A l'attention des jeunes parents (nouvelle : partie 1)

Pfiou! longtemps que j'avais pas posté un long texte... en fait j'suis pas très correct, je poste un texte non fini. Mais c'est qu'une fois arrivé là, j'aimerais quelques avis avant de poursuivre, parce que j'ai vraiment envie d'en faire un truc bien et corriger ce qui est déjà là avant de continuer... bref! Envoyez le morceau:

A l’attention des jeunes parents

Mesdames, Messieurs.
(Voilà un commencement qui se tient.)
Ce que vous n’allez pas tarder à lire s’inscrit en droite ligne du quotidien, et prétend en sortir. Déjà la tournure attire l’attention. Et je vous autorise à me traiter de prétentieux. Bien, voilà qui est fait.
Aujourd’hui, lecteur, j’ai décidé de partager mon rôle. Eh oui, j’ai la flemme d’inventer une histoire, alors vous allez le faire à ma place. Absurdité sans nom, dites-vous? Quelque chose genre si j’avais su j’aurais pas lu ? Mais non, ne vous inquiétez pas, ça va être simple. Mieux, en bon samaritain, je vais vous guider.
Fin du préambule.
Alors vous vous dites, inventer une histoire, là, maintenant, comme ça, c’est… difficile, non ?
Et bien vous allez voir, ça ne l'est pas du tout. Ensemble, nous allons construire une belle histoire, que vous pourrez raconter à vos enfants le soir avant dodo (oui, c’était ça le rapport avec le titre).
Commençons.
Prenons un personnage, complètement banal, sans personnalité, sans couleur, sans nom. Bon, il lui faut quand même un nom, sinon on ne va pas le reconnaître. Appelons-le Jim. Ou Charlie, ou Leandro, ou Romuald, ou n'importe quoi. Mais pas X ou Y, parce qu'après à la fin, "X embrassa W et ils vécurent heureux pour toujours" ça ne sonne pas terrible. Au passage désolé de dévoiler la fin, mais de toute façon on s'y attend. Quoiqu’elle n'est pas encore écrite, et tout peut arriver…
Enfin, nous avons notre Jim. Il lui faut maintenant un statut social. Mettons chevalier, comme ça il aura l'air important sans l'être trop.
Adonc, Jim, par un beau matin ensoleillé comme tous les matins dans le royaume de Diergekraak (Trucmuche, et caetera), vagabondait gaiement dans la plaine verdoyante, son poney fringuant trottant sur un tempo jazzy. Enjoué, quoi.
Mais il ne vagabondait pas dans n'importe quelle direction. Eh non.
En vérité il se rendait au château du roi, le bon roi qui était très gentil sauf sur un point, la situation de sa fille, la jolie princesse... euh... ce que vous voudrez. Pour que ce soit plus simple, je la nommerai Elsa.
Mais vous faites comme vous le voulez.
Bref ! Jim, donc, se rendit à la cour du roi très-sympa-sauf-par-rapport-à-l'actuelle-situation-de-sa-fille (je résume), et apprit que le monarque, peu soucieux de la qualité maritale de la princesse, avait décidé de prendre pour gendre le premier qui la délivrerait du donjon maudit dans laquelle elle avait été enfermée à cause de divers complexes dus, entre autre, à l'acné et autres troubles juvéniles qui incommodaient fortement l'entourage de la demoiselle. Bref on s’en fout.
Brave garçon, Jim décida bien évidemment de relever le défi, et son poney fringuant demanda au maréchal ferrant de donner une nouvelle jeunesse à ses fers, parce qu'il allait devoir trotter encore un sacré bout de temps. Je marque ici une première pose, parce que déjà plusieurs interrogations cruciales s'imposent.

Premièrement – notez le saut de ligne qui marque la pose. Chaque nouveau paragraphe signifie une nouvelle tasse de café, et je vous permets de vérifier l'état de sommeil de votre interlocuteur afin de décider s'il est utile ou non de poursuivre l'histoire. Mais comme vous êtes évidemment passionnés par ces mots que vous lisez avec avidité, pour ma part je vais boire mon café et continuer à écrire. Vous êtes gâtés.
Fin de la digression – premièrement, qu'est-ce qui peut bien garder le donjon ? Un dragon ? Une armée de trolls mutants ? Une chanteuse d'opéra à la voix tueuse d'objets en verre ? Remarquez, si Jim porte une armure en acier, ça ne sera pas bien grave, mais on ne sait jamais.
Autre interrogation – je relis parce que je ne sais déjà plus en j’en suis – est-ce que Jim voyage seul ?
Oui parce que s’il est tout seul, éventuellement il peut chanter pour se donner du courage, allumer son MP3 s’il a la voix cassée ou que ses cordes vocales ont tendance à imiter un bruit de casserole. Dans le pire des cas il peut aussi essayer de lire un bouquin, mais en chevauchant ce n’est pas très pratique. Allez, on va lui donner un camarade, histoire de pouvoir placer au moins un dialogue rigolo avant la sempiternelle scène tout en roucoulade du prince et de la princesse.
Mais on n’en est pas encore là.
D’abord, le compère. Alors autant le prince est beau, autant lui il va être moche. Faut que ça tranche. Pour le moyen de locomotion on va lui donner une mule, parce que s’il est à pieds le voyage sera plus long et donc pour tuer le temps il n’arrêtera pas de parler, et dans soixante-quinze pages on y est encore. Mais il ne lui faut pas non plus un fier étalon cher et chic, parce que Jim n’est pas très riche. Et ça tombe bien, parce qu’en plus de la main de la princesse au bout de l’histoire y a un bon pactole. Enfin, probablement.
Bien. Donc, petit, moche, voire bossu, ou peut-être pas, juste petit et moche ça suffira, mais en revanche très bavard, et surtout très drôle. Son nom: Trouffi. Vêtu de vieilles nippes et d’un chapeau bizarre, il peut fumer la pipe, et boit comme un trou noir. J’ai jamais dit que ce mec était un exemple.
Allons, le dialogue.
Jim et Trouffi, cheminant sur la route qui menait au donjon, faisaient la causette pour passer le temps.
« J’ai soif », disait Trouffi.
« J’ai faim », disait encore Trouffi.
« J’ai sommeil », disait toujours Trouffi.
« Si tu ne fermes pas ton immonde clapet dans la seconde, je te ligote les mollets, je trempe ton crâne dans un pot de miel et je balance le tout sur une fourmilière », répondait Jim.
Bien que tout les séparât, une grande amitié nouait les deux compagnons.
- Dis, honnêtement, t’y vas pour la gloire, pour l’or, ou pour la fille?
- Aaaah, coquin de valet, tu n’y connais rien en chevalerie ! L’honneur seul dicte ma conduite, mais le cœur d’une belle est un objet bien doux, et l’amour, tortueux délice, est toujours prompt à prendre le plus honnête des hommes, lorsque la plus jolie des perles se trouve au fond du filet.
- Paraît que ses problèmes d’acné sont assez épouvantables. J’ai apporté de la crème, au cas où.
- Insolent cuistre, butor sans esprit, comment oses-tu injurier ainsi ma future dulcinée ? Des excuses, ou c’est le bâton !
- Holà mon bon Monsieur ! Il ne faut point vous fâcher, je ne fais que tripatouiller piteusement mon verbiage, et comme dit si bien l’adage, mieux vaut lécher une botte que se la prendre dans le derrière.
- Il y a un adage qui dit cela ?
- Je n’en sais rien, mais à tout prendre, je jette dessus mon dévolu, et souhaite que votre pied se satisfasse de mon babillage et n’aille pas vouloir s’élancer dans mon sillage.
- Et ta langue de bois ! ne crains-je point d’écharde ?
- Votre pied est mon roi, j’ai peur qu’il me canarde.
- Me voilà rassuré, j’avais un petit doute. Taïaut piètre valet, poursuivons notre route.
- J’ai quand même pris de la crème au cas où.
Jim et Trouffi, faisant la causette pour passer le temps, cheminèrent sur la route qui menait au donjon.
Vous voyez, c’était facile.
Une nouvelle tasse, pour fêter ça.

Chako, je vais te dire, ne change rien, c'est tout bon comme ça. C'est original, dans l'idée et son traitement. J'aime cet humour et je crois effectivement que tu tiens un truc, là

Deux remarques de pure forme : je crois qu'on écrit à pied sans s, même si en général on en a deux chacun, mais ce serait à vérifier
et puis on écrit pause et non pose dans le cas qui te concerne.
(pose c'est par exempmle pour la photo, alors qu'un pause c'est un temps d'arrêt).

Oui, continue, tu m'intéresses :-))

J'ai adoré ce texte. J'aime beaucoup ton humour, et je n'ai vraiment pas vu la fin venir tant j'étais plongé dans le récit. J'ai l'impression de l'avoir lu en quelques secondes. Je n'ai rien à dire à part que cet écrit mérite bien des compliments. Merci à toi Chako.

Très sympa !
Ca se lit tout seul, et j'ai bien ri.

Mentor, oui, tu as raison, on écrit bien "à pied" et non "à pieds".
Même si, apparemment, cela dépend du contexte...
j'ai trouvé ceci, si ça vous intéresse : http://www.cce.umontreal.ca/capsules/2945.htm

lu-k a écrit:Ca se lit tout seul, et j'ai bien ri.

Ah! tant mieux, parce que c'est ce qui compte!
Merci pour le tuyau question pied, la suite commence à me venir en tête... pour bientôt!

Ve se Jarryse par moment en ce moment. Fonce !

Je suis personnellement resté sur ma faim.

L'idée du faux incipit me semble éculée et ça m'a ennuyé. Je trouve ton narrateur trop insistant, ça me rappelle les premiers romans où le narrateur voulait s'émanciper totalement, et prévenait le lecteur sur un ton grave, ou amusé.

Du coup, d'entrée de jeu, je reste sur la touche et regarde un narrateur artificiel s'empêtrer vers quelque chose que l'on devine trop vite. Je trouve que le texte manque de caractère "littéraire".
Je ne parle pas forcément du niveau de langue, dont le plus argotique embelli parfois des textes à merveille, mais ça fait plutôt "billet d'humeur rigolo de blog".

En fait, derrière l'effort du narrateur et de la stylistique mise en place pour apostropher le lecteur, j'ai l'impression trop nette que c'est l'auteur - toi - qui parle. Et c'est ça qui, selon moi, rend tout le texte bancale. ça fait trop facile ou pas assez travaillé.

On dirait presque que tu l'as écrit d'une traîte, dans un p'tit moment de bonne humeur, laissant aller ta plume desinhibée. L'idée de départ est sympa, mais c'est vraiment classique, et l'approche est trop neutre pour rendre le déroulement intéressant.
Ledit narrateur n'a de but que faire passer l'information, et la "facilité stéréotypée" que tu proposes pour la confection d'une histoire transpire sur la composition de ton texte, qui le rend du coup bancale pour moi.

En fait, pour résumer, il aurait vraiment fallu deux tons différents : une vraie voix au narrateur ; une vraie couleur à la description de "comment faire une histoire", et peut-être un but à cette autopsie de l'histoire, une conclusion personnelle.

Alskay, tu sembles si sérieux! Tes remarques sont posées argumentées et le plus souvent justes mais je ne peux m'empêcher de penser que tu gagnerais parfois à l'être un peu moins.
Moi j'ai trouvé ce texte marrant, sans prétention si ce n'était de faire sourire son lecteur ce qui est chose faite. Ce qui domine ici c'est le plaisir prit par l'auteur, plaisir communicatif.

Et bien évidemment, il ne faut jamais y voir le moindre soupçon de critique gratuite et méchante - à quoi bon, on ne se connaît même pas en vrai. =-)

Mais je pars du principe que commenter un texte c'est rendre service à l'auteur avant tout, et du coup j'essaye d'être le plus exhaustif possible dans mon avis - car dire "j'aime" ou "j'aime pas", en enjolivant la formule, à quoi bon ? =-)

Il y a cependant un travail d'ecriture.
Meler et entremeler trois niveaux de langage n'est pas si aisé, en fait.
Y'a meme des trucs rigolos parceque bien ecrits:
ce truc a la facon Grieg par exemple:

« J’ai soif », disait Trouffi.
« J’ai faim », disait encore Trouffi.
« J’ai sommeil », disait toujours Trouffi.

.
Il a certainement ete pense et pas jeté la.
Chako me semble-t'il est orienté theatre/mise en scene. Il est normal que ces influences transparaissent dans ses essais. l'extraire de sa vision pour le plonger dans une litterature lourde, serait, a mon sens une erreur.
Vive la comedie !
desole pour le qwerty mais j'ai la calebasse qui fatigue.

La distanciation-marrante-second-degré-comme-s'il-en-pleuvait ne fonctionne pas pour moi, elle me paraît lourdaude, beaucoup trop pesante car omniprésente.

(Je précise que l'ennui devant cet humour que je trouve éléphantesque m'a empêchée d'aller au bout du texte ; peut-être cela s'allège-t-il ensuite, je n'en sais rien. A part ça, ayant parcouru les commentaires, je rejoins Alskay mais évidemment je ne parle pas en pleine connaissance de cause.)

pandaworks a écrit:desole pour le qwerty mais j'ai la calebasse qui fatigue.

T'en fais pas pour ça panda =)
C'est vrai que l'humour du texte n'est pas extrêmement raffiné. Perso, comme l'a bien vu panda, je me sens beaucoup plus à l'aise avec les dialogues (bien amusé à concocter les échanges Jim/Trouffi) mais c'est surtout le début qui, par rapport à la suite, est effectivement assez lourd, et que j'ai un peu de mal à alléger sans perdre l'intention de base. Peut-être mieux différencier les registres comme le suggère Alskay?
En revanche, Jim & Trouffi, je garde ^^
(vive la comédie!!!)

Sympathique, marrant, mais tu en fais un peu trop.
Il faudrait alléger le début, en effet. Tu peux forcer sur les dialogues puisque c'est ta spécialité ;-)

Je me suis ennuyée jusqu'au dialogue qui est savoureux. J'ai trouvé le ton très forcé, les ficelles bien trop grosses.

C’est une récréation. Tu t’amuses en écrivant, le ton est léger et ça passe bien de mon œil à mon cerveau (j’ai l’œil très près du cerveau). Sur scène les comiques appellent ça un stand-up, quand c’est écrit et qu’on reste assis ça doit être un stand-down (mais mon anglais est rudimentaire).

Bonjour Chako Noir, une fois de plus je ne suis pas arrivée au bout du texte, pour les mêmes raisons que la première fois : le procédé humoristique me paraît beaucoup trop appuyé, pour moi il noie l'histoire. Cela dit, j'ai relu aussi les commentaires et vu qu'en majorité ils étaient favorables. En d'autres termes : vous avez un public pour qui, au contraire, le style est bien ainsi. Rien ne vous oblige à changer le texte s'il vous plaît tel qu'il est !
Si vous voulez changer le texte, mon conseil serait de le réduire et de rendre moins fréquentes les interventions du narrateur-auteur.

Je suis de l'avis de Socque, les interventions en direction du lecteur sont trop nombreuses et trop appuyées, enlevant en partie la légèreté qui devrait caractériser le texte. Il y a pourtant des touches très drôles, mais trop noyées dans la masse. Le ton " drôlatique" est extrêmement difficile à tenir sans faire négligé, je crois qu'il demande à être mis en contre-point avec une langue très rigoureuse, voire rigoriste, et un élément de sérieux pour contraster. ( je te dis ça parce que c'est souvent ce que je cherche à faire et que diverses tentatives m'ont - pour l'instant !- amenée à cette conclusion.)

Quoiqu’elle n'est pas encore écrite Quoi qu'elle ne soit...

J'ai trouvé cela assez bien "écrit", disons que depuis Stendhal ou Flaubert, il faudra qu'on m'explique "le style " le "bien écrit", le "pas bien écrit".

Bon, ça mange pas de pain, par moments, un peu fouillu et touffis ( comme Mlacid et Puzo !!! ) mais se lit assez bien, de mon côté, un intérêt sur le fond assez faible.
Plus un exercise qu'un vrai texte qui voudrait développer du fond, disons une histoire.

Une amitié lie plutôt qu'elle ne noue deux personnes, non?
Bon, détail, certes :-)

J'ai aimé ton texte, pour sa fraîcheur et son sens de la dérision. De temps en temps l'une ou l'autre tournure maladroite mais dans l'ensemble, je trouve que ça se tient assez bien.

Toutefois, je me demande si il n'y aurait pas moyen d'accentuer le décalage entre narration et histoire proprement dite, si tu ne pourrais pas davantage distancier les deux pour renforcer l'humour existant et diminuer cette impression de trait de temps à autre forcé.
S'adresser au lecteur, c'est bien mais là, c'est peut-être trop fréquent ou de manière trop dense et trop directe. Si à cela on ajoute les multiples digressions dans le récit, ça finit par devenir pesant et ternir le côté frais et plaisant du texte. Cela peut également sonner brouillon.

Bref, il y a des qualités et un bon potentiel dans tout cela. Reste, à mon avis, à alléger un peu et modifier la structure de manière à distinguer autrement l'histoire et le narrateur.

Pas que j'ai trouvé ça vraiment mauvais mais j'ai laissé tombé apres le saut de ligne. Ca se lit bien. Les interventions du narrateur ont tendance à m'irriter, le coté "oui oui lecteur" j'aime pas en général.

Bon là tu t'en sorts pas trop mal mais ça manque du truc qui emmene en voyage, ou qui te retiens sur le quai (au choix). Vite lassant au final.

J'ai beaucoup beaucoup aimé. Je ne sais pas si je suis capable d'analyser ce texte, mais j'ai pris du plaisir à le lire. J'ai bien aimé l'intervention de l'auteur, ça donne du punch au texte (et de l'humour aussi).

lol47 a écrit:J'ai trouvé cela assez bien "écrit", disons que depuis Stendhal ou Flaubert, il faudra qu'on m'explique "le style " le "bien écrit", le "pas bien écrit".

Alors il faut que tu lises le dernier livre de Bégaudeau sur la littérature.

Hé bé, étonné de me voir encore en 1ère page (youpi mon texte crée la polémique..!!)
En fait je l'ai pratiquement achevé, postable ce weekend, et j'ai réduit un peu le discours du narrateur au début... mais il n'est pas absent pour autant!
A dans deux jours! =)

J'espère que tu n'as pas trop réduit ton texte. Il est vraiment bien comme il est ici.