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Un instant

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Message  Dilo Jeu 6 Mai 2010 - 8:31

C'était un matin comme tous les autres. Un matin où l'on se lève et on effectue les mêmes gestes, pour se laver, s'habiller, sans s'en rendre compte. Notre cerveau remet en ordre les actions de la veille, ce qui a été fait, ce qui reste à faire. On reprend conscience tout doucement et des journées passées et des journées à venir. J'en étais sûrement là et puis de mettre mes chaussettes les yeux à demi fermés, quand j'entendis crier de la cuisine. Un cri comme un appel, qui ne se mêlait pas aux bruits coutumiers. C'est alors que la journée commença, et on rentre dedans aussi vite que le passage d'un avion à la vitesse du son. Elle était déjà toute blanche et tenait son doigt de son autre main comme s'il voulait la quitter. Du sang coulait le long de son poignet et se répandait à terre. Elle était là, ne bougeait pas, incapable de faire un pas de plus, une pensée de plus, qui l'entraînerait inexorablement vers une suite d'événements sans retour qu'elle ne voulait surtout pas commencer, ni connaître.
- Fais voir, je dis, comme si en réalité, je ne voulais pas voir.
L'ongle était coupé en deux dans le sens de la longueur, c'était tout ce qu'on voyait à travers ce sang. Et puis que la lame avait continué son chemin dans les profondeurs de la chair et on pouvait imaginer qu'elle s'était arrêtée seulement devant un corps plus dur, un os, une table… C'est à ce moment là qu'on perd connaissance normalement, quand on regarde et qu'on voit. Mais, elle s'assit et continua de me regarder, les yeux ronds, ébahie. Je passais mon bras autour de son coup. Ce que l'on doit faire pour rassurer, montrer qu'il n'y a pas seulement le mal que l'on sent. La sueur froide perlait sur sa nuque. Étrange sensation, la moiteur glacée d'un corps si pâle, dévoré inconsciemment par l'angoisse soudaine de la mort. Ce qu'on doit ressentir devant un ami qui est entrain de mourir, si jeune, d'une blessure. Voilà à quoi l'on pense dans ces moments là, à la mort, idée évasive du bout de la vie, qui en une seconde, se tient là devant vous, partout, et emplit la pièce de son malheur.
- Qu'est ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant ? Mon dieu, mais qu'est ce que j'ai fait ?
- Ce n'est rien, juste une coupure, on va désinfecter et puis mettre un pansement.
- Ça fait mal, ça fait trop mal, je t'en pris ne touche pas, va te laver les mains, elles sont sales, le couteau, c'est le couteau, je ne regardais pas, mon dieu mais qu'est ce que j'ai fait !
Quand on fait couler l'eau sur la plaie, on voit un instant puis le sang, à chaque battement, afflue et se répand. Instinctivement, on serre la jointure pour stopper l'hémorragie et le sang coagule et cesse doucement de couler. Alors, on désinfecte et cela est douloureux. Puis on panse avec ce qu'on a, du coton, du tissus et du scotch. Et elle ne dit rien, elle regarde, évasive, la douleur la serre et la pilonne comme un marteau incessant sur son doigt.
- Voilà, ça va mieux ?
Je demande mais je sais que la douleur est intarissable, comme un bruit sourd, une plainte, un râle. Je me tiens devant elle, pourtant je ne l'entends pas, cette douleur. Elle m'est étrangère. Tout autant que celle qui est assise devant moi, qui est ma femme, mais qui à cet instant, semble si loin, si seule. Seule avec sa douleur. Et on reste là, inutile, s'entendant dire de vains mots, de piètres consolations. En réalité, on a tout aussi mal, mal d'être impuissant devant l'injustice qui tombe du ciel au hasard sur les gens, sur ses proches. On se sent mal, on sert quelque chose très fort car, non la douleur, mais sa condition nous est transmise et on la subit d'autant plus que la vrai douleur ne retient pas notre attention. On dit alors : « j'ai mal pour toi » et on aimerait bien partir car on ne supporte plus cette douleur de l'autre.
Et puis, la vie reprend son cour, avec où sans douleur, chacun la reprend où elle en est. Les événements passés se redessinent et les journées à venir peuvent déjà être imaginées. Pourtant, il suffit d'un instant, un instant seulement, pour que tout bascule. Pour que la rivière déborde sans qu'on ne sache comment, ni pourquoi, qu'elle suive dorénavant un autre cour.

Dilo

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Message  Invité Jeu 6 Mai 2010 - 8:53

La démonstration me paraît un peu laborieuse... des moments touchants, oui, mais noyés selon moi dans cette volonté de tout bien expliquer pas à pas ; j'ai l'impression que cette volonté pédagogique, paradoxalement, empêche de bien comprendre, ou plutôt de vraiment ressentir.

Mes remarques :
« Mais, (pourquoi une virgule ici ?) elle s'assit et continua de me regarder »
« Je passai (et non « passais », c’est le passé simple qui s’impose pour cette action unique qui intervient dans le récit, et non l’imparfait) mon bras autour de son cou (et non « coup ») »
« Qu'est-ce (trait d’union) que j'ai fait ? Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant ? Mon dieu, mais qu'est-ce (trait d’union) que j'ai fait »
« je t'en prie ne touche pas »
« mon dieu mais qu'est-ce (trait d’union) que j'ai fait »
« du coton, du tissu (et non « tissus ») et du scotch »
« on serre quelque chose très fort car, non la douleur, mais sa condition nous est transmise et on la subit d'autant plus que la vraie douleur ne retient pas notre attention » : l’idée me paraît confusément exprimée
« la vie reprend son cours, avec ou sans douleur »
« qu'elle suive dorénavant un autre cours »

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Message  Plotine Jeu 6 Mai 2010 - 8:54

J'aime cette observation d'un évènement simple finalement mais habilement théâtralisé. Et puis ça soulève une réflexion intéressante : comment faire avec la douleur de l'autre ? Et puis cette banalité de l'existence qui tout à coup bascule dans l'exceptionnel est assez bien exprimée. Personnellement je trouve le mari un peu trop décontracté.
Un conseil pratique : les coupures de la main doivent toujours être examinées par un médecin, on peut avoir touché un tendon ou pire un vaisseau sanguin. Dans ce cas-là, direction : urgences.
Il y a des fautes d'orthographe.
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Message  Invité Ven 7 Mai 2010 - 3:42

L'utilisation de ce "on" en prose est délicat. Il se mutile quelquefois comme ici:
C'est alors que la journée commença, et on rentre dedans aussi vite que le passage d'un avion à la vitesse du son.
. Je verrai bien un rééquilibrage de son utilisation, à la baisse.

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Message  Invité Ven 7 Mai 2010 - 8:31

Je ne comprends pas l'utilisation du "on" distant, pas impliqué, plutôt que "je"- d'autant qu'à un moment le narrateur dit bien "ma femme" ; c'est la première chose qui m'a mise mal à l'aise. L'autre chose c'est que le récit retombe un peu comme un soufflé. Il y a cette montée ne puissance, doigt méchamment coupé et tout et tout, et puis pof.. rien. Pansement, c'est fini. De deux choses l'une, soit on dramatise et on va jusqu'au bout, en tout cas on évide le fil du récit jusqu'à sa fin ; soit on initie une réflexion sur la douleur, le partage de la douleur, le ressenti de l'autre etc, et on n'a pas besoin de toute cette mise en scène. Ce que je veux dire c'est qu'il me semble que le texte part d'une anecdote puis bifurque sur une réflexion philosophique. Je conçois bien que ce soit une méthode, une façon de faire mais là elle me semble manquer de conviction parce que la réflexion ne fait pas que s'appuyer l'anecdote en question qui a déjà pris trop de place.

Pour compléter les corrections de socque :
la vraie douleur ne retient pas notre attention

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Message  Invité Ven 7 Mai 2010 - 8:39

Ben, je l'avais signalé ! (Allez, parce que c'est toi : ;-))

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Message  Invité Ven 7 Mai 2010 - 9:26

socque a écrit:Ben, je l'avais signalé ! (Allez, parce que c'est toi : ;-))
:-)) oops a daisy !!

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Message  silene82 Ven 7 Mai 2010 - 9:35

Tout ça pour ça ? Je comprends l'argument, mais en pareil cas on peut agir efficacement, non, sauf si on veut garder le sang pour se bricoler une petite sanquette ou du boudin, forme de fétichisme amoureux qui peut se justifier.
Cela dit, le thème est intéressant, et aurait peut-être encore plus de force parlant d'une douleur invisible, comme certaines douleurs osseuses liées à l'arthrite dégénérative, où la totale impuissance du proche rend les mots dérisoires et imbéciles.
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Message  Anne Veillac Dim 9 Mai 2010 - 7:31

Je n'ai rien de très intéressant à dire parce que j'ai tout aimé, en bloc. Je me suis sentie concernée par ce texte. J'étais dedans, complètement.
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