Ce que dit celui qui est à sa fenêtre

Il a plu cette nuit,
Le ciel est encore gris, mais je n'allume pas la lampe.

Ils parlent, à la radio, d'un accident sur l'autoroute.
Les Favre ont changé de voiture... quand on sait c'que ça coûte...

Le facteur vient de passer et je n'ai pas eu de lettre,
Ce sera pour demain, sinon, après-demain... peut-être.

Il a plu cette nuit.

Cette année, la saison des moissons a pris du retard.
Il y a les nouveaux horaires à l'arrêt d'autocars.

On ne peut plus passer sur l'ancien chemin du canal.
Le fils des Le Tarnec n'est pas sorti de l'hôpital.

Il a plu cette nuit.

Une fête foraine installe ses jeux sur la grand place.
Le curé qui se fait trop vieux va quitter la paroisse.

Près du mur du cimetière, des roses blanches se fanent.
Mardi prochain ce sera l'enterrement de Marie-Jeanne.

Il a plu cette nuit.

Des enfants jouent sous les tilleuls, dans la cour des écoles.
L'institutrice et le fils du maire vivraient à la colle.

Suzanne a cueilli quelques pommes, elle va faire une tarte.
Tantôt, Marcel devrait venir et nous jouerions aux cartes.

Il a plu cette nuit.

Devant la poste, cinq ou six femmes parlent à voix basse.
Un chien grogne après la voiture des Parisiens qui passe.

Au bar du Balto plusieurs clients se pressent au comptoir.
Le patron leur raconte une fois de plus la même histoire.

Il a plu cette nuit,
Les gendarmes sont toujours dans les bois près de Malemort.
Les journaux n'ont rien dit...
.............Pas encore...

L'accumulation des prénoms est un peu dommage
Ton poème m'a tout d'abord fait penser à cette chanson de Tryo, Toi et Moi
Puis la fin est surprenante, on imagine ce criminel, ce meurtrier, penché comme un résistant sur son poste de radio ; ce qui est étonnant c'est que tu nous le fait aimer au départ et on s'y attache
J'ai toujours aimé les poèmes qui racontent une histoire, c'est intéressant de voir le rythme, le jeu, l'image, les successions que la forme de la prose a du mal à créer mais que la versification met en oeuvre comme un diaporama ; c'est cela qui me plaît
Merci de cette lecture

Ces réflexions me font penser à la vieille Louise, une voisine. Elle pensait à voix très haute. C'était marrant et gênant à la fois...

J'ai apprécié ton texte. Et tout particulièrement l'ouverture de la dernière phrase, qui nous permet d'imaginer :
Il a plu cette nuit,
Les gendarmes sont toujours dans les bois près de Malemort.
Les journaux n'ont rien dit...
.............Pas encore...

J'aime bien ces réflexions à voix haute, le quotidien qui se déroule, un confort dans lequel on se laisse aller, et la surprise des derniers vers qui ne rompent pourtant pas totalement avec ce qui précède. Je me sens à l'aise dans ce genre de poème.

C'est comme une chanson lancinante qui s'égrenne jusqu'à une fin déroutante. J'ai bien aimé.

ça me plaît aussi, et d'abord le titre

Çà me parle comme la Marie Jeanne de Jacques Brel.

J'ai dit une bêtise.
Marie Jeanne c'est de Jo Dassin

cette petite suite d'instantanés est une réussite
une peinture hyper réaliste

ce type de poésie me raconte des choses, je n'y suis pas hermétique cette fois

L'idée est bien amenée, mais je trouve le texte un peu trop long. Au bout d'un moment, je trouve que ça devient lassant. Heureusement, la fin casse très bien cet effet.
A très bientôt en tout cas,
Ji.

J'ai beaucoup aimé cette ritournelle au refrain lancinant
avec une chute aussi surprenante que réussie