Jehan des Grèves II

[Arielle]

Lorsque Jehan atteignit le pied de l'escalier de granit montant aux créneaux, il fut accueilli par la dégringolade d'un combattant venu terminer sa course contre ses jambes, la figure tournée vers le ciel. En fait de figure, le pauvre bougre, ne montrait plus guère qu'une bouillie de sang, de cervelle et d'os. Jehan, désemparé, traça du pouce un vague signe de croix au dessus de ce qu' il supposait être le front puis, luttant contre sa répugnance et sa crainte, il entreprit de desserrer les doigts du cadavre qui se cramponnait encore à un long manche sur lequel il avait fixé une foëne à trois dents. Le jeune homme ne pouvait imaginer de monter sans arme au cœur de la bataille.

A cet instant il s'entendit interpeller et, se retournant, à la lueur de l'incendie qui ensanglantait toujours la nuit, il aperçut les silhouettes de deux moines qui transportaient un blessé sur un brancard de fortune :

- Jehan! Où étais-tu passé? Notre prieur te cherche et te demande instamment de te rendre à la bibliothèque où il t'attend.

Le novice s'était approché et regardait, fasciné, le genou la victime. De la plaie béante, qu'on avait mise à nu, pointaient des esquilles d'os blêmes autour desquelles les chairs déchiquetées s'épanouissaient en une fleur écarlate semant ses pétales sur le pavé de la ruelle. Pendant que les deux brancardiers soufflaient un instant avant d'entamer une nouvelle série de marches, Jehan se pencha vers le visage du blessé. D'une pâleur extrême, il gisait inconscient, les yeux clos, les narines pincées. Brusquement, une évidence le foudroya. Ces cheveux roux, cette crinière extravagante couronnant ces traits émaciés : Pierre! Pierre le Goupil, son compagnon d'enfance, l'inséparable complice de tous ses jeux d'autrefois … Il allait tendre la main vers sa joue, murmurer son nom quand il réalisa qu'il ne ferait que réveiller sa douleur. Ce qui lui tenait lieu de sommeil, pour l'instant, le soulageait bien mieux que ne pourrait le faire un geste maladroit même s'il était emprunt de tendresse.

Jehan regarda s'éloigner le triste équipage qui emportait son ancien camarade, se promettant de le retrouver plus tard parmi les blessés rassemblés à l'aumônerie de l'abbaye. Il hésitait une fois encore, tiraillé entre le désir de défendre activement sa ville et celui d'obéir à son supérieur qui le mandait au monastère. L'espoir de retrouver son père parmi les défenseurs le décida. Armé de son trident il s'engagea dans l'escalier du rempart.

La marée haute avait permis aux Anglais de s'approcher au plus près des fortifications pour bénéficier de toute la puissance de leurs bouches à feu installées sur le pont des navires. Il leur fallait faire vite pour creuser une brèche permettant d'investir la cité avant que les eaux ne se retirent et ne mettent toute la flotte en péril, l'emprisonnant dans les sables. Les boulets s'acharnaient contre le granit mais leur tir approximatif se contentait, pour le moment, d'ébranler le rempart et de l'écorner sans parvenir à l'entamer. Des barges à fond plat avaient amené la piétaille ennemie au pied des murs contre lesquels se dressaient des échelles aussitôt investies par des grappes d'assaillants. Jehan se joignit aux miliciens qui repoussaient l'envahisseur, à coups de massues et de piques ou d'épées pour les mieux équipés. Parfois, c'était toute une échelle avec sa charge de vies humaines qui basculait dans le vide et s'écrasait en un long hurlement de terreur.

Jehan s'était laissé emporter par le feu de la bataille. Son trident plongeait dans des poitrines mal protégées par leurs cottes de cuir, s'enfonçait sous des casques, crevant des regards hébétés ou des gorges dont le mugissement s'étouffait dans un gargouillis. Lui, qui avait manqué défaillir, quelques instants plus tôt, devant la face écrasée du soldat dévalant l'escalier, se comportait à présent comme un véritable soudard. Grisé, halluciné, il frappait, cognait, embrochait avec une énergie sauvage, mêlant ses braillements à ceux des combattants des deux bords.

Quand il repenserait plus tard à ces évènements il aurait bien du mal à s'expliquer quel souffle de l'enfer, quelle folie l'avaient saisi alors. Comment avait-il pu laisser éclater tant de fureur? Quelle vengeance assouvissait-il sur ces malheureux mercenaires qui s'étaient trouvés face à son trident?

Depuis combien de temps levait-il son arme, courant comme un forcené d'un créneau à l'autre? Quand il sentit le rempart s'ébranler sous lui, la sueur et le sang lui brouillaient la vue… A quelques pas la muraille tanguait sur ses fondations, s'affaissait et précipitait ensemble, dans son écroulement, assaillants et assiégés.

***

Lorsqu'il revint à lui, l'air était imprégné d'une humidité de cave. Le sol de terre battue sur lequel il reposait lui glaçait la moelle et une faible lueur filtrant par un soupirail lui indiqua que le jour s'était levé. Il prit conscience d'une petite main tiède glissée dans la sienne… Guillemette? Elle se dressa dans la pénombre :

- Tu as mal?

Il revit aussitôt le genou disloqué du Goupil et tâta les siens qui lui parurent intacts. Il se sentait raide et perclus comme roué de coups, mais entier. Il rassura son amie. Elle lui raconta comment il avait chu avec une dizaine d'autres engagés, dans les éboulis du rempart quand les ennemis étaient parvenus à y ouvrir une brèche par où ils s'étaient précipités en force.

- J'étais là, reconnut-elle comme en s'excusant. Je t'ai tiré à l'abri, au plus près, dans cette cave… On se bat maintenant dans tout le bourg et j'ai grand peur pour les nôtres!

Jehan, qui reprenait ses esprits, se sentait de moins en moins l'âme guerrière. Il éprouvait même une certaine honte à avoir occis ou estropié tant de malheureux. Il songea à la mission que voulait lui confier le prieur de l'abbaye. Comptait-il encore sur lui à cette heure? Il lui semblait que les manuscrits étaient plus que jamais en péril et qu'il ne serait en paix avec lui-même que lorsqu'il aurait participé à leur sauvegarde en mettant à l'abri ce qu'il pouvait.

Quand il parla de retourner au monastère il sentit la jeune fille se crisper. Il ne pouvait distinguer son visage dans la pénombre du cellier mais il savait que, sans oser le dire, elle redoutait l'emprise que les religieux avaient sur lui. Elle craignait, venant à peine de le retrouver, de devoir déjà le perdre et probablement, cette fois, de manière définitive. Alors qu'il lui expliquait la tâche qu'on attendait de lui et qu'il tenait à accomplir, elle ne put se retenir de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres :

- Jehan, comptes-tu prononcer tes vœux et te consacrer à la vie religieuse?

L'écho affaibli du combat leur parvenait à peine par la lucarne de leur refuge. Mussés l'un près l'autre dans ce sombre réduit, il sembla soudain au garçon que tout ce qu'ils venaient de vivre n'avait servi qu'à amener cette question essentielle. Tout ce qui comptait vraiment pour lui se tenait là, suspendu à cette interrogation. Ne sachant comment formuler sa réponse (En avait-il une à cet instant?) Jehan chercha à tâtons l'épaule de Guillemette dont il voulait calmer l'anxiété. C'est la jeune fille tout entière qu'il reçu dans ses bras, sa chaleur, son parfum, le frémissement de son désir. Fulgurant, presque douloureux, éclata en lui le bouquet des sensations qu'ils avaient découvert ensemble autrefois mais sans oser s'en emparer. Le goût de leurs baisers, la forme de leurs caresses lui tendaient la clé, étrangement familière, d'un jardin enchanté dont il s'était cru exclu pour toujours.

***

[Arielle]

Quand ils sortirent de leur abri un peu plus tard, la ville s'était drapée de cette brume épaisse qui s'abat parfois sur elle, à l'improviste, avec la marée montante. Les rues peuplées de spectres, les façades mutilées, titubant sur les pavés gras et les volées de marches ne menant plus nulle part, privent alors le Mont de tout jaillissement vertical, le livrant au doute et aux incertitudes. Ils plongèrent ensemble dans ces limbes traversés par des ombres inquiétantes. L'odeur des poutres calcinées, le cliquetis des armes et les cris des combattants leur semblaient ceux des damnés de l'enfer. Ils enjambèrent des corps mutilés et sans vie, se sentirent agrippés au passage par des loques gémissantes qui rampaient, implorant leur aide… Ils n'avaient qu'une cinquantaine de toises à parcourir avant de rejoindre l'auberge des parents de Guillemette mais ce chemin leur fut un calvaire.

Avant de la quitter, Jehan, redressant tendrement le chaperon de son amie, lui promit de venir la chercher comme ils en avaient convenu, dès qu'il serait chargé de son précieux fardeau. Guillemette l'avait convaincu, sans trop de mal, qu'ils passeraient plus facilement les octrois voyageant en couple. Il s'évanouit dans la grisaille, silhouette parmi d'autres, retournant au néant.

Sur le chemin de l'abbaye, le cœur serré, il s'arrêta à l'église paroissiale où il savait qu'on rassemblait les blessés dont l'état nécessitait l'intervention du barbier.
Les plus meurtris des défenseurs reposaient en effet sur des paillasses de part et d'autre de la nef de la petite église. Au fond, dans un des transepts, officiait le vieux barbier du Mont assisté de son ouvrier et de son apprenti.

Jehan connaissait bien cet artisan débonnaire qui, d'ordinaire, se contentait de faire le poil, arracher quelques dents et panser les petites blessures dans son échoppe largement ouverte sur la rue. Il se rendait à domicile chez ses pratiques dont l'état nécessitait une saignée ou l'administration d'un purgatif, le Mont n'abritant à demeure ni médecin ni chirurgien. D'un tempérament enjoué, ses interventions publiques, accompagnées de force plaisanteries et pitreries, offraient un spectacle de choix aux gamins du bourg agglutinés sous son enseigne. Il parvenait sans peine, en le distrayant, à détendre le pauvre pèlerin qui, pris d'une rage de dent, venait confier à ses pinces sa mâchoire dolente. Un gobelet de piquette, servi par son valet, achevait de mettre le patient en confiance.

Parmi les éclopés qui venaient de subir l'extraction d'une pointe de flèche ou de vireton, Jehan ne trouva pas trace de son ami et il allait quitter les lieux quand un long cri d'angoisse, venu du transept où opérait le barbier, le glaça d'horreur. Il savait. Avant de l'avoir vu, il imaginait Pierre, son Pierre, aux mains du bourreau. Il entendit, comme amplifié par l'écho des vieux murs, le crissement terrible de la scie qui s'attaquait à l'os de celui que l'on amputait … Il s'était approché. Figé sur place, il voyait maintenant, dans un rayon de soleil tombant d'un vitrail, flamboyer la chevelure du Goupil que trois assistants suffisaient à peine à maintenir sur une chaise. Le barbier ne souriait pas, Il travaillait avec une concentration que le garçon ne lui avait jamais vue. Ses gestes rapides, précis tentaient d'abréger, autant qu'il le pouvait, le supplice du blessé. Mais il ne put éviter ses soubresauts quand il cautérisa le moignon avec un fer rougi au feu d'un brasero. Il le pansa enfin après avoir enduit les chairs tuméfiées d'un onguent que lui tendait son aide.

On étendit le garçon mutilé sur sa couche et Jehan s'accroupit à ses côtés. Revivant leurs courses dans les grèves, leurs joutes et leurs fous-rires, leurs chasses au crabe dans les trous de rochers, il se souvint aussi de cette rivalité qui les avait dressés, un temps, l'un contre l'autre devant Guillemette. Le Rouge avait la langue bien pendue et une imagination foisonnante. Il subjuguait la jeune fille avec des contes qu'il peuplait de gentes dames, de preux chevaliers et de dragons mais quand il lui parlait d'épousailles elle s'écriait, malicieuse, jouant l'effarouchée: "On n'épouse pas le diable!" arguant qu'avec sa chevelure rousse il ferait fuir même les plus effrontées!

Quand on apporta à son ami une écuelle de bouillon, Jehan se proposa de l'aider à se restaurer. Pierre ne se plaignait pas mais ne put avaler que deux ou trois gorgées de liquide. Il repoussa la cuiller et trouva la force de plaisanter :

- Cette fois, je n'ai plus aucune chance auprès de notre Guillemette! Un diable rouge… béquillard de surcroit!

- Guillemette t'apprécie pour d'autres talents que ceux que tu montrais à la course!

- Je ferais mieux de prendre ta place au monastère. Sous sa robe, un moine cache mieux qu'il est bancroche et peut encore séduire les jolies pèlerines!

Sa voix trahissait son amertume et Jehan se reprocha le frisson de tendresse qui venait de le parcourir au souvenir des caresses qu'il avait échangées avec la jeune fille quelques instants plus tôt. Comme s'il lisait en lui, Pierre lui demanda:

- Comptes-tu réellement prendre l'habit? Je crois qu'elle ne s'en remettrait pas, même si, par dépit, elle épousait le premier venu. Elle en a déjà refusé quelques-uns, tu sais, et son père a beau être patient, il vieillit, il a besoin d'aide et finira par la marier, de gré ou de force!

Ils furent interrompus par le barbier qui s'approchait avec ses lancettes pour saigner l'amputé. Jehan s'éloigna, promettant à son ami qu'il viendrait le revoir dès qu'il le pourrait.

Dehors, un franc soleil s'était levé achevant d'essorer les derniers lambeaux de brume qu'entraînait avec elle la mer en se retirant.

[bertrand-môgendre]

Ce qui lui tenait lieu de sommeil, pour l'instant, le soulageait bien mieux que ne pourrait le faire un geste maladroit même s'il était emprunt de tendresse.

proposition : compassion ?
Combien faut-il tuer d'hommes pour obtenir la palme de héros ? Ton texte est emprunt de la cruauté de ces guerriers sans cervelle, de ces soldats à fond plat.

Quelle belle maîtrise dans ce récit, l'utilisation du vocabulaire adéquat.
Je ne peux que m'incliner devant tant d'efficacité.
J'espère que tu pourras poursuivre cette aventure avec autant de vaillance et de vivacité (viva citée convient bien aussi).
Un mot : BRAVO

[Invité]

Dans la veine du précédent, des détails juste ce qu'il faut, une trame qui mélange sentiments et action, des personnages chaleureux, avec Jéhan tellement humain (par opposition à "divin"), déchiré entre amour et devoir, qui se bat et éprouve des scrupules.
Et puis cette écriture toujours d'une étonnante précision.

Je voulais juste indiquer l'omission de de dans : Le novice s'était approché et regardait, fasciné, le genou la victime, et dire comme j'ai aimé lire le douillet mussés

[Lucy]

Le retour tant attendu de " Jean ". Merci Arielle !
Une seule chose : pitié, ne nous laisse pas comme ça. Nous lirons bien la suite des aventures de ce jeune homme, dis ?
Les scènes de bataille et d'amputation sont décrites juste ce qu'il faut. L'émotion passe dans ton texte et on s'attache bien vite à tes personnages. Pauvre " Goupil " ! J'ai eu mal pour lui.

[Reginelle]

Très chère Arielle

Je m'économise. Alors, tu imagines ici un copier-coller de mon premier commentaire. J'aime toujours autant et (bien sûr) j'attends la suiteeeeeeeeeuuuuuuuhhhhhhhh !!!! (euh... pas pour ton prochain anniversaire ou un truc de ce genre, hein ?)

[Arielle]

Merci Réginelle pour ce petit coup de pouce qui a évité de justesse à Jehan de passer en seconde page (ce qui m'attristait un peu, j'avoue) Bertrand je vais réfléchir à ta suggestion. Island je note la coquille que tu me signales. Lucy j'ai édulcoré un peu l'amputation du Goupil, j'en avais une description tirée d'un traité de chirurgie du XVIe qui t'aurais sans doute fait frémir...

[Lucy]

Arielle a écrit :

Lucy j'ai édulcoré un peu l'amputation du Goupil, j'en avais une description tirée d'un traité de chirurgie du XVIe qui t'aurais sans doute fait frémir...

Ne t'en fais pas pour moi, j'ai le coeur bien accroché. Je (re)lis Le Propre et le sale, en ce moment, et la vermine galopante me colle pas mal de frissons, je dois dire... ^-^

PS : Pourquoi quand j'utilise la fonction " quote ", j'ai toujours droit à citation, ces derniers jours ? C'est weird !

[pierre-henri]

Merci Réginelle pour ce petit coup de pouce qui a évité de justesse à Jehan de passer en seconde page (ce qui m'attristait un peu, j'avoue)

La critique quantitativement exprimée des textes n'est pas un critère en soi de qualité.
Il me semble que ce texte, et le précédent! sont unaniment accueillis.

J'ajouterai qu'il nous est difficile de ne pas nous répéter, nous, lecteurs, en lisant un épisode d"une saga.
On se tait, peut-être, ne sachant que dire d'autre.
Et votre texte s'en va de la première page et, oui, de ce fait, sera sans doute moins lu...
C'est l'un des (petits) travers de ce système qui, dans l'ensemble, fonctionne quand même convenablement.
Il faut donc se résoudre à l'accepter.

[Arielle]

J'aurais, pour ma part, aimé lire votre docte description de la fin du Goupil.
Vous ne pourriez pas, ici, en annexe, satisfaire votre lectorat avide ?
(Et, n'en déplaise à la censure- de l'époque !- exprimer peut-être davantage cet érotisme qui sous-tend [mais sous-tendre n'est pas tendre] certains passages...?)

Ne me tuez pas si vite mon Goupil, Pierre-Henri, en parlant de sa finJ'en ai encore besoin, moi! Il y avait quelques survivants à ce genre d'opérations, vous savez!
Quant à l'érotisme sous-tendu, sous-entendu, entendons-nous bien et foin de la censure, la tendresse ne se partage bien qu'à deux, je crois. Laissons donc nos deux tourtereaux tendre vers une intimité qui ne nous regarde pas mais que je vous laisse imaginer telle que vous l'entendez.

[Invité]

Merci Réginelle pour ce petit coup de pouce qui a évité de justesse à Jehan de passer en seconde page (ce qui m'attristait un peu, j'avoue.

Salut Arielle, technikquement il est possible de remonter ton texte toi meme pour signifier que tu as besoin de commentaires. Tu marques ce que tu veux. les Miss utilisaient, dans le temps, bien avant d'etre jeunes et jolies, le mot "hop" !

donc "hop"

[Arielle]

Vi! Je sais, Panda, mais je trouve que ce n'est pas du jeu ;-)

[apoutsiak]

.

Avec mes excuses pour ce commentaire tardif, moi qui me plaignais ailleurs de n'avoir que peu de textes récents sur VE à me mettre sous la dent qui ne fassent pas plus d'une demi-page !

Pour autant, je n'ai pas de longs commentaires à faire : comme pour le premier volet, l'écriture est limpide, incisive. Mieux, celui-ci permet d'entendre un peu plus battre les coeurs et résonner les pensées.

Maintenant, une remarque hautement subjective : N'aimant pas particulièrement les récits historiques, je m'y attache si l'auteur parvient à m'intéresser à une partie mystérieuse, cachée, ignorée de l'Histoire, ou si le destin du héros possède une singularité forte. J'attends donc la suite en tremblant, en espérant traverser bientôt un récit marqué par un évènement qui nous conduira à un univers particulier, excitant pour le lecteur. Des exemples classiques : le manuscrit rare et terrible d'un scriptorium, un trésor Templier, etc.)

.

[Sahkti]

Tu délaisses quelque peu ici les références historiques au profit de l'action proprement dite. Pas un mal en soi, tu as posé décor et ambiance dans le premier épisode et accordes cette fois davantage d'attention au personnage de Jehan à travers ce qu'il fait plutôt que ce qu'il pense. Belle prolongation donc, avec une écriture toujours aussi précise et soignée. On sent que chaque mot est recherché et que les constructions de phrases ne sont pas réalisées à la légère. Pour autant, ce perfectionnisme ne lasse pas dans la mesure où il ne fige pas le texte mais lui offre, au contraire, un cadre dans lequel s'épanouir.
Bref, j'ai pris une nouvelle fois du plaisir à te lire Arielle, merci!

[Arielle]

Maintenant, une remarque hautement subjective : N'aimant pas particulièrement les récits historiques, je m'y attache si l'auteur parvient à m'intéresser à une partie mystérieuse, cachée, ignorée de l'Histoire, ou si le destin du héros possède une singularité forte. J'attends donc la suite en tremblant, en espérant traverser bientôt un récit marqué par un évènement qui nous conduira à un univers particulier, excitant pour le lecteur. Des exemples classiques : le manuscrit rare et terrible d'un scriptorium, un trésor Templier, etc.)

Une remarque qui m'est particulièrement précieuse parce qu'elle vient d'orienter mon récit dans une direction que je n'avais pas du tout imaginée. De l'intérêt d'écrire en live devant des lecteurs attentifs et sincères. J'apprécie vraiment cette mise en garde Apoutsiak je craignais, moi-même, de commencer à m'ennuyer!

[apoutsiak]

.

trop cool, comme diraient les djeunes !
☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺

[Mano]

En tant qu'amateur du genre polar médiéval du type Cadfael, Viviane Moore (je ne me rappelle plus du nom exact de son héro) et autres, je suis assez séduit par ce que tu proposes. Il y a aussi l'extraordinaire BD "Chronique des temps oubliés" de François Bourgeon et son troisième tome incroyable... bref, tout cela pour dire que c'est très dur de trouver un espace original dans le genre et que tu te débrouilles bien. Je crois qu'il faut vraiment s'appuyer sur un endroit en particulier ou des faits historiques assez précis pour pouvoir être crédible. Un petit bémol sur le personnage de Jéhan qui dans son hésitation entre la religion et le siècle est des plus classiques dans ce genre de littérature même si l'Histoire nous montre que cette hésitation était bien au centre des préoccupations de l'époque.

Revient donc la question, comment faire original ? Là Apoustiak a bien raison. Je te conseille de mon côté (et les conseillers ne sont pas... je sais) de vraiment t'appuyer sur un bout de pays qui te plait et que tu as envie de faire revivre en n'hésitant pas à plonger dans les détails.

[Mano]

Il y a des jours comme ça où on ne sait plus trop bien ce que l'on dit.

Le titre de la série François Bourgeon est "Les compagnons du crépuscule" et le troisième album s'intitule le dernier chant des Malaterre.

Voilà. Désolé.

[Arielle]

Merci Mano pour tes encouragements et cette remarque au sujet de l'intérêt du lecteur à concerver d'une manière ou d'une autre sur le long terme. Plutôt que de faire revivre un bout de pays comme tu me le suggères (J'adore le Mont St Michel mais j'aurais un peu peur de virer guide touristique) je préfère m'attacher à l'évolution des personnages et aux rencontres qu'ils peuvent faire ... L'avenir me dira si j'ai tort ou raison. Je tâtonne un peu, pour l'instant, n'ayant pas l'habitude de faire dans la longueur et je compte sur votre appui pour m'aider à trouver la voie ;-)
J'ai lu pas mal de Cadfael autrefois. Une série qui remonte aux années 80 "Les lions diffamés" de Pierre Naudin m'avait conquise aussi (les 3, 4 premiers volumes, après j'ai décroché) et puis je me suis mise aux Duby, Favier, Le Goff etc...
"Les compagnons du crépuscule" ainsi que "Les passagers du vent" sont bien sûr parmi mes BD préférées.

[Anne Veillac]

J’ai d’abord cherché à lire Jehan I et je ne l’ai pas trouvé.

Je n’achète pas et ne prends pas non plus à la bibliothèque le genre d’histoire que tu nous racontes ici. Heureusement qu’existe « vos écrits » pour pouvoir me rattraper… J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ton histoire. Le style est fluide, c’est bien écrit. J’ai juste un peu décroché lorsque tu parles des Anglais (mais peut-être simplement un manque de concentration en cette fin de journée…) et dès le paragraphe suivant, je suis retournée dans le récit.

Ce qui m’a accroché, au début, et qui a fait que j’ai lu cette histoire, c’est son côté très réaliste. L’histoire du combattant qui lui tombe dessus m’a donné envie de lire la suite. L’histoire était posée, présente, sans description inutile au début.

Je ne suis pas du tout une fan des détails gores, mais toutes les descriptions que tu fais me paraissent nécessaires. Le Moyen Age que tu décris me paraît très réaliste, très vraisemblable, et tous ces détails sont là pour donner cette impression. Et puis, moi qui suis très impressionnable, ces détails ne m’ont pas gênée. Je les ai trouvés à la fois réalistes, nécessaires et très supportables.
(Bon, j’ai un peu de mal à m’exprimer en cette fin de journée précédée d’une insomnie. J’espère que tu comprendras ce que je veux dire).

[Lucy]

Mano a écrit :

Le titre de la série François Bourgeon est "Les compagnons du crépuscule" et le troisième album s'intitule le dernier chant des Malaterre.

Excellente BD !
Dans le genre policier historique, j'ai lu pas mal de Brussolo. Ce ne sont pas les meilleurs romans du monde mais ils ont une approche fantastique et, au final, l'auteur nous réserve toujours une explication logique dont il a le secret.

[Arielle]

J’ai d’abord cherché à lire Jehan I et je ne l’ai pas trouvé.

JehanI fait partie des Nouvelles Vagues, Anne. Je pensais d'abord m'en tenir à cette nouvelle.
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/nouvelle-vague-jehan-des-greves-t2056.htm

[Krystelle]

Une suite à la hauteur de ce qu'annonçait la première partie. Tu ne t'essouffles pas et parviens à maintenir le lecteur en haleine.
Juste un petit bémol : je trouve le revirement de Jéhan un peu abrupte, ici :

Jehan, qui reprenait ses esprits, se sentait de moins en moins l'âme guerrière.

Le choix qu'il s'apprête à faire (le retour au monastère) arrive d'une façon un peu brusque compte tenu des hésitation qui précèdent...
Pour le reste, le texte est vraiment plaisant et du coup, c'en est presque frustrant de le lire par petits morceaux, épisode par épisode !

[presqu'île]

J'ai beaucoup aimé lire ce texte, fluide, bien écrit, et reposant sur une vraie narration... c'est d'autant plus agréable que la "littérature reconnue" manque diablement d'épopée... merci, je m'en vais lire la suite (le I après le II, donc, mais tans pis!)

[mentor]

Dans la veine du I, j'aime toujours autant cette aventure à cette époque et dans ces décors
Très réussi, bravo, je m'en vais me jeter sur le III dont j'ai aperçu le titre

[Invité]

Je le tiens ! :

Mussés l'un près l'autre dans ce sombre réduit

!
:-)

[Invité]

Je le tiens ! :

Mussés l'un près l'autre dans ce sombre réduit

!
:-)

Tiens-le bien ! :-)

[Invité]

Ouif, car il était très bien caffé ! Je n'en suif que plus fier !

[mentor]

c'est vrai, cette série était superbe et d'une écriture très maitrisée, comme le sujet
Tu l'as poursuivie, Arielle ?

[Arielle]

c'est vrai, cette série était superbe et d'une écriture très maitrisée, comme le sujet
Tu l'as poursuivie, Arielle ?

Après avoir entraîné le petit Jehan dans une aventure étourdissante sur les marges de la grande Histoire et lui avoir fait cotoyer les plus prestigieux personnages de son époque, je l'ai abandonné dans un cul de basse fosse du château de Barbe-Bleue (alias Gilles de Rais) et je n'ai pas réussi à le tirer de là...
Sans doute n'avions-nous, ni lui ni moi, l'envergure indispensable à cette épopée . Pourtant je ne regrette pas d'avoir tenté cette expérience du "long terme". J'ai beaucoup aimé la fréquentation de personnages avec lesquels on évolue dans une vie parallèle aussi intense, sinon plus par moments, que dans la vraie vie.

[silene82]

Ordinairement, ce genre d'épopée m'ennuie à mourir, comme les elfes voletants, plaisants seulement à dégommer à l'arbalète, les mages renfrognés et énigmatiques, les créatures immondes mais au coeur tendre de midinettes, and all that sort of things.
Quand le héros dérape sur une déjection qu'une vieille édentée et rigolarde avait projeté du lanterneau de son bouge, et qu'il se casse la jambe, qu'il faut gangrèniquement amputer, ça va un peu mieux. On rit avec raison, et en sachant pourquoi.
Là, malgré des poncifs que peut-être tu ne souhaites pas éviter - c'est-y pas mignon, ces jolis coeurs si touchants -, la qualité de l'écriture emporte le bout, et démontre surabondamment que quand bien même il n'y aurait pas d'histoire, la simple célébration de la langue suffit.

[Crashtest kid]

Oui, le texte est bon. Quelques expressions originales qui ont retenu mon attention et c'est ça qui arrive à cheviller le lecteur au texte à mon sens. Une suite?

[Crashtest kid]

ups, j'avais pas vu la date des autres posts!

[Contenu sponsorisé]