Grévost (troisième partie)

Il est environ seize heures quand je prends ma deuxième douche de la journée. Presque dix-sept quand j’en sors. Entre les deux, un long moment de solitude qui m’a laissé en pleurs. L’eau a entraîné mes larmes dans le trou de la baignoire. Il n’en reste plus rien. Aucune preuve à fournir au miroir qui me regarde.
Je suis nu et j’ai froid. Je suis nu et je me trouve ridicule d’avoir pleuré. De m’apitoyer sur mon sort. Ce qui m’arrive, je n’y peux rien, c’est mon destin. Je ne peux pas me battre contre le destin.
Je prends ma serviette, je m’essuie et je me rhabille machinalement. En sortant de la salle de bain, je trouve mon appartement plongé dans la pénombre. Le ciel s’est assombri. Novembre. Des nuages de pluie planent au-dessus de Bléville. J’allume la télé au canal météo où l’on annonce une nuit d’orages. Joie. Rien de mieux qu’un temps de chien pour me remonter le moral. J’éteins.
Assis sur mon vieux divan, je scrute l’horizon. La Métropolitaine s’étend à perte de vue, frontière entre l’Est et l’Ouest de la ville. De chaque côté, d’immenses buildings commerciaux forment un mur qui s’étend sur des kilomètres. Je hais la ville. Qu’est-ce que je fais ici ? Ce rythme n’est pas le mien, cette géométrie n’a rien de rassurante.
Je me couche sur mon vieux divan. Je me replie sur moi-même. J’écoute la ville. Les coups de klaxons. Les voix. Les cris. Les rires. Je les entends tous, même d’ici, même du cinquième d’étage de mon immeuble. La pluie commence à tomber et noie bientôt les bruits.
Sur mon vieux divan, couché en position du foetus, je m’endors.

Bon texte, mais quelques imperfections persistent:
- position du foetus: maladroit, serait p-e mieux "position foetale"
- 'cette géométrie', je trouve ça pas très heureux comme terme, ça jure avec le reste du texte
- 'canal météo', un peu lourd aussi
- trop de pathos au début du texte, une heure passée à pleurer dans la salle de bains ça fait trop. Même si l'effet s'estompe avec le fatalisme du héros, ça reste exagéré.

Entre les deux, un long moment de solitude qui m’a laissé en pleurs. L’eau a entraîné mes larmes dans le trou de la baignoire. Il n’en reste plus rien. Aucune preuve à fournir au miroir qui me regarde
C'est certes joli, mais tu trouves pas que tu en fais un peu trop avec ce type que tu décris comme un raté, après qu'il se soit fait virer de la manière la plus banale qui soit?
Si je relis les trois textes les uns à la suite des autres, il y a dérèglement visible du rythme et de la fluidité et c'est bien dommage, car c'est finalement avec ce 3e opus que tu arrivais, un peu, à t'en sortir.
Sais pas Jonjon, y a un truc qui colle pas dans ton histoire. Le mec, soit il s'en fout, soit il déprime, mais là, tu joues sur plusieurs tableaux à la fois et ça donne un côté incohérent à l'histoire. FInalement, je préférerais qu'il voie vraiment tout en noir, qu'il boive, qu'il se pende... mais pas qu'il réfléchisse comme il le fait, il est pas très crédible.
Sinon, c'est tout de même ce dernier texte qui me semble le plus fini des trois, tu devrais peut-être conserver ce style pour retravailler les deux premiers.

C'est quoi la "Métropolitaine"? Une autoroute qui coupe la ville en 2?
Oui, je crois que si tu construis ton roman en patchworks du style des 3 morceaux déjà proposés ici, ça risque fort de faire mal cousu.
Ce dernier bout me plaît bien. Mais il me plaît tout seul, il ne faut pas que je pense à le raccrocher au reste car sinon, il y a discordance de ton.
Va falloir re-travailler tout ça, je crois que tu y seras obligé jonjon.

La Métropolitaine c'est le grand boulevard qui scie la ville en deux. Ceci dit, cette ville et ce boulevard n'existent pas dans la réalité.

jonjon21 a écrit:La Métropolitaine c'est le grand boulevard qui scie la ville en deux. Ceci dit, cette ville et ce boulevard n'existent pas dans la réalité.

je suis sûr que si, mais tu n'as pas encore assez voyagé... ;-)

Un troisème épisode plutôt sombre donc. La tonalité des deux précédents était hésitante, ici elle ne l'est plus par contre je crois effectivement qu'on y perd du point de vue de la cohésion de l'ensemble.
Cette partie-ci est bien écrite, moins de maladresses me semble-t-il mais on s'enfonce un peu dans la déprime et je me demande bien comment tu vas nous en sortir.

mentor a écrit:

jonjon21 a écrit:La Métropolitaine c'est le grand boulevard qui scie la ville en deux. Ceci dit, cette ville et ce boulevard n'existent pas dans la réalité.

je suis sûr que si, mais tu n'as pas encore assez voyagé... ;-)

En tout cas, elle n'existe certainement pas dans Bléville! ;-)

comme pour le 2ème épisode, un peu trop pathos, il me semble ...