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Montaniens
Mano Jeu 17 Jan 2008 - 13:06
Montanien I
Impala break
Vous occupez deux places sur la banquette pour trois. A votre gauche une fille, rencontrée au billard, conduit. Vous êtes dans sa voiture, Chevrolet, Impala Break marron qui lui sert de maison. Un panneau « chute de pierre » attire votre attention. Le coffre arrière est grand comme le lit d’une reine. Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés. La lune était ronde et la neige fraîche, vierge de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
Réveillés quelques instants plus tôt, enlacés habillés sous des couvertures de l’armée, craquantes de givre lorsque vous bougiez, vous avez encouragés un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait et hurlés à la vie quand il a démarré. Le chauffage pulse sur vos genoux rassurés. Les bras étendus sur le faux cuir craquelé, une canette à la main en guise de déjeuner, vous attendez l’ivresse de la première gorgée et regardez par la vitre les montagnes défiler. La fille se tait et conduit sans rien ni personne à doubler.
Et puis sa main se pose au bas de votre ventre, en défait les boutons. Sans un mot, un regard, vous vous laissez aller. La tête en arrière, les yeux au plafond. Seuls sur la canette vos doigts accentuent la pression. Elle continue un instant comme si de rien était. Une main sur le volant, les yeux dans le devant, puis elle décélère progressivement et vient mourir sur le bas-côté pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée.
Le silence et la neige, le ronron du moteur, quelques craquements de banquette et vos ahanements. Le rétroviseur extérieur, la fumée qui s’échappe, l’au-delà de glace, à gros bouillonnements. Elle referme votre braguette, remonte ses cheveux, prend une canette, en avale deux gorgées, met ses mains sur le volant et la voiture redémarre dans un silence
étourdissant.
°°°
http://media.putfile.com/Montanien1video
Impala break
Vous occupez deux places sur la banquette pour trois. A votre gauche une fille, rencontrée au billard, conduit. Vous êtes dans sa voiture, Chevrolet, Impala Break marron qui lui sert de maison. Un panneau « chute de pierre » attire votre attention. Le coffre arrière est grand comme le lit d’une reine. Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés. La lune était ronde et la neige fraîche, vierge de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
Réveillés quelques instants plus tôt, enlacés habillés sous des couvertures de l’armée, craquantes de givre lorsque vous bougiez, vous avez encouragés un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait et hurlés à la vie quand il a démarré. Le chauffage pulse sur vos genoux rassurés. Les bras étendus sur le faux cuir craquelé, une canette à la main en guise de déjeuner, vous attendez l’ivresse de la première gorgée et regardez par la vitre les montagnes défiler. La fille se tait et conduit sans rien ni personne à doubler.
Et puis sa main se pose au bas de votre ventre, en défait les boutons. Sans un mot, un regard, vous vous laissez aller. La tête en arrière, les yeux au plafond. Seuls sur la canette vos doigts accentuent la pression. Elle continue un instant comme si de rien était. Une main sur le volant, les yeux dans le devant, puis elle décélère progressivement et vient mourir sur le bas-côté pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée.
Le silence et la neige, le ronron du moteur, quelques craquements de banquette et vos ahanements. Le rétroviseur extérieur, la fumée qui s’échappe, l’au-delà de glace, à gros bouillonnements. Elle referme votre braguette, remonte ses cheveux, prend une canette, en avale deux gorgées, met ses mains sur le volant et la voiture redémarre dans un silence
étourdissant.
°°°
http://media.putfile.com/Montanien1video
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 54
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Montaniens
Invité Jeu 17 Jan 2008 - 13:45
Une tranche de vie dont j'ai aimé l'écriture, âpre et tendre à la fois, et sensible à la beauté du monde !
Je trouve notamment le premier paragraphe éblouissant par sa simplicité et le goût vivant qui s'en dégage.
Ensuite c'est très beau aussi, ça se tient, la description est parfaite, on s'y croit ! Ce réalisme cru transcendé par une intensité poétique réelle me paraît excellent.
Un bémol sur "pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée", que je trouve maladroit.
...Et deux erreurs :
"vous avez encouragé un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait et hurlé à la vie" : il ne faut pas mettre d'"s", comme vous avez fait, à la fin de "encouragé" et "hurlé"
"Elle continue un instant comme si de rien n'était"
Un début qui arrache en tout cas ! Bravo et bienvenue.
Je trouve notamment le premier paragraphe éblouissant par sa simplicité et le goût vivant qui s'en dégage.
Ensuite c'est très beau aussi, ça se tient, la description est parfaite, on s'y croit ! Ce réalisme cru transcendé par une intensité poétique réelle me paraît excellent.
Un bémol sur "pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée", que je trouve maladroit.
...Et deux erreurs :
"vous avez encouragé un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait et hurlé à la vie" : il ne faut pas mettre d'"s", comme vous avez fait, à la fin de "encouragé" et "hurlé"
"Elle continue un instant comme si de rien n'était"
Un début qui arrache en tout cas ! Bravo et bienvenue.
Invité- Invité
Montanien II
Mano Ven 18 Jan 2008 - 8:23
Montanien II
La Nonne "Boisson gazeuse"
Elle s'appelait Sainte, née à Paradis, rencontrée, par hasard, à l'atelier d'art du Campus, un matin, un jeudi. Souvent recroisée – à chaque fois arrêté - elle vous demandait comment vous alliez. Une gentille jeune fille blonde, potelée, le nez retroussé deux yeux bleus légèrement resserrés. Un jour elle vous a invité pour dîner. Ne sachant que faire, toujours un peu curieux, vous avez accepté. A votre arrivée il n'y avait rien à manger alors elle vous a dit :
"embrasse-moi" !
C'est ce que vous avez fait, trop gêné pour refuser, vous retrouvant votre sexe dans le sien. Elle vous a raconté qu'avant elle vivait avec un marin et que jamais elle ne jouissait. Vous êtes rentré chez vous dans la matinée, les mains dans les poches, à souffler la buée dans le ciel bleuté. Elle vous a rappelé quelques jours plus tard pour vous retrouver dans un bar. Vous souvenant du soleil à l’encre sur son sein vous avez accepté. En sortant vous l'avez raccompagnée et sur les marches qui descendaient chez elle, elle s'est agenouillée pour vous sucer. La chose faite elle vous a demandé d'enterrer la Grosse Maman écureuil qui était morte dans la matinée. Vous avez fait comme vous pouviez, la terre était gelée.
Une nuit que vous sortiez, repassant devant l’escalier, vous décidez de le dévaler. Vous l'avez réveillée, sa porte n'était pas fermée. Elle a trouvé normal que vous passiez la saluer. Après que vous l'ayez sautée elle vous a raconté que son beau-frère et sa sœur se tiraient à côté à coups de pistolets lorsqu'ils s'engueulaient. Vous avez décidé d'attendre un peu avant de repasser mais la recroisant un soir dans une robe noire à meringue et volants
vous n'avez pu résister.
Elle a descendu les escaliers. Vous l’avez suivie en lui demandant d'aller chercher du beurre. Elle y est allé. Vous lui avez montré la voie de la contre-allée. Le reste de la nuit elle a demandé d'être encore prise comme ça. Pour elle, c'était la première fois. Lorsque vous êtes reparti elle vous a dit qu'elle était contente car elle pourrait enfin parler avec son colocataire qui était pédé de choses qu'il connaissait.
°°°
Merci Socque pour ces commentaires.
J'ai mis des "s" à ce moment car et la fille et le narrateur hurlent et sont soulagés pas seulement lui comme dans le reste du texte. C'est un des intérêts du vous qui peut-être un ou multiple. Est-ce gramaticalement correct je ne sais pas mais l'idée est là....
"de rien n'était " était ce que j'ai mis dans le texte de départ et puis après j'ai eu un doute. Je n'aurais pas du je corrige.
Et pour ce qui est dans sa bouche d'une seule bouchée. Je trouve ça, moi, particulièrement expressif mais là c'est une question de ressenti.
Les Montaniens sont une série qui forment un seul grand "poème" épique.
La Nonne "Boisson gazeuse"
Elle s'appelait Sainte, née à Paradis, rencontrée, par hasard, à l'atelier d'art du Campus, un matin, un jeudi. Souvent recroisée – à chaque fois arrêté - elle vous demandait comment vous alliez. Une gentille jeune fille blonde, potelée, le nez retroussé deux yeux bleus légèrement resserrés. Un jour elle vous a invité pour dîner. Ne sachant que faire, toujours un peu curieux, vous avez accepté. A votre arrivée il n'y avait rien à manger alors elle vous a dit :
"embrasse-moi" !
C'est ce que vous avez fait, trop gêné pour refuser, vous retrouvant votre sexe dans le sien. Elle vous a raconté qu'avant elle vivait avec un marin et que jamais elle ne jouissait. Vous êtes rentré chez vous dans la matinée, les mains dans les poches, à souffler la buée dans le ciel bleuté. Elle vous a rappelé quelques jours plus tard pour vous retrouver dans un bar. Vous souvenant du soleil à l’encre sur son sein vous avez accepté. En sortant vous l'avez raccompagnée et sur les marches qui descendaient chez elle, elle s'est agenouillée pour vous sucer. La chose faite elle vous a demandé d'enterrer la Grosse Maman écureuil qui était morte dans la matinée. Vous avez fait comme vous pouviez, la terre était gelée.
Une nuit que vous sortiez, repassant devant l’escalier, vous décidez de le dévaler. Vous l'avez réveillée, sa porte n'était pas fermée. Elle a trouvé normal que vous passiez la saluer. Après que vous l'ayez sautée elle vous a raconté que son beau-frère et sa sœur se tiraient à côté à coups de pistolets lorsqu'ils s'engueulaient. Vous avez décidé d'attendre un peu avant de repasser mais la recroisant un soir dans une robe noire à meringue et volants
vous n'avez pu résister.
Elle a descendu les escaliers. Vous l’avez suivie en lui demandant d'aller chercher du beurre. Elle y est allé. Vous lui avez montré la voie de la contre-allée. Le reste de la nuit elle a demandé d'être encore prise comme ça. Pour elle, c'était la première fois. Lorsque vous êtes reparti elle vous a dit qu'elle était contente car elle pourrait enfin parler avec son colocataire qui était pédé de choses qu'il connaissait.
°°°
Merci Socque pour ces commentaires.
J'ai mis des "s" à ce moment car et la fille et le narrateur hurlent et sont soulagés pas seulement lui comme dans le reste du texte. C'est un des intérêts du vous qui peut-être un ou multiple. Est-ce gramaticalement correct je ne sais pas mais l'idée est là....
"de rien n'était " était ce que j'ai mis dans le texte de départ et puis après j'ai eu un doute. Je n'aurais pas du je corrige.
Et pour ce qui est dans sa bouche d'une seule bouchée. Je trouve ça, moi, particulièrement expressif mais là c'est une question de ressenti.
Les Montaniens sont une série qui forment un seul grand "poème" épique.
Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
Charles Ven 18 Jan 2008 - 8:35
1
La manière de raconter est intéressante, le rythme lent, apporte beaucoup à l'ambiance. L'utilisation du "vous" n'est peut être pas complètement réussi, l'impression de rentrer dans le texte mais pas totalement. Peut être aussi à cause du côté un peu artificiel, un peu improbable de la situation ...
Je rejoins Soque sur l'expression "pour vous prendre ....".
2
franchement, je te le dis comme je le pense : aucun intérêt ... autant dans le 1er, on pouvait déceler un style, une ambiance, autant le 2ème ne semble que prétexte à "grivoiserie" ... un exemple : "vous retrouvant votre sexe dans le sien". Tu vas me dire que c'est particulièrement expressif, je te dis oui mais cela me semble surtout pas très subtil, poétique ou littéraire ...
En prévision des probables prochains "montaniens" postés et de leur possible contenu, j'attire ton attention sur quelques lignes : "Ce site étant ouvert à des personnes mineures, nous ne pouvons pas accepter de texte à caractère pornographique" (https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-f1/bienvenue-sur-vos-ecrits-a-lire-pour-les-nouveaux-t166.htm)
La manière de raconter est intéressante, le rythme lent, apporte beaucoup à l'ambiance. L'utilisation du "vous" n'est peut être pas complètement réussi, l'impression de rentrer dans le texte mais pas totalement. Peut être aussi à cause du côté un peu artificiel, un peu improbable de la situation ...
Je rejoins Soque sur l'expression "pour vous prendre ....".
2
franchement, je te le dis comme je le pense : aucun intérêt ... autant dans le 1er, on pouvait déceler un style, une ambiance, autant le 2ème ne semble que prétexte à "grivoiserie" ... un exemple : "vous retrouvant votre sexe dans le sien". Tu vas me dire que c'est particulièrement expressif, je te dis oui mais cela me semble surtout pas très subtil, poétique ou littéraire ...
En prévision des probables prochains "montaniens" postés et de leur possible contenu, j'attire ton attention sur quelques lignes : "Ce site étant ouvert à des personnes mineures, nous ne pouvons pas accepter de texte à caractère pornographique" (https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-f1/bienvenue-sur-vos-ecrits-a-lire-pour-les-nouveaux-t166.htm)
Charles- Nombre de messages : 6288
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Re: Montaniens
Invité Ven 18 Jan 2008 - 8:52
Je suis d'accord avec Charles pour le deuxième texte : il me paraît beaucoup, beaucoup moins intéressant ! De banales coucheries, sans ce côté insolite et beau, cette espèce d'éblouissement qui caractérisaient le premier.
Sauf ça, qui montre la fragilité des êtres et introduit une distance, un recul :
"Elle vous a rappelé quelques jours plus tard pour vous retrouver dans un bar. Vous souvenant du soleil à l’encre sur son sein vous avez accepté. En sortant vous l'avez raccompagnée et sur les marches qui descendaient chez elle, elle s'est agenouillée pour vous sucer. La chose faite elle vous a demandé d'enterrer la Grosse Maman écureuil qui était morte dans la matinée. Vous avez fait comme vous pouviez, la terre était gelée."
Sinon, je confirme que les "s" à la fin des participes passés sont grammaticalement incorrects... Pour enlever l'ambiguïté, vous pouvez introduire un "tous les deux" par exemple, mais je ne crois pas que ce soit utile, on comprend bien que ce sont les deux qui agissent !
Sauf ça, qui montre la fragilité des êtres et introduit une distance, un recul :
"Elle vous a rappelé quelques jours plus tard pour vous retrouver dans un bar. Vous souvenant du soleil à l’encre sur son sein vous avez accepté. En sortant vous l'avez raccompagnée et sur les marches qui descendaient chez elle, elle s'est agenouillée pour vous sucer. La chose faite elle vous a demandé d'enterrer la Grosse Maman écureuil qui était morte dans la matinée. Vous avez fait comme vous pouviez, la terre était gelée."
Sinon, je confirme que les "s" à la fin des participes passés sont grammaticalement incorrects... Pour enlever l'ambiguïté, vous pouvez introduire un "tous les deux" par exemple, mais je ne crois pas que ce soit utile, on comprend bien que ce sont les deux qui agissent !
Invité- Invité
Re: Montaniens
Mano Lun 21 Jan 2008 - 8:34
Montanien III
Coupé long
Vous faites une petite boule de tabac à chiquer de la taille d'un ongle que vous placez entre votre lèvre inférieure et votre gencive. Du côté gauche, vous êtes droitier. Les premiers picotements passés, la gencive anesthésiée, un afflux de salive remplit votre bouche. Votre gorge se serre sur un vague écœurement. Vous accentuez la pression de votre lèvre contre vos dents pour que la boule reste une boule. La nicotine passe dans le sang. Vous la sentez circuler. Vous êtes calme. Vous jetez le capuchon plastique de votre soda sur la banquette arrière et vous crachez sur les glaçons un jus épais, jaune et marron.
Assis derrière le volant la chaleur monte. Vous fermez les yeux, votre tête tombe vers l'avant. Des faisceaux de sang rouge traversent l'espace aveugle qui s'ouvre autour de vous. Votre gorge repousse sans cesse le même écœurement et puis vous vous habituez et l'énergie commence à pulser. Vous crachez sur les glaçons un jus noir, sale et salé. La nicotine presse votre cœur à intervalles réguliers un rythme lent et rapide, terriblement singulier. Vous savez que vous en avez pour la matinée. Votre main gauche agrippe le volant, vous vous penchez vers l'avant, la droite en tâtonnant fait tinter le porte-clé un instant.
Vous démarrez.
L'avertisseur de ceinture vous prévient que rien ne vous retient. Vous coincez le gobelet dans l'espace prévu à cet effet et vous vous harnachez. Devant vous la route est d’un seul trait et le capot très long. Vous repoussez le levier sur "conduite" et votre main droite, lentement, vient rejoindre la gauche sur le volant. Votre pied se pose sur l'accélérateur jusqu'à atteindre la vitesse que vous voulez.
"D'ou vous venez, n'est plus.
Où vous pensez aller, n'arrivera jamais.
Où vous êtes, ne vous apportera rien de bon, sauf si vous pouvez en partir.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se soucier.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se justifier.
Jésus a construit votre brûleur de route !"
Et "Ministry" votre ministère.
Vous crachez du jus noir dans le jus noir qui s'accumule au fond du gobelet.
°°°
Bien noté vos commentaires. Je ne pense pas que les Montaniens rentrent dans le cadre d'une oeuvre pornographique même s'ils peuvent parfois être un peu explicites.
L'idée est qu'une ambiance s'installe. Le fera-t-elle ?
Il y a parfois des liens. N'hésitez pas à y aller et me dire s'ils apportent quelque chose ou pas. Merci.
Coupé long
Vous faites une petite boule de tabac à chiquer de la taille d'un ongle que vous placez entre votre lèvre inférieure et votre gencive. Du côté gauche, vous êtes droitier. Les premiers picotements passés, la gencive anesthésiée, un afflux de salive remplit votre bouche. Votre gorge se serre sur un vague écœurement. Vous accentuez la pression de votre lèvre contre vos dents pour que la boule reste une boule. La nicotine passe dans le sang. Vous la sentez circuler. Vous êtes calme. Vous jetez le capuchon plastique de votre soda sur la banquette arrière et vous crachez sur les glaçons un jus épais, jaune et marron.
Assis derrière le volant la chaleur monte. Vous fermez les yeux, votre tête tombe vers l'avant. Des faisceaux de sang rouge traversent l'espace aveugle qui s'ouvre autour de vous. Votre gorge repousse sans cesse le même écœurement et puis vous vous habituez et l'énergie commence à pulser. Vous crachez sur les glaçons un jus noir, sale et salé. La nicotine presse votre cœur à intervalles réguliers un rythme lent et rapide, terriblement singulier. Vous savez que vous en avez pour la matinée. Votre main gauche agrippe le volant, vous vous penchez vers l'avant, la droite en tâtonnant fait tinter le porte-clé un instant.
Vous démarrez.
L'avertisseur de ceinture vous prévient que rien ne vous retient. Vous coincez le gobelet dans l'espace prévu à cet effet et vous vous harnachez. Devant vous la route est d’un seul trait et le capot très long. Vous repoussez le levier sur "conduite" et votre main droite, lentement, vient rejoindre la gauche sur le volant. Votre pied se pose sur l'accélérateur jusqu'à atteindre la vitesse que vous voulez.
"D'ou vous venez, n'est plus.
Où vous pensez aller, n'arrivera jamais.
Où vous êtes, ne vous apportera rien de bon, sauf si vous pouvez en partir.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se soucier.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se justifier.
Jésus a construit votre brûleur de route !"
Et "Ministry" votre ministère.
Vous crachez du jus noir dans le jus noir qui s'accumule au fond du gobelet.
°°°
Bien noté vos commentaires. Je ne pense pas que les Montaniens rentrent dans le cadre d'une oeuvre pornographique même s'ils peuvent parfois être un peu explicites.
L'idée est qu'une ambiance s'installe. Le fera-t-elle ?
Il y a parfois des liens. N'hésitez pas à y aller et me dire s'ils apportent quelque chose ou pas. Merci.
Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
Invité Lun 21 Jan 2008 - 8:53
Oui, ce nouveau chapitre me plaît et effectivement installe une ambiance, quelque chose de noir, de désespéré-résigné... (En plus, ce gars qui chique, ça apporte un complet décalage, ça dépayse !)
Invité- Invité
claire- Nombre de messages : 590
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Re: Montaniens
Mano Mar 22 Jan 2008 - 8:13
Montanien IV
Source chaude 1
Le ciel fonce plombagine à toute allure de vent. Vos rayons jumeaux parcourent la vallée perçant la pénombre de leurs couleurs saturées. Au milieu de collines arrondies et fendues, sur l’orangé doux de l’herbe après les gelées, un rectangle de murs bleus dans la plaine s’aperçoit.
Et le lourd métal glisse, amorti marshmallow, avalant le chemin, ses fondrières, ses cahots, dans un silence couinant, de graisses, de bémols. Derniers crissements de gravier. Immobilité. Le vent chasse la poussière sans qu'elle soit retombée. La portière s'ouvre, un pied se pose au sol. Emporté par le vent vous entrez au Motel dont la propriétaire appartient à "Jésus Christ", affirmation en rouge sur son XXL blanc.
Sur le comptoir de bois, auprès du règlement, une botte de cow-boy repeinte en doré porte un bouquet mauve de plastique fané. Vous suivez la guide dans une odeur de pet, deux serviettes rêches, une dans chaque main, c’est l’effet de l’eau, du souffre et de ses fumées,. Vous êtes dans une piscine attenante à la chambre, des milliers de bulles sont formées, brûlantes, aux bouches de vos pores qui voudraient crier. Deux guirlandes de perroquets jaunes et verts, 20 watts - Dieu merci, ils ne clignotent pas - ou plus ? - observent vos mouvements, votre air anesthésié.
Mais que vous a-t-il pris de venir à la source même de la fin du monde, celle du jugement dernier ?
°°°
La suite est écrite. Elle se retravaille. Je les posterais aussi sous leur forme originale avec retours à la ligne si un nombre suffisant de lecteurs leur trouve un intérêt. J'essaye de voir qu'est-ce qui fonctionne le mieux pour que l'ambiance se pose.
Source chaude 1
Le ciel fonce plombagine à toute allure de vent. Vos rayons jumeaux parcourent la vallée perçant la pénombre de leurs couleurs saturées. Au milieu de collines arrondies et fendues, sur l’orangé doux de l’herbe après les gelées, un rectangle de murs bleus dans la plaine s’aperçoit.
Et le lourd métal glisse, amorti marshmallow, avalant le chemin, ses fondrières, ses cahots, dans un silence couinant, de graisses, de bémols. Derniers crissements de gravier. Immobilité. Le vent chasse la poussière sans qu'elle soit retombée. La portière s'ouvre, un pied se pose au sol. Emporté par le vent vous entrez au Motel dont la propriétaire appartient à "Jésus Christ", affirmation en rouge sur son XXL blanc.
Sur le comptoir de bois, auprès du règlement, une botte de cow-boy repeinte en doré porte un bouquet mauve de plastique fané. Vous suivez la guide dans une odeur de pet, deux serviettes rêches, une dans chaque main, c’est l’effet de l’eau, du souffre et de ses fumées,. Vous êtes dans une piscine attenante à la chambre, des milliers de bulles sont formées, brûlantes, aux bouches de vos pores qui voudraient crier. Deux guirlandes de perroquets jaunes et verts, 20 watts - Dieu merci, ils ne clignotent pas - ou plus ? - observent vos mouvements, votre air anesthésié.
Mais que vous a-t-il pris de venir à la source même de la fin du monde, celle du jugement dernier ?
°°°
La suite est écrite. Elle se retravaille. Je les posterais aussi sous leur forme originale avec retours à la ligne si un nombre suffisant de lecteurs leur trouve un intérêt. J'essaye de voir qu'est-ce qui fonctionne le mieux pour que l'ambiance se pose.
Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
Sahkti Mar 22 Jan 2008 - 8:34
Montanien I
Visuel, bien raconté, un film court et efficace, avec une description plutôt juste du temps qui s'écoule. Juste un petit bémol sur quelques tournures qui me semblent trop guindées par rapport à ce que tu racontes, ça rend le tout un brin improbable alors qu'en fait, c'est une scène très plausible.
Montanien II
Déjà, je lâche un peu prise, me semble que le thème conducteur se répète, la lassitude guette, d'autant plus que celui-ci me semble bien moins réussi que le premier. Tout va trop vite, il y a des raccourcis et on sent que l'emballage n'est là que pour être vite déchiré, froissé, afin d'aller à l'essentiel, une question de fesses. Dommage, c'est sans intérêt.
Montanien III
Ici encore, une description "en temps réel" d'un instant qui passe, avec une certaine justesse.
Montanien IV
Trop d'adjectifs ou de descriptifs à mes yeux, ça alourdit le début.
Sinon, une ambiance bien posée mais sans trop savoir pourquoi, j'ai moins accroché ici, quelque chose ne prend pas. Sans doute ces phrases un brin alambiquées, ce qui me paraît superflu par rapport à la scène racontée, assez simple en elle-même.
De manière générale, je trouve que tu arrives en effet à poser de belles ambiances.
Reste alors la question du "Oui et ensuite?", et c'est sans doute là que ça coinc eun peu, que reste-t-il de tout cela ensuite. Faudrait voir à pas faire de la Delermerie, le truc qui est bon sur le moment mais aussitôt oublié une fois le livre refermé, ça serait dommage, car tu as du potentiel, c'est certain.
Visuel, bien raconté, un film court et efficace, avec une description plutôt juste du temps qui s'écoule. Juste un petit bémol sur quelques tournures qui me semblent trop guindées par rapport à ce que tu racontes, ça rend le tout un brin improbable alors qu'en fait, c'est une scène très plausible.
Montanien II
Déjà, je lâche un peu prise, me semble que le thème conducteur se répète, la lassitude guette, d'autant plus que celui-ci me semble bien moins réussi que le premier. Tout va trop vite, il y a des raccourcis et on sent que l'emballage n'est là que pour être vite déchiré, froissé, afin d'aller à l'essentiel, une question de fesses. Dommage, c'est sans intérêt.
Montanien III
Ici encore, une description "en temps réel" d'un instant qui passe, avec une certaine justesse.
Montanien IV
Trop d'adjectifs ou de descriptifs à mes yeux, ça alourdit le début.
Sinon, une ambiance bien posée mais sans trop savoir pourquoi, j'ai moins accroché ici, quelque chose ne prend pas. Sans doute ces phrases un brin alambiquées, ce qui me paraît superflu par rapport à la scène racontée, assez simple en elle-même.
De manière générale, je trouve que tu arrives en effet à poser de belles ambiances.
Reste alors la question du "Oui et ensuite?", et c'est sans doute là que ça coinc eun peu, que reste-t-il de tout cela ensuite. Faudrait voir à pas faire de la Delermerie, le truc qui est bon sur le moment mais aussitôt oublié une fois le livre refermé, ça serait dommage, car tu as du potentiel, c'est certain.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Montaniens
Invité Mar 22 Jan 2008 - 8:48
Je suis d'accord avec Sahkti sur le numéro 4 : il y a quelque chose qui "sature", qui donne une impression de préciosité (la première phrase en est un exemple criant) ; du coup l'ambiance, justement, est brouillée.
...Mais quelques beaux raccourcis qui installent efficacement le texte ("couleurs saturées", "silence couinant, de graisses, de bémols" par exemple) !
...Mais quelques beaux raccourcis qui installent efficacement le texte ("couleurs saturées", "silence couinant, de graisses, de bémols" par exemple) !
Invité- Invité
Re: Montaniens
Zou Mar 22 Jan 2008 - 18:01
Je fais pas dans le détail. En gros ça me plait mais j'ai peur qu'à la longue le "vous" déjà assez "pesant" comme ça plombe complètement le récit. Faudrait aussi que ça démarre un peu ou que tu amorces un début d'intrigue. J'ai peur qu'à écrire et/ou en tout cas poster par bribes comme tu le fais tu ne perdes le fil de quelque chose de plus long et qui prendrait forme/corps. Ne te disperse pas. Fonce. Je trouve que ça en vaut vraiment la peine. Belle ambiance déjà, visuel, road movie.
Zou- Nombre de messages : 5470
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 23 Jan 2008 - 8:26
Ouh ! Ça va un peu vite pour moi, je viens de lire les deux premiers, j'ai vu les commentaires, je fais un break pour dire un mot avant de replonger dans cette vie nostalgique offerte par Mano.
Je préfère de beaucoup le deuxième volet, beaucoup moins cliché cinématographique que le second (si-si second, pour moi qui ne connais pas la suite !).
Ça s'adresse naturellement à moi avec l'élémentaire politesse qui se doit à un inconnu, et j'ai mis un moment avant de repérer le "vous". C'était plaisant, mais à la réflexion, je me demande si je ne vais pas finir par me demander "Mais pourquoi i m'raconte tout ça ce mec là, j'le connais pas ?!"
"Vous" me prêtez (au double sens du terme) vos fantasmes avec générosité, c'est bien aimable, vous êtes très partageux :-)
Mais pourquoi, moi qui me suis carrément roulé dans du western à en sentir le coq-boy sale, ai-je l'impression de lire "un homme se penche sur son passé", un passé à côté duquel il serait passé ?
Le vous m'oblige à vous lire avec MES images, et ces images là chez moi sont un peu fanées. Beaucoup moins celles du deuxième volet avec cette blondinette pourtant échappée d'un drive-in selon Hopper mâtiné de "Grease" et revu hyperréalisme.
"Vous" noterez que je ne cite à votre charge que des choses qui me sont chères.
Bon, je vous laisse, je vais lire la suite.
Je préfère de beaucoup le deuxième volet, beaucoup moins cliché cinématographique que le second (si-si second, pour moi qui ne connais pas la suite !).
Ça s'adresse naturellement à moi avec l'élémentaire politesse qui se doit à un inconnu, et j'ai mis un moment avant de repérer le "vous". C'était plaisant, mais à la réflexion, je me demande si je ne vais pas finir par me demander "Mais pourquoi i m'raconte tout ça ce mec là, j'le connais pas ?!"
"Vous" me prêtez (au double sens du terme) vos fantasmes avec générosité, c'est bien aimable, vous êtes très partageux :-)
Mais pourquoi, moi qui me suis carrément roulé dans du western à en sentir le coq-boy sale, ai-je l'impression de lire "un homme se penche sur son passé", un passé à côté duquel il serait passé ?
Le vous m'oblige à vous lire avec MES images, et ces images là chez moi sont un peu fanées. Beaucoup moins celles du deuxième volet avec cette blondinette pourtant échappée d'un drive-in selon Hopper mâtiné de "Grease" et revu hyperréalisme.
"Vous" noterez que je ne cite à votre charge que des choses qui me sont chères.
Bon, je vous laisse, je vais lire la suite.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 23 Jan 2008 - 8:30
Que le premier !!! quel couillon ! et qui fait son malin avec le subtil distinguo entre second et deuxième !à tchaoum a écrit:Je préfère de beaucoup le deuxième volet, beaucoup moins cliché cinématographique que le second
à tchaoum- Nombre de messages : 612
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 23 Jan 2008 - 8:56
et re-ouh !
Montanien 3 & 4 avalés.
C'est comme un escalier. les procédés cinématographiques ne me gènent plus, et les images dépeintes ou réveillées sont plus fraiches. la caméra fixée au bas de la caisse lors du crissement sur les graviers est un plan vieux comme Starsky et Hutch, mais ça marche toujours (on peut pas s'faire de mal avec des bons produits, me dis chaque fois mon p'tit frère en m'en remettant une rasade !).
Je me rends compte que ma lecture est peut-être bien (et même surement) induite par ton avatar :-)
Bref.
le 3 marche bien, et surtout il mène à
Mais pourquoi ces guillemets ? c'est pas de toi ? Pardon, de vous ?
Montanien 3 & 4 avalés.
C'est comme un escalier. les procédés cinématographiques ne me gènent plus, et les images dépeintes ou réveillées sont plus fraiches. la caméra fixée au bas de la caisse lors du crissement sur les graviers est un plan vieux comme Starsky et Hutch, mais ça marche toujours (on peut pas s'faire de mal avec des bons produits, me dis chaque fois mon p'tit frère en m'en remettant une rasade !).
Je me rends compte que ma lecture est peut-être bien (et même surement) induite par ton avatar :-)
Bref.
le 3 marche bien, et surtout il mène à
que je vais aussi sec me tatouer quelque part, comme Montaigne avait recopié Térence sur une poutre."D'ou vous venez, n'est plus.
Où vous pensez aller, n'arrivera jamais."
Mais pourquoi ces guillemets ? c'est pas de toi ? Pardon, de vous ?
à tchaoum- Nombre de messages : 612
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 23 Jan 2008 - 9:15
et re-ouh, suite.
Nous y voilà.
Naaaan j'déconne !
Tu nous as mené à
Tu m'excuses, Mano, de te foutre tout ça sur le tapis, ça m'aide à voir, ça balise un créneau où tu pourrais d'ailleurs être en plus mauvaise compagnie.
Je salue le boulot, c'est bien mené, partant pour la suite.
Nous y voilà.
Pour l'instant c'est vous que nous suivons ; faut-il relever le féminin et refaire toute la lecture avec cette info sur le narrateur ?-)Vous suivez la guide
Naaaan j'déconne !
Tu nous as mené à
Zabriskie Point, the middle of nowhere, le trou du cul du monde, ou comme disent les latinos, la loma del culo, ce qui est très bien aussi, le sommet du cul, son point culminant. Le perpétuel hors-champ des films de Wenders.la source même de la fin du monde
Tu m'excuses, Mano, de te foutre tout ça sur le tapis, ça m'aide à voir, ça balise un créneau où tu pourrais d'ailleurs être en plus mauvaise compagnie.
Je salue le boulot, c'est bien mené, partant pour la suite.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
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Re: Montaniens
Mano Mer 23 Jan 2008 - 12:50
Bon, je vais commencer par remercier parce que toutes ces lectures permettent vraiment de pousser le travail encore et encore.
Je ne répondrais pas à tout et tout de suite. La route est encore longue. Pour ceux qui auraient peur de lasser, cela me montrera où sont les limites de mon procédé d’une étape après l’autre.
Ce que vous lisez ne l’a jamais encore été sous cette forme. Avant un Montanien ressemblait à cela :
Montanien I
Impala break
Vous occupez deux places sur la banquette pour trois.
A votre gauche une fille, rencontrée au billard,
conduit. Vous êtes dans sa voiture, Chevrolet,
Impala Break marron qui lui sert de maison.
Un panneau « chute de pierre » attire votre attention.
Le coffre arrière est grand comme le lit d’une reine.
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer
au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
La lune était ronde et la neige fraîche, vierge
de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
Réveillés quelques instants plus tôt,
enlacés habillés sous des couvertures de surplus
craquantes de givre lorsque vous bougiez,
vous avez encouragés un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait
et hurlés à la vie quand il a démarré.
Le chauffage pulse sur vos genoux rassurés.
Les bras étendus sur le faux cuir craquelé
une canette à la main en guise de déjeuner
vous attendez l’ivresse de la première gorgée
et regardez par la vitre les montagnes défiler.
La fille se tait et conduit sans rien ni personne à doubler.
Et puis sa main se pose au bas de votre ventre
pour en défaire les boutons.
Sans un mot, un regard, vous vous laissez aller.
La tête en arrière, les yeux au plafond.
Seuls sur la canette vos doigts accentuent la pression.
Elle continue comme si de rien n’était.
Une main sur le volant, les yeux dans le devant,
mais elle décélère progressivement
et vient mourir sur le bas-côté
pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée.
Le silence et la neige, le ronron du moteur,
quelques craquements de banquette et vos ahanements.
Le rétroviseur extérieur, la fumée qui s’échappe,
l’au-delà de glace,
à gros bouillonnements.
Elle referme votre braguette,
remonte ses cheveux,
prend une canette,
en avale deux gorgées,
met ses mains sur le volant
et la voiture redémarre
dans un silence
étourdissant.
°°°
On m‘a tellement dit que c’était de la prose et non de la « poésie » que j’ai finalement essayé une autre forme. La forme versifiée permettait selon moi de guider les lectures et de renforcer une voix. C’est sur elle que je m’appuie lorsque je lis les textes à haute voix – des enregistrements vont arriver. Vous avez déjà un lien vidéo sous le premier Montanien d’ailleurs.
Donc, je change, je reprends, j’essaye.
Sinon, ces textes sont effectivement le résultat d’un état et pas forcément d’un « sens ».
"D'ou vous venez, n'est plus.
Où vous pensez aller, n'arrivera jamais.
Où vous êtes, ne vous apportera rien de bon, sauf si vous pouvez en partir.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se soucier.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se justifier.
Jésus a construit votre brûleur de route !"
Il me semblait que cela était assez explicite. Mais cela se précisera sous d’autres formes au fur et à mesure. Il y a un coté redondant et circulaire, c’est sur. Donc, c’est une histoire non narrative, cyclique, avec pourtant un début et une fin mais qui ne sont que des instants de plus.
Pour reprendre les quelques lignes ci-dessus et répondre à « à tchaoum », non ce n’est pas de moi. La traduction est de moi. C’est une traduction libre d’un passage d’une chanson de Ministry un groupe indus rock américain écouté là-bas.
Cela rejoint d’ailleurs la question du « vous ». Ceci est une traduction de l’anglais. Une fausse puisque le texte a été écrit en français qui est ma langue à moi mais une vraie dans le sens où lorsque j’étais là-bas tout se passait en anglais. Avec les sens et contre sens que cela implique. C’est ce que j’ai essayé de garder. D’où parfois aussi une forme un peu alambiquée.
Mais j’explique déjà trop…
A vous de bosser. Au suivant :
(à ce propos je pense que j'ai encore du travail pour ce qui est de la séquence des textes entre eux qui pour l'instant appraissent au lecteur dans l'ordre de leur écriture.)
Montanien V
Source chaude II
Les phares écartent la nuit vers le petit matin qui surgit la forêt est autour et la neige et l'envie. Un panneau arrive enfin. Elle ferme la voiture, 20 minutes à pieds et vous y serez. Dans la pénombre - les doigts gelés - vous avalez une dernière lampée pour vous éclairer. Puis, vous vous enfoncez derrière cette femme et suivez ce cul comme certains juifs Jésus : la foi ! Le dernier des Mohican a bien survécu, pourquoi pas vous ? Un instant vous vous arrêtez et dans le noir et la neige au milieu des troncs vous comprenez n'avoir aucune idée d'où vous allez. Il fait froid comme jamais : c'est de l'intérieur même que vous tremblez.
Vous entendez une voix vous appeler.
Vous trébuchez puis zigzaguez et la retrouvez nue, debout dans un bassin fumant, humide et claire entourée de rochers, lissant ses cheveux qu’elle vient de lâcher. Vous vous déshabillez et la rejoignez, hébété d’être là entouré de l’hiver. Et un élan massif et cornu sort, préhistorique, d'entre les arbres, intrigué par cette bête à deux dos que vous formez dans l'eau, qu’il renifle un instant avant de repartir au petit trot.
°°°
Je ne répondrais pas à tout et tout de suite. La route est encore longue. Pour ceux qui auraient peur de lasser, cela me montrera où sont les limites de mon procédé d’une étape après l’autre.
Ce que vous lisez ne l’a jamais encore été sous cette forme. Avant un Montanien ressemblait à cela :
Montanien I
Impala break
Vous occupez deux places sur la banquette pour trois.
A votre gauche une fille, rencontrée au billard,
conduit. Vous êtes dans sa voiture, Chevrolet,
Impala Break marron qui lui sert de maison.
Un panneau « chute de pierre » attire votre attention.
Le coffre arrière est grand comme le lit d’une reine.
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer
au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
La lune était ronde et la neige fraîche, vierge
de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
Réveillés quelques instants plus tôt,
enlacés habillés sous des couvertures de surplus
craquantes de givre lorsque vous bougiez,
vous avez encouragés un moteur comme vous ne l’aviez jamais fait
et hurlés à la vie quand il a démarré.
Le chauffage pulse sur vos genoux rassurés.
Les bras étendus sur le faux cuir craquelé
une canette à la main en guise de déjeuner
vous attendez l’ivresse de la première gorgée
et regardez par la vitre les montagnes défiler.
La fille se tait et conduit sans rien ni personne à doubler.
Et puis sa main se pose au bas de votre ventre
pour en défaire les boutons.
Sans un mot, un regard, vous vous laissez aller.
La tête en arrière, les yeux au plafond.
Seuls sur la canette vos doigts accentuent la pression.
Elle continue comme si de rien n’était.
Une main sur le volant, les yeux dans le devant,
mais elle décélère progressivement
et vient mourir sur le bas-côté
pour vous prendre dans sa bouche d’une seule bouchée.
Le silence et la neige, le ronron du moteur,
quelques craquements de banquette et vos ahanements.
Le rétroviseur extérieur, la fumée qui s’échappe,
l’au-delà de glace,
à gros bouillonnements.
Elle referme votre braguette,
remonte ses cheveux,
prend une canette,
en avale deux gorgées,
met ses mains sur le volant
et la voiture redémarre
dans un silence
étourdissant.
°°°
On m‘a tellement dit que c’était de la prose et non de la « poésie » que j’ai finalement essayé une autre forme. La forme versifiée permettait selon moi de guider les lectures et de renforcer une voix. C’est sur elle que je m’appuie lorsque je lis les textes à haute voix – des enregistrements vont arriver. Vous avez déjà un lien vidéo sous le premier Montanien d’ailleurs.
Donc, je change, je reprends, j’essaye.
Sinon, ces textes sont effectivement le résultat d’un état et pas forcément d’un « sens ».
"D'ou vous venez, n'est plus.
Où vous pensez aller, n'arrivera jamais.
Où vous êtes, ne vous apportera rien de bon, sauf si vous pouvez en partir.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se soucier.
Personne derrière un bon volant n'a besoin, ne doit, se justifier.
Jésus a construit votre brûleur de route !"
Il me semblait que cela était assez explicite. Mais cela se précisera sous d’autres formes au fur et à mesure. Il y a un coté redondant et circulaire, c’est sur. Donc, c’est une histoire non narrative, cyclique, avec pourtant un début et une fin mais qui ne sont que des instants de plus.
Pour reprendre les quelques lignes ci-dessus et répondre à « à tchaoum », non ce n’est pas de moi. La traduction est de moi. C’est une traduction libre d’un passage d’une chanson de Ministry un groupe indus rock américain écouté là-bas.
Cela rejoint d’ailleurs la question du « vous ». Ceci est une traduction de l’anglais. Une fausse puisque le texte a été écrit en français qui est ma langue à moi mais une vraie dans le sens où lorsque j’étais là-bas tout se passait en anglais. Avec les sens et contre sens que cela implique. C’est ce que j’ai essayé de garder. D’où parfois aussi une forme un peu alambiquée.
Mais j’explique déjà trop…
A vous de bosser. Au suivant :
(à ce propos je pense que j'ai encore du travail pour ce qui est de la séquence des textes entre eux qui pour l'instant appraissent au lecteur dans l'ordre de leur écriture.)
Montanien V
Source chaude II
Les phares écartent la nuit vers le petit matin qui surgit la forêt est autour et la neige et l'envie. Un panneau arrive enfin. Elle ferme la voiture, 20 minutes à pieds et vous y serez. Dans la pénombre - les doigts gelés - vous avalez une dernière lampée pour vous éclairer. Puis, vous vous enfoncez derrière cette femme et suivez ce cul comme certains juifs Jésus : la foi ! Le dernier des Mohican a bien survécu, pourquoi pas vous ? Un instant vous vous arrêtez et dans le noir et la neige au milieu des troncs vous comprenez n'avoir aucune idée d'où vous allez. Il fait froid comme jamais : c'est de l'intérieur même que vous tremblez.
Vous entendez une voix vous appeler.
Vous trébuchez puis zigzaguez et la retrouvez nue, debout dans un bassin fumant, humide et claire entourée de rochers, lissant ses cheveux qu’elle vient de lâcher. Vous vous déshabillez et la rejoignez, hébété d’être là entouré de l’hiver. Et un élan massif et cornu sort, préhistorique, d'entre les arbres, intrigué par cette bête à deux dos que vous formez dans l'eau, qu’il renifle un instant avant de repartir au petit trot.
°°°
Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
apoutsiak Mer 23 Jan 2008 - 14:14
Je ne partage pas l'unanimité autour de ces textes. Oui, nous sommes dans l'ambiance, et alors ? Elle n'offre pas un sujet captivant et beaucoup de tournures me gênent, je ne parlerai que du premier volet.
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
Le complément de lieu y est désagréablement concurrencé par le chemin et les champs.
vierge de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
La forme n'est pas très heureuse, presque impropre, car le vent semble (à cause de sauf) pouvoir compter parmi les traces animales ou humaines.
enlacés habillés sous des couvertures... bof
sur vos genoux rassurés... bof
puis elle décélère progressivement et vient mourir...
C'est plutôt la voiture qui vient mourir, non ?
bouche d’une seule bouchée... déjà cité par socque
l’au-delà de glace... bof
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
Le complément de lieu y est désagréablement concurrencé par le chemin et les champs.
vierge de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
La forme n'est pas très heureuse, presque impropre, car le vent semble (à cause de sauf) pouvoir compter parmi les traces animales ou humaines.
enlacés habillés sous des couvertures... bof
sur vos genoux rassurés... bof
puis elle décélère progressivement et vient mourir...
C'est plutôt la voiture qui vient mourir, non ?
bouche d’une seule bouchée... déjà cité par socque
l’au-delà de glace... bof
apoutsiak- Nombre de messages : 1214
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 23 Jan 2008 - 14:36
L'honnêteté est la règle, certes, n'empêche, je te trouve bien sévère, mon petit esquimau.apoutsiak a écrit:Je ne partage pas l'unanimité autour de ces textes.
avec une virgule derrière qui vient de passer, ça passe.Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
Le complément de lieu y est désagréablement concurrencé par le chemin et les champs.
idem une virgule après trace et ça roule, ma poule, et en mustang s'il te plaît !vierge de toute trace animale, d’homme, sauf de vent.
La forme n'est pas très heureuse, presque impropre, car le vent semble (à cause de sauf) pouvoir compter parmi les traces animales ou humaines.
Là tu pinailles mesquin, la dame et la voiture ne font qu'un au moment où ça cause ("le centaure mécanique")puis elle décélère progressivement et vient mourir...
C'est plutôt la voiture qui vient mourir, non ?
c'est vrai que là, quoi qu'en persiste Mano il faut pouvoir dire emboucher d'un seul coup sans cette douloureuse répétition.bouche d’une seule bouchée... déjà cité par socque
Poil au fion.
bof toi même ! ne l'écoute pas, Mano ! j'avais moi même placé un jour ailleurs "l'à travers du vent", et c'était pas passé non plus, mais je le garde !l’au-delà de glace... bof
et bizàtous !
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Re: Montaniens
apoutsiak Mer 23 Jan 2008 - 16:24
Bien défendu, mais tu ne relèves rien à propos du sujet, dont je persiste à dire qu'il ne retient pas l'attention. On peut avoir le souffle de Proust (que ma femme refuse à bon droit de suivre dans ses méandres), du chien à la Céline ou l'originalité d'un Calvino, le tout dans la même recette, et écrire une histoire fade parce l'auteur n'a pu ou n'a su, ce jour- là, utiliser les meilleures épices de son jardin. Après, des goûts et des couleurs...
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Re: Montaniens
Zou Mer 23 Jan 2008 - 18:17
J'avais pas encore regardé la video ! Cool ! Tu l'as réalisée toi même ?
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Re: Montaniens
Zou Mer 23 Jan 2008 - 18:19
Et de me dire que l'on pourrait presqu'en faire des chansons de ces textes !
Sinon que veut dire "montaniens" ?
Sinon que veut dire "montaniens" ?
Zou- Nombre de messages : 5470
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Re: Montaniens
Invité Mer 23 Jan 2008 - 21:44
C'est curieux, pour moi les deux paragraphes principaux (le un et le trois) sont très contrastés. Le dernier fonctionne, je trouve, installe bien une ambiance insolite, tandis que le premier me paraît artificiel, centré sur un procédé d'écriture dont je ne vois pas l'intérêt et qui embrouille ma lecture. Peut-être l'avez-vous compris : je reste très attachée à la prose articulée, classique (malgré mon idôlatrie du Céline de Voyage au bout de la buit).
...Mais j'aime beaucoup cette phrase, dans le premier paragraphe :
"Puis, vous vous enfoncez derrière cette femme et suivez ce cul comme certains juifs Jésus : la foi !"
...Mais j'aime beaucoup cette phrase, dans le premier paragraphe :
"Puis, vous vous enfoncez derrière cette femme et suivez ce cul comme certains juifs Jésus : la foi !"
Invité- Invité
Re: Montaniens
Mano Jeu 24 Jan 2008 - 8:38
Montanien VI
Un, deux, trois, nous irons au … bois !
Vous étiez venu pour "La pêche à la truite" ou "Le dernier bon baiser" et vous vous êtes retrouvé avec James Crumley à boire du whisky en écoutant ses derniers désirs d'armes automatiques qui claquent et qui pètent et qui défouraillent comme jamais quelque chose que ce soit de votre continent ne pourrait le faire de votre propre aveu.
Et puis les gens se sont mêlés et l'alcool aidant et de bar en bar vous vous êtes rendu dans la chambre d'une artiste, un ancien Hôtel qui donnait sur la gare, sans comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une visite triste mais bien d'un plan peinard.
C'est juste un peu plus tard de retour au bar - une chance, lequel déjà ?! - quand Crumley dans sa barbe a souri en vous demandant si vous appréciez la simplicité de l'Ouest que vous avez su que vous n'aviez encore rien bu.
"Et un pour marquer la cadence !"
°°°
Bonjour à tous.
Je continue donc à prendre des notes.
apoustiak : « prendre dans sa bouche d’une seule bouchée »… bon je vais voir si quelque chose d’autre me parle mieux puisque cette répétition semble en rebuter plus d’un.
« vierge de toute trace d’animaux, d’hommes, sauf de vent. » était la version originale. Je vais y revenir pour retrouver la répétition des « d » qui sonne mieux à la lecture. Pour ce qui est du sens et de la place des virgules je pense que comme c’est cela fonctionne et que de la surprise grammaticale naît l’émergence d’une image.
Apoustiak a dit :
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
Le complément de lieu y est désagréablement concurrencé par le chemin et les champs.
Là je reste sans voix. Je n’avais jamais pensé à la concurrence des compléments de lieux entre eux. J’apprends et je note, donc. Ceci-dit il me semble assez clair que le « y » renvoie à la voiture et puis… et puis.
Par contre que tu ne puisses pas monter en voiture avec moi apoustiak je peux le comprendre parfaitement et que tu trouves cela indigne de ton attention aussi. Cela amène une nouvelle entrée dans les genres de commentaires qui ont pu m’être fait et donc un nouvel angle de réflexion.
Zou : Non, la vidéo n’est pas de moi mais d’un ami américain, Paul, qui a mis aussi sa guitare sur certaines de mes lectures que vous rencontrerez plus tard. Pour ce qui est de la signification de Montanien, je crois que c’est à chacun de se la trouver. Comme piste j’ai celles là mais encore une fois je parle trop : le Montana est un état du Nord Ouest des Etats Unis, les Montaniens ne sont pas ses habitants ou alors en anglais seulement – Montanians – c’est un peu une identité, des sensations, haut/bas, haut/bas…
Socque : Je comprends en lisant tes commentaires que tu trouves mes procédés d’écriture souvent un peu trop présents et visibles et que cela te retient à plonger dans l’ambiance. C’est que j’ai du mal à me débarrasser de mes premiers jets. De l’élan initial qui dans ses « malformations » reprenait presque mot à mot des tournures de l’anglais et des alambiquages qui me sont plus personnels. Maintenant que j’essaye de poser ces textes en prose je ne sais pas si je dois m’en éloigner ou au contraire les garder pour respecter l’élan d’origine.
A tchaoum : j’écoute tout le monde mais je n’en fais qu’à ma tête et je fonce. Merci de ton attention.
Un, deux, trois, nous irons au … bois !
Vous étiez venu pour "La pêche à la truite" ou "Le dernier bon baiser" et vous vous êtes retrouvé avec James Crumley à boire du whisky en écoutant ses derniers désirs d'armes automatiques qui claquent et qui pètent et qui défouraillent comme jamais quelque chose que ce soit de votre continent ne pourrait le faire de votre propre aveu.
Et puis les gens se sont mêlés et l'alcool aidant et de bar en bar vous vous êtes rendu dans la chambre d'une artiste, un ancien Hôtel qui donnait sur la gare, sans comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une visite triste mais bien d'un plan peinard.
C'est juste un peu plus tard de retour au bar - une chance, lequel déjà ?! - quand Crumley dans sa barbe a souri en vous demandant si vous appréciez la simplicité de l'Ouest que vous avez su que vous n'aviez encore rien bu.
"Et un pour marquer la cadence !"
°°°
Bonjour à tous.
Je continue donc à prendre des notes.
apoustiak : « prendre dans sa bouche d’une seule bouchée »… bon je vais voir si quelque chose d’autre me parle mieux puisque cette répétition semble en rebuter plus d’un.
« vierge de toute trace d’animaux, d’hommes, sauf de vent. » était la version originale. Je vais y revenir pour retrouver la répétition des « d » qui sonne mieux à la lecture. Pour ce qui est du sens et de la place des virgules je pense que comme c’est cela fonctionne et que de la surprise grammaticale naît l’émergence d’une image.
Apoustiak a dit :
Vous y avez dormi la nuit qui vient de passer au bord d’un chemin dans des champs enneigés.
Le complément de lieu y est désagréablement concurrencé par le chemin et les champs.
Là je reste sans voix. Je n’avais jamais pensé à la concurrence des compléments de lieux entre eux. J’apprends et je note, donc. Ceci-dit il me semble assez clair que le « y » renvoie à la voiture et puis… et puis.
Par contre que tu ne puisses pas monter en voiture avec moi apoustiak je peux le comprendre parfaitement et que tu trouves cela indigne de ton attention aussi. Cela amène une nouvelle entrée dans les genres de commentaires qui ont pu m’être fait et donc un nouvel angle de réflexion.
Zou : Non, la vidéo n’est pas de moi mais d’un ami américain, Paul, qui a mis aussi sa guitare sur certaines de mes lectures que vous rencontrerez plus tard. Pour ce qui est de la signification de Montanien, je crois que c’est à chacun de se la trouver. Comme piste j’ai celles là mais encore une fois je parle trop : le Montana est un état du Nord Ouest des Etats Unis, les Montaniens ne sont pas ses habitants ou alors en anglais seulement – Montanians – c’est un peu une identité, des sensations, haut/bas, haut/bas…
Socque : Je comprends en lisant tes commentaires que tu trouves mes procédés d’écriture souvent un peu trop présents et visibles et que cela te retient à plonger dans l’ambiance. C’est que j’ai du mal à me débarrasser de mes premiers jets. De l’élan initial qui dans ses « malformations » reprenait presque mot à mot des tournures de l’anglais et des alambiquages qui me sont plus personnels. Maintenant que j’essaye de poser ces textes en prose je ne sais pas si je dois m’en éloigner ou au contraire les garder pour respecter l’élan d’origine.
A tchaoum : j’écoute tout le monde mais je n’en fais qu’à ma tête et je fonce. Merci de ton attention.
Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
outretemps Jeu 24 Jan 2008 - 8:57
Bonjour Mano. Y pas à dire pour le premier dans la voiture, ça sent vraiment la "botte" à tous les sens du terme. Juste la répète avec la bouche... je comprends bien que dans l'enthousiasme... Mais un homme de l'Ouest nr s'rrête pas à ça.
Super pour l'ambiance. A pousser le chauffage rien qu'à lire, la première partie du moins
Fameux, vrai plaisir!
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Re: Montaniens
outretemps Jeu 24 Jan 2008 - 8:58
C'est mon clavier, un homme de l'Ouest ne s'arrête pas..., bien sur
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Re: Montaniens
apoutsiak Jeu 24 Jan 2008 - 13:27
[quote="Mano"
...et que tu trouves cela indigne de ton attention aussi.
Non, je n'ai pas dit une chose aussi prétentieuse. Je cherche à ne jamais froisser un auteur en balançant son texte comme une vieille chaussette. J'ai du respect pour lui car je sais bien le travail et l'affection qu'il y met. J'ai essayé de dire que tu avais du style mais qu'il manquait dans ce texte une chose essentielle à mes yeux : un sujet captivant pour le lecteur. Je prends l'exemple de EN VILLE, de socque. On entre dans une boutique presque banale, puis le lieu devient magique, ce qu'on y fait aussi, et on n'en sort pas de la même manièe qu'on y est entré. La plupart des nouvelles sont ainsi faites qu'elles transportent plus ou moins de secrets, de non-dits, de recettes qui intriguent le lecteur pendant le récit ou/et parfois, juste à la chute. Bien entendu, il n'y a pas de règles et on peut écrire seulement des textes pour leur simple beauté, mais là, l'exercice est ambitieux.
...et que tu trouves cela indigne de ton attention aussi.
Non, je n'ai pas dit une chose aussi prétentieuse. Je cherche à ne jamais froisser un auteur en balançant son texte comme une vieille chaussette. J'ai du respect pour lui car je sais bien le travail et l'affection qu'il y met. J'ai essayé de dire que tu avais du style mais qu'il manquait dans ce texte une chose essentielle à mes yeux : un sujet captivant pour le lecteur. Je prends l'exemple de EN VILLE, de socque. On entre dans une boutique presque banale, puis le lieu devient magique, ce qu'on y fait aussi, et on n'en sort pas de la même manièe qu'on y est entré. La plupart des nouvelles sont ainsi faites qu'elles transportent plus ou moins de secrets, de non-dits, de recettes qui intriguent le lecteur pendant le récit ou/et parfois, juste à la chute. Bien entendu, il n'y a pas de règles et on peut écrire seulement des textes pour leur simple beauté, mais là, l'exercice est ambitieux.
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Re: Montaniens
apoutsiak Jeu 24 Jan 2008 - 13:29
Non, je ne suis pas Réunionnais, j'ai bien dit "manière"
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Re: Montaniens
Invité Jeu 24 Jan 2008 - 14:49
Je ne suis pas du tout convaincue par l'opus VI qui pour moi n'"installe" rien et dont je trouve le style lourd par endroits (la dernière phrase-paragraphe notamment).
...Et sinon, bien sûr que vous n'en faites qu'à votre tête ! C'est votre droit inaliénable quand vous écrivez un texte...
...Et sinon, bien sûr que vous n'en faites qu'à votre tête ! C'est votre droit inaliénable quand vous écrivez un texte...
Invité- Invité
Re: Montaniens
Mano Lun 28 Jan 2008 - 9:04
Montanien VII
Chatte de Nashville
"Chatte de Nashville, en premier je mate le soutif !"
"Chatte de Nashville, le poulet frit et le café vont me tuer !"
"Chatte de Nashville, baiseur de ta mère, vas-y ! Baiseur de ta mère, vas-y !"
Droite et blonde et longue qui n'en finit pas que par un chapeau de cow-boy droit ! 1m95 de pure femme qui évapore à grands coups de whisky tout ce qui passe à portée. Penty en dentelle ultra moulé, tatoues en ailes d'anges sur ventre bétonné, des bras de cœurs serpents épines et roses enlacés se mêlent dans des éclats têtes de mort argentés. Gilet de cuir sur bustier millimétré que prolongent de longues jambes bottées. Derrière, elle, un blond léopard aux ongles profonds de noir violet découvre les dents d’un sourire carnassier.
"Chatte de Nashville, je suis l'Homme !"
"Chatte de Nashville, bouffe ma poussière !"
"Chatte de Nashville, sur la mauvaise pente !"
Dans la fumée la sueur et les haleines surchargées les guitares commencent de jouer et le sol se met à trembler et l'édifice se met à bouger. Deux cents personnes en train d'hurler, de sauter, de cogner. Et dans la poursuite deux bacchantes noires, sous une casquette noire, éructent de l'énergie. T-shirt noir que rien ne peut contrer. Qu'est-ce que tu fous ? Qu'est-ce que tu croyais ? Baiseur de ta mère, ici c'est du Rock'n Roll ! Et les coups de pompes et les riffs endiablés et les deux chattes qui s'enlacent, l'une à la guitare l'autre à la basse, et la grande qui boit du pétrole et qui crache ses flammes sur la foule où tout s'affole.
"Chatte de Nashville, t'es complètement foutu !"
"Chatte de Nashville, plus que 5 minutes à vivre !"
"Chattes de Nashville, bouffe-les toutes !"
Plus rien ni personne ne veut contrôler, tout ici disparaît et doit brûler, pas de demi-mesure, pas de bras croisés, c'est le moment de tout donner ! Et les chattes les doigts font se lever
et les poitrines et les cœurs sont en train de crever. Un orage, une averse, une ondée ? Non, de la bière du crachat, de la suée ! Baiseur de ta mère roule toi par terre, n'écoute plus rien, sèche tes verres ! Oublie d'où tu viens, oublie ce que tu croyais et prie le bon dieu de ce qu'il te reste de peu de foi qu'après ce morceau là les chattes continuent de feuler !
°°°
Chatte de Nashville
"Chatte de Nashville, en premier je mate le soutif !"
"Chatte de Nashville, le poulet frit et le café vont me tuer !"
"Chatte de Nashville, baiseur de ta mère, vas-y ! Baiseur de ta mère, vas-y !"
Droite et blonde et longue qui n'en finit pas que par un chapeau de cow-boy droit ! 1m95 de pure femme qui évapore à grands coups de whisky tout ce qui passe à portée. Penty en dentelle ultra moulé, tatoues en ailes d'anges sur ventre bétonné, des bras de cœurs serpents épines et roses enlacés se mêlent dans des éclats têtes de mort argentés. Gilet de cuir sur bustier millimétré que prolongent de longues jambes bottées. Derrière, elle, un blond léopard aux ongles profonds de noir violet découvre les dents d’un sourire carnassier.
"Chatte de Nashville, je suis l'Homme !"
"Chatte de Nashville, bouffe ma poussière !"
"Chatte de Nashville, sur la mauvaise pente !"
Dans la fumée la sueur et les haleines surchargées les guitares commencent de jouer et le sol se met à trembler et l'édifice se met à bouger. Deux cents personnes en train d'hurler, de sauter, de cogner. Et dans la poursuite deux bacchantes noires, sous une casquette noire, éructent de l'énergie. T-shirt noir que rien ne peut contrer. Qu'est-ce que tu fous ? Qu'est-ce que tu croyais ? Baiseur de ta mère, ici c'est du Rock'n Roll ! Et les coups de pompes et les riffs endiablés et les deux chattes qui s'enlacent, l'une à la guitare l'autre à la basse, et la grande qui boit du pétrole et qui crache ses flammes sur la foule où tout s'affole.
"Chatte de Nashville, t'es complètement foutu !"
"Chatte de Nashville, plus que 5 minutes à vivre !"
"Chattes de Nashville, bouffe-les toutes !"
Plus rien ni personne ne veut contrôler, tout ici disparaît et doit brûler, pas de demi-mesure, pas de bras croisés, c'est le moment de tout donner ! Et les chattes les doigts font se lever
et les poitrines et les cœurs sont en train de crever. Un orage, une averse, une ondée ? Non, de la bière du crachat, de la suée ! Baiseur de ta mère roule toi par terre, n'écoute plus rien, sèche tes verres ! Oublie d'où tu viens, oublie ce que tu croyais et prie le bon dieu de ce qu'il te reste de peu de foi qu'après ce morceau là les chattes continuent de feuler !
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Re: Montaniens
Invité Lun 28 Jan 2008 - 9:52
Ah ouais ! Une sacrée ambiance, ça déménage ! J'aime beaucoup; l'écriture nerveuse convient à merveille pour décrire la scène...
"Droite et blonde et longue qui n'en finit pas que par un chapeau de cow-boy droit ! 1m95 de pure femme qui évapore à grands coups de whisky tout ce qui passe à portée." En quelques mots tout est dit.
"Droite et blonde et longue qui n'en finit pas que par un chapeau de cow-boy droit ! 1m95 de pure femme qui évapore à grands coups de whisky tout ce qui passe à portée." En quelques mots tout est dit.
Invité- Invité
Re: Montaniens
mentor Lun 28 Jan 2008 - 18:27
Je dois dire que sur un plan personnel, je n'accroche pas du tout. J'aurais un peu de mal à expliquer pourquoi. Peut-être le style. Ou l'ambiance.
J'avoue que si ça devait devenir un roman, je ne me précipiterais pas pour l'acheter même en sachant que c'est un Vélien qui l'a écrit. Si si, je suis méchant là, je le lirais (mais je l'achèterais pas :-))))
J'avoue que si ça devait devenir un roman, je ne me précipiterais pas pour l'acheter même en sachant que c'est un Vélien qui l'a écrit. Si si, je suis méchant là, je le lirais (mais je l'achèterais pas :-))))
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Re: Montaniens
à tchaoum Lun 28 Jan 2008 - 20:16
Il y a un côté "à Rome, fait comme les romains !" que je trouve peut-être excessif. Je suis allé voir la vidéo que j'avais raté, les images ne se discutent pas, mais je préfère de loin te lire que t'entendre lire. Ça n'est pas la voix qui me gène, mais la lecture appliquée ; quand tu parles, tu dis ronronn'ment ou ronronneument ?
Sinon, j'te suis, mais faudra peut-être qu'à un moment ce soit toi qui conduise.
Sinon, j'te suis, mais faudra peut-être qu'à un moment ce soit toi qui conduise.
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Re: Montaniens
Mano Mar 29 Jan 2008 - 8:52
Montanien VIII
Lac Tête plate - Un seul niveau de chance
Sur le parking, devant, la neige continue de voler. Il n'est que six heures. La nuit est déjà tombée. En vous approchant vous glissez mais là, vous vous relevez. La première porte - un sas feutré - vous n'êtes pas encore complètement entré, avec en néon bleu : "Liqueurs à l'avant, Poker à l'arrière", vous serez prévenu. Vous vous décidez tout de même - deuxième porte - et l'obscurité chaude fait place à la nuit.
Un juke-box vous dit que pour elle il marche sur la ligne. Une longue cou à la main un Stetson vacille. Vous vous asseyez et commandez. Depuis quand cela ne vous était-il plus arrivé ? La bière descend pinte après pinte, tassée bien au fond par de méchants tirs de Whisky. Vous n'additionnez plus rien mais tout semble très clair. Alors, vous décidez que le Keno vous tente mais, très vite, les chiffres colorés vous perdent dans l'abstrait.
Une bonne quinte et vous vous renflouerez : le roi, la dame, le dix, hélas Jack ne monte pas vous saluer ! Et l'écran vous siphonne de vos crédits en même temps que de vos désirs. Vous sortez lentement - en fait vous vous enfuyez - dehors la nuit, la neige, sont toujours là. Vous pissez, ça fume et ça sent l'urée. Devant le lac s'ouvre, gelé, brillant et plat.
Au moment de partir, dans votre poche, un billet froissé. Vous y retournez. "Etape de la dernière chance" en néon vert que vous n’aviez pas vu et c'est vrai, après celle-ci il est bien possible que vous n'en ayez plus –
jamais.
°°°
Lac Tête plate - Un seul niveau de chance
Sur le parking, devant, la neige continue de voler. Il n'est que six heures. La nuit est déjà tombée. En vous approchant vous glissez mais là, vous vous relevez. La première porte - un sas feutré - vous n'êtes pas encore complètement entré, avec en néon bleu : "Liqueurs à l'avant, Poker à l'arrière", vous serez prévenu. Vous vous décidez tout de même - deuxième porte - et l'obscurité chaude fait place à la nuit.
Un juke-box vous dit que pour elle il marche sur la ligne. Une longue cou à la main un Stetson vacille. Vous vous asseyez et commandez. Depuis quand cela ne vous était-il plus arrivé ? La bière descend pinte après pinte, tassée bien au fond par de méchants tirs de Whisky. Vous n'additionnez plus rien mais tout semble très clair. Alors, vous décidez que le Keno vous tente mais, très vite, les chiffres colorés vous perdent dans l'abstrait.
Une bonne quinte et vous vous renflouerez : le roi, la dame, le dix, hélas Jack ne monte pas vous saluer ! Et l'écran vous siphonne de vos crédits en même temps que de vos désirs. Vous sortez lentement - en fait vous vous enfuyez - dehors la nuit, la neige, sont toujours là. Vous pissez, ça fume et ça sent l'urée. Devant le lac s'ouvre, gelé, brillant et plat.
Au moment de partir, dans votre poche, un billet froissé. Vous y retournez. "Etape de la dernière chance" en néon vert que vous n’aviez pas vu et c'est vrai, après celle-ci il est bien possible que vous n'en ayez plus –
jamais.
°°°
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 54
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Montaniens
Invité Mar 29 Jan 2008 - 9:39
Bof pour moi, sauf :
"Vous pissez, ça fume et ça sent l'urée. Devant le lac s'ouvre, gelé, brillant et plat."
"Vous pissez, ça fume et ça sent l'urée. Devant le lac s'ouvre, gelé, brillant et plat."
Invité- Invité
Re: Montaniens
apoutsiak Mar 29 Jan 2008 - 10:27
Je n'ai toujours pas envie de partager un bock avec ces Montanienniens.
apoutsiak- Nombre de messages : 1214
Age : 63
Localisation : Chantilly - Oise - France
Date d'inscription : 18/01/2008 -
Re: Montaniens
Mano Mer 30 Jan 2008 - 9:57
Montanien IX
Source Chaude III
Le nom de la ville est "Source Chaude","Source Chaude - Montana". Le panneau vous le dit en arrivant - tout est dit. Si vous ne saviez pas ce qu’était une ville fantôme, vous le savez maintenant. La rue principale revient, parallèle à elle-même, ne pouvant s'enfuir vers l'horizon bloqué - mur d'une colline pelée qui obscurcit la ville.
En suivant la route comme un anneau lent. Vous repassez devant une cuve à mazout qui suinte une rougeur inquiétante sous le blanc qui s'écaille. Présence métallique massive au milieu des décombres. Un pick-up s'éloigne lointain le long d'une traverse de terre, poursuivi par sa poussière et deux chiens dont un jaune. Ils grimpent sur la plate-forme avant de s’évanouir.
Le doigt du créateur a-t-il ordonné aux justes de s'enfuir ?
Vous cherchez la source, repassez sous la cuve dont les traînées sanglantes prennent formes de visages. Vous êtes en territoire indien et paraît-il sacré ! Mais où est donc cet hôtel conseillé ? Un tour de plus et ce que vous preniez pour un entrepôt abandonné est un bar ouvert et ce vieux sac contre la cuve un homme, allongé dans la poussière.
Vous demandez à qui est la table ? Le silence vous répond - vous l'interrompez du rack des boules et du choc des bières. Vous et votre coéquipier - car ici, c'est bien de cela qu'il s'agit - êtes prêt à jouer. Comme vous vous penchez pour casser une main de cuivre enveloppe votre poignet.
La lune est haute. Des milliers de bulles fluorescentes vous collent à la peau. Vous êtes nu et gluant parcouru de frissons le cul posé sur le sable du fond au milieu d'une source, au milieu des champs. Autour, le rien s'étale à la puissance
maximale.
°°°
N'ayant pas le temps d'autre chose je continue d'avancer. Même si c'est dans le mur.
à voir et écouter :
Voir et écouter Source Chaude 3
Source Chaude III
Le nom de la ville est "Source Chaude","Source Chaude - Montana". Le panneau vous le dit en arrivant - tout est dit. Si vous ne saviez pas ce qu’était une ville fantôme, vous le savez maintenant. La rue principale revient, parallèle à elle-même, ne pouvant s'enfuir vers l'horizon bloqué - mur d'une colline pelée qui obscurcit la ville.
En suivant la route comme un anneau lent. Vous repassez devant une cuve à mazout qui suinte une rougeur inquiétante sous le blanc qui s'écaille. Présence métallique massive au milieu des décombres. Un pick-up s'éloigne lointain le long d'une traverse de terre, poursuivi par sa poussière et deux chiens dont un jaune. Ils grimpent sur la plate-forme avant de s’évanouir.
Le doigt du créateur a-t-il ordonné aux justes de s'enfuir ?
Vous cherchez la source, repassez sous la cuve dont les traînées sanglantes prennent formes de visages. Vous êtes en territoire indien et paraît-il sacré ! Mais où est donc cet hôtel conseillé ? Un tour de plus et ce que vous preniez pour un entrepôt abandonné est un bar ouvert et ce vieux sac contre la cuve un homme, allongé dans la poussière.
Vous demandez à qui est la table ? Le silence vous répond - vous l'interrompez du rack des boules et du choc des bières. Vous et votre coéquipier - car ici, c'est bien de cela qu'il s'agit - êtes prêt à jouer. Comme vous vous penchez pour casser une main de cuivre enveloppe votre poignet.
La lune est haute. Des milliers de bulles fluorescentes vous collent à la peau. Vous êtes nu et gluant parcouru de frissons le cul posé sur le sable du fond au milieu d'une source, au milieu des champs. Autour, le rien s'étale à la puissance
maximale.
°°°
N'ayant pas le temps d'autre chose je continue d'avancer. Même si c'est dans le mur.
à voir et écouter :
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Mano- Nombre de messages : 233
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Re: Montaniens
à tchaoum Mer 30 Jan 2008 - 10:07
Je suis, mais il me semble que le forum n'est pas la bonne forme pour un truc qui relève plus d'un site autonome, actualisé, presqu'un blog.Mano a écrit:N'ayant pas le temps d'autre chose je continue d'avancer. Même si c'est dans le mur.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
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Re: Montaniens
Invité Mer 30 Jan 2008 - 10:35
J'aime beaucoup l'ambiance de ce n° IX, cette description d'un coin perdu qui vire soudain à l'onirique.
C'est vrai qu'on ne sait pas trop où vous allez, mais je pense qu'il s'agit d'un texte où le voyage importe plus que la destination...
C'est vrai qu'on ne sait pas trop où vous allez, mais je pense qu'il s'agit d'un texte où le voyage importe plus que la destination...
Invité- Invité
Re: Montaniens
Arielle Mer 30 Jan 2008 - 11:06
C'est, avec le premier, le Montanien que je préfère. Un climat, une ambiance parfaitement rendus. Le trou du cul du monde : on y est et malgré l'angoisse qu'il sue on ne peut s'empêcher de lui voir une fulgurante beauté.
Arielle- Nombre de messages : 5605
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Localisation : sous le soleil breton
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