Jehan des Grèves III

Jehan réalisa aussitôt que quelque chose avait changé dans la ville. Sur le parvis de la petite église, ébloui par le soleil qui pleuvait des toits, il respirait un air soudain plus léger en dépit de la tristesse que lui inspirait l'état du Goupil.

Une petite fille, telle un moineau après l'orage, s'ébroua sur un seuil avant de faire quelques pas timides vers le bas de la rue. Elle fit brusquement demi-tour quand surgit un groupe de Montois poussant devant eux un capitaine anglais qu'ils menaient vers les cachots de la citadelle, au cri de "Ville gagnée! Vive Saint Michel!" braillé à pleins poumons. Sur leur passage les portes s'entrouvraient, les volets se débloquaient et la petite fille réapparut accompagnée, cette fois, de sa mère. On s'interpelait d'un côté à l'autre de la rue et Jehan apprit, qu'en se dissipant, le brouillard avait révélé aux assiégés la déconfiture de leurs ennemis. Ceux-ci s'étaient enfuis avec la marée, abandonnant sur la grève jonchée de leurs cadavres, deux de leurs terribles bombardes afin d'alléger leurs navires.

Quand il se présenta devant le prieur de sa communauté Jehan n'en menait pas large. Le novice savait que cet homme bon mais austère ne transigeait pas avec la règle. Bien qu'il ait quitté son bliaud tâché du sang de la bataille pour passer la coule noire des bénédictins, le jeune homme sentit peser sur lui le regard accablant de son supérieur comme s'il lisait sur son front le déroulement de ses faits et gestes des dernières heures.
Alors qu'il s'était préparé à un interrogatoire débouchant, pour le moins, sur un blâme, il fut surpris d'entendre le religieux lui demander s'il ne verrait pas d'objection à avoir un compagnon de route lors du retour de sa mission. Trop heureux de s'en tirer à si bon compte, Jehan accepta sans hésiter, avant même de se demander si cet élément nouveau ne compromettait pas son projet d'emmener Guillemette avec lui.

Il apprit que ce personnage avait eu un rôle de tout premier plan dans le conflit opposant le royaume de France aux Anglais. Aujourd'hui, toute la Normandie était aux mains de l'ennemi. Si le petit peuple était, dans sa grande majorité, resté fidèle à ses anciens maîtres, la noblesse et le clergé normands étaient de ces "Français reniés" acquis à l'occupant. Seul, en son palais d'Avranches, l'évêque Jean de Saint Avit affichait sa sympathie pour le roi Charles VII et ses alliés. Il avait pu offrir jusqu'ici au proscrit son hospitalité et sa protection mais, vieillissant, le prélat était conscient que son entourage n'attendait sans doute que son trépas pour se vendre au camp adverse. Ainsi que l'avait fait leur propre abbé, Robert Jolivet, rappela le prieur.

Le Mont paraissait à l'évêque Jean VI une retraite plus sûre pour son protégé. La victoire, que les Montois venaient de remporter au cours des dernières heures, ne faisait que confirmer que la place était imprenable. Le fugitif voyagerait donc avec Jehan, dans la plus grande discrétion, pour se mettre à l'abri des murs de l'abbaye.

Le prieur avait insisté sur le secret indispensable au déroulement de cette mission et, en enfilant son vêtement civil qu'il avait décrassé tant bien que mal, Jehan se torturait l'esprit pour trouver un moyen de prévenir son amie. Une barge l'attendait au pied de la fontaine St Aubert, au nord du Mont, où le corps de garde l'aiderait à embarquer. On y descendait directement de l'abbaye par un escalier à l'écart du bourg et la marée haute ne lui laissait plus le temps de courir à l'auberge. Qu'allait-elle s'imaginer en réalisant qu'il ne viendrait pas la chercher? Penserait-elle qu'il en avait usé comme d'une vulgaire fille de taverne? Qu'il avait été repris au piège de la vie monastique? Ou qu'il avait failli à sa promesse, tout simplement, parce qu'il préférait courir seul l'aventure?
Jehan en voulait à ce mystérieux individu dont on lui imposait la compagnie et qui l'obligeait à trahir Guillemette. Il se le figurait aisément : Un de ces beaux seigneurs pleins d'arrogance comme on en recevait parfois à l'abbaye et qui n'avaient de pèlerins que le nom! Il le toiserait, lui, pauvre moinillon anonyme, de toute la hauteur de ses brillants faits de guerre, le traitant ainsi qu'un valet, avec d'autant plus de morgue qu'il se sentirait humilié de devoir voyager ainsi sans les honneurs dont il avait l'habitude d'être entouré.


Il avait traversé la baie et remonté le courant de la Sée aussi loin qu'il avait pu le faire avec l'aide de la marée. Ayant tiré sa barque sur la rive, il s'était chargé de sa besace contenant deux des plus précieux manuscrits de la bibliothèque enveloppés de quelques hardes. Le prieur n'avait pas souhaité qu'il s'encombre plus afin de ne pas attirer l'attention des gardes de la ville aux yeux desquels il devait passer pour un simple manant de retour de son pèlerinage. La route qu'il suivait en direction d'Avranches était peu fréquentée et Jehan allait, perdu dans ses pensées, ne saluant au passage que quelques bergers faisant paître leurs brebis. Le souvenir de Guillemette le hantait douloureusement, elle devait, à cette heure, remâcher sa déception et son chagrin.

Il ne pouvait s'empêcher d'évoquer l'émerveillement de leur découverte mutuelle quand, blottis dans l'obscurité, ils s'étaient cherchés à tâtons alors que la bataille faisait rage à l'entour. Il froissait encore dans ses paumes le mystère soyeux de cette chair si tendre. Il avait effleuré, humé, palpé puis pétri en aveugle tant de grâces qu'il aurait aimé entrevoir … Tour à tour ébloui par sa propre audace puis ému par l'abandon de la jeune fille qui le guidait dans ses maladresses, il avait imaginé de nouveaux baisers dont la saveur de coquillage l'avait médusé puis ravi. Il avait été surpris de la sentir vibrer de la même impatience que la sienne quand, implorante, elle lui avait chuchoté de mettre fin à leur supplice en l'attirant en elle. Jehan aurait aimé mettre des mots sur cet enchantement qu'il avait vécu alors, mais il ne connaissait pas de chanson d'amour.
Il lui revint aux lèvres les paroles d'un cantique. Alors qu'il le regardait travailler dans le scriptorium, un des enlumineurs de l'abbaye, qui lui expliquait parfois le sens de ses images, lui avait traduit ce psaume dont la poésie l'avait troublé et qu'il n'avait pas oublié:


"Ma colombe ardente
Dans les fentes du rocher,
Dans le secret des falaises,
Fais-moi voir ta beauté
Et entendre ta voix"


Il avait réglé son pas sur le rythme de cette colombe ardente qui illustrait si bien son souvenir et le consolait un peu de sa solitude présente.

Il faillit s'étaler de tout son long en trébuchant contre les pieds d'un vieil homme assis au bord du talus en train de se sustenter d'un oignon et d'un quignon de pain. Il préparait soigneusement chaque bouchée qu'il mastiquait longtemps avec application et un plaisir évident. Le sourire qu'il adressa à Jehan avait la splendeur d'un lever de lune : une seule dent brillait sur la nuit de ses gencives.

- Hé ben mon gars, s'exclama-t-il, tu m'as tout l'air de t'être endormi en marchant!

Jehan s'excusa et, comme il avait faim tout à coup, il demanda la permission de s'installer au côté de l'aïeul. Il sortit de sa besace le pain et le lard que lui avait remis le cuisinier du monastère. Il proposa la moitié de son lard à son compagnon qui louchait dessus, les narines frémissantes.
Ils mangèrent un moment en silence puis le vieux passa sa gourde au pèlerin qui y but un cidre âpre mais bien frais qu'il trouva délicieux.

- Tu viens du Mont, hein! Drôle d'accueil pour un pèlerinage… Ca a dû cogner dur cette nuit! Mais les Godons n'ont pas demandé leur reste, ils ont filé avec la marée… Ah! Ah! Fallait voir les gens du Mont, ce matin, quand ils sont venus ramasser les deux "pètes-la-mort" que ces couards avaient jetés par-dessus bord dans la panique. J'ai tout vu, moi, en menant paître mes chèvres avec mon Maraud!

Il siffla son chien qui se tenait en retrait, ne quittant pas du coin de l'œil les trois chèvres dont il avait la garde. Le berger lui donna la couenne du lard qu'il avait sucée du mieux qu'il pouvait. Maraud retourna à son poste après avoir flairé les chausses de l'inconnu.

Jehan leva les yeux vers le paysage. On distinguait le sommet du mont, flottant comme un grand navire, au dessus d'une mer de brume qui oscillait doucement avec la brise. Il semblait étrangement proche alors qu'ils devaient bien se trouver à deux bonnes lieues de ses murs. Ce vaisseau-fantôme se balançant, irréel, quasiment à portée de sa main, alors qu'il n'avait cessé de s'en éloigner depuis ce matin, effraya soudain le jeune homme. Il craignit de n'avoir pas assez de force pour échapper à son emprise. Il se dit qu'il ne pourrait jamais s'en éloigner assez, pour grandir loin de lui, que toujours, où qu'il aille, son ombre terrible le suivrait, le rattraperait pour l'étouffer dans ses serres.

A côté de lui le vieux reprenait comme un refrain:

- J'ai tout vu, moi, ce matin! Comme des grêlons après l'orage, tous ces cadavres sur le sable, quand la mer s'est retirée…sans compter ceux qu'elle avait déjà emportés. Ah ! Ah! Ils vont en bouffer de l'Anglais, ces jours prochains, les poissons de la baie!
J'ai tout vu, insistait-il, comme j'ai vu cette pauvre Pucelle qu'ils ont brûlée à Rouen sur la place du Vieux -Marché… Quand le bourreau l'a étranglée juste avant qu'elle ne flambe, j'ai vu pleurer notre bon évêque Jean, qui assistait à cette vilenie. Et je l'ai vu, moi, ce grand flandrin de Bourguignon qui s'est dressé, tout droit, pâle comme une rave, dans la tribune en beuglant "Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte!"

Jehan qui n'avait jamais entendu parler de cette pucelle, dévisagea son compagnon, se demandant s'il n'était pas pris d'un délire, craignant de le voir s'écrouler saisi de convulsions mais l'autre semblait se calmer:

- Tu ne me crois pas, hein, camarade!
Mais je n'ai pas toujours fait le berger, moi. Au temps dont je te parle j'étais marchand ambulant, je faisais toute notre province avec mes boites sur le dos. D'une ferme à l'autre et de foire en foire je vendais mes rubans, mes chandelles, mes images pieuses et tout un tas de bimbeloteries que tu n'imagines même pas. Je rentrais chez nous, de loin en loin, dans ce hameau que tu vois là-bas derrière la bute. A peine le temps d'engrosser ma femme et je repartais. Je lui laissais quelques sous pour elle et ses petits et je taillais la route, c'était plus fort que moi!
Ca devenait pourtant de plus en plus difficile, ce métier, depuis que les Godons s'étaient installés chez nous. Ils n'en finissaient pas d'inventer de nouvelles taxes, de nouveaux droits à payer pour traverser un pont ou emprunter un chemin qu'ils venaient, soi disant, d'empierrer. Les gens n'en pouvaient plus, écrasés d'impôts par l'envahisseur, leurs récoltes ne leurs appartenaient plus, ils étaient saignés à blanc …
Un jour, quand je suis revenu chez moi, je n'ai plus trouvé personne : ma femme était partie avec ses quatre ou cinq petits -je ne sais plus- et tous ceux du hameau avec elle … Je ne lui en ai pas voulu. Il y en avait tant qui partaient ainsi! Vers la Bretagne principalement, espérant revenir un jour, quand on aurait bouté ces maudits hors de France!

"Bouter l'Anglais hors de France" C'est ce qu'elle voulait faire la petite Jeanne, pauvrette!
Ils l'ont vite abandonnée les beaux seigneurs et le roi Charles qui s'étaient entichés d'elle quand elle remportait victoire sur victoire et quand elle mena son gentil dauphin au sacre de Reims! Ils l'ont vite oubliée aux mains de l'ennemi – vendue, même, il parait!- Elle avait cessé de les distraire. Alors ils l'ont jetée, comme un jouet cassé! Jetée au feu, la douce agnelle qu'ils ont maquillée en sorcière…

Le vieux colporteur était retombé dans son mutisme peuplé de visions désolantes. Devant les questions de Jehan qui voulait en savoir plus sur cette mystérieuse pucelle, il s'étonna:

- Mais d'où tu viens, toi dis-donc, pour n'avoir rien entendu de tout ça jusqu'ici?

Jehan, qui ne voulait pas parler de sa claustration au monastère, dit qu'il avait été longtemps malade et que son pèlerinage était une action de grâce adressée à l'archange saint Michel dont il avait obtenu sa guérison.

Il se dit qu'il ne mentait pas tant que ça. Il redécouvrait le monde avec la même soif, la même curiosité que l'aurait fait un homme qui se relève, guéri d'une grave affection. Les premiers pas qu'il faisait ne le conduisaient, certes pas, vers une contrée de quiétude et de paix, d'après ce que lui en avait dépeint le vieil homme au sourire lunaire, mais il reprit sa route avec un courage tout neuf, tournant résolument le dos au spectre du Mont dont il sentait la flèche plantée entre ses épaules.

Jehan accepta sans hésiter, avant même de se demander si cet élément nouveau ne compromettait pas son projet d'emmener Guillemette avec lui.

J'ai été surprise (déçue?) par la réaction de Jehan à ce moment précis ! Les émotions que tu as évoquées dans les épisodes précédents et la relation qui s'est esquissée entre ton personnage et Guillemette laissaient présager une autre réaction. En même temps, c'est l'auteur qui tire les ficelles ! Et puis Jéhan n'a cessé d'hésiter et d'avancer à tâtons dans ce récit, alors, il n'en est peut-être plus à un flottement près...

J'ai aussi trouvé le récit un peu rapide par moment. Par exemple le passage de :

Il apprit que ce personnage avait eu un rôle de tout premier plan dans le conflit opposant le royaume de France aux Anglais

Jusqu'à :

Le fugitif voyagerait donc avec Jehan, dans la plus grande discrétion, pour se mettre à l'abri des murs de l'abbaye.

Il m'a fallu relire pour bien comprendre qui était de "ce fugitif". Tu aurais peut-être pu prendre quelques lignes supplémentaires pour installer un peu plus son histoire dans la trame du récit.

Pour le reste, la lecture est toujours aussi agréable. J'ai notamment aimé la manière dont le destin de ton personnage croise l'Histoire (avec un grand H).
J'ai aimé aussi que tu prennes le temps de nous présenter un autre personnage et de nous raconter ses errances.

J'attends donc la suite de cette série d'épisodes que je lis avec un grand plaisir.

Merci Kristelle pour ta lecture attentive.
Je crois que c'est son indécision et ses hésitations qui caractérisent Jehan, pour l'instant, comme tu l'as remarqué. J'aimerais faire évoluer ce personnage un peu falot au fil des épisodes et lui faire perdre peu à peu, en mûrissant, ce côté enfantin d'un garçon qui n'a jamais eu d'initiatives ni de décisions à prendre et se laisse porter par les évènements et les rencontres.
En ce qui concerne le "fugitif" qui va l'accompagner je ne peux pas, pour le moment, être plus explicite à son sujet. Du secret de son identité dépend la suite de mon récit ;-)

Arielle a écrit:
En ce qui concerne le "fugitif" qui va l'accompagner je ne peux pas, pour le moment, être plus explicite à son sujet. Du secret de son identité dépend la suite de mon récit ;-)

Pardon, je vais plus vite que la musique mais c'est parce que je suis pressée d'avoir la suite ;-)

Il me semble que la jeunesse de Jehan pourrait expliquer aussi sa réaction primesautière quant à Guillemette. Personnellement, elle ne me gêne pas.
Déçue, en revanche, de ne pas connaître l'idendité du fugitif dans ce passage, tu as l'art de faire languir le lecteur, avec l'ajout d'un personnage truculent.

Je ne sais plus où j'ai vu "butte" avec un seul T.

Arielle, je découvre que je ne suis pas totalement hermétique à l'Histoire, et c'est en partie grâce à toi !

Suite à la hauteur des deux autres parties. Merci pour cette nouvelle avancée dans l'histoire de Jean.
On découvre les personnages au fur et à mesure et ça me va. Surtout lorsqu'il s'agit d'un écrit de ce type. Un peu de mystère, que diable !

Penserait-elle qu'il en avait usé comme d'une vulgaire fille de taverne?

Je n'avais pas saisi qu'ils s'étaient aimés dans la partie précédente. Je pensais qu'ils s'étaient contentés de caresses et de baisers. C'est ma seule remarque, et elle n'est pas même pertinente. ^)^

.

Je retrouve ton Jehan avec plaisir. Ce que j'ai aimé dans ce troisième volet c'est qu'on s'éloigne un peu du théâtre même du Mont, et la première couche (très fine) de "mystères".

Quelque chose me manque, peut-être depuis le début, je viens de la trouver : On entend la voix intérieure du héros, d'autres personnes lui parler. Dans ce volet, il ne s'exprime, sauf erreur, jamais directement. Contrairement au vieux, très (trop ?) présent. Il me manque de le voir réagir physiquement, d'entendre sa manière d'exprimer les choses. Il suffirait de quelques mots, et son verbe, j'en ai le sentiment, donnerait plus de souffle à sa présence. Qu'en penses-tu ?

.

Un nouveau personnage très vivant pour ce nouvel Ulysse, et un récit qui rebondit bien sur le départ... hop !

Well! Godam! Une affaire qui roule, avec plus de suspens, tant mieux.


Le "spectre" du Mont, dites-vous? Godam ! Les Anglais vous auraient-ils gagné à leur cause à défaut de prendre le Mont lui-même ?

Je doute, pour le cidre...
Mon grand-père, bouilleur, aurait dû me transmettre les droits, c'était encore possible, j'étais enfant, quand il est mort soudainement, dans l'avranchin. Mon mien père, travaillant sur une thèse sur la gabelle en Basse Normandie, avait glané pas mal d'informations et affirmait que l'usage du cidre n'était pas très ancien en Normandie.
Wikipedia ne dit pas autre chose:
« Il n’y a pas cinquante ans, disait en 1573 un auteur normand, à Rouen et en tout le pays de Caux, la bière estoit le boire commun du peuple, comme est de présent le cidre… En Normandie il ne se trouve monastère, ni maison antique où il n’y ait vestiges manifestes et apparentes ruines de brasseries de bière qu’on y souloit faire pour la provision ordinaire.[3] »

Ravie, Island de te faire aimer l'Histoire avec majuscule à travers la minuscule mienne. Je retiens butte avec deux tt effectivement
Lucy, tu as raison. Ces baisers n'étaient pas clairs dans le deuxième épisode et Pierre Henri l'avait déjà remarqué. Il me fallait donc remédier à ce flou pudique et mettre les points sur les i, celà peut avoir une certaine importance pour la suite...
Apoutsiak, une fois de plus tu touches très juste: Il est grand temps que Jehan acquière un peu plus de présence physique, qu'on en ait un portrait plus précis. En revanche, il parle peu, c'est vrai, c'est un taiseux et je crois que ses deux ans de noviciat durant lesquels il fut astreint au silence n'ont rien arrangé à l'affaire mais il va peut-être s'ouvrir ce pauvre garçon, laisse-lui le temps ;-)
Pierre-Henri, merci pour ces précisions au sujet du cidre. Je croyais, en toute innocence, que les Normands étaient tombés dedans à leur naissance depuis la nuit des temps!

De mieux en mieux. Je suis accroché. Bravo.

apoutsiak a écrit:Quelque chose me manque, peut-être depuis le début, je viens de la trouver : On entend la voix intérieure du héros, d'autres personnes lui parler. Dans ce volet, il ne s'exprime, sauf erreur, jamais directement. Contrairement au vieux, très (trop ?) présent. Il me manque de le voir réagir physiquement, d'entendre sa manière d'exprimer les choses. Il suffirait de quelques mots, et son verbe, j'en ai le sentiment, donnerait plus de souffle à sa présence. Qu'en penses-tu ?

Judicieux ! (comme quoi...)
Bien vu- et nous rougissons tous de ne pas l'avoir fait remarquer plus tôt.

Magnifique, toujours et encore. Quelle belle écriture !
J'ai bien rigolé en tout cas en lisant qu'au moment M (cf "instanté" :-))), Jehan se remémore les paroles d'un cantique, hahahaha ! C'était ma récré, il m'en faut peu ;-)
Quant au reste, quelle belle épopée, tes personnages sont solides et attachants, l'histoire se tient, impossible de ne pas attendre la suite !

Arielle, il me semble que ton écriture se pose encore un peu plus, prend le temps d'exploiter les éléments avec une certaine... sagesse. Tu sais que tu écris ici sur du long terme et ça se sent, en bien; tu évolues pas à pas en induisant à chaque fois de nouveaux éléments dans le récit mais en ne précipitant pas les choses. J'aime bien cela.
Et puis, toujours cette fluidité à marier roman et Histoire. Toi qui craignais de ne pas y arriver, j'espère que tu es rassurée sur ce point! :-)

Le personnage de Jehan reste fidèle à lui-même, empreint de principes et de convictions qu'il compte défendre jusqu'au bout, quitte à sacrifier une partie de sa vie privée si il le faut. Cet homme se cherche, se trouve peu à peu mais cela prend du temps et tu restitues plutôt bien ce questionnement incessant. Extra!