Le soleil d'Adonaï
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Le soleil d'Adonaï
L'antigrav filait toutes voiles dehors, propulsé par les photons du soleil d'Adonaï. L'ombre effilée suivait l'infini moutonnement du champ dunaire. Chassé par le souffle de la carène métallique, le sable s'éparpillait en flocons pulvérulents.
Quand les Falaises Bleues apparurent au loin, ondulantes de chaleur, l'appareil ralentit progressivement sa course. Ici se blottissait la ferme de Jarek, protégée des rayons ardents par l'imposante masse minérale. Tout autour, une rangée concentrique de serres réfléchissait la lumière comme autant de miroirs.
L'antigrav se posa en douceur dans le léger sifflement des voiles rétractables. Jarek attendit que le nuage de poussière se dissipe puis il s'extirpa de l'habitacle. Il commença à sortir des sacs pesants de la soute quand une femme, drapée de vêtements amples, le rejoignit :
« Tu as fait bon voyage ?
- Pas vraiment, j'ai aperçu des Natifs au niveau du corridor de Symaris.
- Encore ?
- Oui, c'est étrange, je ne sais pas ce qui leur prend. Victor dit qu'ils se sont même approchés de sa ferme.
- Il t'a bien donné les semences ?
- Juste trois sacs. Il aurait eu des problèmes d'approvisionnement. Je l'ai trouvé bizarre.
- Comment ça bizarre ?
- Moins bavard que d'habitude, surtout il ne portait pas ses lunettes de protection.
- C'est de la folie, il va se brûler les yeux !
- Je sais, je lui ai dis. Il m'a répondu que les ultraviolets ne le gênaient plus. »
En silence, ils déchargèrent les derniers sacs. Après les avoir rangé dans l'entrepôt, Jarek se dirigea seul vers les serres.
L'éolienne battait lentement l'air surchauffé de ses immenses pales.
La respiration des plantes l'accueillit comme une bouffée moite. Il dénoua le chèche qui lui entourait la tête, posa ses lunettes et retira ses gants. La présence du végétal avait le don de l'apaiser, calmait son esprit quand il était en proie à des préoccupations. L'atmosphère humide chassait l'aridité cruelle d'Adonaï et le renvoyait aux souvenirs heureux de la planète-mère.
Jarek sentait au fond de lui que quelque chose ne tournait pas rond. Trop d'évènements inexpliqués qui s'accumulaient depuis quelques temps lui faisaient craindre le pire. Une menace pesait sur la colonisation mais personne n'était capable d'en identifier l'origine.
Il y avait d'abord ces disparitions. Plusieurs colons, hommes, femmes ou enfants s'étaient récemment volatilisés. Impossible de retrouver leurs traces malgré les recherches.
Moins grave mais révélateur d'un trouble sous-jacent, Jarek avait remarqué que les liens entre les colonies se distendaient. Disséminées à la surface d'Adonaï, elles avaient une fâcheuse tendance à se replier sur elles-mêmes, à vivre de plus en plus en autarcie. Un relâchement similaire pour les habitats isolés, les gens ne se rendant plus beaucoup visite. Sans parler des réunions du Grand Conseil en train de sombrer dans l'oubli. Ces assemblées qui réunissaient deux fois par an les représentants des colonies lui semblaient pourtant essentielles pour assurer la cohésion de la communauté. Personne ne s'inquiétait qu'elles tombassent en désuétude. Une étrange apathie paralysait les réactions.
Il y avait aussi les soudaines apparitions des Natifs et l'attitude inconsciente de Victor. La solitude, les conditions extrêmes régnant sur Adonaï pouvaient faire vaciller la raison. Ça ne pouvait être le cas de ce colon endurci, rompu à toutes les épreuves.
Pensif, Jarek arpentait les alignements de bacs, caressant sur son passage le feuillage des précieuses plantes culinaires. Arrivé au bout de la serre, il s'agenouilla près de la pompe qui puisait l'eau dans les profondeurs. Il sortit un tournevis de sa poche pour en régler le débit millimétré. Par-dessus tout, il aimait entendre le gargouillis rassurant du liquide parcourir les tuyaux d'alimentation. L'eau fossile d'Adonaï était une bénédiction qui avait permis à son peuple de s'installer.
C'est en se relevant qu'il le vit, face à lui, grand, mince, la peau doré, les yeux translucides.
Le souffle coupé, Jarek eut un mouvement de recul, serrant de toutes ses forces le tournevis. Le Natif demeurait immobile.
« Qu'est-ce que vous voulez ? Comment êtes vous entré ? »
Jarek savait que ses paroles ne servaient à rien. Le peu de chose qu'on avait appris sur les autochtones c'est qu'ils ne parlaient pas, du moins qu'ils ne s'étaient jamais adressés aux humains. Il fallait pourtant qu'il s'exprima devant cette intrusion.
« Allez vous en ! Vous n'avez rien à faire ici ! »
Le Natif ne bougeait pas, sinon un infime balancement latéral. C'était la première fois que Jarek se trouvait aussi près de ces êtres insaisissables qui avaient toujours fui les tentatives de contact. Les premiers arrivants avaient essayé de communiquer avec eux, peine perdue. Dès qu'on tentait de les approcher, ils s'évanouissaient comme par enchantement dans les sables brûlants du désert. Davantage préoccupés à assurer leur survie, les colons finirent par s'en désintéresser complètement, jusqu'à ces derniers temps où l'on rapportait de tous côtés leur présence.
Celui-ci ne montrait aucune animosité mais Jarek demeurait sur ses gardes. Il était frappé de la ressemblance avec le genre humain. Seules la taille, la couleur des téguments et la forme des yeux les différenciaient. Des yeux d'un éclat intense qui fascinaient Jarek, qui lui renvoyaient un sentiment indéfinissable.
« Mais enfin que voulez-vous ? Je ne peux pas deviner si vous ne parlez pas ! »
Le bourdonnement de la ventilation comblait un silence oppressant. Tout à coup le balancement du Natif s'accentua, prit de l'ampleur. Il se mit curieusement à onduler, le corps entier parcouru d'une série de frémissements. Ce mouvement étonnant le fit s'éloigner doucement, à reculons, et il disparut bientôt parmi l'épais feuillage des plantations.
Bouche bée, Jarek resta pétrifié. Reprenant brusquement ses esprits il se rua vers l'extérieur.
« Myriam ! Myriam ! »
La clarté aveuglante du soleil le stoppa en plein élan, l'obligeant à protéger son regard de la main. Il reprit sa course vers la ferme en appelant à pleins poumons. De loin il vit avec terreur les fenêtres de l'habitation grandes ouvertes. Il devait être arrivé quelque chose pour que Myriam laisse ainsi s'engouffrer la canicule.
« Myriam !!!
- Je suis là. »
Jarek s'arrêta net. Assise sur la margelle du puit, elle le regardait en souriant.
« Pourquoi cries-tu comme ça ?
- Mais … mais Myriam, ton équipement, tu n'as pas ton équipement ! »
Le vent agitait mollement sa belle chevelure qu'elle ramena en arrière de ses mains fines et bronzées. Elle regardait Jarek d'un visage lumineux.
« Toi non plus. »
Il s'aperçut en effet qu'il avait oublié sa tenue dans l'urgence. Étonnamment la morsure du soleil ne lui semblait pas insupportable.
« Il y avait un Natif dans la serre ! C'est incroyable, ils se mettent à pénétrer nos lieux de vie.
- Il t'a agressé ?
- Non, il était là, il me regardait, c'est tout. Puis il est parti comme un courant d'air.
- Les Natifs ne sont pas méchants.
- Qu'en sais-tu ?
- Je le devine. »
Le comportement de Myriam intrigua Jarek. Il émanait d'elle un calme surprenant, en totale contradiction avec les évènements. Et puis … et puis il la trouvait si jolie, si attirante à la lumière du jour, délivrée de l'encombrante tenue de protection. Troublé, il reprit d'une voix forte :
« Ne restons pas là, c'est dangereux. Nous sommes restés trop longtemps exposés au rayonnement. Au fait, les fenêtres sont grandes ouvertes.
- Oui, je sais. La climatisation me donnait froid. »
Jarek se figea, interloqué.
« Enfin Myriam, depuis quand as-tu froid dans la maison ? Et puis il suffisait de baisser la climatisation, pas d'ouvrir tout en grand. La chaleur est entrée maintenant ! »
Elle ne répondit pas, baissa la tête et lui attrapa la main. Ils regagnèrent ainsi la ferme que l'ombre grandissante de la falaise commençait à envelopper. Le soleil entamait sa progression vers l'autre face d'Adonaï. Privés d'énergie, les panneaux solaires ralentirent leur rotation puis s'immobilisèrent. L'obscurité recouvrait des paysages austères façonnés par une aridité implacable.
Dégagés de la chape de plomb torride, les colons avaient l'habitude de s'accorder quelques libertés. C'est dans une fraîcheur retrouvée que les occupants des fermes environnantes se rencontraient. Dans la joie et la bonne humeur, les discussions allaient bon train jusqu'à tard dans la nuit. Jarek se souvenait avec nostalgie de cette période insouciante où les antigravs encombraient la cour de sa ferme. Mais depuis peu, plus personne ne sortait de chez soi, hormis par stricte nécessité.
Assis devant son poste de télécommunication, il ne se décidait pas à l'allumer. Il avait pourtant beaucoup de choses à dire, d'inquiétudes à partager. Qu'est-ce qui se passait chez les autres, les Natifs y faisaient-ils aussi des incursions ? De nouvelles disparitions avaient-elles été signalé ? Il fallait qu'il sache.
Avec conviction il tourna le bouton et s'empara du micro. Dès que le grésillement électronique emplit la pièce, une sensation inexplicable l'envahit ; une lassitude, un renoncement, l'envie irrépressible de se taire. Son doigt hésita puis interrompit définitivement la fréquence.
Myriam posa doucement sa main sur son épaule.
« Tu ne proposes pas aux Simoni de passer ?
- Ça fait des semaines qu'on ne les a pas vu.
- Justement, il faut bien que quelqu'un fasse le premier pas. Je dis ça pour toi, tu as l'air angoissé. Moi je me satisfais très bien de la solitude.
- C'est ça le problème Myriam. Tu ne te rends pas compte, ce n'est pas normal, pas normal du tout ! Pourquoi on ne se voit plus comme auparavant ? Pourquoi les relations se coupent entre les gens ? Mais bon sang qu'est-ce qu'il se passe sur cette foutue planète ?!
- Les comportements changent Jarek, je crois qu'il faut s'adapter. »
Elle s'éloigna, le laissant prostré sur la chaise, la tête dans les mains, l'esprit confus. Ses pensées s'entrechoquaient, s'effilochaient dans le labyrinthe de son cerveau. Il avait du mal à faire des associations et à en tirer des déductions logiques. Les phrases s'ébauchaient, laborieuses, puis éclataient comme des bulles de savon. Tout son raisonnement semblait paralysé, engourdi d'une étrange torpeur. La fatigue ou l'émotion devaient l'avoir sérieusement atteint. Il partit se coucher d'un pas lourd.
Une lueur inhabituelle le réveilla en pleine nuit. Contrairement à son habitude, Myriam n'avait pas abaissé les stores et la clarté nocturne pénétrait la chambre.
Les yeux mis-clos, il se leva sans faire de bruit et se dirigea à tâtons vers la cuisine. Il se servit un verre d'eau. Myriam est vraiment étourdie en ce moment pensa-t-il, c'est bien la première fois qu'elle oublie de descendre les stores.
Au moment où il s'apprêtait à le faire à sa place, une ombre dehors attira son attention. Intrigué, il s'approcha de la fenêtre pour mieux voir. La montée d'adrénaline fut tellement brusque qu'il en échappa son verre. Un Natif ! Il se plaqua contre le mur, la respiration haletante. « C'est pas vrai, le revoilà ! » Il tenta de se calmer, de prendre une décision, vite. En caleçon, il s'engouffra dans les couloirs à quatre pattes pour ne pas être repéré, ouvrit la porte de l'atelier avec mille précautions et s'empara de son laser. Les sens en éveil, le cœur battant à tout rompre, il sortit par l'issue de derrière.
La nuit était douce. La luminosité rougeâtre d'Ashquelon, la grande nébuleuse, baignait délicatement les formes d'Adonaï. Les Falaises Bleues ressemblaient à des orgues gigantesques prêts à lancer une partition en l'honneur de la voûte étoilée, scintillante, traversée de météorites fugitives. Le chant plaintif des lézards du désert se mêlait à cette ascension unanime vers l'espace.
Dissimulé par le pylône de l'éolienne, Jarek se sentit défaillir. Ce n'était pas un Natif qui rôdait, mais deux, trois, quatre … tout un groupe ! Ils déambulaient silencieusement entre les bâtiments, de cette façon si particulière qui donnait l'impression qu'ils ne marchaient pas mais glissaient sur le sable.
Leurs déplacements les faisaient parfois se rencontrer. Alors ils s'arrêtaient, une brève phosphorescence illuminait leurs corps puis, impassibles, ils reprenaient leur chemin. On eut dit un ballet exécuté au ralenti sous la lueur des astres, empreint de grâce et de mystère.
Jarek tripotait nerveusement son laser, incapable de prendre une décision. Les mots de Myriam lui revinrent en mémoire : « Les Natifs ne sont pas méchants ». Peut-être, mais alors qu'est-ce qu'ils fichaient là ? Ils n'avaient pas à franchir les limites de sa propriété.
Il songea à envoyer une décharge au dessus d'eux, pour leur faire peur, mais il appréhendait leur réaction. Ces créatures, dont on ne savait rien, ne risquaient-elles pas de se montrer hostiles si on les effrayait ? Elles étaient tellement nombreuses ...
Il décida d'attendre, de ne tirer que si un Natif essayait de s'introduire dans la maison.
En changeant de position pour mieux les surveiller, la crosse du laser heurta par mégarde le pylône en fer. Le choc résonna comme un gong, déchirant le silence et stoppant net les Natifs. Jarek blêmit. Tous s'étaient retournés vers lui ! Ils entamaient maintenant une progression commune vers sa position. Un cauchemar. Il voulut fuir mais ses jambes ne lui obéissaient plus, tétanisées, dans l'impossibilité d'exécuter un seul geste. C'était comme si sa volonté l'abandonnait devant l'avancée inexorable de ces êtres longilignes. À leur tour ses mains le trahirent et il en échappa son arme. Malgré tous ses efforts pour mobiliser ses muscles il tomba à genoux, le menton sur la poitrine, conscient mais totalement paralysé.
Les Natifs étaient parvenus autour de lui, formant un cercle mouvant de plus en plus rapproché. Effondré Jarek ferma les yeux, attendant le coup de grâce.
Mais à la place de coups, ce fut des attouchements qu'il ressentit, à peine perceptibles. Sur le visage, les bras, le torse, des effleurements lui indiquaient que les Natifs passaient leurs doigts sur son corps, l'impression d'être caressé par des pétales. Une sensation indescriptible le submergea et des images se mirent à affluer en masse dans son esprit.
Il voit le souffle de la Matrice répandre sa lumière bénéfique sur le peuple des confins dans l'osmose des milles et unes sources …
Il voit le vent surgissant des limites balayer les étendues poudreuses où naissent les rumeurs du crépuscule …
Il voit les éléments …
Il voit le vivant partager la poussière, le sable, l'éclat du rocher à l'unisson des nombres vitaux …
Il voit les palpitations de l'ombre …
Il voit ses frères, ses frères, lui et ses frères, ses frères, ses frères et lui ...
Il voit le chant de la Matrice célébrer l'éternité du monde, la valse des quatre forces dans les yeux clairs de ses enfants…
Il voit …
Il voit un morceau de fer descendre du ciel , des choses animées qui en sortent …
Il voit la Matrice se couvrir de formes inconnues …
Il ne comprend pas.
« Jarek ! Jarek ! » Une voix lointaine. Un halo aveuglant puis un visage. Le doux visage de Myriam. « Jarek réveille-toi, je t'en prie ! » Péniblement, il rassembla des pensées éparses.
« Où … où suis-je ? »
Myriam se jeta sur lui, l'enlaça avec fougue, les joues baignées de larmes.
« Dieu soit loué, tu es revenu à toi ! Oh Jarek, j'ai eu si peur, si peur !
- Que s'est-il passé ?
- Je t'ai retrouvé ce matin, évanoui dans le sable. Je n'arrivais pas à te réveiller. J'ai voulu appeler de l'aide par radio, personne n'a répondu.
- Personne n'a répondu ?
- Non, les Simoni, les Melnic, Victor, aucun n'a répondu. J'ai tenté le poste de secours de Givatayim, rien non plus.
Il resta quelques minutes hébété, un épais brouillard dans la tête. Par bribes, les évènements de la nuit lui revinrent en mémoire. Les Natifs ne l'avaient pas tué. Ils ne voulaient pas la mort des humains, c'était maintenant une certitude.
« Jarek, qu'est-ce que tu faisais dehors avec ton laser ?
- Les Natifs, cette nuit, il y en avait partout ! J'ai voulu les faire fuir.
- Ce sont eux qui t'ont assommé ?
- Assommé, non. Tu avais raison, ils ne nous veulent pas de mal. En fait je crois qu'ils essaient de mieux nous connaître. »
Il se redressa, chancelant :
« Il faut absolument avertir les autres ! Nous sommes restés trop longtemps passifs. On ne peut plus continuer comme ça. »
Ils rejoignirent la maison et, fébrile, Jarek s'enferma dans le local radio, essayant toutes les fréquences possibles, multipliant les appels aux quatre coins de la planète. Il monta sur le toit, vérifia l'antenne plusieurs fois et recommença ses tentatives. Sans succès. Adonaï demeurait désespérément muette. Que ce soit les fermes isolées ou les colonies, plus personne ne donnait signe de vie.
Ses pressentiments se confirmaient, quelque chose d'anormal était en train de se produire, de s'accélérer, et a priori tous les foyers de peuplement étaient touchés. Il fallait qu'il aille se rendre compte par lui-même. Décidé, il annonça à Myriam son départ imminent :
« Je dois comprendre pourquoi personne ne répond. Ce ne sont peut-être que des perturbations électro-magnétiques. Je vais à Givatayim résoudre ce problème et demander une convocation du Grand Conseil. Il faut prendre des décisions au sujet des Natifs, nous n'avons que trop tardé. Il y a peut être un lien avec les disparitions ».
Le soleil était déjà haut dans le ciel, dardant ses rayons cruels sur l'immensité nue. L'antigrav étincelait de mille reflets tel un oiseau métallique aux ailes repliées. Revêtu de la combinaison en vigueur, Jarek grimpa dans l'engin. La mise en fonction des batteries provoqua le déploiement progressif des voiles photoniques. Juste au moment où il s'apprêtait à déclencher l'impulsion verticale, il vit Myriam sortir en courant de la ferme, agitant vigoureusement les bras. Il ouvrit le cockpit :
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tes lunettes, tu as oublié tes lunettes de protection !
- Mes … ah oui, mes lunettes ! Merci, je ne m'en étais pas aperçu.
- Reviens vite.
- Promis, je t'embrasse. »
Gorgé d'énergie, l'antigrav s'éleva dans l'azur, pivota vers l'horizon puis fila comme un trait d'argent. Des lames de feu tombaient du firmament.
Le désert défilait avec une monotonie obsédante. Seules de graciles colonnes de verre venaient rompre par endroit ce paysage désolé. Des millénaires de fournaise avaient fini par vitrifier des monticules de sable, sculptés par les caprices du vent en de fragiles pilastres minéraux. À la tombée du jour, l'amplitude thermique les faisait parfois s'éclater, remplissant alors les nuits d'Adonaï de multiples échos de cristal.
D'ordinaire charmé par ces agglomérats transparents, Jarek n'y prenait garde, plongé dans d'incessantes ruminations. Des images se bousculaient avec violence dans son esprit. L'épisode de la nuit revenait avec insistance, chargé d'interrogations, puis s'évanouissait comme une poignée de sable impossible à retenir.
Une ligne d'éoliennes qu'il distingua au loin l'extirpa de ses pensées. Il reconnaissait l'exploitation de la famille Simoni, la plus proche de son domicile, où l'envie lui prit de se poser. Peut-être avaient-ils des renseignements à lui apporter.
Il descendit par paliers pour se poser devant l'habitation principale, tout près du véhicule familial. La porte était grande ouverte mais personne ne sortit pour l'accueillir. Il pénétra à l'intérieur en s'annonçant :
« Abel, c'est Jarek ! Abel !! »
Dans la cuisine le couvert était dressé, les aliments intacts. Les occupants de la maison semblaient être sortis depuis peu. Il parcourut chaque pièce, enjambant avec précaution les jouets des enfants, sans trouver âme qui vive.
Il se dirigea alors vers les bâtiments agricoles. Dès qu'il vit les ouvertures béantes des serres, son inquiétude grandit. Laisser l'atmosphère torride s'immiscer dans ces lieux humides signifiait à coup sûr la destruction rapide des cultures. Un spectacle de désolation confirma ses craintes. Flétries, desséchées, les plantes pendaient lamentablement dans leurs bacs. Les rigoles d'alimentation charriaient un filet d'eau sale encombré de déchets. Dans chaque serre, Jarek rencontra les mêmes dégâts, les mêmes dommages irréversibles qui lui étreignirent le cœur. Qu'était-il donc arrivé pour que les Simoni délaissent ainsi un outil indispensable de subsistance ? La présence de leur antigrav prouvait pourtant qu'ils n'avaient pas quitté les lieux. Il revint devant la ferme et les mains en porte-voix se mit à crier : « Abel ! Deborah ! Où êtes-vous ? »
Il n'eut pour réponse qu'une bourrasque qui souleva un tourbillon de sable fin. Il se prit alors à espérer que, pour une raison ou une autre, la famille avait rejoint Givatayim par des moyens de locomotion extérieurs.
Angoissé par ce silence de mort, il regagna précipitamment son antigrav. Au moment où il se glissa dans l'habitacle, il crût apercevoir la forme évanescente d'un Natif s'éclipser derrière un mur. Il attendit un peu, perplexe, mais comme rien ne bougeait plus il décolla.
Crispé sur les manettes, il força l'allure de son appareil. L'atmosphère était troublée par des ondes de chaleur qui s'élevaient du sol. Le jour devenait une vaste incandescence.
Au bout d'une heure de vol, il parvint à Givatayim, la plus importante colonie de ce secteur d'Adonaï. Vu du ciel on distinguait clairement son harmonieuse structure géométrique. Un ingénieux système d'irrigation avait permis l'éclosion d'une vaste palmeraie, protégeant des champs de céréales sélectionnés pour leur résistance aux températures élevées. Des hectares de serres recouvraient les environs, abritant fruits et légumes les plus variés. Toute la capacité d'adaptation du génie humain s'exprimait ici, oasis imprévisible dans un monde hostile.
D'emblée Jarek remarqua des anomalies. Givatayim était normalement une fourmilière débordante d'activité abritant une population conséquente. Or il ne voyait aucun antigrav en suspension, aucun mouvement d'aéroglisseur au sol, nulle manifestation d'êtres vivants. Les passages qu'il fit à basse altitude confirmèrent ses craintes. À l'instar de la ferme des Simoni, Givatayim semblait totalement désertée par ses habitants. Une irrépressible détresse l'envahit, ses yeux s'embuèrent de larmes : « Ce n'est pas possible. Pas possible. Mon dieu que s'est-il passé !? ».
Il tourna encore et encore, au-dessus des allées silencieuses, des habitations vides, des zones de cultures abandonnées. En périphérie de la colonie, les avancées du sable avaient déjà commencé à submerger les palissades.
En désespoir de cause, il se posa sur le toit en terrasse d'un imposant bâtiment blanchi à la chaux. Auparavant se déroulait ici les réunions du Grand Conseil. Il espérait y trouver des indices, quelque chose qui l'aiderait à comprendre.
Ses pas qui descendirent l'escalier résonnèrent, lugubres, comme des échos de sa solitude. Parvenu dans la salle du Conseil, les fauteuils proprement alignés devant l'estrade lui rappelèrent une foule de souvenirs. Il se remémora les assemblées houleuses des premiers temps, quand les colons étaient partagés sur le devenir de la communauté. Certains arguaient que les conditions extrêmes régnant sur Adonaï ne pouvaient permettre une implantation durable, qu'il fallait repartir. D'autres, plus optimistes, mettaient en avant les inépuisables quantités d'eau souterraine autorisant la pérennité d'une installation. Le débat fut tranché quand il s'avéra que le combustible nucléaire d'Haskala, irrémédiablement dégradé, ne permettait plus sa remise en fonction. Les colons étaient définitivement bloqués sur cette planète torturée.
Il ôta son équipement pour lire de vieux compte-rendus qui s'espaçaient progressivement dans le temps. Il savait que les réunions s'étaient distendues avant ces évènements. À l'époque tout allait bien, personne n'avait pris garde à ce coupable relâchement. De toute évidence c'était un signe annonciateur, l'annonce d'un engourdissement des esprits.
Il ne trouva pas de documents susceptibles d'expliquer la brutale disparition de ses pairs. Complètement désemparé, il se rua dans les rues de Givatayim, criant, hurlant dans le fol espoir d'attirer quelqu'un. Seuls le souffle lancinant du vent, le claquement des tôles dilatées par la chaleur lui répondirent.
Il songea un moment à une épidémie fulgurante mais l'absence de cadavres, le cimetière qui ne montrait pas d'enterrements massifs infirma cette hypothèse. Pour une raison incompréhensible l'ensemble des habitants s'était évaporé.
Subitement il se mit à penser à Myriam et la crainte le saisit. La gravité de la situation ne permettait pas qu'il la laisse plus longtemps isolée.
Sans plus attendre il rejoignit l'antigrav qui laissa bientôt derrière lui le fantôme d'une colonie naguère florissante.
Malgré son désir de rejoindre au plus vite Myriam, un besoin impérieux le poussa à modifier sensiblement sa trajectoire pour piquer vers l'Haskala. Une décision qui faisait écho à des images obsédantes : « Il voit un morceau de fer descendre du ciel, des choses animées qui en sortent ».
Il y avait si longtemps. C'était un enfant quand il foula la première fois la surface d'Adonaï, serrant les mains émues de ses parents. La passerelle déversait à flot continu des gens remplis d'appréhension mais aussi d'espoir après des années d'errance dans l'espace. Ils espéraient trouver ici un havre de paix.
En dépit de conditions particulièrement difficiles, les émigrants avaient réussi à créer une société viable. Oui, ils étaient devenus heureux … jusqu'à maintenant.
La navette spatiale gisait sur le flanc, à moitié ensablée. Jamais les colons n'étaient parvenus à réamorcer la fission nucléaire, anéantissant toute échappatoire.
Jarek fixait ce mastodonte d'acier comme s'il espérait y trouver des réponses. Le soleil ruisselait sur son visage, ses mains, les parties découvertes de son corps qu'ils ne prenaient plus la peine de protéger. Le cours de sa pensée redevenait confus, fragmenté, encombré d'incohérences. L'anxiété qui le tenaillait depuis des semaines avait maintenant laissé place à un curieux détachement, une sorte de renoncement à comprendre l'inconcevable. Il lui semblait voir les choses à travers une gamme d'émotions qu'il n'avait encore jamais ressenties. Rien n'était plus clair.
Le malaise s'amplifia quand, après s'être arraché de la contemplation d'Haskala, il reprit les commandes de l'antigrav. Il dut se concentrer quelques instants avant de retrouver ses automatismes de pilote. Le décollage fut laborieux, mal assuré, à tel point que l'appareil tangua dangereusement. Saisit de torpeur, Jarek sentait qu'il perdait irrémédiablement le contrôle de soi. L'écheveau de son être se dévidait à la vitesse d'une bobine dont on tirerait le fil. C'est toute son identité qui se morcelait en une mosaïque de fragments carbonisés par les radiations solaires.
Soleil, poussière ...
Ombre et lumière ...
Il était trop tard pour l'éviter quand la dune de sable obscurcit soudainement son champ de vision. Le choc fut violent, brisant l'antigrav en deux et propulsant Jarek dans les airs. Le sol meuble amortit sa chute mais il demeura inanimé, les bras en croix, offrant son corps meurtri à l'astre impitoyable. Dans les limbes de son inconscience une voix lui parlait.
Quand il reprit connaissance, la nuit commençait à tomber. Étonnamment il n'éprouvait aucune douleur, à vrai dire il se sentait bien, merveilleusement bien. Il se redressa, constata que sa veste était en lambeaux et la jeta à terre. Sans accorder un regard aux débris de l'appareil, il reprit à pieds sa progression vers les Falaises Bleues. Une seule idée occupait son esprit : Myriam.
Délivrées des affres du jour, les créatures du désert lancèrent leur mélopée du crépuscule. Un vent tiède caressait le corps de Jarek qui se laissait porter au gré du relief ondulé. Il aperçut plusieurs Natifs arpentant également les dunes, silhouettes effilées ne prêtant aucune attention à sa présence.
La masse sombre des falaises lui confirma la fin de son trajet. Un voile laiteux baignait des structures cubiques qu'il reconnut comme étant l'endroit où il retrouverait Myriam. Quelque chose de familier tournait en haut d'une forme rectiligne mais il ne se souvint plus du nom.
Il n'eut pas à la chercher longtemps. Légère, Myriam allait et venait parmi ces étranges constructions. Elle devina son arrivée et glissa lentement vers lui. Une joie immense envahit Jarek, remplissant tout son être de multiples vibrations. Sous la lueur diaphane des étoiles, leurs longs doigts fins s'emmêlèrent :
« Tu vois, il ne fallait pas s'inquiéter. La Matrice veille sur nous.
- Oui, j'ai entendu son appel. Laisse moi te regarder, tu es si belle. »
Elle lui sourit illuminée d'une douce phosphorescence, plongeant ses yeux translucides dans les siens.
Quand les Falaises Bleues apparurent au loin, ondulantes de chaleur, l'appareil ralentit progressivement sa course. Ici se blottissait la ferme de Jarek, protégée des rayons ardents par l'imposante masse minérale. Tout autour, une rangée concentrique de serres réfléchissait la lumière comme autant de miroirs.
L'antigrav se posa en douceur dans le léger sifflement des voiles rétractables. Jarek attendit que le nuage de poussière se dissipe puis il s'extirpa de l'habitacle. Il commença à sortir des sacs pesants de la soute quand une femme, drapée de vêtements amples, le rejoignit :
« Tu as fait bon voyage ?
- Pas vraiment, j'ai aperçu des Natifs au niveau du corridor de Symaris.
- Encore ?
- Oui, c'est étrange, je ne sais pas ce qui leur prend. Victor dit qu'ils se sont même approchés de sa ferme.
- Il t'a bien donné les semences ?
- Juste trois sacs. Il aurait eu des problèmes d'approvisionnement. Je l'ai trouvé bizarre.
- Comment ça bizarre ?
- Moins bavard que d'habitude, surtout il ne portait pas ses lunettes de protection.
- C'est de la folie, il va se brûler les yeux !
- Je sais, je lui ai dis. Il m'a répondu que les ultraviolets ne le gênaient plus. »
En silence, ils déchargèrent les derniers sacs. Après les avoir rangé dans l'entrepôt, Jarek se dirigea seul vers les serres.
L'éolienne battait lentement l'air surchauffé de ses immenses pales.
La respiration des plantes l'accueillit comme une bouffée moite. Il dénoua le chèche qui lui entourait la tête, posa ses lunettes et retira ses gants. La présence du végétal avait le don de l'apaiser, calmait son esprit quand il était en proie à des préoccupations. L'atmosphère humide chassait l'aridité cruelle d'Adonaï et le renvoyait aux souvenirs heureux de la planète-mère.
Jarek sentait au fond de lui que quelque chose ne tournait pas rond. Trop d'évènements inexpliqués qui s'accumulaient depuis quelques temps lui faisaient craindre le pire. Une menace pesait sur la colonisation mais personne n'était capable d'en identifier l'origine.
Il y avait d'abord ces disparitions. Plusieurs colons, hommes, femmes ou enfants s'étaient récemment volatilisés. Impossible de retrouver leurs traces malgré les recherches.
Moins grave mais révélateur d'un trouble sous-jacent, Jarek avait remarqué que les liens entre les colonies se distendaient. Disséminées à la surface d'Adonaï, elles avaient une fâcheuse tendance à se replier sur elles-mêmes, à vivre de plus en plus en autarcie. Un relâchement similaire pour les habitats isolés, les gens ne se rendant plus beaucoup visite. Sans parler des réunions du Grand Conseil en train de sombrer dans l'oubli. Ces assemblées qui réunissaient deux fois par an les représentants des colonies lui semblaient pourtant essentielles pour assurer la cohésion de la communauté. Personne ne s'inquiétait qu'elles tombassent en désuétude. Une étrange apathie paralysait les réactions.
Il y avait aussi les soudaines apparitions des Natifs et l'attitude inconsciente de Victor. La solitude, les conditions extrêmes régnant sur Adonaï pouvaient faire vaciller la raison. Ça ne pouvait être le cas de ce colon endurci, rompu à toutes les épreuves.
Pensif, Jarek arpentait les alignements de bacs, caressant sur son passage le feuillage des précieuses plantes culinaires. Arrivé au bout de la serre, il s'agenouilla près de la pompe qui puisait l'eau dans les profondeurs. Il sortit un tournevis de sa poche pour en régler le débit millimétré. Par-dessus tout, il aimait entendre le gargouillis rassurant du liquide parcourir les tuyaux d'alimentation. L'eau fossile d'Adonaï était une bénédiction qui avait permis à son peuple de s'installer.
C'est en se relevant qu'il le vit, face à lui, grand, mince, la peau doré, les yeux translucides.
Le souffle coupé, Jarek eut un mouvement de recul, serrant de toutes ses forces le tournevis. Le Natif demeurait immobile.
« Qu'est-ce que vous voulez ? Comment êtes vous entré ? »
Jarek savait que ses paroles ne servaient à rien. Le peu de chose qu'on avait appris sur les autochtones c'est qu'ils ne parlaient pas, du moins qu'ils ne s'étaient jamais adressés aux humains. Il fallait pourtant qu'il s'exprima devant cette intrusion.
« Allez vous en ! Vous n'avez rien à faire ici ! »
Le Natif ne bougeait pas, sinon un infime balancement latéral. C'était la première fois que Jarek se trouvait aussi près de ces êtres insaisissables qui avaient toujours fui les tentatives de contact. Les premiers arrivants avaient essayé de communiquer avec eux, peine perdue. Dès qu'on tentait de les approcher, ils s'évanouissaient comme par enchantement dans les sables brûlants du désert. Davantage préoccupés à assurer leur survie, les colons finirent par s'en désintéresser complètement, jusqu'à ces derniers temps où l'on rapportait de tous côtés leur présence.
Celui-ci ne montrait aucune animosité mais Jarek demeurait sur ses gardes. Il était frappé de la ressemblance avec le genre humain. Seules la taille, la couleur des téguments et la forme des yeux les différenciaient. Des yeux d'un éclat intense qui fascinaient Jarek, qui lui renvoyaient un sentiment indéfinissable.
« Mais enfin que voulez-vous ? Je ne peux pas deviner si vous ne parlez pas ! »
Le bourdonnement de la ventilation comblait un silence oppressant. Tout à coup le balancement du Natif s'accentua, prit de l'ampleur. Il se mit curieusement à onduler, le corps entier parcouru d'une série de frémissements. Ce mouvement étonnant le fit s'éloigner doucement, à reculons, et il disparut bientôt parmi l'épais feuillage des plantations.
Bouche bée, Jarek resta pétrifié. Reprenant brusquement ses esprits il se rua vers l'extérieur.
« Myriam ! Myriam ! »
La clarté aveuglante du soleil le stoppa en plein élan, l'obligeant à protéger son regard de la main. Il reprit sa course vers la ferme en appelant à pleins poumons. De loin il vit avec terreur les fenêtres de l'habitation grandes ouvertes. Il devait être arrivé quelque chose pour que Myriam laisse ainsi s'engouffrer la canicule.
« Myriam !!!
- Je suis là. »
Jarek s'arrêta net. Assise sur la margelle du puit, elle le regardait en souriant.
« Pourquoi cries-tu comme ça ?
- Mais … mais Myriam, ton équipement, tu n'as pas ton équipement ! »
Le vent agitait mollement sa belle chevelure qu'elle ramena en arrière de ses mains fines et bronzées. Elle regardait Jarek d'un visage lumineux.
« Toi non plus. »
Il s'aperçut en effet qu'il avait oublié sa tenue dans l'urgence. Étonnamment la morsure du soleil ne lui semblait pas insupportable.
« Il y avait un Natif dans la serre ! C'est incroyable, ils se mettent à pénétrer nos lieux de vie.
- Il t'a agressé ?
- Non, il était là, il me regardait, c'est tout. Puis il est parti comme un courant d'air.
- Les Natifs ne sont pas méchants.
- Qu'en sais-tu ?
- Je le devine. »
Le comportement de Myriam intrigua Jarek. Il émanait d'elle un calme surprenant, en totale contradiction avec les évènements. Et puis … et puis il la trouvait si jolie, si attirante à la lumière du jour, délivrée de l'encombrante tenue de protection. Troublé, il reprit d'une voix forte :
« Ne restons pas là, c'est dangereux. Nous sommes restés trop longtemps exposés au rayonnement. Au fait, les fenêtres sont grandes ouvertes.
- Oui, je sais. La climatisation me donnait froid. »
Jarek se figea, interloqué.
« Enfin Myriam, depuis quand as-tu froid dans la maison ? Et puis il suffisait de baisser la climatisation, pas d'ouvrir tout en grand. La chaleur est entrée maintenant ! »
Elle ne répondit pas, baissa la tête et lui attrapa la main. Ils regagnèrent ainsi la ferme que l'ombre grandissante de la falaise commençait à envelopper. Le soleil entamait sa progression vers l'autre face d'Adonaï. Privés d'énergie, les panneaux solaires ralentirent leur rotation puis s'immobilisèrent. L'obscurité recouvrait des paysages austères façonnés par une aridité implacable.
Dégagés de la chape de plomb torride, les colons avaient l'habitude de s'accorder quelques libertés. C'est dans une fraîcheur retrouvée que les occupants des fermes environnantes se rencontraient. Dans la joie et la bonne humeur, les discussions allaient bon train jusqu'à tard dans la nuit. Jarek se souvenait avec nostalgie de cette période insouciante où les antigravs encombraient la cour de sa ferme. Mais depuis peu, plus personne ne sortait de chez soi, hormis par stricte nécessité.
Assis devant son poste de télécommunication, il ne se décidait pas à l'allumer. Il avait pourtant beaucoup de choses à dire, d'inquiétudes à partager. Qu'est-ce qui se passait chez les autres, les Natifs y faisaient-ils aussi des incursions ? De nouvelles disparitions avaient-elles été signalé ? Il fallait qu'il sache.
Avec conviction il tourna le bouton et s'empara du micro. Dès que le grésillement électronique emplit la pièce, une sensation inexplicable l'envahit ; une lassitude, un renoncement, l'envie irrépressible de se taire. Son doigt hésita puis interrompit définitivement la fréquence.
Myriam posa doucement sa main sur son épaule.
« Tu ne proposes pas aux Simoni de passer ?
- Ça fait des semaines qu'on ne les a pas vu.
- Justement, il faut bien que quelqu'un fasse le premier pas. Je dis ça pour toi, tu as l'air angoissé. Moi je me satisfais très bien de la solitude.
- C'est ça le problème Myriam. Tu ne te rends pas compte, ce n'est pas normal, pas normal du tout ! Pourquoi on ne se voit plus comme auparavant ? Pourquoi les relations se coupent entre les gens ? Mais bon sang qu'est-ce qu'il se passe sur cette foutue planète ?!
- Les comportements changent Jarek, je crois qu'il faut s'adapter. »
Elle s'éloigna, le laissant prostré sur la chaise, la tête dans les mains, l'esprit confus. Ses pensées s'entrechoquaient, s'effilochaient dans le labyrinthe de son cerveau. Il avait du mal à faire des associations et à en tirer des déductions logiques. Les phrases s'ébauchaient, laborieuses, puis éclataient comme des bulles de savon. Tout son raisonnement semblait paralysé, engourdi d'une étrange torpeur. La fatigue ou l'émotion devaient l'avoir sérieusement atteint. Il partit se coucher d'un pas lourd.
* * * * * *
Une lueur inhabituelle le réveilla en pleine nuit. Contrairement à son habitude, Myriam n'avait pas abaissé les stores et la clarté nocturne pénétrait la chambre.
Les yeux mis-clos, il se leva sans faire de bruit et se dirigea à tâtons vers la cuisine. Il se servit un verre d'eau. Myriam est vraiment étourdie en ce moment pensa-t-il, c'est bien la première fois qu'elle oublie de descendre les stores.
Au moment où il s'apprêtait à le faire à sa place, une ombre dehors attira son attention. Intrigué, il s'approcha de la fenêtre pour mieux voir. La montée d'adrénaline fut tellement brusque qu'il en échappa son verre. Un Natif ! Il se plaqua contre le mur, la respiration haletante. « C'est pas vrai, le revoilà ! » Il tenta de se calmer, de prendre une décision, vite. En caleçon, il s'engouffra dans les couloirs à quatre pattes pour ne pas être repéré, ouvrit la porte de l'atelier avec mille précautions et s'empara de son laser. Les sens en éveil, le cœur battant à tout rompre, il sortit par l'issue de derrière.
La nuit était douce. La luminosité rougeâtre d'Ashquelon, la grande nébuleuse, baignait délicatement les formes d'Adonaï. Les Falaises Bleues ressemblaient à des orgues gigantesques prêts à lancer une partition en l'honneur de la voûte étoilée, scintillante, traversée de météorites fugitives. Le chant plaintif des lézards du désert se mêlait à cette ascension unanime vers l'espace.
Dissimulé par le pylône de l'éolienne, Jarek se sentit défaillir. Ce n'était pas un Natif qui rôdait, mais deux, trois, quatre … tout un groupe ! Ils déambulaient silencieusement entre les bâtiments, de cette façon si particulière qui donnait l'impression qu'ils ne marchaient pas mais glissaient sur le sable.
Leurs déplacements les faisaient parfois se rencontrer. Alors ils s'arrêtaient, une brève phosphorescence illuminait leurs corps puis, impassibles, ils reprenaient leur chemin. On eut dit un ballet exécuté au ralenti sous la lueur des astres, empreint de grâce et de mystère.
Jarek tripotait nerveusement son laser, incapable de prendre une décision. Les mots de Myriam lui revinrent en mémoire : « Les Natifs ne sont pas méchants ». Peut-être, mais alors qu'est-ce qu'ils fichaient là ? Ils n'avaient pas à franchir les limites de sa propriété.
Il songea à envoyer une décharge au dessus d'eux, pour leur faire peur, mais il appréhendait leur réaction. Ces créatures, dont on ne savait rien, ne risquaient-elles pas de se montrer hostiles si on les effrayait ? Elles étaient tellement nombreuses ...
Il décida d'attendre, de ne tirer que si un Natif essayait de s'introduire dans la maison.
En changeant de position pour mieux les surveiller, la crosse du laser heurta par mégarde le pylône en fer. Le choc résonna comme un gong, déchirant le silence et stoppant net les Natifs. Jarek blêmit. Tous s'étaient retournés vers lui ! Ils entamaient maintenant une progression commune vers sa position. Un cauchemar. Il voulut fuir mais ses jambes ne lui obéissaient plus, tétanisées, dans l'impossibilité d'exécuter un seul geste. C'était comme si sa volonté l'abandonnait devant l'avancée inexorable de ces êtres longilignes. À leur tour ses mains le trahirent et il en échappa son arme. Malgré tous ses efforts pour mobiliser ses muscles il tomba à genoux, le menton sur la poitrine, conscient mais totalement paralysé.
Les Natifs étaient parvenus autour de lui, formant un cercle mouvant de plus en plus rapproché. Effondré Jarek ferma les yeux, attendant le coup de grâce.
Mais à la place de coups, ce fut des attouchements qu'il ressentit, à peine perceptibles. Sur le visage, les bras, le torse, des effleurements lui indiquaient que les Natifs passaient leurs doigts sur son corps, l'impression d'être caressé par des pétales. Une sensation indescriptible le submergea et des images se mirent à affluer en masse dans son esprit.
Il voit le souffle de la Matrice répandre sa lumière bénéfique sur le peuple des confins dans l'osmose des milles et unes sources …
Il voit le vent surgissant des limites balayer les étendues poudreuses où naissent les rumeurs du crépuscule …
Il voit les éléments …
Il voit le vivant partager la poussière, le sable, l'éclat du rocher à l'unisson des nombres vitaux …
Il voit les palpitations de l'ombre …
Il voit ses frères, ses frères, lui et ses frères, ses frères, ses frères et lui ...
Il voit le chant de la Matrice célébrer l'éternité du monde, la valse des quatre forces dans les yeux clairs de ses enfants…
Il voit …
Il voit un morceau de fer descendre du ciel , des choses animées qui en sortent …
Il voit la Matrice se couvrir de formes inconnues …
Il ne comprend pas.
« Jarek ! Jarek ! » Une voix lointaine. Un halo aveuglant puis un visage. Le doux visage de Myriam. « Jarek réveille-toi, je t'en prie ! » Péniblement, il rassembla des pensées éparses.
« Où … où suis-je ? »
Myriam se jeta sur lui, l'enlaça avec fougue, les joues baignées de larmes.
« Dieu soit loué, tu es revenu à toi ! Oh Jarek, j'ai eu si peur, si peur !
- Que s'est-il passé ?
- Je t'ai retrouvé ce matin, évanoui dans le sable. Je n'arrivais pas à te réveiller. J'ai voulu appeler de l'aide par radio, personne n'a répondu.
- Personne n'a répondu ?
- Non, les Simoni, les Melnic, Victor, aucun n'a répondu. J'ai tenté le poste de secours de Givatayim, rien non plus.
Il resta quelques minutes hébété, un épais brouillard dans la tête. Par bribes, les évènements de la nuit lui revinrent en mémoire. Les Natifs ne l'avaient pas tué. Ils ne voulaient pas la mort des humains, c'était maintenant une certitude.
« Jarek, qu'est-ce que tu faisais dehors avec ton laser ?
- Les Natifs, cette nuit, il y en avait partout ! J'ai voulu les faire fuir.
- Ce sont eux qui t'ont assommé ?
- Assommé, non. Tu avais raison, ils ne nous veulent pas de mal. En fait je crois qu'ils essaient de mieux nous connaître. »
Il se redressa, chancelant :
« Il faut absolument avertir les autres ! Nous sommes restés trop longtemps passifs. On ne peut plus continuer comme ça. »
Ils rejoignirent la maison et, fébrile, Jarek s'enferma dans le local radio, essayant toutes les fréquences possibles, multipliant les appels aux quatre coins de la planète. Il monta sur le toit, vérifia l'antenne plusieurs fois et recommença ses tentatives. Sans succès. Adonaï demeurait désespérément muette. Que ce soit les fermes isolées ou les colonies, plus personne ne donnait signe de vie.
Ses pressentiments se confirmaient, quelque chose d'anormal était en train de se produire, de s'accélérer, et a priori tous les foyers de peuplement étaient touchés. Il fallait qu'il aille se rendre compte par lui-même. Décidé, il annonça à Myriam son départ imminent :
« Je dois comprendre pourquoi personne ne répond. Ce ne sont peut-être que des perturbations électro-magnétiques. Je vais à Givatayim résoudre ce problème et demander une convocation du Grand Conseil. Il faut prendre des décisions au sujet des Natifs, nous n'avons que trop tardé. Il y a peut être un lien avec les disparitions ».
* * * * * *
Le soleil était déjà haut dans le ciel, dardant ses rayons cruels sur l'immensité nue. L'antigrav étincelait de mille reflets tel un oiseau métallique aux ailes repliées. Revêtu de la combinaison en vigueur, Jarek grimpa dans l'engin. La mise en fonction des batteries provoqua le déploiement progressif des voiles photoniques. Juste au moment où il s'apprêtait à déclencher l'impulsion verticale, il vit Myriam sortir en courant de la ferme, agitant vigoureusement les bras. Il ouvrit le cockpit :
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tes lunettes, tu as oublié tes lunettes de protection !
- Mes … ah oui, mes lunettes ! Merci, je ne m'en étais pas aperçu.
- Reviens vite.
- Promis, je t'embrasse. »
Gorgé d'énergie, l'antigrav s'éleva dans l'azur, pivota vers l'horizon puis fila comme un trait d'argent. Des lames de feu tombaient du firmament.
Le désert défilait avec une monotonie obsédante. Seules de graciles colonnes de verre venaient rompre par endroit ce paysage désolé. Des millénaires de fournaise avaient fini par vitrifier des monticules de sable, sculptés par les caprices du vent en de fragiles pilastres minéraux. À la tombée du jour, l'amplitude thermique les faisait parfois s'éclater, remplissant alors les nuits d'Adonaï de multiples échos de cristal.
D'ordinaire charmé par ces agglomérats transparents, Jarek n'y prenait garde, plongé dans d'incessantes ruminations. Des images se bousculaient avec violence dans son esprit. L'épisode de la nuit revenait avec insistance, chargé d'interrogations, puis s'évanouissait comme une poignée de sable impossible à retenir.
Une ligne d'éoliennes qu'il distingua au loin l'extirpa de ses pensées. Il reconnaissait l'exploitation de la famille Simoni, la plus proche de son domicile, où l'envie lui prit de se poser. Peut-être avaient-ils des renseignements à lui apporter.
Il descendit par paliers pour se poser devant l'habitation principale, tout près du véhicule familial. La porte était grande ouverte mais personne ne sortit pour l'accueillir. Il pénétra à l'intérieur en s'annonçant :
« Abel, c'est Jarek ! Abel !! »
Dans la cuisine le couvert était dressé, les aliments intacts. Les occupants de la maison semblaient être sortis depuis peu. Il parcourut chaque pièce, enjambant avec précaution les jouets des enfants, sans trouver âme qui vive.
Il se dirigea alors vers les bâtiments agricoles. Dès qu'il vit les ouvertures béantes des serres, son inquiétude grandit. Laisser l'atmosphère torride s'immiscer dans ces lieux humides signifiait à coup sûr la destruction rapide des cultures. Un spectacle de désolation confirma ses craintes. Flétries, desséchées, les plantes pendaient lamentablement dans leurs bacs. Les rigoles d'alimentation charriaient un filet d'eau sale encombré de déchets. Dans chaque serre, Jarek rencontra les mêmes dégâts, les mêmes dommages irréversibles qui lui étreignirent le cœur. Qu'était-il donc arrivé pour que les Simoni délaissent ainsi un outil indispensable de subsistance ? La présence de leur antigrav prouvait pourtant qu'ils n'avaient pas quitté les lieux. Il revint devant la ferme et les mains en porte-voix se mit à crier : « Abel ! Deborah ! Où êtes-vous ? »
Il n'eut pour réponse qu'une bourrasque qui souleva un tourbillon de sable fin. Il se prit alors à espérer que, pour une raison ou une autre, la famille avait rejoint Givatayim par des moyens de locomotion extérieurs.
Angoissé par ce silence de mort, il regagna précipitamment son antigrav. Au moment où il se glissa dans l'habitacle, il crût apercevoir la forme évanescente d'un Natif s'éclipser derrière un mur. Il attendit un peu, perplexe, mais comme rien ne bougeait plus il décolla.
Crispé sur les manettes, il força l'allure de son appareil. L'atmosphère était troublée par des ondes de chaleur qui s'élevaient du sol. Le jour devenait une vaste incandescence.
Au bout d'une heure de vol, il parvint à Givatayim, la plus importante colonie de ce secteur d'Adonaï. Vu du ciel on distinguait clairement son harmonieuse structure géométrique. Un ingénieux système d'irrigation avait permis l'éclosion d'une vaste palmeraie, protégeant des champs de céréales sélectionnés pour leur résistance aux températures élevées. Des hectares de serres recouvraient les environs, abritant fruits et légumes les plus variés. Toute la capacité d'adaptation du génie humain s'exprimait ici, oasis imprévisible dans un monde hostile.
D'emblée Jarek remarqua des anomalies. Givatayim était normalement une fourmilière débordante d'activité abritant une population conséquente. Or il ne voyait aucun antigrav en suspension, aucun mouvement d'aéroglisseur au sol, nulle manifestation d'êtres vivants. Les passages qu'il fit à basse altitude confirmèrent ses craintes. À l'instar de la ferme des Simoni, Givatayim semblait totalement désertée par ses habitants. Une irrépressible détresse l'envahit, ses yeux s'embuèrent de larmes : « Ce n'est pas possible. Pas possible. Mon dieu que s'est-il passé !? ».
Il tourna encore et encore, au-dessus des allées silencieuses, des habitations vides, des zones de cultures abandonnées. En périphérie de la colonie, les avancées du sable avaient déjà commencé à submerger les palissades.
En désespoir de cause, il se posa sur le toit en terrasse d'un imposant bâtiment blanchi à la chaux. Auparavant se déroulait ici les réunions du Grand Conseil. Il espérait y trouver des indices, quelque chose qui l'aiderait à comprendre.
Ses pas qui descendirent l'escalier résonnèrent, lugubres, comme des échos de sa solitude. Parvenu dans la salle du Conseil, les fauteuils proprement alignés devant l'estrade lui rappelèrent une foule de souvenirs. Il se remémora les assemblées houleuses des premiers temps, quand les colons étaient partagés sur le devenir de la communauté. Certains arguaient que les conditions extrêmes régnant sur Adonaï ne pouvaient permettre une implantation durable, qu'il fallait repartir. D'autres, plus optimistes, mettaient en avant les inépuisables quantités d'eau souterraine autorisant la pérennité d'une installation. Le débat fut tranché quand il s'avéra que le combustible nucléaire d'Haskala, irrémédiablement dégradé, ne permettait plus sa remise en fonction. Les colons étaient définitivement bloqués sur cette planète torturée.
Il ôta son équipement pour lire de vieux compte-rendus qui s'espaçaient progressivement dans le temps. Il savait que les réunions s'étaient distendues avant ces évènements. À l'époque tout allait bien, personne n'avait pris garde à ce coupable relâchement. De toute évidence c'était un signe annonciateur, l'annonce d'un engourdissement des esprits.
Il ne trouva pas de documents susceptibles d'expliquer la brutale disparition de ses pairs. Complètement désemparé, il se rua dans les rues de Givatayim, criant, hurlant dans le fol espoir d'attirer quelqu'un. Seuls le souffle lancinant du vent, le claquement des tôles dilatées par la chaleur lui répondirent.
Il songea un moment à une épidémie fulgurante mais l'absence de cadavres, le cimetière qui ne montrait pas d'enterrements massifs infirma cette hypothèse. Pour une raison incompréhensible l'ensemble des habitants s'était évaporé.
Subitement il se mit à penser à Myriam et la crainte le saisit. La gravité de la situation ne permettait pas qu'il la laisse plus longtemps isolée.
Sans plus attendre il rejoignit l'antigrav qui laissa bientôt derrière lui le fantôme d'une colonie naguère florissante.
Malgré son désir de rejoindre au plus vite Myriam, un besoin impérieux le poussa à modifier sensiblement sa trajectoire pour piquer vers l'Haskala. Une décision qui faisait écho à des images obsédantes : « Il voit un morceau de fer descendre du ciel, des choses animées qui en sortent ».
Il y avait si longtemps. C'était un enfant quand il foula la première fois la surface d'Adonaï, serrant les mains émues de ses parents. La passerelle déversait à flot continu des gens remplis d'appréhension mais aussi d'espoir après des années d'errance dans l'espace. Ils espéraient trouver ici un havre de paix.
En dépit de conditions particulièrement difficiles, les émigrants avaient réussi à créer une société viable. Oui, ils étaient devenus heureux … jusqu'à maintenant.
La navette spatiale gisait sur le flanc, à moitié ensablée. Jamais les colons n'étaient parvenus à réamorcer la fission nucléaire, anéantissant toute échappatoire.
Jarek fixait ce mastodonte d'acier comme s'il espérait y trouver des réponses. Le soleil ruisselait sur son visage, ses mains, les parties découvertes de son corps qu'ils ne prenaient plus la peine de protéger. Le cours de sa pensée redevenait confus, fragmenté, encombré d'incohérences. L'anxiété qui le tenaillait depuis des semaines avait maintenant laissé place à un curieux détachement, une sorte de renoncement à comprendre l'inconcevable. Il lui semblait voir les choses à travers une gamme d'émotions qu'il n'avait encore jamais ressenties. Rien n'était plus clair.
Le malaise s'amplifia quand, après s'être arraché de la contemplation d'Haskala, il reprit les commandes de l'antigrav. Il dut se concentrer quelques instants avant de retrouver ses automatismes de pilote. Le décollage fut laborieux, mal assuré, à tel point que l'appareil tangua dangereusement. Saisit de torpeur, Jarek sentait qu'il perdait irrémédiablement le contrôle de soi. L'écheveau de son être se dévidait à la vitesse d'une bobine dont on tirerait le fil. C'est toute son identité qui se morcelait en une mosaïque de fragments carbonisés par les radiations solaires.
Soleil, poussière ...
Ombre et lumière ...
Il était trop tard pour l'éviter quand la dune de sable obscurcit soudainement son champ de vision. Le choc fut violent, brisant l'antigrav en deux et propulsant Jarek dans les airs. Le sol meuble amortit sa chute mais il demeura inanimé, les bras en croix, offrant son corps meurtri à l'astre impitoyable. Dans les limbes de son inconscience une voix lui parlait.
Quand il reprit connaissance, la nuit commençait à tomber. Étonnamment il n'éprouvait aucune douleur, à vrai dire il se sentait bien, merveilleusement bien. Il se redressa, constata que sa veste était en lambeaux et la jeta à terre. Sans accorder un regard aux débris de l'appareil, il reprit à pieds sa progression vers les Falaises Bleues. Une seule idée occupait son esprit : Myriam.
Délivrées des affres du jour, les créatures du désert lancèrent leur mélopée du crépuscule. Un vent tiède caressait le corps de Jarek qui se laissait porter au gré du relief ondulé. Il aperçut plusieurs Natifs arpentant également les dunes, silhouettes effilées ne prêtant aucune attention à sa présence.
La masse sombre des falaises lui confirma la fin de son trajet. Un voile laiteux baignait des structures cubiques qu'il reconnut comme étant l'endroit où il retrouverait Myriam. Quelque chose de familier tournait en haut d'une forme rectiligne mais il ne se souvint plus du nom.
Il n'eut pas à la chercher longtemps. Légère, Myriam allait et venait parmi ces étranges constructions. Elle devina son arrivée et glissa lentement vers lui. Une joie immense envahit Jarek, remplissant tout son être de multiples vibrations. Sous la lueur diaphane des étoiles, leurs longs doigts fins s'emmêlèrent :
« Tu vois, il ne fallait pas s'inquiéter. La Matrice veille sur nous.
- Oui, j'ai entendu son appel. Laisse moi te regarder, tu es si belle. »
Elle lui sourit illuminée d'une douce phosphorescence, plongeant ses yeux translucides dans les siens.
Jano- Nombre de messages : 1000
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Re: Le soleil d'Adonaï
Jano, c'est long, je te lis à tête reposée un peu plus tard
Janis- Nombre de messages : 13490
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Re: Le soleil d'Adonaï
Si l'histoire que nous contes ici n'a rien d'exceptionnellement novateur, elle est de toute façon servie par une belle qualité d'écriture, du début à la fin.
J’ai commencé un peu par hasard, avec une certaine réticence vu le contexte dès les premières lignes, mais j’ai été rapidement séduite par le ton, la clarté du récit ; j'ai continué volontiers, en fait avec un plaisir grandissant, complètement dans l'ambiance.
La chute se fait en douceur, sans éclat exagéré, en parfaite cohérence avec ce qui précède.
Voici ce que j'ai relevé en cours de lecture :
- Je sais, je lui ai dis. (dit)
Après les avoir rangé dans l'entrepôt, (rangés)
De nouvelles disparitions avaient-elles été signalé ? (signalées)
- Ça fait des semaines qu'on ne les a pas vu. (vus)
On eut dit un ballet exécuté au ralenti sous la lueur des astres, (eût)
Il songea à envoyer une décharge au dessus d'eux, (au-dessus)
Seules de graciles colonnes de verre venaient rompre par endroit ce paysage désolé (par endroits)
il crût apercevoir la forme évanescente d'un Natif (crut)
il parvint à Givatayim, la plus importante colonie de ce secteur d'Adonaï. Vu du ciel on distinguait clairement son harmonieuse structure géométrique. (Vue)
Auparavant se déroulait ici les réunions du Grand Conseil.
Saisit de torpeur, Jarek sentait qu'il perdait (Saisi)
il reprit à pieds sa progression (à pied)
Laisse moi te regarder, (Laisse-moi)
J’ai commencé un peu par hasard, avec une certaine réticence vu le contexte dès les premières lignes, mais j’ai été rapidement séduite par le ton, la clarté du récit ; j'ai continué volontiers, en fait avec un plaisir grandissant, complètement dans l'ambiance.
La chute se fait en douceur, sans éclat exagéré, en parfaite cohérence avec ce qui précède.
Voici ce que j'ai relevé en cours de lecture :
- Je sais, je lui ai dis. (dit)
Après les avoir rangé dans l'entrepôt, (rangés)
De nouvelles disparitions avaient-elles été signalé ? (signalées)
- Ça fait des semaines qu'on ne les a pas vu. (vus)
On eut dit un ballet exécuté au ralenti sous la lueur des astres, (eût)
Il songea à envoyer une décharge au dessus d'eux, (au-dessus)
Seules de graciles colonnes de verre venaient rompre par endroit ce paysage désolé (par endroits)
il crût apercevoir la forme évanescente d'un Natif (crut)
il parvint à Givatayim, la plus importante colonie de ce secteur d'Adonaï. Vu du ciel on distinguait clairement son harmonieuse structure géométrique. (Vue)
Auparavant se déroulait ici les réunions du Grand Conseil.
Saisit de torpeur, Jarek sentait qu'il perdait (Saisi)
il reprit à pieds sa progression (à pied)
Laisse moi te regarder, (Laisse-moi)
Invité- Invité
Re: Le soleil d'Adonaï
On se trouve d'emblée en pleine science-fiction, et la sauce prend immédiatement. On retrouve évidemment une certaine culture c'est vrai ; d'ailleurs les mots mêmes ne permettent aucune ambiguïté (dune, matrice). Le niveau d'écriture est abouti, qualité indéniable. Quelques belles images empreintes de poésie également. J'ai cesser il y a bien longtemps de lire ce genre de littérature, mais elle m'a nourrit.
J'ai dû survoler ce texte avec mon Antigrav perso car il s'étend à perte de vue, c'est peu-être le seul reproche que je puisse te faire comme ça, à chaud. Je l'imprime et je le lis dans le train, ça vaudra mieux, car c'est tout de même un tantinet longuet. Avec tout le boulot de lecture qu'on a sur VE, moi j'ai des heures de sommeil en moins.
Allez tcho
J'ai dû survoler ce texte avec mon Antigrav perso car il s'étend à perte de vue, c'est peu-être le seul reproche que je puisse te faire comme ça, à chaud. Je l'imprime et je le lis dans le train, ça vaudra mieux, car c'est tout de même un tantinet longuet. Avec tout le boulot de lecture qu'on a sur VE, moi j'ai des heures de sommeil en moins.
Allez tcho
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Le soleil d'Adonaï
T'es sûr que t'as pas un avatar un peu plus sympa à te mettre ? Ce masque est d'une horreur !
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
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Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Le soleil d'Adonaï
Un peu comme easter, je n'étais pas emballée par le genre (de la SF j'en suis restée à Cristal qui songe, l'Homme illustré ou Demain les chiens), mais l'écriture est vraiment belle et la construction aussi. Il y a toujours dans tes textes une espèce d'amplitude, de paysage vaste et dégagé (c'est l'image qui me vient) qui rend la promenade très agréable.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Le soleil d'Adonaï
Une belle écriture, mais c'est trop calqué sur les Chroniques martiennes...
Invité- Invité
Re: Le soleil d'Adonaï
Je reviens vers ce texte intéressant après l’avoir bien relu sur papier.
En complément d’Easter, je note les éléments fautifs que j’ai pu relever :
Les yeux mis-clos => mi-clos
mais deux, trois, quatre … tout un groupe ! => pas d’espace après quatre, majuscule à tout
Où … où suis-je ? => Où… Où suis-je ?
Et puis … et puis => Et puis… Et puis
- Mais … mais Myriam => - Mais… Mais Myriam
ils étaient devenus heureux … jusqu'à maintenant. => ils étaient devenus heureux… Jusqu'à maintenant.
- Mes … ah oui, mes lunettes => - Mes… Ah oui, mes lunettes
l'osmose des milles et unes sources => des mille et une sources
électro-magnétiques => électromagnétiques
peut être => peut-être
Auparavant se déroulait ici les réunions => se déroulaient
compte-rendus => comptes rendus
- Je sais, je lui ai dis. => - Je sais, je le lui ai dit.
planète-mère => planète mère
depuis quelques temps => depuis quelque temps
la peau doré => dorée
Comment êtes vous => êtes-vous
Il fallait pourtant qu'il s'exprima => qu'il s'exprimât
Allez vous en => Allez-vous-en
C’est vrai que ça fleure la chronique martienne, mais cela ne me dérange pas.
J’ai plutôt apprécié cette métamorphose progressive qui est toute la raison et l’intrigue de l’histoire.
Également apprécié le passage onirique aux images poétiques.
Quelques petits détails me gênent cependant :
L’emploi du verbe stopper à deux reprises ne semble pas judicieux dans un texte soutenu.
La montée d'adrénaline fut tellement brusque qu'il en échappa son verre
À leur tour ses mains le trahirent et il en échappa son arme.
Bizarre ces tourneries. Je pense davantage que son verre lui échappa, et que son arme, également, lui échappa. D’autant plus que le verbe échapper est intransitif.
les discussions allaient bon train jusqu'à tard dans la nuit. Jarek se souvenait avec nostalgie de cette période insouciante où les antigravs encombraient la cour de sa ferme
Ici, je me pose la question suivante : si les antigravs fonctionnent à l’énergie solaire, comment peuvent-ils fonctionner la nuit ?
D'ordinaire charmé par ces agglomérats transparents, Jarek n'y prenait garde
Prendre garde implique la notion de risque, c’est exercer une attention pour se préserver d’un danger quelconque, or Jarek ne fait pas attention aux agglomérats pour une autre raison. L’emploi de prendre garde me semble donc inadéquat.
Givatayim était normalement une fourmilière débordante d'activité abritant une population conséquente.
L’emploi de conséquent pour considérable est un barbarisme trop répandu (j’entends ça tous les jours). À éviter.
En périphérie de la colonie, les avancées du sable avaient déjà commencé à submerger les palissades.
Le verbe submerger est en général corrélé à un liquide. Ici je ne vois que du sable qui a recouvert les palissades.
Ses pas qui descendirent l'escalier résonnèrent
Je doute que des pas (que ce soit des empreintes ou la marche) descendent des escaliers. En revanche, je veux bien qu’ils résonnent. Il aurait été plus juste de dire : lorsqu’il descendit, ses pas résonnèrent dans l’escalier ou ses pas résonnèrent dans l’escalier lorsqu’il les descendit
Il voit un morceau de fer descendre du ciel => pourquoi spécifiquement du fer ? Pourquoi pas du métal ?
En complément d’Easter, je note les éléments fautifs que j’ai pu relever :
Les yeux mis-clos => mi-clos
mais deux, trois, quatre … tout un groupe ! => pas d’espace après quatre, majuscule à tout
Où … où suis-je ? => Où… Où suis-je ?
Et puis … et puis => Et puis… Et puis
- Mais … mais Myriam => - Mais… Mais Myriam
ils étaient devenus heureux … jusqu'à maintenant. => ils étaient devenus heureux… Jusqu'à maintenant.
- Mes … ah oui, mes lunettes => - Mes… Ah oui, mes lunettes
l'osmose des milles et unes sources => des mille et une sources
électro-magnétiques => électromagnétiques
peut être => peut-être
Auparavant se déroulait ici les réunions => se déroulaient
compte-rendus => comptes rendus
- Je sais, je lui ai dis. => - Je sais, je le lui ai dit.
planète-mère => planète mère
depuis quelques temps => depuis quelque temps
la peau doré => dorée
Comment êtes vous => êtes-vous
Il fallait pourtant qu'il s'exprima => qu'il s'exprimât
Allez vous en => Allez-vous-en
C’est vrai que ça fleure la chronique martienne, mais cela ne me dérange pas.
J’ai plutôt apprécié cette métamorphose progressive qui est toute la raison et l’intrigue de l’histoire.
Également apprécié le passage onirique aux images poétiques.
Quelques petits détails me gênent cependant :
L’emploi du verbe stopper à deux reprises ne semble pas judicieux dans un texte soutenu.
La montée d'adrénaline fut tellement brusque qu'il en échappa son verre
À leur tour ses mains le trahirent et il en échappa son arme.
Bizarre ces tourneries. Je pense davantage que son verre lui échappa, et que son arme, également, lui échappa. D’autant plus que le verbe échapper est intransitif.
les discussions allaient bon train jusqu'à tard dans la nuit. Jarek se souvenait avec nostalgie de cette période insouciante où les antigravs encombraient la cour de sa ferme
Ici, je me pose la question suivante : si les antigravs fonctionnent à l’énergie solaire, comment peuvent-ils fonctionner la nuit ?
D'ordinaire charmé par ces agglomérats transparents, Jarek n'y prenait garde
Prendre garde implique la notion de risque, c’est exercer une attention pour se préserver d’un danger quelconque, or Jarek ne fait pas attention aux agglomérats pour une autre raison. L’emploi de prendre garde me semble donc inadéquat.
Givatayim était normalement une fourmilière débordante d'activité abritant une population conséquente.
L’emploi de conséquent pour considérable est un barbarisme trop répandu (j’entends ça tous les jours). À éviter.
En périphérie de la colonie, les avancées du sable avaient déjà commencé à submerger les palissades.
Le verbe submerger est en général corrélé à un liquide. Ici je ne vois que du sable qui a recouvert les palissades.
Ses pas qui descendirent l'escalier résonnèrent
Je doute que des pas (que ce soit des empreintes ou la marche) descendent des escaliers. En revanche, je veux bien qu’ils résonnent. Il aurait été plus juste de dire : lorsqu’il descendit, ses pas résonnèrent dans l’escalier ou ses pas résonnèrent dans l’escalier lorsqu’il les descendit
Il voit un morceau de fer descendre du ciel => pourquoi spécifiquement du fer ? Pourquoi pas du métal ?
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Le soleil d'Adonaï
Je ne m'attendais pas à beaucoup de commentaires avec un texte aussi long. Les gens qui vont sur les forums littéraires préfèrent des écrits faciles à lire et à commenter. Je ne blâme personne, je suis pareil, plutôt réticent devant des pavés.
Je vous remercie d'autant plus Janis, Easter, Coline et Pascal d'avoir eu la patience de lire cette Nouvelle que je ne voulais pas tronquer pour éviter de briser le processus de la métamorphose. Un super merci aussi pour les corrections.
Je n'ai "calqué" aucun livre, ce n'est pas dans mes habitudes et je n'en vois franchement pas l'intérêt. Je suis allé sur Wikipédia voir l'article traitant des Chroniques Martiennes. On y parle effectivement beaucoup de colons, un thème récurrent en SF, mais dans le résumé des différentes histoires je ne vois pas de transformation des humains.
Je vous remercie d'autant plus Janis, Easter, Coline et Pascal d'avoir eu la patience de lire cette Nouvelle que je ne voulais pas tronquer pour éviter de briser le processus de la métamorphose. Un super merci aussi pour les corrections.
Je n'ai "calqué" aucun livre, ce n'est pas dans mes habitudes et je n'en vois franchement pas l'intérêt. Je suis allé sur Wikipédia voir l'article traitant des Chroniques Martiennes. On y parle effectivement beaucoup de colons, un thème récurrent en SF, mais dans le résumé des différentes histoires je ne vois pas de transformation des humains.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Le soleil d'Adonaï
il aura fallu un repas en solitaire devant un écran, moment que j'imaginais déjà fort ennuyeux, pour découvrir l'écriture de l'anonymous de VE (oui, je vous ai tous affublé de petits surnoms, comme si les pseudos ne suffisaient pas). Et grand bien m'en a pris!
Je suis presque vierge de littérature SF, du coup, je n'avais que ton univers à explorer et j'ai vraiment aimé. je ne peux qu'encenser la qualité de ton écriture que j'ai trouvé d'une millimétrique constance, tout au long de ton récit.
Tes descriptions sont parfaites, ni trop pour ne pas s'en écœurer, ni trop peu pour arriver à les visualiser. Une intrigue, qui, même si elle n'est pas excessivement originale, m'a prise dans ses bras pour ne pas me lâcher. Une mise en page suffisamment aérée pour rendre la lecture à l'écran agréable. Bref, excellent !
Et au final, je suis limite frustrée, car j'en aurais voulu plus !
Je suis presque vierge de littérature SF, du coup, je n'avais que ton univers à explorer et j'ai vraiment aimé. je ne peux qu'encenser la qualité de ton écriture que j'ai trouvé d'une millimétrique constance, tout au long de ton récit.
Tes descriptions sont parfaites, ni trop pour ne pas s'en écœurer, ni trop peu pour arriver à les visualiser. Une intrigue, qui, même si elle n'est pas excessivement originale, m'a prise dans ses bras pour ne pas me lâcher. Une mise en page suffisamment aérée pour rendre la lecture à l'écran agréable. Bref, excellent !
Et au final, je suis limite frustrée, car j'en aurais voulu plus !
polgara- Nombre de messages : 1440
Age : 49
Localisation : Tournefeuille, et virevolte aussi
Date d'inscription : 27/02/2012
Re: Le soleil d'Adonaï
Amateur de SF depuis mon plus jeune âge, je ne peux m'empêcher de penser que j'ai lu, jadis, une nouvelle qui abordait le même thème avec un contexte similaire. Mais je suis incapable de retrouver le texte (il y a si longtemps). Quoi qu'il en soit, je salue la performance. Tous les ingrédients y sont. J'ai beaucoup aimé.
Invité- Invité
Re: Le soleil d'Adonaï
J'aime beaucoup ce révit même si je crois qu'au fond la transformation de ces colons en Natifs déçoit ma goumandise de lecteur. J'aurais aimé que le récit soit plus long.
Il est intéressant je trouve de mêler la science-fiction à un récit de colonisation. Je m'attendais, quand tu as commencé à parler des Natifs, à ce qu'on trouve des similitudes avec ces récits du Xvème siècle et la découverte du Nouveau Monde et des poulations indigènes. L'entrelacement des thèmes m'aurait paru judicieux et j'aurais aimé assister à la confrontation des natifs avec les colons. A vrai dire la toute fin m'a déçu. Tu ouvres des portes codifiées, la disparition de la population, l'impossibilité de repartir en raison du problème de fission nucléaire du vaisseau spatial, mais ce ne sont que des ébauches qui restent à l'état d'idées.
Ton récit permet le développement de thèmes plus poussés. L'image de la fondation d'une autre société viable, à la lumière des interrogations actuelles sur notre société capitaliste, etc, m'a donné envie d'en savoir plus quant à cela dans ton récit. Sans en faire un récit poétique j'y aurais bien vu une réflexion à la Thomas Moore. On retrouve dans ton texte une société basée sur le travail de la terre, quand ton personnage découvre les serres désertées de ses voisins. La réflexion écologique -les éoliennes, les panneaux solaires- était aussi intéressante. Ton récit a de quoi devenir une bonne utopie.
Je dois dire également que j'apprécie particulièrement les descriptions exotiques des paysages de cette planète. Il pourrait y en avoir plus, je n'en serais que plus heureux.
Le vocabulaire technique est bien amené, on ne s'y perd pas. J'apprécie le terme d' « antigrav » qui est à mon avis une belle trouvaille.
Il est intéressant je trouve de mêler la science-fiction à un récit de colonisation. Je m'attendais, quand tu as commencé à parler des Natifs, à ce qu'on trouve des similitudes avec ces récits du Xvème siècle et la découverte du Nouveau Monde et des poulations indigènes. L'entrelacement des thèmes m'aurait paru judicieux et j'aurais aimé assister à la confrontation des natifs avec les colons. A vrai dire la toute fin m'a déçu. Tu ouvres des portes codifiées, la disparition de la population, l'impossibilité de repartir en raison du problème de fission nucléaire du vaisseau spatial, mais ce ne sont que des ébauches qui restent à l'état d'idées.
Ton récit permet le développement de thèmes plus poussés. L'image de la fondation d'une autre société viable, à la lumière des interrogations actuelles sur notre société capitaliste, etc, m'a donné envie d'en savoir plus quant à cela dans ton récit. Sans en faire un récit poétique j'y aurais bien vu une réflexion à la Thomas Moore. On retrouve dans ton texte une société basée sur le travail de la terre, quand ton personnage découvre les serres désertées de ses voisins. La réflexion écologique -les éoliennes, les panneaux solaires- était aussi intéressante. Ton récit a de quoi devenir une bonne utopie.
Je dois dire également que j'apprécie particulièrement les descriptions exotiques des paysages de cette planète. Il pourrait y en avoir plus, je n'en serais que plus heureux.
Le vocabulaire technique est bien amené, on ne s'y perd pas. J'apprécie le terme d' « antigrav » qui est à mon avis une belle trouvaille.
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