Demain

Eole, lève-toi et gonfle un peu mes voiles que j'aille voir ailleurs ce que l'on propose, en vers ou bien en prose, à mon cœur plein d'ecchymoses. Le rosé de Provence me fait la mine grise comme un vieux crayon fatigué de faire rimer une lettre d'amour avec toujours, à me mettre une fièvre de vieux cheval de retour.

C'est le compte à rebours. Demain je partirai.

J'irai jusqu'à Anvers, juste pour voir l'endroit. Puis, comme l'ami Brel chez la Madame Andrée, je lèverai mon verre aux dames envitrinées d'Amsterdam ou d'ailleurs. J'irai jusqu'à Cambrai faire quelques bêtises, ensuite, histoire de voir la mode je descendrai à Caen, et puis je rentrerai plein d'usages et raison, comme Ulysse à Ithaque, constater les dégâts d'une si longue absence.

Alors je creuserai ma tombe avec mes dents, m'empiffrant de volailles au bon jus ruisselant, et quand enfin bien gras je clamserai d'un infarctus on me mettra dans une bière, sans alcool, et on allumera le feu, c'est à dire moi.
Je m'embraserai comme un cierge pascal.

Je veux qu'en épitaphe on mette sur ma tombe:
Il était dense du ventre, sa vie était une histoire de lard.

Pas tout de suite, hein ? Laisse nous encore un peu profiter de ta prose !

C'est joliment, habilement tourné, certains jeux de mots sont très fins. Une façon légère de parler de choses qui le sont moins... Bienvenue de ce côté aussi, piqueboufigue.

J'aime beaucoup " j'irais jusqu'à Anvers, juste pour voir l'endroit" qui fait un superbe alexandrin !

Profitons de parler de la finitude, c'est ainsi qu'elle se fait vivante. Epicuriennne ta prose, dionysien ton style.
Qu'ainsi tu écrives longtemps, pour retarder demain.

J'aime beaucoup ce ton et cette manière de faire sourire en traitant de choses graves.

L'humour est la politesse du désespoir.
J'ai apprécié ce festival de clins d'oeil et de jeux de mots .
On y sent la patte du rimailleur rompu à l'usage du trébuchet.

Humour, finesse, gourmandise des mots.
Très beau texte.

Toulouse n'a pas fini de nous révéler ses talents épicuriens. J'ai aimé cette valse à mille temps... nous avons encore le temps n'est-ce pas ?

Oui Nine, nous avons le temps. Demain est encore très loin...

Tu grilleras donc comme une saucisse de Toulouse, et ton entourage sera déconfit. J'espère qu'il t'auront retiré le foie, qui devrait être pas mal. Avec des figues.