Cher Martin

Je me dirigeai vers l'escalier, d'un pas quelque peu hésitant et quelque peu sous le choc pour dire vrai. Douche froide ou tour du quartier ? Dilemme du moment.

Je revenais tout juste du boulot et ma copine étant partit pour quelques mois, j'avais donc tout mon temps pour arriver à la maison. J'allai chercher quelques conserves à l'épicerie, un petit bonjour à ma mère au passage, puisqu'elle habitait tout près de là, et au final, un petit coucou à ma boîte aux lettres.

Pub, pub, facture, pub, Milène, pub, pub... Milène ! En direct de l'Italie, elle m'avait enfin envoyé de ses nouvelles ! Sa dernière lettre datait d'il y a au moins deux semaines ! Eh dit qu'il y a approximativement deux mois et deux semaines, elle m'en envoyait au moins quatre par semaine. J'imagine qu'à l'usure, Madame avait moins d'inspiration. Peu importe ! J'entrai, sans attendre, dans mon appartement et me dépêchai d'ouvrir cette enveloppe... « Viens, je t'amène à Venise... ».

Le pas se retournait, changeait d'avis. Allons-y pour la douche froide. Ça fera plus mal, mais ça fera mal d'un coup, mais aussitôt décidé, le pas se retourna à nouveau, optant plutôt pour l'air métropolitain de Montréal et le divertissement de ses ruelles.

Avant de l'ouvrir, je pris bien le temps de me verser un grand verre d'eau froide et de faire un tour au petit coin, question de ne pas être dérangé par les appels primitifs mais quoique vitaux de l'être humain. Alors, déchirant le rebord de l'enveloppe, j'y découvris un joli papier rose à l'odeur de son parfum. J'en crût mon corps se fondre dans le divan !

Je commençai à descendre l'escalier. Pas à pas, les mains se tenant à la rampe. Les pieds déroulant dans des décollages au ralentit se cramponnant à chaque atterrissages. Pas à pas, les mains s'accrochant toujours à la barre de métal, les pieds rampant en diagonales. Le regard étourdi, les pieds engourdis et le métal refroidi...

« Mon chers Matin, »

Me remettant de mes enchantements, je revins au papier rose. Elle me contait ses aventures dans divers vignobles de l'Italie et ses nombreuses heures passés à apprendre la cuisine avec Madame Bataglini. Me parlait de la météo, le soleil, le peu de pluie, les nuages à l'occasion. Me disait qu'elle allait bien et que la famille qui l'hébergeait allait bien aussi. Tout le charabia routinier quoi ! Je commençais à comprendre pour quelle raison elle m'écrivait moins souvent...

Après un long moment, je finis par me rendre à la porte aboutissant à l'air extérieur. Le soleil semblait me dévisager et à mes yeux lui, il semblait se déformer en une sorte de visage. Le cœur me relevait, mais je commençai la marche avant qui ne se relève plus creux. Un bloc appartement, un autre, puis un autre... 1023, 1025, 1027... Je comptais tout ce que je pouvais compter. Les adresses, les craques de trottoir, les passants et leurs yeux dévisageant. Eux aussi? ... 1033, 1035, 1037, puis Jean Talon, tourne à droite et continue...

« Martin.. je dois t'annoncer quelque chose... »

C'est comme ça qu'elle commençait la deuxième partie de la lettre, un peu plus inquiétante je dois avouer. Elle jouait avec les mots, tournait autour du pot, parlait de notre relation, de son retour prévu dans quelques semaines...

2612, 2614, 2616, un vieux monsieur, 2620, 2622, une femme promenant son enfant dans une poussette, 2630, 2632, un jeune garçon qui lui, promenait son chien. Tous ! Ils avaient tous des regards méprisants avec une touche de pitié. Je les hais autant j'ai honte. 2650, 2652, Ste-Catherine Ouest, gauche et puis tout droit...

... elle m'avait caché, jusque là, certaines choses. Des vaumissements, l'arrêt de ses menstruations, les seins qui grossissent.

« Martin, je suis enceinte... »

Station de métro Berri-UQAM, je suis entré. La lumière semblait me brûler les yeux.

Elle continuait.

Un enfant pleurait.

« ... depuis ... »

Le sifflement du métro commençait à se faire entendre.

« ... seulement ... »

Une lumière.

« ... un mois. »

Un saut.

Oups ! Je voulais mettre une petite note pour présenter mon texte, mais on dirait que je vais le mettre à la fin !



J'ai voulu essayer plusieurs choses avec ce texte. J'espère qu'il vous plaira !

Désolée... pas tout compris. Elle est juste enceinte, ou l'enfant est déjà né ? Dans ce cas depuis combien de mois est-elle partie ?
Vomissements et non vau.... pour le reste nous avons des spécialistes de l'orthographe.
J'aime bien votre idée, mais il y a un p'tit quelque chose de non abouti !

Moi aussi j'aime bien la narration, mais je ne comprends pas qui est ce gars qui se suicide. Le papa ? (Réaction quand même assez extrême.) Le bambin qui, vingt ans après, a appris qui était son père et le vieux n'a pas voulu le voir ? Le texte est trop lacunaire à mon avis, ne donne pas suffisamment d'indices.

Mes remarques :
« Je revenais tout juste du boulot et (ici, je pense qu’il faudrait insérer une virgule pou compléter l’incise) ma copine étant partie pour quelques mois, j'avais donc tout mon temps »
« Et dire qu'il y a approximativement »
« J'en crus mon corps se fondre »
« des décollages au ralenti (et non « ralentit ») se cramponnant à chaque atterrissage (et non « atterrissages ») »
« les pieds rampant en diagonale (et non « diagonales ») »
« Mon cher (et non « Chers » ; le titre, au fait, il est peut-être erroné ?) Martin »
« ses nombreuses heures passées à apprendre la cuisine »
« et à mes yeux lui, il semblait se déformer en une sorte de visage » : je trouve l’expression un peu maladroite ; pourquoi ce « lui » ?
« Le cœur me relevait, mais je commençai la marche avant qui ne se relève plus creux » : je n’ai pas compris ; « qui » ou « qu’il » ? (Avec « qu’il », je ne comprends pas non plus)
« un jeune garçon qui (je pense qu’il faudrait une autre virgule ici) lui, promenait son chien »
« Je les hais autant 5que ?) j'ai honte »
« jusque-là (trait d’union), certaines choses. Des vomissements »

Deux récits en un.
Si j'ai bien compris tu commences par la fin ou plutôt la suite ; ça me plaît pas mal, fond et forme mais j'ai quand même du mal à croire à la décision du narrateur, à moins que je n'aie en fait rien compris....

En fait, les deux narrations, c'est la même personne, en italique étant après la lettre et en caractères normal, c'est avant la lettre. Sa copine est partie en Italie il y a 3 mois et elle lui annonce qu'elle est enceinte, mais qu'elle a commencé sa grossesse il y a seulement un mois. Ce n'est dont pas lui le père.

Je le réécrirai pour essayer de faire ça plus clair, si vous n'avez pas compris du premier coup, c'est que je n'ai pas réussi ! ;-)

Bon sujet, du coup bonne intuition, par conséquent qualité sensible, bilan talent latent, bon courage.

Ah oui, exact, c'est dit qu'elle est en Italie depuis plus de deux mois... Peut-être un petit rappel quand le mec comprend l'atroce vérité ne serait-il pas de trop. Et puis, aussi, quelque chose qui relie mieux la partie en italique à celle en caractères droit, qui nous donne une chance de comprendre le geste du cocu, parce que, quand même, il y va fort !

Juste une petite question pendant que mon sujet est encore en haut de la page... Je dois attendre une semaine complète avant de reposter ici la réécriture du texte?

Ratz19 a écrit:En fait, les deux narrations, c'est la même personne, en italique étant après la lettre et en caractères normal, c'est avant la lettre. Sa copine est partie en Italie il y a 3 mois et elle lui annonce qu'elle est enceinte, mais qu'elle a commencé sa grossesse il y a seulement un mois. Ce n'est dont pas lui le père.

ha le détail qui tue !
j'avais raté...

non, pas besoin d'attendre une semaine pour poster la modif, à la suite du texte original.

Voilà une version réécrite avec vos commentaires et corrections prises en compte.

Au fait socque, je l'ai corrigé dans mon texte, mais je ne comprends pas cette correction : se cramponnant à chaque atterrissage (et non « atterrissages »)

Ça ne serait pas chaques atterrissages, puisqu'il y en a plusieurs?

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Et pandaworks, tu m'avais écrit pour mon texte Do-Ré-Mi :

« C'est pas mal. Tu peux inscrire le thème dans une démarche littéraire.
Pas le garder au stade de 1/10 de nouvelle. Le format n'éxiste pas, tu peux croire le spécialiste. »

Celui-ci serait assez long?

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Je me dirigeai vers l'escalier, d'un pas quelque peu hésitant et quelque peu sous le choc pour dire vrai. Cette lettre m'avait, disons, étourdi. Douche froide ou tour du quartier ? Dilemme du moment. Je ne savais où mettre mes idées.

Je revenais tout juste du boulot et, ma copine étant partit pour quelques mois, j'avais donc tout mon temps pour arriver à la maison. J'allai chercher quelques conserves à l'épicerie, un petit bonjour à ma mère au passage, puisqu'elle habitait tout près de là, et au final, un petit coucou à ma boîte aux lettres.

Pub, pub, facture, pub, Milène, pub, pub... Milène ! En direct de l'Italie, elle m'avait enfin envoyé de ses nouvelles ! Sa dernière lettre datait d'il y a au moins deux semaines ! Et dire qu'il y a approximativement deux mois et deux semaines, elle m'en envoyait au moins quatre par semaine. J'imagine qu'à l'usure, Madame avait moins d'inspiration. Peu importe ! J'entrai, sans attendre, dans mon appartement et me dépêchai d'ouvrir cette enveloppe... « Viens, je t'amène à Venise... ».

Le pas se retournait, changeait d'avis. Allons-y pour la douche froide. Ça fera plus mal, mais ça fera mal d'un coup, mais aussitôt décidé, le pas se retourna à nouveau, optant plutôt pour l'air métropolitain de Montréal et le divertissement de ses ruelles.

Avant de l'ouvrir, je pris bien le temps de me verser un grand verre d'eau froide et de faire un tour au petit coin, question de ne pas être dérangé par les appels primitifs mais quoique vitaux de l'être humain. Puis, je mis l'eau sur le feu afin de boire ma tisane quotidienne un peu plus tard.

Alors, déchirant le rebord de l'enveloppe, j'y découvris un joli papier rose à l'odeur de son parfum. J'en crus mon corps se fondre dans le divan ! Ça me rappelait les nuits, la passion et l'audace de la jeunesse !

Je commençai à descendre l'escalier. Pas à pas, les mains se tenant à la rampe. Les pieds déroulant dans des décollages au ralenti se cramponnant à chaque atterrissage. Pas à pas, les mains s'accrochant toujours à la barre de métal, les pieds rampant en diagonale. Le regard étourdi, les pieds engourdis et le métal refroidi.

Des mots et images en simultané tournaient dans ma tête. Milène, nos premiers baisers, nos premières fois, son départ pour l'aéroport et ma demande en mariage...

« Mon cher Martin, »

Me remettant de mes enchantements, je revins au papier rose. Elle me contait ses aventures dans divers vignobles de l'Italie et ses nombreuses heures passées à apprendre la cuisine avec Madame Bataglini. Me parlait de la météo, le soleil, le peu de pluie, les nuages à l'occasion. Me disait qu'elle allait bien et que la famille qui l'hébergeait allait bien aussi. Tout le charabia routinier quoi ! Je commençais à comprendre pour quelle raison elle m'écrivait moins souvent...

Après un long moment, je finis par me rendre à la porte aboutissant à l'air extérieur. Le soleil semblait me dévisager et à mes yeux, il semblait se déformer en une sorte de visage. Le cœur me relevait, mais je commençai la marche avant de m'en relever malade. Un bloc appartement, un autre, puis un autre... 1023, 1025, 1027... Je comptais tout ce que je pouvais compter. Les adresses, les craques de trottoir, les passants et leurs yeux dévisageant. Eux aussi? ... 1033, 1035, 1037, puis Jean Talon, tourne à droite et continue...

« Martin.. je dois t'annoncer quelque chose... »

C'est comme ça qu'elle commençait la deuxième partie de la lettre, un peu plus inquiétante je dois avouer. Elle jouait avec les mots, tournait autour du pot, parlait de notre relation, de son retour prévu dans quelques semaines...

2612, 2614, 2616, un vieux monsieur, 2620, 2622, une femme promenant son enfant dans une poussette, 2630, 2632, un jeune garçon qui, lui, promenait son chien. Tous ! Ils avaient tous des regards méprisants avec une touche de pitié. Je les hais autant que j'ai honte. 2650, 2652, Ste-Catherine Ouest, gauche et puis tout droit...

... elle m'avait caché, jusque-là, certaines choses. Des vomissements, l'arrêt de ses menstruations, les seins qui grossissent.

« Martin, je suis enceinte... »

J'accélérai le pas, mais certaines boutiques se montraient insistantes. Le regard fuyant, essayant, tant bien que mal, le déni de la situation.

Station de métro Berri-UQAM, je suis entré. La lumière semblait me brûler les yeux.

Elle continuait, m'expliquant qu'elle avait commencé sa grossesse depuis un mois seulement selon le médecin.

Un enfant pleurait, criait, chialait...

Me parlait du romantisme de l'Italie, des beaux endroits qu'on y trouvait, de la carrure de Tony.

Le sifflement du métro commençait à se faire entendre...

Les mots et puis les lettres commençaient à se mélanger. Je n'en comprenais plus que quelques mots, quelques idées.

Un sifflement m'annonçait que l'eau avait terminé de bouillir. Plus tard.

Les phares illuminaient le tunnel.

Elle disait vouloir prolonger son voyage, je crus lire quelque part une demande de citoyenneté.

« Viens, je t'amène à Venise... »

Les lettres, brouillées. Elle était partit depuis déjà deux mois.

« Je me souviendrai toujours de toi », avait-elle écrit...

« Adieu Martin »

Une larme s'échappa, souviens-toi à jamais...

« Je t'embrasse pour cette dernière fois... »

Un saut

Pour vous répondre, Ratz19, "chaque" imprime la marque du singulier, il signifie "chacun des" éléments mentionnés, donc un à la fois. Il faut bien écrire "chaque atterrissage", surtout pas "chaques atterrissages". Et s'il y a un verbe, il sera conjugué au singulier : "Chaque atterrissage résonnait sur le sol, lui était douloureux."

Sinon, excusez-moi de ne pas relire votre texte puisque je connais déjà l'histoire ; la démarche de récrire en tenant compte des remarques est bonne, hein, ne prenez pas ma paresse de lectrice pour une critique !

Ratz19, puisque tu as repris et corrigé le texte, on pourrait peut-être aussi modifier le titre : "Cher Martin" (comme "dear John")... Qu'en penses-tu ?

Tout à fait en accord avec toi ! Et tu crois que ce sera possible de mettre le texte revu et corrigé en haut de page? Si bien sûr, les gens se montrent en accord qu'il est mieux que le premier...

Ah ça non, je ne crois pas que cela soit techniquement possible... Ou alors supprimer la première version, mais cela signifierait supprimer aussi les commentaires qui ont suivi et conduit à l'élaboration de la deuxième version... Pas très éthique ....
Je modifie le titre.

"ma copine étant partit " ? Partie , non ?

C'est marrant, tu écrits des fois avec une metrique classique :

J'allai chercher quelques conserves à l'épicerie, un petit bonjour à ma mère au passage, puisqu'elle habitait tout près de là, et au final, un petit coucou à ma boîte aux lettres.

ce n'est pas important? Je te signale seulement. J'aurais pour ma part encadré ele "et" de "et au final" pour carrément finir le job.

C'est maladroit, ce passage :

la dernière lettre datait d'il y a au moins deux semaines ! Et dire qu'il y a approximativement deux mois et deux semaines, elle m'en envoyait au moins quatre par semaine.

Pourquoi "quoi que" ?

Question de ne pas être dérangé par les appels primitifs mais quoique vitaux de l'être humain

ça fait double usage avec le "mais".

métal refroidi.

C'est beau, vrai et étrange. Refroidi juste à ce moment là ? En fait il est froid, mais ça ne rime pas ;-)

Bon, j'ai été aidé par tes précisions, mais il semble que j'aurais recollé les morceaux, tout de même. Oui , c'est bien d'avoir commencé à étoffer. Je te sens bien, sans pouvoir trop dire pourquoi, à écrire un polar bien noir sur fond de romance qui vire à l'acide acétique, vivant ou éteint. Bon courage.