Ligne LGV-15h40

[abstract]

Ça devait être un de ces petits consultants d’une société leader sur le marché. Cadre dynamique de moins de trente ans, issu d’une école de commerce. On les repère de loin ces apôtres du grand capital au costume bien coupé. Anthracite, acier ou perle, gris nécessairement. La chemise bleu-ciel aux fines rayures, les poignets fermés par des boutons de manchettes.
Il a surgit dans ma voiture, l’air complètement hagard. C’est qu’on ne les voit pas souvent dans les trains ces jeunes à haut potentiel.
N’en pouvant plus dans son complet, il a balancé le veston sur le siège devant lui. Le laptop a suivi de peu. Puis, échoué sur la banquette, la tête entre les deux mains, il a ébouriffé ses cheveux. D’un geste impatient il a retiré sa cravate. J’ai commencé à me soucier de lui alors qu’il déboutonnait son col. Je l’ai regardé bouleverser le contenu de sa mallette à la recherche de son Ipod. Une fois les petits écouteurs blancs bien enfoncés dans les oreilles, je l’ai reconnu. Je l’ai retrouvé ce beau jeune gars pataugeant dans la boue, trempé jusqu’aux os dans son t-shirt Che Guevara décoloré. Là, juste devant la scène, le corps écrasé contre les barrières Nadar. Levant, au rythme des basses, un point rageur au ciel.
Les yeux fermés, absorbé par la musique son pied comptait les temps tandis que les impulsions de ses doigts trahissaient le batteur qu’il aurait pu être.
La sonnerie de son Blackberry le rappela à l’ordre.
- Allo ? Oui, j’arrive, on entre en gare. Je devrais être là dans vingt minutes.
De ses mains il a lissé sa coiffure. La cravate a réapparu de sous le siège, le lecteur Mp3 a retrouvé sa housse. Le veston bien en place, son dossier sous le bras il a repris son allure d’homme en gris, d’homme déjà vieilli.

[Invité]

Agréable mais un peu court, je trouve. La partie que j'ai préféré est celle-ci :
"Une fois les petits écouteurs blancs (...) le batteur qu’il aurait pu être.", où une tendresse transparaît pour le personnage.
J'aime moins la partie de description du gars, un peu caricaturale et facile.

Une remarque : "Il a surgi dans ma voiture", sans "t" à la fin du participe passé.

[lilicub]

oui c'est bien vu et agréablement narré. la longueur ne m'a pas spécialement génée, ce genre d'instantanés quand on est dans le train. qui est la narrateur ? cela autait peut être été intéressant d'avoir quelques pistes...

[Invité]

J'aurais bien vu le texte plus long. Tel quel, cet instantané reste un instantané, un témoignage comme on en lit beaucoup, sans vraie portée.

[Krystelle]

Un texte bref, sans fioritures inutiles. Il est bien écrit et il vise juste. Il en dit suffisamment pour allécher le lecteur mais pas tout à fait assez pour que l'on puisse bien cerner la plume.
J'imagine bien ce texte comme faisant partie d'un ensemble plus vaste, composé d'autres moments de vie, observés d'un train ou d'ailleurs...

[Sahkti]

Un fragment sympathique, éphémère, agréable sans être inoubliable.
Toutefois, le trait flirte parfois avec la caricature du jeune cadre dynamique, même si je sais qu'ils sont souvent comme ça. Rien à faire, je n'ai pas réussi à m'enlever l'image d'Obama, sourire aux lèvres et costume seyant, se déhanchant tel un félin... bref, forçant un peu l'allure.
J'ai finalement préféré le passage des écouteurs, rendant ce type plus vivant, presque sympathique.

[Invité]

Apprécié ce petit texte. Les transisitions sont brusques mais j'ai suivis.

[boc21fr]

C'est un petit texte très agréable à lire...bien écrit...je l’ai vraiment apprécié
On sent juste, et tous les autres commentateurs l'on écrit (c’est pratique de passer en dernier)...que tu pouvais aller plus loin...
Evoquer la nostalgie d'une époque révolue en rendant la jeunesse de l'"ancien cadre" plus sympathique et humaine, plus chaleureuse, et forcer encore plus le caractère froid et technophile superficiel de ce qu'il est devenu...
Le texte serait moins neutre et plus triste…

[panasonic]

Perso, je n'en ai pas trouve, de l'interet a ce texte. Amuse-bouche, a peine.

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