Les lapins
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Espérance
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CROISIC
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Les lapins
Avant de mourir mon père a construit un cabanon en bois.
J'aime les locataires du cabanon. Quatre familles lapins !
Mes consolateurs, amis silencieux et attentifs !
J'aime l'odeur et la chaleur qui règnent dans ce cabanon, j'y suis en sécurité et proche de la joie absolue.
Un jour, mon lapin préféré est mort ! Chagrin.
Mais à table, quelques jours plus tard, je me suis régalée de ces merveilleuses terrines confectionnées par ma mère.
Le printemps suivant sa mort, ma mère revint un soir avec une panière en osier, qui semblait habitée par un monstre, un gros lapin avec des yeux féroces tapait du pied et faisait des bruits curieux avec ses dents !
Ma mère le saisit par les oreilles et le mit dans la cage où séjournait la pauvre veuve.
Je voulais rester dans le cabanon, mais ma mère me dit : tu sais ils ont beaucoup de choses à se raconter, tu dois les laisser seuls !
Je m'éloignais docilement, mais revins en cachette, j'écoutais à la porte......rien !
Ils se parlaient silencieusement !
J'ouvris la porte, le méchant lapin essayait de grimper sur la veuve et la mordait avec ses vilaines dents jaunes.
Je me suis dit que ma mère était bien naïve. Que ce gros lapin n'avait rien à raconter.
Le lendemain, il était parti. Il a vite été remplacé par des bébés lapins.
Ne caresse pas les lapins ! disait maman, tu vas les empêcher de grandir !
C'est donc pour cela que tu ne me caresses jamais maman ?
Pour que je puisse grandir ?
J'aime les locataires du cabanon. Quatre familles lapins !
Mes consolateurs, amis silencieux et attentifs !
J'aime l'odeur et la chaleur qui règnent dans ce cabanon, j'y suis en sécurité et proche de la joie absolue.
Un jour, mon lapin préféré est mort ! Chagrin.
Mais à table, quelques jours plus tard, je me suis régalée de ces merveilleuses terrines confectionnées par ma mère.
Le printemps suivant sa mort, ma mère revint un soir avec une panière en osier, qui semblait habitée par un monstre, un gros lapin avec des yeux féroces tapait du pied et faisait des bruits curieux avec ses dents !
Ma mère le saisit par les oreilles et le mit dans la cage où séjournait la pauvre veuve.
Je voulais rester dans le cabanon, mais ma mère me dit : tu sais ils ont beaucoup de choses à se raconter, tu dois les laisser seuls !
Je m'éloignais docilement, mais revins en cachette, j'écoutais à la porte......rien !
Ils se parlaient silencieusement !
J'ouvris la porte, le méchant lapin essayait de grimper sur la veuve et la mordait avec ses vilaines dents jaunes.
Je me suis dit que ma mère était bien naïve. Que ce gros lapin n'avait rien à raconter.
Le lendemain, il était parti. Il a vite été remplacé par des bébés lapins.
Ne caresse pas les lapins ! disait maman, tu vas les empêcher de grandir !
C'est donc pour cela que tu ne me caresses jamais maman ?
Pour que je puisse grandir ?
Re: Les lapins
Oh que ça grince parfaitement CROISIC !
"Je m'éloignai docilement, mais revins en cachette, j'écoutaià la porte."
"Je m'éloignai docilement, mais revins en cachette, j'écoutaià la porte."
Invité- Invité
Re: Les lapins
un joli conte avec une fausse naïveté et une vraie fausse "morale"
court mais ça fait mouche
court mais ça fait mouche
Re: Les lapins
Elles avaient tout faux, nos mères, Croisic. Le manque de caresses empêche de grandir !
Un conte qui paraît simple, naïf même et qui se termine par une gifle grinçante, forte qui convie à la réflexion... Merci à toi.
Un conte qui paraît simple, naïf même et qui se termine par une gifle grinçante, forte qui convie à la réflexion... Merci à toi.
Invité- Invité
les lapins
on sent le "Poil de Carotte" mais ça sonne juste!
monique- Nombre de messages : 58
Age : 75
Date d'inscription : 25/02/2010
Re: Les lapins
ffffou la jolie petite claque "pour la route" de la fin !
j'aime bien ton histoire, toujours autant grinçant que naïf, et puis ça me donne faim cette histoire de terrines.. (désolé, je sais que c'est pas le but, mais c'est bientôt l'heure du souper, et.. bref !!)
j'aime bien ton histoire, toujours autant grinçant que naïf, et puis ça me donne faim cette histoire de terrines.. (désolé, je sais que c'est pas le but, mais c'est bientôt l'heure du souper, et.. bref !!)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Les lapins
Ne caresse pas les lapins ! disait maman, tu vas les empêcher de grandir !
C'est donc pour cela que tu ne me caresses jamais maman ?
Pour que je puisse grandir ?
Fort bien répondu.
Voila une fable fort bien tournée qui débouche, très bien amenée sur une question fondamentale : puissante cuisante et fort interrogeante "morale".
Si d'être né d'une mère peu expensive, fait, je pense effectivement grandir. Trop d'amour de mère très vite étouffe! Laisser la place au père et s'aller faire caresser où choisi, reste la solution pour murir!
Tout cela, bien sûr, très théorique !
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Les lapins
M'a fait pensé à la visite d'une ferme en Vendée dans mon age tendre. Je me demandais pourquoi les veaux se montaient dessus alors que le fermier venait d'expliquer qu'ils étaient tous des mâles. Vous vous en foutez ? Oui , je me doute. Mêmes symptômes. Je serai plutôt intéressé par une recette de derrière les fagots, le lapin étant peu traité en gastronomie (rôti-moutarde, papillote, civet, chasseur, pruneaux) on a vite fait de s'embêter avec monsieur grandes n'oreilles !
Invité- Invité
Re: Les lapins
Vrai. Tout n'est que question d'équilibre, en fait.outretemps a écrit:Trop d'amour de mère très vite étouffe!
Ne viens-je pas d'enfoncer une porte ouverte, par le plus grand des hasards ?
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Les lapins
vraiment surprenant, l'angle de vision, par des yeux enfantins.
Et la chute, tristounette...
Et la chute, tristounette...
Iryane- Nombre de messages : 314
Age : 44
Localisation : là où je dois être ...enfin, sans certitude.
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Les lapins
Le lapin itinérant, qu'on présente aux veuves esseulées et manquant de conversation, et qui triche.
Good shot, indeed ! Court, concis, malin dans sa formulation.
Ton écriture en griffure de chat se confirme, keep swimming : bientôt Brest.
Trêve de bisounourseries. Ci jouli.
Good shot, indeed ! Court, concis, malin dans sa formulation.
Ton écriture en griffure de chat se confirme, keep swimming : bientôt Brest.
Trêve de bisounourseries. Ci jouli.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Les lapins
Hum.. Le style est plutôt intéressant, et pour un premier texte que je lis de toi je suis assez séduit !
La fin est prenante, tu l'amènes avec pas mal d'humour.
Une phrase qui me semble un peu longue ou bancale :
La fin est prenante, tu l'amènes avec pas mal d'humour.
Une phrase qui me semble un peu longue ou bancale :
Hum.. Soit tu mets deux participes présents, "tapant" et "faisant", soit deux relatives, mais à ce moment ça reste un peu lourd également. Tu devrais je pense reformuler, faire deux phrases distinctes.Le printemps suivant sa mort, ma mère revint un soir avec une panière en osier, qui semblait habitée par un monstre, un gros lapin avec des yeux féroces tapait du pied et faisait des bruits curieux avec ses dents !
Espérance- Nombre de messages : 25
Date d'inscription : 13/03/2010
Re: Les lapins
Finalement, plus on fait court plus on a de compliments. C'est la leçon que je retiens.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Les lapins
Un nouveau commentaire, qui exaspèrera Plotine, mais tant pis, ton texte, Croisic, le mérite, il est très bon.
Le lapin fut absorbé, sous forme de terrines. Un nouveau lapin survient, d’apparence monstrueuse, sans doute par l’effet du sentiment de culpabilité éprouvé par l’enfant. Le lapin mort et refoulé fait retour, vengeur.
Mais, de façon ambivalente, c’est avec plaisir que le lapin fut absorbé, malgré le chagrin de sa mort. Il y a donc du lapin en elle, dans la petite fille qui s’identifie à un lapin. Celui que l’on cajole, celui que l’on caresse.
Elle aimerait qu’on l’appelle « Mon petit lapin », qu’on se comporte avec elle comme l’on se comporte avec un petit et doux animal, avec affection. La mère en manque. Et lui manque celle du père, la première phrase le dit : « Avant de mourir mon père a construit un cabanon en bois ». Le père y a déposé là, dans ce qui abrite les lapins, son affection, avant de quitter pour toujours la vie et la petite fille.
La mère d’autre part substitue la parole, celle qui raconte, à la copulation ( et aussi à une certaine violence ). On comprend que pour l’enfant, parler, raconter, ce sera comme s’accoupler avec la vie, avec les mots.
Pourquoi appelle-t-on « est », dans une phrase, une copule ? Parce qu’il embrasse, unit et lie les mots entre eux ; parce qu’il engendre les phrases, les génère.
Comme on le voit, langage et copulation, langage et corps ne sont pas sans rapports ! Le texte est aussi un corps!
Le lapin fut absorbé, sous forme de terrines. Un nouveau lapin survient, d’apparence monstrueuse, sans doute par l’effet du sentiment de culpabilité éprouvé par l’enfant. Le lapin mort et refoulé fait retour, vengeur.
Mais, de façon ambivalente, c’est avec plaisir que le lapin fut absorbé, malgré le chagrin de sa mort. Il y a donc du lapin en elle, dans la petite fille qui s’identifie à un lapin. Celui que l’on cajole, celui que l’on caresse.
Elle aimerait qu’on l’appelle « Mon petit lapin », qu’on se comporte avec elle comme l’on se comporte avec un petit et doux animal, avec affection. La mère en manque. Et lui manque celle du père, la première phrase le dit : « Avant de mourir mon père a construit un cabanon en bois ». Le père y a déposé là, dans ce qui abrite les lapins, son affection, avant de quitter pour toujours la vie et la petite fille.
La mère d’autre part substitue la parole, celle qui raconte, à la copulation ( et aussi à une certaine violence ). On comprend que pour l’enfant, parler, raconter, ce sera comme s’accoupler avec la vie, avec les mots.
Pourquoi appelle-t-on « est », dans une phrase, une copule ? Parce qu’il embrasse, unit et lie les mots entre eux ; parce qu’il engendre les phrases, les génère.
Comme on le voit, langage et copulation, langage et corps ne sont pas sans rapports ! Le texte est aussi un corps!
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Les lapins
Si un gros vilain aux dents jaunes venait nuitamment lui faire la conversation, qui sait si la mère, veuve tout comme la lapine, ne se montrerait pas plus tendre avec sa progéniture ?
Bien vu, Croisic, on sort de ton clapier avec plus de questions qu'on n'en avait en entrant et c'est le propre d'un bon texte, à mon avis.
Bien vu, Croisic, on sort de ton clapier avec plus de questions qu'on n'en avait en entrant et c'est le propre d'un bon texte, à mon avis.
Re: Les lapins
C’est vrai que tes derniers textes deviennent de plus en plus courts, je les trouve aériens tout en étant d’une grande sensualité. Ils sont pour moi plus proches de la poésie en prose que de la nouvelle. Tu deviens experte au petit jeu « comment dire plus en en disant moins ». J’ai beaucoup d’admiration pour l’évolution de ton travail.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
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