Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
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Charles
Sahktimentor
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Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
ÇA SAIGNE EN SARDAIGNE
Sardinna Airways. Passage obligé par Rome pour atteindre Cagliari. Le voyage depuis Caracas va être long, Victor le sait, il n'a pas le choix.
Pendant toute la durée du vol, il examine, lit et relit les documents remis par Sarah. Les doigts fébriles, il compulse ses notes. Va-t-il enfin toucher au but ? La Sardaigne, il n'y aurait jamais pensé. Et pourtant les preuves sont là, on a retrouvé des fossiles. Pas étonnant en y réfléchissant, il y a du précambrien partout sur l'île.
L'esprit de Victor vagabonde. L'espèce a-t-elle survécu ? Personne n'en a entendu parler, mais pourquoi pas ?! Ce serait fantastique ! Sourire aux lèvres, Victor se sent bien, le voyage s'annonce prometteur. Pour passer le temps, il feuillette le guide acheté à la hâte dans une boutique de l'aéroport. Ses yeux se posent sur la rubrique cuisine. Pecorino sardo, culurzones, aranzata... que de noms enchanteurs. Mais d'abord repérer les lieux de découverte des fossiles. Le regard plongé dans les cartes, Victor ne remarque pas que l'avion a atterri et que les passagers ont commencé à descendre.
- Monsieur, s'il vous plaît.
- Oui ? ha... pardon !
L'air chaud de Cagliari lui caresse le visage. L'air lui paraît plus respirable qu'à Caracas. Peut-être se sent-il moins oppressé...
Première démarche, trouver un transport pour le Gennargentu.
Victor a tôt fait d’obtenir une voiture de location. Une Panda…
- "On pourrait en mettre trois comme ça dans le coffre de la Chrysler de Caracas…" songe l’homme.
Peu importe, l’essentiel : un volant et des roues pour la liberté.
Le voilà qui file plein nord sur une route assez cahoteuse. Il traverse Monastir. Bien sûr ce nom lui remémore quelques vieux souvenirs de son séjour en Tunisie.
Après Mandas, la route devient très sinueuse et bien plus accidentée. Peut-être aurait-il dû prendre la voie côtière dès le début, quitte à rallonger le trajet.
Mais Victor ne regrette pas son choix tant les paysages sont variés et sauvages. Un agréable mistral atténue la chaleur et c’est aussi bien car la Panda n’a pas de place pour une clim…
Quasiment aucune circulation sur cette route intérieure . Seules quelques rares carrioles tirées par des ânes ponctuent son périple.
Arrivé au pied du massif du Gennargentu dont les nuages dissimulent les sommets, il avise un village et décide d’une courte halte.
Presque toutes les façades des maisons sont bariolées de fresques représentant des personnages ou des scènes de la vie quotidienne.
- C’est autre chose que les tags du métro parisien, songe Victor.
Délaissant sa voiturette, il pénètre dans ce qui ressemble à un débit de boisson-bazar-pharmacie-station-service et cherche le tenancier…
Une enseigne "Bienvenue à Laconi" est accrochée vaille que vaille au-dessus de la porte. Laconi. Victor déniche le village sur sa carte. Il lui reste un bout de chemin à faire avant d'atteindre Punta la Marmora.
Las, Victor s'installe à une table. Il hésite à allumer une cigarette. Ce serait idiot de recommencer maintenant. Les murs sont couverts d'affiches. Des reproductions murales ; il y en a partout. Des coupures de presse également. Relatant des vols de moutons. Les fameux bandits sardes.
Victor se surprend à sourire. Son combat lui semble soudain si dérisoire face aux revendications qui ornent les façades du village et l'intérieur du bistrot.
Aimerait-il vivre ici ? Il n'en sait rien, il ne croit pas. Sauf si enfin il met la main sur son précieux trésor. Alors il pourrait passer des années à étudier cette espèce qu'il pourchasse depuis si longtemps.
Perdu dans ses pensées, Victor est surpris lorsque quelqu'un tape sur son épaule. Il lève la tête et se retrouve nez à nez avec un paysan qui lui débite un long discours saccadé auquel il ne comprend rien. Il interroge le tenancier du regard, qui se met à parler dans cette langue inconnue et remballe le pauvre vieux.
- Excusez Marghinotti, il ne parle que nuorese. L'a jamais pu se mettre à l'italien. Jusqu'à sa mort il résistera !
- Ho... que me voulait-il ?
- Vous parler de la montagne et des astores et aussi de sa femme qui est morte. Il perd la tête, faut pas écouter ses délires.
- Il en a vu des astores ?
- Personne en a jamais vu, alors Marghinotti, vous pensez bien...
Victor se souvient que cette espèce est mentionnée dans son guide comme très rare; ça l'avait fait sourire, parce que rare, le Routard ne doit pas savoir ce que ça veut dire. Victor, si. C'est pour ça qu'il est là. D'ailleurs il ne doit plus traîner, le soir va bientôt arriver et il y a encore de la route à faire.
Orgosolo. D'abord passer Punta la Marmora puis direction Orgosolo...
La petite Fiat a donné quelques signes de fatigue. Victor décide de la laisser souffler et lui aussi, par la même occasion. Avisant un commerce dont le trottoir s’orne d’une antique pompe à essence à bras, il se gare et demande le plein au gamin qui l’a regardé arriver.
- Hola ! Pas grand monde en ce moment, hein !
- Ca va venir monsieur, ça va venir. Les gens, ils viennent des fois juste pour voir les peintures sur les murs !
- C’est vrai que c’est original et joli. Mais, dis-moi : y aurait pas un petit hôtel pas loin, une auberge, tu vois.
- Si c’est pour deux ou trois jours, monsieur, vous pouvez rester là. Demandez à mon père, à l’intérieur, il va vous trouver ça !
Il n’en demande pas tant Victor, habitué à toutes les conditions d’hébergement imaginables.
Le réduit que son hôte lui montre lui convient parfaitement. Les volets sont restés fermés la journée pour éviter d’emmagasiner trop de chaleur. Les murs de crépi blanc sont propres et nus. Contraste avec toutes les façades bariolées de la rue.
Il pose son sac, prend une douche rapide puis ressort pour une excursion d’observation dans les hauteurs.
Les premières pentes du massif sont encore assez boisées. Mais plus haut il ne reste que de la caillasse, des buissons et de l’herbe rase brûlée par le soleil.
Délaissant sa Panda près d’un gros rocher qui offre une ombre propice, Victor attaque un chemin à peine visible, sans doute emprunté par des muletiers, s’il en juge par les crottins ici et là.
Un amoncellement de rocs lui fait penser, de très loin, à certains chaos des forêts bretonnes. Il s’en approche, conscient que de tels remous géologiques ont souvent été favorables aux habitats, humains ou animaux.
L’air est pur et silencieux. Le soleil darde mais il fait frais. Rien ne bouge. Même pas un lézard pour animer le tableau. Victor entend ses pas sur l’herbe rêche.
Contournant un bloc énorme, l’homme a un mouvement de recul ! Il rentre la tête dans les épaules et ferme les yeux sous l’effet d’un souffle puissant qui le frôle. Il s’est plaqué à la paroi rocheuse, persuadé d’être l’objet d’une attaque.
Reprenant ses esprits, Victor cherche l’origine de ce souffle et avise, déjà loin là bas, filant en vol plané vers le bas de la montagne, une sorte de rapace de grande envergure, impossible à identifier à cette distance.
L’homme peste contre son manque de préparation. Pourquoi n’avoir pas pris son appareil-photo en bandoulière, comme d’habitude ? Mais il ne s’attendait pas à tomber sur du vif ! Du moins pas aujourd’hui.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il se met en quête de l’aire de l’oiseau. Si c’était une femelle, avec des œufs au nid, elle n’aurait pas fui comme ça, mais plutôt gardé l’endroit avec pugnacité.
Son examen des lieux ne lui apporte rien, rien de rien. Le temps passe…
- Pas de bol en ce moment, s’avoue Victor. Tant pis, j’essaierai de cuisiner un peu les anciens du lieu. Dommage, ce Marghinotti, à Laconi. Si j’avais su un peu de nuorese, j’aurais peut-être pu en tirer des infos sur les astores… Allez, pas de regrets ! La Panda, et hop, enquête de détective à Orgosolo. J’aurais dû commencer par là au lieu de perdre deux heures ici.
La Panda… Elle est penchée à plus de 45 degrés en appui sur le rocher. A l’ombre, toujours... Mais bien amochée ! Le flanc gauche est tagué d’inscriptions incompréhensibles.
Victor ne l’a vue qu’en arrivant dessus, cachée qu’elle était dans la descente du chemin.
- De bleu de de bleu de merde ! Les bandits sardes ? Quand même pas ! Ils l’auraient volée, ou ils auraient siphonné l’essence ! Mais pourquoi la casser, bon Dieu ! Et d’ici que je trouve de l’aide… dans ce bled perdu… Tiens, une idée…
Avisant un vieux madrier, Victor le glisse tant bien que mal entre le rocher et la tôle, en partie haute, et fait levier.
- Celui qui a dit "donnez-moi un point d’appui et je soulève le monde", celui-là il a intérêt à avoir bien fait ses calculs !
D’une poussée, Victor fait basculer la Fiat qui retombe benoîtement sur ses quatre roues.
- Avec la Chrysler, j’aurais eu plus de mal ! Bon, c’est toujours ça : une paire de semelles d’économisées ! Allez, et pourvu qu’ils m’aient pas sucé le réservoir !
Non, le moteur démarre. C’est alors seulement que Victor sent qu’il s’est assis sur quelque chose… Quelque chose de mou, de froid, de mouillé…
Il rouvre la portière, saute de son siège et peine à retenir une nausée : un oiseau, un Duc huppé, de la taille d’un gros merle, mort depuis peu, gît, ailes et pattes en croix, bien à plat, yeux crevés… Près de son bec, une petite boule rouge foncé, sanguinolente, son cœur…
Victor se force à examiner le volatile de plus près et constate qu’il a bien été mutilé avant d’être exposé à dessein sur son siège… Son œil exercé reconnaît un tichodrome échelette. Avec stupeur car il ignorait qu’il en existait de cette taille ! En outre c’est une espèce d’une grande rareté et ce geste le choque d’autant plus.
- C'est l'œuvre de l'homme et non d'un animal. Est-ce un message ? A mon intention ? Certainement, mais pourquoi moi, Victor ? Qu'ai-je bien pu faire ou dire qui justifie ce courroux de la population locale ? Je n'ai parlé à personne de mes recherches, personne ne sait que je suis là...
Sarah...
- Sarah bien sûr ! C'est elle qui m'a remis les documents mentionnant la présence des espèces animales sur l'île. Ces infos, elle les a obtenues de quelqu'un à qui elle a pu se confier, trop en dire, sans se douter que... Ho, je la maudis, cette bavarde ! Elle sait que je ne veux pas ébruiter mes recherches.
Mais je suis bête... elle n'est en rien responsable de ce qui arrive, elle s'est renseignée, c'est tout. C'est ici que ça coince, nulle part ailleurs.
L'oiseau mort est toujours là ; Victor le contemple avec tristesse et dégoût. Afin de récupérer une certaine contenance et son calme, il décide de lui offrir une sépulture digne de ce nom. La terre est sèche, le travail pas bien compliqué, ça lui permet de réfléchir à la suite à donner à ce voyage qui semble ne le mener nulle part.
- Est-ce que je dois poursuivre mes recherches au risque d'affronter la colère locale ? Mais pourquoi cette révolte et ce simulacre de sacrifice... Je ne comprends pas, je ne chasse rien, je ne veux rien dérober. Je suis là simplement pour observer et peut-être réaliser le rêve de ma vie, les voir vivants !
Mais bon sang, sans doute y a-t-il eu des précédents ! Des chercheurs peu scrupuleux, des profanateurs, des voleurs, toutes sortes de margoulins...
Ha si seulement je pouvais m'entretenir en privé avec ce Marghinotti, le faire parler du passé de ce territoire, savoir ce qui a pu arriver. Mais pourquoi est-ce que je ne parle pas le nuorese !? Comment causer avec quelqu'un dont je ne comprends pas un traître mot ?! Evidemment, si je demande l'aide d'un autochtone pour la traduction, la rumeur va courir, enfler... mes propos risquent d'être mal interprétés, que va-t-on encore imaginer...
Alors qu'il termine de tasser la terre avec ses doigts, un coup de feu retentit et un nuage d'oiseaux noirs couvre le ciel au-dessus de Victor. Sombre présage se dit-il... Peut-être vaudrait-il mieux retourner à Cagliari, se faire oublier quelques temps. Si près du but ! Victor enrage, c'est trop bête.
Il regagne la voiture et redescend vers le village. Il ne s'y arrête même pas, il n'a plus confiance en personne. Retour sur Laconi, se reposer un peu, vérifier l'état de la voiture et pour le reste, on verra bien.
A proximité d'un calvaire, Victor aperçoit de justesse un troupeau de chèvres qui lui barre la route. Patiemment, Victor attend, la tête noyée sous les pensées les plus amères. Que faire, que dire...
En entendant le cri d'un oiseau dans le ciel, Victor se ressaisit, pas question d'abandonner aussi vite ! Après tout, il ne veut de mal à personne !
Les kilomètres lui paraissent soudain plus légers. Il ira jusqu'au bout, sa passion n'a pas de prix.
Arrivé à Laconi, Victor hésite...
- Si j'essayais tout de même de discuter un peu avec le vieux, l'air de rien... je pourrais jouer les touristes, c'est toujours curieux un touriste. Et si j'en profitais pour lui montrer un croquis, en douce et en vitesse, voir comment il va réagir...
En repoussant la porte de l'auberge-bazar-pharmacie-station-service, Victor est frappé par le silence qui y règne. Quatre personnes sont accoudées au comptoir et le regardent d'un oeil noir. Le vieux Marghinotti est là lui aussi et quand Victor le salue, il hausse les épaules en grognant et lui tourne le dos. Même le barman semble moins disposé à son égard que quelques heures plus tôt.
L'esprit à nouveau assombri par ces soucis, Victor décide de faire un tour dans le village. Qui sait, un autre bavard croisera peut-être son chemin et celui-là parlera une langue qu'il comprend.
Mais non, rien ni personne, les routes sont désertes. Victor a pourtant l'impression d'entendre grincer quelques volets et de surprendre des regards cachés derrière les figuiers.
De retour à la boutique, une mauvaise surprise l'attend. Son coffre est grand ouvert, sa valise a disparu.
- Cette fois c'en est trop ! Qu'est-ce qui se passe ici ?
Personne n'a rien vu rien entendu. Pas étonnant...
Pris d'un doute, Victor fouille fébrilement dans la boîte à gants. Les documents remis par Sarah à Caracas s'y trouvent toujours.
Sardaigne, Gennargentu. Première destination conseillée d'après les renseignements obtenus. En-dessous, une seconde, un autre pays.
- Pourquoi pas... Je pourrai toujours revenir ici une fois que les choses se seront tassées et que les gens m'auront oublié. Comme on dit ici "Feisì amigusu"...
Je reviendrai!
Sardinna Airways. Passage obligé par Rome pour atteindre Cagliari. Le voyage depuis Caracas va être long, Victor le sait, il n'a pas le choix.
Pendant toute la durée du vol, il examine, lit et relit les documents remis par Sarah. Les doigts fébriles, il compulse ses notes. Va-t-il enfin toucher au but ? La Sardaigne, il n'y aurait jamais pensé. Et pourtant les preuves sont là, on a retrouvé des fossiles. Pas étonnant en y réfléchissant, il y a du précambrien partout sur l'île.
L'esprit de Victor vagabonde. L'espèce a-t-elle survécu ? Personne n'en a entendu parler, mais pourquoi pas ?! Ce serait fantastique ! Sourire aux lèvres, Victor se sent bien, le voyage s'annonce prometteur. Pour passer le temps, il feuillette le guide acheté à la hâte dans une boutique de l'aéroport. Ses yeux se posent sur la rubrique cuisine. Pecorino sardo, culurzones, aranzata... que de noms enchanteurs. Mais d'abord repérer les lieux de découverte des fossiles. Le regard plongé dans les cartes, Victor ne remarque pas que l'avion a atterri et que les passagers ont commencé à descendre.
- Monsieur, s'il vous plaît.
- Oui ? ha... pardon !
L'air chaud de Cagliari lui caresse le visage. L'air lui paraît plus respirable qu'à Caracas. Peut-être se sent-il moins oppressé...
Première démarche, trouver un transport pour le Gennargentu.
Victor a tôt fait d’obtenir une voiture de location. Une Panda…
- "On pourrait en mettre trois comme ça dans le coffre de la Chrysler de Caracas…" songe l’homme.
Peu importe, l’essentiel : un volant et des roues pour la liberté.
Le voilà qui file plein nord sur une route assez cahoteuse. Il traverse Monastir. Bien sûr ce nom lui remémore quelques vieux souvenirs de son séjour en Tunisie.
Après Mandas, la route devient très sinueuse et bien plus accidentée. Peut-être aurait-il dû prendre la voie côtière dès le début, quitte à rallonger le trajet.
Mais Victor ne regrette pas son choix tant les paysages sont variés et sauvages. Un agréable mistral atténue la chaleur et c’est aussi bien car la Panda n’a pas de place pour une clim…
Quasiment aucune circulation sur cette route intérieure . Seules quelques rares carrioles tirées par des ânes ponctuent son périple.
Arrivé au pied du massif du Gennargentu dont les nuages dissimulent les sommets, il avise un village et décide d’une courte halte.
Presque toutes les façades des maisons sont bariolées de fresques représentant des personnages ou des scènes de la vie quotidienne.
- C’est autre chose que les tags du métro parisien, songe Victor.
Délaissant sa voiturette, il pénètre dans ce qui ressemble à un débit de boisson-bazar-pharmacie-station-service et cherche le tenancier…
Une enseigne "Bienvenue à Laconi" est accrochée vaille que vaille au-dessus de la porte. Laconi. Victor déniche le village sur sa carte. Il lui reste un bout de chemin à faire avant d'atteindre Punta la Marmora.
Las, Victor s'installe à une table. Il hésite à allumer une cigarette. Ce serait idiot de recommencer maintenant. Les murs sont couverts d'affiches. Des reproductions murales ; il y en a partout. Des coupures de presse également. Relatant des vols de moutons. Les fameux bandits sardes.
Victor se surprend à sourire. Son combat lui semble soudain si dérisoire face aux revendications qui ornent les façades du village et l'intérieur du bistrot.
Aimerait-il vivre ici ? Il n'en sait rien, il ne croit pas. Sauf si enfin il met la main sur son précieux trésor. Alors il pourrait passer des années à étudier cette espèce qu'il pourchasse depuis si longtemps.
Perdu dans ses pensées, Victor est surpris lorsque quelqu'un tape sur son épaule. Il lève la tête et se retrouve nez à nez avec un paysan qui lui débite un long discours saccadé auquel il ne comprend rien. Il interroge le tenancier du regard, qui se met à parler dans cette langue inconnue et remballe le pauvre vieux.
- Excusez Marghinotti, il ne parle que nuorese. L'a jamais pu se mettre à l'italien. Jusqu'à sa mort il résistera !
- Ho... que me voulait-il ?
- Vous parler de la montagne et des astores et aussi de sa femme qui est morte. Il perd la tête, faut pas écouter ses délires.
- Il en a vu des astores ?
- Personne en a jamais vu, alors Marghinotti, vous pensez bien...
Victor se souvient que cette espèce est mentionnée dans son guide comme très rare; ça l'avait fait sourire, parce que rare, le Routard ne doit pas savoir ce que ça veut dire. Victor, si. C'est pour ça qu'il est là. D'ailleurs il ne doit plus traîner, le soir va bientôt arriver et il y a encore de la route à faire.
Orgosolo. D'abord passer Punta la Marmora puis direction Orgosolo...
La petite Fiat a donné quelques signes de fatigue. Victor décide de la laisser souffler et lui aussi, par la même occasion. Avisant un commerce dont le trottoir s’orne d’une antique pompe à essence à bras, il se gare et demande le plein au gamin qui l’a regardé arriver.
- Hola ! Pas grand monde en ce moment, hein !
- Ca va venir monsieur, ça va venir. Les gens, ils viennent des fois juste pour voir les peintures sur les murs !
- C’est vrai que c’est original et joli. Mais, dis-moi : y aurait pas un petit hôtel pas loin, une auberge, tu vois.
- Si c’est pour deux ou trois jours, monsieur, vous pouvez rester là. Demandez à mon père, à l’intérieur, il va vous trouver ça !
Il n’en demande pas tant Victor, habitué à toutes les conditions d’hébergement imaginables.
Le réduit que son hôte lui montre lui convient parfaitement. Les volets sont restés fermés la journée pour éviter d’emmagasiner trop de chaleur. Les murs de crépi blanc sont propres et nus. Contraste avec toutes les façades bariolées de la rue.
Il pose son sac, prend une douche rapide puis ressort pour une excursion d’observation dans les hauteurs.
Les premières pentes du massif sont encore assez boisées. Mais plus haut il ne reste que de la caillasse, des buissons et de l’herbe rase brûlée par le soleil.
Délaissant sa Panda près d’un gros rocher qui offre une ombre propice, Victor attaque un chemin à peine visible, sans doute emprunté par des muletiers, s’il en juge par les crottins ici et là.
Un amoncellement de rocs lui fait penser, de très loin, à certains chaos des forêts bretonnes. Il s’en approche, conscient que de tels remous géologiques ont souvent été favorables aux habitats, humains ou animaux.
L’air est pur et silencieux. Le soleil darde mais il fait frais. Rien ne bouge. Même pas un lézard pour animer le tableau. Victor entend ses pas sur l’herbe rêche.
Contournant un bloc énorme, l’homme a un mouvement de recul ! Il rentre la tête dans les épaules et ferme les yeux sous l’effet d’un souffle puissant qui le frôle. Il s’est plaqué à la paroi rocheuse, persuadé d’être l’objet d’une attaque.
Reprenant ses esprits, Victor cherche l’origine de ce souffle et avise, déjà loin là bas, filant en vol plané vers le bas de la montagne, une sorte de rapace de grande envergure, impossible à identifier à cette distance.
L’homme peste contre son manque de préparation. Pourquoi n’avoir pas pris son appareil-photo en bandoulière, comme d’habitude ? Mais il ne s’attendait pas à tomber sur du vif ! Du moins pas aujourd’hui.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il se met en quête de l’aire de l’oiseau. Si c’était une femelle, avec des œufs au nid, elle n’aurait pas fui comme ça, mais plutôt gardé l’endroit avec pugnacité.
Son examen des lieux ne lui apporte rien, rien de rien. Le temps passe…
- Pas de bol en ce moment, s’avoue Victor. Tant pis, j’essaierai de cuisiner un peu les anciens du lieu. Dommage, ce Marghinotti, à Laconi. Si j’avais su un peu de nuorese, j’aurais peut-être pu en tirer des infos sur les astores… Allez, pas de regrets ! La Panda, et hop, enquête de détective à Orgosolo. J’aurais dû commencer par là au lieu de perdre deux heures ici.
La Panda… Elle est penchée à plus de 45 degrés en appui sur le rocher. A l’ombre, toujours... Mais bien amochée ! Le flanc gauche est tagué d’inscriptions incompréhensibles.
Victor ne l’a vue qu’en arrivant dessus, cachée qu’elle était dans la descente du chemin.
- De bleu de de bleu de merde ! Les bandits sardes ? Quand même pas ! Ils l’auraient volée, ou ils auraient siphonné l’essence ! Mais pourquoi la casser, bon Dieu ! Et d’ici que je trouve de l’aide… dans ce bled perdu… Tiens, une idée…
Avisant un vieux madrier, Victor le glisse tant bien que mal entre le rocher et la tôle, en partie haute, et fait levier.
- Celui qui a dit "donnez-moi un point d’appui et je soulève le monde", celui-là il a intérêt à avoir bien fait ses calculs !
D’une poussée, Victor fait basculer la Fiat qui retombe benoîtement sur ses quatre roues.
- Avec la Chrysler, j’aurais eu plus de mal ! Bon, c’est toujours ça : une paire de semelles d’économisées ! Allez, et pourvu qu’ils m’aient pas sucé le réservoir !
Non, le moteur démarre. C’est alors seulement que Victor sent qu’il s’est assis sur quelque chose… Quelque chose de mou, de froid, de mouillé…
Il rouvre la portière, saute de son siège et peine à retenir une nausée : un oiseau, un Duc huppé, de la taille d’un gros merle, mort depuis peu, gît, ailes et pattes en croix, bien à plat, yeux crevés… Près de son bec, une petite boule rouge foncé, sanguinolente, son cœur…
Victor se force à examiner le volatile de plus près et constate qu’il a bien été mutilé avant d’être exposé à dessein sur son siège… Son œil exercé reconnaît un tichodrome échelette. Avec stupeur car il ignorait qu’il en existait de cette taille ! En outre c’est une espèce d’une grande rareté et ce geste le choque d’autant plus.
- C'est l'œuvre de l'homme et non d'un animal. Est-ce un message ? A mon intention ? Certainement, mais pourquoi moi, Victor ? Qu'ai-je bien pu faire ou dire qui justifie ce courroux de la population locale ? Je n'ai parlé à personne de mes recherches, personne ne sait que je suis là...
Sarah...
- Sarah bien sûr ! C'est elle qui m'a remis les documents mentionnant la présence des espèces animales sur l'île. Ces infos, elle les a obtenues de quelqu'un à qui elle a pu se confier, trop en dire, sans se douter que... Ho, je la maudis, cette bavarde ! Elle sait que je ne veux pas ébruiter mes recherches.
Mais je suis bête... elle n'est en rien responsable de ce qui arrive, elle s'est renseignée, c'est tout. C'est ici que ça coince, nulle part ailleurs.
L'oiseau mort est toujours là ; Victor le contemple avec tristesse et dégoût. Afin de récupérer une certaine contenance et son calme, il décide de lui offrir une sépulture digne de ce nom. La terre est sèche, le travail pas bien compliqué, ça lui permet de réfléchir à la suite à donner à ce voyage qui semble ne le mener nulle part.
- Est-ce que je dois poursuivre mes recherches au risque d'affronter la colère locale ? Mais pourquoi cette révolte et ce simulacre de sacrifice... Je ne comprends pas, je ne chasse rien, je ne veux rien dérober. Je suis là simplement pour observer et peut-être réaliser le rêve de ma vie, les voir vivants !
Mais bon sang, sans doute y a-t-il eu des précédents ! Des chercheurs peu scrupuleux, des profanateurs, des voleurs, toutes sortes de margoulins...
Ha si seulement je pouvais m'entretenir en privé avec ce Marghinotti, le faire parler du passé de ce territoire, savoir ce qui a pu arriver. Mais pourquoi est-ce que je ne parle pas le nuorese !? Comment causer avec quelqu'un dont je ne comprends pas un traître mot ?! Evidemment, si je demande l'aide d'un autochtone pour la traduction, la rumeur va courir, enfler... mes propos risquent d'être mal interprétés, que va-t-on encore imaginer...
Alors qu'il termine de tasser la terre avec ses doigts, un coup de feu retentit et un nuage d'oiseaux noirs couvre le ciel au-dessus de Victor. Sombre présage se dit-il... Peut-être vaudrait-il mieux retourner à Cagliari, se faire oublier quelques temps. Si près du but ! Victor enrage, c'est trop bête.
Il regagne la voiture et redescend vers le village. Il ne s'y arrête même pas, il n'a plus confiance en personne. Retour sur Laconi, se reposer un peu, vérifier l'état de la voiture et pour le reste, on verra bien.
A proximité d'un calvaire, Victor aperçoit de justesse un troupeau de chèvres qui lui barre la route. Patiemment, Victor attend, la tête noyée sous les pensées les plus amères. Que faire, que dire...
En entendant le cri d'un oiseau dans le ciel, Victor se ressaisit, pas question d'abandonner aussi vite ! Après tout, il ne veut de mal à personne !
Les kilomètres lui paraissent soudain plus légers. Il ira jusqu'au bout, sa passion n'a pas de prix.
Arrivé à Laconi, Victor hésite...
- Si j'essayais tout de même de discuter un peu avec le vieux, l'air de rien... je pourrais jouer les touristes, c'est toujours curieux un touriste. Et si j'en profitais pour lui montrer un croquis, en douce et en vitesse, voir comment il va réagir...
En repoussant la porte de l'auberge-bazar-pharmacie-station-service, Victor est frappé par le silence qui y règne. Quatre personnes sont accoudées au comptoir et le regardent d'un oeil noir. Le vieux Marghinotti est là lui aussi et quand Victor le salue, il hausse les épaules en grognant et lui tourne le dos. Même le barman semble moins disposé à son égard que quelques heures plus tôt.
L'esprit à nouveau assombri par ces soucis, Victor décide de faire un tour dans le village. Qui sait, un autre bavard croisera peut-être son chemin et celui-là parlera une langue qu'il comprend.
Mais non, rien ni personne, les routes sont désertes. Victor a pourtant l'impression d'entendre grincer quelques volets et de surprendre des regards cachés derrière les figuiers.
De retour à la boutique, une mauvaise surprise l'attend. Son coffre est grand ouvert, sa valise a disparu.
- Cette fois c'en est trop ! Qu'est-ce qui se passe ici ?
Personne n'a rien vu rien entendu. Pas étonnant...
Pris d'un doute, Victor fouille fébrilement dans la boîte à gants. Les documents remis par Sarah à Caracas s'y trouvent toujours.
Sardaigne, Gennargentu. Première destination conseillée d'après les renseignements obtenus. En-dessous, une seconde, un autre pays.
- Pourquoi pas... Je pourrai toujours revenir ici une fois que les choses se seront tassées et que les gens m'auront oublié. Comme on dit ici "Feisì amigusu"...
Je reviendrai!
Sahktimentor- Nombre de messages : 4
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
voilà qui poursuit l'épisode de Mentor de belle manière. Cela nous fait un joli pilote à l'ambiance tendue. J'ai apprécié les modifications apportées suite aux commentaires des relecteurs dont j'étais.
Je redis ici ce que les auters savent déjà :
Globalement, j'ai bien aimé. Ca pose bien le concept pour les prochains épisodes et complète aussi bien l'épisode de Caracas. Le côté géographique est réussi, l'ambiance sarde habilement transposée. enfin, je ne suis jamais allé ! mais disons que c'est conforme à ce que j'imagine : les fresques, la station essence, la "chambre d'hote" ... l'histoire me plait, c'est rythmé et intéressant.
juste un bémol sur l'enterrement de l'oiseau qui ne me semble pas "logique"
Et maintenant, je me lance dans l'épisode 3. Embarquement prévu pour Les Açores avec escale à Lisbonne.
Je redis ici ce que les auters savent déjà :
Globalement, j'ai bien aimé. Ca pose bien le concept pour les prochains épisodes et complète aussi bien l'épisode de Caracas. Le côté géographique est réussi, l'ambiance sarde habilement transposée. enfin, je ne suis jamais allé ! mais disons que c'est conforme à ce que j'imagine : les fresques, la station essence, la "chambre d'hote" ... l'histoire me plait, c'est rythmé et intéressant.
juste un bémol sur l'enterrement de l'oiseau qui ne me semble pas "logique"
Et maintenant, je me lance dans l'épisode 3. Embarquement prévu pour Les Açores avec escale à Lisbonne.
Charles- Nombre de messages : 6288
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Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
tricheur!! :)))Charles a écrit:avec escale à Lisbonne.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
A la lecture des deux premiers épisodes de la série Victor Ses, il me semble que tout cela s’apparente quand même davantage à un mille mains qu’à autre chose dans le sens où aucun de ces deux textes ne sauraient se suffire à lui-même et je le regrette. Il semble que nous soyons bel et bien entrés dans une intrigue qui se poursuit d’épisode en épisode, que les voyages n’offrent qu’un prétexte pour la relater. Alors oui, je suis un peu déçue d'autant que cette quête « naturaliste » reste assez floue et je dois admettre que jusque là, elle ne me passionne que moyennement.
Il y a des choses réussies dans ce texte, l’atmosphère locale à la fois indolente et hostile est par exemple très bien rendue, et d’autres qui me plaisent moins, notamment ces monologues intérieurs qui sonnent souvent faux. J’aurais préféré que les émotions et impressions du protagoniste transparaissent différemment.
Quelques maladresses aussi, les répétitions du prénom Victor ou bien l’emploi de l’expression « l’homme » pour le désigner que je trouve peu élégante, quelques redites également (trois fois le mot « route » en quelques lignes dans le début du périple en Panda).
Bref, tout cela me donne l’impression d’une écriture rapide qui tend à privilégier l’action et les descriptions au détriment du reste. Le personnage de Victor me semble du coup un peu fade et terne.
Ce commentaire est sans doute un peu sévère, d’autant qu’il s’agit d’un quatre mains et je sais que ce n’est pas évident d’écrire dans ces conditions. Simplement, je reste sur ma faim après la lecture de ce texte, c'est sans doute lié au fait qu'il s'apparente à un épisode de mille mains et que ce n'est pas comme ça que j'avais envisagé l'exercice.
Il y a des choses réussies dans ce texte, l’atmosphère locale à la fois indolente et hostile est par exemple très bien rendue, et d’autres qui me plaisent moins, notamment ces monologues intérieurs qui sonnent souvent faux. J’aurais préféré que les émotions et impressions du protagoniste transparaissent différemment.
Quelques maladresses aussi, les répétitions du prénom Victor ou bien l’emploi de l’expression « l’homme » pour le désigner que je trouve peu élégante, quelques redites également (trois fois le mot « route » en quelques lignes dans le début du périple en Panda).
Bref, tout cela me donne l’impression d’une écriture rapide qui tend à privilégier l’action et les descriptions au détriment du reste. Le personnage de Victor me semble du coup un peu fade et terne.
Ce commentaire est sans doute un peu sévère, d’autant qu’il s’agit d’un quatre mains et je sais que ce n’est pas évident d’écrire dans ces conditions. Simplement, je reste sur ma faim après la lecture de ce texte, c'est sans doute lié au fait qu'il s'apparente à un épisode de mille mains et que ce n'est pas comme ça que j'avais envisagé l'exercice.
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
Pour Krys ;-) une copie d'un autre fuseau où Zou évoquait le problème MM
oui, un grand oui ! on peut ! et d'ailleurs, je vais le faire dès le prochain épisode :-) où Victor ira effectivement vers la prochaine destination notée dans les documents de Sarah mais ...
"Les documents fournis par Sarah ne me laissait que peu d'espoir pour cette nouvelle destination mais l'envie de découvrir les Açores suffisait amplement à combler ce manque de perspectives quant au but secondaire de mes voyages, à savoir la recherche d'espèces disparues."
Voilà en gros, une phrase, non relue, non corrigée, fraichement écrite de mon épisode où cette quète va franchement passer au second plan, pour laisser à Victor le plaisir de la découverte .... Bref, je ne rebondis pas sur l'intrigue.
Zou a écrit:J'ai lu les textes de Mentor et de Sahktimentor.
A priori il me semble que la quête des "astores" (inconnus de Mr Google) prend une place importante, sinon toute la place (surtout pour le second texte) ce qui ne me semble pas correspondre tout à fait aux contraintes de départ. Je crains en effet que cela ne redevienne pour cette raison un MM en plus contraignant....sans compter que les astores....;-)
Bref, peut-on complètement s'en détacher un peu beaucoup....pas du tout ? ;-)))
oui, un grand oui ! on peut ! et d'ailleurs, je vais le faire dès le prochain épisode :-) où Victor ira effectivement vers la prochaine destination notée dans les documents de Sarah mais ...
"Les documents fournis par Sarah ne me laissait que peu d'espoir pour cette nouvelle destination mais l'envie de découvrir les Açores suffisait amplement à combler ce manque de perspectives quant au but secondaire de mes voyages, à savoir la recherche d'espèces disparues."
Voilà en gros, une phrase, non relue, non corrigée, fraichement écrite de mon épisode où cette quète va franchement passer au second plan, pour laisser à Victor le plaisir de la découverte .... Bref, je ne rebondis pas sur l'intrigue.
Charles- Nombre de messages : 6288
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Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
Oui Charles, j'avais lu ça et j'ai bien compris que chacun faisait ce qu'il voulait par rapport à l'intrigue. Il n'empêche que concernant ces deux premiers textes, elle est là, bien présente et le plaisir de la lecture est selon moi différent selon que l'on lit un épisode d'un tout où un texte qui se suffit à lui-même.
Sahkti dans son récap précise :
D'autre part, quelques uns d'entre vous (Loup, Charles notamment) aviez fait au départ des propositions pour cette intrigue qui devait rester vague (le but de la quête de Victor en somme), il y a eu discussions et il me semble que les espèces disparues, sauf erreur, n'apparaissent nulle part jusqu'au texte de Mentor et ça aussi je le regrette, ça aurait peut-être valu le coup qu'on en débatte.
Sahkti dans son récap précise :
Je regrette justement que les épisodes 0 et 1 n'aient pas donné le ton.L'intrigue de chaque histoire doit donc tenir en un seul épisode (à l'exception de l'épisode 0 et l'épisode 1 qui ne forment qu'un et servent de pilote de projet)
D'autre part, quelques uns d'entre vous (Loup, Charles notamment) aviez fait au départ des propositions pour cette intrigue qui devait rester vague (le but de la quête de Victor en somme), il y a eu discussions et il me semble que les espèces disparues, sauf erreur, n'apparaissent nulle part jusqu'au texte de Mentor et ça aussi je le regrette, ça aurait peut-être valu le coup qu'on en débatte.
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
Je ne serai pas aussi sévère que Krystelle.
Je trouve c'est un texte d'aventure (des bandits, un mystère, des événements étranges, etc.). Ca se lit facilement, et rapidement vous créez un univers, une intrigue. Le style peut probablement être amélioré, mais dans l'ensemble, je trouve ça plutôt plaisant, et ce style est assez en accord avec le fond. Le 4 mains fonctionne bien, le résultat est plaisant. Je repprocherais principalement le fait qu'on ne s'attarde pas assez à mon goût sur les personnages (Victor, le vieux fou, ...) : il n'y a pas à proprement parler d'aventure humaine.
Cependant, sort du texte avec plein de points non résolus, avec l'impression qu'on a lu le début d'un roman et pas un épisode d'une série. Il n'y a pas une action "aboutie" (pas dans le sens où Victor réussit, mais l'histoire est ici esquissée et non développée). Voilà, à la fin il faudra (faudrait) que Victor revienne pour que ... Ceci est ma principale remarque, ça ressemble plus à un début de roman (un roman un peu à la Jules Verne) qu'à un épisode d'une série.
Par ailleurs, la recherche d'une espèce (très) rare, avec documents secrets à l'appui, soupçon de complot, ça me semble peut-être un brin trop rocambolesque...
Concernant la série en elle-même : Assez d'accord avec Krystelle, ça part bien pour un mille mains, ça me semble plein de difficultés pour une série (mais pas impossible !), du fait de cette intrigue.
Ceci dit, Charles recadrera probablement la série dans une chose plus générale afin que chacun se sente libre de traiter le sujet comme il a envie.
Malgré ces remarques, je vous félicite pour cet épisode malgré tout bien agréable !
Je trouve c'est un texte d'aventure (des bandits, un mystère, des événements étranges, etc.). Ca se lit facilement, et rapidement vous créez un univers, une intrigue. Le style peut probablement être amélioré, mais dans l'ensemble, je trouve ça plutôt plaisant, et ce style est assez en accord avec le fond. Le 4 mains fonctionne bien, le résultat est plaisant. Je repprocherais principalement le fait qu'on ne s'attarde pas assez à mon goût sur les personnages (Victor, le vieux fou, ...) : il n'y a pas à proprement parler d'aventure humaine.
Cependant, sort du texte avec plein de points non résolus, avec l'impression qu'on a lu le début d'un roman et pas un épisode d'une série. Il n'y a pas une action "aboutie" (pas dans le sens où Victor réussit, mais l'histoire est ici esquissée et non développée). Voilà, à la fin il faudra (faudrait) que Victor revienne pour que ... Ceci est ma principale remarque, ça ressemble plus à un début de roman (un roman un peu à la Jules Verne) qu'à un épisode d'une série.
Par ailleurs, la recherche d'une espèce (très) rare, avec documents secrets à l'appui, soupçon de complot, ça me semble peut-être un brin trop rocambolesque...
Concernant la série en elle-même : Assez d'accord avec Krystelle, ça part bien pour un mille mains, ça me semble plein de difficultés pour une série (mais pas impossible !), du fait de cette intrigue.
Ceci dit, Charles recadrera probablement la série dans une chose plus générale afin que chacun se sente libre de traiter le sujet comme il a envie.
Malgré ces remarques, je vous félicite pour cet épisode malgré tout bien agréable !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 2: Ça saigne en Sardaigne
2eme épisode toujours vif et enlevé, c'est très bien écrit, toutefois, j'ai moins aimé le rythme de celui ci. Trop de phrases courtes qui donnent cette impression de course, sans qu'on puisse se poser.
Le monologue intérieur m'a semblé un peu lourd, (par ex : Victor pense à lui même en se nommant par son prénom, ça ne m'a pas paru tout a fait naturel), des pensées au détriments des ressentis, j'ai trouvé ça domage d'autant que bon ça doit pas arriver tous les jours de s'assoir sur un oiseau mort, ça donne à l'ensemble une impression de détachement, qui moi ne me semble pas cohérente au vu de ce qui est vécu et qui fait qu'on reste un peu en dehors du texte...
Bien sur ce n'est que mon avis.
Sinon, la description géographique, l'atmosphère et les personnages rencontrés sont très bien posés, on les voit bien.
Le monologue intérieur m'a semblé un peu lourd, (par ex : Victor pense à lui même en se nommant par son prénom, ça ne m'a pas paru tout a fait naturel), des pensées au détriments des ressentis, j'ai trouvé ça domage d'autant que bon ça doit pas arriver tous les jours de s'assoir sur un oiseau mort, ça donne à l'ensemble une impression de détachement, qui moi ne me semble pas cohérente au vu de ce qui est vécu et qui fait qu'on reste un peu en dehors du texte...
Bien sur ce n'est que mon avis.
Sinon, la description géographique, l'atmosphère et les personnages rencontrés sont très bien posés, on les voit bien.
Mériam- Nombre de messages : 119
Date d'inscription : 13/03/2007
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