Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
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Zou
Charles
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Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Après avoir déposé plainte pour le vol de mes valises, rendu une voiture de location totalement dévastée, acheté le minimum pour la suite de mon périple, j’avais enfin réussi à quitter la Sardaigne si peu accueillante en m’embarquant pour le Portugal.
Les documents fournis par Sarah ne me laissaient que peu d’espoir pour cette nouvelle destination mais l’envie de découvrir les Açores suffisait amplement à combler ce manque de perspectives quant au but supposé premier de mes voyages, à savoir la recherche d’espèces disparues.
A peine arrivé à Lisbonne et comme à chaque aéroport, des complications …
- Un vol direct pour Corvo ? Vous rigolez ?
- Euh, non, pourquoi ?
- Corvo, c’est une île minuscule. Il y a bien un petit aérodrome mais les vols sont très rares et de toute façon pas directs. Pour y accéder, j’imagine que vous devrez plutôt prendre le bateau depuis Flores, l’île juste à côté. Le mieux que je puisse vous proposer, ce serait un vol Lisbonne / Terceira, le prochain part demain à 16 heures puis correspondance Terceira / Flores et de là, il faudra vous débrouiller avec les compagnies locales.
Soit, depuis Cagliari, trois avions et un bateau ! Facile d’accès, en somme … Enfin, à bien y réfléchir, finalement, cette sensation de bout du monde me plaisait assez, ça excitait ma curiosité.
Et donc deux jours plus tard, je débarquai sur la petite île de Flores à bord d’un modeste coucou à moitié rempli d’autochtones. A peine descendu sur le tarmac, j’apercevais déjà Corvo et sa silhouette haute, toujours surmontée des seuls nuages visibles dans le ciel.
L’aérodrome n’était composé que d’une seule piste et d’un petit bâtiment à l’aspect relativement neuf. Je dus à nouveau attendre le lendemain matin et me lever aux aurores pour le départ du bateau vers l’île du corbeau.
- T’as le pied marin ? me demanda un des hommes officiant sur le petit bateau à l’allure de petit chalutier.
- Je ne sais pas trop.
- Et bien, tu ne vas pas tarder à le savoir parce que depuis deux semaines, ça secoue fort !
- A quelle heure s’effectue le retour vers Flores ?
- Y a pas de retour ! Une seule navette par jour. La prochain retour, ce sera demain matin.
- On peut dormir où sur Corvo ?
- Tu veux dire à l’hôtel ? Y a rien sur Corvo. Que des habitants, une épicerie, un bar et des agriculteurs. Tu vas faire quoi là bas ?
- Tourisme volcanique !
- Ah, alors, ça te plairait qu’avec tous ses séismes, il se mette à cracher de nouveau ce corbeau ?
- Quels séismes ?
- Comment quels séismes ?
- …
- Ca fait deux semaines qu’on vit aux rythmes des secousses, comme ils disent. Ca fait deux jours qu’on n’en a plus eu mais une nuit, c’ était une secousse toutes les heures. D’ailleurs j’suis d’avis que c’est pas un hasard si la mer nous ballote en tous sens aussi. Il doit y a voir un truc qui lui plait pas trop à l’autre là haut pour qu’il se fâche comme ça !
- Sûrement, sûrement ! Et sur Corvo, les gens sont accueillants ? Peut être qu’au bar, il pourrait me trouver un coin pour dormir ?
- Hé hé, ma foi, tu peux toujours essayer ! De toute façon, les nuits ne sont pas trop fraiches en ce moment ! Et comme ça, t’auras pas de toit pour te tomber sur la tête …
Heureusement, la brièveté de la traversée me sauva d’un mal de mer trop fort et une fois à terre, ma nausée s’évapora rapidement , soufflée par une bruine naissante.
L’endroit n’avait rien de bien réjouissant, le village ressemblait à l’idée que l’on peut se faire d’un vieux bourg corse isolé.
Rues désertes, quelques regards froids et fuyants transparaissaient derrière les fenêtres, un corniaud brun errait, les oreilles basses. La saison touristique était bien loin si tant est qu’il puisse y en avoir seulement une en ce lieu. Je commençais franchement à m’interroger sur l’utilité de ces voyages de recherche. Le bar fut à peine plus accueillant.
- Désolé Monsieur, mais c’est non ! Mon homme est en mer et quand il n’est pas là, je ne loge personne. Vous allez avoir du mal à trouver quelqu’un qui veuille bien. Tous les hommes sont soit en mer soit à Sao Miguel pour la foire agricole annuelle. Aucune femme seule n’acceptera de vous héberger.
- Et pour aller au caldeirao, c’est par où ?
- Le chemin derrière le bar. Vous continuez jusqu’au moulin et ensuite vous remontez le long des hortensias. Impossible de se perdre.
- Et c’est loin ?
- Six kilomètres. Si Joao était là, il pourrait vous conduire en jeep mais là …
- Pas de soucis, je marcherai.
Deux sandwichs et une bouteille d’eau dans mon sac à dos, je partis donc vers le but de mon voyage, le cratère du volcan de Corvo. Eteint depuis longtemps, il abritait plusieurs lacs turquoises que les documents de Sarah présentaient comme des repères à fossiles. Le sentier serpentait à travers des dizaines de prés compartimentés par des petits murets de pierres, pour certains totalement recouverts de haies d’hortensias roses. Du vert à perte de vue et un vent à retourner n’importe quel bivouac. Au bout d’une heure trente, j’étais sur la crête du Monte Gordo et je commençais à descendre vers les points d’eau, pas si turquoises que ça avec le ciel couvert et changeant. Je restais près de trois heures à errer, m’arrêtant juste pour grignoter un peu, cherchant de vague trace de fossile et méditant sur l’inanité de cette quête à nouveau vaine, stérile, inutile et stupide… Que faisais je là à marcher dans un lieu désert ? Quelle motivation inepte avait pu me pousser jusqu’ici ? Je ne m’en souvenais plus et je m’en voulais quand je repris la route vers le village, un peu inquiet de savoir où j’allais pouvoir dormir.
Alors que le vent s’était calmé, la brume se mit à tomber. Le ridicule de la situation ne m’échappant pas, je souris largement en continuant à suivre le chemin sans plus apercevoir l’horizon. Comme j’arrivais de nouveau à proximité du moulin, je pris la décision ferme qu’il serait mon abri pour la nuit, dussé je forcer la serrure pour m’introduire. Mais en guise de porte fermée, je trouvais une jeune fille qui m’observait depuis le palier. Je ne saurais dire encore aujourd’hui si elle était mineure ou non. Son regard clair semblait m’avoir suivi depuis le sommet du volcan, il évoquait les prés des alentours, à cet instant blanchis.
- Bonjour Mademoiselle !
- …
- Je m’appelle Victor Sés, je suis français !
- …
- Botaniste !
- …
- Ce moulin est à vous ? à votre famille ?
- …
- Je me demandais si je pourrais y passer la nuit. Je m’allongerais par terre, à côté de la meule.
- …
- Enfin, c’est juste pour avoir un toit avant de reprendre le bateau vers Flores, demain matin.
Elle s’effaça alors, m’enjoignant d’un signe de tête à entrer. L’intérieur du moulin n’avait plus rien d’agricole, c’était bel et bien une maison, un logement familial dans lequel elle m’invitait à pénétrer.
- Mes frères sont en mer jusqu’à vendredi, vous pouvez rester jusque là si vous voulez …
- Vous êtes sûr ? Je peux partir demain …
- Non … restez !
- Alors d’accord mais je vous paierai le logement et les repas.
- Il ne passe jamais personne ici. Enfin jamais personne d’autre que ceux du village.
- Ils m’ont dit que je ne trouverai pas d’endroit où dormir car les hommes sont absents. Et vous … vous n’avez pas peur de me loger comme les autres femmes ?
- Elles n’ont pas peur de vous, elles ont peur de leurs congénères, peur pour leur réputation.
- Et vous non ?
- Je les hais … Des générations de consanguins médisants. Je me fous de leurs crachats et puis peut être que moi, ça m’amuse d’abriter un étranger …
Après m’être rapidement installé, nous discutâmes autour d’un verre. Elle devait avoir besoin de parler. Dans un flot ininterrompu de paroles se succédaient pêle-mêle les questions auxquelles je n’avais pas le temps de répondre, les aigreurs d’une vie isolée et l’attachement aliénant à un caillou volcanique qu’une éducation et une pression sociale avait fini par lui faire croire indispensable à son équilibre. Pendant ces longues minutes, j’eus tout le loisir de l’observer et le verdelho qu’elle me servit commença d’emplir mon esprit de pensées troublantes. Si bien que ses boucles sombres, son corsage bombé et sa taille souple effacèrent en moi toute velléité de dialogue. Je l’observais et m’interrogeais sur la vie de cette fille, jeune, belle du bout du monde. L’alcool aidant, je me voyais vivre ainsi, isolé, Robinson au milieu d’une terre volcanique, arrosée, verte et vivante … Bref, la fatigue termina le travail et je n’eus aucun mal à m’endormir, dans la chambre commune de ses deux frères absents.
Le lendemain matin, elle me réveilla à l’aube pour m’annoncer qu’elle devait s’absenter quelques heures pour aller au village. Je la sentis un peu mal à l’aise. A sa place, je l’aurais été à moins. Je me levais donc seul, un café fumant m’attendait sur la table de la cuisine. Ma quête s’était en un jour vidée d’un sens que je ne me souvenais même plus lui avoir un jour attribué. J’avais la sensation d’avoir mécaniquement poursuivi ces recherches pendant des mois sans plus y prendre de plaisir, sans plus y trouver d’intérêt. Je passais ainsi la matinée, fouillant ma mémoire de lieu en lieu, d’avion en bateau, à la recherche d’une petite flamme. Les averses succédaient aux éclaircies, rais de lumières traversant une mousse de nuages bas. J’avais le sentiment de connaître ici le vrai caractère de l’Atlantique, un océan défini par ses îles.
Elle rentra pour le déjeuner, m’annonçant qu’elle allait me préparer une spécialité locale pour dîner. Elle était trempée, quelques cheveux collés aux joues, elle avait couru. Je me rappelle avoir vaguement tenté une blague sur l’anticyclone des Açores qu’elle ne comprit pas. Après un court déjeuner, pain et charcuterie, elle m’embaucha pour la préparation des plats. Farines, morues, beignets, lait, haricots rouges et quantité d’autres ingrédients que mon portugais usuel ne connaissait pas devaient nous permettre de composer une sorte de pot au feu de poisson dont j’ai oublié le nom. Et à vrai dire, je ne regrette pas cet oubli tant ce fut … disons, particulier ! Le soir même, je me forçais évidemment à manger de bon cœur. Elle semblait de plus en plus détendue et l’éclat de sa jeunesse renaissait au contact de l’étranger. Je pensais à Nabokov, Visconti, Bunuel, Arthur Miller… Je me voyais Delon, Connery, Mastroianni, elle prenait tour à tour le visage de Claudia Cardinale, Ursula Andress ou Anna Karina. J’aurais voulu lui dire que j’avais un cœur d’artichaut mais allez dire ça en portugais …A la place, je tentais un lieu commun, cinématographique :
- Je ne connais même pas ton prénom ?
- Quelle importance ? De toute façon, tu t’en fiches, non ?
- Pourquoi ?
- Je vois bien dans ton œil que ce n’est pas mon prénom qui t’intéresse.
- Ah bon ! Et que dit mon œil ? Lequel d’ailleurs ?
- Il me dit que tu viens de loin, que tu n’a pas la même allure, la même façon de parler, la même culture et pourtant tu penses comme tous les hommes d’ici.
- Et à quoi pensent les hommes d’ici ?
- Tu le sais déjà, ton œil le sait.
Elle était à moins d’un mètre de moi, il me semblait que son regard me lançait un défi. C’était d’ailleurs sûrement le cas. Il est tellement simple de laisser son inconscient transformer un « si tu oses me toucher, gare à toi … » en un « ose seulement me toucher si tu es un vrai homme ». Le mien, d’inconscient, était seul aux commandes depuis déjà plusieurs heures et quand j’entrepris de l’enlacer fortement, l’empêchant de se dégager, une furtive vague de lucidité me fit lâcher prise. Ce qui lui permit de se libérer et de me gifler de toutes ses forces de gamine. J’en étais certain, elle jouait avec moi. J’avançais vers elle, elle se saisit du premier objet venu et me le projeta à la figure. Recevoir ainsi un objet aussi ridicule et inoffensif qu’une corbeille à pain me força à rire, ce qui termina de la terroriser. Elle s’enfuit vers le premier étage et se réfugia dans sa chambre qu’elle ferma à clé.
- Descends, je ne voulais pas te faire peur. Je suis un peu brusque … C’est l’alcool … C’est sûrement l’alcool, la fatigue du voyage … Ces voyages … Ces putains de voyages … Descends, s’il te plait, reviens.
Elle ne revint pas. J’étais vide, de toute force, de tout sentiment, de toute envie. J’étais seul, au fond d’un moulin, à peut être 1000 ou 2000 kilomètres du premier continent, une bouteille de vin à moitié pleine pour dernière compagnie, comme dernière issue, dernier espoir de fuite.
- Elle l’avait un peu cherché tout de même. Elle ne pouvait pas s’attendre à autre chose en m’accueillant. Elle jouait la comédie … Elle joue la comédie. J’aurais dû la suivre à l’étage…
Et de verre en verre, je finissais de m’oublier, seule restait ma colère qui peu à peu s’orientait vers cette Lolita.
- Peut être d’ailleurs n’attendait elle qu’une seule chose ? Il faut toujours forcer un peu le destin.
Je montais et commençais à l’invectiver au travers de la porte de bois.
- Ouvre moi ! Moi aussi, je sais ce que tu veux … Sors, bordel … Ou je trouverai le moyen d’entrer.
Il eut été facile à n’importe quel homme de faire voler en éclat la vieille porte mais par bonheur mon manque de lucidité m’empêcha de considérer cette solution. Je descendis à la hâte pour trouver l’outillage nécessaire pour forcer la serrure. Au fond d’un vieux placard, je trouvais tout un tas de matériel divers : pelles, pioche … inutilisable … une scie, une hache … peut être … une caisse à outils, tournevis … parfait. Je choisis deux tournevis et entrepris, en trébuchant deux fois, de remonter les marches. A ce moment précis, l’île décida de s’interposer et dans un fracas aussi bref qu’interminable secoua le moulin, m’envoyant à terre, brisant la bouteille restée vide … Je ne sais combien de temps dura le séisme mais en un instant, je fus totalement dégrisé, réveillé. Je restais quelques instants prostré sans plus oser bouger. Et je pris la seule décision possible et habituelle, la fuite. Mon sac fait, je n’eus pas même le courage de murmurer quelques mots d’excuses. Il était trois heures du matin et je partis m’asseoir sur l’unique jetée du port de Vila De Corvo. La navette serait là dans près de quatre heures.
La terre ne trembla plus, la pluie m’épargna et le vent me maintint éveillé. Je ne savais plus qui j’étais, je me connaissais plus. Ma seule certitude était qu’il me fallait partir au plus vite. Cette île éveillait en moi les pire noirceurs et j’en venais à m’interroger sur ce nom de corbeau. Avais je touché le fond ? Je n’avais en tous cas plus l’envie de poursuivre ainsi, il me fallait changer. Je sortis les documents de Sarah et les brûlais, laborieusement dans cette atmosphère humide, ne gardant que la liste des destinations. J’allais voyager mais sans but, ou plutôt dans un seul but, me retrouver ou encore mieux, me fuir, me perdre.
Les documents fournis par Sarah ne me laissaient que peu d’espoir pour cette nouvelle destination mais l’envie de découvrir les Açores suffisait amplement à combler ce manque de perspectives quant au but supposé premier de mes voyages, à savoir la recherche d’espèces disparues.
A peine arrivé à Lisbonne et comme à chaque aéroport, des complications …
- Un vol direct pour Corvo ? Vous rigolez ?
- Euh, non, pourquoi ?
- Corvo, c’est une île minuscule. Il y a bien un petit aérodrome mais les vols sont très rares et de toute façon pas directs. Pour y accéder, j’imagine que vous devrez plutôt prendre le bateau depuis Flores, l’île juste à côté. Le mieux que je puisse vous proposer, ce serait un vol Lisbonne / Terceira, le prochain part demain à 16 heures puis correspondance Terceira / Flores et de là, il faudra vous débrouiller avec les compagnies locales.
Soit, depuis Cagliari, trois avions et un bateau ! Facile d’accès, en somme … Enfin, à bien y réfléchir, finalement, cette sensation de bout du monde me plaisait assez, ça excitait ma curiosité.
Et donc deux jours plus tard, je débarquai sur la petite île de Flores à bord d’un modeste coucou à moitié rempli d’autochtones. A peine descendu sur le tarmac, j’apercevais déjà Corvo et sa silhouette haute, toujours surmontée des seuls nuages visibles dans le ciel.
L’aérodrome n’était composé que d’une seule piste et d’un petit bâtiment à l’aspect relativement neuf. Je dus à nouveau attendre le lendemain matin et me lever aux aurores pour le départ du bateau vers l’île du corbeau.
- T’as le pied marin ? me demanda un des hommes officiant sur le petit bateau à l’allure de petit chalutier.
- Je ne sais pas trop.
- Et bien, tu ne vas pas tarder à le savoir parce que depuis deux semaines, ça secoue fort !
- A quelle heure s’effectue le retour vers Flores ?
- Y a pas de retour ! Une seule navette par jour. La prochain retour, ce sera demain matin.
- On peut dormir où sur Corvo ?
- Tu veux dire à l’hôtel ? Y a rien sur Corvo. Que des habitants, une épicerie, un bar et des agriculteurs. Tu vas faire quoi là bas ?
- Tourisme volcanique !
- Ah, alors, ça te plairait qu’avec tous ses séismes, il se mette à cracher de nouveau ce corbeau ?
- Quels séismes ?
- Comment quels séismes ?
- …
- Ca fait deux semaines qu’on vit aux rythmes des secousses, comme ils disent. Ca fait deux jours qu’on n’en a plus eu mais une nuit, c’ était une secousse toutes les heures. D’ailleurs j’suis d’avis que c’est pas un hasard si la mer nous ballote en tous sens aussi. Il doit y a voir un truc qui lui plait pas trop à l’autre là haut pour qu’il se fâche comme ça !
- Sûrement, sûrement ! Et sur Corvo, les gens sont accueillants ? Peut être qu’au bar, il pourrait me trouver un coin pour dormir ?
- Hé hé, ma foi, tu peux toujours essayer ! De toute façon, les nuits ne sont pas trop fraiches en ce moment ! Et comme ça, t’auras pas de toit pour te tomber sur la tête …
Heureusement, la brièveté de la traversée me sauva d’un mal de mer trop fort et une fois à terre, ma nausée s’évapora rapidement , soufflée par une bruine naissante.
L’endroit n’avait rien de bien réjouissant, le village ressemblait à l’idée que l’on peut se faire d’un vieux bourg corse isolé.
Rues désertes, quelques regards froids et fuyants transparaissaient derrière les fenêtres, un corniaud brun errait, les oreilles basses. La saison touristique était bien loin si tant est qu’il puisse y en avoir seulement une en ce lieu. Je commençais franchement à m’interroger sur l’utilité de ces voyages de recherche. Le bar fut à peine plus accueillant.
- Désolé Monsieur, mais c’est non ! Mon homme est en mer et quand il n’est pas là, je ne loge personne. Vous allez avoir du mal à trouver quelqu’un qui veuille bien. Tous les hommes sont soit en mer soit à Sao Miguel pour la foire agricole annuelle. Aucune femme seule n’acceptera de vous héberger.
- Et pour aller au caldeirao, c’est par où ?
- Le chemin derrière le bar. Vous continuez jusqu’au moulin et ensuite vous remontez le long des hortensias. Impossible de se perdre.
- Et c’est loin ?
- Six kilomètres. Si Joao était là, il pourrait vous conduire en jeep mais là …
- Pas de soucis, je marcherai.
Deux sandwichs et une bouteille d’eau dans mon sac à dos, je partis donc vers le but de mon voyage, le cratère du volcan de Corvo. Eteint depuis longtemps, il abritait plusieurs lacs turquoises que les documents de Sarah présentaient comme des repères à fossiles. Le sentier serpentait à travers des dizaines de prés compartimentés par des petits murets de pierres, pour certains totalement recouverts de haies d’hortensias roses. Du vert à perte de vue et un vent à retourner n’importe quel bivouac. Au bout d’une heure trente, j’étais sur la crête du Monte Gordo et je commençais à descendre vers les points d’eau, pas si turquoises que ça avec le ciel couvert et changeant. Je restais près de trois heures à errer, m’arrêtant juste pour grignoter un peu, cherchant de vague trace de fossile et méditant sur l’inanité de cette quête à nouveau vaine, stérile, inutile et stupide… Que faisais je là à marcher dans un lieu désert ? Quelle motivation inepte avait pu me pousser jusqu’ici ? Je ne m’en souvenais plus et je m’en voulais quand je repris la route vers le village, un peu inquiet de savoir où j’allais pouvoir dormir.
Alors que le vent s’était calmé, la brume se mit à tomber. Le ridicule de la situation ne m’échappant pas, je souris largement en continuant à suivre le chemin sans plus apercevoir l’horizon. Comme j’arrivais de nouveau à proximité du moulin, je pris la décision ferme qu’il serait mon abri pour la nuit, dussé je forcer la serrure pour m’introduire. Mais en guise de porte fermée, je trouvais une jeune fille qui m’observait depuis le palier. Je ne saurais dire encore aujourd’hui si elle était mineure ou non. Son regard clair semblait m’avoir suivi depuis le sommet du volcan, il évoquait les prés des alentours, à cet instant blanchis.
- Bonjour Mademoiselle !
- …
- Je m’appelle Victor Sés, je suis français !
- …
- Botaniste !
- …
- Ce moulin est à vous ? à votre famille ?
- …
- Je me demandais si je pourrais y passer la nuit. Je m’allongerais par terre, à côté de la meule.
- …
- Enfin, c’est juste pour avoir un toit avant de reprendre le bateau vers Flores, demain matin.
Elle s’effaça alors, m’enjoignant d’un signe de tête à entrer. L’intérieur du moulin n’avait plus rien d’agricole, c’était bel et bien une maison, un logement familial dans lequel elle m’invitait à pénétrer.
- Mes frères sont en mer jusqu’à vendredi, vous pouvez rester jusque là si vous voulez …
- Vous êtes sûr ? Je peux partir demain …
- Non … restez !
- Alors d’accord mais je vous paierai le logement et les repas.
- Il ne passe jamais personne ici. Enfin jamais personne d’autre que ceux du village.
- Ils m’ont dit que je ne trouverai pas d’endroit où dormir car les hommes sont absents. Et vous … vous n’avez pas peur de me loger comme les autres femmes ?
- Elles n’ont pas peur de vous, elles ont peur de leurs congénères, peur pour leur réputation.
- Et vous non ?
- Je les hais … Des générations de consanguins médisants. Je me fous de leurs crachats et puis peut être que moi, ça m’amuse d’abriter un étranger …
Après m’être rapidement installé, nous discutâmes autour d’un verre. Elle devait avoir besoin de parler. Dans un flot ininterrompu de paroles se succédaient pêle-mêle les questions auxquelles je n’avais pas le temps de répondre, les aigreurs d’une vie isolée et l’attachement aliénant à un caillou volcanique qu’une éducation et une pression sociale avait fini par lui faire croire indispensable à son équilibre. Pendant ces longues minutes, j’eus tout le loisir de l’observer et le verdelho qu’elle me servit commença d’emplir mon esprit de pensées troublantes. Si bien que ses boucles sombres, son corsage bombé et sa taille souple effacèrent en moi toute velléité de dialogue. Je l’observais et m’interrogeais sur la vie de cette fille, jeune, belle du bout du monde. L’alcool aidant, je me voyais vivre ainsi, isolé, Robinson au milieu d’une terre volcanique, arrosée, verte et vivante … Bref, la fatigue termina le travail et je n’eus aucun mal à m’endormir, dans la chambre commune de ses deux frères absents.
Le lendemain matin, elle me réveilla à l’aube pour m’annoncer qu’elle devait s’absenter quelques heures pour aller au village. Je la sentis un peu mal à l’aise. A sa place, je l’aurais été à moins. Je me levais donc seul, un café fumant m’attendait sur la table de la cuisine. Ma quête s’était en un jour vidée d’un sens que je ne me souvenais même plus lui avoir un jour attribué. J’avais la sensation d’avoir mécaniquement poursuivi ces recherches pendant des mois sans plus y prendre de plaisir, sans plus y trouver d’intérêt. Je passais ainsi la matinée, fouillant ma mémoire de lieu en lieu, d’avion en bateau, à la recherche d’une petite flamme. Les averses succédaient aux éclaircies, rais de lumières traversant une mousse de nuages bas. J’avais le sentiment de connaître ici le vrai caractère de l’Atlantique, un océan défini par ses îles.
Elle rentra pour le déjeuner, m’annonçant qu’elle allait me préparer une spécialité locale pour dîner. Elle était trempée, quelques cheveux collés aux joues, elle avait couru. Je me rappelle avoir vaguement tenté une blague sur l’anticyclone des Açores qu’elle ne comprit pas. Après un court déjeuner, pain et charcuterie, elle m’embaucha pour la préparation des plats. Farines, morues, beignets, lait, haricots rouges et quantité d’autres ingrédients que mon portugais usuel ne connaissait pas devaient nous permettre de composer une sorte de pot au feu de poisson dont j’ai oublié le nom. Et à vrai dire, je ne regrette pas cet oubli tant ce fut … disons, particulier ! Le soir même, je me forçais évidemment à manger de bon cœur. Elle semblait de plus en plus détendue et l’éclat de sa jeunesse renaissait au contact de l’étranger. Je pensais à Nabokov, Visconti, Bunuel, Arthur Miller… Je me voyais Delon, Connery, Mastroianni, elle prenait tour à tour le visage de Claudia Cardinale, Ursula Andress ou Anna Karina. J’aurais voulu lui dire que j’avais un cœur d’artichaut mais allez dire ça en portugais …A la place, je tentais un lieu commun, cinématographique :
- Je ne connais même pas ton prénom ?
- Quelle importance ? De toute façon, tu t’en fiches, non ?
- Pourquoi ?
- Je vois bien dans ton œil que ce n’est pas mon prénom qui t’intéresse.
- Ah bon ! Et que dit mon œil ? Lequel d’ailleurs ?
- Il me dit que tu viens de loin, que tu n’a pas la même allure, la même façon de parler, la même culture et pourtant tu penses comme tous les hommes d’ici.
- Et à quoi pensent les hommes d’ici ?
- Tu le sais déjà, ton œil le sait.
Elle était à moins d’un mètre de moi, il me semblait que son regard me lançait un défi. C’était d’ailleurs sûrement le cas. Il est tellement simple de laisser son inconscient transformer un « si tu oses me toucher, gare à toi … » en un « ose seulement me toucher si tu es un vrai homme ». Le mien, d’inconscient, était seul aux commandes depuis déjà plusieurs heures et quand j’entrepris de l’enlacer fortement, l’empêchant de se dégager, une furtive vague de lucidité me fit lâcher prise. Ce qui lui permit de se libérer et de me gifler de toutes ses forces de gamine. J’en étais certain, elle jouait avec moi. J’avançais vers elle, elle se saisit du premier objet venu et me le projeta à la figure. Recevoir ainsi un objet aussi ridicule et inoffensif qu’une corbeille à pain me força à rire, ce qui termina de la terroriser. Elle s’enfuit vers le premier étage et se réfugia dans sa chambre qu’elle ferma à clé.
- Descends, je ne voulais pas te faire peur. Je suis un peu brusque … C’est l’alcool … C’est sûrement l’alcool, la fatigue du voyage … Ces voyages … Ces putains de voyages … Descends, s’il te plait, reviens.
Elle ne revint pas. J’étais vide, de toute force, de tout sentiment, de toute envie. J’étais seul, au fond d’un moulin, à peut être 1000 ou 2000 kilomètres du premier continent, une bouteille de vin à moitié pleine pour dernière compagnie, comme dernière issue, dernier espoir de fuite.
- Elle l’avait un peu cherché tout de même. Elle ne pouvait pas s’attendre à autre chose en m’accueillant. Elle jouait la comédie … Elle joue la comédie. J’aurais dû la suivre à l’étage…
Et de verre en verre, je finissais de m’oublier, seule restait ma colère qui peu à peu s’orientait vers cette Lolita.
- Peut être d’ailleurs n’attendait elle qu’une seule chose ? Il faut toujours forcer un peu le destin.
Je montais et commençais à l’invectiver au travers de la porte de bois.
- Ouvre moi ! Moi aussi, je sais ce que tu veux … Sors, bordel … Ou je trouverai le moyen d’entrer.
Il eut été facile à n’importe quel homme de faire voler en éclat la vieille porte mais par bonheur mon manque de lucidité m’empêcha de considérer cette solution. Je descendis à la hâte pour trouver l’outillage nécessaire pour forcer la serrure. Au fond d’un vieux placard, je trouvais tout un tas de matériel divers : pelles, pioche … inutilisable … une scie, une hache … peut être … une caisse à outils, tournevis … parfait. Je choisis deux tournevis et entrepris, en trébuchant deux fois, de remonter les marches. A ce moment précis, l’île décida de s’interposer et dans un fracas aussi bref qu’interminable secoua le moulin, m’envoyant à terre, brisant la bouteille restée vide … Je ne sais combien de temps dura le séisme mais en un instant, je fus totalement dégrisé, réveillé. Je restais quelques instants prostré sans plus oser bouger. Et je pris la seule décision possible et habituelle, la fuite. Mon sac fait, je n’eus pas même le courage de murmurer quelques mots d’excuses. Il était trois heures du matin et je partis m’asseoir sur l’unique jetée du port de Vila De Corvo. La navette serait là dans près de quatre heures.
La terre ne trembla plus, la pluie m’épargna et le vent me maintint éveillé. Je ne savais plus qui j’étais, je me connaissais plus. Ma seule certitude était qu’il me fallait partir au plus vite. Cette île éveillait en moi les pire noirceurs et j’en venais à m’interroger sur ce nom de corbeau. Avais je touché le fond ? Je n’avais en tous cas plus l’envie de poursuivre ainsi, il me fallait changer. Je sortis les documents de Sarah et les brûlais, laborieusement dans cette atmosphère humide, ne gardant que la liste des destinations. J’allais voyager mais sans but, ou plutôt dans un seul but, me retrouver ou encore mieux, me fuir, me perdre.
Charles- Nombre de messages : 6288
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Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Lu. Quelques petites maladresses mais en fur et à mesure de la progression elles disparaissent au profit de certaines phrases très jolies.
Les femmes t'inspirent plus que les fossiles, c'est sur ! ;-)
Une chose est certaine aussi c'est que cet épisode est généreux car il ouvre plein de voies possibles et fait tomber les entraves. On apprend un peu plus de quoi est fait ce Victor aussi !;-) Belle performance sur la longueur Charles.
Les femmes t'inspirent plus que les fossiles, c'est sur ! ;-)
Une chose est certaine aussi c'est que cet épisode est généreux car il ouvre plein de voies possibles et fait tomber les entraves. On apprend un peu plus de quoi est fait ce Victor aussi !;-) Belle performance sur la longueur Charles.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Victor prend corps ! Victor prend vie.
C'est sombre, mystérieux, l'atmosphère légère du début vire de belle façon et la fin est attractive.
On sent la recherche menée pour dépeindre cette île portugaise volcanique. Très chouette décor, bien rendu.
L'épisode est humain et Victor devient intéressant à cause de ces réactions sous l'emprise de l'alcool et ses réflexions personnelles sur son propre cas.
Il interpelle, et ça, ça me plaît bien.
J'ai bien aimé cette mini-aventure et je suis curieux de connaître la suite.
C'est qui, la suite ? Je sais plus
C'est sombre, mystérieux, l'atmosphère légère du début vire de belle façon et la fin est attractive.
On sent la recherche menée pour dépeindre cette île portugaise volcanique. Très chouette décor, bien rendu.
L'épisode est humain et Victor devient intéressant à cause de ces réactions sous l'emprise de l'alcool et ses réflexions personnelles sur son propre cas.
Il interpelle, et ça, ça me plaît bien.
J'ai bien aimé cette mini-aventure et je suis curieux de connaître la suite.
C'est qui, la suite ? Je sais plus
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
C'est Zou la suite, Mentor.
Charles, je te l'ai dit par mail, je te le redis, j'aime beaucoup ton texte.
Tout d'abord parce que tu as réussis à quitter le côté "MM", que certains ont reproché à notre texte Mentor/Sahktimentor, pour faire un épisode totalement indépendant de toute trame, de toute intrigue ou quoi que ce soit du genre. La recherche des espèces est passée au second plan pour laisser place à un voyage très spécial, bravo!
Ensuite parce que tu donnes à mes yeux beaucoup de corps à Victor Sès et que tu en fais quelqu'un de vraiment intéressant, un type qui vit, avec des réactions (bassement) humaines. Ce n'est plus un narrateur, quelqu'un qui emmène le lecteur en promenade, il devient le vrai héros du récit. Toutes les pistes sont ouvertes à la fin, tu ne refermes aucune porte et ton texte se suffit à lui-même.
C'est à mon avis un bel exemple de ce que doit être cette série.
maintenant, pour l'histoire et le style, voici un texte qu'on n'attendait peut-être pas forcément de toi et c'est une bonne surprise toute cette noirceur et ce côté violent. Ça me plaît bien! ;-)
Charles, je te l'ai dit par mail, je te le redis, j'aime beaucoup ton texte.
Tout d'abord parce que tu as réussis à quitter le côté "MM", que certains ont reproché à notre texte Mentor/Sahktimentor, pour faire un épisode totalement indépendant de toute trame, de toute intrigue ou quoi que ce soit du genre. La recherche des espèces est passée au second plan pour laisser place à un voyage très spécial, bravo!
Ensuite parce que tu donnes à mes yeux beaucoup de corps à Victor Sès et que tu en fais quelqu'un de vraiment intéressant, un type qui vit, avec des réactions (bassement) humaines. Ce n'est plus un narrateur, quelqu'un qui emmène le lecteur en promenade, il devient le vrai héros du récit. Toutes les pistes sont ouvertes à la fin, tu ne refermes aucune porte et ton texte se suffit à lui-même.
C'est à mon avis un bel exemple de ce que doit être cette série.
maintenant, pour l'histoire et le style, voici un texte qu'on n'attendait peut-être pas forcément de toi et c'est une bonne surprise toute cette noirceur et ce côté violent. Ça me plaît bien! ;-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
J'aime bien cet épisode parce que tu as su prendre des risques. Le personnage de Victor nous apparait sous un angle différent, avec des penchants qui le rendent imparfait et donc humain.
Malgré ce besoin de recadrer l'histoire dans un contexte plus vaste et quelques rappels aux épisodes précédents, ce texte-ci se suffit à lui-même, on y rentre facilement, on en ressort presque à regret.
Juste un bémol sur le personnage de la jeune femme qui reste peut-être un peu trop flou, il lui manque quelque chose pour donner davantage de poids à l'ambiguité de la situation et l'enchainement des pensées de Victor.
Ce texte fonctionne bien malgré tout, et je regrette juste quelques maladresses dans l'écriture (des répétitions notamment).
Malgré ce besoin de recadrer l'histoire dans un contexte plus vaste et quelques rappels aux épisodes précédents, ce texte-ci se suffit à lui-même, on y rentre facilement, on en ressort presque à regret.
Juste un bémol sur le personnage de la jeune femme qui reste peut-être un peu trop flou, il lui manque quelque chose pour donner davantage de poids à l'ambiguité de la situation et l'enchainement des pensées de Victor.
Ce texte fonctionne bien malgré tout, et je regrette juste quelques maladresses dans l'écriture (des répétitions notamment).
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Revirement de situation qui ouvre sur autre chose que la quête de départ de Victor.
C'est un très bon texte, le dérrapage est très bien amené et d'ailleurs c'est si bien amené que j'en sors glacée et pleine de colère contre Victor.
La scène où il fouille pour trouver de quoi ouvrir la porte.. Brrrr !
Bref, difficile de commenter le texte en lui même tant il m'a placé dans un état émotionnel direct...
Vraiment bravo !
C'est un très bon texte, le dérrapage est très bien amené et d'ailleurs c'est si bien amené que j'en sors glacée et pleine de colère contre Victor.
La scène où il fouille pour trouver de quoi ouvrir la porte.. Brrrr !
Bref, difficile de commenter le texte en lui même tant il m'a placé dans un état émotionnel direct...
Vraiment bravo !
Mériam- Nombre de messages : 119
Date d'inscription : 13/03/2007
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Merci pour vos commentaires
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Les voyages de Victor Sès - 3: Secousses aux Açores
Je suis épaté par tout ce que tu apportes dans cette histoire, non seulement pour la série (je e m'étendrai pas sur le sujet), mais par rapport à ton écriture.
J'ai été étonné et j'ai aimé que tu te lances dans ce thème risqué et aussi assez incorrect : J'ai pensé à Bunuel et aussi à Pierre Louys (la femme et le pantin).
La structure du texte est excellente, la mise en condition, le tremblement de terre, les relations entre l'homme et la femme, la fin abrupte. Je pense que tu utilises le bon ton pour raconter l'histoire. J'ai apprécié le fait que tu racontes simplement, pour le coup sans jugement. L'ensemble a une grande force.
Je pense que tu peux éventuellement améliorer le style, quelques phrases, à la marge. Peut-être aussi concernant le personnage de la fille, donner un petit quelque chose en plus pour la rendre plus "tangible". Et eventuellement peaufiner des détails pour rendre la chute encore plus saisissante...
En résumé, félicitation pour ce texte intense, gonflé, bien mené, j'ai l'impression d'avoir découvert une autre facette très intéressante de ton talent !
J'ai été étonné et j'ai aimé que tu te lances dans ce thème risqué et aussi assez incorrect : J'ai pensé à Bunuel et aussi à Pierre Louys (la femme et le pantin).
La structure du texte est excellente, la mise en condition, le tremblement de terre, les relations entre l'homme et la femme, la fin abrupte. Je pense que tu utilises le bon ton pour raconter l'histoire. J'ai apprécié le fait que tu racontes simplement, pour le coup sans jugement. L'ensemble a une grande force.
Je pense que tu peux éventuellement améliorer le style, quelques phrases, à la marge. Peut-être aussi concernant le personnage de la fille, donner un petit quelque chose en plus pour la rendre plus "tangible". Et eventuellement peaufiner des détails pour rendre la chute encore plus saisissante...
En résumé, félicitation pour ce texte intense, gonflé, bien mené, j'ai l'impression d'avoir découvert une autre facette très intéressante de ton talent !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
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