Exo Live du dimanche 3 juin 2012 à 20h15

CORRIGE EXO 030612

SAHKTI :
On devrait jamais s’éloigner de Pégomas. Honnêtement c’est tout ce que j’ai pigé. Pour le reste j’apprécie toujours autant ton ironie douce amère (les cosmétiques Lush, le facteur très à Cheval sur les principes, etc...) bref ta petite musique à toi. Mais pour le nœud de l’histoire c’est mystère et boule de gomme…

BERTRAND-MOGENDRE :
Bon on est à mille lieues des contraintes, mais ça flotte quand même dans une douce euphorie sensuelle, avec des trouvailles coquines voire franchement olé-olé. N’insistons pas. Les enveloppes de papier bulle sont faites pour être crevées et B-M pour divaguer de la plume. C’est ainsi. Et j’aime bien le perroquet un peu facho sur les bords des rémiges.

ASEPTANS :
Ben mon vieux t’y vas pas avec le dos de la cuillère, toi. C’est plutôt la grosse louche. C’est bourré (si je puis dire) de formules-choc qui frappent juste, et ça dégouline d’une haine de bon aloi. Et le changement de point de vues rend l’affaire encore plus visqueuse Assez gore, dans le genre, mais je suis client.

ELEA :
En v’là du gore, en v’là. Vous vous êtes donnés le mot ou quoi ? Là il y a une vraie petite histoire bien sanguinolente à peine suggérée, mais qui à la 3614ème lecture dégage une angoisse à faire dresser les poils du cul. J’exagère : les batraciens n’ont pas de système pileux.

LIZZIE :
Encore une fois c’est très noir. Une tranche de vie malsaine, existences dans un tunnel, le rimmel qu’on gomme dans les toilettes, pas d’espoir et comme seule issue la maternité à l’envers. J’ai rarement vu un plaidoyer pour l’IVG aussi désespéré. Ca me rappelle le MLAC des années 70 (je le sais je défilais avec elles). Bouleversant et dérangeant.

COLINE DE :
Amusant cet échange de bons procédés. J’aime bien le chat Barbar et aussi les considérations sur le manque de conscience professionnelle des corbeaux d’aujourd’hui. C’est vrai que le métier se perd, entre les textos et les mails rédigés en style ( !) onomatopées. Aujourd’hui, quand on balance, on envoie une vidéo sur YouTube. Pas la peine de commenter. Degré zéro de l’imagination. Sacrée Coline !

PHYLISSE :
J’avoue que je suis un peu passé à côté. Cette histoire de vengeance entre familles décomposées m’a semblé un brin obscure, et la chute plutôt plate. Désolé.

JANIS :
Curieux road-movie à la sauce Sergio Leone avec une fin en queue de poisson. Mais l’histoire de cette grande femme à côté de ses santiagues qui se précipite avec son fils vers son destin à quelque chose de touchant. Et l’écriture un peu désincarnée ajoute à l’impression de malaise. Assez réussi dans l’ensemble. Y a une ambiance.

KILIS :
Y a presque rien. Juste le style, l’angoisse, et la cruauté rentrée de la narratrice dans sa très sage robe beige. Et ça le fait quand même, si j’ose dire. Du Kilis, quoi…

CROISIC :
Bon Dieu quelle vision d’Istanbul ! On se croirait plutôt au Caire Place Tahir un jour d’émeute ou encore chez l’autre grand humaniste de Damas. Ou alors chez Jérôme Bosch, et dans le genre, ça dépote. Un atroce cauchemar où je ne retrouve pas vraiment les contraintes.

DEMI-LUNE :
Ah ç’est bien la peine de se décarcasser. Elles changent d’avis plus souvent que de culotte. Amusant.

ALICEASMARTIES :
Ben dis donc, le scrabble, ça vous fait tourner le ciboulot. C’est marrant, je connais une libanaise, ici en Belgique, qui est une véritable tueuse à ce jeu. Elle est aussi poétesse, les mots, c’est son truc. En tous cas ton texte est d’une sympathique fraîcheur, rédigé avec beaucoup d’inventions et pas aussi gentillet qu’il n’y paraît. Pour un premier exo en direct (si je ne me goure pas) ça promet.

NOUGA :
Vé que ça sent la marée fraîche sur le vieux Port. On croirait entendre brailler Honorine, la marchande de poisson de la trilogie de Pagnol. Avé l’assent. Je suis preneur.

Voili-voilà j’espère n'avoir oublié personne. A la prochaine

GOBU

Je suis définitivement hors-jeu. En retard, avec un tout petit texte.

Les trois mots : Halieutique – Harponner – Filet.

Brit(ain) Milah

Quelle idée de vouloir vivre près des siens. J’ai tout quitté. Plutôt j’ai traversé la Manche. Pour fuir et pour elle ; son corps anguleux, dont je ne me lasse pas de visiter les coins et recoins ; ses yeux tout ronds tout gris ; puis par fringale d’aventures peut-être ; troquer les casiers contre le chalut, les crabes de l’estuaire contre le maquereau et le chinchard, parfois le merlu et la daurade.

Mona n’a pas été plus enthousiasmée que ça le jour où je lui ai dit que je la suivais. C’est toi qui vois, avait-elle simplement répondu.
C’était tout vu.
Pris dans ses filets.
Harponné.
Elle n’avait pas vraiment de sentiments pour moi.
Mais du désir à outrance. Souvent.
Pas besoin de plus.

Je ne la connais pas dans le fond ; le fond de ses pensées, plus inextricables qu’un trémail.
La tête fermée, les jambes ouvertes, elle reste secrète.

Quand je ne suis pas sur le bateau, je vis chez elle à Cleethorpes, avec son dogue Pointu.
Petite, elle lisait Jules Renard.
Comme le chien est paresseux, c’est généralement moi qui le matin traverse le jardin pour récupérer le courrier.
Moi absent, elle laisse le facteur garnir sa boîte à lettres.
Alors de temps en temps elle l’entend gueuler : Shit, enough is enough ! Et il dépose la paperasse sur le mur contigu.

Un samedi, j’ai trouvé dans le foutoir des annonces, publicités, et factures, une enveloppe à bulles. Une écriture pressée en labourait le papier. Celle d’un homme.

— Tiens, un gars t’a envoyé ce truc.
— Oh, merci.

Bêtement, j’ai pensé que c’était de la famille. Peut-être un ami. Puis j’ai vu son visage exsangue. Je n’ai pas posé de questions. Le chien est sorti.

Elle n’a jamais vraiment eu de sentiments pour moi.

Mona est allée dans sa chambre, je ne l’ai pas suivie. Pas cette fois.
Quand elle est revenue, elle a juste dit :

— C’est fini.
— Tu te fous de ma gueule ? You’re kidding, right ?
— No, it’s over. I’m an Ashkenazi Jew and I’ll marry. Do you understand ? We can’t continue.

Je l’ai frappée, fort. On ne cache pas des choses comme ça. Elle s’est écroulée dans le couloir. Je suis entré dans notre chambre, sa chambre. L’enveloppe était sur le lit où hier encore elle me griffait le dos. À l’intérieur, une photographie soigneusement encadrée, un homme contre sa joue ; un message, court : Forgive me. Marry me.

J’ai fait en sorte qu’il ne veuille plus l’épouser. Et je suis parti chercher d’autres halieutiques.

Sahkti : Le facteur-Sophie, Sophie-Odette, deux matchs admirablement bien retranscrits. Entre les deux femmes, je crois un instant au quarante à. Puis voilà qu’Odette emporte le set ! Peut-être n’ai-je pas assez phosphoré, mais je ne vois pas ce que pourrait être l’objet dans l’enveloppe (un objet qui joue du Sting en tout cas).

Bertrand-môgendre : Charnel, doux. Gillet pour lui, Gillette pour elle. N’ai toutefois pas tout compris, notamment ce mélange des temps.

Aseptans : Glauque. Ai particulièrement apprécié le changement de narrateur, et le tas femme.

Elea : Très bon texte, rythme, mise en scène, écriture. Avec des protagonistes qui se donnent des noms de batraciens, je ne pouvais qu’aimer. Dommage que la dame ait fini ainsi, j'avais quelques mares sympathiques à lui conseiller !

Lizzie : C’est bien vu d’aller au devant des questions que pourrait se poser le lecteur pour l’amener sur le terrain tout littéraire de la métaphore. Le début me plaît. Et le reste ? Superbe.

Coline Dé : Une vieille timbrée pour une histoire de courrier. Texte délicieux.

Phylisse : Péripétie peut-être un peu forcée, mais à Aix-en-Provence tout est possible, n’est-ce pas ? La fin m’a fait sourire.

Janis : Conquis dès le début. Puis le train, la boucle. Reconquis.

Kilis : Une enveloppe vide… Génial ! Et presque tout dans l’implicite. Belle maîtrise.

CROISIC : Et les contraintes ?

Demi-lune : Ah quelle chute ! Il ne s’est pas jeté par la fenêtre au moins ? Je prise particulièrement l'originalité avec laquelle vous avez réalisé cet exercice.

Gobu : Ambiance et vocabulaire très plaisants. Vous m'avez donné l'envie de mieux connaître Loiseau. Irai voir le catalogue.

Alice : J'aime beaucoup le ton et la phrase finale. Je m'étonne toujours de la maturité de ton écriture.

Nouga : En vous lisant, j’ai pensé à Noëlle Perna. Un texte de caractère !