
je les ai réagrandis et ça a donné autre chose de pas mal, mais différent

Remus a écrit:et puis il faut de l'inspiration aussi

moi je crois que l'inspiration ne tombe pas du ciel, elle est dans nos caves et greniers, oubliettes et ventre et rêves et cauchemars

(je vais finir par signer Maïtre Janis) !

oui je vois, on peut toujours faire marche arrière
il faut bricoler

un moment j'animais un atelier d'écriture pour justement apprendre à trouver son chemin d'écriture
les exos qu'on fait ici, c'est bien par exemple, tu devrais participer : tu verras que chacun creuse son sillon, travaille sa petite voix singulière, et puis tu aurais des lecteurs et des commentaires
(je profite qu'on soit entre nous pour te dire qu'ils sont tous francs, mais bienveillants, dans les exos, donc faut pas avoir peur)

Remus a écrit:oui je vois, on peut toujours faire marche arrière
il faut bricoler

voilà
atelier
d'écriture
ya atelier
on travaille on bricole on rate on réussit

d'autre questions, chouette remus ?

les exos, ce qui me tracasse : c'est le délai
dès qu'il y a un délai, ça me braque
mais peut-être qu'à force d'essayer, même si je ne rends rien aux premiers que je tente ... je finirai un jour par rendre quelque chose !

pas d'autres questions madame janis

celui qu'on va faire ya du temps (exo4 ci dessous)
l'exo musique aussi
moi aussi le temps c'est un blème vu que je suis lente
mais bon, personne ne t'en veut si ça te prends trois semaines !

ro la la les fautes que je fais
pif paf boum !

bon alors je vais tenter un exo
je vais prendre mon courage à trois mains

chouette !

Quand ? Ça pourrait être n’importe quand, même si les soirées et les nuits sont préférées et préférables.

Où ? Chez nous, à l’hôtel, dans un parc sans moustique(s), un café, sur la plage,…

Avec quoi ? Papier/stylo ou ordi, emballage quelconque, carte d’affaire… les carnets se perdent plus vite que les idées. Mais c’est dans la tête que tout commence et une histoire peut y rester couver plusieurs années tant qu’elle n’est pas prête à se coucher sur le papier ou le clavier.

Qu'est-ce qui est indispensable ? En majorité, qu’on me fiche la paix. Les familiers et autres potes ne sont pas bienvenus dans ces moments-là. Par contre, n’importe quel étranger de passage ne me dérange pas… il/elle peut même jouer un rôle fondamental dans l’histoire.

Qu'est-ce qui est rédhibitoire ? Les commentaires (des familiers) du genre : « T’as rien de mieux à faire ? », la sonnerie insistante du téléphone (c’est pour ça que je n’en ai plus), des coups à la porte, les chats sur le clavier (mais, eux, ils sont pardonnés).

Quelles petites manies ? Les annotations dans des carnets, mais c’est fini. Non, juste le besoin de me faire foutre la paix quand je suis décidée à écrire. Une sauvagerie nécessaire qui isole du reste du monde. Le besoin d’écrire tous les jours qui n’est plus comblé, parce que le travail et les gens…

Bonsoir,

Je prends le train en marche car je n'étais guère actif sur le site (!) au mois de septembre et puisque ce fil très intéressant est remonté à la surface.

1. Quand ?
At night, of course !

2. Où ?
A la maison, dans mon bureau
Au boulot, suffisamment tard - I am the boss anyway - pour être tranquille

3. Avec quoi ?
Avec un 'nateur muni d'un logiciel de traitement de texte - je n'écrivais guère au Moyen-Âge quand tout cela n'existait pas encore - car je ne supporte pas les ratures, une seule m'obligeait parfois à recopier toute une page ... j'ai une assez belle écriture (!) ... une écriture de femme me dit-on souvent (chut !)

4. Qu'est-ce qui est indispensable ?
Une tasse de café ... ou deux ... ou trois ... suivant la durée !
France Musique en fond sonore

5. Qu'est-ce qui est redhibitoire ?
Les interruptions répétées jusqu'à point d'heure : Bertrand, tu as bien sorti la poubelle ... Chéri, je t'avais dit de vider le lave-vaisselle ... Papa, c'est quoi la dérivée de y = 5x² - 2x + 3 et ... 8 x 7, ça fait combien ... La capitale de l'Australie, c'est bien Canberra ? ... et, attraper, c'est deux "t" ou deux "p" ou les deux ?

6. Des manies ? Petites ou grandes ?
- fignoler, règler tous les petits détails, paragraphes, sauts de ligne, pagination ...
- laisser reposer,
- reprendre toujours et toujours et modifier, reformuler ou transformer
- avoir horreur qu'on essaye de lire par-dessus mon épaule
- secrètement souhaiter qu'on pénètre mon 'nateur que je ne verrouille jamais, mais cela ne semble pas être le cas

Amicalement,
midnightrambler

Remus a écrit:parce que je m'interrogeai tout à l'heure, je me demandais si j'arriverai à écrire à propos d'un vécu personnel
j'ai déjà essayé, c'était nul nul nul
peut-être que c'était nul parce que j'essayais de maquiller un peu, de trop changer l'histoire et de ne pas être assez ... simple, collée à la réalité

moi, je dis que ça mérite d'ouvrir un exo "situation vécue"

un fil dessin, aussi
et cuisine

Janis a écrit:un fil dessin, aussi
et cuisine

en fait, faudrait un fil "janis"

ah ben oui tiens !
Ü

grieg a écrit:

Remus a écrit:parce que je m'interrogeai tout à l'heure, je me demandais si j'arriverai à écrire à propos d'un vécu personnel
j'ai déjà essayé, c'était nul nul nul
peut-être que c'était nul parce que j'essayais de maquiller un peu, de trop changer l'histoire et de ne pas être assez ... simple, collée à la réalité

moi, je dis que ça mérite d'ouvrir un exo "situation vécue"

grieg est un génie ès exercice, j’approuve l'idée :-)

N'importe où et surtout pas au même endroit.
J'ai testé, le sommet des arbres, dans le foin, sous la neige, dans le train, au milieu de la foule, en surveillant les brebis, en labourant, dans la bergerie pendant l'agnelage, au près du feu allumé dans les bois, j'en oublie, tant pis car il me reste tant d'endroits à essayer.