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Un piano sur un tas de bûches

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Un piano sur un tas de bûches Empty Un piano sur un tas de bûches

Message  Romane Mar 4 Aoû 2009 - 14:20

Peu (quand ce n'est pas "pas") de connexion, de là où je suis. Je tente un copier coller vite fait bien fait (qu'est-ce que vous êtes productifs ! Tout ça m'attend au retour ! Merci déjà !)

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Piano

J’ai vu le vol des oiseaux par-dessus la terre plissée. Ils allaient en balancelle, de vagues en vagues dans l’océan du ciel, ils allaient en pochoirs mouvants, petites caravelles aux doigts ailés, fragiles et puissants, ils allaient majesté, ils allaient arabesques, en ronds dans l’eau suspendue, ils allaient, ils allaient…

Nous ne parlons pas le même langage, mon amour. Il faut s’envoler si haut, dépasser tant de murs, rompre tant des silences de nos deux mondes… Ecouter peut-être la rumeur là-bas, elle qu’on ne perçoit que si peu, si pas, celle du fond de gorge et toujours plus profond, celle dont les mots ne veulent pas se déshabiller. Ont-il froid qu’ils grelottent à en claquer leur musique ?

Piano

Plus loin, derrière l’échevelée aux mille verts, plus loin encore, au-delà du bleu de Toi, l’autre prairie abandonnée. Le galop d’un fuselé luisant, avec, sur son flanc, le cavalier presque aérien. Ils allaient glorieux, ils allaient blé mûr, ils allaient racines à peine soulevées, grâce en leur accord parfait, ils allaient, ils allaient…

Un sourire a recouvert la dégringolade de mes pluies souterraines. Fermer les yeux en verbe sans conjugaison… Laisser leur liberté aux charbons des ardeurs, aux deuils des flambeaux déchus, aux agonies malgré elles. Toutes ces questions sans réponse. Toutes ces couleurs dégoulinées, confondues, pauvres masques défaits et refaits à fin inépuisée, cercle des dérisions renaissantes et mourantes.




Assise sur son tas de bûches, assise en regard fixe, assise en bas-côté, en marche rompue, en arrêt sur image, Elle demeure là, hébétée, doigts en sang, jambes inertes, genoux serrés.

On a bien du lui dire.

Toutes ces choses qu’elle n’a pas comprises. Qui lui ferment le cœur en lui tordant le ventre. Toutes ces choses qui lui sont étrangères, ou qu’elle a fui un jour d’il y a longtemps. Entre lesquelles elle a posé des jours, des nuits, des jours, des nuits, d’autres encore, beaucoup, en redressant la tête pendant qu’enfin ses jambes ont accepté de la porter plus loin.
Alors elle a aimé. Pour la première fois. A mains nues, sans grammaire des chiffres ni équation. Elle a aimé !

C’est très agréable de baiser sur un tas de bûches…

On a bien du lui dire…

Assise là, sur l’objet du fantasme d’un autre. Assise là sur un tas de nausées. Hallucinée.



Voici venue l’heure des mots hagards.

Froissements. Crissements. Une jambe contre l’autre, elles glissent et se caressent des chevilles. Mes doigts cherchaient le tendre galop dans tes cheveux. Il est des mots qui ne me quitteront plus jamais. Faucheurs de tendre tendresse. Ils avalent, avalanchent, déconstruisent. Un monde découpé en petits morceaux papier à jeter. Au feu. Qu’avez-vous fait de vous… Au ventre monte la sourde plainte des océans jamais rassasiés. Froissements plus haut. L’entrave des étoffes qu’elles voudraient qu’ils déchirent. Oh, Vous mes sœurs, Vous mes semblables, Vous désespérées ! Qu’avez-vous fait d’eux qui n’attendaient que vous… Cuisses en douceurs trompeuses, dévoreuses d’hommes, celui-ci ou celui là, ici ou là, qu’importe lequel qu’importe le temps, elles s’ouvrent en invite directe. La blancheur de vos seins marbrés de la maternité. Ont-ils vomi le lait dans leurs râles d’hommes ? Qu’avez-vous fait de l’amour ? Elles partout. Elles toutes, cuisses ouvertes, offertes, à brûler et puis recommencer. Est-ce ainsi qu’il me voit ? Qu’avez-vous fait de moi…

Chair de plaisir, chair de douleur, chair à mourir. Chaque allumette craquée mange un confetti de vie. La fête s’en va, la fête se consume, elle se meurt, la fête. Le tas de bûches peut bien s’amenuiser, quelle importance… son spectre flambe plus dru que le feu d’à-côté. Il est des bois secs consumés qui ne connaîtront jamais la cendre. De leurs ombres ils ont tatoué la pierre, près de l’âtre. Funérailles de la joliesse.

C’est très agréable de baiser sur un tas de bûches…

Qu’as-tu fait de moi…







Romane
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Message  Mure Mar 4 Aoû 2009 - 16:07

J'ai décroché à partir de :
"Un sourire a recouvert la dégringolade de mes pluies souterraines. Fermer les yeux en verbe sans conjugaison… "

Je ne sais pas si mon esprit est parti dans des interrogations diverses aux propos tenus... toujours est-il que je n'ai pas réussi à reprendre ma lecture.

J'aime bien le tout début :
J’ai vu le vol des oiseaux par-dessus la terre plissée. Ils allaient en balancelle, de vagues en vagues dans l’océan du ciel, ils allaient en pochoirs mouvants, petites caravelles aux doigts ailés, fragiles et puissants, ils allaient majesté, ils allaient arabesques, en ronds dans l’eau suspendue, ils allaient, ils allaient…

Merci à vous.
PS : Je tâcherai de revenir, sait-on jamais. ;-)
Mure
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Message  Invité Mar 4 Aoû 2009 - 19:54

"C’est très agréable de baiser sur un tas de bûches…
On a bien du lui dire…
Assise là, sur l’objet du fantasme d’un autre. Assise là sur un tas de nausées. Hallucinée.
Voici venue l’heure des mots hagards."
Ces cinq lignes sont pour moi le noeud du texte, que je n'ai apprécié qu'à partir de "Assise sur son tas de bûches", tout le début étant beaucoup trop hermétique pour moi.
A défaut d'avoir tout compris, le style manquant de simplicité, j'ai ressenti la désillusion féminine, un certain écoeurement vis-à-vis de l'amour charnel tant exploité, dévalorisé..."Funérailles de la joliesse."
Je me demande pourquoi ce texte est en poésie, je le verrais mieux en prose.

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Message  Sahkti Mar 4 Aoû 2009 - 19:57

Assez théâtral à mes yeux, je le vois bien proclamé, à voix déchirée, sur une scène. Pas anormal de penser ça en te connaissant :-)

Je pourrais entrer dans le détail et chipoter sur certains mots, quelques longueurs mais si je reste sur ma première impression générale, j'ai aimé, Romane, je me suis laissée bercer (avec des remous) par ces vagues qui refusent la résignation.

J'aurai tout de même un petit bémol sur la rupture induite par C’est très agréable de baiser sur un tas de bûches. Si cette interruption poétique est nécessaire pour le bon rythme du texte, elle m'a parue moins subtile que le reste, presque grossière au milieu de la finesse qui l'entoure. C'est peut-être volontaire, l'envie de retrouver terre mais ça passe moyennement chez moi. Je crois que ça vient du terme baiser que je trouve la plupart du temps terriblement plat; j'aurais aimé différent, plus original. Même un simple C’est très agréable d'être prise sur un tas de bûches :-)
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