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A l'attention des jeunes parents - Il était une fois

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Message  Chako Noir Sam 14 Mar 2009 - 12:36

(voââââla, version achevée, peut-être pas définitive en fonction de ce que vous pourrez me dire, mais en tout cas y a bien intro-thèse-conclusion avec plein de trucs au milieu)

A lattention des jeunes parents
Il était une fois...

Aujourd’hui, j’ai décidé de partager mon rôle. Je ne me sens pas de construire une histoire, un peu fatigué, la tête ailleurs, je ne sais quoi.
En fait, vous allez m’accompagner. Ensemble, nous allons inventer une belle histoire que vous pourrez raconter à vos enfants le soir avant dodo. Et comme ça y a un rapport avec le titre.
Sur ce.
Il faut avant tout un personnage. Pourquoi pas un chevalier ? Alors bien sûr, les aventures de cape et d’épée, avec des héros bodybuildés et des top models captives d’un affreux tout pas beau, c’est du déjà cuisiné, réchauffé et micro-ondé. Tant pis, on fera avec.
Tout d’abord, son nom : Leandro, Romuald, Jean-Paul… Pour ma part, je l’appellerait Jim. Pour la vôtre, c’est vous qui voyez. Mais si vous conservez Jim j’exige des droits d’auteur. Toc.
Enfin.
Adonc, Jim, par un beau matin ensoleillé comme tous les matins dans le royaume de Diergekraak – ça en jette, non ? – chevauchait gaiement dans la plaine verdoyante, son destrier fier et fringuant trottant sur un tempo jazzy. Sifflotant pour accompagner sa monture, il se rendait au château du roi, un roi plutôt sympa mais vraisemblablement peu soucieux du statut marital de sa fille : en effet le monarque avait décidé de prendre pour gendre le premier qui la délivrerait du donjon maudit dans laquelle elle avait été enfermée à cause de divers complexes dus, entre autre, à l'acné et autres troubles juvéniles qui incommodaient fortement l'entourage de la demoiselle. Bref on s’en balance.
Quoiqu’il en soit, Jim, intrépide aventurier, avait décidé de tenter sa chance, et de gagner la route du donjon.
Mais déjà, plusieurs interrogations cruciales s’imposent…
Et le temps de cogiter les réponses, une tasse de café pour moi.

§ * … * … * … * … * §

(Fin de la pause règlementaire.)
Premièrement, qu'est-ce qui peut bien garder le donjon ? Un dragon ? Une armée de trolls mutants ? Une chanteuse d'opéra à la voix tueuse d'objets en verre ? Remarquez, si Jim porte une armure en acier, ça ne sera pas bien grave, mais on ne sait jamais.
Autre interrogation – je relis parce que je ne sais déjà plus en j’en suis – est-ce que Jim voyage seul ?
Oui parce que s’il est tout seul, éventuellement il peut chanter pour se donner du courage, allumer son baladeur s’il a la voix cassée ou que ses cordes vocales ont tendance à imiter un bruit de casserole. Dans le pire des cas il peut aussi essayer de lire un bouquin, mais en chevauchant ce n’est pas très pratique. Allez, donnons-lui un camarade, histoire de placer au moins un dialogue rigolo avant la sempiternelle scène toute en roucoulade du prince et de la princesse.
Mais on n’en est pas encore là : le compère d’abord.
Il sera valet. Et autant le prince est beau, autant lui, il va être moche. Faut que ça tranche. Pour le moyen de locomotion une mule conviendra, parce que s’il est à pied le voyage sera plus long et pour tuer le temps il n’arrêtera pas de parler, et dans soixante-quinze pages on y est encore. Bien. Donc, petit, moche, voire bossu, ou peut-être pas, juste petit et moche ça suffira, mais en revanche bavard, et surtout approximativement drôle. Son nom: Trouffi. Vêtu de vieilles nippes et d’un chapeau bizarre, il aime fumer la pipe, et boit comme un trou noir. Je n’ai jamais dit que c’était un exemple à suivre.
Dialogue.
Jim et Trouffi, cheminant sur la route qui menait au donjon, faisaient la causette pour passer le temps.
« J’ai soif », disait Trouffi.
« J’ai faim », disait encore Trouffi.
« J’ai sommeil », disait toujours Trouffi.
« Si tu ne fermes pas ton immonde clapet dans la seconde, je te ligote les mollets, je trempe ton crâne dans un pot de miel et je balance le tout sur une fourmilière », répondait Jim.
Bien que tout les séparât, une grande amitié liait les deux compagnons.
- Dis, honnêtement, t’y vas pour la gloire, pour l’or, ou pour la fille?
- Aaah, coquin de valet, tu n’y connais rien en chevalerie ! L’honneur seul dicte ma conduite, mais le cœur d’une belle est un objet bien doux, et l’amour, tortueux délice, est toujours prompt à prendre le plus honnête des hommes, lorsque la plus jolie des perles se trouve au fond du filet.
- Paraît que ses problèmes d’acné sont assez épouvantables. J’ai apporté de la crème, au cas où.
- Insolent cuistre, butor sans esprit, comment oses-tu injurier ainsi ma future dulcinée ? Des excuses, ou c’est le bâton !
- Holà mon bon Monsieur ! Il ne faut point vous fâcher, je ne fais que tripatouiller piteusement mon verbiage, et comme dit si bien l’adage, mieux vaut lécher une botte que se la prendre dans le derrière.
- Il y a un adage qui dit cela ?
- Je n’en sais rien, mais à tout prendre, je jette dessus mon dévolu, et souhaite que votre pied se satisfasse de mon babillage et n’aille pas vouloir s’élancer dans mon sillage.
- Et ta langue de bois ! ne crains-je point d’écharde ?
- Votre pied est mon roi, j’ai peur qu’il me canarde.
- Me voilà rassuré, j’avais un petit doute. Taïaut piètre valet, poursuivons notre route.
- J’ai quand même pris de la crème au cas où.
Jim et Trouffi, faisant la causette pour passer le temps, cheminèrent sur la route qui menait au donjon.
Vous voyez, c’était facile.
Un cappuccino, pour fêter ça.

§ * … * … * … * … * §

Nous arrivons à présent au donjon. En revenant sur la question du gardien de l’endroit, peut-être pouvons-nous dire que moins Jim s’y attendra, plus ce sera corsé, qu’en dites-vous ? Allez, nous laisserons le hasard décider, et notre brave chevalier n’aura qu’à improviser. Je vois d’ici le tableau : Jimmy au bord du précipice, l’impitoyable sentinelle prêt à l’embrocher et Trouffi qui pendant ce temps là sauve la princesse et vient secourir son maître en lançant des noix de coco sur l’innommable cerbère. Alors celui-ci tombe dans le précipice, la princesse tombe amoureuse de Trouffi, le roi en le voyant frôle l’arrêt cardiaque, Jim pendant ce temps-là lève une armée pour se venger de son valet, et à la fin tout le monde meurt parce que c’est la vie. Ce n’est qu’une possibilité, après tout.
Mais revenons à notre histoire là où nous l’avons laissée.
- Vache, c’est ça le donjon ?
- Réfléchis Trouffi. Une immense tour hérissée de piques, entourée par un gargantuesque fossé que seule traverse une passerelle épaisse comme un fétu de paille et bancale comme un éléphant sur une pile de morceaux de sucre, ajoute à cela les trois corbeaux nichant dans les meurtrières, sans compter le fait que la seule fenêtre allumée se trouve au dernier étage, oui, effectivement, c’est le donjon.
- Ah ça, maître, on peut dire que vous avez l’œil !
- L’architecture exprime la hargne et l’orgueil.
- Oui, c’est le caractère effrayant qui ressort.
- Une tour qui respire le sang et la mort.
- Je ne serais pas contre faire volte-face.
- Et moi je t’ordonne de rester à ta place.
- Mais on va se faire ratatiner !
- Pas tant que ma main aura son épée !
- Ô sainte mère, pardonnez cet imprudent qui aura causé la perte de votre enfant !
- Cesse donc de dire des sottises, et aide-moi plutôt à enfoncer la porte !
- Il faudrait déjà traverser la passerelle…
- Allons, c’est un jeu d’enfant, de quoi as-tu peur ?
- Le fétu de paille, vous vous souvenez ?
- Et bien, quoi ?
- J’ai le rhume des foins.
Libre à vous d’épargner ou non l’enrhumé d’un bon coup dans le train, toujours est-il que malgré les plaintes du valet les deux héros parviennent au seuil du donjon, et, avec l’aide du crâne solide de Trouffi, réussissent à dégonder la porte.
- Aïe, maître ! C’est du ciboulot que je travaille, moi !
- De quoi te plains-tu ? Ta tête fut une aide précieuse.
- Précieuse, précieuse… Qui casse paie, j’attends ma solde !
- Si tu continues à parler tu n’auras rien, car nous serons morts tous les deux ! On fait le silence dans un donjon !
Mais disant cela, Jim avait haussé le ton, et il est fort possible que les deux compères aient été repéré. C’est là que les ennuis commencent…
Une tasse ?

§ * … * … * … * … * §

Comme je n’ai pas envie de faire un plan, on va dire que l’escalier est tout droit en entrant. Mais ceux qui aiment les labyrinthes peuvent prendre une feuille et faire un dessin. Disons que la montée se fit sans encombre, à part peut-être une marche glissante qui manqua d’amputer Trouffi de la jambe gauche. Enfin, après les trois cent quatre-vingt-douze marches convenues, une ultime porte close barrait la route. Une petite porte toute simple, très sobre, en chêne, avec une poignée et une grosse serrure.
- Non non non, je vois d’ici venir l’idée, mais le dévoué Trouffi va garder sa tête entre ses deux épaules et le maître va se débrouiller sans lui !
- Comment ? Tu oses discuter mes ordres ?
- Mais vous n’avez pas encore donné d’ordre…
- Justement, raison de plus pour ne pas les discuter !
- C’est que, voyez-vous, j’ai un naturel très préventif, et je sais l’affection que vous portez à cet appendice que recouvrent mes cheveux.
- Je m’en vais te les arracher un par un, si tu ne m’obéis !
- Mais maître, ce n’est pas à vous de délivrer la princesse ?
- Je ne vois pas le rapport, une porte n’a rien à voir avec un pieux baiser !
- C’est pas bientôt fini ce bordel ?
Pendant qu’ils palabraient, la porte s’était ouverte, et une jolie rousse en robe verte les toisait furieusement.
- Euh… et bien…
Suggestion de Trouffi :
- Maître, si vous voulez avoir une chance de la convaincre de nous raccompagner, laissez-moi parler. Hem. (lyrique) Belle demoiselle, je vous prie d’excuser l’emportement de ce grand benêt…
- Moi, un benêt ?
- (bas) Taisez-vous ! (haut) Nous n’avions pas songé qu’un lieu aussi sordide pouvait abriter le repos d’un ange, mais avec une hôte telle que vous, la plus sombre des tours paraîtrait éclairée de mille soleils.
- Éépargnez à votre salive ces flatteries désuètes, et dites-moi plutôt ce que vous faites ici.
- Ah. Maître, je crois que c’est à vous de répondre.
- Moi ? Ahi ! Euh… et bien… vous êtes la princesse ?
- Dans le mille.
- Ahi ! Et, euh… vous n’êtes pas blonde ?
- C’est la surprise de me voir ou la bêtise est une donnée naturelle chez lui ?
Stop, là ça ne démarre pas vraiment très bien. Si seulement Trouffi n’avait pas commencé… On va dire qu’au lieu de cela, Jim a effectué la seule chose sensée : frapper à la porte. Cette dernière s’ouvre :
- Vous désirez ?
- Vous.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
D’accord, c’est un peu rapide. Revenons sur la réplique de Jim :
- Trouffi, redescends faire le guet.
Elle n’a aucun rapport avec la princesse, mais cela permet d’éloigner le valet de la conversation, et ensuite c’est plus simple pour comprendre qui dit quoi.
- Qu’est-ce qu’une aussi adorable créature fait dans un donjon aussi abominable ?
Oui, c’est parti pour être niais. On devrait pouvoir trouver une alternative, sans pour autant que ça vire au politiquement incorrect. Essayons.
- Bonjour.
- Bonjour.
Il y a un début à tout… On n’a qu’à dire qu’il sont un peu gênés.
- Vous êtes chevalier, c’est ça ?
- Oui, c’est tout à fait cela. Et vous princesse, je suppose ?
- En effet. Je crois que, professionnellement parlant, nous sommes faits pour nous entendre, n’est-ce pas ?
- Oui… professionnellement parlant ?
- C’est vrai, moi, l’innocente princesse captive dans une tour, vous, le preux chevalier qui monte en haut de la tour, je crois que…
- Descendre !
- Hein ?
- Nous devons, descendre.
- Oui, c’est cela, professionnellement parlant, une princesse, un chevalier, en haut d’une tour, il faut, descendre.
- Oui, c’est cela, et même, si l’on peut, essayer, peut-être, d’échanger quelques propos galant, un madrigal sucré par exemple.
- Ou un sonnet flamboyant et passionné.
- Partager juste une sensation.
- Le parfum d’une rose.
- Le clapotis d’un ruisseau.
- La chaleur d’un feu de bois.
- La douceur d’un lit.
- La légèreté des draps.
- L’haleine de la nuit.
- Viens !
- Partons !
- Où tu voudras.
- Tout, n’importe où, avec toi.
- Nos voix s’emmêlent !
- Tes mains dans mes cheveux, mes yeux dans tes seins.
- Tes yeux dans mes mains, mes seins dans tes cheveux.
- Je deviens fou.
- Allons-nous en !
- Je brûle !
- Il fait chaud…
- Je me consume comme une étoile filante !
- Il fait très chaud…
- Un brasier dantesque prend possession de chaque fibre de mon corps !
- Il fait vraiment très chaud…
- Ah mon cœur, mes poumons, ma tête, mes mains, mes cheveux, mes pieds, mes hanches, tout part en flammes, tout part en fumée !
Et Trouffi hurla : « Un dragon ! »
Café.

§ * … * … * … * … * §

Le moment tant attendu, la grande scène héroïque de l’histoire, comment le chevalier Jim va triompher du dragon – oui parce que les trolls mutants, j’ai abandonné, ça ne faisait pas sérieux. Bref, comment va-t-il s’y prendre ? À vos méninges, brave lecteur, le plan de la victoire sera machiavélique ! Mais on peut sûrement donner un coup de pouce au héros : Trouffi, qui est au rez-de-chaussée depuis un bon bout de temps, a peut-être eu le temps de manigancer quelque ruse ?
Vous me direz, on est un peu passé à côté de la scène d’amour entre les deux jeunes zozos. Le madrigal, le madrigal… et bien ils l’inventeront, ils auront toute la vie pour le faire ! Pour l’instant ils sont encore tout émoustillés par leur première entrevue, et s’ils ne sont pas tout feu tout flamme, la gueule béante du dragon pourrait bien arranger cela. Chacun ses priorités, pour Jim il n’y a pas photo : sauver sa peau, et celle de ses camarades.
Heureusement, Trouffi a déjà tout prévu.
- Ah, vous voilà, c’est pas trop tôt ! Vous vouliez que je me fasse bouffer ou quoi ?
- Trouffi, la princesse est avec nous, surveille ton langage.
- Oh, mes excuses, vos seigneuries, je vous prie de me pardonner d’avoir pensé un poil plus haut que les bienséances l’exigent.
Alors là ça va être chaud, pas à cause du dragon mais parce qu’ils sont trois à dialoguer. Il va falloir mettre des « dit-elle » et des « fit-elle » et des « ajouta-t-elle » et peut-être même des « écouta-t-il ». À moins que… une idée ! Comme elle ne s’attendait pas à l’intrusion des deux loustics, elle n’a pas pris le soin de faire ses valises, et donc, pendant que Jim et Trouffi luttent vaillamment, elle range ses bijoux et ses vêtements.
- Mon valet, as-tu cogité quelque petit stratagème pour nous faire sortir d’ici ?
- Facile à dire, pendant que vous roucoulez, votre pauvre serviteur se fait attaquer !
- Mais tu as bien eu le temps de ruser un brin, sinon toi et moi nous sommes dans le pétrin !
Trouffi, paniqué, se lance dans un ballet de soubresauts et de galipettes agiles, puis glisse sur un os qui jonchait le parquet, et l’envoie tout droit dans le ventre du reptile. Furieux, le dragon crache ses flammes ardentes, mais Jim habilement esquive et rétrograde, esquisse avec courage une fente épatante, puis trois pas de côté et une estafilade.
- Bien joué maître, mais je crains fort que votre épée ne se soit contentée de chatouiller son nez.
- Ah, silence, maraud ! Il n’est point d’ennemi que je ne puis vaincre même à bras raccourci !
- Je souhaite pourtant qui soit le plus long du monde, pour écraser sans peine cette bette immonde. Ce fétide démon vomit un jet d’enfer, seuls nos corps calcinés pourront le satisfaire. Ah ! Par Sainte Nytouche, mon chapeau prend feu !
- Écarte-toi séant, que je crève ses yeux !
Jim joignant aux mots un geste désespéré, avec force et courage lança son épée. Mais le dragon d’un souffle ardent se défendit, et avant de l’atteindre la lame fondit.
- Maître, cette fois-ci, c’est fichu, on est cuit.
- Alors il n’y a qu’une chose à faire : prie.
Thé à la menthe.

§ * … * … * … * … * §
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Message  Chako Noir Sam 14 Mar 2009 - 12:36

J’avoue, j’ai fait exprès de couper ici, vu que c’est le moment le plus terrible de toute l’histoire. Mais rassurez-vous, nos héros vivront :
- Hé, odieux lézard, attrape ça ! cria une voix haut perchée.
- Princesse ! hurlèrent deux voix mues par un heureux espoir.
La séquence passa comme un ralenti au cinéma, le sèche-cheveux de la princesse virevolta, tournoya, vola presque, depuis le balcon sur lequel elle était perchée jusqu’à la gueule pleine de fureur du dragon. Lentement mais indéfectiblement, le sèche-cheveux souffla, mugit tête-sec, et balaya le feu du saurien jusqu’au fin fond de ses entrailles.
Nulle onomatopée, nul « Hourra ! », nul « Yihaa ! » ne permettrait de décrire le festival de cris de joie qui suivit le magnifique lancer de la princesse. Le dragon était mort, nos héros avaient eu chaud aux fesses. Pour ainsi dire.
- Bon, que reste-t-il à faire ? s’enquit Jim.
- On fouille le dragon ? proposa Trouffi.
- Je prends ma valise, et on rentre au pays, répondit Lisa.
C’est ainsi que les trois compagnons victorieux quittèrent le donjon désormais vide de toute vie, et reprirent la marche en sens inverse.
Les jeunes gens purent ainsi faire plus ample connaissance, et sous les quolibets suggestifs du valet, un amour timide naissait.
- Tendre Lisa, vous êtes plus que fascinante.
- Si je suis cela, alors vous êtes plus que Lisa.
- Cher ange, je suis mille fois moins ; votre seule beauté éclipse toutes mes vertus.
- Toutes les miennes réunies ne valent pas la plus infime des vôtres.
- Cependant une chose m’échappe…
- Quoi donc ?
- Je croyais que vous aviez des problèmes d’acné.
- Oui, mais comme toutes les princesses ma marraine est fée ; elle a arrangé ça en moins de deux.
- Mais alors, vous voulez dire, qu’on vous a enfermé… pour rien ?
- Le rêve de petite fille d’être délivrée par un noble et preux chevalier. Il fallait un prétexte.
- C’est… c’est inique !
- Enfin quoi, vous auriez voulu que j’aie réellement le visage ravagé par d’immondes pustules ?
- Comment ! Vous me dites que j’ai grimpé jusqu’à ce donjon pour délivrer une prisonnière qui n’en était pas une ? Et le dragon, c’était un figurant ?
- Vous vous emballez, vous avez tort !
- Non non, on ne fonde pas une relation sur une tromperie aussi fourbe, moi je me tire. Adieu.
Et c’est ainsi que Jim laissa la princesse Lisa seule et désemparée. Trouffi se proposa bien pour prendre sa place, mais sa requête fut éconduite. La princesse était condamnée à rester célibataire. Le roi fut tout déconfit de l’apprendre. Mais Jim était parti, et son valet qui trouvait tout cela vraiment trop inique se lança dans les affaires et monta une entreprise de maréchal ferrand.
Voilà, le temps est venu pour les mots de la fin. Certes, cette histoire ne se termine pas exceptionnellement bien, mais si vous voulez inventer une conclusion un peu meilleure, libre à vous d’inventer une nouvelle aventure où la princesse se démènerait pour récupérer Jim et où Trouffi deviendrait milliardaire.
Sinon faites comme moi, référez-vous à tous ces contes qui commencent par il était une fois.
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Message  Sahkti Lun 30 Mar 2009 - 14:46

Trouffi, quel nom... :-)))

Comme dans l'autre texte, je retrouve pas mal de dérision, d'humour et de vivacité et c'est très plaisant. Cela est amené avec un zeste de caricature qui apporte beaucoup.

Dans mon autre commentaire, je disais que le trait me paraissait de ci de là un brin trop forcé, que les appels directs au lecteur étaient aussi, peut-être, trop fréquents et qu'ajoutés aux digressions, ça pouvait alourdir.
C'est mieux ici (même si encore perfectible), tu as modifié cela en apportant davantage de spontanéité à l'ensemble, tout en maintenant le côté décalé.
Je me suis bien amusée :-)
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Message  Invité Mar 31 Mar 2009 - 14:41

C'est mignon, c'est drôle, c'est bien écrit et la fin se permet de se démarquer du genre. Les personnages sont attachants, je crois que c'est surtout grâce à eux qu'on apprécie l'histoire, à leurs réparties vives et pleines d'humour.
Je trouve l'ensemble plutôt réussi ; tu t'en tires finalement bien avec les incursions du narrateur, même si ce n'est pas ce que je préfère comme méthode...

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Message  ptipimous Mar 31 Mar 2009 - 19:34

c'est bathement écrit. un petit peu plus de fantaisie, originalité et trouvailles pour les échanges de chevalier à valet pimenterait le truc.
mais ça m'a plu.
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Message  Chako Noir Jeu 2 Avr 2009 - 12:14

Merci Sahk! (j'osais pas remonter le fil, tout de même, ça ne se fait pas...)
Content de voir que les petites modifs tiennent un peu mieux la route. Ce qui me faisait un peu peur c'était que le lecteur finisse par décrocher avant la fin (en même temps j'y tenais à ce que le narrateur boive son café à la fin de chaque paragraphe!!!) et puis, comme on peut le constater dans plusieurs de mes textes précédents, j'ai une certaine tendance à partir dans la dispersion, et c'est surtout ça que je voulais éviter. Donc plutôt content, Sahkti et Easter z'êtes tout à fait rassurantes ^^ (d'autant plus que vous aviez lu la 1ère version)
Et merci aussi à ptipimous pour son commentaire, même si je ne suis pas tout à fait sûr de la signification de "bath" (que je n'avais encore jamais rencontré ailleurs que chez Courteline, dans la bouche d'une cocotte montmartrienne... comme quoi!)
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Message  ptipimous Jeu 2 Avr 2009 - 12:42

bath est un mot d'argot qui signifie : agréable, beau. Très employé par les zazous dans les années 40 puis par la jeunesse de st Germain des Prés dans les années 50 donc, jusque dans la décennie 60. Un peu plus rare de nos jours, je le concède !
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Message  Chako Noir Jeu 2 Avr 2009 - 12:48

Merci pour l'info!
Je donne ma source à mon tour: Le Gora, courte pièce de Courteline mettant en scène une dispute de couple à propos de liaisons... grammaticales. Pour l'avoir lu, mis en scène et interprété, c'est un texte que je trouve absolument jouissif, que l'on peut lire ici
@+
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