Sans nom

[Calyco]

Je posais mes dents de lait comme des crocs et cela suffisait. Je n'imaginais pas que je serais perdante, des moins glorieuses, un échec moyen, même pas un échec le nez dans le ruisseau. Si j'ai eu un jour, une mécanique cervicale ou cardiaque, elle s'est enrayée depuis bien longtemps et c'est paradoxalement la roue libre.

Une chute continuelle de mes organes vitaux. Je pourrais rester allonger tant de temps pour regarder mon plafond blanc, me dire que l'on va mourir alors autant rêver, autant rêver, ne rien faire, vanité. Mais j'ai bien plus peur de perdre mon droit à l'alcoolisme que mes battements intra-cage thoracique.

J'ai laissé ma gueule traverser les âges et sombrer définitivement. Depuis je suis en tension, en danger complet. Je suis sans phare et sans aucun repère, j'ai tout oublié et je n'entrevois rien. Depuis que j'ai les yeux ouverts, c'est le noir complet. Je n'entends plus que moi et tout ce que je dis me dévore ou me dégoûte, je ne veux qu'oublier sans arrêt. Je ne m'intéresse plus qu'à moi.

Je n'existe pas. Je ne suis qu'un nom sur une carte d'identité, un même nom qu'on foutra sur un caveau familial un de ces matins. Tout, entre le jour où j'ai gueuler mon premier poumon et celui où j'expirerais mes dernières fumées, n'a aucun sens et n'a pas lieu d'être. Alors, pourquoi je me sens si mal d'être si peu ? Pourquoi tendre vers l'engloutissement des données.

Je ne crois plus en rien. Voilà ce qui a disparu cette après-midi là, bien plus que tout ce que j'ai pu en penser avant, ma foi. Ma foi a cramée. Je gratte la terre pour en retrouver les cendres et les manger. Mais tu sais, c'est volatile comme cadavre. Je voudrais dire, les mots qui chantent, je voudrais dire, les mots vivants, les mots qui flambent.

Ils ont déserté mon crâne, univoque désespérant. J'ai la nausée. J'ai la nausée parce que je ne sais plus quoi dire.

[Invité]

« Je ne m'intéresse plus qu'à moi », « J'ai la nausée parce que je ne sais plus quoi dire » : voilà les deux phrases qui, pour moi, résument le problème que me pose le texte à la lecture. On n'y parle que des affres d'une narratrice dont je ne sais absolument rien, et dont, de ce fait, lesdites affres ont peu de chance de me toucher, et je le trouve bavard, creux.

Ne vous laissez pas décourager par cet avis négatif, je vous souhaite la bienvenue sur Vos Écrits et serai heureuse de lire bientôt une histoire un peu plus chanue sous votre clavier, où le message que vous voudrez faire passer poura m'émouvoir dans la mesure où je pourrai m'identifier aux sentiments de ses protagonistes...

Sinon, quelques remarques de langue :
« Si j'ai eu un jour, (pourquoi une virgule ici ?) une mécanique cervicale »
« Je pourrais rester allongée (le narrateur qui n’imaginait pas qu’il « serait perdante » étant donc une narratrice) tant de temps »
« entre le jour où j'ai gueulé mon premier poumon et celui où j’expirerai (et non « j'expirerais », c’est le futur qui s’impose et non le conditionnel) mes dernières fumées »
« Ma foi a cramé (et non « cramée ») »
« Je voudrais dire, (pourquoi une virgule ici ?) les mots qui chantent, je voudrais dire, (et ici ?) les mots vivants »

[Invité]

Un frémissement, une possibilité d'un certain charme dans l'expression, ici et là, un potentiel original pour appréhender les banalités. Tout ça à utiliser à meilleur escient que pour ce sujet rebattu qui n'intéresse que celui/celle qui l'écrit.

[Sahkti]

Sans nom, c'est un titre ou bien ?
(je l'indexe tel quel au catalogue, je modifierai le cas échéant, mais ça serait bien de donner un titre à ses textes, merci)

[mentor]

la seule chose que j'aime bien dans tout ça, c'est l'avatar ;-)

[Invité]

J'ai adoré la première phrase, et bien aimé quelques autres. Il me semble qu'un potentiel existe, à condition d'élargir un peu la thématique, entre le nombril de Vénus et la ligne bleue des Vosges...

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