Bistrot : Le Virus
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Bistrot : Le Virus
Le Virus
10 : 48 / Au chaud
Je suis sûr qu’on nous a tous amenés ici pour ça. Pour canaliser, pour enfermer, pour éviter les débordements nocifs. Il parait que dehors, il y a un virus. On a vu l’armée, on a vu les regards froids, on a vu les tours de clé et les barrières. Les masques. Les cadenas. Tout ça par la fenêtre pleine d’une buée qui bouge lentement et envahit la vitre comme si elle était un peu vivante. Ici il fait chaud, il parait que le danger est écarté si on ne sort pas.
Ici, c’est quoi ? J’en sais rien, je ne sais plus comment je suis arrivé là.
On dirait un petit café, avec un feu de bois, horreur, des lumières floues et une atmosphère un peu étouffante. Normal, on est bien cinquante ici (peut-être plus), alors qu’il n’y a de la place que pour trente (peut-être moins). Mais j’ai mon petit coin, ma bulle, ils peuvent bien garder leurs microbes, les autres.
12 : 22 / La liste
La fille sait qu’il y en a qu’on fera tout de même sortir. Il y a la liste. La liste avec des noms toujours solitaires, parfois poétiques, moches, ridicules, nobles, ou rien de tout ça.
Là, en face, la petite dame avec son bas fléché et sa robe trop colorée, qui a sans doute bu un ou deux rouges plus que nécessaire (et d’un coup, elle se demande ce qu’est le nécessaire ?). Elle a un air triste dans les yeux. Des yeux de cafard, un mauvais jour.
Et puis…
- Annette Dujour !
La fille a souvent l’impression qu’en connaissant le nom des gens, ils perdent un peu de leur charme, attrait souvent illusoire qu’a la vie des autres, des inconnus, celle qu’on imagine et qu’on s’approprie.
Mais voilà, il y a Annette Dujour, avec son nom comme un produit frais tout juste sorti de chez l’épicier sympa. Et Annette Dujour est sur la Liste, avec son bas fléché et son œil d’insecte malheureux.
Alors Annette Dujour se lève, et derrière elle suit un voile de peur et d’excitation mélangées. On sent que, comme tous, elle a envie de sortir. Mais ça lui fout une sacrée trouille.
13 : 15 / Le refuge
Bon Dieu d’endroit ! Trop de monde et pas assez, je sais pas pourquoi. Une nouvelle fournée vient de quitter les lieux, sans signe distinctif, sans symptôme, sans rien. Pourquoi cet empressement, aussi, quand ils savent que dehors, c’est la bérézina ? J’ai beau tenter d’y voir plus clair, de me rappeler d’où je viens, de jeter un œil par cette fichue fenêtre où tout se désagrège en un flou huileux. Rien.
A part quelques bières, mes vieilles copines, je ne connais personne et personne ne se connaît. Et malgré la foule, je me sens quand même un peu seul. Je regarde les autres, ils ont une tête de réfugié, grelottant ou transpirant, impavides ou impatients, et je me sens vraiment en quarantaine.
Sauf qu’il y a cette fille, celle qui regarde et observe les autres, qui me remue dedans et allume ce petit falot resté en berne dans mon intérieur poussiéreux et vide. Et je me dis que si je sors d’ici, ça me plairait de lui proposer quelques banalités-bonheur genre : « On fait un bout de chemin ? » ou « Un ciné ? » ou…
Mais que les yeux m’en tombent, à cette idée mes tripes se nouent comme une vieille corde alors je me contente de la regarder. Et je me dis que c’est finalement bien confortable, cet endroit…
15 : 59 / Antidote
Oui, la fille a des yeux gris, mais pas perçants. Juste une expression surprise qui ne s’efface jamais vraiment. Elle veut regarder les autres, mais elle veut regarder dehors, elle étouffe dans cet endroit. Elle commence à craindre d’y rester pour toujours, de ne pas être sur la Liste.
Alors elle tente de comprendre, passe le revers de sa manche sur la vitre embuée, y pose sa joue et envoie son regard au-delà de l’épaule massive du garde, au-delà de ses propres barrières qui la renvoient vers elle-même. Le monde est tout petit, et très grand aussi, dehors. Elle ne se souvient même plus depuis quand elle est enfermée là.
Elle se souvient d’Annette, hésitante et titubante. Elle sait que certains sont sortis et ne reviendront plus. Mais elle a aussi remarqué que d’autres étaient réapparus dans le café, comme ça, sans qu’on s’en aperçoive, encore plus avide de rester, ou de repartir. Et elle se demande quel peut bien être ce virus si des contaminés réintègrent les non infectés.
Elle soupire sur son café et croise un regard. Un seul.
16 : 32 / Sortie
C’est mon nom, là ? Mon nom qu’on vient de lire sur cette fameuse liste ? J’hésite, résiste, mais inutile, les gros bras nous font sortir avec une naïve facilité. Et la fille, les yeux gris, où sont-ils ?
Alors je la vois, sur le pas de la porte, silencieuse et souriante. Elle n’a pas peur, ou plus peur, c’est pas comme moi. Elle avance à petits pas, lentement, comme pour savourer.
Une fois dehors, j’en peux plus, faut que je leur demande aux gros bras, si c’est vraiment une cochonnerie ! Mais ils se contentent de sourire. La fille m’a entendu, elle s’approche. On dirait qu’elle sait quelque chose que j’ignore, parce qu’elle sourit aussi, toujours.
- Dites-moi ! C’est quoi ce virus ? On en meurt ?
- Peut-être… ou peut-être pas !
- Ca m’avance ! Et il a un nom, ce machin ? Que sache à qui je parle quand je respire !
Encore un sourire du costaud.
- Appelez-le Amour, comme le fleuve !
- …
Et tout d’un coup, je m’en fiche. Je prends la main de la fille et on y va, faire notre bout de chemin.
10 : 48 / Au chaud
Je suis sûr qu’on nous a tous amenés ici pour ça. Pour canaliser, pour enfermer, pour éviter les débordements nocifs. Il parait que dehors, il y a un virus. On a vu l’armée, on a vu les regards froids, on a vu les tours de clé et les barrières. Les masques. Les cadenas. Tout ça par la fenêtre pleine d’une buée qui bouge lentement et envahit la vitre comme si elle était un peu vivante. Ici il fait chaud, il parait que le danger est écarté si on ne sort pas.
Ici, c’est quoi ? J’en sais rien, je ne sais plus comment je suis arrivé là.
On dirait un petit café, avec un feu de bois, horreur, des lumières floues et une atmosphère un peu étouffante. Normal, on est bien cinquante ici (peut-être plus), alors qu’il n’y a de la place que pour trente (peut-être moins). Mais j’ai mon petit coin, ma bulle, ils peuvent bien garder leurs microbes, les autres.
12 : 22 / La liste
La fille sait qu’il y en a qu’on fera tout de même sortir. Il y a la liste. La liste avec des noms toujours solitaires, parfois poétiques, moches, ridicules, nobles, ou rien de tout ça.
Là, en face, la petite dame avec son bas fléché et sa robe trop colorée, qui a sans doute bu un ou deux rouges plus que nécessaire (et d’un coup, elle se demande ce qu’est le nécessaire ?). Elle a un air triste dans les yeux. Des yeux de cafard, un mauvais jour.
Et puis…
- Annette Dujour !
La fille a souvent l’impression qu’en connaissant le nom des gens, ils perdent un peu de leur charme, attrait souvent illusoire qu’a la vie des autres, des inconnus, celle qu’on imagine et qu’on s’approprie.
Mais voilà, il y a Annette Dujour, avec son nom comme un produit frais tout juste sorti de chez l’épicier sympa. Et Annette Dujour est sur la Liste, avec son bas fléché et son œil d’insecte malheureux.
Alors Annette Dujour se lève, et derrière elle suit un voile de peur et d’excitation mélangées. On sent que, comme tous, elle a envie de sortir. Mais ça lui fout une sacrée trouille.
13 : 15 / Le refuge
Bon Dieu d’endroit ! Trop de monde et pas assez, je sais pas pourquoi. Une nouvelle fournée vient de quitter les lieux, sans signe distinctif, sans symptôme, sans rien. Pourquoi cet empressement, aussi, quand ils savent que dehors, c’est la bérézina ? J’ai beau tenter d’y voir plus clair, de me rappeler d’où je viens, de jeter un œil par cette fichue fenêtre où tout se désagrège en un flou huileux. Rien.
A part quelques bières, mes vieilles copines, je ne connais personne et personne ne se connaît. Et malgré la foule, je me sens quand même un peu seul. Je regarde les autres, ils ont une tête de réfugié, grelottant ou transpirant, impavides ou impatients, et je me sens vraiment en quarantaine.
Sauf qu’il y a cette fille, celle qui regarde et observe les autres, qui me remue dedans et allume ce petit falot resté en berne dans mon intérieur poussiéreux et vide. Et je me dis que si je sors d’ici, ça me plairait de lui proposer quelques banalités-bonheur genre : « On fait un bout de chemin ? » ou « Un ciné ? » ou…
Mais que les yeux m’en tombent, à cette idée mes tripes se nouent comme une vieille corde alors je me contente de la regarder. Et je me dis que c’est finalement bien confortable, cet endroit…
15 : 59 / Antidote
Oui, la fille a des yeux gris, mais pas perçants. Juste une expression surprise qui ne s’efface jamais vraiment. Elle veut regarder les autres, mais elle veut regarder dehors, elle étouffe dans cet endroit. Elle commence à craindre d’y rester pour toujours, de ne pas être sur la Liste.
Alors elle tente de comprendre, passe le revers de sa manche sur la vitre embuée, y pose sa joue et envoie son regard au-delà de l’épaule massive du garde, au-delà de ses propres barrières qui la renvoient vers elle-même. Le monde est tout petit, et très grand aussi, dehors. Elle ne se souvient même plus depuis quand elle est enfermée là.
Elle se souvient d’Annette, hésitante et titubante. Elle sait que certains sont sortis et ne reviendront plus. Mais elle a aussi remarqué que d’autres étaient réapparus dans le café, comme ça, sans qu’on s’en aperçoive, encore plus avide de rester, ou de repartir. Et elle se demande quel peut bien être ce virus si des contaminés réintègrent les non infectés.
Elle soupire sur son café et croise un regard. Un seul.
16 : 32 / Sortie
C’est mon nom, là ? Mon nom qu’on vient de lire sur cette fameuse liste ? J’hésite, résiste, mais inutile, les gros bras nous font sortir avec une naïve facilité. Et la fille, les yeux gris, où sont-ils ?
Alors je la vois, sur le pas de la porte, silencieuse et souriante. Elle n’a pas peur, ou plus peur, c’est pas comme moi. Elle avance à petits pas, lentement, comme pour savourer.
Une fois dehors, j’en peux plus, faut que je leur demande aux gros bras, si c’est vraiment une cochonnerie ! Mais ils se contentent de sourire. La fille m’a entendu, elle s’approche. On dirait qu’elle sait quelque chose que j’ignore, parce qu’elle sourit aussi, toujours.
- Dites-moi ! C’est quoi ce virus ? On en meurt ?
- Peut-être… ou peut-être pas !
- Ca m’avance ! Et il a un nom, ce machin ? Que sache à qui je parle quand je respire !
Encore un sourire du costaud.
- Appelez-le Amour, comme le fleuve !
- …
Et tout d’un coup, je m’en fiche. Je prends la main de la fille et on y va, faire notre bout de chemin.
Re: Bistrot : Le Virus
Quelle allégorie Blue ! Jusqu'au bout tu nous balades. Ca m'a même fait penser à la liste de Schindler, tu vois un peu !! :-(
Et puis, ouf ! soulagement.
T'es vache quand même... ;-)
Beaucoup de délicatesse dans ces "épisodes" titrés. De la tendresse aussi, comme tu sais la faire passer en mots.
Ca m'a bien plu.
Et puis, ouf ! soulagement.
T'es vache quand même... ;-)
Beaucoup de délicatesse dans ces "épisodes" titrés. De la tendresse aussi, comme tu sais la faire passer en mots.
Ca m'a bien plu.
Re: Bistrot : Le Virus
Une ambiance étrange, elle rend mal à l’aise, puis non, puis oui, puis non, jusqu’à la délivrance. Belle délivrance en vérité. Joli Blue !
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
je ne sais pas quoi penser de ton texte blue, ou plutôt si, j'en ai pensé plein de choses.
J'ai eu des frissons de plaisirs puis je me suis dit "passe", je me suis dit "bien joué", je me suis dit "putain! quel oeil", je me suis dit "oh non! pas ça!" et puis "oh oui!" et dans l'ensemble j'en ressors avec un petit manque...
L'allégorie... Oui, oui, mais manque un truc pour que ça soit vraiment grand. (et si tu me demandes "quoi?", je serai bien incapable de te répondre.)
J'ai eu des frissons de plaisirs puis je me suis dit "passe", je me suis dit "bien joué", je me suis dit "putain! quel oeil", je me suis dit "oh non! pas ça!" et puis "oh oui!" et dans l'ensemble j'en ressors avec un petit manque...
L'allégorie... Oui, oui, mais manque un truc pour que ça soit vraiment grand. (et si tu me demandes "quoi?", je serai bien incapable de te répondre.)
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
Je suis vraiment très partagée.
D'abord parce que la construction me plaît beaucoup, tu amènes une tension, tu crées une attente, il y a un déroulement qui laisse présager du pire. Le bistrot est présent, quelque part, en invisible, on le devine un peu. C'est surtout la peur qui est là.
Et puis il y a la fin. Qui me laisse complètement extérieure et gâche un peu mon plaisir. Une pirouette que je trouve peu réussie (mais ce n'est que mon avis, une fois de plus) et qui gâche la qualité du début, dommage.
D'abord parce que la construction me plaît beaucoup, tu amènes une tension, tu crées une attente, il y a un déroulement qui laisse présager du pire. Le bistrot est présent, quelque part, en invisible, on le devine un peu. C'est surtout la peur qui est là.
Et puis il y a la fin. Qui me laisse complètement extérieure et gâche un peu mon plaisir. Une pirouette que je trouve peu réussie (mais ce n'est que mon avis, une fois de plus) et qui gâche la qualité du début, dommage.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
Et il a un nom ce machin, que je sache à qui je parle quand je respire?
Excellent ! Et il y en a d'autres comme ça.
Sinon, belle idée mais il m'a fallu le relire pour être certaine de la chute. Et un peu de mal ensuite à tout recomposer sous cette lumière. Mais jolie trouvaille quand même.
Excellent ! Et il y en a d'autres comme ça.
Sinon, belle idée mais il m'a fallu le relire pour être certaine de la chute. Et un peu de mal ensuite à tout recomposer sous cette lumière. Mais jolie trouvaille quand même.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
Du beau travail, Blue : habile, étonnant, efficace. Tu joues avec le lecteur, au début tu prends un ton détaché, purement informatif, neutre et efficace, tu le laisses mariner , le lecteur, il sait pas tout et donc… puis tu reprends en « je », puis en « elle », en « il »… et à la fin, on respire et on est heureux de ce bout de chemin qu’on a fait avec toi. J’aime.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
Un texte étonnant! Ligne après ligne, on essaie de dénouer les fils de cette histoire étrange et prenante. On pense que... et puis non, ce n'était pas ça, peut-être bien que si tout compte fait... Du suspense, le style froid et neutre qui crée une attente et une fin tout aussi mystérieuse...
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bistrot : Le Virus
Il y a une progression très réussie dans ce texte, la montée en tension est palpable et l'idée bien menée. Je trouve néanmoins le tout assez inégal dans l'écriture. Parfois tu nous surprends vraiment et puis à d'autres moments ta plume est plus classique.
Re: Bistrot : Le Virus
d’autres étaient réapparus dans le café, comme ça, sans qu’on s’en aperçoive, encore plus avide de rester, ou de repartir. Et elle se demande quel peut bien être ce virus
Hop, à partir de là j'ai compris, que le virus c'était l'amour, j'attendais de vérifier à la fin mais j'étais prête à le parier :0)
Joli texte Blue, une belle ambiance, une belle idée aussi, bien raconté, visuel, une histoire originale que je verrais bien adaptée en film ou série (ça m'a rappelé les 4400 alors que rien à voir) ou à l'écrit en plusieurs tomes :0) mais en tous cas un univers qui m'a intéressé et où j'aimerais bien me replonger le temps de quelques épisodes histoire de comprendre comment, pourquoi, ...
Bonne idée !
Hop, à partir de là j'ai compris, que le virus c'était l'amour, j'attendais de vérifier à la fin mais j'étais prête à le parier :0)
Joli texte Blue, une belle ambiance, une belle idée aussi, bien raconté, visuel, une histoire originale que je verrais bien adaptée en film ou série (ça m'a rappelé les 4400 alors que rien à voir) ou à l'écrit en plusieurs tomes :0) mais en tous cas un univers qui m'a intéressé et où j'aimerais bien me replonger le temps de quelques épisodes histoire de comprendre comment, pourquoi, ...
Bonne idée !
Re: Bistrot : Le Virus
Je me délecte de cette galerie de portraits, cette fois, chez Blue, avec cette menace tournoyante qui plombe le plafond. Délectable, oui.
Invité- Invité
Re: Bistrot : Le Virus
C'est bien, oui, mais la chute un peu tarte à la crème à mon goût.
Invité- Invité
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