Le coffre à jouets

Dans le vieux coffre à jouets
Sont rangés des osselets,
Un pantin, un sac de billes,
Une poupée qu’on habille

Une toupie, un bilboquet,
Un jokari, un sifflet,
Un arc, un sabre de bois,
Des flèches dans un carquois

Un chariot à tirer,
Un album à colorier,
Un jacquet, un jeu de croquet,
Un hochet, un pistolet

Une dînette, un landau,
Un arlequin, un cerceau,
Un dé, un ours en peluche
Et des ballons de baudruche

Un baigneur, un mikado
Un lego, un meccano
Une voiture à pédales
Et un cheval à bascule

Un tambour, une loco,
Un jokari, un yo-yo,
Un camion, des canons
Des petits soldats de plomb

Un char d’assaut en maquette
Des balles, une mitraillette
Un bateau lance-torpilles
Et des perles pour les filles

Pour armer l’avion de chasse
La bombe A, la bombe H
Dans le vieux coffre à jouets
L’orange et le martinet

Des osselets, des osselets,
Des osselets, des osselets…

Je commençais à trouver l'énumération un peu facile... mais les deux derniers vers, chapeau !

Je vous parle d'un temps que les moins de... 40 ans? ne peuvent pas connaitre...

Quelques odeurs...

Oui comme ils disent
Quelques odeurs et une fin superbe.

Brrr... avo !

Un coffre à jouets pas si innocent qu'il en a l'air.
Bien vu.

Je suis vraiment désolé de devoir rompre cette belle unanimité. Je suis déconcerté : en guise de poésie on me sert là à nouveau une liste, un catalogue, l'annuaire d'un fourre-tout qui ferait même fuir toute enfance. Et pour finir il nous faudrait rire à une chute qui serait si cryptée qu'elle en serait donc belle et s'imposerait comme un summum de l'Art. Mais je rêve..! Je me demande si on lit la même langue. J'ai beau dire et redire "dézosseulé-dézosseulés" ou "dezosslé-dezosslé" l'humour de la chose m'échappe autant que sa poésie.

Il manque un raton-laveur ?

http://www.ina.fr/divertissement/humour/video/CPF86622418/l-ecume-des-jours-la-complainte-du-progres-de-boris-vian.fr.html

j'aime bien, même si j'eusse aimé peut-être un peu plus de folie dans l'inventaire, façon boris vian justement : cire-godasse, repasse-limace et autres mots en ette. Il me semble que c'est de la poésie aussi.

Viens m'embrasser Gudule
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer [... ]

Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs

Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux !

Marvejols: Je n'ai pas vu d'humour dans "des osselets! des osselets"
J'ai juste vu la mort de l'enfance.
Juste des os sans chair, sans fantaisie... La mort quoi!!!
Si j'ai tout faux je promet de faire la sièste l'après midi, juste pour reposer mon imagination morbide.

Pour accréditer ton hypothèse Maryse, on remarque la militarisation des dernières strophes
Hiroshima, qui a été la "fin de l'enfance" des chantres du Progrès. (l'avion de chasse et sa bombe A)
Le martinet, symbole de punition pour gosse
Et l'orange, symbole de prison, la punition des adultes

Whithak a écrit:Pour accréditer ton hypothèse Maryse, on remarque la militarisation des dernières strophes
Hiroshima, qui a été la "fin de l'enfance" des chantres du Progrès. (l'avion de chasse et sa bombe A)
Le martinet, symbole de punition pour gosse
Et l'orange, symbole de prison, la punition des adultes

oui, oui j'avais aussi remarqué ça. Et pensé au cercueil pour les petits os carpiens ou tarsiens mais boh! cela n'en fait ni une chute royale ni même une poésie.

la poésie est une fenêtre qui m'ouvre l'imaginaire à la lecture, alors je ne suis pas trop un fan de l'énumération
je la préfère quand elle est touches de couleur diluée, dans un roman
par contre
le rapport temps-osselets est ici une belle mécanique d'écriture poétique, à mon sensje

Les gamins sont féroces dans leurs exercices guerriers.
Heureusement qu'il n'y a pas dans la hotte Super-Mario-Kamikaze !
Je verrai bien tes paroles chez un chansonnier type Boris Vian

Je n'ai pas trouvé mon compte dans cet inventaire que je trouve trop peu inventif, la fin ne suffisant pas, à mon sens, à justifier la longueur de l'ensemble.
Désolée, Jean, de ne pas jouer avec toi cette fois-ci

J'apprécie cette liste, intelligemment écrite, qui dirige et pousse le lecteur à "écrire" lui-même l'action.
Merci pour ce poème.

Vous l'avez esquissé, mais j'aurais préféré, dans cette énumération, une déconstruction progressive, qu'on découvre d'abord l'intérieur du coffre de façon rangée, que les premières strophes soient des boîtes intermédiaires où l'on trouve des objets du même ordre -objets en bois d'une part, l'arc, les flèches, etc- ou bien du même thème, et, qu'ensuite, au fur et à mesure que s'avance l'énumération, tout cela se mette à être bien plus désordonné, comme si, pour en voir le fond, on sortait tous les jouets et qu'ils s'entassaient pêle-mêle, dans une frénésie qui aurait coupé cette monotonie du "catalogue". Il y a vraiment de bonnes idées mais je crois que la forme est à retravailler.

"jeu de croquet" est un peu long également, il brise le rythme
(enlever le "un" peut-être)

Par exemple :
"Un hochet, un pistolet"
J'ai beaucoup aimé l'oxymore, mais j'aurais préféré qu'il soit plus visible. Dans le reste de la strophe, vous mettez déjà ensemble des choses qui ont peu à voir, par exemple l'album et le jeu de croquet. Si vous aviez gardé un même champ lexical ou thématique et que vous introduisiez brusquement l'opposition dans le dernier vers, cela marcherait beaucoup mieux et renforcerait la cohérence de l'ensemble. Que ce soit complètement désordonné dans les dernières strophes, soit, mais pas dans le début : il faut une gradation.


"Un char d’assaut en maquette
Des balles, une mitraillette
Un bateau lance-torpilles
Et des perles pour les filles"

Bof, je trouve l'opposition fille/garçon un peu facile, voire manichéenne. Il y aussi des femmes qui font la guerre, même si ce n'est pas de la même façon. Par contre j'aime que vous introduisiez la guerre à la fin du poème, comme transition de l'enfance vers l'âge adulte, car, malheureusement, la violence est souvent une chose, qui, au contraire de s'éradiquer avec l'éducation, se renforce en grandissant. Nos jeux de guerre enfants nous préparent au monde individualiste adulte.
L'idée est superbe, sinon. C'est vraiment la forme qui gâche tout et n'arrive pas à nous plonger dans l'ambiance.

PS :
J'aurais même apprécie que vous commenciez en strophes, par rangements thématiques ou autre, avec une cohérence, puis que vous brisiez ensuite la forme classique en vous mettant brusquement à écrire en ligne, ou, de façon désordonnée, un mot sur deux, façon :

Spoiler:

Merci à tous pour vos commentaires.
Ce texte est venu d’une réflexion pour le prochain printemps des poètes dont le thème est l’enfance. Le jeu est un apprentissage nécessaire pour l’enfance, mais il n’est pas le propre de l’homme contrairement au jouet. J’ai effectué une sélection dans le catalogue avec le critère du temps. Pour commencer, les jouets les plus anciens, ceux retrouvés aux cours de fouilles archéologiques : osselets, billes, poupée, yo-yo, chariot à tirer, toupie, dé, sifflet,…
J’ai pris ceux qui sont qui m’ont paru caractéristique d’une époque historique comme le jacquet, le bilboquet (des mignons), le croquet, l’ours en peluche ( de Roosevelt) ; ou bien d’une évolution technologique : les soldats de plomb ( l’empire ), l’auto, la loco, le meccano ( 1898, charpentes métalliques ), les ballons de baudruche et le lego ( l’ère du plastique ), l’avion.
Cet inventaire ne contient pas d’humour ou de fantaisie comme ceux de Prévert ou de Vian. La symbolique des jouets et leurs puissances évocatrices suffisent à entraîner une résonance chez le lecteur. La constante et l’évolution des jouets guerriers arment la chute du texte en bouclant l’ellipse sur les osselets.
Je vais le raccourcir en enlevant l’heptasyllabe qui boite et j’inverserai les deux derniers distiques. Ce coffre à jouets va me servir de boite à idées à développer dans une animation pour le printemps des poètes et plus tard, peut-être, pour faire un petit film.