Le bateau (un peu) ivre

Sur le navire pénitencier de ma fatigue
J'ai visité mes émotions
Ce corridor qui mène au bout du monde
Par la mer

Ici c'est l'été on foule les fleurs d'ombres
Des prairies On taille la mine du crépuscule
Et l'on écrit d'un seul élan ses pleurs d'avant minuit

J'ai regardé la carte au trésor de ta Présence
Jamais il n'y eut de piraterie plus lyrique
De songe plus semblable à tes baisers
Qui battent en retraite
Avec le coeur Jamais
Il n'y eut d'exil aussi vif

C'est un désert élaboré sur de hauts glaciers
Que je traverse
Sur le navire pénitencier de ma fatigue
Jamais
Une émotion aura crié avec suffisamment de voix
Pour que je puisse au matin me retrouver
Et dire avec au front l'épaisse sueur du Salut :
"Je suis moi-même"
Comme le ciel dirait "je suis le ciel"
Si nous étions pourvus du don de dire
"Je suis"
Sans l'angoisse profonde
De l'illusion

Je lis souvent vos poèmes Art. Ri mais ne parviens pas à les commenter. Ils regorgent d'images symboliques et de métaphores qui sont difficilement traductibles. J'ai l'impression que vous vous adressez surtout à vous même et que finalement le regard d'autrui vous importe moins que le besoin de déverser vos pensées quelque part.
De fait je me sens exclu de votre poésie puisqu'à aucun moment vous ne me tendez les clés pour la comprendre, ne me donnez d'indices pour partager vos émotions. L'empathie est donc impossible et je ne peux que quitter vos lignes sans dire un mot.

Comme la peinture au couteau, ce poème a les charmes et les inconvénients de sa technique: on est plongé dans la matière, mais par moments l'intensité étouffe un peu .
J'ai tendance à rajouter une négation dans "Jamais une émotion n'aura crié..."

Les textes d'Art.Ri sont riches, ésotériques et intérieurs. Ce n'est pas pour cela qu'ils se refusent et nous refusent. Ils ne sont pas un épanchement. Ils brossent des tableaux de lumière et d'ombres intérieurs. ils font puissamment appel au subconscient. Ils ont toujours de la lumière, des étendues brillantes, une marche sur l'eau. And Jesus was a sailor when he walked upon the water. Si l'article du règlement intérieur (oui : intérieur) a bien 18 ans, il est un poète. Ce qui n'empêche pas que je m'arrêterais ici vers "Salut", le reste pèche par le fait de faire prêche. M'est simple avis de moi à vous.

bien aimé le constat :

"Je suis moi-même"
Comme le ciel dirait "je suis le ciel"
Si nous étions pourvus du don de dire
"Je suis"

simple et beau.

le reste me lasse en sa confiture de métaphores.