En forme de présentation
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Phylisse
loic
Frédéric Prunier
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Arielle
Ariel
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En forme de présentation
Triptyque
1/3. Il y avait une rumeur.
Un long bourdonnement,
creux,
sombre comme une cave. Terre enfermée, rebattue.
Les langues roidies dans l’uniforme sourd du troupeau.
Et il y eut ton chant
droit,
puis tout de courbes
de nœuds, de rencontres,
des ventres jadis stériles
et des collines où blottir les enfances.
Un chant-rivière
où mettre le souvenir de la source
jusqu’à l’étroitesse de la lagune.
comme une langue de sel,
là,
déposée entre des emphysèmes tristes.
« - C’est tout ce que je possédais.»
De pauvre tu deviens pauvre,
de lait tu deviens remous, dilutions grises
voix-terres qui se dispersent.
De ce que l’on ne pouvait nommer, tu deviens sans nom,
sourdine
son,
bruit.
Rumeur.
2/3. Le mensonge du vitrier
Le bruit : une cage d’ascenseur.
Avec une grille de fer, des portes battantes en bois, vitrées.
La danse visible des filins, jusqu’au creux du ventre.
Déclics
. Le . règlement . intérieur .
(on continue de penser, palier après palier).
L’idée peu vraisemblable de l’enfleurage de la lumière sur une plaque de verre, peu avant qu’elle ne s’échappe, peu avant qu’elle ne laisse sa place aux hypothèses beaucoup plus logiques d’un arbre, d’une barque à l’amarre, ou du reniflement d’un chien.
Emporter la lumière, comme on - Porte - sur soi un parfum, l’attribuer à la constitution de son identité. Qui, se retournera dans la rue. Qui, déroutera son regard.
Et la courbure de la brindille, chercheuse de midi, s’égare dans le leurre du passage, respectant le contrat de l’ascension. Rupture d’indemnité : la trace du vrai, sur le mensonge du vitrier.
- Porte -
L’étage de la réflexion, où, dans chaque miroir, trouver l’ombre portée d’Heurtebise.
3/3. Partition
(Recordare)
Comme un vieux piano dont on vérifie l’in-justesse
une semelle, qu’on recompose
quand se défait le lien.
Détachement du catalogue,
une collection qui n’a plus de cohérence que pour soi-même, les détours consentis dans le théâtre intérieur.
Le pompier de service, regardant la scène :
- Il n’y a plus de feu
Les acteurs :
- … et toujours tenir l’histoire en équilibre. Y’a pas de scénario. On les bras fatigués !
- Et les genoux, donc !
Sophie dans la chapelle, penchée sur l’épaule de Dieu
les doigts effilés de ses mains sans lignée, si blanches
... and when the waiter brought a tray...
Goldberg, de Fermat, Auguste Rodin, et le toujours très beau William,
tapant leurs cartes dans l’arrière-salle enfumée.
Et tant vouloir les rassembler qu’elles s’éparpillent,
pages à nouveau disparates,
comme des scènes, des heures, des saisons, des âges géologiques.
Et les feuilles comme des souvenirs, additions soustractions, coups de gomme
échafaudages sans murs,
(Liberare )
Et je rêvais d’être une pierre parmi les pierres
Ariel- Nombre de messages : 160
Age : 68
Localisation : Finistère, ascendant CévennE
Date d'inscription : 03/10/2011
Re: En forme de présentation
Somptueuse présentation ce triptyque dans lequel on voit passer tout un théâtre d'ombres prestigieuses, celle de Cocteau dans son ascenseur notamment.
C'est pourtant cette rumeur du premier volet, ce chant-rivière qui me touche le plus, que je sens le plus discret, le plus personnel.
Bienvenue Ariel, mon presque homonyme !
C'est pourtant cette rumeur du premier volet, ce chant-rivière qui me touche le plus, que je sens le plus discret, le plus personnel.
Bienvenue Ariel, mon presque homonyme !
Re: En forme de présentation
Etrange, envoûtant, captivant.
J'ai une forte impression de cinema (quelque part Frida, je ne sais pas pourquoi, à cause de la juxtaposition peut-être). Plongés d'emblée in medias res on a l'impression de regarder par une vitre, voire sur une vitre. Trois tableaux différents. Avec (au moins) pour fil conducteur un son, le son. Et dans chaque tableau une fille? (un doute pour le second où en ce cas elle est présente en creux, à travers son absence, dans une suite d'indices possibles: La danse / creux du ventre / la lumière .. elle ne s’échappe... Emporter la lumière / on - Porte - sur soi un parfum / Qui, se retournera dans la rue. Qui, déroutera son regard / la courbure de la brindille / chercheuse de midi ). Je peux me tromper. Il me semble que chaque lecture apportera un nouveau développement du sens.
Bienvenu
(PS: "recordare" ne serait pas plutôt "ricordare" puisqu'on a "liberare"? ou alors on est dans le dialectal : ama'rcord- ou le latin mais "rĕcordāre" dans le sens de se souvenir bof, ça fait médiéval non?)
J'ai une forte impression de cinema (quelque part Frida, je ne sais pas pourquoi, à cause de la juxtaposition peut-être). Plongés d'emblée in medias res on a l'impression de regarder par une vitre, voire sur une vitre. Trois tableaux différents. Avec (au moins) pour fil conducteur un son, le son. Et dans chaque tableau une fille? (un doute pour le second où en ce cas elle est présente en creux, à travers son absence, dans une suite d'indices possibles: La danse / creux du ventre / la lumière .. elle ne s’échappe... Emporter la lumière / on - Porte - sur soi un parfum / Qui, se retournera dans la rue. Qui, déroutera son regard / la courbure de la brindille / chercheuse de midi ). Je peux me tromper. Il me semble que chaque lecture apportera un nouveau développement du sens.
Bienvenu
(PS: "recordare" ne serait pas plutôt "ricordare" puisqu'on a "liberare"? ou alors on est dans le dialectal : ama'rcord- ou le latin mais "rĕcordāre" dans le sens de se souvenir bof, ça fait médiéval non?)
Re: En forme de présentation
Heurtebise / Cocteau : tout s'explique là par exemple (c'est presque dommage).
Re: En forme de présentation
en vous lisant, j'ai l'impression d'être un aveugle à qui on raconte le film
avec une précision un peu métronomique
en succession de plans-séquence
et il me manque la poésie, dans le phrasé...
Amicalement
avec une précision un peu métronomique
en succession de plans-séquence
et il me manque la poésie, dans le phrasé...
Amicalement
Re: En forme de présentation
je trouve une communauté de réflexion ici, il me semble que nous travaillons dans les mêmes filons, ceux de la mémoire collective et dans le jeu du vocabulaire
ici les veines sont immenses, comme à Destival...
ici les veines sont immenses, comme à Destival...
Re: En forme de présentation
Avec une localisation " ascendant Cevenne", un pseudo pareil j'étais très impatiente de lire : éblouissement !
Bienvenue ici Ariel !
Bienvenue ici Ariel !
Invité- Invité
Re: En forme de présentation
Il me semble reconnaître cette plume...
J'ai surtout été prise dans un tourbillon d'images, de sons, un flux qui vient de loin, comme une irréalité autour d'un point central mystérieux : "intérieur".
J'ai été plus sensible à "Il y avait une rumeur", sans doute parce que ce passage m'a fait frissonner :
Et il y eut ton chant
droit,
puis tout de courbes
de nœuds, de rencontres,
des ventres jadis stériles
et des collines où blottir les enfances.
L'ensemble est à relire sûrement, pour tenter d'ouvrir encore quelques portes et découvrir ce qui est gravé sur la pierre, à l'intérieur.
J'ai surtout été prise dans un tourbillon d'images, de sons, un flux qui vient de loin, comme une irréalité autour d'un point central mystérieux : "intérieur".
J'ai été plus sensible à "Il y avait une rumeur", sans doute parce que ce passage m'a fait frissonner :
Et il y eut ton chant
droit,
puis tout de courbes
de nœuds, de rencontres,
des ventres jadis stériles
et des collines où blottir les enfances.
L'ensemble est à relire sûrement, pour tenter d'ouvrir encore quelques portes et découvrir ce qui est gravé sur la pierre, à l'intérieur.
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: En forme de présentation
c'est de la distance souple, qui s'allonge et se rétracte, on dirait du déca?!
du do - déca.
vous êtes plutot moderne, alors?
j'ai oublié le nom de ce compositeur contemporain, auteur d'un te deum breton ou quelque chose dans le genre.
du do - déca.
vous êtes plutot moderne, alors?
j'ai oublié le nom de ce compositeur contemporain, auteur d'un te deum breton ou quelque chose dans le genre.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: En forme de présentation
Merci de vos passages, de vos lectures.
Recordare, je dirais en latin. Comme on remonte à la surface, mais aussi l'idée de la reliure, à l'ancienne,
avec de la couture. Et à l'inverse, Liberare, on disperse.
Le sous-titre Requiem, "comment se souvenir",
reste caché, parce que Libera me, devient liberare (humanum est), "me", nullement indispensable étant occulté.
Aaaah la musique ....
Pour étaler un peu ma culture, et parce que c'est vraiment un personnage à part, un vieil ami,
Heurtebise est bien une marque d'ascenseur, et c'est dans un ascenseur que Cocteau a adopté ce nom,
en se réveillant d'un état songeur au moment d'arriver sur le palier, le regard attiré par la plaque.
'lut, Bali'; il me semble reconnaître ce lotus.
l'impression. Ce que ça éveille...
Comment vous répondre.
Le mot "aveugle", bien sûr.
Autant pour la poésie dans le phrasé, que je lis avec plaisir, j'ai l'impression de ne pas savoir faire,
de devoir mettre l'écriture (la mienne) dans un costume trop serré,
autant la mettre dans le regard "éclaire" l'objet.
Les trois images du triptyque sont prises le même jour, le long de l'Aulne,
sans arrière pensée d'être rassemblées ni faire l'objet d'un texte.
Le collage, puis l'envie d'écrire sont venus ensuite,
en utilisant le principe d'associations d'idées, par rapport au thème de chaque image, et ses détails.
Un regard "autre", proposé, de fait, à la curiosité (tout à fait facultative), de l'aveugle,
pour tous les regards possibles.
En l'occurrence en essayant de construire une logique entre les trois tableaux, autour du partage de l'écriture.
Quand vous parlez de plans-séquences, il me vient en souvenir les cours d'anatomie :
On dissèque le plan superficiel, en général la peau et quelques accessoires, puis le plan intermédiaire, et enfin le plan profond, là où ça travaille.
La poésie a un peu de ce pouvoir, sans obligation de vérité, ni dans l'espace, ni dans le temps.
En partageant votre amitié, merci.
Recordare, je dirais en latin. Comme on remonte à la surface, mais aussi l'idée de la reliure, à l'ancienne,
avec de la couture. Et à l'inverse, Liberare, on disperse.
Le sous-titre Requiem, "comment se souvenir",
reste caché, parce que Libera me, devient liberare (humanum est), "me", nullement indispensable étant occulté.
Aaaah la musique ....
Pour étaler un peu ma culture, et parce que c'est vraiment un personnage à part, un vieil ami,
Heurtebise est bien une marque d'ascenseur, et c'est dans un ascenseur que Cocteau a adopté ce nom,
en se réveillant d'un état songeur au moment d'arriver sur le palier, le regard attiré par la plaque.
'lut, Bali'; il me semble reconnaître ce lotus.
J'ai bien relu votre impression. Toujours, ce type de commentaire apporte quelque chose:Frédéric Prunier a écrit:en vous lisant, j'ai l'impression d'être un aveugle à qui on raconte le film
avec une précision un peu métronomique
en succession de plans-séquence
et il me manque la poésie, dans le phrasé...
Amicalement
l'impression. Ce que ça éveille...
Comment vous répondre.
Le mot "aveugle", bien sûr.
Autant pour la poésie dans le phrasé, que je lis avec plaisir, j'ai l'impression de ne pas savoir faire,
de devoir mettre l'écriture (la mienne) dans un costume trop serré,
autant la mettre dans le regard "éclaire" l'objet.
Les trois images du triptyque sont prises le même jour, le long de l'Aulne,
sans arrière pensée d'être rassemblées ni faire l'objet d'un texte.
Le collage, puis l'envie d'écrire sont venus ensuite,
en utilisant le principe d'associations d'idées, par rapport au thème de chaque image, et ses détails.
Un regard "autre", proposé, de fait, à la curiosité (tout à fait facultative), de l'aveugle,
pour tous les regards possibles.
En l'occurrence en essayant de construire une logique entre les trois tableaux, autour du partage de l'écriture.
Quand vous parlez de plans-séquences, il me vient en souvenir les cours d'anatomie :
On dissèque le plan superficiel, en général la peau et quelques accessoires, puis le plan intermédiaire, et enfin le plan profond, là où ça travaille.
La poésie a un peu de ce pouvoir, sans obligation de vérité, ni dans l'espace, ni dans le temps.
En partageant votre amitié, merci.
Ariel- Nombre de messages : 160
Age : 68
Localisation : Finistère, ascendant CévennE
Date d'inscription : 03/10/2011
Re: En forme de présentation
J'ai été touché par la rumeur, puis je n'ai rien ressenti sur les deux autres parties trop absconses à mon sens.
"une collection qui n’a plus de cohérence que pour soi-même " : ?!
"échafaudage sans murs" : j'aime bien.
"une collection qui n’a plus de cohérence que pour soi-même " : ?!
"échafaudage sans murs" : j'aime bien.
Jean Lê- Nombre de messages : 591
Age : 65
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 22/11/2010
Re: En forme de présentation
Je me suis laissée prendre dans les méandres de ce texte, qui m'a parlé et remuée sans que je comprenne toujours (comme peut émouvoir le chant du vent dans les branches, ou de l'eau sur les cailloux). La construction et la mise en forme me plaisent beaucoup. Et la Bretonne par ascendance, cévenole par alliance, exilée en Provence est ravie de découvrir cette plume.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: En forme de présentation
Etrange!
J'ai aimé
C'est somptueux.
J'ai aimé
C'est somptueux.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
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