Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
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Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
Tristesse
Le curé prononça les mots qu'il faut. Mais avant de passer l'anneau, j'hésitai. Un frisson de signes troublants envahissait mon esprit.
Partir.
Prendre la poudre d'escampette et partir.
Voilà ce à quoi je songeais alors que tous autour de nous s'étaient réunis pour partager ce moment de joie et d'allégresse.
Partir ! Fuir !
La belle-sœur me regarda. Plongé dans son décolleté, je me remémorais quelques bribes de poésie déclamés envers ses seins que je palpais autrefois à pleines mains. Parfaits. Ronds et crus. J'adorais leur goût de câlins interdits.
Le curé interrompit cette diversion. Il réitéra son annonce, moi mon désir.
Partir !
Insistance louvoyante d'une belle endimanchée.
Un bruit comme un murmure ricochait contre les voûtes. Ricochets. Ricochet. Ricoche. Ricoco. Riri. Ri. R. r. r. Les pierres emplirent la bouche de mon témoin de droite.
Je n'avais que faire de cette amicale inimitié.
Serais-je suffisamment lâche ou courageux pour franchir le pas, ou au moins le porche de l'église, libéré de toute cette pression ?
Partir.
Oui. Je devais agir avant de m'endormir.
— Qui ! Qui a gravé cette inscription ?
Main droite à plat sur le bureau, poing gauche fermé et tendu, la professeure éructait entre la croix de ses bras filiformes.
— "les mots... sont... comme... des caresse" sans s bien entendu !
Échassier immobile, elle emplissait notre espace d'une réelle menace. Son index rageur, pointé vers le plafond de la classe, stimulait notre appréhension.
— Alors ? Interrogea-t-elle à la volée avec une voix atteignant la tessiture d'un castra.
— Personne n'osera avouer son forfait ? La question en forme d'injonction planait au-dessus de nos têtes. Sa robe de professeur composée de larges rayures jaunes et noires nous donnait l'impression de nous trouver en face du phare de Groac’h Bihan, La Plate en Français. Quand elle passait entre les rangs ça sentait la fin de la journée et la marée montante.
Glacial et froid comme une lame de rasoir, son regard scrutait nos réactions et discrètement son registre.
— Si j'en crois l'appel de ce matin, tous les élèves sont présents dans cette salle.
Silence lourd, pesant qu'elle interrompit en sussurant :
— Si j'en crois le silence affiché en ce moment, j'ai l'impression d'être isolée au milieu d'un océan de bravoure refoulée. Bref. Je n'obtiendrai donc pas le nom du responsable de cette citation, citation gravée dans le bois de ce bureau avec une lame... une lame de couteau... couteau suisse je suppose vu l'étroitesse des traits et de vos esprits mal affûtés ! Dommage, car il m'eût été agréable d'en féliciter l'auteur et de le punir, le cas échéant, pour dégradation de matériel scolaire.
Une félicitation vallait-elle une sanction ? À nous d'en apprécier la distinction.
— Or donc, disais-je en introduction, "les mots sont comme des caresses". Prêtresse, tigresse ou ogresse, je n'aurai de cesse de sanctionner les s oubliés avec allégresse, par paresse et ce, sans faiblesse ni mollesse, je le confesse.
Voilà qu'elle trouvait un bon prétexe pour un futur devoir de français.
— Revenons aux moutons que vous êtes. Dupuytren au tableau ! Et que ça saute ! Écrivez-nous la phrase suivante :
Cet extrait tiré des "Mémoires d'une fausse blonde", de feue Vanessa Paradise, démontre si besoin était, combien les informations contenues dans ce journal intime sont importantes, voire indispensables pour la bonne compréhension de la suite du roman.
Pour mardi prochain, vous me réécrirez ce texte sans utiliser un seul mot comportant de s. À vous de feuilleter le dictionnaire des synonymes, d'interroger votre imaginaire et de bousculer vos neurones.
La cloche libératrice fut ce jour-là, une des plus belles mélodies entendues de mon vivant.
— Soit. Il est l'heure de vous libérer. Profitez bien de votre samedi et dimanche pour travailler. Bon vent.
Lâche. Je n'étais qu'un lâche. Et en tant que lâche bien portant, je puis certifier avoir battu tous les records de vitesse pour regagner mon domicile sous la vindicte des camarades furibonds.
La cloche du bourg sonna.
Pourquoi ce souvenir remontait-il aussi précisement ?
Était-ce dû au fait que ce fut la toute première fois où j'avais vraiment voulu quitter l'île de Sein ?
Sur le bord de la route, j'attendais. J'attendais. Voitures, camions et autres véhicules motorisés ou non ne passaient jamais. À quoi bon vouloir s'enfuir une nouvelle fois ?
L'air me manquait.
La poésie des mots ne pouvait plus m'aider. Je me devais de faire face à mes démons jusqu'à ce que ma vie cesse.
Partir.
Prendre la poudre d'escampette et partir.
Voilà ce à quoi je songeais alors que tous autour de nous s'étaient réunis pour partager ce moment de joie et d'allégresse.
Partir ! Fuir !
La belle-sœur me regarda. Plongé dans son décolleté, je me remémorais quelques bribes de poésie déclamés envers ses seins que je palpais autrefois à pleines mains. Parfaits. Ronds et crus. J'adorais leur goût de câlins interdits.
Le curé interrompit cette diversion. Il réitéra son annonce, moi mon désir.
Partir !
Insistance louvoyante d'une belle endimanchée.
Un bruit comme un murmure ricochait contre les voûtes. Ricochets. Ricochet. Ricoche. Ricoco. Riri. Ri. R. r. r. Les pierres emplirent la bouche de mon témoin de droite.
Je n'avais que faire de cette amicale inimitié.
Serais-je suffisamment lâche ou courageux pour franchir le pas, ou au moins le porche de l'église, libéré de toute cette pression ?
Partir.
Oui. Je devais agir avant de m'endormir.
***
— Qui ! Qui a gravé cette inscription ?
Main droite à plat sur le bureau, poing gauche fermé et tendu, la professeure éructait entre la croix de ses bras filiformes.
— "les mots... sont... comme... des caresse" sans s bien entendu !
Échassier immobile, elle emplissait notre espace d'une réelle menace. Son index rageur, pointé vers le plafond de la classe, stimulait notre appréhension.
— Alors ? Interrogea-t-elle à la volée avec une voix atteignant la tessiture d'un castra.
— Personne n'osera avouer son forfait ? La question en forme d'injonction planait au-dessus de nos têtes. Sa robe de professeur composée de larges rayures jaunes et noires nous donnait l'impression de nous trouver en face du phare de Groac’h Bihan, La Plate en Français. Quand elle passait entre les rangs ça sentait la fin de la journée et la marée montante.
Glacial et froid comme une lame de rasoir, son regard scrutait nos réactions et discrètement son registre.
— Si j'en crois l'appel de ce matin, tous les élèves sont présents dans cette salle.
Silence lourd, pesant qu'elle interrompit en sussurant :
— Si j'en crois le silence affiché en ce moment, j'ai l'impression d'être isolée au milieu d'un océan de bravoure refoulée. Bref. Je n'obtiendrai donc pas le nom du responsable de cette citation, citation gravée dans le bois de ce bureau avec une lame... une lame de couteau... couteau suisse je suppose vu l'étroitesse des traits et de vos esprits mal affûtés ! Dommage, car il m'eût été agréable d'en féliciter l'auteur et de le punir, le cas échéant, pour dégradation de matériel scolaire.
Une félicitation vallait-elle une sanction ? À nous d'en apprécier la distinction.
— Or donc, disais-je en introduction, "les mots sont comme des caresses". Prêtresse, tigresse ou ogresse, je n'aurai de cesse de sanctionner les s oubliés avec allégresse, par paresse et ce, sans faiblesse ni mollesse, je le confesse.
Voilà qu'elle trouvait un bon prétexe pour un futur devoir de français.
— Revenons aux moutons que vous êtes. Dupuytren au tableau ! Et que ça saute ! Écrivez-nous la phrase suivante :
Quand élève de sixième je me suis cassée la gueule au collège sur une plaque de verglas
pour attérrir sur les pieds du plus beau mec de l'école, un grand de troisième,
dont j'étais amoureuse of course comme toutes les petites connes du coin, et que je n'osais même pas regarder...
ça l'a fait rire lui et ses copains, moi aussi ça me fait rire... aujourd'hui.
pour attérrir sur les pieds du plus beau mec de l'école, un grand de troisième,
dont j'étais amoureuse of course comme toutes les petites connes du coin, et que je n'osais même pas regarder...
ça l'a fait rire lui et ses copains, moi aussi ça me fait rire... aujourd'hui.
Cet extrait tiré des "Mémoires d'une fausse blonde", de feue Vanessa Paradise, démontre si besoin était, combien les informations contenues dans ce journal intime sont importantes, voire indispensables pour la bonne compréhension de la suite du roman.
Pour mardi prochain, vous me réécrirez ce texte sans utiliser un seul mot comportant de s. À vous de feuilleter le dictionnaire des synonymes, d'interroger votre imaginaire et de bousculer vos neurones.
La cloche libératrice fut ce jour-là, une des plus belles mélodies entendues de mon vivant.
— Soit. Il est l'heure de vous libérer. Profitez bien de votre samedi et dimanche pour travailler. Bon vent.
Lâche. Je n'étais qu'un lâche. Et en tant que lâche bien portant, je puis certifier avoir battu tous les records de vitesse pour regagner mon domicile sous la vindicte des camarades furibonds.
***
La cloche du bourg sonna.
Pourquoi ce souvenir remontait-il aussi précisement ?
Était-ce dû au fait que ce fut la toute première fois où j'avais vraiment voulu quitter l'île de Sein ?
Sur le bord de la route, j'attendais. J'attendais. Voitures, camions et autres véhicules motorisés ou non ne passaient jamais. À quoi bon vouloir s'enfuir une nouvelle fois ?
L'air me manquait.
La poésie des mots ne pouvait plus m'aider. Je me devais de faire face à mes démons jusqu'à ce que ma vie cesse.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
d'accord ! Les contraintes, tu t'en fous, et c'est tant pis, et c'est tant mieux !
Alors, je vais faire, moi aussi, autre chose qu’une critique de ton texte.
J’ose une analyse sauvage de ta façon.
Comme chaque fois, j'aime bien/pas tes textes.
Comme souvent quand je te lis, j'ai l'impression que sous la nonchalante pointilleuse description de tes personnages, un auteur a hâte d'en finir, et que cet auteur voudrait être un artiste avant d’avoir été un artisan.
Alors, je vais faire, moi aussi, autre chose qu’une critique de ton texte.
J’ose une analyse sauvage de ta façon.
Comme chaque fois, j'aime bien/pas tes textes.
Comme souvent quand je te lis, j'ai l'impression que sous la nonchalante pointilleuse description de tes personnages, un auteur a hâte d'en finir, et que cet auteur voudrait être un artiste avant d’avoir été un artisan.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
Des trouvailles qui m'ont absolument réjouie, dont : les seins ronds et crus
et cette phrase qui tue :
et cette phrase qui tue :
Sinon, j'ai trouvé le texte un peu décousu et surtout, les consignes !... tu les as traitées avec un mépris désinvolte que ne renierait pas un ado en pleine crise d'identité !Quand elle passait entre les rangs ça sentait la fin de la journée et la marée montante.
Invité- Invité
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
ceci posé, j'ai bien aimé cette première partie et la mélancolie de la dernière, je trouve seulement que celle du milieu ne colle pas avec, et que l'ensemble n'est pas vraiment dans les clous de l'exo proposé.
Invité- Invité
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
tout pareil, première et dernière partie : oui, surtout la première
du mileu, il manque des liants, des glissements ou des clefs (des clefs huilées, en quelque sorte)
du mileu, il manque des liants, des glissements ou des clefs (des clefs huilées, en quelque sorte)
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
J’aime bien la prof costumée en phare, son odeur marine et son langage fleuri. De bonnes idées, des images intéressantes, des ébauches d’atmosphères, tout cela jeté un peu "à la plique-ploque" aux yeux du lecteur. Avec toi souvent, bertrand, j’ai l’impression que tu nous sers des zakouski. Mais avec un p’tit vin blanc sec, je ne dis pas non.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
Des ébauches, ce qui induit un manque de liant entre les différentes parties. Néanmoins, on lit ce texte avec plaisir.
"Pour mardi prochain, vous me réécrirez ce texte" ici et là (à vous de feuilleter le dictionnaire et de bousculer vos neurones :-))) :
- qu'elle interrompit en sussurant : susurrant
- Une félicitation vallait-elle : valait
- un bon prétexe : prétexte
- pour attérrir sur les pieds : atterrir
- Pourquoi ce souvenir remontait-il aussi précisement ? précisément
"Pour mardi prochain, vous me réécrirez ce texte" ici et là (à vous de feuilleter le dictionnaire et de bousculer vos neurones :-))) :
- qu'elle interrompit en sussurant : susurrant
- Une félicitation vallait-elle : valait
- un bon prétexe : prétexte
- pour attérrir sur les pieds : atterrir
- Pourquoi ce souvenir remontait-il aussi précisement ? précisément
Invité- Invité
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
J'ai trouvé le souvenir d'école un peu long comparé au reste et avec assez peu de rapport, même si tu tentes de les relier d'une phrase ensuite.
Mais en faisant abstraction de ça et en lisant le tout comme des bouts indépendants, j'aime bien l'ensemble, pour certaines phrases déjà citées par d'autres et pour une certaine atmosphère, un ton.
Mais en faisant abstraction de ça et en lisant le tout comme des bouts indépendants, j'aime bien l'ensemble, pour certaines phrases déjà citées par d'autres et pour une certaine atmosphère, un ton.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
Merci aux personnes qui commentent, vraiment.
Merci à mes correctrices idéales.
Ce texte ne passe pas ? Tant pis.
Trop travaillé, il a perdu son âme.
Les parties étaient vraiment liées entre elles en plein rapport avec l'exercice. Manque de liant ? Exact.
Passons à autre chose.
Merci à mes correctrices idéales.
Ce texte ne passe pas ? Tant pis.
Trop travaillé, il a perdu son âme.
Les parties étaient vraiment liées entre elles en plein rapport avec l'exercice. Manque de liant ? Exact.
Passons à autre chose.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
"Merci à mes correctrices idéales." correcteur aussi ! y'a pas de e à la fin de luluberlu ! MDR alors ! (soupir… et peut-être regrets ?)
Invité- Invité
Re: Figures de style 4 : Les mots sont comme des caresses
Oups ! Vraiment désolé.luluberlu a écrit:"Merci à mes correctrices idéales." correcteur aussi ! y'a pas de e à la fin de luluberlu ! MDR alors ! (soupir… et peut-être regrets ?)
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
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