SOLEIL: Solstice

Souvent je brille, parfois je brûle. Notez la nuance : tantôt je me pose au coin du nez d’une jolie brune à bicyclette et je rayonne, tantôt je m’étale sur la garigue et je calcine. C’est arbitraire. Je n’ai rien contre les sauterelles mais je préfère les jolies filles.
C’est tout.
Je suis le roi de la météo, je fais la pluie, je prends du bon temps et ceci depuis que le monde est monde. On parle de moi à la télévision, on guette mes humeurs, mes états d’âme, on m’implore, on me supplie.
Et moi je ris.
En mon honneur, des peuples ont bâti des temples, livré sur les autels des milliers d’offrandes et sacrifié dans les bûchers au moins autant d’âmes que de corps. L’été, sur le sable, l’herbe et même l’asphalte les silhouettes se vautrent pour que je consume. Je grille d’un côté, je rôtis de l’autre. Je fais ma tambouille comme je l’entends.
Je suis le roi.
On m’écrit des sonnets, des odes, des calembredaines, on a chanté ma mort et poétisé mon couchant, les arts me blessent ou m’encensent. Qu’importe, je règne.
Urbi et orbi.
Vous croyez que je m’ennuie ? Vous vous trompez ! Chaque jour je décide du temps qu’il fait ; j’ordonne aux nuages de passer, se liquéfier ou disparaître ; je souffle un mot au vent et les roseaux se plient à en mourir. Il suffit que j’exige pour qu’il neige en été, il suffit que je le veuille pour que les saisons n’aient plus raison d’être.
Ita est.
Je connais la question qui vous brûle les lèvres : A quoi rêve-t-il ? Et bien je vais vous le dire ; ce que je voudrais, par-dessus tout, c’est décrocher la Lune.
Chaque soir elle apparaît dès que je sombre vers le ponant et chaque matin elle s’éclipse au lever du jour. Toujours elle me fuit, sans cesse je la suis.
Ad vitam aeternam.
Parfois, nos chemins se croisent, nos destins s’alignent un court instant pour voiler le globe et nous offrir quelques secondes d’harmonie. Et puis elle se dérobe, m’échappe, poursuit sa trajectoire et moi la mienne.
Jamais la même.
Le Soleil amoureux de la Lune, un grand classique me direz vous. Et pourtant c’est ça et tellement ça. C’est pour elle que je brille, pour elle que je brûle. Je donnerai n’importe quoi pour la retenir un peu près de moi, respirer le miel de ses rondeurs, effleurer du rayon ses courbes boulangères. N’importe quoi et même mon trône.
Si elle me le demandait, je cesserai d’étinceler, d’embraser, d’être, tout simplement. Pour elle je couvrirai la garrigue d’un flot de givre et fanerai le sourire des jeunes filles à bicyclette. Astre déchu, je céderai mon royaume et j’éteindrai le monde.
Si elle me le demandait.

alors, ce rendez-vous? Impossible, et ça le rend bien triste. Mais il s'en remet et continue à assumer sa tâche en s'amusant. Très sympa de faire parler le soleil avec ce ton d'humour et de vérité. J'aime bien aussi cette ponctuation avec des mots latins. Ca aère.
Très mignon.

Un bien joli texte, Christelle, cet ode au soleil.

et j'applaudis à cette très jolie trouvaille:

"effleurer du rayon ses courbes boulangères"

Le soleil qui se confie : tout puissant, vaniteux et amoureux, c'est superbe, Krystelle !
C'est bien imaginé.
Après les trois premières lignes, je me demandais de quoi tu allais parler et quand on les relit après, elles sont très drôles !
C'est très bien rédigé, avec des belles coupures et des belles transitions.
C'est très spirituel, et puis surtout, c'est plein de fine poésie.
Oui, vraiment, une belle poésie en prose, pleine d'humour et d'esprit !

Me manque peut-être un peu de verve et de mordant dans la bouche du soleil pour vraiment en apprécier la saveur. Le texte me paraît du coup un brin trop académique, mais cependant pas suffisamment pour ressembler à un vrai exercice de style. Je ne sais donc trop comment le situer, il est entre deux et j'aurais aimé un peu plus. D'autant plus qu'elle est bonne cette idée de donner la parole au soleil.

Je trouve gonflé de traiter le sujet aussi directement, on risque de tomber dans un style enfantin ou naïf. Bref, c'est un défi ! Et ici ce ça marche bien, c'est même très réussi. Il y a du rythme et les citations latines donnent réellement du tempo, du charme, du mystère. Ca a de la tenue, de la classe !

Sur le fond, je suis un peu réservé sur le discours du soleil, ça ne s'enchaîne pas tout à fait bien, ça ne prend pas réellement une direction. Par exemple la question "A quoi rêve-t-il ?" n'est pas réellement celle qui vient à l'esprit en écoutant le soleil aussi arrogant, je pense qu'une confidence "pourtant parfois je rêve" (ou quelque chose dans le genre) serait plus approprié. Sur l'ensemble, je trouve qu'on se laisse quand même emporter par le style et c'est bien agréable à lire !

Joli texte, avec une chute (douce et tenue). Peut être aurait-il put y avoir des allusions moins évidentes et plus surprenantes. Le soleil a rendez vous avec la lune....

Bon, Krystelle, je t'aime bien, j'aime beaucoup ce que tu écris et c'est pourquoi cette fois, je me permets de critiquer un peu !

C'est joliment écrit mais ton texte me semble manquer cruellement d'inspiration. J'ai un peu l'impression que tu enchaines les lieux communs et il me manque l'étincelle habituelle, l'ironie souriante, le second degré ou l'originalité dont tu sais faire preuve.

bref, pas trop aimé mais je suis sûr que je vais adorer ton prochain texte ;-)

Chouette personnification et aussi progression dans le texte. Le soleil en amoureux transi, lui si fier au début du texte et si humble à la fin lorsqu'il s'agit de sentiments. Et les "respirations" latines qui scandent véritablement le texte et donnent à mon sens un petit côté, comment dire, cérémonieux et donc plus de poids de gravité aux propos de Messire Soleil. Bien vu et bien traité.

Oups ! j'suis pas très attentif, ces temps ci ! J'avais pas réalisé que c'était un exo !! ;-))

Un texte qui me plait bien de part son rythme, les ritournelles latines et autres place la cadence sur un ton léger, envie de siffloter après lecture, et d’embrasser mla boulangère aux courbes si attirantes. (Vais peut-être pas aller chercher le pain de suite, elle risque de pas comprendre ladite boulangère :-)

Ah qu'il est mignon ce texte ! Le soleil amoureux de la lune ! ça me fait penser à une chanson "le soleil et la lune" de ...heuuu...je sais plus qui d'ailleurs. Bref. Les mots sont bien installés tout à leur aise dans une ôde à la lune. Et la dernière phrase...ha la dernière phrase !

Très bonne idée que celle de personnifier l'astre solaire. Tu le fais dans un texte rythmé et plein de poésie. Le tout aurait gagné à être un peu plus mordant par moment. N'empêche bravo pour cette trouvaille: les courbes boulangères. Ou comment après la lecture d'un texte, ne plus regarder sa boulangère du même oeil! -)

J'ai trouvé que c'était un joli texte, les phrases balancent bien, il y a de belles trouvailles et c'est écrit tout du long de manière poétique, ça sonne bien. Néanmoins j'aurais voulu être un peu plus surprise, parce qu'au début, ça ne me semblait pas trés original, même si ça le devient sur la fin (j'aime bien d'ailleurs la dernière phrase + décrocher la lune, y a du Edith Piaf là-dessous si je ne m'abuse :0) et donc j'aurais aimé un peu plus long et un peu plus de folie, comme on progressait bien en ce sens.