Vide ton verre

[redstar]

Spoiler:

La salle est vide et le comptoir poussiéreux. Le barman s'efforce de le nettoyer en agitant mollement son torchon dessus. Les cendres de sa cigarette s'écrasent tout aussi mollement sur le bois. Le type accoudé au bar fixe d'un oeil morrose le bulles monter dans son verre de bière. De l'extérieur, du moins, on le croirait morrose. Mais qu'en sait-on? Si, écartant le désespoir vain et infondé se trainant au long de son regard, il agissait; si il avait des couilles, il se léverait et éclaterait ce verre de merde sur le comptoir, histoire de donner plus de travail à l'autre demeuré dont le seul rôle sur Terre est de briquer un abreuvoir à alcoolique. Il sortirait dans la rue, là où il pleut tellement fort que l'on n'y voit pas à trois mètres, mais pour lui ce serait pareil. Il hurlerait aussi fort que ses poumons le lui permettraient, il expliquerait au monde en un stupide cri bestial qu'il est là, et partout dans l'univers on l'entendrait, il foncerait à travers l'espace et toucherait toutes les étoiles du bout des doigts en l'apogée de son délire, et merde les nuages, merde la pluie, merde les gens, merde le barman qui gueule derrière lui avec un verre brisé à la main. Comme si ça avait une quelconque importance. Mais il comprendra aussi. Il comprendra, et peu importe quand et comment, il ne survivra plus, il vivra, flamboyant au coeur d'un monde qui tourne comme les engrenages d'une machine au lieu d'aller où il veut. Il sera alors la vie, celle où on comprend que l'on n'a pas un rôle mais une place, celle où on ne pleurera plus les morts.
Et en attendant, la salle est toujours vide. La barman se rallume une clope avant de nettoyer les cendres de la précédente. L'homme au bar fixe toujours les bulles dans son verre de bière qui se vide peu à peu.

[Invité]

Bah, vous n'allez pas vous laisser tracasser par la critique ! Je le trouve pas mal, ce texte, un peu lu déjà ailleurs, sans doute (sujet assez rebattu, quoi), mais avec un beau moment d'énergie avant le retour au merdique.

Mes remarques :
« Le type accoudé au bar fixe d'un œil morose (et non « morrose ») les bulles monter dans son verre de bière » : je trouve que c’est un peu bizarre, comme construction, de fixer un truc + infinitif désignant l’action du truc
« on le croirait morose (et non « morrose »). Mais qu'en sait-on? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« il agissait; s’il avait des couilles » : typographie, une espace avant le point-virgule
« un abreuvoir à alcoolique » : je mettrais un « s » à « alcoolique », après tout il y en a plusieurs autour de l’abreuvoir, j’espère pour le patron ; cela dit, ça se discute
« flamboyant au cœur d'un monde »

[redstar]

Merci. Je reconnais moi-même que c'est du déjà-lu mais j'ai eu envie. Cependant, je viens d'écrire une longue nouvelle, et je suis assez content de moi, je la posterai dans une semaine.

Je corrigerai les erreurs que vous m'avez signalé.

Merci, LTDM

[silene82]

Le thème est un peu usé, mais ça crie un peu, ce qui n'est pas mal. Un peu timidement à mon goût. Ca fait un peu cheap bâclé, tant dans la forme que dans le fond, nonobstant l'orthographe : c'est agaçant pour le lecteur, et donne l'impression d'un truc par-dessous la jambe. Dommage.

[Invité]

Je trouve trop évidente, transparente, la volonté de faire violent et désabusé, forcée l'expression. N'empêche, il y a dans cette petite scène une ambiance à la Hopper, et c'est déjà très bien d'avoir réussi à installer ceci en quelques courtes lignes.

[redstar]

Merci pour vos commentaires. Pour ne pas mentir; oui ce texte est bâclé, mais vraiment. Je l'ai écris sur un coup de tête.
Mais j'ai "retrouvé goût" à l'écriture si je puis dire. J'ai écris une nouvelle plus longue que ce petit texte, que je publierai vendredi, une semaine après donc.

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