Propos de cabane

Maintenant c'est limpide.

J'ai aimé le ton quelque peu gouailleur, bien vivant, du premier fragment. A l'exception de quelques répétitions (le maton mate, si pas de pétards ça péterait), la langue est maîtrisée, dans un style grave et léger à la fois, jamais lourd. Avec une particularité qui est de raconter tout cela , comment dire... presque anecdotiquement (et ceci n'est pas négatif ou péjoratif, je précise!). Il y a dans tout ceci un recul et une narration suffisamment distanciée, tout en étant détaillée et impliquée, qui font le charme du texte. C'est extérieur et intime à la fois. Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens pas rapport à cela, j'espère que tu comprendras :-)

Un ton maîtrisé tout au long de la suite, avec ces scènes de vie que tu restitues avec pas mal d'humanité je trouve, de drôlerie aussi, ce qui n'enlève en rien au caractère dramatique de certaines des situations dépeintes. Ce qui m'a touchée, c'est la sensibilité et l'attachement ressenti pour tous les personnages, profondément humains dans ta façon de les esquisser. Cela n'empêche pas la pesanteur de l'univers carcéral de ressortir mais il y a de ci de là des morceaux de vie qui hantent ces couloirs, avec leurs certitudes et leurs maladresse, restituées avec justesse. Tout comme cette pincée d'indifférence qui saupoudre le tout, ce rythme lent, presque lancinant qui se dégage de tout ça, symbolisant la lourdeur de cet univers, l'éternel recommencement de ces journées sans fin...

Si bémol il y a, ce sera, sur un aussi long format, d'employer un style par moments trop journalistique, même si quelques descriptions et précisions paraissent indispensables. Le sujet veut cela, sans doute, mais de temps à autre, ça se déséquilibre dans la narration; détails et explications se bousculent au détriment de certains instants de vie. Ceci dit, rien qui handicape véritablement le texte, qui se lit avec plaisir et intérêt.

Un gros travail fourni, Silène, une fois de plus (je devais faire un copier-coller de cette phrase, je te la répète à chaque texte : - )

Tu m'as vraiment étonnée Silène. A te lire, je te voyais plutôt employer un style précieux, voire ampoulé mais je suppose que tu t'es forcé. C'est très bien rendu,le début est parfait.
La version du formateur est évidemment très intéressante, passionnante même. J'ai ri à la description qu'en fait un maton "Encore un de ces formateurs à la mord-moi-le-noeud. Ils comprennent rien aux taulards, ces petits cons. Regarde-le celui là, avec sa barbe de prophète, encore un raté de mai 68. Encore un des ces idéalistes de merde qui croit que les taulards c'est des mecs qui ont pas eu trop de choix. Le dernier empaffé, là, y me parlait de « déterminisme social ». Je t'en foutrais, moi, du déterminisme social. Tous en Guyane, oui, avec les moustiques". C'est le "déterminisme social" surtout, qui m'a fait rire ! Deux mondes qui s'affrontent ! (smiley pété de rire).
Clairvaux je l'ai visitée avec l'école étant gosse, j'habitais la région et je ne me souviens plus ce que nous étions allés foutre là-dedans mais une chose est sûre, ce n'était pas visiter la prison.
J'ai adoré la description de l'escroc aux Ferrari. Très ingénieux son histoire de concessionnaire d'ailleurs, je l'ai soigneusement notée ! Mais les escrocs sont très intelligents en plus d'être de remarquables comédiens. Dans mon département, l'un d'eux a réussi à acheter un château dans une agence immobilière, alors qu'il était en tongs ! Il faut le faire !
Pour Solal, quand même, tu n'y es pas allé un peu fort ? Tu ne lui as pas conseillé de lire "Belle du Seigneur" quand même ?
Et qu'est-ce que c'est qu'un barbeau ?
Bon, j'arrête, c'est sans doute trop long déjà pour notre sainte modération. Mais : chapeau !
J'avais noté d'autres trucs mais je ne les retrouve plus. ce sera pour plus tard.

à Plotine sur Propos de cabane

Je suis bien aise de constater la totale simplicité de ton d'une personne d'un rang pareil -pensez, impératrice-. (Laugh now. Pas de jet d'eau sous le chapeau...)
Sur le style, non, je ne me force jamais; simplement j'aime faire le prof la plupart du temps, le bouffon à d'autres, le reporter ensuite et varier les plaisirs et les styles.
C'est un plaisir de lire tes coms à présent, et je ne reviendrai jamais assez sur leur importance, en tous cas pour moi. Peu importe la teneur: je n'ai pas pour ambition de ravir la terre entière, et si ça va trop mal, j'ai boc et Peter, bisounourseurs de vocation.
Un barbeau, c'est un mac, un proxo, un souteneur, cette intéressante variété d'individus qui se haussent du col devant leurs pétasses (au sens premier du mot, gagneuses, comme pouffiasses) mais la mettent en veilleuse quand en face il y en a un qui en a deux (mais qu'est-ce qu'on rigole, sans dec)
arrête, t'es en train de te saborder
Pour Solal, c'est une œuvre de jeunesse, tout à fait lisible, et il l'a d'ailleurs lue, charmé de voir que les enlèvements de préfètes avaient lieu à cheval. J'eusse aimer lui instiller le venin de l'écrit, et c'est ce que je ferai si je retourne vers ce milieu, monter des ateliers d'écriture. Hélas ces initiatives sont peu encouragées.

socque a écrit:Oui, toujours bien. Bon, les coups à l'Arsène, je m'en bats un peu les ovaires.

Je ne connaissais pas cette expression - quelle classe ! Peut-être appris dans le milieu dont parle notre ami Silène82 ?

silene82 a écrit: si ça va trop mal, j'ai boc et Peter, bisounourseurs de vocation.

Oui attends un peu, j'avais pas vu que tu avais fini propos de cabane.
Je suis vraiment aveugle parfois, il faut croire que j'hiberne en plein été.
Et Peter qui n'est pas là...

Je n'ai pas trop vu l'intérêt de cet épilogue... D'un point de vue technique, il m'est arrivé à la lecture de ne plus voir qui disait quoi, mais enfin il était tard et je veux bien admettre que mes facultés eussent été émoussées ; dans l'économie du récit, que nous apporte-t-il, à part l'information que le narrateur a fait du bon boulot, et qu'on en parle après son départ ? Pour moi, cela renifle un peu trop l'auto-satisfaction... Enfin (et là, c'est vrai, je n'y connais rien, mais telle est mon impression), l'échange m'a paru nettement trop détendu et cordial vu la situation respective des personnages.

Bref, j'aurais bien vu l'histoire se terminer avant.