Rions avec le Moyen Age (pour cinéphiles avertis)

L'élixir de Maître Joseph


( La scène se déroule sous le règne du Roy Louis IX (Saint Louis) en 1247, en l'hôtel parisien d'Hugues de Courson, Bailli de Saintonge. Sur une grande table de cuisine, le Bailli et son écuyer Piqueboeuf comptent de l’or, tandis qu'une joyeuse fête se poursuit dans le reste de la maison)

Personnages :

Le Bailli
Piqueboeuf
Le Comte de Torcy
Le Prévôt des Marchands
Une jouvencelle



(Au début de la scène, une jouvencelle invitée à la fête entre à l’office pour chercher à boire et aperçoit le magot empilé sur la table. Elle tend la main pour le saisir)

LA JOUVENCELLE :

Belle picorée, ma foi ! J’en gloutirais volontiers un petit !

PIQUEBOEUF (il abat sa main sur la sienne) :

Touche point aux pécunes, ribaude !

(La jouvencelle s’enfuit. A ce moment, le Comte de Torcy et le Prévôt font irruption, l’épée au poing. Piqueboeuf a le temps de se dissimuler derrière la porte)

LE COMTE :

Que nul ne se meuve ! Nos estocs sont de bel et bon acier de Tolède et pourraient occire une compagnie.

PIQUEBOEUF :

(il surgit de sa cachette et les menace d’une pique dont il leur asticote les reins)

Si leurs Seigneuries me les daignaient confier (ils s’exécutent). N’ayez nulle crainte, elles sont en de bonnes mains. On ne saurait laisser traîner de cette sorte de jouet… d’aucuns pourraient être navrés…

LE PREVOT :

Eh bien, Messire Comte, je cuide que le moment est venu de baisser la crête et d’ouvrir honnêtes pourparlers.

LE BAILLI. :

Ma foi… point ne suis par principe hostile au dialogue et à raisonnable disputation. En temps de Croisade, le climat est à la trêve de Dieu.

LE COMTE (Il s’assoit) :

S’il faut baisser la crête, autant poser son séant.

LE PREVOT (Il s’assoit aussi) :

Peut-être pourrions-nous nous désaltérer de quelque breuvage cordial…

LE BAILLI :

Le fait est…

PIQUEBOEUF :

Les jouvenceaux ont mis à sac le cellier… il va falloir se satisfaire de l’insolite (Il sort d’une armoire une forte bonbonne de grès). Il reste quelques jarres de l’élixir de Maître Joseph l’Alchimiste. Cela nous fera ramentevoir notre jeune temps.

LE PREVOT :

Ah… vous fîtes saillir l’eau-forte…

LE BAILLI (Un peu inquiet) :

Pourquoi dit-il cela ?

PIQUEBOEUF (lyrique) :

Ah, Maître Joseph ! Quel alchimiste c’était… un magicien de l’athanor… Avec deux mesures de copeaux de sapin et un setier de glands, il vous baillait cinquante bonbonnes d’élixir ! (Il les sert)

LE BAILLI (rassurant) :

Ma foi, cette potion n’a mie qui puisse nous causer nuisance. J’ai jadis pratiqué une baronnesse palatine, laquelle en entonnait pas moins d’une grande pinte à chacun de ses levers. (Il goûte et encaisse durement). Je dois confesser que c’est plutôt là breuvage de hallebardier !

LE COMTE (Il boit, fait la grimace et pleure) :

Peste… en effet, ce n’est point là potion pour les marmousets…

LE PREVOT (Il hume son verre) :

Il me paraît qu’il s’y trouve du rutabaga…

PIQUEBOEUF :

Si fait, il s’en trouve.

LE COMTE :

Et de l’ortie, me semble-t-il

PIQUEBOEUF :

Il s’en trouve itou.

LE BAILLI :

On m’a narré que sur ses dernières années, Maître Joseph n’avait plus la main aussi assurée qu’auparavant. Il avait tendance à ne plus distinguer liqueur cordiale et tisane d’onze heures.

PIQUEBOEUF :

Assurément. Sa pratique commençait à renâcler au débours et présenter doléances… D’aucuns en perdirent la vue. Durant la croisade contre les hérétiques cathares, il parvint quand même à occire à lui tout seul une compagnie d’arbalétriers navarrais !

LE PREVOT (Il commence à être très saoul) :

Ah… il a donc servi dans la piétaille ?

LE BAILLI :

Que nenni ! Il servait dans l’intendance. Soyez donc un peu à ce que l’on vous narre, Prévôt !

LE PREVOT (Il se met à sangloter) :

Faites excuses… je n’ai plus tout mon chef… (il s’écroule contre la table)

LE COMTE :

Nous voilà beaux ! Les vapeurs de l’élixir lui seront montées à la tête : il en à le pensement tout obscurci !

LE BAILLI :

Le fait est que moi-même, sans être pour le moins enivré – foi de gentilhomme – je n’en ressens pas moins comme un léger étourdissement…


FIN DE LA SCENE

Génial ! Du théatre sur VE, voilà ce qui nous manquait ! Très réussi ! Je ne suis pas un expert mais on se croirait dans un classique, la langue est parfaite, c'est bien raconté, drôle et je vois tout à fait ça sur une scène de théatre.

pour cinéphiles avertis ? à priori, suis un peu cinéphile, mais j'ai pas été averti :-) peux tu nous en dire plus ?

Charles a écrit:Génial ! Du théatre sur VE, voilà ce qui nous manquait ! Très réussi ! Je ne suis pas un expert mais on se croirait dans un classique, la langue est parfaite, c'est bien raconté, drôle et je vois tout à fait ça sur une scène de théatre.

pour cinéphiles avertis ? à priori, suis un peu cinéphile, mais j'ai pas été averti :-) peux tu nous en dire plus ?

Hem...je ne voudrais pas vendre la mèche tout de suite...Disons qu'il s'agit d'un remake moyennageux d'une scène culte du cinéma français. Je pense que d'aucuns la reconnaîtront.

D'autre part, ces personnages appartiennent à un texte assez long, avec des tas de personnages, que j'ai écrit plutôt dans l'optique d'une dramatique télé. Ca pourrait se monter au théâtre, mais avec d'assez gros moyens. La scène que j'ai envoyée n'appartient pas vraiment au texte d'origine (bien qu'elle pourrait s'y intégrer) qui est plus grave. C'était juste un gag utilisant une partie de ces personnages.

B@T

Gobu

Mais oui bien sûr, je vois ! un film en nb avec JL, BB, LV, FB ... (je préserve le suspens :-)

Y aurait-il deux mots dans le titre dont l'un commence par K et l'autre par H ?

Je suis pas du tout sûre, là...

kilis a écrit:Y aurait-il deux mots dans le titre dont l'un commence par K et l'autre par H ?

Je suis pas du tout sûre, là...

euh ...:-$ pas dans mon idée ... moi y aurait plutôt 3 mots :

L.... T..... F...... (le nombre de points ne correspondant pas au nombre de lettres)

Ah oui! Ok! J'avais rien capté ! Je cherchais un filmqui se passait déjà au Moyen-âge, moi...

Merci Mentor

J'ai trouvé comme Charles !

L'idée est amusante, la pastiche bien réussi, même s'il y a un petit côté cliché dans la langue moyennageuse, un petit quelquechose des "visiteurs" pour rester dans les références cinématographiques !

En tous cas belle idée et texte rigolo !

kilis a écrit:Ah oui! Ok! J'avais rien capté ! Je cherchais un filmqui se passait déjà au Moyen-âge, moi...

Merci Mentor

De rien Krystelle :-))))))))))))))

Pas que comme dans les Visiteurs, Loup!
Les cinéphiles modernes non avertis (et il y en a!) y verront même un pastiche de Kamelott, déjà lui-même pastiche (j'aime pô Kamelott...)

Un texte bien ficelé, flirtant par moments avec la caricature. C'est en effet très théâtral, très visuel, un genre que j'aime bien.

Charles a écrit:

kilis a écrit:Ah oui! Ok! J'avais rien capté ! Je cherchais un film qui se passait déjà au Moyen-âge, moi...

Merci Mentor

De rien Krystelle :-))))))))))))))

Rhohoo!

Sahkti a écrit:Un texte bien ficelé, flirtant par moments avec la caricature. C'est en effet très théâtral, très visuel, un genre que j'aime bien.

C'est évidemment une caricature ! En revanche, le gros texte dont j'ai extrait ces personnages n'est pas caricatural du tout. Il est plutôt sérieux, même si j'y ai aussi placé des scènes "de divertissement"

Merci pour vos commentaires

Gobu

Trés drôle même si le parler moyennageux est par moment trop lourd.
Je pense que ce texte irait mieux du côté image que du côté théâtre. Prendre une biture autour d'une table, c'est immobile et au théâtre c'est vite lourd, il faut du mouvement. Si cette scène devait se jouer sur scène, en dehors du remake, il ne se passe rien... Sachant que cette une seule scène, un extrait, il faut voir l'ensemble du texte, la globalité de la pièce.
Pour ce qui est de l'image, allons du côté du téléfilm, (sachant que la serie courte moyennageuse est déjà prise), ou du long metrage; mais -là, le parler est un peu trop lourd, à mon sens. Mais c'est pas une mauvaise idée de téléfilm, c'est moins cher, plus rapide que le long metrage. Elle la qualitée commence de plus en plus à égaler le cinéma...
De toutes les façon, j'ai bien ri...

Je n'ai aucune culture cinématographique, donc je ne pourrais pas deviner...
Par contre, ton texte est vraiment drôle et haut en couleurs. Il ne manquerait plus qu'un moine paillard pour couronner le tout (mais ça ne faisait peut-être pas partie de la scène initiale ?)

Sahkti a écrit:Pas que comme dans les Visiteurs, Loup!
Les cinéphiles modernes non avertis (et il y en a!) y verront même un pastiche de Kamelott, déjà lui-même pastiche (j'aime pô Kamelott...)
Un texte bien ficelé, flirtant par moments avec la caricature. C'est en effet très théâtral, très visuel, un genre que j'aime bien.

J'adore Kaamelott ! :-))) En fait, c'est quasiment l'exact principe inverse, des dialogues "contemporains" (voire un peu audiard) dans un contexte de moyen-âge...
Ceci dit, dans Kaamelott, c'est pas le pastiche qui est marrant, c'est la situation et le sens du dialogue.

ninananere a écrit:Trés drôle même si le parler moyennageux est par moment trop lourd.
Je pense que ce texte irait mieux du côté image que du côté théâtre. Prendre une biture autour d'une table, c'est immobile et au théâtre c'est vite lourd, il faut du mouvement. Si cette scène devait se jouer sur scène, en dehors du remake, il ne se passe rien... Sachant que cette une seule scène, un extrait, il faut voir l'ensemble du texte, la globalité de la pièce.
Pour ce qui est de l'image, allons du côté du téléfilm, (sachant que la serie courte moyennageuse est déjà prise), ou du long metrage; mais -là, le parler est un peu trop lourd, à mon sens. Mais c'est pas une mauvaise idée de téléfilm, c'est moins cher, plus rapide que le long metrage. Elle la qualitée commence de plus en plus à égaler le cinéma...
De toutes les façon, j'ai bien ri...

Chère Nina

Comme je l'ai déjà dit, cette scène ne fait pas partie de mon texte d'origine. Je l'ai écrite pour faire rigoler des copains amateurs des T.F. (je laisse encore un peu de suspense)

Le reste du texte constitue un scénario complet composé de quatre journées qui se suivent, et écrit dans l'optique d'une dramatique historique télé en deux parties.

B@T

Gobu

Charles a écrit:

kilis a écrit:Ah oui! Ok! J'avais rien capté ! Je cherchais un filmqui se passait déjà au Moyen-âge, moi...

Merci Mentor

De rien Krystelle :-))))))))))))))

c'était un vrai plaisir, Loupbleu :-))

Gobu a écrit

Chère Nina

Comme je l'ai déjà dit, cette scène ne fait pas partie de mon texte d'origine. Je l'ai écrite pour faire rigoler des copains amateurs des T.F. (je laisse encore un peu de suspense)

Le reste du texte constitue un scénario complet composé de quatre journées qui se suivent, et écrit dans l'optique d'une dramatique historique télé en deux parties.

Ah, alors, j'avais bien senti le coté "image" du texte...
Une drama T.V.
Ah, t'as un pied dedans. Moi, j'en ai eu un peu : j'ai tourné dans une docu-fiction, dans ma première vie : comédienne