Exo La Grande Rencontre : En vol

Notre tandem à nous roule sur deux chambres à air linguistiques. Pour lui, peu importe si l'une et l'autre sont disproportionnées, il continue sa course, sage et imperturbable. Pour moi, il était une fois une chambre à air qui se dilatait et l'autre, celle de mon enfance, qui se ratatinait. Si je n'y prenais garde, je risquais un jour de rouler sur la jante.
Il a fallu reprendre les choses en mains, les enfants sont venus et ensemble nous avons joué à pomper le matin, l'après-midi, le soir. J'ai retrouvé la couleur et la saveur de cette langue que j'ai donné à aimer à d'autres et à d'autres. Et comme on ne peut se contenter du rôle de mauvaise correspondante, j'ai tenté des écrits pour colmater les fissures. Le jeune facteur était mort. Écrire pour enfin faire roue libre et crier dans le vent, chanter, chuchoter, provoquer, intriguer. Écrire pour apprivoiser les mots, les laisser patiemment revenir et jouer avec eux. Écrire et rendre hommage à celle qui, dans son enthousiasme, m'a initiée.
Mais comme le vent taquin entraîne les mots toujours plus loin, je me suis lancée à leur poursuite. J'étais curieuse de découvrir des paysages pour les voir s'animer sur d'autres horizons. J'ai erré sur des routes incertaines, me guidant à tâtons. Puis un jour, une nouvelle année venait de commencer, je suis tombée sur un terrain vague au sol spongieux où des empreintes de tailles variées foisonnaient en tous sens et fleuraient le rendez-vous. Certaines étaient furtives, d'autres régulières, même fidèles. Quelques semelles crantées révélaient des randonneurs au long cours. Il y en avaient aussi qui dérapaient à plaisir. Ailleurs c'étaient des pieds nus, tourmentés, des sandales agiles ou des cothurnes exigeants. Elles s'entremêlaient dans de belles arabesques et j'ai trouvé là quelques pas qui m'ont semblé pouvoir s'accorder avec le mien.
Je n'ai cessé de suivre l 'aventure de ces traces et d'assister à ce lâcher de cerfs-volants à la palette bigarrée. Par un soir de janvier, étrange et orangé, parmi les cerfs-volants j'ai lancé mon arbre soleil. Et ce fut mon premier meeting aérien.

les enfants sont venus et ensemble nous avons joué à pomper le matin, l'après-midi, le soir.

Une famille de shadoks du verbe ?

J'ai beaucoup aimé la manière poétique de traîter le sujet.

J'ai lu. j'ai compris et rien compris à la fois mais... enfin l'exo n'est pas simple.

J'ai bien aimé, surtout les métaphores avec les empreintes de pas, très subtil. Un peu perplexe par contre au début du texte où je crois que je n'ai pas tout saisi.

joli ! belle métaphore, oui, les empreintes diverses et variées

comme je suis curieuse, j'ai vu sur la carte de "qui est en ligne" que tu habites dans une autre langue, et du coup je crois avoir saisi l'ensemble de ton texte poétique

De petites choses m'échappent. Peu importe, des jolies images jonchent cet écrit.
The answer, my friend, is blowing in the wind...

Très joli texte, et puis "lancer mon arbre soleil ce n'est pas à la portée de tous.

C'est très poétique et je me suis laissée porter
J'ai beaucoup aimé la façon de traiter l'exercice, par la poésie, par les métaphores,
Après une première lecture, il reste des mystères, des petites choses incomprises, mais c'est tant mieux

Pas tout compris... mais, j'ai frissonné à plusieurs reprises. C'est du "tout bon" !

Je ne sais pas si j'ai tout compris et honnêtement, cela ne me gène pas, tant j'ai aimé me promener dans tes raisons poétiques.

Moi non plus je n'ai pas tout compris, du moins le tout début, et à vrai dire ça me gêne un peu.
Où est la relation, la communication entre nous, si le texte est incompris ?
Pas grave. J'ai quand même beaucoup apprécié la poésie accompagnant tes premiers pas sur le site.
Le titre: En vol. Ton avatar: des parapluies volants. Sous l'avatar, localisation: souslevent.
Légère chrystie12, tu nous a offert un texte aérien, une bouffée d'air pur. Merci.

"Notre tandem à nous roule sur deux chambres à air linguistiques. Pour lui, peu importe si l'une et l'autre sont disproportionnées, il continue sa course, sage et imperturbable. Pour moi, il était une fois une chambre à air qui se dilatait et l'autre, celle de mon enfance, qui se ratatinait. Si je n'y prenais garde, je risquais un jour de rouler sur la jante."

Je n'avais pas du tout compris ceci. Puis j'ai lu la réponse de janis et me suis dit qu'il s'agissait de cela : tu vis à l'étranger , avec "il" qui est étranger ; et les deux chambres à air linguistiques c'est l'image des deux langues que tu pratiques...avec la peur que la maitrise de ta langue maternelle ne finisse par t'échapper.
Du coup en comprenant ce postulat de départ on comprend mieux la suite. Ce besoin de te réapproprier tes mots et de les laisser t'emmener hors de tes paysages coutumiers. Et de renouer avec le français en des lieux où d'autres aussi aiment jouer avec.

Je ne sais si cette interprétation est la bonne, mais je pense qu'il faut que tu penses plus à ton lecteur Chrystie, car en supposant qu'il comprend d'emblée tu risques de le laisser en chemin, avec ses questions.
Bien sur c'est vrai que notamment dans le champ poétique la clé du mystère peut rester inaccessible et la promenade charmer tout de même mais alors peut être semer quand même plus d'indices.
L'image des pieds tous chaussés différemment pour refléter la diversité des rencontres sur VE est claire et joliment trouvée .

Oui, l'image des chambres à air m'était un peu passée au dessus de la tête, bien que cette comparaison m'ait plu...
J'ai aimé la poésie de ce texte, toutefois, je mettrais un bémol : il me semble que ça part un peu dans tous les sens, les Shadocks, les chambres à air, le jeune facteur qui est mort ( ?) il y a sans doute beaucoup de références très personelles, mais qui forcément nous échappent !
Au final, ça n'enlève pas grand chose au charme du texte : on peut aimer sans comprendre !

J'y reviens vite Christie, je t'aime mais j'ai un train à prendre !

Pardon, Chrystie12

"... parmi les cerfs-volants j'ai lancé mon arbre soleil... " ça me plait bien.

Amoureuse de la langue française, chère Chrystie n’est-ce pas ? Et tu te lances à la poursuite des mots, erres ici et là et découvres un jour un terrain propice à l’expression écrite…

L’introduction sibylline semble suggérer que vous êtes deux, au préalable… Puis… Finalement tu es seule à « crier dans le vent ».

Crier dans le vent est énorme de beauté ! Mais qui est « celle qui, dans son enthousiasme, m'a initiée » tandis que
« Le jeune facteur était mort. » ?¿ ?¿ ?

Et là, je crois comprendre… je crois… Quand finalement arrive ce lâcher de cerfs-volants à la palette bigarrée où « j'ai lancé mon arbre soleil »

Cet acte, quelle grande et lumineuse idée ! Très belle en effet.

Tu découvres ainsi des paysages pour les voir s'animer sur d'autres horizons puisqu’un vent taquin entraîne les mots toujours plus loin. Quant à ces randonneurs au long cours. « Il y en avaient aussi qui dérapaient à plaisir. »

Oups ! « Il y en avaient » => est faux. C’est comme une expression figée (il y a, il y en a, il y avait, il y en avait). C’est invariable quels que soient les genres et nombres qui suivent.
Transposons ta phrase au présent : il y en ont qui dérapent… Si cela est juste, qu’on me le dise.

Peu importe ces broutilles, finalement, tu avais perdu la couleur de la langue, mais tu l’a retrouvée.

Trop heureux de t'avoir lue.

[quote=] les enfants sont venus et ensemble nous avons joué à pomper le matin, l'après-midi, le soir.[/quote]

... évitons toute interprétation hâtive...

et puis non....

j'imagine donc ce matin que cette chambre à air se gonfle et qu'une hernie... grossisse si bien qu'elle en devient montgolfière ...

et nous l'appellerions écriture

J'ai mis un temps à comprendre la première partie du texte aussi (merci Janis) même si sans comprendre j'ai pu apprécier
Très poétique, on retrouve la même écriture que dans tous tes autres textes
Merci :-)

Compris ou pas compris, m'en fiche, ce que j'ai compris, moi, c'est que tu sais écrire et l'angle choisi pour traiter ce sujet est original.... j'aime ce texte, sa poésie, son écriture aérienne, j'ai pensé me retrouver dans une nacelle à trois cents mètre du sol, j'étais petit oiseau, j'étais devenue poussière poussée par le vent... et ce final :

Par un soir de janvier, étrange et orangé, parmi les cerfs-volants j'ai lancé mon arbre soleil. Et ce fut mon premier meeting aérien.

simplement tip-top !
Merci !

Je profite que je suis en haut pour saluer tous ceux qui m'ont lue. Perspicacité des un(e)s qui viennent à bout de toutes les énigmes, émotions des autres qui se laissent voyager, tout y est. Merci!