Suicide day

[Bliss]

14h19.

Elie doit l’attendre, Anna a déjà 20 minutes de retard.

Deux types l’ont aidée à sortir du métro, elle n’y serait pas arrivée seule tellement ses jambes tremblaient. Sur le trottoir, les gens la dévisagent, elle et sa gueule livide. Anna, elle ne distingue rien d’autre qu’une masse bruyante et floue qui ne cesse de s’agiter devant elle. Elle n’a toujours pas lâché la rambarde de l’escalier du métro, seul moyen qu’elle a trouvé jusque là pour ne pas tomber à nouveau dans les vapes. Soudain, une douleur vive lui transperce les viscères, et un jet de bile jaillit de sa bouche. Elle se plie en deux, secouée de spasmes au bide.

Ce midi, pendant qu’Anna attendait le métro sur le quai de la station Châtelet, une fille de son âge s’est jetée sous les rails du gros ver métallique. Sous ses yeux. Elle l’a vue fixer la voie d’en face, prendre son élan et sauter au moment où l’engin arrivait. Et dire que quelques minutes auparavant, elle l’avait bousculée dans l’escalier, elle-même perdue dans ses sombres pensées. Elle non plus, elle n’en menait pas large à ce moment-là.

Elle l’a vue. Elle aurait dû s’en douter. Elle a reconnu le regard si familier de cette femme avant que le métro ne réduise son visage pâle en une bouillie de chair. Ces yeux vides, dévitalisés, que rien au monde n’aurait pu perturber. Absolument rien. Comme si le regard s’éteignait instinctivement avant l’Acte final. Ce jour-là, Anna avait ce même regard, et fixait de manière tout aussi stoïque le couple de vieux assis de l’autre côté de la rame. Si cette fille n’avait pas sauté, Anna, elle, se serait chargée de le faire.

Trop tard.

[Rebecca]

"Sur le trottoir, les gens la dévisagent, elle et sa gueule livide. Anna, elle ne distingue rien d’autre qu’une masse bruyante et floue qui ne cesse de s’agiter devant elle. Elle "

Trop de "elle" dans cette phrase ce qui tue le rythme à mon avis. A scène percutante, j'imaginerai des phrases moins lourdes plus ramassées.
"Sur le trottoir, les gens la dévisagent, elle et sa gueule livide. Anna ne distingue rien qu'une masse bruyante et floue qui s'agite."

Le "secouée de spasmes au bide" est plutôt moche , "secouée de spasmes" suffirait je pense.

"Elle l’a vue fixer la voie d’en face"
tu nous dis que ça s'est passé à midi soit deux heures avant , "elle l'avait vue" irait mieux

"Et dire que quelques minutes auparavant, elle l’avait bousculée dans l’escalier, elle-même perdue dans ses sombres pensées" : le elle même est en trop je trouve, je verrai plutôt: "Et dire que quelques minutes auparavant, perdue dans ses sombres pensées, elle l'avait bousculée dans l'escalier."

"Elle non plus, elle n’en menait pas large à ce moment-là."
Encore un elle à élaguer.

"Elle l'a vue. Elle aurait du s'en douter . Elle a reconnu le regard si familier "... " comme si le regard s'éteignait avant l'Acte final " : il y a un problème de temps : il me semble qu'il eut été plus logique d'écrire : Elle l'avait vue. Elle aurait du s'en douter . Elle avait reconnu le regard si familier "... " comme si son regard s'était éteint avant l'Acte final.

"Si cette fille n’avait pas sauté, Anna, elle, se serait chargée de le faire."
Lourd et peu clair , ça rend la pensée moins percutante car on ne la décrypte pas de suite , on se demande elle "se serait chargée de faire" quoi ? Aider la fille à sauter ou sauter à sa place ?

Donc en résumé , je dirai qu'il faut élaguer les redondances et harmoniser les temps .
Sinon tel que c'est un peu court pour avoir une opinion sur le fond. Est ce une introduction à quelque chose de plus long ?

[Bliss]

J'écris beaucoup de textes courts, et celui-ci est mon tout dernier, il n'a pas de suite, j'ai préféré le laisser tel quel.
Merci beaucoup pour toutes les précisions ! Je vais remanier tout ça...

[Lifewithwords]

J'ai plus l'impression d'une idée : "Une femme qui ne se sent pas bien croise dans le métro une femme qui ne se sent pas bien non plus et qui va se suicider sous ses yeux. Elle s'en voudra à jamais de n'avoir rien fait, elle l'avait vue, elle était trop absorbée par son propre malheur.", retranscrite dans un texte à peine plus long.
Ce que je veux dire c'est que l'idée est forte et mériterait un travail beaucoup plus poussé car elle reste, malgré sa puissance, une idée commune (dans la littérature)...

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