Exo anonyme « L'attente » : Avant-orage

J’ai vu bruire le vent soyeux parmi les feuilles
entendu se briser, soleil écartelé
dans l’enfance des limbes unique chaque essence
la lumière déviée par tant de verts divers.

Oreilles transparentes éveillées d’un frisson
sages savants plissés relevant leur jupon
folioles embrassés revendiquant leur fronde
et les pourtours ciliés faire l’auréole blonde.

J’ai vu le contre-ciel basalte devenir
s’y aviver les feuilles en nouvelles valeurs
superposer leur cru en conflits tapageurs
la soudaine fraîcheur plier les pousses neuves
les dessous pubescents s’exhiber avertis
et sous le branle lent des gouttes métronomes
se répéter docile l’assentiment des feuilles.

Sous la ronde des buses aux ailes transpercées
et retenant mon souffle au même vol nuptial
j’ai vu de loin venir la grande pluie d’orage.

J'ai trouvé l'ensemble un peu chargé, même si c’était probablement le but. Sinon on sent couver quelque chose.
Une ou deux expressions m'ont gênée, du style: les savants et leur jupon.

une fête des sens d'"avant l'orage" un peu chargée, je trouve aussi, mais où est l'attente ?
il y a description d'un avant, un tableau, mais pas d'une attente : "j'ai vu... j'ai vu... j'ai vu..."

un peu chargé pour moi aussi, oui, et il me manque du concret, du matériel pour m'appuyer et me guider.
mais j'avoue ma nullité à commenter la poésie
Pour l'attente, il me semble qu'ici on attend l'orage qui se prépare?

Le premier vers est un régal des sens : "J’ai vu bruire le vent soyeux parmi les feuilles" La vue, l'ouïe, le toucher sont de la fête.
Le rythme 2/4//2/4 est superbe et met en valeur ce "soyeux" frémissant du vent dans le feuillage.

Après je n'ai pas retrouvé le même emportement, la même magie. L'ensemble me parait un peu trop descriptif " l’enfance des limbes unique chaque essence" certes mais j'ai l'impression que l'auteur oscille entre la précision botanique et une vision poétisée des choses qui me paraît un peu artificielle.

Il aurait fallu éviter la répétition du mot "feuille" même s'il s'agit du personnage principal du tableau.

"j’ai vu de loin venir la grande pluie d’orage" comme un écho au premier vers clos agréablement la scène

Sens en éveil, les perceptions se confondent et se mêlent :
J'ai vu bruire le vent
entendu se briser le soleil

les gouttes métronomes... quelle jolie trouvaille ! On entend leur tic tac, leur flic floc, à intervalles réguliers.

J'ai aimé ce poème qui témoigne d'une observation sensible de la nature.

Dommage que ce soit aussi régulier... il y a plein de superbes formules :

et sous le branle lent des gouttes métronomes
se répéter docile l’assentiment des feuilles.

dont celle-ci, ma préférée.
Et l'attente ne me parait pas assez mise en évidence.

oui, c'est un peu lourd c'est vrai...mais l'avant-orage ne l'est-il pas, lui aussi, avant que tout craque?
un peu beaucoup de le-la-les, mais énormément de belles trouvailles, presque à chaque ligne.

c'est un peu trop dense, peut-être que chaque formulation serait mieux sublimée par un peu d'aération, mais en même temps l'air est lourd, d'avant l'orage...alors...j'hésite, et puis je trouve finalement que c'est la beauté qui l'emporte sur mon avis général.

Un peu de lourdeur pour moi dans ce texte . J'ai beaucoup de mal à le commenter parce que j'ai présent à l'esprit un passage des Nourritures terrestres où la terre attend l'orage: "Nathanaël je te parlerai des attentes..." Il me semble que la forme versifiée dessert un peu le propos ici .

Je suis d'accord avec toi, Obi.

Spoiler:

Le poids, le pesant avant un orage... Les vers réguliers ne sont pas mes préférés.

Suis venue relire ce poème.
Les gouttes métronomes... j'adore !

Oui, les feuilles dans l'attente de l'orage (et la lumière) sont le sujet principal, c'est la description d'une vraie arrivée d'orage en forêt, avec un vrai couple de buses aussi.

On pourrait dire en effet : s'y aviver les verts en nouvelles valeurs, pour éviter la répétition trop rapprochée.

Les vers sont réguliers, mais le rythme ne me le semblait pas, il y a (enfin j'espère) une accélération dans les vers plus nombreux de l'avant-dernière strophe.

Merci de vos lectures attentives en tout cas

Désolée pour ma lecture tardive.

Je ne suis pas fan des rimes en général, surtout lorsqu'elles sont respectées à la lettre, je trouve que ça alourdit le texte et c'est un peu ce que je ressens ici, un sentiment de mots englués dans un moule qui ne les libère pas comme cela devrait être. Dommage car cela atténue aussi l'ampleur du propos, on sent qu'il y a quelque chose de pas mal dans tout ça, presque majestueux, mais ça ne veut pas sortir.

pas grave, lecture tardive vaut mieux que j'aimais silencieux

ben, "respectées à la lettre" ça m'étonne, il n'y en a que trois des rimes ici (3X2)