Le Ramses II des Grands Boulevards

……Cette idée de me balader déguisé en momie, elle était venue comme ça : naturellement ; au bout de la quinzième fois qu'un mec me bousculait sans un mot d'excuse. Si la politesse se perdait, alors j'irais à sa rencontre.
……La pharmacie du coin de la rue était ouverte. Je l'ai su tout de suite. Les croix vertes en néons faisaient leur cinéma en haut à gauche. Un peu comme un pub de centre-ville, mais qui vend de l'alcool.
……J'avais attaqué direct la belle au bois d'anesthésie :
……— Bonjour, Mademoiselle, j'aurais besoin de soixante-dix mètres de bandelettes stériles amidonnées pour entorse.
……— Oh, mais monsieur, êtes-vous en charge d'un grand blessé ?
……— Pas vraiment, j'avais répondu, je suis principalement en charge de ne pas répondre aux questions.
……Coté drague, cela s'annonçait plutôt mal avec ma réponse de Mickey en humeur sombre. Pourtant, elle était chouette la pharmacienne. Je n'aurais pas eu de mal à m'imaginer jouer
au docteur en sa compagnie et lui prescrire une heure ou deux de détente. Les doctoresses, les infirmières, les pharmaciennes, j'avais toujours eût un faible. Bizarre car de mémoire je n’avais jamais subi d'opération notoire dans ma vie, ni du cerveau, ni du serpentin. Peut-être pour cela que je me conduisais parfois en tête de noeud.
……C’était de la balle les femmes en blouses blanches.
……Un cerveau « comme ça » :
……— Il vous reste du clamoxil benzoate pirimil 500 ?
……— Bien sûr monsieur, je vous en mets combien de boîtes ?
……— Vous avez du peroxydant ammoniaqué niflumil 12 de Boiron ?
……— Bougez pas je vous en mets une douzaine.
……— Vous avez une solution a appliquer sur les cons pour qu'ils progressent ?
……— Non, laissez-moi réfléchir, a vrai dire, je suis septique.
……J'avais laissé fantasmes et brunette au teint d'aspirine à leur comptoir, ce n'était vraiment pas le jour.
……Avec mon sac de sport remplit de bandages, je devais ressembler à un mec en cavale, vif, inquiet d'une filature, chargé de deux millions de dollars en petites coupures. Mais en fait je ressemblait à un mec tout à fait normal qui se balade avec un sac de sport. Préparer une connerie, ça m'avait toujours mis dans un état second, une excitation psychotique dans laquelle je me projetais Mister Bean mais en plus spirituel.
……Après une bière, tout cela se calmait et je devenais spiritueux. Un pitre. Un savant de la pitrerie exploratoire, à supposer que je reste un jour dans l'histoire. Mais figurer dans les anales ne m'importait que peu. J'aimais le rire surtout.
……Enrouler ce deux tiers de kilomètre de bandages autour de mon corps n'avait pas été simple.
……J'avais copié la technique sur une brochure du Grand-Palais « Exposition Ramsès II, unique au monde enfin à Paris » la dernière bandelette avait été celle qui recouvrait mes yeux. Il ne restait plus grand-chose de mes cinq sens avec seulement la bouche de disponible. L'entier du corps ficelé au poil de bandages, j'en faisais pâlir un grand brûlé.
……C'est du moins ce que je me représentais. Je ne voyais plus en définitive qu'un vague contour de l'espace, de l'environnement, et des choses qui le compose.
……Dans la rue, avec ma canne blanche, j'allais connaître enfin les grandes joies de la compassion, de l'aide spontanée, de la générosité, de l'altruisme. Et des : « Voulez-vous que je vous aide à traverser la rue ? », « Souhaiteriez-vous que je vous appelle un taxi ? », « Aurais-je la bonté de vous conduire à l'hôpital ? »
……Mais aussi du plus profond : « Et ben mon Pov’ monsieur, vous avez du en avoir des souffrances, je vous plains. », « Ma soeur aussi dans le temps elle s'était brûlée avec l'explosion d'un pot de crème dépilatoire. », « Je vous le dis ,moi, je suis contre toutes les guerres et leur cortège d'handicapés à vie »
……Et du poilant encore : « Eh! Zyva, mouloud, ya un keum qui nous fait le retour de la momie 2, t'as fumé de l' Egypsien ? », « Heu...excusez-moi de vous déranger monsieur, mais, ça tient chaud les bandelettes ?, « Tirez-vous les mecs, v'la chef de la bande! »
……J'avais déjà à moitié anticipé tout ça, j'avais planqué un micro-magnéphone entre deux tours.
……Pour rendre cette aventure mémorable. C'est un mec en campagne qui m'avait appris ça. Déboulé sur la rue, j'allais devoir me fier à mon instinct pour trouver les endroits les plus propices aux dialogues pittoresques, pitiéresques même. Les feux, les passages cloutés, les merdes de chiens, les voitures mal garées, les entrées de métro, de sex-shop, des grands magasins, le fleuve, les parkings, la poste, le marché, le restau libanais…
……J'étais quand même raidis par cette tonne de compresse. Ce qui me dérangeait le plus, c'était les mains emmitouflées, comme prisonnières d'un gant de toilette pour gnome. Et aussi le haut du crâne compressé, cela me donnait l'impression d'une casquette en plomb retour de vodka-tonic. Mais le jeu en valais la chandelle, j'entendais les premiers échos des savanes urbaines en murmures : « Z'avez vu le type , là bas, pas drôle hein...ben mon Pôv garçon... » Tout cela allait se dérouler au poil.Une farce d'anthologie qui marche sur les plates-bandes du 6-8 de Canal +.
……En fait, c'est à ce moment que la bière, en fin de parcours rénal, et au grand début de son voyage urinaire, me rappela que oui, effectivement, au lieu de bander à l'aveuglette, il aurait préférable que je prenne en compte les nécessités du corps humains, plutôt que de chercher en permanence à en satisfaire les besoins.

Je ne sais pas comment dire. On dirait un bonne blague, c'est truculent.
Ca m'a donné quelques fous rires, surtout ce passage :

pandaworks a écrit:Bizarre car de mémoire je n'avais jamais subi d'opération notoire dans ma vie, ni du cerveau, ni du serpentin.
Peut-être pour cela que je me conduisais parfois en tête de noeud.

Je sais, j'ai pas un humour très fin, mais que voulez-vous, on ne se refait pas...

T’as des problèmes de mise en page Panda.
D’autre part me suis paumé dans les dialogues à la pharmacie. Ça vaudrait le coup de reprendre tout ça.

Yali a écrit:T’as des problèmes de mise en page Panda.
D’autre part me suis paumé dans les dialogues à la pharmacie. Ça vaudrait le coup de reprendre tout ça.

Ce n'est pas peu de le dire, car la fameuse mise en page, non seulement je n'arrive pas à l'appliquer, mais tout d'abord, je n'arrive même pas à la concevoir.
Je suis le plus gros tâchon de l'histoire de la sémantique.
Et je n'ai aucune idée d'où apprendre, ce n'est pas faute de lire pourtant...
Je ne "vois" pas le plan physique de mes textes.

je veux bien réagencer, mais avec les même risques.

Merci du commentaire :-)

merci Yali, je vais regarder ce soir tes manipulations et prendre des notes.
Peut être que je stresse trop sur un alignement ésthetique et par là même détruit le coté linéaire.

Parlons donc du texte, rigolons-en plutôt, j'ai encore mal aux abdos !
t'es décidément éclectique Panda, c'est une force ça, continue ! ;-)
merci pour ce bon moment

C'est clair que c'est une idée de ouf. Et les mains, il les a bandé avant les yeux ? Bien apprécié le voyage de la bière dans ce corps bandé. Je me suis dis que forcément, tu avais du penser à ça (parce que sinon, t'es pas Panda), et tu l'as bien mené...
Bonne blague...

Yali a écrit:< Impec Yali ! ;-) J'ai remplacé la version initiale de Panda par la tienne, histoire d'alléger le fuseau et qu'on parle un peu du texte ;-) >

ça recommence, le correcteur masqué a encore frappé.
je commence a avoir les chtouilles.celui là se fait passer pour le "baron rouge"...

C'est... comment je dirais... absoluty farfelu ! Pleins de passages extra et savoureux comme celui-ci:
"Avec mon sac de sport remplit de bandages, je devais ressembler à un mec en cavale, vif, inquiet d'une filature, chargé de deux millions de dollars en petites coupures. Mais en fait je ressemblait à un mec tout à fait normal qui se balade avec un sac de sport. Préparer une connerie, ça m'avait toujours mis dans un état second, une excitation psychotique dans laquelle je me projetais Mister Bean mais en plus spirituel.
……Après une bière, tout cela se calmait et je devenais spiritueux."

Faudrait vraiment l'affiner ce texte, parce qu'il le mérite.
Il y a deci de là des phrases ou des images un peu plus plates ou lourdes comme par exemple, à la toute fin, j'aime pas trop la manière de dire (histoire de l'urine).

Bien fricassé, Chef !

Si la politesse se perd, naturliche il faut s'envelopper de bandelettes pour aller la chercher. Et encore, je sais pas si ça suffirait !

J'aime bien ton délire dans la pharmacie. Les pharmacies ne vendent pas d'alcool (enfin pas du très buvable) mais on y trouve un tas d'autres trucs capables de mettre la tête à l'envers. Y compris certaines préposées qui ont vraiment du cachet (si je puis dire)

C'est vrai que ton texte mériterait d'être développé, mais je le trouve très réussi commme ça quand même.

Continue à faire bouillir le chaudron, Chef : c'est en touillant bien que l'on devient touilleron.

Gobu

Au fait PW, quand est ce que tu m'envoies le reste de ta recette littéraire ?

Tristan a écrit:Au fait PW, quand est ce que tu m'envoies le reste de ta recette littéraire ?

quand tu m'auras envoyé un email à l'adresse que je t'ai communiqué dans mon post "ouliculpo"
à moins que tu ne préferres que je te l'apporte à pieds, mais va falloir prendre rendez vous en 2020.

:-)

Faudrait vraiment l'affiner ce texte, parce qu'il le mérite.
Il y a deci de là des phrases ou des images un peu plus plates ou lourdes comme par exemple, à la toute fin, j'aime pas trop la manière de dire (histoire de l'urine).

C'est vrai que ton texte mériterait d'être développé.

Dévéllopé vers quoi? une nouvelle plus longue avec une fin plus intelligente?
vous croyez? pour moi ce n'est qu'une farce.
la fin est abrupte mais je n'allais tout de même pas dérouler ça sur les kilomètres (ce dont je suis fort capable).
.
Je tambouille comme dirait Gobu. :-)

j'ai une allergie à Dévéloper .

pandaworks a écrit:

Tristan a écrit:Au fait PW, quand est ce que tu m'envoies le reste de ta recette littéraire ?

quand tu m'auras envoyé un email à l'adresse que je t'ai communiqué dans mon post "ouliculpo"
à moins que tu ne préferres que je te l'apporte à pieds, mais va falloir prendre rendez vous en 2020.

:-)

Hein ? Euh ? Bon, mail envoyé

Pas plus long, non, enfin pas pour moi. Parce que tu as raison Panda, on pourrait en faire des tonnes mais à quoi bon, ça s'essoufflerait je crois.
J'aime le côté délirant de certains monologues, un peu moins peut-être le dialogue à la pharmacie, même si je lui reconnais certaines qualités et pas mal d'humour. Il me parle moins, c'est tout.
Pour le reste, c'est tout bon, j'ai bien souri et tu clôtures comme il faut, pas un truc terre à terre qui annihile toute vélléité super-héroesque de notre gaillard déguisé en momie. A donneur de leçon, leçon donnée!