Bucolique

Je buvais la pluie avec de tendres gestes, de vaines paroles, comme s'il devait y avoir tout un champ détrempé pour mon coeur... le vent courbait les blés, insufflait partout la vie dans les feuillages, j'ai relevé grand les yeux comme des branches obstruant le passage et j'ai louvoyé entre les fougères jusqu'à la cabane posée comme une joue sur l'oreiller du tronc au bord du chemin. Où s'arrondissaient deux iris et trois jacinthes, et d'autres fleurs dont j'ignorais la sorte, je leur attribuais pour ce parfum semblable à celui d'une pâte qui lève chez le biscuiter... je donne avec plaisir aux fleurs des forêts des noms de fleurs de serres. C'est vrai que la nature est sauvage. Si vous ne faites pas un geste elle ne reprendra indéfiniment que l'herbe, l'arbre appellera un autre semblable pour y mesurer son tronc. La variété vient de tout le semblable qui s'enchevêtre. Prenez cinq motifs et répétez les selon mille combinaisons, effacez les combinaisons pour ne considérer que l'enchevêtrement et une sorte de logique sauvage apparaîtra d'elle-même : bucolique où la fumée des cigarettes tâche l'air d'un faste comme des manches au leste de nuage. Ce qui est vraiment beau n'a rien de géométrique, ou plutôt la géométrie naît de cet accident heureux perpétuellement renouvelé. Il crée après lui ses propres figures, comme des cailloux laissés au long de la marche, ou tel angle de vue qui ramasse toujours l'impression que fait un visage parfait.
Je me dénattai sans mot dire et abandonnai mon vêtement près de la source. J'aime à m'étendre sur l'herbe molle après la pluie. Il y a partout un certain bonheur d'être présent. Il est dur à saisir en toutes occasion et ce n'est parfois qu'au prix de trucs que les circonstances favorables et répétées l'amènent. C'est un bonheur rare et immobile. S'il est rare c'est que souvent nous sommes trop lents ou trop rapides. C'est un diapason particulier semblable à celui d'un morceau de bois flottant au gré de la marée. On traduit cela par un certain sentiment de la nature. Il n'y a pas plus de sentiment de la nature que de sentiment du ciel, mais une faculté à s'arrêter de penser. Elle ne pense pas la nature, ainsi elle est toute vive, elle pose partout ses yeux intelligents.
J'ai fumé une cigarette dans l'air du soir. J'aime fumer dans la nature. Fumer est un geste naturel. La fumée ondoyante n'est rien qu'un luxe de la lumière et son trajet à travers poumons une sorte d'effet de brise. Il est naturel d'aimer saisir son souffle. Je n'ai rien dit. La nuit était bientôt noire. Les lumières qui s'allumaient s'assoupissaient contre les étoiles. Il y eu un mouvement entre les herbes. Le silence regagna sa nature. La végétation eu l'odeur de son meilleur linge. Je ne sentais pas plus loin que ma chair.

Un peu trop compliqué à déchiffrer, lecture heurtée par des tournures étranges, voire des mots surprenants. En outre, ce n’est pas un thème qui m’emballe, la nature.
Mais j’ai retenu quelques jolies images et une certaine poésie dans la sincérité, un soupçon de naïveté.

J'ai beaucoup d'affection pour le motif de la nature dans la littérature, mais peut-être l'as-tu traitée de manière trop alambiquée, car j'ai eu du mal à lire. Tu alternes les syntaxes simples et les tournures étranges. Je trouve l'idée bonne, mais j'éprouve des difficultés à passer d'un aphorisme presque plat à une suite d'associations étrangement tournées... Par exemple :

Fumer est un geste naturel. La fumée ondoyante n'est rien qu'un luxe de la lumière et son trajet à travers poumons une sorte d'effet de brise.

Quelque chose que j'ai aimé : l'omniprésence de la nature dans le lexique choisi, comme si elle était le seul motif comparable. Dans la deuxième phrase (en italique), il y a l'eau ("odoyante"), la lumière, le vent (la "brise"), je trouve ça intéressant, tu pourrais creuser pour mettre ça en avant de manière moins hermétique et lourde (le "luxe de la lumière", ça ne me parle pas...)

Bon, je viens de relire ça, je pense que ça justifie l'analyse (un peu légère, je sais) que je viens de faire :

La variété vient de tout le semblable qui s'enchevêtre. Prenez cinq motifs et répétez les selon mille combinaisons, effacez les combinaisons pour ne considérer que l'enchevêtrement et une sorte de logique sauvage apparaîtra d'elle-même : bucolique où la fumée des cigarettes tâche l'air d'un faste comme des manches au leste de nuage.

Je pense que tu n'as pas besoin de justifier. C'est lourd, la nature perd son charme (surtout avec ce que j'ai mis en italique... d'ailleurs "tache" du verbe "tacher" n'a pas d'accent circonflexe ? Ou j'ai mal compris ?) Par contre, quand j'essaye d'imaginer les manches des nuages, ça me fait sourire, je trouve ça joli. Mais je ne suis pas sûre d'avoir lu ce que toi tu voulais écrire...