Exercice réécriture : Déjeuner en paix

De guerre lasse.

Chaque fois que je m'allonge, elle reste debout sur le balcon.
Le miroir me renvoie sa silhouette.
Je peux deviner sa large poitrine, la courbe de ses épaules, son crâne noir et lisse.
Je remue les pieds.
Un vase en cristal trahit en le grossissant son profil, c'est à peine si je peux reconnaitre les formes exitantes de cette femme et sa mine réjouit définitivement éloignée de la table de chevet.
Elle m'a remarquée.
Je me lève. Elle cesse son monologue. Je l'embrasse, une fois n'est pas coutume.
Elle m'étreint un peu plus fort.
Quelques vers d'une poésie valsent dans ma tête, comme si les nuages portés par le vent, définissaient la délicatesse de sa main froide.
Nonchalance des mots, les sons émis se propagent sur le nuage de mes pensées.
Je m'approche de la bibliothèque.
Elle s'assied et boit son verre d'eau dans un silence maîtrisé.
Elle est frêle et obsède mes pensées.
Je l'empoigne fermement et l'attire contre moi.
Au dedans d'elle, son jardin est humide.
Elle s'immobilise avant d'accueillir la semence nouvelle.

Voilà une heure que le temps s'est arrêté.
Nous restons couché.
Ne rien attendre de rien.
Aucun besoin de bouger. Une douce tiédeur se déguste sans bouger.
Elle me regarde. Elle se lève. Elle écoute.
Une graine de pissenlit effleure l'instant présent. Elle rompt le silence en évoquant ce que sera demain.
Je lui caresse les orteils. Elle déclame du Prévert.
Je l'étreins. Son esprit s'évapore. Et tout recommence.
— L'amour rend sage, je pense.
Sa déclaration soudaine m'éclaire. Elle se lâche, sa jouissance m'inonde.

Elle descend à la cave.
Je m'impatiente. Elle remonte réjouit, une bonne bouteille à la main :
— J'adore tes élans d'amour.
Elle hume un grand bol d'air.
— Dois-je me taire ?
Elle devine mes caresses parcourir ses jambes nues. Elle s'éloigne en sautillant comme une gazelle.
Elle revient, rampe sur le sol. À tout prendre, elle s'empare de ma bouche.
— M'aimeras-tu assez longtemps ?
Un baiser minou. Elle cède, s'étire, se jete à mon cou et salive doucement.
Elle tente de rester muette.
Je reçois son enthousiasme et je l'enivre de mots doux.
Elle chantonne.
Je lui offre mon regard le plus doux et nous nous enlaçons tendrement.
J'avale une bière entre deux gâteaux secs.
Je savoure sa présence.

ah ben il était temps !
on a failli attendre !

Un beau pendant "négatif", ou plutôt "positif" de mon déjeuner en paix

le titre m'intrigue

Joli détournement, j’aime beaucoup la manière dont les deux reviennent constamment l’un à l’autre comme s’ils ne pouvaient s’en empêcher, comme si c’était vital.
Une belle scène d’amour, dans tous les sens du terme.

Une attirance qui domine tout; d'ailleurs pourquoi lutter, ça semble leur plaire, on le devine à ces chevauchements passionnés et en même temps pudiques. Belle reprise, BM.