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Travellings
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Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Travellings
Je relirai sûrement demain.
Pour l'instant, de belles images et une histoire très... Janisienne Ü
la suite, la suite, la suiiiiiite
Pour l'instant, de belles images et une histoire très... Janisienne Ü
la suite, la suite, la suiiiiiite
Des bribes...
Il y a indéniablement une envie de poétiser, d'esthétiser. Et ça fonctionne.
Ensuite, le fond... On dirait des bribes. Qui se relient plus ou moins.
Attendons de voir si ça prend sens et vers quoi ça se dirige.
En tous cas, ça se lit avec plaisir. Et effectivement, on a bien la sensation de travellings enchaînés, entrecoupés de plans fixes.
Ubik.
Ensuite, le fond... On dirait des bribes. Qui se relient plus ou moins.
Attendons de voir si ça prend sens et vers quoi ça se dirige.
En tous cas, ça se lit avec plaisir. Et effectivement, on a bien la sensation de travellings enchaînés, entrecoupés de plans fixes.
Ubik.
Re: Travellings
Ce que j'ai aimé dans ce texte, c'est le ton tranquille pour évoquer un désordre, un chaos qui vient de se passer et dont on ignore tout, et l'apparente passivité des gens, qui tous, semblent en attente de quelque chose. On ne sent ni peur, ni tentative de fuir, mais une attente en suspens dans le temps. La concomitance des instants de vie de chacun présentés comme des plans cinématographiques, donne au lecteur l'envie de savoir ce qui lie ces personnages.
La bande sonore du "film" a une tonalité triste et inquiétante : air de blues mélancolique, chanson triste, voix grave et voilée. Bruit de fond : la mer. Bruit qui fait sursauter un peu : le claquement de la portière.
Et cette phrase qui intrigue et appelle une suite :
Sa lenteur contient une menace.
Ce texte m'a vraiment plu et j'en attends le dénouement.
La bande sonore du "film" a une tonalité triste et inquiétante : air de blues mélancolique, chanson triste, voix grave et voilée. Bruit de fond : la mer. Bruit qui fait sursauter un peu : le claquement de la portière.
Et cette phrase qui intrigue et appelle une suite :
Sa lenteur contient une menace.
Ce texte m'a vraiment plu et j'en attends le dénouement.
Invité- Invité
Re: Travellings
Je m'aperçois que je n'ai pas employé, dans mon commentaire, le mot "ambiance". Et c'est pourtant bien ce qui caractérise tous tes textes, Janis :une constante, quel que soit le sujet, un certain climat reconnaissable entre mille parmi les écrits proposés par les uns et les autres.
Invité- Invité
Re: Travellings
toi tu vas arrêter de me filer les jetons comme ça !
dès le début j'ai eu les images du tsunami de 2004, région où je vais débarquer dès demain...
alors dis-moi vite que ça n'a aucun rapport
Comme dit le commentaire d'avant, l'ambiance est vraiment particulière et tu as le chic pour éveiller la curiosité, cela dans une langue parfaite, sobre, précise au scalpel.
Evidemment je vais attendre la suite
(sache que :-)))) tu peux poster autant de suite que tu veux ici sans attendre une semaine entre chaque fragment..., je dis ça je dis rien...)
dès le début j'ai eu les images du tsunami de 2004, région où je vais débarquer dès demain...
alors dis-moi vite que ça n'a aucun rapport
Comme dit le commentaire d'avant, l'ambiance est vraiment particulière et tu as le chic pour éveiller la curiosité, cela dans une langue parfaite, sobre, précise au scalpel.
Evidemment je vais attendre la suite
(sache que :-)))) tu peux poster autant de suite que tu veux ici sans attendre une semaine entre chaque fragment..., je dis ça je dis rien...)
Re: Travellings
Comme son nom l'indique, j'ai pensé à un découpage de film. J'aime l'ambiance. J'attends la suite.
Re: Travellings
tu veux que je te fasse un commentaire : "comme si je l'écrivais" ?
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Travellings
Comme le poulet, je suis resté figé. J'aime bien quand la nuit entre dans une chambre… Ça veut dire qu'on a éteint la lumière (ou bien que les nuages masquent la lune). :-))
J'aime beaucoup cette langueur distillée au fil du texte. La lenteur de la mise en place m'a séduit. Une belle écriture, comme je les aime.
J'aime beaucoup cette langueur distillée au fil du texte. La lenteur de la mise en place m'a séduit. Une belle écriture, comme je les aime.
Invité- Invité
Re: Travellings
puisque tu es partie au cinoche et comme tu as souvent dit en me commentant que tu "avais l'impression de l'avoir écrit", je vais me permettre un commentaire invasif...
si tu m'en veux, je te laisserai gagner deux parties de scrabble
Un vrai style, une ambiance, un art du récit, plaisir, comme d’hab…
Tu nous trimballes entre deux styles narratifs distincts, un style scénaristique (pour la maison près de la mer) et un style littéraire – au sens plus intériorisé – (pour l’autre maison) et ça fonctionne très bien.
Cependant, tu ne respectes pas assez cette distinction.
Je m’explique :
Je pense qu’il faudrait adoucir, simplifier la formule pour un impact moins agressif, peut-être en te séparant de trois participes présents sur quatre, et de la locution conjonctive… « un homme fait semblant de dormir et pense ; sa femme pense et fait semblant de dormir »… Je ne sais pas…
puis, nouveau paragraphe, tu reviens à la maison, et au style scénar…
« elle éteint sa cigarette, en allume une autre »
« elle a le front haut, bombé, le visage dévasté »
« entre deux taffes, elle murmure une chanson triste de sa voix grave et voilée »
Dans l’ensemble, l’ambiance est là, mais tu dois bosser les détails et la structure, la rendre plus solide afin qu’elle devienne plus transparente
si tu m'en veux, je te laisserai gagner deux parties de scrabble
Un vrai style, une ambiance, un art du récit, plaisir, comme d’hab…
Tu nous trimballes entre deux styles narratifs distincts, un style scénaristique (pour la maison près de la mer) et un style littéraire – au sens plus intériorisé – (pour l’autre maison) et ça fonctionne très bien.
Cependant, tu ne respectes pas assez cette distinction.
Je m’explique :
A partir de là, ton récit devient plus littéraire, les choses que tu décris ne sont plus objectives, c’est une transition entre les deux maisons, les deux familles… je pense que tu devrais marquer plus le changement en sautant une ligne supplémentaire, en séparant bien les paragraphes. Là.…À l'étage, ce sont les chambres. Les petites filles ne dorment pas. Elles sont allongées ensemble sur le même matelas, au milieu des jouets et des dessins. Les fenêtres sont grandes ouvertes, la nuit entre tout entière dans cette pièce.
Ici aussi, il faut que tu sautes une ligne supplémentaire pour bien détacher les deux partiesElles entendent le bruit de la mer(…)presque suffoquer de joie.
La maison la plus proche
Cette phrase est forte et contient toutes les informations du monde quant à la relation et l’état d’esprit du couple… Trop forte ! En tant que lecteur, je suis pris au colbac, et tiré en avant, façon baston : « tu comprends, dis ? Tu comprends ??? »Dans un lit, un homme fait semblant de dormir en pensant, tandis que sa femme pense en faisant semblant de dormir.
Je pense qu’il faudrait adoucir, simplifier la formule pour un impact moins agressif, peut-être en te séparant de trois participes présents sur quatre, et de la locution conjonctive… « un homme fait semblant de dormir et pense ; sa femme pense et fait semblant de dormir »… Je ne sais pas…
Là aussi, c’est un peu explicite, directif, je l’allègeraisSa lenteur contient une menace.
puis, nouveau paragraphe, tu reviens à la maison, et au style scénar…
Il n'y a plus de bruit
Pourquoi un imparfait ?L'homme qui mangeait un poulet
A ta place, je reviendrais complètement au style scénar pour respecter la construction.Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre, et les tient de cette façon enfantine, entre le pouce et l'index. Son front haut et bombé donne de la respiration à ce visage dévasté. D'une taffe à l'autre, égrainant la nuit, elle murmure une chanson triste de sa voix grave et voilée.
« elle éteint sa cigarette, en allume une autre »
« elle a le front haut, bombé, le visage dévasté »
« entre deux taffes, elle murmure une chanson triste de sa voix grave et voilée »
Pourquoi ne pas rester au présent ?…petites filles, qui se sont brusquement assises
Dans l’ensemble, l’ambiance est là, mais tu dois bosser les détails et la structure, la rendre plus solide afin qu’elle devienne plus transparente
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Travellings
Rien à dire de très utile si ce n'est que j'engrange des images comme des flashs, je me familiarise avec le lieu et les personnages; et surtout, je laisse faire l'atmosphère prégnante, blanche, pleine d'un vide étouffant, si je peux m'exprimer ainsi.
Parti comme c'est parti, - la barre est haute - les attentes sont à la mesure de la promesse. Tu as intérêt à ne pas rater la fin !
(PS : une tache)
Parti comme c'est parti, - la barre est haute - les attentes sont à la mesure de la promesse. Tu as intérêt à ne pas rater la fin !
(PS : une tache)
Invité- Invité
Re: Travellings
oui on sent le contemplatif ici. Et c'est un peu pesant. Bref, y'a des chance que c'est l'effet voulu, donc bien.
Re: Travellings
merci ! et maintenant, il va falloir assurer (pour la suite)
je réponds surtout à grieg qui a fait un commentaire circonstancié
d'accord pour travailler mieux la mise en page (sauter des lignes) et être moins directive (mais on a du mal à se défaire de ses petites "trouvailles")
L'imparfait du poulet, c'est parce que maintenant, il a fini de manger son poulet; en fait c'est vrai j'ai ajouté ça "qui mangeait son poulet" parce que comme toujours, j'avais peur qu'on ne s'y retrouve pas entre les personnages - deux hommes, deux femmes, deux maisons - puisqu'ils n'ont pas de prénoms (et n'en auront pas, en tout cas pas venant du narrateur, peut-être apparaîtront-ils fugaces dans un dialogue).
Au départ j'avais écrit "l'homme est debout sur la terrasse". Même système pour la femme "qui fume" et l'homme "qui marche". J'ai toujours peur qu'on se mélange les pinceaux et qu'on n'y comprenne plus que dalle, ce qui arrive de temps en temps.
Les fillettes peuvent c'est vrai s'asseoir au présent, ou plutôt on va les trouver directement assises : les fillettes sont assises.
Je vais donc déjà reprendre tout ça, ça ne devrait pas être trop compliqué, et c'est bien vu, mossieur comme si je l'avais écrit
Merci merci merci à tous, prosternations diverses, je m'y remets très bientôt !
je réponds surtout à grieg qui a fait un commentaire circonstancié
d'accord pour travailler mieux la mise en page (sauter des lignes) et être moins directive (mais on a du mal à se défaire de ses petites "trouvailles")
L'imparfait du poulet, c'est parce que maintenant, il a fini de manger son poulet; en fait c'est vrai j'ai ajouté ça "qui mangeait son poulet" parce que comme toujours, j'avais peur qu'on ne s'y retrouve pas entre les personnages - deux hommes, deux femmes, deux maisons - puisqu'ils n'ont pas de prénoms (et n'en auront pas, en tout cas pas venant du narrateur, peut-être apparaîtront-ils fugaces dans un dialogue).
Au départ j'avais écrit "l'homme est debout sur la terrasse". Même système pour la femme "qui fume" et l'homme "qui marche". J'ai toujours peur qu'on se mélange les pinceaux et qu'on n'y comprenne plus que dalle, ce qui arrive de temps en temps.
Les fillettes peuvent c'est vrai s'asseoir au présent, ou plutôt on va les trouver directement assises : les fillettes sont assises.
Je vais donc déjà reprendre tout ça, ça ne devrait pas être trop compliqué, et c'est bien vu, mossieur comme si je l'avais écrit
Merci merci merci à tous, prosternations diverses, je m'y remets très bientôt !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Travellings
Je me prosterne aussi ; belle ambiance, froide et lumineuse, comme j'aime.
A part (car il en faut un peu) : "Sa lenteur contient une menace." Le verbe contenir me semble faible ou maladroit si cette lenteur est une menace.
Mais ce commentaire est tout à fait pacifique et ne contient qu'un plaisir de lecture.
A part (car il en faut un peu) : "Sa lenteur contient une menace." Le verbe contenir me semble faible ou maladroit si cette lenteur est une menace.
Mais ce commentaire est tout à fait pacifique et ne contient qu'un plaisir de lecture.
Invité- Invité
Re: Travellings
Ouah, un mystère, j'ai lu ton texte la peur au ventre je l'avoue, aussi ne nous fais pas languir trop longtemps, à la plume !
Très bien écrit, avec douceur et on redoute la brutalité malgré tout
Très bien écrit, avec douceur et on redoute la brutalité malgré tout
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: Travellings
Bonsoir,
C'est effectivement très Janisien ... La rupture, l'éclatement familial, le drame qu'on sent approcher
Les enfants,
Le couple qui n'en est plus un ...
Je suis de toute façon convaincue par ton écriture et ton inspiration, Janis !
C'est effectivement très Janisien ... La rupture, l'éclatement familial, le drame qu'on sent approcher
Les enfants,
Le couple qui n'en est plus un ...
Je suis de toute façon convaincue par ton écriture et ton inspiration, Janis !
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
re travelling
Bonjour,
il y a une atmosphère qui se dégage de ton texte que j'apprécie. Une atmosphère...bistre. Je la vois comme une succession de contraste de gris. Film à la Bergman.
L'écriture est assez factuelle comme le travellling l'exige.
On dirait des flaques d'images et ça j'aime.
Peut être que ça pourrait plus couler comme un travelling.
Par exemple, j'aurais aimé que les 'travellings' soient plus long. Comme pour 'le bruit de la mer" / "la marée montante" et "la voiture démarre" / "la route serpente": la tu nous rechopes, c'est un travelling.
Dans le sens ta caméra décroche souvent de son sujet à chaque paragraphe pour passer à un autre sujet (la femme; la maison, la chaine).
En fait, je me dis que ce serait un chouette exercice à tenir : comment passer d'un sujet à un autre en ayant toujours un fil, le travelling. (je vais peut être m'y mettre).
Merci pour ce texte et j'ai hâte de lire la fin.
il y a une atmosphère qui se dégage de ton texte que j'apprécie. Une atmosphère...bistre. Je la vois comme une succession de contraste de gris. Film à la Bergman.
L'écriture est assez factuelle comme le travellling l'exige.
On dirait des flaques d'images et ça j'aime.
Peut être que ça pourrait plus couler comme un travelling.
Par exemple, j'aurais aimé que les 'travellings' soient plus long. Comme pour 'le bruit de la mer" / "la marée montante" et "la voiture démarre" / "la route serpente": la tu nous rechopes, c'est un travelling.
Dans le sens ta caméra décroche souvent de son sujet à chaque paragraphe pour passer à un autre sujet (la femme; la maison, la chaine).
En fait, je me dis que ce serait un chouette exercice à tenir : comment passer d'un sujet à un autre en ayant toujours un fil, le travelling. (je vais peut être m'y mettre).
Merci pour ce texte et j'ai hâte de lire la fin.
scarolle82- Nombre de messages : 16
Age : 42
Localisation : New York
Date d'inscription : 24/05/2012
Re: Travellings
Il est certain qu'il y a une atmosphère particulière dans ce texte, quelque chose de tangible, on ne sait d'où va venir le danger ou le déroulement final d'un état latent et du coup on poursuit la lecture en espérant atteindre le chaos qui s'annonce.
J'ai un peu de mal avec les phrases courtes, mais si je les considère comme des flashes, alors oui je peux imaginer leur raison d'être.
Cependant, j'ai eu quelques difficultés à dissocier les deux "familles", et j'ai dû plusieurs fois remonter le texte pour comprendre qui était qui, de quel homme ou femme il s'agissait, qui entendait la mélodie, qui fumait, qui partait... Je trouve ça un petit peu confus et c'est dommage, comme s'il manquait une frontière, une pause, un interlude qui permette de bien distinguer les deux scènes.
Quelques remarques toutes personnelles :
- Au bout d'un moment : comment dire... Je n'aime pas trop cette introduction qui relève à mon sens davantage d'un langage parlé. Il me semble que cette façon d'annoncer la suite pourrait être évitée en commençant directement la phrase par "Sans bruit, l'homme se lève..."
- Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre, et les tient de cette façon enfantine, entre le pouce et l'index : c'est curieux mais cette manière de tenir une cigarette est pour moi très masculine et non pas enfantine.
J'aime beaucoup ceci : Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.. Très belle évocation de ce que tout enfant animé d'un désir de création a pu connaître sur la plage, lorsque la vague soudain emporte l'édifice bâtit avec tant de soin et qu'il pense durer l'éternité... Au moins jusqu'au lendemain !
J'ai un peu de mal avec les phrases courtes, mais si je les considère comme des flashes, alors oui je peux imaginer leur raison d'être.
Cependant, j'ai eu quelques difficultés à dissocier les deux "familles", et j'ai dû plusieurs fois remonter le texte pour comprendre qui était qui, de quel homme ou femme il s'agissait, qui entendait la mélodie, qui fumait, qui partait... Je trouve ça un petit peu confus et c'est dommage, comme s'il manquait une frontière, une pause, un interlude qui permette de bien distinguer les deux scènes.
Quelques remarques toutes personnelles :
- Au bout d'un moment : comment dire... Je n'aime pas trop cette introduction qui relève à mon sens davantage d'un langage parlé. Il me semble que cette façon d'annoncer la suite pourrait être évitée en commençant directement la phrase par "Sans bruit, l'homme se lève..."
- Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre, et les tient de cette façon enfantine, entre le pouce et l'index : c'est curieux mais cette manière de tenir une cigarette est pour moi très masculine et non pas enfantine.
J'aime beaucoup ceci : Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.. Très belle évocation de ce que tout enfant animé d'un désir de création a pu connaître sur la plage, lorsque la vague soudain emporte l'édifice bâtit avec tant de soin et qu'il pense durer l'éternité... Au moins jusqu'au lendemain !
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Travellings
Janis, tu es magnifique !
Bon, ceci dit, si je lisais ton texte pour être en mesure de faire un petit commentaire !
Amicalement,
midnightrambler
Bon, ceci dit, si je lisais ton texte pour être en mesure de faire un petit commentaire !
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: Travellings
Bonsoir,
Superbe !
Une ambiance extrèmement bien construite, comme cadrée dans un repère orthonormé dans lequel deux travellings au moins, deux trajectoires se dessinent comme sur l'écran d'un ordinateur sans que l'on sache si elles auront un point d'intersection ou si elles se repousseront dans un ballet asymptotique des plus classiques ...
Un bémol ... pas trop dévastateur, j'espère ! Comment dans une pièce/maison qui semble avoir été dévastée par une bombe, le poulet peut-il encore trôner au milieu de la table dressée à quelques mètres de la chaîne hi-fi qui distille un blues lancinant ?
Dans ce que je devine de l'antériorité, le poulet aurait été le projectile idéal qui serait allé s'écraser sur la chaîne !
Amicalement,
midnightrambler
Superbe !
Une ambiance extrèmement bien construite, comme cadrée dans un repère orthonormé dans lequel deux travellings au moins, deux trajectoires se dessinent comme sur l'écran d'un ordinateur sans que l'on sache si elles auront un point d'intersection ou si elles se repousseront dans un ballet asymptotique des plus classiques ...
Un bémol ... pas trop dévastateur, j'espère ! Comment dans une pièce/maison qui semble avoir été dévastée par une bombe, le poulet peut-il encore trôner au milieu de la table dressée à quelques mètres de la chaîne hi-fi qui distille un blues lancinant ?
Dans ce que je devine de l'antériorité, le poulet aurait été le projectile idéal qui serait allé s'écraser sur la chaîne !
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re : Travellings
Atmosphère, ellispes, détails d'expression heureux. Ambiance qui me convient. Mais il y aurait-il deux hommes ? Celui parti, un autre qui attend encore de partir ?... Dédoublement, anticipation, la pensée de partir et le fait de partir ? J'ai dû mal comprendre... A suivre avec impatience. Merci Janis pour la captation, finement écrite, de cet instant crucial.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Travelling suite
J'ai repris le début à partir des remarques faites en première lecture. La suite commence là : ***.
Une femme est appuyée contre un arbre, dans la nuit mince de l'été. Elle fume.
Malgré la douceur, elle porte un grand imperméable dont elle a relevé le col.
Elle est pieds nus.
Un journal plié dépasse de sa poche.
Les volutes montent dans le ciel.
Elle tient sa cigarette entre le pouce et l'index.
Si on s'approche, on peut voir que sa main tremble.
Dans la grande pièce de la maison, tout est cassé, comme si une bombe avait explosé. Au milieu des décombres, il y a un homme, assis tout seul sur une petite chaise. Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets. À ses pieds, dans un plat, un poulet entier qui commence à se figer. D'une main il l'attrape, et mord dedans.
La chaîne diffuse un air de blues, lancinant.
À l'étage, ce sont les chambres. Les petites filles ne dorment pas. Elles sont allongées ensemble sur le même matelas, au milieu des jouets et des dessins. Les fenêtres sont grandes ouvertes, la nuit entre tout entière dans cette pièce.
Elles entendent le bruit de la mer.
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit. Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.
La maison la plus proche est à quelques kilomètres. Elle est plongée dans l'obscurité. Dans un lit, un homme et une femme font semblant de dormir. Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre. Au bout d'un moment, sans bruit, l'homme se lève, prend ses affaires, et quitte la pièce. La femme ne bouge pas. Elle écoute. Elle entend le bref claquement de la portière. Elle sait qu'il descend la pente en roue libre. Elle s'assoit dans le lit. Elle allume une cigarette. Son visage est un petit triangle blanc. Au loin la voiture démarre.
La route serpente au milieu d'une forêt salée. Les phares révèlent par intermittence la silhouette d'arbres tordus, à l'allure étrangement humaine. L'homme arrête la voiture à l'entrée d'un chemin. Maintenant il marche, sans se presser mais d'une façon déterminée.
Il n'y a plus de bruit dans la maison cassée. L'homme qui a mangé un poulet est debout sur la terrasse, il regarde vers la mer, les mains dans les poches. Il n'a ni chemise ni chaussures. À l'étage, trois petites filles ont les yeux grands ouverts.
La femme qui fume est maintenant assise contre l'arbre, les genoux enserrés dans un de ses bras. Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre. Elle les tient entre le pouce et l'index, sa main tremble un peu. Elle a un front haut et bombé, enfantin, qui donne de la respiration à son visage dévasté. D'une taffe à l'autre, elle murmure une chanson triste d'une voix grave et voilée.
La voix mélancolique entre dans la chambre des petites filles, qui s'assoient brusquement. Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher. Les bruits se mêlent, elles s'habillent en silence, dans la plus grande hâte. C'est l'aînée qui dirige les opérations.
L'homme qui marche aborde une pente abrupte qui descend. La mer est au bout. On la distingue à peine, mais on peut entendre son ressac lent et régulier qui s'est imperceptiblement amplifié. Autour de lui désormais, une lande pelée. Au loin, on peut deviner la maison cassée, et peut-être l'extrémité incandescente d'une cigarette.
*** À quelques kilomètres de là, sa femme tourne la cuillère dans le café. Son visage fait une tâche blanche. Elle est assise devant une table vide. Il n'y a pas d'enfants dans les lits, pas de traces dans les draps, pas de désordre dans les placards. Elle tourne le café, et puis c'est tout. Au bout d'un moment elle se lève et nettoie la vaisselle qui traîne dans l'évier. Les objets tintent entre ses doigts. Son tee-shirt descend jusque sous ses fesses.
Ensuite elle se sert un verre de quelque chose. Elle boit lentement, en le tenant des deux mains. Elle est tournée vers la fenêtre ouverte. Un peu de vent fait bouger ses cheveux. Elle aussi regarde en direction de l'océan.
Les petites filles sont habillées. Elles portent chacune un tablier d'écolière à petits carreaux serrés, une paire de bottes en plastique et un cartable à bretelle sur le dos. L'aînée, qui a le front de sa mère et un visage étrangement adulte, donne le signal. Elles descendent l'escalier dans le noir. Une marche craque, elles s'arrêtent. Nul autre bruit que celui des vagues. Arrivées en bas, elles bifurquent à gauche, traversent la cuisine et sortent par derrière.
Dans le salon, un rayon de lune souligne les reliefs des choses renversées. Si l'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul.
La baie vitrée est fendue. Elle s'ouvre sur la terrasse avec vue sur la nuit. L'homme est assis dans un vieux rocking-chair. Il se balance d'un pied, sur un rythme régulier. Et puis il se lève, se déshabille entièrement et disparaît dans le noir.
La femme sursaute légèrement en entendant le bruit d'un corps qui plonge dans l'eau. Son paquet de cigarettes est vide. Elle est accroupie, dans une position un peu animale. Elle a de longs yeux clairs. Elle ne bouge pas, elle guette les bruits de la maison.
Elle ne sait pas.
Tout est trop tard.
L'homme qui marche s'est arrêté. Il s'assoit sur le talus. Il n'est plus très loin de la maison du bord de mer. Il a entendu quelque chose.
Trois petites filles en tablier passent devant lui, à contre-sens. Elles ne le voient pas. Elles avancent en file indienne le long du chemin, d'un pas décidé. Leurs bottes en plastique crissent sur les cailloux. Il regarde sans y penser leurs jambes maigres, les cartables pleins à craquer qui les font vaciller. À vue de nez, elles ont de quatre à huit ans.
À quelle distance se trouve cette autoroute que l'on entend vrombir au loin, et dont les phares par intermittence sont petites lucioles dans la nuit d'été, on ne saurait le dire.
Dans la maison dévastée, à l'étage, la femme a poussé un hurlement.
Maintenant, elle crie les prénoms des enfants, surtout celui de l'aînée : AAAA-naaa ! Mais le vent qui s'est levé, le bruit de la mer, sa voix étranglée annulent tout espoir d'être entendue. On devine sa silhouette qui déambule d'une pièce à l'autre, en se cognant aux murs. Elle porte toujours cet imperméable d'homme, avec un journal roulé dans la poche.
Au milieu des vagues, un homme ivre est heureux de sentir son corps flotter et dériver dans la nasse froide de l'eau. Il sent sur ses phalanges meurtries la morsure du sel. Il se souvient peut-être de quelque chose, mais il ne sait pas quoi.
La femme de l'autre maison observe son reflet dans un miroir. Elle regarde ses seins, ses fesses, très attentivement. Elle soupèse les unes et les autres. Elle prend des pauses. Son visage est une tache blanche.
Il y a des papillons de nuit collés aux vitres.
Quelque part sur une route, une voiture s'arrête et trois petites filles fatiguées montent à l'arrière.
(c'est pas fini, patience)
Les questions que je me pose :
on s'ennuie pas, à force qu'il ne se passe rien ?
l'irruption d'une sorte de narrateur extérieur, de commentaires (tout est trop tard, gnagnagna), c'est embêtant ? je vire ?
Faut-il pas casser un peu le côté blanc, plat de l'écriture ?
Ou à l'inverse l'accentuer ?
Sont-ce les bonnes questions ?
[center]Malgré la douceur, elle porte un grand imperméable dont elle a relevé le col.
Elle est pieds nus.
Un journal plié dépasse de sa poche.
Les volutes montent dans le ciel.
Elle tient sa cigarette entre le pouce et l'index.
Si on s'approche, on peut voir que sa main tremble.
Dans la grande pièce de la maison, tout est cassé, comme si une bombe avait explosé. Au milieu des décombres, il y a un homme, assis tout seul sur une petite chaise. Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets. À ses pieds, dans un plat, un poulet entier qui commence à se figer. D'une main il l'attrape, et mord dedans.
La chaîne diffuse un air de blues, lancinant.
À l'étage, ce sont les chambres. Les petites filles ne dorment pas. Elles sont allongées ensemble sur le même matelas, au milieu des jouets et des dessins. Les fenêtres sont grandes ouvertes, la nuit entre tout entière dans cette pièce.
Elles entendent le bruit de la mer.
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit. Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.
La maison la plus proche est à quelques kilomètres. Elle est plongée dans l'obscurité. Dans un lit, un homme et une femme font semblant de dormir. Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre. Au bout d'un moment, sans bruit, l'homme se lève, prend ses affaires, et quitte la pièce. La femme ne bouge pas. Elle écoute. Elle entend le bref claquement de la portière. Elle sait qu'il descend la pente en roue libre. Elle s'assoit dans le lit. Elle allume une cigarette. Son visage est un petit triangle blanc. Au loin la voiture démarre.
La route serpente au milieu d'une forêt salée. Les phares révèlent par intermittence la silhouette d'arbres tordus, à l'allure étrangement humaine. L'homme arrête la voiture à l'entrée d'un chemin. Maintenant il marche, sans se presser mais d'une façon déterminée.
Il n'y a plus de bruit dans la maison cassée. L'homme qui a mangé un poulet est debout sur la terrasse, il regarde vers la mer, les mains dans les poches. Il n'a ni chemise ni chaussures. À l'étage, trois petites filles ont les yeux grands ouverts.
La femme qui fume est maintenant assise contre l'arbre, les genoux enserrés dans un de ses bras. Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre. Elle les tient entre le pouce et l'index, sa main tremble un peu. Elle a un front haut et bombé, enfantin, qui donne de la respiration à son visage dévasté. D'une taffe à l'autre, elle murmure une chanson triste d'une voix grave et voilée.
La voix mélancolique entre dans la chambre des petites filles, qui s'assoient brusquement. Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher. Les bruits se mêlent, elles s'habillent en silence, dans la plus grande hâte. C'est l'aînée qui dirige les opérations.
L'homme qui marche aborde une pente abrupte qui descend. La mer est au bout. On la distingue à peine, mais on peut entendre son ressac lent et régulier qui s'est imperceptiblement amplifié. Autour de lui désormais, une lande pelée. Au loin, on peut deviner la maison cassée, et peut-être l'extrémité incandescente d'une cigarette.
*** À quelques kilomètres de là, sa femme tourne la cuillère dans le café. Son visage fait une tâche blanche. Elle est assise devant une table vide. Il n'y a pas d'enfants dans les lits, pas de traces dans les draps, pas de désordre dans les placards. Elle tourne le café, et puis c'est tout. Au bout d'un moment elle se lève et nettoie la vaisselle qui traîne dans l'évier. Les objets tintent entre ses doigts. Son tee-shirt descend jusque sous ses fesses.
Ensuite elle se sert un verre de quelque chose. Elle boit lentement, en le tenant des deux mains. Elle est tournée vers la fenêtre ouverte. Un peu de vent fait bouger ses cheveux. Elle aussi regarde en direction de l'océan.
Les petites filles sont habillées. Elles portent chacune un tablier d'écolière à petits carreaux serrés, une paire de bottes en plastique et un cartable à bretelle sur le dos. L'aînée, qui a le front de sa mère et un visage étrangement adulte, donne le signal. Elles descendent l'escalier dans le noir. Une marche craque, elles s'arrêtent. Nul autre bruit que celui des vagues. Arrivées en bas, elles bifurquent à gauche, traversent la cuisine et sortent par derrière.
Dans le salon, un rayon de lune souligne les reliefs des choses renversées. Si l'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul.
La baie vitrée est fendue. Elle s'ouvre sur la terrasse avec vue sur la nuit. L'homme est assis dans un vieux rocking-chair. Il se balance d'un pied, sur un rythme régulier. Et puis il se lève, se déshabille entièrement et disparaît dans le noir.
La femme sursaute légèrement en entendant le bruit d'un corps qui plonge dans l'eau. Son paquet de cigarettes est vide. Elle est accroupie, dans une position un peu animale. Elle a de longs yeux clairs. Elle ne bouge pas, elle guette les bruits de la maison.
Elle ne sait pas.
Tout est trop tard.
L'homme qui marche s'est arrêté. Il s'assoit sur le talus. Il n'est plus très loin de la maison du bord de mer. Il a entendu quelque chose.
Trois petites filles en tablier passent devant lui, à contre-sens. Elles ne le voient pas. Elles avancent en file indienne le long du chemin, d'un pas décidé. Leurs bottes en plastique crissent sur les cailloux. Il regarde sans y penser leurs jambes maigres, les cartables pleins à craquer qui les font vaciller. À vue de nez, elles ont de quatre à huit ans.
À quelle distance se trouve cette autoroute que l'on entend vrombir au loin, et dont les phares par intermittence sont petites lucioles dans la nuit d'été, on ne saurait le dire.
Dans la maison dévastée, à l'étage, la femme a poussé un hurlement.
Maintenant, elle crie les prénoms des enfants, surtout celui de l'aînée : AAAA-naaa ! Mais le vent qui s'est levé, le bruit de la mer, sa voix étranglée annulent tout espoir d'être entendue. On devine sa silhouette qui déambule d'une pièce à l'autre, en se cognant aux murs. Elle porte toujours cet imperméable d'homme, avec un journal roulé dans la poche.
Au milieu des vagues, un homme ivre est heureux de sentir son corps flotter et dériver dans la nasse froide de l'eau. Il sent sur ses phalanges meurtries la morsure du sel. Il se souvient peut-être de quelque chose, mais il ne sait pas quoi.
La femme de l'autre maison observe son reflet dans un miroir. Elle regarde ses seins, ses fesses, très attentivement. Elle soupèse les unes et les autres. Elle prend des pauses. Son visage est une tache blanche.
Il y a des papillons de nuit collés aux vitres.
Quelque part sur une route, une voiture s'arrête et trois petites filles fatiguées montent à l'arrière.
Ω
(c'est pas fini, patience)
Les questions que je me pose :
on s'ennuie pas, à force qu'il ne se passe rien ?
l'irruption d'une sorte de narrateur extérieur, de commentaires (tout est trop tard, gnagnagna), c'est embêtant ? je vire ?
Faut-il pas casser un peu le côté blanc, plat de l'écriture ?
Ou à l'inverse l'accentuer ?
Sont-ce les bonnes questions ?
Janis- Nombre de messages : 13490
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Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Travellings
Atmosphère, atmosphère...
C'est vachement bon.
Une fausse note:
"La marée est montante.", fait un peu lourdingue. Pourquoi pas simplement "La mer monte", qui s'accorde mieux au ton volontairement (et génialement) dépouillé ?
C'est vachement bon.
Une fausse note:
"La marée est montante.", fait un peu lourdingue. Pourquoi pas simplement "La mer monte", qui s'accorde mieux au ton volontairement (et génialement) dépouillé ?
Invité- Invité
Re: Travellings
Je relève ce qui m'a personnellement gênée :
"Son visage fait une tâche blanche." ("tache" ; et je trouve encombrante, lourde, la répétition de cette phrase à la fin )
"Elle tourne le café, et puis c'est tout." (le "et puis c'est tout" fait très oral. J'entends mieux : "Elle tourne le café, c'est tout" plus concis)
Après, je suis gênée par une série de phrases vagues, impersonnelles, c'est trop :
"Ensuite elle se sert un verre de quelque chose."
"Un peu de vent fait bouger ses cheveux."
" on ne saurait le dire." (là, c'est le narrateur extérieur qui ne m'emballe pas. J'aurais bien lu "il" plutôt que "on")
"Quelque part sur une route,"
"et un cartable à bretelle sur le dos." ("bretelles")
"Si l'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul." (ici je ne comprends pas la tentative ou la volonté d'opposition entre les deux parties de la phrase ; le "si" me semble de trop, les deux phrases se complétant plutôt que s'opposant).
"Son visage fait une tâche blanche." ("tache" ; et je trouve encombrante, lourde, la répétition de cette phrase à la fin )
"Elle tourne le café, et puis c'est tout." (le "et puis c'est tout" fait très oral. J'entends mieux : "Elle tourne le café, c'est tout" plus concis)
Après, je suis gênée par une série de phrases vagues, impersonnelles, c'est trop :
"Ensuite elle se sert un verre de quelque chose."
"Un peu de vent fait bouger ses cheveux."
" on ne saurait le dire." (là, c'est le narrateur extérieur qui ne m'emballe pas. J'aurais bien lu "il" plutôt que "on")
"Quelque part sur une route,"
"et un cartable à bretelle sur le dos." ("bretelles")
"Si l'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul." (ici je ne comprends pas la tentative ou la volonté d'opposition entre les deux parties de la phrase ; le "si" me semble de trop, les deux phrases se complétant plutôt que s'opposant).
Invité- Invité
Re: Travellings
Je n'ai pas lu tous les commentaires, y'en a trop ; qu'on me pardonne si je répète ce que d'autres ont dit (mais c'est la faute de Coline, c'est elle qui m'a dit de te lire).
à part ça, en effet, tu mérites d'être lu et je lirai la suite.
Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve que cette phrase ne devrait pas être là. J'aime beaucoup la description qui ne prend que des détails, appuyé par les passages à la ligne ; mais justement cette phrase-là n'est pas description mais pur style et il me semble qu'elle détonne.Une femme est appuyée contre un arbre, dans la nuit mince de l'été. Elle fume.
Malgré la douceur, elle porte un grand imperméable dont elle a relevé le col.
Elle est pieds nus.
Un journal plié dépasse de sa poche.
Les volutes montent dans le ciel.
Elle tient sa cigarette entre le pouce et l'index.
Si on s'approche, on peut voir que sa main tremble.
Très jolie image. J'aime beaucoup :-)Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets.
J'ai l'impression d'un répétition.Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets. La table est dressée, cinq assiettes, et un poulet entier qui commence à se figer. D'une main il l'attrape, et mord dedans.
Trop facile.La chaîne diffuse un air de blues, lancinant.
Oulà on se calme sur les propositions subordonnées... Trop lourd, je dirais.Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.
J'aime.Dans un lit, un homme fait semblant de dormir en pensant, tandis que sa femme pense en faisant semblant de dormir.
Cette phrase est complétement à côté de la plaque :-) j'aime beaucoup.Elle sait qu'il descend la pente en roue libre.
Y'a pas besoin de virgule ici.Les phares révèlent par intermittence la silhouette d'arbres tordus, à l'allure étrangement humaine.
J'aime pas cette phrase (et encore une fois je ne sais pas pourquoi).Sa lenteur contient une menace.
Vraiment nécessaire ?Elle tourne le café, et puis c'est tout.
à part ça, en effet, tu mérites d'être lu et je lirai la suite.
Re: Travellings
Evanescent a ausculté ce travelling a la loupe, j'adhére mais pas a tout, je retiens ce qu'elle aime
l
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nouga- Nombre de messages : 329
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Date d'inscription : 30/05/2012
Re: Travellings
Tu oses dire qu'il ne se passe rien ? Le seul problème que je vois, c'est qu'on arrive trop rapidement à la fin du texte, on essaye de descendre en espérant trouver une autre suite cachée plus loin mais malheureusement il n'y a rien !
Donc vraiment, on continue dans la lignée de la première partie, ce danger, permanent, on a l'impression qu'il s'y cache une bombe à retardement.
Et cette écriture !
Donc vraiment, on continue dans la lignée de la première partie, ce danger, permanent, on a l'impression qu'il s'y cache une bombe à retardement.
Et cette écriture !
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: Travellings
Je lis et j'aime
Il y a beaucoup de poésie dans ce que tu écris et dans la manière dont tu l'écris
Il y a beaucoup de poésie dans ce que tu écris et dans la manière dont tu l'écris
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Travellings
J'aime moins cette suite. Trop de descriptions et pas assez d'actions (pour répondre à ta question "On s'ennuie pas, à force qu'il ne se passe rien ?). J'ai l'impression qu'on m'explique tout et du coup mon imagination est mise à mal.
Dans ce texte je suis encore plus perdue que dans le précédent, avec tous ces "il" et ces "elle", je ne sais plus qui est qui et où je vais dans l'histoire. Mais bon, il est tard, je n'ai peut-être pas toutes les capacités qu'il faudrait pour te lire, je reviendrai demain pour voir si ça me fait le même effet.
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Travellings
rooh je sais pas comment commenter
J'ai adoré, ça j'en suis sûre, mais il y a un petit quelque chose qui me gêne
comme un côté un peu brouillon
je ne sais pas comment expliquer
C'est peut-être comme le dit Phylisse le manque d'action, ou bien simplement parce qu'il n'y a pas de fin
je vais l'attendre, alors
(ou l'art de tant écrire pour ne dire presque rien :-))
J'ai adoré, ça j'en suis sûre, mais il y a un petit quelque chose qui me gêne
comme un côté un peu brouillon
je ne sais pas comment expliquer
C'est peut-être comme le dit Phylisse le manque d'action, ou bien simplement parce qu'il n'y a pas de fin
je vais l'attendre, alors
(ou l'art de tant écrire pour ne dire presque rien :-))
Re: Travellings
C'est intéressant tout ça, l'ambiance est palpable effectivement. Mais tout n'est pas hyper clair pour moi. Par exemple, je ne sais pas qui est cet homme qui marche, est-il différent de celui qui a pris la voiture ou est-ce le même ?
C'est vrai qu'on a envie de connaître assez rapidement les liens existant entre les personnages, de dénouer cette intrigue.
En tout cas, les petites filles n'ont rien mangé, et le mec a bouffé tout le poulet, ça s'fait pas !
C'est vrai qu'on a envie de connaître assez rapidement les liens existant entre les personnages, de dénouer cette intrigue.
En tout cas, les petites filles n'ont rien mangé, et le mec a bouffé tout le poulet, ça s'fait pas !
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Travellings
oui, un coup de bûche, tout çaPhoenamandre a écrit:Très bien écrit, avec douceur et on redoute la brutalité malgré tout
;-)
allez, je vais lire la suite
Re: Travellings
qu'il ne se passe rien ??Janis a écrit:on s'ennuie pas, à force qu'il ne se passe rien ?
qu'est-ce qu'il te faut !
c'est quand ça va se déchainer qu'on va rire
enfin, peut-être pas
quel suspense, j'en peux plus
Travellings 3
la suite commence là ***
Une femme est appuyée contre un arbre, dans la nuit mince de l'été. Elle fume.
Malgré la douceur, elle porte un grand imperméable dont elle a relevé le col.
Elle est pieds nus.
Un journal plié dépasse de sa poche.
Les volutes montent dans le ciel.
Elle tient sa cigarette entre le pouce et l'index.
Si on s'approche, on peut voir que sa main tremble.
Dans la grande pièce de la maison, tout est cassé, comme si une bombe avait explosé. Au milieu des décombres, il y a un homme, assis tout seul sur une petite chaise. Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets. À ses pieds, dans un plat, un poulet entier qui commence à se figer. D'une main il l'attrape, et mord dedans.
La chaîne diffuse un air de blues, lancinant.
À l'étage, ce sont les chambres. Les petites filles ne dorment pas. Elles sont allongées ensemble sur le même matelas, au milieu des jouets et des dessins. Les fenêtres sont grandes ouvertes, la nuit entre tout entière dans cette pièce.
Elles entendent le bruit de la mer.
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit. Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.
La maison la plus proche est à quelques kilomètres. Elle est plongée dans l'obscurité. Dans un lit, un homme et une femme font semblant de dormir. Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre. Au bout d'un moment, sans bruit, l'homme se lève, prend ses affaires, et quitte la pièce. La femme ne bouge pas. Elle écoute. Elle entend le bref claquement de la portière. Elle sait qu'il descend la pente en roue libre. Elle s'assoit dans le lit. Elle allume une cigarette. Son visage est un petit triangle blanc. Au loin la voiture démarre.
La route serpente au milieu d'une forêt salée. Les phares révèlent par intermittence la silhouette d'arbres tordus, à l'allure étrangement humaine. L'homme arrête la voiture à l'entrée d'un chemin. Maintenant il marche, sans se presser mais d'une façon déterminée.
Il n'y a plus de bruit dans la maison cassée. L'homme qui a mangé un poulet est debout sur la terrasse, il regarde vers la mer, les mains dans les poches. Il n'a ni chemise ni chaussures. À l'étage, trois petites filles ont les yeux grands ouverts.
La femme qui fume est maintenant assise contre l'arbre, les genoux enserrés dans un de ses bras. Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre. Elle les tient entre le pouce et l'index, sa main tremble un peu. Elle a un front haut et bombé, enfantin, qui donne de la respiration à son visage dévasté. D'une taffe à l'autre, elle murmure une chanson triste d'une voix grave et voilée.
La voix mélancolique entre dans la chambre des petites filles, qui s'assoient brusquement. Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher. Les bruits se mêlent, elles s'habillent en silence, dans la plus grande hâte. C'est l'aînée qui dirige les opérations.
L'homme qui marche aborde une pente abrupte qui descend. La mer est au bout. On la distingue à peine, mais on peut entendre son ressac lent et régulier qui s'est imperceptiblement amplifié. Autour de lui désormais, une lande pelée. Au loin, on peut deviner la maison cassée, et peut-être l'extrémité incandescente d'une cigarette.
À quelques kilomètres de là, sa femme tourne la cuillère dans le café. Son visage fait une tâche blanche. Elle est assise devant une table vide. Il n'y a pas d'enfants dans les lits, pas de traces dans les draps, pas de désordre dans les placards. Elle tourne le café, et puis c'est tout. Au bout d'un moment elle se lève et nettoie la vaisselle qui traîne dans l'évier. Les objets tintent entre ses doigts. Son tee-shirt descend jusque sous ses fesses.
Ensuite elle se sert un verre. Elle boit lentement, en le tenant des deux mains. Elle est tournée vers la fenêtre ouverte. Le vent fait bouger ses cheveux. Elle aussi regarde en direction de l'océan.
Les petites filles sont habillées. Elles portent chacune un tablier d'écolière à petits carreaux serrés, une paire de bottes en plastique et un cartable à bretelles sur le dos. L'aînée, qui a le front de sa mère et un visage étrangement adulte, donne le signal. Elles descendent l'escalier dans le noir. Une marche craque, elles s'arrêtent. Nul autre bruit que celui des vagues. Arrivées en bas, elles bifurquent à gauche, traversent la cuisine et sortent par derrière.
Dans le salon, un rayon de lune souligne les reliefs des choses renversées. L'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul.
La baie vitrée est fendue. Elle s'ouvre sur la terrasse avec vue sur la nuit. L'homme est assis dans un vieux rocking-chair. Il se balance d'un pied, sur un rythme régulier. Et puis il se lève, se déshabille entièrement et disparaît dans le noir.
La femme sursaute légèrement en entendant le bruit d'un corps qui plonge dans l'eau. Son paquet de cigarettes est vide. Elle est accroupie, dans une position un peu animale. Elle a de longs yeux clairs. Elle ne bouge pas, elle guette les bruits de la maison.
Elle ne sait pas.
Tout est trop tard.
L'homme qui marche s'est arrêté. Il s'assoit sur le talus. Il n'est plus très loin de la maison du bord de mer. Il a entendu un bruit.
Trois petites filles en tablier passent devant lui, à contre-sens. Elles ne le voient pas et il les distingue à peine. Elles avancent en file indienne le long du chemin, d'un pas décidé. Leurs bottes en plastique crissent sur les cailloux. Il suit des yeux sans y penser leurs jambes maigres, les cartables pleins à craquer qui les font vaciller. À vue de nez, elles ont de quatre à huit ans. Il fronce un peu les sourcils et prononce "Ana", mais elles ont disparu dans le noir. Il secoue la tête et reprend sa marche vers la maison qu'on aperçoit au loin.
À quelle distance se trouve cette autoroute que l'on entend vrombir, et dont les phares par intermittence sont petites lucioles dans la nuit d'été, il ne saurait le dire.
Dans la maison du bord de mer, à l'étage, la femme a poussé un hurlement.
Maintenant, elle crie les prénoms des enfants, surtout celui de l'aînée : AAAA-naaa ! Mais le vent qui s'est levé, le bruit de la mer, sa voix étranglée annulent tout espoir d'être entendue. On devine sa silhouette qui déambule d'une pièce à l'autre, en se cognant aux murs. Elle porte toujours cet imperméable d'homme, avec un journal roulé dans la poche.
Au milieu des vagues, un homme ivre est heureux de sentir son corps flotter et dériver dans la nasse froide de l'eau. Il sent sur ses phalanges meurtries la morsure du sel. Il se souvient peut-être de quelque chose, mais il ne sait pas quoi.
La femme de l'autre maison observe son reflet dans un miroir. Elle regarde ses seins, ses fesses, très attentivement. Elle soupèse les unes et les autres. Elle prend des pauses.
Il y a des papillons de nuit collés aux vitres.
*** Elle met une culotte et sort sans fermer la porte. Elle monte dans sa voiture et reste un moment comme ça, les mains sur le volant, en regardant droit devant elle. Puis elle démarre en trombe.
Au bout de la route qui serpente entre les arbres, une camionnette s'arrête et trois petites filles fatiguées montent à l'arrière.
Au petit jour un corps est étendu sur le sable, dans une concavité reculée de la côte. C'est un homme nu. La mer qui se retire lui lèche les orteils. Les mouettes ont commencé à lui manger les yeux. Les petits crabes lui grignotent les couilles. Des chiens errants viennent le renifler. On ne retrouvera jamais son corps, qui se mêlera bientôt aux éléments, deviendra vent, ciel, écume. Au loin on voit un pétrolier rouillé échoué entre deux rochers.
Au petit jour une voiture s'est encastrée dans un arbre. C'est un arbre sans feuillage, ses branches tordues sont comme de la dentelle sur le ciel mauve et léger. Des décennies de vent l'ont incliné. Dans la voiture il y a une femme en petite culotte. Sa tête est penchée sur son cou, dans un angle outré, anormal. Elle a de longs cheveux noirs qui tombent sur sa poitrine nue. Elle râle. Personne ne peut l'entendre. Elle va sûrement bientôt mourir, toute seule.
Au petit jour l'homme qui marchait et celle qui fumait se font face sur la terrasse. L'homme demande à la femme d'arrêter de crier, d'arrêter de pleurer. Or elle ne crie ni ne pleure, mais lui donne des petits coups secs du plat de la main, sur le torse. Ce qui s'échappe d'entre ses lèvres est un gémissement presque éteint. La lumière rose du matin éclaire le salon derrière eux, où tout est resté en l'état.
L'homme tient la femme par les coudes, et la pousse fermement devant lui vers l'intérieur de la maison, puis il la fait assoir dans le canapé. Il fait du café. Il lui donne une tasse. Elle lape, comme un petit chien. Puis il téléphone.
Dans quatre endroits il y a quatre messages.
sur un écran d'ordinateur (renversé au milieu de la pièce) :
ce soir.
22 heures.
soyez prêtes.
amour.
sur une messagerie, un texto (téléphone lancé contre la vitre, qui s'est fendue) :
je t'attends
je t'attends tout le temps
sur une feuille de papier collée sur un pare-brise brisé :
Dégoûtée.
dans un cahier d'écolière :
Ce soir, il a tout cassé.
Maman a pleuré dans le jardin
Je pouvais la voir contre l'arbre.
Il n'est pas venu dans la chambre.
J'ai versé les somnifères dans son verre
j'espère qu'il crèvera et que les crabes le dévoreront.
Car ce que les parents ignorent
c'est que parfois les petites filles se réveillent la nuit
et entendent des bruits
alors elles s'habillent sans un mot
et marchent le long de la mer
entendant les mouettes affairées
sur une proie invisible.
Et on ne les revoit jamais.
(suite or not suite ? je pensais retrouver les fillettes, quelques temps plus tard, et plusieurs protagonistes de cet insoutenable suspense, et éclaircir quelques points. Ça vous dit ? ou inutile ? ça suffa comme ci ?)
Une femme est appuyée contre un arbre, dans la nuit mince de l'été. Elle fume.
Malgré la douceur, elle porte un grand imperméable dont elle a relevé le col.
Elle est pieds nus.
Un journal plié dépasse de sa poche.
Les volutes montent dans le ciel.
Elle tient sa cigarette entre le pouce et l'index.
Si on s'approche, on peut voir que sa main tremble.
Dans la grande pièce de la maison, tout est cassé, comme si une bombe avait explosé. Au milieu des décombres, il y a un homme, assis tout seul sur une petite chaise. Sans se lever, du bout des doigts ou des pieds, il remet debout quelques objets. À ses pieds, dans un plat, un poulet entier qui commence à se figer. D'une main il l'attrape, et mord dedans.
La chaîne diffuse un air de blues, lancinant.
À l'étage, ce sont les chambres. Les petites filles ne dorment pas. Elles sont allongées ensemble sur le même matelas, au milieu des jouets et des dessins. Les fenêtres sont grandes ouvertes, la nuit entre tout entière dans cette pièce.
Elles entendent le bruit de la mer.
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit. Elle a déjà englouti le château qu'elles ont passé l'après-midi à bâtir, dans une frénésie et un abandon qui les faisaient presque suffoquer de joie.
La maison la plus proche est à quelques kilomètres. Elle est plongée dans l'obscurité. Dans un lit, un homme et une femme font semblant de dormir. Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre. Au bout d'un moment, sans bruit, l'homme se lève, prend ses affaires, et quitte la pièce. La femme ne bouge pas. Elle écoute. Elle entend le bref claquement de la portière. Elle sait qu'il descend la pente en roue libre. Elle s'assoit dans le lit. Elle allume une cigarette. Son visage est un petit triangle blanc. Au loin la voiture démarre.
La route serpente au milieu d'une forêt salée. Les phares révèlent par intermittence la silhouette d'arbres tordus, à l'allure étrangement humaine. L'homme arrête la voiture à l'entrée d'un chemin. Maintenant il marche, sans se presser mais d'une façon déterminée.
Il n'y a plus de bruit dans la maison cassée. L'homme qui a mangé un poulet est debout sur la terrasse, il regarde vers la mer, les mains dans les poches. Il n'a ni chemise ni chaussures. À l'étage, trois petites filles ont les yeux grands ouverts.
La femme qui fume est maintenant assise contre l'arbre, les genoux enserrés dans un de ses bras. Elle allume ses cigarettes l'une après l'autre. Elle les tient entre le pouce et l'index, sa main tremble un peu. Elle a un front haut et bombé, enfantin, qui donne de la respiration à son visage dévasté. D'une taffe à l'autre, elle murmure une chanson triste d'une voix grave et voilée.
La voix mélancolique entre dans la chambre des petites filles, qui s'assoient brusquement. Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher. Les bruits se mêlent, elles s'habillent en silence, dans la plus grande hâte. C'est l'aînée qui dirige les opérations.
L'homme qui marche aborde une pente abrupte qui descend. La mer est au bout. On la distingue à peine, mais on peut entendre son ressac lent et régulier qui s'est imperceptiblement amplifié. Autour de lui désormais, une lande pelée. Au loin, on peut deviner la maison cassée, et peut-être l'extrémité incandescente d'une cigarette.
À quelques kilomètres de là, sa femme tourne la cuillère dans le café. Son visage fait une tâche blanche. Elle est assise devant une table vide. Il n'y a pas d'enfants dans les lits, pas de traces dans les draps, pas de désordre dans les placards. Elle tourne le café, et puis c'est tout. Au bout d'un moment elle se lève et nettoie la vaisselle qui traîne dans l'évier. Les objets tintent entre ses doigts. Son tee-shirt descend jusque sous ses fesses.
Ensuite elle se sert un verre. Elle boit lentement, en le tenant des deux mains. Elle est tournée vers la fenêtre ouverte. Le vent fait bouger ses cheveux. Elle aussi regarde en direction de l'océan.
Les petites filles sont habillées. Elles portent chacune un tablier d'écolière à petits carreaux serrés, une paire de bottes en plastique et un cartable à bretelles sur le dos. L'aînée, qui a le front de sa mère et un visage étrangement adulte, donne le signal. Elles descendent l'escalier dans le noir. Une marche craque, elles s'arrêtent. Nul autre bruit que celui des vagues. Arrivées en bas, elles bifurquent à gauche, traversent la cuisine et sortent par derrière.
Dans le salon, un rayon de lune souligne les reliefs des choses renversées. L'air ne vibre plus de la fureur ou du chagrin, c'est un calme mortel qui s'est posé là, comme un linceul.
La baie vitrée est fendue. Elle s'ouvre sur la terrasse avec vue sur la nuit. L'homme est assis dans un vieux rocking-chair. Il se balance d'un pied, sur un rythme régulier. Et puis il se lève, se déshabille entièrement et disparaît dans le noir.
La femme sursaute légèrement en entendant le bruit d'un corps qui plonge dans l'eau. Son paquet de cigarettes est vide. Elle est accroupie, dans une position un peu animale. Elle a de longs yeux clairs. Elle ne bouge pas, elle guette les bruits de la maison.
Elle ne sait pas.
Tout est trop tard.
L'homme qui marche s'est arrêté. Il s'assoit sur le talus. Il n'est plus très loin de la maison du bord de mer. Il a entendu un bruit.
Trois petites filles en tablier passent devant lui, à contre-sens. Elles ne le voient pas et il les distingue à peine. Elles avancent en file indienne le long du chemin, d'un pas décidé. Leurs bottes en plastique crissent sur les cailloux. Il suit des yeux sans y penser leurs jambes maigres, les cartables pleins à craquer qui les font vaciller. À vue de nez, elles ont de quatre à huit ans. Il fronce un peu les sourcils et prononce "Ana", mais elles ont disparu dans le noir. Il secoue la tête et reprend sa marche vers la maison qu'on aperçoit au loin.
À quelle distance se trouve cette autoroute que l'on entend vrombir, et dont les phares par intermittence sont petites lucioles dans la nuit d'été, il ne saurait le dire.
Dans la maison du bord de mer, à l'étage, la femme a poussé un hurlement.
Maintenant, elle crie les prénoms des enfants, surtout celui de l'aînée : AAAA-naaa ! Mais le vent qui s'est levé, le bruit de la mer, sa voix étranglée annulent tout espoir d'être entendue. On devine sa silhouette qui déambule d'une pièce à l'autre, en se cognant aux murs. Elle porte toujours cet imperméable d'homme, avec un journal roulé dans la poche.
Au milieu des vagues, un homme ivre est heureux de sentir son corps flotter et dériver dans la nasse froide de l'eau. Il sent sur ses phalanges meurtries la morsure du sel. Il se souvient peut-être de quelque chose, mais il ne sait pas quoi.
La femme de l'autre maison observe son reflet dans un miroir. Elle regarde ses seins, ses fesses, très attentivement. Elle soupèse les unes et les autres. Elle prend des pauses.
Il y a des papillons de nuit collés aux vitres.
*** Elle met une culotte et sort sans fermer la porte. Elle monte dans sa voiture et reste un moment comme ça, les mains sur le volant, en regardant droit devant elle. Puis elle démarre en trombe.
Au bout de la route qui serpente entre les arbres, une camionnette s'arrête et trois petites filles fatiguées montent à l'arrière.
Au petit jour un corps est étendu sur le sable, dans une concavité reculée de la côte. C'est un homme nu. La mer qui se retire lui lèche les orteils. Les mouettes ont commencé à lui manger les yeux. Les petits crabes lui grignotent les couilles. Des chiens errants viennent le renifler. On ne retrouvera jamais son corps, qui se mêlera bientôt aux éléments, deviendra vent, ciel, écume. Au loin on voit un pétrolier rouillé échoué entre deux rochers.
Au petit jour une voiture s'est encastrée dans un arbre. C'est un arbre sans feuillage, ses branches tordues sont comme de la dentelle sur le ciel mauve et léger. Des décennies de vent l'ont incliné. Dans la voiture il y a une femme en petite culotte. Sa tête est penchée sur son cou, dans un angle outré, anormal. Elle a de longs cheveux noirs qui tombent sur sa poitrine nue. Elle râle. Personne ne peut l'entendre. Elle va sûrement bientôt mourir, toute seule.
Au petit jour l'homme qui marchait et celle qui fumait se font face sur la terrasse. L'homme demande à la femme d'arrêter de crier, d'arrêter de pleurer. Or elle ne crie ni ne pleure, mais lui donne des petits coups secs du plat de la main, sur le torse. Ce qui s'échappe d'entre ses lèvres est un gémissement presque éteint. La lumière rose du matin éclaire le salon derrière eux, où tout est resté en l'état.
L'homme tient la femme par les coudes, et la pousse fermement devant lui vers l'intérieur de la maison, puis il la fait assoir dans le canapé. Il fait du café. Il lui donne une tasse. Elle lape, comme un petit chien. Puis il téléphone.
Dans quatre endroits il y a quatre messages.
sur un écran d'ordinateur (renversé au milieu de la pièce) :
ce soir.
22 heures.
soyez prêtes.
amour.
sur une messagerie, un texto (téléphone lancé contre la vitre, qui s'est fendue) :
je t'attends
je t'attends tout le temps
sur une feuille de papier collée sur un pare-brise brisé :
Dégoûtée.
dans un cahier d'écolière :
Ce soir, il a tout cassé.
Maman a pleuré dans le jardin
Je pouvais la voir contre l'arbre.
Il n'est pas venu dans la chambre.
J'ai versé les somnifères dans son verre
j'espère qu'il crèvera et que les crabes le dévoreront.
Car ce que les parents ignorent
c'est que parfois les petites filles se réveillent la nuit
et entendent des bruits
alors elles s'habillent sans un mot
et marchent le long de la mer
entendant les mouettes affairées
sur une proie invisible.
Et on ne les revoit jamais.
(suite or not suite ? je pensais retrouver les fillettes, quelques temps plus tard, et plusieurs protagonistes de cet insoutenable suspense, et éclaircir quelques points. Ça vous dit ? ou inutile ? ça suffa comme ci ?)
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Travellings
j'attends la suite bien sur
le mec qui se fait bouffer les couilles par les crabes , sevissait sur un chalutier , tu penses qu'ils ne l'ont pas manqué
la femme en petite culotte, c'est une ancienne actrice porno bien connue, elle à tourner dans
" mes nuits sans culottes" une ex révolutionnaire
quand aux petites filles, elles sont délurées, elle frequentent de trop prés un certain forum
le mec qui se fait bouffer les couilles par les crabes , sevissait sur un chalutier , tu penses qu'ils ne l'ont pas manqué
la femme en petite culotte, c'est une ancienne actrice porno bien connue, elle à tourner dans
" mes nuits sans culottes" une ex révolutionnaire
quand aux petites filles, elles sont délurées, elle frequentent de trop prés un certain forum
nouga- Nombre de messages : 329
Age : 72
Localisation : ou l'iode enivre
Date d'inscription : 30/05/2012
Re: Travellings
Suite.
Ils s'en passent des choses par ici !
Là d'un coup, tout s'accélère, et puis le mystère reste, reste, donc une suite !
Ils s'en passent des choses par ici !
Là d'un coup, tout s'accélère, et puis le mystère reste, reste, donc une suite !
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: Travellings
J'aime beaucoup cette atmosphère mystérieuse et ces gens que des liens étranges relient.
Cependant, il y a un peu trop d'ellipses à mon sens; quand on a posé tous les éléments, le suspense, les personnages, le décor et les indices avec cette qualité d'écriture, sobre et inquiétante, il faut offrir au lecteur un dénouement qui lève un peu plus le mystère. Bien que j'apprécie une certaine liberté d'interprétation en tant que lectrice, j'aimerai avoir un peu plus d'éléments, pour voir le puzzle reconstitué dans ses moindres détails.
Sinon, non, je ne me suis pas ennuyée une seconde à te lire, donc le début tout en temps suspendus , succession de plans sequences fixes plus que longs travellings dans ma tête, est trés bien foutu .
Oui joli travail et même travail d'orfèvre nonobstant cette sensation d'incomplétude voire de frustration quand on arrive aux scènes finales .
Suite donc ?
Cependant, il y a un peu trop d'ellipses à mon sens; quand on a posé tous les éléments, le suspense, les personnages, le décor et les indices avec cette qualité d'écriture, sobre et inquiétante, il faut offrir au lecteur un dénouement qui lève un peu plus le mystère. Bien que j'apprécie une certaine liberté d'interprétation en tant que lectrice, j'aimerai avoir un peu plus d'éléments, pour voir le puzzle reconstitué dans ses moindres détails.
Sinon, non, je ne me suis pas ennuyée une seconde à te lire, donc le début tout en temps suspendus , succession de plans sequences fixes plus que longs travellings dans ma tête, est trés bien foutu .
Oui joli travail et même travail d'orfèvre nonobstant cette sensation d'incomplétude voire de frustration quand on arrive aux scènes finales .
Suite donc ?
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Travellings
Oui, suite.
C'est extra.
poses ( je suppose que tu veux dire attitudes et non arrêts ?)Elle prend despauses.
C'est extra.
Invité- Invité
Re: Travellings
suite inutile, chaque phrase crie son envie de meurtre.
le texte déploie sa redite autour de sa plaie aux nasmes monstrueuse.
le texte déploie sa redite autour de sa plaie aux nasmes monstrueuse.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Travellings
En relisant le texte, je me suis aperçu que le mec qui marche est le même que celui qui a pris sa voiture. Ma première lecture n’était certainement pas suffisamment attentive.
dans la nuit mince de l'été
Je ne comprends pas tellement cette minceur ; est-ce une légèreté ?
À ses pieds, dans un plat, un poulet entier
Pas crédible ! Le plat (et le poulet dedans) doit être sur la table, le couvert n’ayant apparemment pas subi de dommages puisque les assiettes sont bien en place. En revanche, si le poulet se trouve par terre, c’est déjà anormal (comment s’est-il retrouvé là ?), mais si en plus il est toujours bien dans son plat… C’est ce genre de détail qui, sur une scène de crime, me met la puce à l’oreille. Cela n’échappe pas au lieutenant Colombo que je vois très bien à quatre pattes en train de constater de visu l’état et la condition du poulet, se disant : « je ne comprends pas pourquoi ce poulet est en parfait état, prêt à être servi, alors que tout n’est que chaos alentour »
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit.
J’aime cette peau noire. Belle image.
La mer monte, comme dit Tizef, effectivement (tu peux avoir confiance en lui, le breton, il sait de quoi il parle).
Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre
Belle image, mais pour moi le verbe accumuler est un peu brut. Leurs pensées forment au plafond un voile sombre. Je préfèrerais.
La route serpente au milieu d'une forêt salée
Juste une petite remarque ici (rien de grave) : ce genre de détail serait absolument inutile dans une présentation scénaristique, puisque le cinéma ne permet pas de révéler certains sens comme le goût, l’odorat et le toucher. Mais, convenons-en, nous ne sommes pas ici dans une pure proposition synoptique. Par conséquent, j’aime beaucoup cette forêt salée.
Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher
C’est le niveau qui cogne ?
Elle tourne le café, et puis c'est tout
Elle tourne le café, simplement. (tu n’écoutes pas ce qu’on te dit ?)
Au petit jour un corps est étendu sur le sable, dans une concavité reculée de la côte. C'est un homme nu. La mer qui se retire lui lèche les orteils. Les mouettes ont commencé à lui manger les yeux. Les petits crabes lui grignotent les couilles. Des chiens errants viennent le renifler. On ne retrouvera jamais son corps, qui se mêlera bientôt aux éléments, deviendra vent, ciel, écume
Je trouve qu’il y a beaucoup de monde autour de ce macchabée qui est censé ne pas être retrouvé. Les mouettes d’accord (quoique, ces oiseaux sont-ils des charognards ? Demander à Tizef), les crabes, peut-être, mais pas les chiens, car où sont les chiens sont les hommes (te souviens-tu Demain les chiens ?), donc fatalement le corps sera découvert.
Bon, verdict :
Cette histoire est craignos, je veux dire très forte ! Le mec qui est mort était bourré et gavé de somnifères, donc plausible.
La nana qui s’est viandée contre un arbre, on se demande si elle l’a fait exprès. Je pense que oui, mais on n’en est pas sûr.
L’amant qui marchait a rejoint sa maîtresse, soit, mais…
Pourquoi les petites filles se sont-elles barrées ? Qu’elles en veuillent à leur père, c’est compréhensible, mais elles abandonnent leur mère. Cela me dérange suffisamment pour en savoir plus. Avec qui sont-elles parties dans cette camionnette ?
Donc, la suite est attendue chère Janis.
dans la nuit mince de l'été
Je ne comprends pas tellement cette minceur ; est-ce une légèreté ?
À ses pieds, dans un plat, un poulet entier
Pas crédible ! Le plat (et le poulet dedans) doit être sur la table, le couvert n’ayant apparemment pas subi de dommages puisque les assiettes sont bien en place. En revanche, si le poulet se trouve par terre, c’est déjà anormal (comment s’est-il retrouvé là ?), mais si en plus il est toujours bien dans son plat… C’est ce genre de détail qui, sur une scène de crime, me met la puce à l’oreille. Cela n’échappe pas au lieutenant Colombo que je vois très bien à quatre pattes en train de constater de visu l’état et la condition du poulet, se disant : « je ne comprends pas pourquoi ce poulet est en parfait état, prêt à être servi, alors que tout n’est que chaos alentour »
La marée est montante. Elle est peau noire qui frémit.
J’aime cette peau noire. Belle image.
La mer monte, comme dit Tizef, effectivement (tu peux avoir confiance en lui, le breton, il sait de quoi il parle).
Leurs pensées s'accumulent au plafond et forment un voile sombre
Belle image, mais pour moi le verbe accumuler est un peu brut. Leurs pensées forment au plafond un voile sombre. Je préfèrerais.
La route serpente au milieu d'une forêt salée
Juste une petite remarque ici (rien de grave) : ce genre de détail serait absolument inutile dans une présentation scénaristique, puisque le cinéma ne permet pas de révéler certains sens comme le goût, l’odorat et le toucher. Mais, convenons-en, nous ne sommes pas ici dans une pure proposition synoptique. Par conséquent, j’aime beaucoup cette forêt salée.
Le niveau de la mer a atteint son climax, et cogne mollement contre le rocher
C’est le niveau qui cogne ?
Elle tourne le café, et puis c'est tout
Elle tourne le café, simplement. (tu n’écoutes pas ce qu’on te dit ?)
Au petit jour un corps est étendu sur le sable, dans une concavité reculée de la côte. C'est un homme nu. La mer qui se retire lui lèche les orteils. Les mouettes ont commencé à lui manger les yeux. Les petits crabes lui grignotent les couilles. Des chiens errants viennent le renifler. On ne retrouvera jamais son corps, qui se mêlera bientôt aux éléments, deviendra vent, ciel, écume
Je trouve qu’il y a beaucoup de monde autour de ce macchabée qui est censé ne pas être retrouvé. Les mouettes d’accord (quoique, ces oiseaux sont-ils des charognards ? Demander à Tizef), les crabes, peut-être, mais pas les chiens, car où sont les chiens sont les hommes (te souviens-tu Demain les chiens ?), donc fatalement le corps sera découvert.
Bon, verdict :
Cette histoire est craignos, je veux dire très forte ! Le mec qui est mort était bourré et gavé de somnifères, donc plausible.
La nana qui s’est viandée contre un arbre, on se demande si elle l’a fait exprès. Je pense que oui, mais on n’en est pas sûr.
L’amant qui marchait a rejoint sa maîtresse, soit, mais…
Pourquoi les petites filles se sont-elles barrées ? Qu’elles en veuillent à leur père, c’est compréhensible, mais elles abandonnent leur mère. Cela me dérange suffisamment pour en savoir plus. Avec qui sont-elles parties dans cette camionnette ?
Donc, la suite est attendue chère Janis.
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
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