Grévost (Deuxième partie)

Ce qui m’arrive, je le mérite sûrement. Quand on naît raté, on meurt raté. On a beau se battre contre le destin, il nous rattrape toujours pour nous remettre sur notre droit chemin. Mon travail, je le faisais correctement, mais on m’a congédié. Je suis quelqu’un qui physiquement paraît bien, mais je vis encore seul dans un appartement minable de la 3e avenue. Je pourrais me permettre de m’acheter une maison si je le voulais, mais je suis né raté et les ratés habitent les appartements minables. Autrement, on ne saurait plus les distinguer des grandes gens.
Ma mère est morte en accouchant. Y’a quelque chose dans sa tête qui a pété. Je suis donc fils unique. Papa a voulu se débarrasser de moi ; il m’a dit bien plus tard qu’il avait éprouvé des difficultés financières et que la mort de maman l’avait rendu trop triste pour s’occuper d‘un enfant, mais moi je suis persuadé qu’en me voyant, quelque chose d’inconscient lui a fait savoir que j’étais destiné à l’échec. Ce genre de choses, à ce qu’il paraît, on le sent comme une mauvaise odeur. D’ailleurs, le jour de mes dix-huit ans (joyeux anniversaire, Grévost!), il s’est tiré une balle dans la tête. Comme je venais d’atteindre la majorité, que j’avais quand même un boulot qui payait bien et que, ne sortant jamais avec des amis, je ne dépensais jamais, j’avais économisé suffisamment pour subvenir à mes propres besoins. Mes tantes n’ont jamais protesté. Elles se sont occupées de vendre la maison de papa et m’ont laissé partir.
L’appartement a toujours été plutôt vide. Je n’ai pas beaucoup de meubles, le minimum nécessaire, et côté décoration, j’essaie de m’abstenir. Personne ne vient jamais : à quoi bon faire « accueillant » ? Le réfrigérateur est à l’image de l’appartement, on n’y trouve que la base : lait, ketchup, quelques légumes, quelques fruits et un pot de mayonnaise. Même histoire pour le garde-manger. En général, je me fais livrer mes repas.
Je suis assis dans l’autobus bondé, la boîte contenant tous mes articles de bureaux sur les genoux et je me dis que je n’ai pas faim. Que je n’aurai probablement plus faim du reste de la journée. La vie a aujourd’hui une saveur âcre qui me coupe l’appétit.
Une fillette m’observe du coin de l’oeil. Et je crois voir se dessiner dans son visage une grimace. Je fais semblant de ne pas voir. Quand même les enfants vous trouvent un air méprisable, votre vie s’enfonce.
Ma vie s’enfonce.

Ah très bon texte que celui-là! Il s'en dégage quelque chose qui accroche, en tous cas

dis donc, ça continue dans le même registre! Mais c'est tellement... tellement trop que ça me fait sourire ! Ca me rappelle mon Amédée et tous ses déboires. Là, c'est beaucoup plus tristounet. Connaît pas la méthode Coué ton héros ? ;-)
Ben je me dis que j'attends encore de lire la suite avec impatience parce que, forcément, il va lui arriver un truc à ton gars, et tellement inattendu, énorme, que ça va faire 300 pages, non ? ;-)
La suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite !

Il me semble qu'ici le ton est différent de celui de la première partie et je ne suis pas certaine que les deux s'enchaînent parfaitement bien.

D'autre part, il reste quelques maladresses:
"pour nous remettre sur notre droit chemin" ("sur le droit chemin" plutôt, pour éviter la redondance "nous"/"notre".)
"des grandes gens" (sais pas si c'est québéquois comme expression en tout cas ici ça passe pas)
"quelque chose d’inconscient lui a fait savoir que j’étais destiné à l’échec" (maladroit)

Et puis tu mélanges les différents niveaux de langage dans tes paragraphes ce qui contribue à donner un aspect decousu à ton texte. Tu passes rapidement du familier ("Y’a quelque chose dans sa tête qui a pété") au plus soutenu ("il avait éprouvé des difficultés financières").

Enfin le coté larmoyant "Rémi sans famille" se raccroche mal au caractère de "raté" que tu colles à ton personnage, il faudrait que tu creuses un peu plus pour relier les deux facettes et ne pas rester trop en surface.

Il y a de belles idées Jonjon, mais faudrait que tu rebosses un peu le texte à mon avis.

1) Notre chemin : T'as raison. C'est corrigé.
2) Grandes gens : Comprends pas ce qui ne va pas...? Les grandes gens, ce sont ceux qui ont réussi.
3) Quelque chose d'inconscient : Ok, je vais retravailler là-dessus.
4) Différents niveaux de langage : J'ai corrigé l'exemple que tu m'as donné et je vais tout relire pour voir s'il y a d'autres erreurs du genre.
5) Pas certain de comprendre pourquoi tu trouves difficile de comprendre qu'un raté puisse pleurer...?

Le roman va d'ailleurs être construit en fragments plutôt qu'en chapitre. Il ne s'agit pas d'une histoire traditionnelle suivie. Je vais m'efforcer en fait d'écrire une déconstruction de l'esprit humain. Il est possible que des fragments s'ajoutent en cours de route, entre deux parties déjà écrites. Mais il est aussi possible que lien soit absent entre deux fragments.

Jonjon tu m'obliges à interrompre l'écumage de mon pot au feu pour te répondre

2) Grandes gens : Comprends pas ce qui ne va pas...? Les grandes gens, ce sont ceux qui ont réussi.

Ca me gène, c'est vrai mais c'est pas pour autant qu'il faut que tu changes hein! Peut-être que là encore c'est l'alternance des niveaux de langage qui me dérange.

5) Pas certain de comprendre pourquoi tu trouves difficile de comprendre qu'un raté puisse pleurer...?

Pas ce que j'ai dit Jonjon. Mais inversement tous les enfants malheureux ou abandonnés ne deviennent pas des ratés. Or tu poses en quelques lignes ces deux aspects de ton personnage, ces deux là et pas tellement d'autres ce qui fait qu'implicitement tu suggères qu'il est raté parce que sans famille (peu ou prou) et là ça me gène. Il faudrait, à mon avis, que tu creuses un peu ton héros dès ce stade de l'écriture pour lui donner une dimension qui aille au delà de cette approche un peu facile et commune loser/malheur. Ou alors approfondis le lien entre les deux.
Mais encore une fois ce n'est qu'un avis Jonjon, et il vaut sans doute pas grand chose. C'est ton roman, ne change rien si tu l'entends différemment.

Ok je comprends mieux ce que tu veux dire.
En fait, ce n'était pas un rapport de cause-conséquence que je voulais créer. Je voulais plutôt montrer que toute sa vie, la chance n'avait pas été de son côté. C'est plus dans un effet de continuité, tu vois? Mais ce n'est peut-être pas assez clair dans le texte.

Je pense que "grandes gens", je vais le garder pour l'instant. À moins qu'il n'y ait d'autres objections ou suggestions?

Bon... par fragments... soit, mais je suis pas sûre que ton texte va y gagner en qualité, parce que ça risque de lui donner un côté décousu, mais bon, c'est ton choix.

Quelques clichés Jonjon, donc celui des ratés qui naissent ratés et ne peuvent qu'être ratés, je trouve que tu en fais un peu trop sur ce coup, ça en serait presque risible si la suite n'était pas tragique. Il faut choisir: l'humour ou le pathétisme, mais ici, les deux ne collent pas super bien ensemble.

Les grandes gens sont ceux qui ont réussi? Mon compagnon mesure 2 mètres, il va être heureux de savoir qu'il a réussi :)) Je te taquine Jonjon, mais cette tournure est archaïque.

Quoi qu'il en soit, je préfère ce second texte au premier, dont je trouvais le début un peu trop maladroit. Ici, ça part tout de même dans une direction.

Tes deux commentaires m'ont franchement découragés... lol

découragé* pardon...

moins accroché que sur l'épisode 1. c'est moins vivant, moins vif et un peu comme Mentor, j'ai trouvé que c'était presque trop noir pour un seul homme. ça fait effectivement un peu "rémi sans famille" ou "cozette" mais tout ça a déjà été écrit et là, si tu as dans l'idée de continuer dans le tragique, j'ai peur que ça soit un peu caricatural. Par contre, si la suite contient une dose de dérision, d'humour, ça peut passer ...