C'est pas ce que vous croyez (Théâtre)

Spoiler:

C’est pas ce que vous croyez !

Un père noël mort au sol. Gilles et Manon le regardent un instant et réfléchissent sur la situation.

Gilles : (Accusant Manon) C’est de ta faute !

Manon : Quoi c’est de ma faute ?

Gilles : C’est de ta faute si j’ai l’ai tué !

Manon : T’es malade dans tête ! C’est de ta faute à toé. C’est toé qui tenait le volant !

Gilles : Hum… Correction, je le tenais à moitié, parce que mon autre main, ben, ‘était prise dans ta bouche !

Manon : Ben ! Qu’est-c’est qu’a faisait là ?

Gilles : Fais pas l’innocente ! J’ai encore des marques su’es doigts !

Manon : C’tait à toé de me laisser tranquille avec mon caramel ! Chu pas pour m’empêcher de vivre !

Gilles : T’en avais pas rien qu’un dans bouche, Manon ! T’en avais dix mille !

Manon : C’est de mes affaires ça ! Pis quand je suis stressé, moé, des caramels, ça me détend !

Gilles : Stressé ! M’a t’en sacré rien qu’une ! Tu vas voir !

Manon : Hey ! Touches pas à ta sœur, toé !

Gilles : (Après avoir regardé le corps) Pis qu’est c’est qu’on va faire de d’ça asteur ? Hein ?

Manon : Ben, j’sais pas moé ! Y’est peut-être pas mort, hein ?

Gilles : (Considère le corps) Ouin… Ouin, y’est peut-être pas mort. Vas checker ?

Manon : T’es tu malade ?

Gilles : Manon !

Manon : Gilles !

Gilles : J’ai ‘a chienne !

Manon : Fais un homme de toé pis vas y d’mander si y’est encore vivant !

Gilles : Manon…

Manon : Allez, vas-y !

Gilles : Eh Battince !

Manon : Pis si y’est encore vivant, on s’excusera pis on y fera un bon chocolat chaud à maison !

Gilles : (S’approche du père noël et le regarde un instant) M’sieur le père noël ?

Silence.

Manon : D’mandes-y plus fort, voyons dont !

Gilles : (À peine plus fort) M’sieur le père noël ?

Manon : Plus fort que ça !

Gilles : (Toujours à peine plus fort) M’sieur le père noël ?

Manon : Gilles !

Gilles : (Beaucoup plus fort) M’sieur le père noël ?

Manon : Ben ! Tu vois ben qu’y répond pas ! Prends-y son pouls !

Gilles : Hum… Non, j’touche pas à ça !

Manon : Gilles !

Gilles : (Après un instant, il se résous à se pencher et lui prendre son pouls) Y’est mort !

Manon : Maudit bon à rien !

Gilles : Hey ! … Tabarnak !

Manon : Hey ! Sacres pas ! La p’tite est dans l’auto !

Gilles : Ah merde ! La p’tite !

Manon : Capotes pas là ! ‘A dort comme un chaudron !

Gilles : Manon, ‘y faut que tu m’aides à cacher le corps !

Manon : T’es tu viré su’l capot !

Gilles : (Tout en essayant de soulever le corps) Manon, si la p’tite ‘a voit ça, chu faite !

Manon : Ben oui, mais ça pèse pas un p’tit juif ça ! Gilles, c’t’un père noël ! M’as me cassé l’dos si je touches à ça ! ... Gilles !

Gilles échoue ses tentatives. Il s’accote sur le père noël, découragé. Musique.
- Aline de Christophe –

Gilles : J’avais dessiné sur le sable
Son doux visage,
Qui me souriait.
Puis il a plu sur cette plage
Dans cet orage, elle a disparu

Manon : Gilles !

Gilles : Et j’ai crié, crié ! Martine…

Manon : Gilles !

Gilles : Quoi ?

Manon : En r’viens-en là ! On va appeler la police pis ‘y vont nous régler ça !

Gilles : Manon ! Franchement !

Manon : Gilles !

Gilles : Tu comprends pas !

Manon : Gilles, on va appeler…

Gilles : On peut pas : je te dis !

Manon : Gilles…

Gilles : Manon !

Manon : Gilles !

Gilles : On peut pas appeler la police !

Manon : Pis pourquoi dont qu’on appellerait pas la police ?

Il ne répond pas.

Manon : Ben c'est ça ! Si tu veux pas l’faire, moé, m’a le faire !

Gilles : Non, Manon, attends,! Écoutes moé… Dans vie, on peut pas tuer un père noël !

Manon : Quoi ?

Gilles : Que ce soit par accident ou non, on peut pas tuer un père noël !

Manon : Qu’est c’est tu veux dire… Ah !

À partir de ce moment, les deux personnages ne s’écoutent plus parler.

Gilles : On peut tuer un voisin. On peut tuer un livreur de pizza, son boss pis même son ex, un président des États-Unis ! Mais le père noël, non !

Manon : Penses-tu vraiment que c’est l’vrai ? Le vrai, ça ?

Gilles : Je pourrais même tuer notre grand-mère, Manon ! Not’ grand-mère ! Que ce serait moins grave que ça !

Manon : Ah ben ! Sylvie me l’avait dit que quequ’chose de dingue, dingue, dingue allait m’arriver aujourd’hui, mais là…

Gilles : Parce qu’un père noël, Manon. Ça se fait pas tuer un père noël !

Manon : ‘A l’avait lu dans cartes ! C’est ça, qu’elle avait vu ! T’as tué le père noël !

Gilles : J’ai kué le père noël ! Manon, qu’est-c’est que je vas faire ?

Manon : Le vrai ! T’as tué l’vrai !

Gilles : T’sé, un président, c’est pas grave tué un président. Parce que dans le fond, y’a du monde qui vont être d’accord avec toé. Parce qu’y a du monde qui l’aimait pas le président.

Manon : Mais ça, ça veut dire que…

Gilles : Pis même si c’t’un accident, y a au moins du monde qui vont être là pour te défendre. Mais un père noël…

Manon : Ah ! J’suis fière d’être ta sœur !

Gilles : Sais-tu ce que c’est d’tuer un père noël, Manon ? C’t’un symbole ça ! Tout le monde l’aime ! C’t’un crime contre l’humanité en tué un , Manon. A crime against the humanity ! The humanity ! Toutes les enfants vont m’haïr la face ! Dès qu’on va voir ça dans nouvelles, Manon, on va la voir partout ma criss de face ! Le monde vont crier dans rue : ‘’Hey ! C’est l’bonhomme qui a tué le père noël !’’ … Pis si la p’tite a voit ça ! … Manon ! Pis si sa mère ‘a voit ça ! M’as la perdre à vie, ma Martine ! À vie, Manon ! T’as-tu compris ça ? À vie !

Musique.

Gilles : Et je vas crié, crié ! Martine ! Pour que tu reviennes !
Et je vas pleuré, pleuré ! Oh, j’aurai tant de peine !

Manon : Hey, Gilles !

Gilles : Qu'est c'est tu veux encore ?

Manon : C’est comme dans le film, là ! T’sé avec le beau Tim Allen !

Gilles : Quoi ?

Manon : Ben oui ! T’sé là… Sur les traces du père noël. The Santa Claus ! Tu vas devenir père noël, Gilles ! Père noël ! Mon frère à moé !

Gilles : Ostie qu’t’es épaisse ! Tu m’as pas écouté deux secondes, hein ?

Manon : Épaisse…

Gilles : Ouais ! Épaisse !

Manon : Veux-tu que je te dise rien qu’une chose moé ?

Gilles : Quoi ?

Manon : Tu vas faire un très mauvais père noël ! (Elle sort un caramel)

Gilles : Non, tu vas pas recommencer…

Manon : (Elle le met dans sa bouche) Un très mauvais père noël !

Gilles : Manon !

Manon : (Elle en sort un autre) Ton cœur est noir, Gilles ! Noaaaair ! (Et le met dans sa bouche)

Gilles : Manon, arrête-moé ça !

On entend un chœur de noël de derrière la scène.

Gilles : Qu'est c'est ça ?

Manon : (Et puis, un autre) Ah ! Pis les lutins sont déjà là ! Écoute-lé chanter ! Écoute tes louanges ! Tu dois être content là, hein ?

Gilles : Ah merde ! Des enfants ! ‘Y vont voir le…

Manon : (Elle le met dans sa bouche) Allez ! V’nez l’chercher ! Y’est icitte !

Gilles : Manon, tais-toé ! C’est pas drôle !

Manon : Allez ! Mets-lé ton costume !

Gilles : Manon ! Tais… (Regarde le corps) Ah ! Manon, t’es géniale !

Manon : C’toujours les même qu’y ont toutes ! (Elle sort un autre caramel)

Il commence à enlever le pantalon du père noël.

Gilles : T’es géniale, Manon ! Géniale ! Ostie que je t’aime ! Si le père noël a pas son costume, ‘y devient quoi ? Hein ? Un homme mort, ben ordinaire ! Alléluia ! Tu me sauves la vie, Manon ! Tu me sauves la vie ! Le sais-tu ça ?

La p’tite apparaît.

La p’tite : Papa, c’est quoi tu fais ?

Gilles : Merde !

Manon : (La bouche pleine de caramel) ‘Y a tué le père noël !

Gilles : C’est pas ce que tu crois !

Une chorale d’enfants avec un responsable entre en scène et crie à la vue de la scène.

Gilles : Non ! C’est pas ce que vous croyez !

On entend une sirène de police.

Gilles : (Vers le devant) C’est pas ce que vous croyez ! Je’l jure ! … Ostie !

Musique.

Gilles : Et j’ai crié, crié ! Martine ! Pour que tu reviennes !
Et j’ai pleuré, pleuré ! Oh, j’avais tant de peine !

Ah franchement c'est réjouissant...D'abord c'est gouleyant, on a envie de se mettre ça en bouche tellement c'est attirant comme façon de parler et en plus ça donne vraiment envie de le voir jouer. En fait dans ce truc, j'voudrai être actrice et spectatrice et pis metteur en scène. Y a des répliques toutes simples mais hilarantes. La chanson qui n'a rien à voir avec le thème apparemment prend son sens en fin de sketch puisqu'en fait si la p'tite est martine on se rend compte qu'il lui fait ses adieux et au début elle accentue le côté déjanté et loufoque, à la fin elle retrouve son côté déchirant.

L'idiome est bien entendu pour beaucoup dans le plaisir qu'on a à lire cette scène.
Me semble quand même que quelques éclaircissements sont nécessaires, tout n'est pas limpide d'emblée, notamment le coup de Martine, la p'tite. Mais p't-être qu'j' suis un peu épaisse aussi...
En tout cas, j'ai souri même parfois ri à certaines répliques, et l'histoire est bien trouvée.

Il y a des coquilles en français que je n'ai pas relevées, je t'indique juste : "A crime against the humanity. The Humanity."

Et cette réplique que je ne suis pas sûre d'avoir comprise :
"Manon : Hey ! Touches pas à ta sœur, toé !

"Pis si la p’tite a voit ça ! … Manon ! Pis si sa mère ‘a voit ça ! M’as la perdre à vie, ma Martine ! À vie, Manon ! T’as-tu compris ça ? À vie !"
Mea culpa , Martine ça peut être la mère de la p'tite ou la p'tite elle même...Ce qui est sur apparemment c'est qu'il va les perdre toutes deux anyway

"Manon : Hey ! Touches pas à ta sœur, toé !"
Ben j'suppose qu'il fait mine de lever la main sur elle en lui disant : "Stressé ! M’a t’en sacré rien qu’une ! Tu vas voir !" alors elle se rebiffe.

"Non, Manon, attends,! Écoutes moé… Dans vie, on peut pas tuer un père noël !" : une de mes répliques préférées...

Bon, admettons que je sois un spectateur dans la salle. Franchement je n'ai pas esquissé un sourire. C'est du lourd, du lourdingue, sans beaucoup de finesse. Déjà les références au «Père Noël est une ordure» sont trop évidentes. Même milieu populaire - on pourrait remplacer Gilles par Gérard Jugnot et Manon par Marie-Anne Chazel - et même ressort comique (un drame le soir de Noël).
Les dialogues, à force de faire dans la gouaille, en deviennent caricaturaux et parfois carrément incompréhensibles. Le passage sur l'aspect sacré du Père Noël est beaucoup trop long, redondant.
La chute n'est pas trop mal, Gilles qui enfile le costume pour que le mythe perdure, mais insuffisante pour sauver la scène de l'ennui.

Une très bonne scène, dans un ton décalé. On se demande d'où viennent ces personnages, chacun des deux semble suggérer des psychoses sous-jaccentes, on les prendrait pour alliénés. J'aime beaucoup Manon et son trouble obsessionnel compulsif des caramels, comme si elle fumait des cigarettes coup sur coup. Ce frère et sa soeur, l'enfant qui reste dans la voiture, un trio qui marche bien, des répliques qui s'enchaînent. Il y a quelque chose qui rappelle le théâtre de l'absurde, dans les discussions qui sortent du sujet principal et primordial qu'est celui du corps du père noël qu'on a tué, avec, par exemple, et j'ai beaucoup aimé, la digression sur le sacre : "Hey ! Sacres pas ! La p’tite est dans l’auto !"
Vraiment, c'est réussi. J'y reviendrai, je regrette de n'avoir que peu de temps ce matin, il y aurait des choses à dire.

Salut Ratz !
T'es en forme, dis-donc !
Je me suis bien fait mon cinéma avec l'accent que tu écris à la perfection !
Même si je ne comprends pas tout, ça file le sourire !

Je trouve en général que c’est difficile de retranscrire un accent par écrit, délicat de le faire de manière assez prononcée pour qu’on le reconnaisse mais pas trop pour ne pas heurter la fluidité de la lecture. Ici, j’ai buté sur pas mal de phrases, mais c’est peut-être moi.
Et j’ai aussi trouvé les dialogues trop longs, pas assez percutants par endroits, par exemple ces "Gilles" et "Manon" qui se suivent n’apportent rien pour moi si ce n’est une baisse de rythme ou un effet trop appuyé.

Par contre j’aime beaucoup l’idée de cette scène, les caramels de la sœur, le dialogue de sourd entre eux, l’idée d’endosser le costume du père noël et le quiproquo qui en découle et le fait de refuser la pensée qu’on puisse tuer le père noël.

En résumé donc, le fond oui, oui, oui, mais la forme pourrait être améliorée.

Je ne sais pas lire le théâtre

Janis a écrit:Je ne sais pas lire le théâtre

Idem ! Trop de retour à la ligne m'ont tuée désoléeeee ><

Gilles : (Accusant Manon) C’est d'ta faute !

----------------
Je me suis permise de rectifier l'accent joual qui, à mes yeux de Québécoise avait quelques petites irrégularités.


Manon : Quoi c’est d' ma faute ?

Gilles : C’est d'ta faute si j’ l’ai tué !

Manon : T’es malade dans TA tête ! C’est d'ta faute à toUé. C’É toUé qui T'NAIT l'volant !

Gilles : Hum… Correction, je 'L tenais à moitié, parce que mon autre main, ben, était prise dans ta bouche !

Manon : Ben ! QuE CÉ qu’a faisait là ?

Gilles : Fais pas l’innocente ! J’ai encore des marques su’É doigts !

Manon : C’tait à toUé de m' laisser tranquille avec mon caramel ! Chu pas pour m’empêcher d' vivre !

Gilles : T’en avais pas rien qu’un dans bouche, Manon ! T’en avais dix mille !

Manon : C’est de mes affaires ça ! Pis quand je suis stressé, moUé, des caramels, ça m' détend !

Gilles : Stressé ! M’Â t’en sacré rien qu’une ! Tu vas voir !

Manon : Hey ! Touches pas à ta sœur, toUé !

Gilles : (Après avoir regardé le corps) Pis quÉ CÉ qu’on va faire de ça asteur ? Hein ?

Manon : Ben, j’sais pas moUé ! YÉ p'-être pas mort, hein ?

Gilles : (Considère le corps) Ouin… Ouin, y’É p'-être pas mort. Vas chÉKÉ ?

Manon : TÉ TU malade ?

Gilles : Manon !

Manon : Gilles !

Gilles : J’ai a chienne !

Manon : Fais un homme de toUé pis vas y d’mander si y’É encore vivant !

Gilles : Manon…

Manon : Allez, vas-y !

Gilles : Eh BaTINSE !

Manon : Pis, si y’É encore vivant, on s’excusera pis on y fera un bon chocolat chaud à maison !

Gilles : (S’approche du père noël et le regarde un instant) M’sieur le pÉre noël ?

Silence.

Manon : D’mandes-y plus fort, voyons dont !

Gilles : (À peine plus fort) M’sieur le pÉre noël ?

Manon : Plus fort que ça !

Gilles : (Toujours à peine plus fort) M’sieur le pÉre noël ?

Manon : Gilles !

Gilles : (Beaucoup plus fort) M’sieur le pÉre noël ?

Manon : Ben ! Tu vois ben qu’y répond pas ! Prends-y son pouls !

Gilles : Hum… Non, j’touche pas à ça !

Manon : Gilles !

Gilles : (Après un instant, il se résouT à se pencher et lui prendre son pouls) Y’É mort !

Manon : Maudit bon à rien !

Gilles : Hey ! … Tabarnak !

Manon : Hey ! Sacres pas ! La p’tite est dans l’auto !

Gilles : Ah mArde ! La p’tite !

Manon : Capotes pas l ! A dort comme un chaudron !

Gilles : Manon, y faut que tu m’aides à cacher le corps !

Manon : T’es tu viré su’l capot !

Gilles : (Tout en essayant de soulever le corps) Manon, si la p’tite a voit ça, chu faite !

Manon : Ben oui, mais ça pèse pas un p’tit juif ça ! Gilles, c’t’un pÉre noël ! M’as me cassé l’dos si je touches à ça ! ... Gilles !

Gilles échoue ses tentatives. Il s’accote sur le père noël, découragé. Musique.
- Aline de Christophe –

Gilles : J’avais dessiné sur le sable
Son doux visage,
Qui me souriait.
Puis il a plu sur cette plage
Dans cet orage, elle a disparu

Manon : Gilles !

Gilles : Et j’ai crié, crié ! Martine…

Manon : Gilles !

Pour le reste du texte, je vous laisse le plaisir de le peaufiner...

Merci des commentaires ! Certains ont pu me mettre sur une bonne voie de travail avant de présenter tout ça à mon metteur en scène. Je vous envoies, dans quelques instants, une deuxième version de la scène, revue et corrigée !

Easter(Island) : The humanity, c'est voulu ! ;o)

Rebecca : Martine, au départ, c'était sensé d'être la copine du gars, mais je l'ai changé dans l'autre version, pour clarifier et simplifier.

Jano : Merci de tes commentaires, plusieurs d'entre eux m'ont mis sur une bonne piste. Pour ce qui est du ''Père du noël est une ordure'', je devrais l'écouter pour la première fois cette semaine pour voir en quoi il en retourne !

Janis et Suzie : Bah, tant pis ! Ce n'est pas comme si vous n'étiez pas avertis dans le titre !

Alex : La poisse !

Gaeli : Merci du travail, mais malheureusement, j'ai décidé de ne pas garder la plupart de vos corrections. Je préfères rester, quand c'est possible, près des mots plutôt que des sons. Par exemple, j'opte plutôt pour le ''T'sais'' que ''T'sé'' pour garder le sens du verbe savoir. Et ne vous inquiétez pas, comme j'ai des yeux de québécois aussi, je veillerai au respect du joual quand je la jouerai vers la fin février ! ;-)

PS : Par ailleurs, si certains d'entre-vous veulent voir la scène en LIVE et que vous êtes au Québec la fin de semaine du 25 et 26 février, vous pouvez m'écrire en message privé pour avoir les détails !

C’est pas ce que vous croyez !

Un père noël mort au sol. Gilles et Manon le regardent un instant et réfléchissent.

Gilles : (Accusant Manon) C’est de ta faute.

Manon : Quoi ?

Gilles : C'est de ta faute !

Manon : Quoi c’est de ma faute ?

Gilles : C’est de ta faute si y'est mort !

Manon : C’est toé qui t'nait le volant !

Gilles : Correction ! Je le t'nais à moitié ! Parce que mon autre main, ‘était prise dans ta bouche !

Manon : Ben ! Qu’est-c’est qu’a faisait là ?

Gilles : Fais pas l’innocente, j’ai encore des marques su’es doigts !

Manon : Ben ! C’tait à toé de'm laisser tranquille 'ak mon caramel !

Gilles : T’en avais pas rien qu’un dans bouche, Manon ! T’en avais dix mille ! Comme d'habetude ! Tu l'sais que l'sucre, c'pas bon pour toé !

Manon : C’est de mes affaires ça ! Pis quand je suis stressé, moé, des caramels, ça me détend !

Gilles : Stressé ! T'es tout le temps stressée ciboire ! Tu veux croire à toute pis n'importe quoi, pis après ça, tu viens m'capoter ça en-d'ssous d'la tuque !

Manon : Si t'avais vu c'que...

Gilles : Manon, veux-tu que j'te dise rien qu'une chose ?

Manon : Quoi ?

Gilles : T'es une calisse d'innocente !

Manon : Hey ! On parle pas de-même à sa sœur ! ... Pis si t'avais vu c'que Sylvie avait vu dans cartes à matin, toé'si tu capoterais 'el yable !

Gilles : Hey ! Lâche moé 'a paix ak ça ! J'veux rien savoir de tes histoires d'magie pis d'destin, ça m'intéresse pas !

Manon : Ben ! (Désignant le cadavre) À voir c'qui nous arrive à matin, 'a pas dû chercher ça dans étoiles, la bonne femme ! 'A nous avait prédit un affaire dingue, dingue, dingue à matin ! Ben ! S'tu pas assez dingue pour toé, ça ? Check qu'est-c'est qui nous a tombé su'a tête !

Gilles : Okay, c'est beau ! T'as raison ! J'ai qu'ué l'père noël pis c'est d'ma faute ! T'es contente là ? (Regardant le corps) Pis qu’est c’est qu’on va faire de d’ça asteur ? Hein ?

Manon : (En blague) Ben ! On pourrait l'empailler pis l'donner en cadeau à grand-mère !

Gilles : 'Sti qu'tes niaiseuse !

Manon : Ben ! 'A n'en collectionne tout plein dans l'salon. Imagine sa face si 'a n'en voyait un, grandeur nature de-même. C'pas mêlant, je pense qu'on la tuerait drette là ! Hein Gilles ? Une pierre deux morts !

Gilles : Manon...

Manon : Quoi ?

Gilles : Ta boîte. Merci.

Un temps passe. Les deux regardent le cadavre.

Manon : Ben ! Y'est p't'être pas mort pour vrai, t'sais !

Gilles : Ben non ! Tu penses qu'y nous fait une joke, toé ?

Manon : Ben non ! Mais p't'être qu'y'est jusse ben sonné !

Gilles : Manon, Franchement ! T'y as-tu vu 'es yeux ?

Manon : Qu'est-c'est qu'y'ont ses yeux ?

Gilles : C'est les mêmes crisse de yeux de graisse de bines qu'avait Tycoon quand qu'est morte.

Manon : Awww ! Tycoon !

Gilles : Ouais ! Tycoon... Y'était tellement intelligent c'te chien-là. Y'aurait pu passer à télé !

Un autre temps.

Gilles : Tabarnak, je me sens pas ben !

Manon : Arrête de sacrer ! La p'tite est dans l'char !

Gilles : Quoi ? Viarge ! La p'tite !

Manon : Capotes pas, là ! 'A dort comme un chaudron !

Gilles : Okay, okay, okay, okay ! Toute va bien aller ! Mononcle Ti-Guy va nous sortir de d'là !

Manon : Mononcle Ti-Guy ?

Gilles : C'est moé ça, Manon !

Manon : Depuis quand qu'tu t'appelles Ti-Guy, toé ?

Gilles : Laisse faire ! Viens m'aider, on va mettre le corps dans valise !

Manon : T'es-tu après perdre la boule ?

Gilles : (Tout en essayant de soulever le corps) Manon, tu comprends pas ! Si la p'tite 'a voit ça, chu faite ! Okay ?

Manon : Ça y'est ! T'es malade dans tête !

Gilles : Manon, tu vois ben qu'tu sers à rien ! Viens dont m'aider !

Manon : Non, je t'aiderai pas !

Gilles : Manon, arrête de niaiser !

Manon : Non !

Gilles : Manon !

Manon : Non de non !

- Aline de Christophe –
Gilles tient toujours le cadavre dans ses bras.

Gilles : J’avais dessiné sur le sable
Son doux visage,
Qui me souriait.
Pis il a plu sur cette plage
Dans cet orage, elle a disparu

Et j’ai crié, crié ! Martine, pour qu'elle revienne !
Pis j'ai...

Manon : Veux-tu que j'te dise rien qu'une chose ?

Gilles : Quoi ?

Manon : Tu fais pas pitié pantoute... Pis 'y fait frette, là ! On appelle tu la police qu'on en finisse ?

Gilles : Manon, tu comprends pas.

Manon : De quoi que je comprends pas ?

Gilles : On peut pas appeler la police.

Manon : Pis pourquoi dont qu'on pourrait pas l'appeler ?

Il ne répond pas.

Manon : Ben c'est ça ! Si t'es trop moumoune pour le faire, moé m'a l'faire !

Gilles : Non, Manon, attends ! Écoutes moé... Dans vie, on peut pas tuer un père noël !

Manon : Quoi qu'on peut pas tuer un père noël ? Tu viens de'l faire ! C'est toé-même qui l'a dit ! Y'avait les deux yeux comme Tycoon !

Gilles : Non, pas ''peut pas'' dans c'te sens là, Manon ! ''Peut pas'' comme dans ''on peut pas tuer un père noël''. Comprends-tu ?

Manon : ''Peut pas', comme... ''peut pas'' ?

Gilles : De comme ''peut pas'' de comme ''peut comme pas'', genre.

Manon : ''Peut pas'' de comme ''peut vraiment comme pas'' ?

Gilles : De ''peut comme vraiment pas''.

Manon : ''Peut pas'' ?

Gilles : Non, ''Peut pas''.

Manon : Ah !

À partir de ce moment, les deux personnages ne s’écoutent plus parler.

Gilles : On peut tuer un voisin. On peut tuer un livreur de pizza, son boss pis même son ex, un président des États-Unis ! Mais le père noël, non !

Manon : Faque, tu penses vraiment que c'est l'vrai ça ?

Gilles : Je pourrais même tuer notre grand-mère, Manon ! Not’ grand-mère ! Que ce serait moins grave que ça !

Manon : Ayoye ! J'l'imaginais un peu plus dodu, mais maintenant qu'tu l'dis, c'est vrai qu'ça aurait du bon sens !

Gilles : J'ai qu'ué l'père noël, Manon ! J'ai qu'ué l'père noël, criss !

Manon : (Se réjouissant) Heeeey ! Sylvie me l'avait dit que quequ'chose de dingue allait m'arriver aujourd'hui, mais là...

Gilles : Ostie ! (Il va s'étendre près du père noël) Qu'est-c'est m'as faire d'ma vie asteur ? Hein ?

Manon commence à prendre des photos avec son téléphone cellulaire de Gilles avec le père noël.

Gilles : T’sais, un président, c’est pas grave tué un président. Parce que dans le fond, y’a du monde qui vont être d’accord avec toé. Parce qu’y a du monde qui l’aimait pas le président. Mais un père noël...

Manon : Mais ça, ça veut dire que… Ah ! C'est comme dans l'film avec Tim Allen, t'sais là...

Gilles : Sais-tu ce que c’est d’tuer un père noël, Manon ? C’t’un symbole ça ! Tout le monde l’aime ! C’t’un crime contre l’humanité en tué un. A crime against the humanity ! The humanity ! Manon !

Manon : Ah ! Comment ça s'appelait dont ?

Gilles : Toutes les enfants vont m’haïr la face ! Quand qu’on va voir ça dans nouvelles, Manon, on va la voir partout ma criss de face ! Le monde vont crier dans rue :

Une voix des coulisses : ''Hey ! C’est l’bonhomme qui a tué le père noël !'' …

Gilles : Pis si la p’tite a voit ça ! … Manon ! Pis si sa mère ‘a voit ça ! M’as la perdre à vie, ma Martine ! On va me l'enlever pis j'aurai pu ch'amais l'droit d'la voir ! Comprends-tu ça, Manon ?

Musique.

Gilles : Pis je vas crié, crié ! Martine ! Pour qu'elle revienne !
Pis je vas pleuré, pleuré ! Oh, j’aurai tant de peine !

Manon : Sur les traces du père noël !

Gilles : Quoi ?

Manon : Sur les traces du père noël ! The Santa Claus ! C'est comme dans l'film avec Tim Allen ! Tu vas t'transformer en père noël, Gilles ! Heeey ! J'suis fière d'être ta sœur !

Gilles : Ostie qu’t’es épaisse ! Tu m’as pas écouté deux secondes, hein ?

Manon : Épaisse…

Gilles : Ouais ! Épaisse !

Manon : Veux-tu que je te dise rien qu’une chose moé ?

Gilles : Quoi ?

Manon : Tu vas faire un très mauvais père noël ! (Elle sort un caramel)

Gilles : Non, tu vas pas recommencer…

Manon : (Elle le met dans sa bouche) Un très mauvais père noël !

Gilles : Manon !

Manon : (Elle en sort un autre) Ton cœur est noir, Gilles ! Noaaaair ! (Et le met dans sa bouche)

Gilles : Manon, arrête-moé ça !

On entend un chœur de noël de derrière la scène.

Manon : (Et puis, un autre) Ah ! Pis les lutins sont déjà là ! Écoute-lé chanter ! Chanter tes louanges ! Tu dois être content là, hein ?

Gilles : Ah merde ! Des enfants ! ‘Y vont toute voir... 'Y vont voir le...

Manon : (Elle le met dans sa bouche) Enwêyez ! V’nez l’chercher ! Y’est icitte !

Gilles : Manon, tais-toé ! C’est pas drôle !

Manon : Enwêye ! Mets-lé ton costume !

Gilles : Manon ! Tais… (Regarde le corps) Ah ! Manon, t’es géniale !

Manon : C’toujours les même qu’y ont toutes ! (Elle sort un autre caramel)

Il commence à enlever le pantalon du père noël.

Gilles : Heeey ! Si on a un père noël moins son costume, 'y devient quoi ? Hein ? Ben ! Un homme mort, ben ordinaire ! Ostie que je t'aime, Manon ! Ostie que je t'aime ! Tué un homme ben ordinaire, ça se tolère ça ! Alléluia Seigneur ! Tu me sauves la vie, Manon ! Le sais-tu ça ?

La p’tite apparaît.

La p’tite : Papa, c’est quoi tu fais ?

Gilles : Marde !

Manon : (La bouche pleine de caramel) ‘Y a tué le père noël !

La p’tite : Quoi ?

Manon : (À peine audible à cause des caramels) ‘Y a tué le père noël !

La p’tite : Quoi ?

Manon : (Pointant le cadavre) ‘Y a tué le père noël !

La p’tite : Papa, t'as-tué l'père noël !

Gilles : C’est pas ce que tu crois !

Une chorale d’enfants avec un responsable entre en scène et crie à la vue de la scène.

Le responsable : Y'a tué l'père noël !

Gilles : Non ! C’est pas ce que vous croyez !

La chorale d'enfants : (En pleurant) Y'a tué l'père noël !

Gilles : C’est pas ce que vous croyez ! Je’l jure ! …

On entend un sirène de police.

Gilles : Ostie !

Musique. Les enfants font les chœurs en pleurant.

Gilles : Pis j’ai crié, crié ! Martine ! Pour qu'elle revienne !
Pis j’ai pleuré, pleuré ! Oh, j’avais trop de peine !

Félicitations pour ce travail de réécriture, Ratz.
C'est plus clair sur les points qui ne l'étaient pas, à savoir la soeur et la p'tite.
Et surtout, c'est savoureux, toujours autant, j'ai pris plaisir à lire et relever quelques expressions qui valent le détour :

T'es tout le temps stressée ciboire !
tu viens m'capoter ça en-d'ssous d'la tuque !
T'es une calisse d'innocente !
'Sti qu'tes niaiseuse !


et puis, ma toute préférée :
Faque, tu penses vraiment que c'est l'vrai ça ?

Suivie de près par :
J'ai qu'ué l'père noël, Manon ! J'ai qu'ué l'père noël, criss !

Jurer comme ça tellement plus poétique que le vilain original. Joli !

J'ai la chance d'avoir pu lire directement la version corrigée...
mais c'est tout marrant, ah oui ça c'est frais, une bonne petite ébrouade ma foi!

C'est franchement savoureux. Merci pour cette lecture !