Exo Live du dimanche 3 juin 2012 à 20h15

AliceAlasmartise. a écrit:rien qui sort

notez que je m’entraîne aux phrases à double sens

AliceAlasmartise. a écrit:rôô
rien qui sort
et maman Rebek qui vient pas :-(

Yes :-(

J'ai trouvé ma chute (je veux parler de l'histoire. A bientôt. ça va ... non je dis rien.

Je vous ai un peu laissés tomber, mais le sens du devoir vient de me tirer l'oreille...
Tout va bien ?

Mince j'ai oublié toutes les contraintes.
C'est grave ?

Contraintes: piocher dans les expressions + quadrilobe-palmette-transept

- Vous n'êtes pas sans ignorer Madame que je ne peux pas laisser cette enveloppe qui ne vous est pas adressée. Il me faut la signature de Madame Odette Weyergans.
- Mais puisque je vous dis que Madame Weyergans est alitée et que je suis sa belle-sœur !
- Vous avez une preuve de ça ?
- Que je suis sa belle-sœur ou que Madame Weyergans est au lit ?

Le facteur soupire. Il se dit qu'il a connu pire. Mais tout de même…

- Vos papiers s'il vous plaît.
- Pardon ?
- Vos papiers s'il vous plaît. J'en ai besoin pour mon registre de signatures, il s'agit tout de même d'un recommandé. J'ai des comptes à rendre à La Poste vous savez.

C'est au tour de Sophie de soupirer. Elle lui montre sa carte d'identité, se demande ce que fait la police, prend l'enveloppe, claque la porte sans dire au revoir au facteur qui après tout n'y peut pas grand-chose si son employeur est à cheval sur les principes et va s'affaler dans le canapé.
L'enveloppe est posée négligemment sur la table basse. Elle se met à vibrer. S'arrête. Recommence.
Sophie s'en empare, la colle contre son oreille (ben oui, des fois que l'enveloppe parlerait), la secoue (pourquoi tout le monde fait ça avec les trucs qui vibrent sous enveloppe, hmm ?!), hésite à l'ouvrir mais bon, c'est sa belle-sœur ça ne se fait pas, puis la balance plus loin, un peu énervée tout de même.

I'm an alien I'm a legal alien
I'm an english man in New York

Mais c'est qu'elle cause vraiment cette enveloppe ! Une chanson en plus ?
Sophie palpe le paquet, une grosse enveloppe à bulles postée depuis Paris. Dedans, c'est dur, rectangulaire comme un étui. Le truc se remet à vibrer. Et Sophie éclate de rire.
C'est certainement le portable d'Odette, oublié quelque part et qu'une âme charitable (si si, y en a) lui renvoie. Sophie n'y pense plus, part se faire un thé.
Oui mais…

Pourquoi depuis Paris ? C'est loin de Pégomas tout de même Paris et Odette n'y est pas allée dernièrement. Comment ça se fait qu'elle a perdu son portable à Paris ? Quand y est-elle allée ? Avec qui ?
Ça y est, voilà Sophie qui phosphore, qui imagine un tas de trucs bizarres, sûre qu'Odette lui ment. A elle et à son mari. Le frère de Sophie. Et ça, Sophie ne peut pas le supporter. Après tout, en y réfléchissant bien, Sophie n'a jamais aimé Odette. Toujours à la ramener avec son boulot à la con, à causer maligne pour bien lui faire sentir qu'elle a bac + 38 alors que Sophie a juste fait vendeuse de savons chez Lush (oui mais faits main les cosmétiques Lush, faut préciser tout de même !).
Entre les palmettes, quadrilobes, bardeaux, transepts et fenestrons dont Odette les accable à chaque repas de famille, Sophie se sent, il faut le dire, un peu bêbête. Elle a bien tenté de causer bananes fraîches bio en soin de jour, benzoate de benzyle pour fixer le parfum ou miel anglais comme onguent pour la peau, elle n'a recueilli que sourires compatissants du genre architecte qui se la pète face à la vendeuse qui doit dire bonjour madame oui madame non madame au revoir madame merci madame à longueur de journée.
Et ça, c'est profondément énervant.

L'occasion de faire tomber Odette une bonne fois pour toutes est trop belle.
Parce qu'elle n'est pas si sotte, Sophie décide de composer le numéro d'Odette pour être sûre de son coup.
Tiens, ça sonne dans une autre pièce ?!
C'est quoi ce portable alors ? Un deuxième téléphone bien sûr ! Pour ne pas que Philippe sache, des fois qu'il lirait les textos d'Odette (non, y a pas qu'Eva Longoria qui fait ça, vous le saurez).

Excitée à l'idée de faire toute la lumière sur cette affaire, Sophie décide de quitter la maison et d'aller exposer la situation à Philippe, téléphone-preuve en main.
C'est alors que le facteur du début de l'histoire, celui très à cheval sur les principes, sonne une seconde fois à la porte. Facteur qui se demande un peu ce qui lui arrive lorsque Sophie l'embrasse sur les deux joues en le remerciant de faire un si beau boulot.
Beau boulot ? Elle est dingue celle-là…
Le facture soupire - bis.
Et se dit - bis - qu'il a connu pire.

- Vous n'êtes pas sans ignorer Madame que je pouvais pas vous laisser cette enveloppe qui ne vous était pas adressée mais bon, par courtoisie, j'ai…
- Et ?

Sophie, pressée de dénoncer Odette, en oublie l'embrassade d'il y a dix secondes et considère le facteur d'un œil noir, presque torve (non carrément torve en fait).

- C'est qu'il y a une taxe à acquitter pour ce genre de correspondance et je dois vous la réclamer sous peine de devoir reprendre l'enveloppe.

Reprendre l'enveloppe ?! Ça jamais ! (Sophie in petto)

- Combien ?
- 228,50 euros Madame
- 228,50 ? Vous rigolez ?
- Non Madame, c'est écrit sur ma fiche. Regardez vous-même.

Groumpf (toujours Sophie in vous savez quoi).
Moment de réflexion. 228 euros, c'est une somme tout de même… Oui mais faire payer Odette à vie… hmmmmm.
Sophie s'acquitte du montant dû, claque la porte une seconde fois au nez du facteur (pas de soucis, il a connu pire n'est-ce pas) et enfile son manteau.

C'est alors que le drame se produit.
Au moment de franchir le seuil, elle entend une petite voix derrière elle.

- C'était qui ?

Odette est réveillée, debout, pas bien vaillante mais debout.
Sophie tente de cacher l'enveloppe, lui conseille de retourner se coucher, lui dit que ce n'est que le facteur qui s'est trompé d'adresse, qu'elle doit s'absenter quelques instants mais va revenir très vite et que…

I'm an alien I'm a legal alien
I'm an english man in New York

Blam, le drame en question.
Odette rougit. Sophie aussi. Elle s'embrouille dans des explications de courrier du matin mis de côté puis oublié, peste intérieurement en se demandant si elle aura droit à la légitime défense en cas d'assassinat immédiat de cette belle-soeur qui affiche maintenant un sourire béat.
Odette a ouvert l'enveloppe et en ressort une petite boîte brune, avant d'inviter Sophie à la suivre parce qu'elle doit lui faire montrer un truc. Sans se rendre compte qu'une étiquette en papier rouge est tombée par terre. Discrétion durable est-il écrit dessus.

I'm an alien I'm a legal alien
I'm an english man in New York

Odette a ouvert la boîte. Elle brandit son contenu devant Sophie. Qui ouvre de grands yeux. La bouche aussi.
Le match est terminé…

bertrand-môgendre a écrit:Mince j'ai oublié toutes les contraintes.
C'est grave ?

heuuu non, j'en ai contourné quelques-unes :-)

P... Shakti, t'es virée. Ca va pas de tirer plus vite que l'ombre de Lucky luke ? j'ai même pas rédigé le premier paragraphe !

moi même pas commencé, j'ai juste noté les contraintes comme m'a dit de le faire Gobu
mais j'ai une idée! (la douche porte conseil)

Gobu a écrit:P... Shakti, t'es virée. Ca va pas de tirer plus vite que l'ombre de Lucky luke ? j'ai même pas rédigé le premier paragraphe !

Ha ben pourtant, je me suis trouvée bien rouillée depuis mes mois d'inactivité exo !

mais assez huilée pour sortir un texte en peu de temps! :-)

L'ara

De nouveau sur le dos, j'appréciais la chaleur bénéfique de cette heure réservée en principe à la sieste.

— Cétait qui ?
— Mais que fait la police ! Mais que fait la police ! Cria Lara, notre perroquet.
— La factrice.
— Rien d'important ?
— Non. Ah si ! Une enveloppe recommandée.

Belle et nue allongée dans l'herbe fleurit, elle se prélasse, m'invite à partager son désir. Le printemps éveille la nature, puise au plus profond de la terre l'énergie nécessaire au renouveau des plantes. C'est de sève dont il est question, de sève primale, celle qui absorbe les nutriments, irradie au passage les organes vitaux, dilate les vaisseaux.
Ma main moule louche son sein irisé.
L'instinct animal provoque en moi le désir de chasse, l'envie de proie. À la souris verte je préfère la gazelle sauvage, difficile à maîtriser.
Du tendre j'en connais la délicatesse, son goût de trop peu en bouche, mêlé au sentiment de pas assez entre les doigts.
— J'en veux encore ! Dis-je à tout vent.
Bizarrement l'écho répond "encore des corps en... or !"

En mal de silence, je décidais d'adopter la position qui convenait le mieux à la situation, le retrait.
Un mince fil translucide reliait nos sexes opposés. Le lien se rompit.

— Dis-moi, c'est quoi cette mousse qui recouvre ta peau ? Me demande-t-elle soudain comme tirée d'un songe
— De la neige sans doute.
— De la neige noire ?
— Autrefois j'étais ours blanc, lorsque le soleil est revenu je me suis fait griller.

Le vent entraînait mille parfums délicats.
Elle ouvre l'enveloppe.

— Un stylo ? Demande-t-elle. D'où ça vient ?
— De la Villa Gillet, j'avais rempli une fiche. J'ai dû gagner ça au tirage. C'est bien.
Passe moi l'enveloppe que je l'essaie. Grâce à sa pointe fine je pouvais percer le papier bulle. Un bon divertissement en attendant que la sieste se termine.
— Tu fais quoi tantôt ? Dit-elle en se relevant.
— J'avais rien prévu. Du coup, je vais écrire un peu.
— C'est toi qui vois ! C'est toi qui vois ! Nous cria Lara.


Elle passa en souplesse sur le petit pont de bois. L'air vif tournoyait entre ses jambes nues et mon regard de curieux.

On y va (amis de la poésie bonsoir) :


« C’était hier, non avant-hier, et depuis je cherche à faire toute la lumière sur cette affaire, docteur. »

Les croissants étaient rances, ma femme avait ses règles : j’avais beau soulever la question, renverser tous mes préjugés, vider l’abcès, rien n’y faisait.
Vous n’êtes pas sans ignorer que ce genre de situation ne peut que mener au pire.

J’ai pris ma serviette et je l’ai repliée sur la table du petit déjeuner. Elle n’a rien dit.
« Je suis overbooké aujourd’hui ma chérie ». Elle n’a rien répondu.
Le silence est à l’origine du bruit. Elle est partie en claquant la porte de la cuisine.
J’ai pris ma serviette et j’ai quitté l’appartement.

Ces crétins ont encore bourré la boite à lettres de prospectus ; c’est pas « pas de pub SVP » que j’aurais dû coller dessus, mais « si tu la bourre, je te bourre le pif ».
Comme si j’avais que ça à faire ; moi aussi je suis à la bourre !
J’ai vidé tout ce que je pouvais, et comme la rue était déserte j’ai tout mis dans la boite des voisins.
Tout, non. Il y avait cette drôle d’enveloppe, gonflée comme un coussin.
Pas de timbre, mon nom écrit dessus. Ça vient pas de la Redoute ?
Non ma douce moitié, qui sur la balance est mon double, n’a rien commandé, je le sais de source sûre : plus rien ne lui va.
Elle évite les catalogues en marmonnant : « trop c’est trop ».
Et depuis qu’elle a doublé de volume, elle a raison.

J’ouvrirai ça au bureau.


Il est parti ce fils de … (j’aime pas sa mère). Je ne le supporte plus, son regard sur moi et quand il me dit : « tu verras, ça passera avec le temps », j’ai encore plus de haine contre lui.
J’étais si belle avant ; les hommes m’ouvraient les portes.
Maintenant on attend qu’elles se ferment pour que je la ferme.
Rira bien qui rira la dernière.


Ce temps perdu ; pas de place pour se garer ; mais que fait la police, nom d’un chien ; les emplacements sont bien marqués, non !
J’arrive en retard ; regard plein de reproches de V., mon chef de service.
Je t’emmerde ; il va pas remettre le couvert.
Il sait que le patron m’a à la bonne depuis que je lui en ai trouvé une (de bonne), une jeunette de 20 balais qui fait plus que balayer dans son pavillon de veuf.
Depuis j’ai mon bureau à moi.
Je finis par être mieux ici qu’à la maison.
Je ne commence rien sans mon Earl Grey, que m’apporte avec un grand sourire Mlle Palmette, la charmante secrétaire de ce plouc.
Ah oui, l’enveloppe. Elle a déformé ma serviette en pécari nain que ma chère épouse m’avait offert du temps où je prospectais aux quatre coins de l’hexagone. Je le regrette ce temps-là ; une fille dans chaque succursale …
Pas le temps de rêver : je revois les yeux boueux de cette grosse vache.
Où est mon canif ? C’est résistant ces saloperies d’enveloppes !!!


Il va l’ouvrir, oui il va l’ouvrir, ce porc !!! Il saura ce que j’ai souffert ; il saura pourquoi je n’ai pas voulu ; il saura que ça le fait grave. Quand il me fait l’amour, je sens le dégout dans ses baisers.
Il va comprendre cette ordure. Il va comprendre. La roue tourne.


Encore une enveloppe en plastoc ; c’est tout mou dedans.
Ah il y a un mot.

« Mon chéri, je sais que tu m’en veux, mais jamais tu n’accumuleras autant de haine que moi.
Depuis trop longtemps je souffre.
Tu n’as jamais voulu que notre amour se réalise dans ce que tout amour attend.
Ouvre cette deuxième enveloppe et tu verras que cet amour est mort, bien mort.

« Tas » femme. »


« Oui docteur, il y avait ça dans l’enveloppe, le fruit avorté de notre amour, d’après elle.
Elle est folle docteur, vous voyez bien qu’elle est folle.
Je suis sûr qu’il n’était pas de moi ; elle m’a fait un enfant dans le dos et maintenant c’est moi qui ai bon dos.
Elle est folle. »

Misère de misère ! Mon fils vient juste de me lâcher la veine du coeur ! J'essaie de m'adapter ok ?

— Enfin, c’est toi qui vois, grenouille.
Qu’est-ce qui m’a pris de chercher conseil et réconfort auprès de cette triple buse ? Le fait qu’on soit régulièrement dans des positions qui nous valent nos surnoms respectifs ne l’a jamais rendu plus intelligent.
— Laisse tomber crapaud, je vais y réfléchir au calme, je raccroche !
— Te remue pas trop les méninges rainette, j’ai connu pire.
Bien sûr, dans sa vie pépère, monsieur a déjà dû trouver un doigt coupé dans sa boîte aux lettres.
L’enveloppe bulle m’en a échappé des mains, la gauche serrait un sixième doigt. Un doigt d’homme à en juger par la forêt de poils dessus. Et cet idiot de chat qui léchait les bulles rougies. De suite je me suis fait mon scénario, en trois minutes de tétanie dans mon entrée j’avais déjà filmé, monté et produit le film. Gore, évidemment.
J’ai paniqué, j’ai enveloppé le majeur dans un kleenex et couru téléphoner à mon batracien qui ne s’est jamais transformé en prince. Tout ça pour m’entendre dire d’aller voir les flics.
Retour à la case départ, l’énervement en plus, il va falloir songer à changer de mare.
Je passe mentalement en revue toutes mes connaissances susceptibles d’avoir un système pileux autant développé, avant de me poser enfin la bonne question : pourquoi vouloir me faire chanter ? Je n’ai pas un rond. De toute manière il n’y a pas de mot, pas la moindre demande de rançon, ni explication. Aucune envie de m’adresser à la police, va savoir s’ils ne vont pas me coller sur le dos ce découpage grossier. Sûr que si je m’y étais collé j’aurais découpé autrement plus proprement, là, on jurerait que c’est arraché à coups de dents.

Saleté de sonnette, je sursaute et suis à un doigt de lâcher l’objet du délit. D’un autre côté, même si on retrouvait son propriétaire en bon état, je ne suis pas certaine qu’on puisse lui greffer son bout manquant.
Tiens, le voisin du dessus. Moi qui rêve depuis des mois qu’il me remarque enfin, ce beau brun à l’air méchant. Il choisit bien son jour pour venir me déclarer sa flamme. Elle brille dans ses yeux. J’allume mon plus beau sourire.
Il me tend des lettres.
— Tenez, je crois que le facteur a inversé nos numéros d’appartement, c’est votre courrier.
— Ah, vous êtes au 31 ?
Continue comme ça ma fille, avec ce genre de répartie foireuse, c’est certain, il va craquer son allumette.
— J’attends un pli urgent, vous avez le mien ?
Et la lumière jaillit ! Alors que la minuterie du couloir s’arrête.
J’ai dû pâlir trop vite. Juste avant de manquer définitivement d’air, ma dernière pensée émue est pour mon crapaud. Sans doute à cause des coassements de ma gorge étranglée.


Contraintes :
filmer, monter, produire
enfin, c’est toi qui vois
j’ai connu pire

Elea... euh, comment te dire, j'suis pas vraiment une grenouille.... un jour j'lai fait croire, mais bon !

Bon ! ok ! j'arrête de "vanner" c'est la faute à Florimond !!!

coucou croisic! T'en fais pas, t'as pas beaucoup de retard, j'ai écrit 2 lignes

L’annonce

Toscane, 1988

Dans l’enveloppe bulle, les résultats de l’analyse.
Pourquoi une enveloppe bulle ? Protéger l’annonce, le fracas de l’annonce ? Protéger la mère, l’enfant, laisser une chance au silence, au chuchotement du message ?
Agneta est enceinte, et sa mère vient de l’apprendre.
Enceinte à quatorze ans.

Simone tient toujours l’enveloppe bulle, elle crève les alvéoles les unes après les autres, ça fait de petits « clacks » nerveux, de petits « clacks » nets, définitifs. Agneta.

Simone pose l’enveloppe sur la table, se détourne. S’appuie à la rambarde du balcon, allume une cigarette, inspire comme si la fumée pouvait la noyer, ou la sauver peut-être, la cigarette comme si de rien n’était, pas d’enveloppe bulle dans la boîte aux lettres, que les factures et la note de Pascatelli, rien d’autre.

En bas, la cour de l’immeuble, les petits dans le bac à sable.

Que fait-on quand on est seule avec une gamine de quatorze ans enceinte ? La cendre de la cigarette tourbillonne par-dessus la rambarde, disparait dans le vide. Le vide, c’est le creux dans son ventre. Elle n’a pas voulu ouvrir les yeux, n’a pas voulu entendre. Cette vieille sorcière de Lambro, derrière son comptoir, le mois dernier :

— Dis, tu devrais la surveiller, ton Agneta… Je la vois, à la sortie du collège, avec le fils à Mattéo. Au jour d’aujourd’hui, les gamines, c’est jupe à ras la touffe et vas-y que je te colle aux garçons… trop c’est trop, je te le dis…

Et Agneta, la porte qui claque en rentrant, à peine un bonsoir, un reste de bleu mal démaquillé aux paupières. Elle était bien comme toutes les autres, dans les toilettes du collège à se farder dès le matin, et le soir, dans le recoin de la cage d’escalier, à se laver le visage à en rougir, à frotter encore pour effacer le khôl, le vermeil et ce que les pères ne devaient pas voir.

Malgré les regards noirs de la vieille, Simone avait haussé les épaules, repris sa monnaie sans un mot. Elle avait suffisamment de soucis avec ce pervers de Filippo, qui cherchait à la peloter dans les couloirs alors qu’elle transpirait, le balai à la main, à effacer, jour après jour, les traces des clients de l’hôtel. Passer l’aspirateur, nettoyer la salle de bain, changer les draps, chaque matin, parcourir les couloirs du premier au troisième étage, dans les odeurs de détergent qui masqueraient bientôt les odeurs de nuit, les odeurs musquées ou âcre, les puanteurs d’excrément et de foutre.
Comment Agneta avait-elle pu faire ça ? Agneta, ses jambes, son dos, ses petits seins, son souffle le matin au réveil, ses joues encore pleines, ses bras ronds.
Agneta et un garçon, Agneta sous un garçon… Simone a un haut-le-cœur.
Etre aussi imprudente, aussi… naïve.

Elle, encore, elle était ignorante, une vraie oie blanche quand Alessio l’avait basculée dans la pinède, à seize ans passés. Mais sa fille ?

Simone réfléchit, réfléchit à sentir ses tempes exploser, compressées. Le père ? Quelle importance, le père ? Les pères partent, l’enfant reste. Dans quelques jours, dans quelques mois, le ventre s’arrondirait, et tout serait fini pour sa fille, comme tout avait été anéanti pour elle. Plus de collège, plus d’avenir. Fini l’espoir de fuir loin de la cité, d’étudier à Florence ou même à Milan. Coller l’enfant à la crèche et travailler à l’usine, au mieux. Trouver un gars qui l’épouserait, espérer que les coups seraient rares, se demander chaque jour s’il allait revenir avec la paie ou ivre mort… ne plus savoir s’il fallait se réjouir de le voir rentrer, de découvrir qu’il entretenait une fille, à Bosco. Un jour, se retrouver seule avec une petite, et constater que le pire finalement n’était pas arrivé, que Fillippo au moins, ne la forçait pas, soûl, le samedi soir.

Simone écrase le mégot de cigarette dans le pot de géranium à ses pieds. Souffle une dernière fois en contemplant les balcons en face, la langue de bleu entre les deux immeubles. Elle ferme la fenêtre, saisit les papiers, son sac.
Sa décision est prise : elle va affronter le monde, pour sa fille. Pas de temps à perdre : récupérer Agneta à la sortie des cours, parler. Parler, parler, parler.
Et puis, le car pour Bosco, l’hôpital de région. Ils l'ont montré à la télévision locale : le service de natalité est désormais équipé pour les avortements, en toute discrétion. Ce que Simone n’a pu connaitre pour elle, elle l’offre à sa fille : une renaissance.


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contraintes : « au jour d'aujourd'hui » ou- « trop c'est trop » transpirer, effacer, parcourir

« Boite à lettres », ça ne devrait contenir que des lettres, non ?
La mienne contient les prospectus de tous les voisins.
Je n’avais qu’à faire comme eux, mettre un stop pub. Mais j’oublie toujours. Il faut dire que je m’en fous : ça me fait du matériel pour mes collages.
Je remonte l’escalier avec ma liasse sous le bras gauche et le cabas à la main. C’est pénible, pour monter, la rampe se trouve du mauvais côté. Mon bras droit manque de force, depuis cette fracture, je n’arrive pas à m’agripper, du coup, c’est les genoux qui prennent.
On aurait dû acheter l’appartement du premier ; la vue est moins bien, mais trois étages maintenant, ça devient raide.
A l’époque, c’est le sixième qui me faisait envie, heureusement que Fred a refusé ! Lui, il peinait déjà, à cause de son asthme. Moi je galopais comme une biquette… Mais de la biquette il ne me reste guère que la barbiche − que je rase, évidemment !
Voilà…
Ah zut, le chat a renversé ma tasse ! Il a le diable au corps, cet animal ! Des fois, je me demande si c’est pas Fred qui s’est réincarné… Enfin, Barbar, au moins, il est castré.
La Bredoute
La Bredoute
Canino
Bert Vaudet
Tiens ! J’yfis, c’est nouveau…
Et ça ?
C’est une pub personnalisée, ça…comme si on allait y croire : « Monsieur Duchmou PDG de la Société Alac. m’a personnellement recommandé de vous faire profiter en priorité de cette offre exceptionnelle réservée à nos plus fidèles clients » Tu parles : j’ai pas commandé chez eux depuis sept ans !

Non, c’est pas une pub.
En fait, je ne comprends pas très bien ce que c’est...
Mon adresse est correcte.
Ca vient d’ici, poste centrale. Enveloppe bulle ordinaire. Papier machine blanc. Pas d’en tête. Pas de signature.
J’ai l’adrénaline qui est montée d’un coup, les bouts de mes doigts picotent.
Ca dit : « Je sais ce que tu fais. Je t’attends à cinq heures à la brasserie du Théatre. T’as intérêt à venir, »
C’est tout.

Il a bien fallu un café-calva pour me remettre, mais ça va mieux. Je ne suis pas du genre à me laisser impressionner. Pour me détendre, j’ai pris mes ciseaux à canivet et je découpe quelques lettres qui vont aller rejoindre leurs pareilles dans ma boîte à bafouilles. Comme ça, j’ai toujours de l’avance. C’est vrai, au jour d’aujourd’hui, personne n’apporte plus aucun soin à la confection d’une belle lettre anonyme !
Je trouve ça tout à fait regrettable. Moi, j’ai à cœur de découper chaque lettre finement, je porte un soin tout particulier à l’agencement des différents caractères. Chaque groupe de lettres doit former une sorte de tableau abstrait. Question d’esthétique !
En y regardant de plus près, je me forme une première opinion : cela provient d’une personne soigneuse mais pas artiste. Ses lettres sont alignées sans aucune recherche, tous les caractères à peu près de même taille et sensiblement même genre de police…
Et il y a une faute d’orthographe…hé hé…
− J’ai connu pire, ironise Barbar.
− Toi le chat, on ne t’a rien demandé !
Vexé, il saute dignement en relevant la queue. Des fois, je me dis que je devrais acheter une caméra pour le filmer : il ressemble tellement à Fred que c’en est hallucinant ! Les mêmes manies, les mêmes expressions… Ca me fait penser qu’il faudrait que je lui achète de la bière de temps en temps. Le vétérinaire prétend que les chats ne peuvent pas avoir de cirrhose, je lui prouverai le contraire ! Et ça me fera une belle lettre à envoyer !
Le plus difficile, c’est de laisser le moins d’indices possible. Le tutoiement brouille les âges. Le choix des polices est primordial : le secret, c'est de varier.

Je reviens à mon anonyme : c’est un homme.
Il a du Garamond comme police principale.
Un homme d’un certain âge − Garamond, c’est démodé grave !

− Quoi, Barbar ?
-.....
− Et alors ? J’ai pas le droit de me raser le jeudi ?
Oui, bien sûr, mais les habitudes… et puis c’est plus commode pour mettre mon rouge à lèvres.
Parce que je vais mettre du rouge à lèvres, oui. Pour aller à la brasserie du Théatre ; tu es d'une perspicacité confondante !
Je ne le connais pas, mais… j’ai l’intuition que nous pourrions bénéficier d’une certaine mutualisation de nos compétences, vois-tu ! Après tout, nous avons des caractères communs …

bon sang!
Je finis en vitesse et je vous lis, trop hâte! :-)

Pfiouuuu, je serai pas dans les délais : j'ai à peine écrit une petite moitié. J'essaye de finir mais sinon, ben...plus tard.

Courage, demi-lune!
t'façons, on peut être en retard, c'est pour le fun :-)

J'ai bien aimé ce que j'ai lu, je vous commente demain.
Merci Coline ! Un peu rouillée après tout ce temps, mais c'est toujours aussi sympa d'imaginer dans l'urgence, même si je suis assez étonnée du résultat.

Bonne fin de soirée, bon courage aux retardataires, c'est pour le fun, on s'en fiche de l'heure !

Contraintes des trois mots : match, manche, filet.

Expressions choisies : plusieurs...




Vendredi 13 - 12 h 45 - Aix-en-Provence

Je monte l’escalier, ouvre la porte, pose les clés sur l’étagère de l’entrée.

“Yannick, c’est toi qui a pris le courrier ?
- Oui Maman, je l’ai posé sur la table du salon”

Trois lettres. Deux sans intérêt, la troisième, papier bulle, attire mon attention. Pas d’expéditeur, datée d’il y a deux jours, postée de Biarritz. Biarritz... Philippe ! Je me réserve le droit de penser que c’est une surprise et du coup je traîne pour l’ouvrir, parce que j’aime bien faire monter la pression et laisser mon imaginaire gambader. Je déjeune avec mon fils, qui repart ensuite dans sa chambre tandis que je prends mon café sur la terrasse. J’ouvre l’enveloppe. Un CD ! Je dois retourner au bureau, mais je deviens impatiente, tant pis je prends le risque d’être en retard, j’allume l’ordinateur et insère le CD.

Vendredi 13 - 13 h 30 - Aix-en-Provence

“Cathy ?
- Oui.
- Tu peux prévenir Martine que je ne viendrai pas travailler cette après-midi ?
- Faut voir... Non, je plaisante ! Bien sûr. Rien de grave j’espère ?
- Je dois partir à Biarritz.
- Mais ta soirée ? Ton anniversaire ?
- Tant pis, y a plus urgent, je suis inquiète.
- C’est Philippe ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Je ne sais pas justement. J’ai reçu un CD, il y avait une photo... Mais c’est pas lui qui me l'a envoyée, il est dessus, il est...
- Il est quoi ?
- Il est emballé dans un filet !
- Non !
- J’te jure ! Et sur son bras gauche, la manche de sa chemise est traversée par une aiguille !
- C’est quoi ce délire ? Elle a encore remis le couvert l’autre ?
- Si elle croit qu’elle va gagner le match elle se trompe, j’ai connu pire, bien pire ! Je te promets que je vais faire toute la lumière sur cette affaire..
- Fais gaffe quand même.
- T’inquiète. A lundi Cathy.
- A lundi, et bonne route.”

Samedi 14 - 6 heures du matin - Biarritz

Pendant tout le voyage cette histoire a tourné dans ma tête. Cette femme va me rendre folle ! Elle ne supporte pas le divorce, elle me hait, et elle fera tout pour que je renonce. Ça fait deux ans que ça dure, ça fait deux ans que je m’accroche, qu’elle crève des pneus, qu’elle passe des appels anonymes, qu’elle m’insulte, qu’elle casse les appareils photos de Philippe. Je suis fatiguée, mais je ne la laisserai pas abîmer notre amour.

J’ai garé ma voiture dans la résidence en face de la villa. Philippe ne devrait pas tarder à sortir pour aller travailler. La porte s’ouvre, sa femme sort et se dirige vers la 206, elle démarre et quitte le lotissement.

7 heures.

Philippe n’est pas sorti et je n’ose pas bouger. Si je sors, j’ai l’impression que sa femme va revenir. Que faire ?

Samedi 14 - 8 heures du matin - Aix-en-Provence - Ça sonne...

Un Yannick ensommeillé se dirige vers la porte d’entrée, regarde dans le judas, ouvre.
“Philippe ? Mais heu...
- Salut Yannick, Corinne est là ?
- Ben non, elle est partie à Biarritz hier après-midi !
- Comment ça elle est partie à Biarritz ?
- J’sais pas, c’est ce qu’elle m’a dit.
- Tu peux me prêter ton portable s’il te plait ? J’ai perdu le mien”

Samedi 14 - 8 h 10 - Biarritz

Que faire ? Aucun signe extérieur de vie dans la maison. Tant pis, j’y vais. Au moment où j’ouvre la portière mon téléphone sonne.
“Corinne ?
- Philippe ???
- Qu’est-ce que tu fais à Biarritz ?
- T’es où ?
- A Aix...
- ...
- Tu n’as pas reçu mon courrier ? C'était mon cadeau d'anniversaire...
- J’ai reçu un CD avec une photo de toi ligoté dans un filet.
- C’est tout ?
- Ben, oui, c’est tout. J’ai pensé au pire, j’ai pris ma voiture et je suis devant chez toi.
- Il n’y avait rien d'autre sur le CD ?
- Non
- Elle m’a vu faire, c’est sûr, et comme je n'ai pas posté la lettre tout de suite elle en a changé le contenu sans que je m'en rende compte, pour te faire peur".

Quelques larmes me montent aux yeux, c’est l’inquiétude qui quitte mon corps. Et un grand soulagement me fait soudain éclater de rire lorsque je réalise le ridicule de la situation.
“On a l’air fin... C’est dingue, on a dû se croiser sur l’autoroute ! Mais, tu disais quoi dans ta lettre au fait ?
- Il y avait deux photos. L’une de moi emballé dans un filet avec une seringue qui traversait ma manche, c’est Ketty qui l’a prise, on a mis ça en scène tous les deux. Et l’autre, c’était une photo de Londres.
- Ok.. Et c’est un rébus ?
- En quelque sorte, sauf que j’avais quand même pris soin de donner la solution sur un petit mot en guise de troisième photo.
- Laisse-moi réfléchir un instant, te connaissant... On va traverser la manche et filer à l’anglaise !”

Zut, je m'aperçois que je n'ai pas mis de titre !
On pourrait appeler ça Garamond

Et je vous ai lus, mais trop sommeilleuse pour commenter, sauf que j'ai aimé la diversité des situations que ça vous a inspiré ( le bouquet, c'est Bertrand !)

À La Fenêtre

chut récréation escalier, laisse ça te passera, enfin c'est toi qui vois

Grand merci Coline, j'ai beaucoup aimé ces contraintes, et je me suis régalée sans savoir où j'allais pourtant... Jeu, set et match ! Y a rien à gagner, juste le plaisir de jouer, ça m'a fait plaisir de participer et de retrouver un peu d'inspiration.

Je vous lirai et commenterai demain, bonne nuit à tous.

merci coline !
je me suis bien amusée dans la noirceur, et j'ai peut-être détourné quelques consignes, mais pas sûr !

Je lis un peu, mais je commente demain, c'est un job !

Sitôt pris mon petit déjeûner, j’ai débarrassé la table, fait un peu de rangement, et même passé l’aspirateur.
J’ai enfilé ma robe beige et me suis installée dans le fauteuil qui fait face à la fenêtre.
Le vent s’est levé. Les branches du lilas fouettent les carreaux.
Je feuillette un magazine. J’essaye de le faire le plus négligemment du monde. Ce n’est pas si facile. Je m’applique à ne pas penser, à ne pas savoir que je sais ce que je sais.
J’entends un cliquetis sur le dallage de l’allée. Je ne lève pas la tête pas encore. J’attends. Le diling ! de la sonnette. Une fois, deux fois, trois fois. Alors sans précipitation, comme à contrecœur, je consens à me lever et me dirige lentement vers la porte d’entrée. Avant d’ouvrir je fais : Oui ? C’est pourquoi ? Elle dit : C’est moi, ouvre- moi !
J’ouvre.
Elle est trempée. Je ne m’étais même pas aperçu qu’il pleuvait.

Devine, dit-elle. Quoi ? dis-je, tu en as encore reçu une ? Elle opine et extirpe de son sac une enveloppe. La même, dit-elle en me tendant l’objet.

Je hoche la tête , je tourne et retourne l’enveloppe d’un air interloqué.
Débarrasse-toi et viens t’asseoir, dis-je.,
Elle prend place dans le canapé chinois et je m’assieds à ses côtés. C’est vraiment bizarre dis-je. J’inspecte l’adresse. Toujours la même écriture, la même encre turquoise ! Je plonge la main dans l’enveloppe : Même enveloppe à bulle et rien à l’intérieur ! C’est quand même étrange ! Et même passablement inquiétant, non ? Et c’est la quatrième si je ne m ‘abuse ? Elle fait oui de la tête, les yeux aux abois, la mine défaite.
Je dois t’avouer que je commence à avoir peur, dit-elle. Je l’entoure d’un bras amical et là, son petit menton se met à frémir. Allons bon, elle ne va pas pleurer…
Eh si ! ricane la petite voix de ma tête. Pleure, pleure,ma belle, tu pisseras ça moins.

Ecoute dis-je, je vais nous servir quelque chose.

Dans la cuisine j’attrape deux verres et la bouteille de whisky. La petite voix de ma tête a très envie de me faire chanter. Je lui dis ta gueule, pas encore, pas maintenant. Je me recompose un air imperturbable et m’en retourne au salon.

Elle a sorti son mouchoir, s’essuie le coin des yeux, renifle. Pleure, pleure, tu pisseras ça moins.

Penses-tu que je devrais en parler à la police ? dit-elle en hoquetant. Ils vont rire de moi, non ?

Là, je réprime l’envie de pouffer. Je lui tends son verre : Buvons dis-je, on réfléchira mieux après.

Bonne nuit à tous et merci de votre participation

Il fallait un titre : "Enveloppe charnelle" devrait aller.

J'attends que tout le monde ait posté pour commenter (et aussi pour encoder les exos au catalogue)

Moi ça veut pas venir
10 lignes
je vais me forcer un peu, c'est risqué, surtout pour les lecteurs :-)))

Merci pour l'exo Coline, j'ai tout lu mais ne commente pas ce soir. Je tente de trouver le temps dans la semaine.

Istanbul. C’est Noël en plein été ! Des guirlandes, des angelots, des parures de fête sur la ville.

J’ai trouvé. Un enfant perdu qui parle turc et anglais. Il n’est pas beau selon mes critères mais il me bouffe le cœur et les entrailles.
J’ai trouvé. Mes vacances ne seront pas ordinaires ni secondaires.

Je le porte sur mon dos, je l’aide en vain à retrouver sa famille.
Nous sommes poursuivis par la police qui, pour une raison qui m’échappe, veut m’en empêcher.
Nous avons faim, soif, nous sommes épuisés.
Quelqu’un crie : venez nous aider ! Je me précipite, mais un homme me repousse violemment. J’ai le temps de voir une femme nue, suspendue par les bras, morte, le corps tailladé, des hommes, le crâne fracassé par des balles, j’intègre le bruit de la fusillade.

Dans un conteneur rouillé des femmes, des hommes sont suppliciés.
La rouille a l’odeur du sang, le sang couleur de rouille. Vieillie, hors d’âge.

Des hommes en civil, hargneux, nous poursuivent et nous traquent.
La poussière, la peur gluante, puante nous emprisonnent.
Nous tentons une course effrénée, contre ou vers quoi ? Nous sommes des bêtes dont le transit est étrangement et stupidement bloqué.

Je cours vers le port. Des cavaliers hurlants transbordent des conteneurs. Le monde que je connais a disparu. Un véhicule hors d’âge s’arrête brutalement, un homme en frac me saisit et s’empare de l’enfant, nous sommes couchés sur du vieux cuir odorant et moelleux.

L’automobile roule à tombeau ouvert et pénètre sans freiner sur une allée qui a dû connaitre d’autres mœurs, d’autres habitudes.
L’homme en frac nous dirige vers deux bassins de pierre, semblables à des tombes. Sa voix suave à l’instant, devient cassante et nous demande de nous pencher et de boire l’eau des bassins.
Deux squelettes émergent avec des têtes reconnaissables, je comprends alors que nous sommes condamnés.

C’est clair, ce type veut notre peau pour une raison que j’ignore.

Pourtant l’atmosphère est paisible et agréable. Le propriétaire des lieux qui nous a kidnappés tente de nous faire boire cette eau pour nous sauver…. Mais de quoi donc ?
Nous refusons. Il nous livre à la police.
Des couloirs puants, hurlements, des hommes nus sanguinolents, des femmes torturées. Nous nous enfuyons, mais les hommes en civils nous rattrapent rapidement, tous les marchands des rues sont des indicateurs de la police d’état.

Une place immense, je suis menottée, une femme très laide se saisit du petit en se disant sa mère, l’enfant hurle, se débat, ce n’est pas elle me dit-il, mais je suis impuissante, un sac noir tombe sur ma tête, je meurs étouffée en sanglotant de frustration et de haine.

Locataires
Il retourne l’enveloppe : pas d’expéditeur. Du papier déchiré glisse un trousseau de clé puis une petite enveloppe de papier jaune qui tourbillonne et glisse devant ses pieds. Des pattes de mouches, une écriture qu’il ne reconnaît que trop bien et, en guise de conclusion, ces simples mots « c’est toi qui vois ».
Il considère un instant les deux clés de laiton au creux de sa main, les soupèse, les fait tinter, hésite puis referme le poing brusquement comme si elles allaient soudain s’envoler et lui échapper. Sa décision est prise : il attrape un sac, y enfourne pêle-mêle T-Shirt, jean et tout un tas d’objets hétéroclites avant d’enfiler son blouson et de fermer la porte, non sans avoir glissé dans sa poche les clés et l’enveloppe.
Numéro 8, 3ème gauche, le verrou claque et la résonnance annonce le vide de l’appartement. Le parquet craque. Sur la tapisserie fanée s’égrennent de petits bouquets passés noués de rubans roses pâles. Ici est restée l’ombre d’un miroir et celle d’une armoire, là celle d’un tableau suspendu à un clou, mémoires d’une autre vie inscrite à la lumière des années. Sans perdre de temps, il étale au sol le contenu du sac, inspecte la pièce et saisissant entre ses doigts un lambeau de la tapisserie arrache à grands pans les vestiges surannés de ce passé révolu. En peu de temps, les murs sont nus et il redescend l’escalier dans un galop d’enfant pour remonter un peu plus tard les bras chargés de rouleaux de papier peint. Pas le temps de refaire les enduits et puis le plâtre a l’air de bien tenir.
Des heures à couper, encoller, fixer, maroufler, araser : rien, pas même la faim ne l’interrompt dans son labeur. Le soleil est descendu en oblique et vient pour la première fois poser son empreinte sur le bleu ciel dont s’orne à présent la vaste chambre où il s’empresse de faire disparaître toutes les traces de ses travaux.
Voilà, il s’est même changé, tout est prêt, il l’attend, assis par terre au milieu de la pièce en relisant le petit mot reçu :
« Depuis le temps que tu en avais envie, je me suis décidée et tu vois, j’ai décidé de nous trouver un petit nid pour tous les deux. Je te laisse les clés pour que tu voies.
Moi qui n’aime que le bleu, ce n’est pas trop ça comme tu pourras le voir mais les papiers ça peut bien se remplacer ! On se retrouve là-bas à 6 heures ?
C’est toi qui vois… »
Depuis le temps qu’il en rêvait, qu’il l’implorait de vivre avec lui : il a encore du mal à y croire et lit et relit les quelques lignes qu’elle lui a adressées ce matin. Elle sera si surprise et si heureuse de découvrir ce qu’il a fait pour elle, cet immense ciel bleu qu’il lui a préparé pour que son bonheur soit complet.
Elle va le louer : il en sourit par avance.

A 6h10, elle n’est pas encore arrivée. A 6h15, son téléphone sonne. Un message s’affiche :
« je sui au 114 Bvd Diderot, 2è, g signé pr 1 super appt : ça le fai tro ! Px-tu rendre les clé du 1er appt à lagence au no 10 ? A tt suite, je tM ».

C'était un plaisir, MC Coline.

Je commenterai demain ou mardi.

Douce nuit à tous et toutes.

Messieurs Dames de la vigie ? J'ai oublié mon comprimé du soir. Pouvez-vous transporter ce texte sur l'Exo de Coline ? Merci pour vos bons soins.


LE vigie est à la hune
pas de souci
;-)

La Croisic, c'est plus ce que c'était ! J'ai posté dans Billevesées, mais la vigie veille !
Merci MC Coline, je regrette de n'avoir pas pu rigoler "before" avec toi et les zôtres.

t'veux bien wigoler "after"? Ü