La rue du paradis
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La rue du paradis
Le col de mon manteau relevé, le pantalon souillé, je me presse sous mon parapluie. Le vent d’automne décroche les feuilles des arbres qui composent des puzzles garancés sur le trottoir de la rue du Paradis. Bienvenue à Madame de la rue du Paradis. Je traîne les pieds, je soulève le tapis de ramures arrachées sous les rafales de vent, je danse ma peine. Je déambule sur cette broderie automnale, gorgée d’eau et la pluie fouette mon visage pour me réveiller. Les voitures se pressent, collées les unes derrière les autres, prêtent à pousser celle de devant pour gagner quelques centimètres. Les magasiniers ouvrent leur boutique aux visiteurs. La rue fourmille d’hommes, de femmes et d’enfants déjà préoccupés par leurs tâches quotidiennes. J’observe ces passants trottiner comme des automates sur le pavé, leurs visages sont dépourvus d’émotions. Ils sont eux aussi sans doute enfermés dans leurs pensées. Ils cherchent une motivation pour avancer. Ils marchent comme des polichinelles huilés, conditionnés à avancer. Ou, ne penserait-il pas comme moi, projeté loin de la ville, encore pendu à un dimanche bien particulier ? Ce lundi, je le traîne car il s’accroche aux souvenirs, de la tiédeur des draps froissés et du temps qui s’échappe dans la caresse. Ma mémoire câline reste encore sur l’oreiller, ma main remonte le long de ton corps et je cherche tes rondeurs endormies. L’Éden de ta peau doré, la souplesse de ta chevelure parfumée font encore frémir mes sens. Je pense :
« C’est beau le vent d’automne qui souffle sur les peupliers,
Ils plient, ils chantent une plainte et laissent échapper ses feuilles.
C’est beau ce chant d’automne qui enfle dans mes poumons,
Il annonce tes volontés et mon dos cambre sous tes désirs… »
Dans mes souvenirs, tes soupirs, je les entends encore respirer à chaque note de tes mots. Je penche le dos sur tes courbes féminines. Tu dors encore et dans mon corps, je ressens la souffrance de ne plus être avec toi. Tu es parti loin de moi. Tu as pris l’avion pour rejoindre l’Italie et tu me laisses avec mes souvenirs qui m’étranglent. J’aimerais encore une fois simplement caresser le contour de ton visage pour modeler aux bouts de mes doigts les mots que je ne dis pas. Sentir, ressentir, sans même regarder tes yeux qui se ferment sous la douceur de ma main, volupté de ton vouloir et le sens de ton savoir. Ta bouche pleine de baisers qui s’ouvrent pour m’accompagner dans la danse de l’amour. Caresse de colombe, je pose ma main sur ta nuque chaude et j’emporte avec moi ton parfum qui se cache dans le creux de tes seins. Tu ouvres les yeux et je lis ton message. La volupté du bonheur, c’est ce moment là, instantané et précieux qui roule comme une perle qui vient de naître et qui s’échappe de son coquillage. Nos mains qui se joignent et s’enlacent pour affronter le monde de demain. Mes bras qui entourent ton corps pour ne plus en faire qu’un. L’amour est une valse lente, sensuelle et complice. Les mots s’échappent de tes yeux et ton cœur bat la mesure à chacun de nos pas. Le froid peut venir mordre le tissu de nos manteaux. Notre chaleur est si intense que la glace fond dans un miroir. Le miroir où je te vois te déplacer comme un cygne beau et majestueux. Plumes blanches où des perles d’eau se glissent. Je bois ces perles que je roule dans ma bouche et que je voudrais encore t’offrir dans un dernier baiser.
Où que tu sois, lorsque la nuit tirera son rideau noir, j’entendrai le battement de mon cœur qui frappera dans ma poitrine comme un tambour. Il tonnera un rythme régulier, et tu suivras l’envol de la chouette et respirera les tonalités de l’obscurité.
J’enverrai les halots de mes désirs et mon âme se faufilera dans le ciel étoilé. Le flux de mon sang se mélangera à la constellation qui scintillera et s’ordonnera pour écrire mon message, à toi Clara. La voie lactée sera un ruban de mes mots sucrés. J’arrondirai les lettres transparentes que tu sauras lire sans difficulté. Les nuages orageux gronderont vers minuit comme des cuisses gourmandes. L’éclair, phallus gonflé de désir pourra foudroyer la forêt qui brûlera dans un soupir. Le feu rougeoiera et illuminera son trône amoureux. Le ciel flamboiera et les dieux seront tous impuissants pour éteindre cet incendie. Mes mots moutonneront leurs pensées et le vent se lèvera pour qu’ils viennent jusqu’à toi. Mon écriture enjambera les kilomètres qui nous sépare, caressera tes bras qui me seront offerts. La nuit sera notre complice car dans ses mains offertes tout se glissera. Nos lèvres s’uniront et parleront sans prononcer un mot. La lune transpirera des pluies de lumière sur notre nid protégé par le monde des fées. D’une baguette agile, elle reculera les heures pour que nous soyons au solstice de notre été. Les frontières s’ouvriront car notre monde sera clôturé de papillons dorés. Les ailes des fées renverront les poussières de Satan sur ses braises ardentes qui s’éteindront comme des feux follets. Leur fumée nauséeuse se déchirera et s’évaporera comme un message désarticulé. Des nuages ronds nidifieront nos âmes esseulées. Nos mains se chercheront, s’ouvriront sur nos doigts argentés. Ils s’engouffreront dans ta chevelure blonde ensoleillée et la mienne brune nuitée. Nos bras entoureront le coffret de nos cœurs qui palpiteront au rythme de notre amour. Notre fièvre fondera en rosée et les fleurs pourront se nourrir de notre nectar. Le pollen s’envolera, sèmera la vie sur la terre. Les feuilles des arbres grandiront et les fruits se détacheront dans notre pré. Nos bouches croqueront la chair et boiront son jus nourricier.
Le jour a ouvert notre fenêtre ce matin et j’entendais la pluie marteler les carreaux et je crois maintenant que c’est le battement de mon cœur prisonnier qui frappait contre nos volets. Ton cœur est une pomme, ce fruit qui m’est maintenant défendu, loin de moi. L’oiseau emporte ce message jusqu’à toi. .
Pendant que ma rêverie s’envole vers toi, le vent gonfle mon parapluie et titube comme une mauvaise danseuse sur le trottoir et je reçois la pluie glacée en pleine figure. Elle me tire de mes songes d’homme amoureux. Je coure comme une marionnette vers mon protecteur de mauvaise saison, je lutte avec lui comme avec moi-même. Il se colle contre une vitre d’un magasin et soulagé je prends fermement son poignet pour le dompter de sa désinvolture.
Essoufflé, je m’arrête au coin de la rue, comme d’habitude, dans un kiosque j’achète mon journal que je bloque sous mon bras. Je me dirige vers mon entreprise. Les nuages de pluie poursuivent leurs courses vers l’Est pour arroser les campagnes asséchées par un été caniculaire. L’eau ruisselle dans les caniveaux et s’engouffrent dans les bouches d’égouts. Je plie mon parapluie et mon journal glisse, se colle sur le trottoir mouillé. D’une main alerte j’essaye de le ramasser avant qu’il ne soit plus qu’une éponge. Le papier reste collé au bitume. Je pose ma mallette, je m’accroupies et du bout de mes doigts je racle les coins de chaque feuillet. Mon journal se fossilise dans le sol pour ne laisser qu’une empreinte et une correspondance adressée à mon nom attire ma lecture :
« Evans, Je suis dans l’avion. Je pense à toi. J’écris ces quelques mots sur mon journal intime. Dommage que tu ne puisses lire mes pensées. Merci pour ce dimanche et cette nuit merveilleuse que nous avons passée ensemble. Je regarde de mon hublot les maisons qui rétrécissent au fur et mesure de l’ascension de l’avion. J’aperçois ton immeuble et je te devine. Je reste figée à notre rencontre. Lorsque tu m’as pris soudain la main dans un regard tu m’as dit que tout peut changer du jour au lendemain. Je reste accrochée, à cet instant, sur tes mots d’avenir. Je n’ai plus envie de partir, je veux goûter cette vie ordinaire. Tu as ajouté des milliers de perles à ma vie qui est devenue un collier précieux. Je suis hôtesse de l’air et je cours comme un courant d’air. Je voudrais poser mes pieds sur la terre ferme et regarder vers notre direction. »
Mes yeux restent figés sur tes mots. Je les effleure du bout de mes doigts pour te confier mes émotions. Je veux t’enlacer et t’embrasser mais le trottoir, comme un buvard absorbe l’encre noire de ton message. Ton portrait soudain surgit du sol, me sourit, je pose mes lèvres sur les tiennes puis disparaît dans la grisaille du béton. Les passants m’observent inquiets de mon comportement. Ils penchent la tête curieux puis indifférent poursuivent leur chemin le dos courbé au vent. Je regarde autour de moi pour comprendre cet artifice. Je cherche le magicien, le jour d’un premier avril ou une caméra cachée d’un jeu télévisé. Un homme pressé me bouscule et je tombe à plat ventre. Je vois mon visage dans ce miroir gelé sur le bitume. D’un mouvement de terreur, je me relève d’un coup et je prends ma mallette pour échapper à cet enchantement. Le parterre est une patinoire. Mes jambes trébuchent comme un pantin désarticulé. Je pousse la porte de mon entreprise, je me précipite dans l’ascenseur, j’appuie sur le bouton du dixième étage. La machine se bloque, ma respiration est de plus en plus forte, les lumières clignotent, je me retrouve dans le noir. Je crie de toute ma puissance vocale pour demander de l’aide. La lampe de secours s’allume soudainement, une voix féminine m’annonce de patienter quelques minutes, le courant va être rétabli. Pendant ces quelques minutes je revois la scène sur le trottoir. Je transpire, ma chemise me colle à la peau, des gouttes de sueur coulent le long de mes tempes, mes yeux se brouillent, la porte ne s’ouvre pas.
La voix féminine m’annonce :
− Pour le vol en direction de Rome, vous être prié de vous diriger vers la porte numéro douze. Le décollage est prévu dans une dizaine de minutes.
− Je ne suis pas dans un aéroport ! Ouvrez, je suis dans un ascenseur. Ouvrez vite, j’étouffe.
La voix poursuit.
− Nous vous prions mesdames et messieurs de fermer vos portables, d’attacher vos ceintures, le vol est imminent. Après, le décollage, les hôtesses vous proposeront quelques boissons.
Je tambourine les parois de la cabine.
Je sens bien l’accélération soudaine de l’ascenseur. L’immeuble n’a que dix étages mais j’ai la sensation qu’il en possède des centaines. Je me butte contre la taule de la machine, je ne sais pas où m’agripper pour me retenir, mon corps mains glisse dans toutes les directions.
− Attachez votre ceinture Evans pour votre confort.
− Quelle ceinture ?
Je regarde autour de moi et dans la lumière fétide j’aperçois effectivement une lanière brillante. Je la saisie et je boucle mon ceinturon. L’ascenseur se stabilise et je peux reprendre ma respiration. La sueur coule le long de mon dos comme une fontaine. J’ai soif. Je ferme les yeux, j’entends encore le vrombissement du déplacement de la cabine. Ou va-t-elle ? Que cherche-t-elle ? Dans quel film de fiction me suis-je projeté ? J’ouvre de nouveau les yeux. Là à côté de moi, un petit plateau comprenant un petit déjeuner a été posé.
− Vous pouvez désormais détacher vos ceintures. Nous serons arrivés dans une heure. Les hôtesses sont à votre disposition. Tout l’équipage vous souhaite un bon voyage.
−Il y a une hôtesse qui peut me répondre. Ou suis-je ? Ou m’amenez-vous ?
− Nous allons en destination de Rome. Souhaitez-vous une boisson supplémentaire ?
− Et comment faites-vous pour me l’amener dans ma carlingue ?
− Sur un plateau
− Ce n’est pas possible. Je ne vois personne. Je veux descendre à mon dixième étage.
− Impossible Evans, l’avion est actuellement à une altitude trop élevée. Détendez-vous, tout va bien se passer. Nous allons vous projeter un film, le temps passera plus vite.
En effet, quelques secondes plus tard, un film documentaire défile sur le mur de la cabine. Je n’en crois pas mes yeux. Mon esprit s’évade, je pense à Clara.
« Clara, je t’envoies mes pensées à travers cet espace temps. Je me demande si notre subconscient nous joue en ce moment un mauvais tour. Est-ce que nos pensées mutuelles peuvent devenir une réalité ? La force du vouloir traverse-t-elle ainsi les barrières du réel ? Je sais que tu as toujours spéculé que l’âme peut franchir des frontières pour rejoindre un être aimé où qu’il soit, même mort. Tu jouais souvent cette pratique avec des cartes, une boule de cristal, un pendule. Tu arrivais même à déplacer des objets par la concentration. A force est-elle si intense pour me faire voyager dans un ascenseur pour m’amener jusqu’à toi ? Je commence pourtant seulement à me détendre car j’ai soudainement confiance en ton pouvoir et je crois que tu es capable de me déplacer où tu le désires. Tu m’as déjà envoûté par ton amour alors je suis sûr que mon corps peut se transformer en plume d’oiseau pour voler jusqu’à toi. »
Mon corps fatigué s’allonge sur le sol et je m’endors d’un profond sommeil. La rue du Paradis est illuminée d’un beau soleil. Les arbres sont en fleur et leurs branches sont habillées de feuillage vert tendre. C’est le printemps. Je sens le parfum des femmes que je frôle à leur passage. Leurs jupes semblent respirer à chacun de leurs pas et je suis ravi de me sentir vivant. C’est à ce moment là que tu as surgi enveloppée dans ta robe blanche, fraîche comme une fleur au coin de la rue du Paradis. Je ne sais pas où tu allais mais j’étais certain qu’il fallait que je fasse ta connaissance avant que tu ne t’évapores dans la foule. Sans réfléchir, je débloque la fermeture de ma mallette de travail et mes documents se déversent devant toi, ma belle inconnue. Surprise, tu recules d’un pas et tu t’excuses comme si cette maladresse venait de toi. Tu m’aides à ramasser mes papiers éparpillés sur le trottoir et ta main retient un livre que tu consultes dans un sourire. Je te l’offre et je te propose de boire un café en face de la rue. A la première gorgée, je peux apprécier la noblesse de ta féminité, l’intensité de ton regard. L’assurance d’avoir rencontré la femme de sa vie se résume à cet instant. Cette vie, je la désire simple, arrondie chaque jour de petits bonheurs avec toi. Celui de la paresse qui s’étire dans un lit bien chaud et sentir l’arôme du café qui coule dans la cafetière. Ecouter les ruissellements de l’eau sur ta peau bronzée que le savon parfumé au jasmin exhale lorsque tu es sous ta douche. Te regarder parler et boire tes paroles comme une tasse de thé. Te voir rire soudainement pour un petit rien. Contempler ton visage de plaisir.
L’ascenseur se réveille et moi aussi. Son corps d’acier tremble. Il descend les étages ou s’apprête à rejoindre la piste de l’aéroport. Mon corps est secoué par la vitesse. Mon hôtesse de l’imaginaire m’ordonne.
− Dans quelques minutes nous allons atterrir, veuillez attacher vos ceintures.
− Arrêter tout, à cette vitesse, l’ascenseur va s’écraser au sol et je vais être pulvérisé.
− Il est possible Evans que vous ayez raison. Que dire de notre fin véritable, de notre destiné ?
− C’est une plaisanterie, arrêtez cet ascenseur ! Ce délire !
− Il va s’arrêter c’est sûr, soit sur la piste de l’aéroport, soit sur le pavé de votre immeuble. Que choisissez-vous ?
− Rien, je veux seulement que tout redevienne comme avant.
− Alors, appuyez sur le bouton d’un étage Evans. C’est vous qui choisissez le chemin que vous devez prendre. Tout le long de la vie on est amené à faires des choix. Aujourd’hui, pour vous, c’est de choisir votre étage. Quel chemin prendrez-vous ?
− Il n’existe pas tous les numéros d’étages dans cet immeuble, alors cela me paraît tout à fait impossible.
− C’est là que vous vous trompez, tout est possible. Il suffit de grandir votre imagination et d’aller le plus loin possible. Grandissez-vous poussez le bouton de l’ascenseur encore plus loin. Allez jusqu’au bout de votre rêve, l’esprit est libre de choisir, essayez de vous sentir enfin vivre.
− C’est de la fiction tout ce que vous me dîtes. On ne peut pas obtenir tout ce que l’on veut parce que l’on en a rêvé.
− Alors, continuez de rêver Mrs Evans ou appuyez sur votre étage.
L’ascenseur continue de descendre. Je me lève difficilement, je colle mes mains moites sur la ferraille et j’essaye d’appuyer sur le numéro de mon étage. Une centaine de numéros s’affichent. Quel choix ? Je réfléchie quelques instant. Le chiffre qui me fait rêver, celui qui résume toues mes pensées. Tu es née le six, j’habite au numéro six, nous nous sommes rencontrés le six.
− L’avion va bientôt toucher terre Evans ou l’ascenseur va bientôt exploser. Bonne fin de voyage.
A ces mots, j’appuie avec hâte sur le sixième étage. L’ascenseur interrompt brutalement sa descente et je suis projeté au plafond violemment pour redescendre aussitôt sur le sol. Ma tête me fait mal. Je passe ma main sur mon front. Je sens une énorme bosse. J’ai du mal à cligner des paupières, mon droit ne peut plus se relever. Je vois ma chemise immaculée de sang. Mon arcade sourcilière est ouverte. Je n’ai aucun mouchoir pour arrêter l’hémorragie. Je sens mon sang couler sur ma joue et s’infiltrer dans le col de ma chemise. Mon torse en quelques minutes devient écarlate et humide.
L’ascenseur remonte doucement les étages et je sourie malgré mes douleurs. Je regarde les numéros du compteur qui augmentent progressivement. Enfin, je vois le numéro six qui s’affiche. La porte s’ouvre lentement, grippée de ne s’être pas ouverte depuis quelques heures. Le dernier battant s’étire et je vois Clara dans sa robe blanche qui me sourie comme au premier jour.
− Evans, tu es en sang ! Qu’est ce qu’il t’est arrivé ? De l’aide s’il vous plaît, un blessé ici dans l’ascenseur !
Mes collèges arrivent rapidement et m’emmènent à l’infirmerie. On soigne mes blessures, on m’ausculte de la tête au pied pendant que Clara me tient la main.
− Tu as bien reçu mon message pour te dire que je faisais demi-tour pour rester avec toi. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Tout d’un coup, j’ai eu l’impression que tu m’appelais pour que je revienne. C’était si fort. Je n’ai jamais rien ressenti de tel ! Alors, j’ai pris le prochain avion pour Paris.
− J’ai bien perçu ton message. Il était si …
− Oui, il était comment ?
− Si intense. C’était comment dire, une longue correspondance amoureuse télépathique. Des confidences transmises d’une façon si particulière. Je suis heureux que tu sois là.
« C’est beau le vent d’automne qui souffle sur les peupliers,
Ils plient, ils chantent une plainte et laissent échapper ses feuilles.
C’est beau ce chant d’automne qui enfle dans mes poumons,
Il annonce tes volontés et mon dos cambre sous tes désirs… »
Dans mes souvenirs, tes soupirs, je les entends encore respirer à chaque note de tes mots. Je penche le dos sur tes courbes féminines. Tu dors encore et dans mon corps, je ressens la souffrance de ne plus être avec toi. Tu es parti loin de moi. Tu as pris l’avion pour rejoindre l’Italie et tu me laisses avec mes souvenirs qui m’étranglent. J’aimerais encore une fois simplement caresser le contour de ton visage pour modeler aux bouts de mes doigts les mots que je ne dis pas. Sentir, ressentir, sans même regarder tes yeux qui se ferment sous la douceur de ma main, volupté de ton vouloir et le sens de ton savoir. Ta bouche pleine de baisers qui s’ouvrent pour m’accompagner dans la danse de l’amour. Caresse de colombe, je pose ma main sur ta nuque chaude et j’emporte avec moi ton parfum qui se cache dans le creux de tes seins. Tu ouvres les yeux et je lis ton message. La volupté du bonheur, c’est ce moment là, instantané et précieux qui roule comme une perle qui vient de naître et qui s’échappe de son coquillage. Nos mains qui se joignent et s’enlacent pour affronter le monde de demain. Mes bras qui entourent ton corps pour ne plus en faire qu’un. L’amour est une valse lente, sensuelle et complice. Les mots s’échappent de tes yeux et ton cœur bat la mesure à chacun de nos pas. Le froid peut venir mordre le tissu de nos manteaux. Notre chaleur est si intense que la glace fond dans un miroir. Le miroir où je te vois te déplacer comme un cygne beau et majestueux. Plumes blanches où des perles d’eau se glissent. Je bois ces perles que je roule dans ma bouche et que je voudrais encore t’offrir dans un dernier baiser.
Où que tu sois, lorsque la nuit tirera son rideau noir, j’entendrai le battement de mon cœur qui frappera dans ma poitrine comme un tambour. Il tonnera un rythme régulier, et tu suivras l’envol de la chouette et respirera les tonalités de l’obscurité.
J’enverrai les halots de mes désirs et mon âme se faufilera dans le ciel étoilé. Le flux de mon sang se mélangera à la constellation qui scintillera et s’ordonnera pour écrire mon message, à toi Clara. La voie lactée sera un ruban de mes mots sucrés. J’arrondirai les lettres transparentes que tu sauras lire sans difficulté. Les nuages orageux gronderont vers minuit comme des cuisses gourmandes. L’éclair, phallus gonflé de désir pourra foudroyer la forêt qui brûlera dans un soupir. Le feu rougeoiera et illuminera son trône amoureux. Le ciel flamboiera et les dieux seront tous impuissants pour éteindre cet incendie. Mes mots moutonneront leurs pensées et le vent se lèvera pour qu’ils viennent jusqu’à toi. Mon écriture enjambera les kilomètres qui nous sépare, caressera tes bras qui me seront offerts. La nuit sera notre complice car dans ses mains offertes tout se glissera. Nos lèvres s’uniront et parleront sans prononcer un mot. La lune transpirera des pluies de lumière sur notre nid protégé par le monde des fées. D’une baguette agile, elle reculera les heures pour que nous soyons au solstice de notre été. Les frontières s’ouvriront car notre monde sera clôturé de papillons dorés. Les ailes des fées renverront les poussières de Satan sur ses braises ardentes qui s’éteindront comme des feux follets. Leur fumée nauséeuse se déchirera et s’évaporera comme un message désarticulé. Des nuages ronds nidifieront nos âmes esseulées. Nos mains se chercheront, s’ouvriront sur nos doigts argentés. Ils s’engouffreront dans ta chevelure blonde ensoleillée et la mienne brune nuitée. Nos bras entoureront le coffret de nos cœurs qui palpiteront au rythme de notre amour. Notre fièvre fondera en rosée et les fleurs pourront se nourrir de notre nectar. Le pollen s’envolera, sèmera la vie sur la terre. Les feuilles des arbres grandiront et les fruits se détacheront dans notre pré. Nos bouches croqueront la chair et boiront son jus nourricier.
Le jour a ouvert notre fenêtre ce matin et j’entendais la pluie marteler les carreaux et je crois maintenant que c’est le battement de mon cœur prisonnier qui frappait contre nos volets. Ton cœur est une pomme, ce fruit qui m’est maintenant défendu, loin de moi. L’oiseau emporte ce message jusqu’à toi. .
Pendant que ma rêverie s’envole vers toi, le vent gonfle mon parapluie et titube comme une mauvaise danseuse sur le trottoir et je reçois la pluie glacée en pleine figure. Elle me tire de mes songes d’homme amoureux. Je coure comme une marionnette vers mon protecteur de mauvaise saison, je lutte avec lui comme avec moi-même. Il se colle contre une vitre d’un magasin et soulagé je prends fermement son poignet pour le dompter de sa désinvolture.
Essoufflé, je m’arrête au coin de la rue, comme d’habitude, dans un kiosque j’achète mon journal que je bloque sous mon bras. Je me dirige vers mon entreprise. Les nuages de pluie poursuivent leurs courses vers l’Est pour arroser les campagnes asséchées par un été caniculaire. L’eau ruisselle dans les caniveaux et s’engouffrent dans les bouches d’égouts. Je plie mon parapluie et mon journal glisse, se colle sur le trottoir mouillé. D’une main alerte j’essaye de le ramasser avant qu’il ne soit plus qu’une éponge. Le papier reste collé au bitume. Je pose ma mallette, je m’accroupies et du bout de mes doigts je racle les coins de chaque feuillet. Mon journal se fossilise dans le sol pour ne laisser qu’une empreinte et une correspondance adressée à mon nom attire ma lecture :
« Evans, Je suis dans l’avion. Je pense à toi. J’écris ces quelques mots sur mon journal intime. Dommage que tu ne puisses lire mes pensées. Merci pour ce dimanche et cette nuit merveilleuse que nous avons passée ensemble. Je regarde de mon hublot les maisons qui rétrécissent au fur et mesure de l’ascension de l’avion. J’aperçois ton immeuble et je te devine. Je reste figée à notre rencontre. Lorsque tu m’as pris soudain la main dans un regard tu m’as dit que tout peut changer du jour au lendemain. Je reste accrochée, à cet instant, sur tes mots d’avenir. Je n’ai plus envie de partir, je veux goûter cette vie ordinaire. Tu as ajouté des milliers de perles à ma vie qui est devenue un collier précieux. Je suis hôtesse de l’air et je cours comme un courant d’air. Je voudrais poser mes pieds sur la terre ferme et regarder vers notre direction. »
Mes yeux restent figés sur tes mots. Je les effleure du bout de mes doigts pour te confier mes émotions. Je veux t’enlacer et t’embrasser mais le trottoir, comme un buvard absorbe l’encre noire de ton message. Ton portrait soudain surgit du sol, me sourit, je pose mes lèvres sur les tiennes puis disparaît dans la grisaille du béton. Les passants m’observent inquiets de mon comportement. Ils penchent la tête curieux puis indifférent poursuivent leur chemin le dos courbé au vent. Je regarde autour de moi pour comprendre cet artifice. Je cherche le magicien, le jour d’un premier avril ou une caméra cachée d’un jeu télévisé. Un homme pressé me bouscule et je tombe à plat ventre. Je vois mon visage dans ce miroir gelé sur le bitume. D’un mouvement de terreur, je me relève d’un coup et je prends ma mallette pour échapper à cet enchantement. Le parterre est une patinoire. Mes jambes trébuchent comme un pantin désarticulé. Je pousse la porte de mon entreprise, je me précipite dans l’ascenseur, j’appuie sur le bouton du dixième étage. La machine se bloque, ma respiration est de plus en plus forte, les lumières clignotent, je me retrouve dans le noir. Je crie de toute ma puissance vocale pour demander de l’aide. La lampe de secours s’allume soudainement, une voix féminine m’annonce de patienter quelques minutes, le courant va être rétabli. Pendant ces quelques minutes je revois la scène sur le trottoir. Je transpire, ma chemise me colle à la peau, des gouttes de sueur coulent le long de mes tempes, mes yeux se brouillent, la porte ne s’ouvre pas.
La voix féminine m’annonce :
− Pour le vol en direction de Rome, vous être prié de vous diriger vers la porte numéro douze. Le décollage est prévu dans une dizaine de minutes.
− Je ne suis pas dans un aéroport ! Ouvrez, je suis dans un ascenseur. Ouvrez vite, j’étouffe.
La voix poursuit.
− Nous vous prions mesdames et messieurs de fermer vos portables, d’attacher vos ceintures, le vol est imminent. Après, le décollage, les hôtesses vous proposeront quelques boissons.
Je tambourine les parois de la cabine.
Je sens bien l’accélération soudaine de l’ascenseur. L’immeuble n’a que dix étages mais j’ai la sensation qu’il en possède des centaines. Je me butte contre la taule de la machine, je ne sais pas où m’agripper pour me retenir, mon corps mains glisse dans toutes les directions.
− Attachez votre ceinture Evans pour votre confort.
− Quelle ceinture ?
Je regarde autour de moi et dans la lumière fétide j’aperçois effectivement une lanière brillante. Je la saisie et je boucle mon ceinturon. L’ascenseur se stabilise et je peux reprendre ma respiration. La sueur coule le long de mon dos comme une fontaine. J’ai soif. Je ferme les yeux, j’entends encore le vrombissement du déplacement de la cabine. Ou va-t-elle ? Que cherche-t-elle ? Dans quel film de fiction me suis-je projeté ? J’ouvre de nouveau les yeux. Là à côté de moi, un petit plateau comprenant un petit déjeuner a été posé.
− Vous pouvez désormais détacher vos ceintures. Nous serons arrivés dans une heure. Les hôtesses sont à votre disposition. Tout l’équipage vous souhaite un bon voyage.
−Il y a une hôtesse qui peut me répondre. Ou suis-je ? Ou m’amenez-vous ?
− Nous allons en destination de Rome. Souhaitez-vous une boisson supplémentaire ?
− Et comment faites-vous pour me l’amener dans ma carlingue ?
− Sur un plateau
− Ce n’est pas possible. Je ne vois personne. Je veux descendre à mon dixième étage.
− Impossible Evans, l’avion est actuellement à une altitude trop élevée. Détendez-vous, tout va bien se passer. Nous allons vous projeter un film, le temps passera plus vite.
En effet, quelques secondes plus tard, un film documentaire défile sur le mur de la cabine. Je n’en crois pas mes yeux. Mon esprit s’évade, je pense à Clara.
« Clara, je t’envoies mes pensées à travers cet espace temps. Je me demande si notre subconscient nous joue en ce moment un mauvais tour. Est-ce que nos pensées mutuelles peuvent devenir une réalité ? La force du vouloir traverse-t-elle ainsi les barrières du réel ? Je sais que tu as toujours spéculé que l’âme peut franchir des frontières pour rejoindre un être aimé où qu’il soit, même mort. Tu jouais souvent cette pratique avec des cartes, une boule de cristal, un pendule. Tu arrivais même à déplacer des objets par la concentration. A force est-elle si intense pour me faire voyager dans un ascenseur pour m’amener jusqu’à toi ? Je commence pourtant seulement à me détendre car j’ai soudainement confiance en ton pouvoir et je crois que tu es capable de me déplacer où tu le désires. Tu m’as déjà envoûté par ton amour alors je suis sûr que mon corps peut se transformer en plume d’oiseau pour voler jusqu’à toi. »
Mon corps fatigué s’allonge sur le sol et je m’endors d’un profond sommeil. La rue du Paradis est illuminée d’un beau soleil. Les arbres sont en fleur et leurs branches sont habillées de feuillage vert tendre. C’est le printemps. Je sens le parfum des femmes que je frôle à leur passage. Leurs jupes semblent respirer à chacun de leurs pas et je suis ravi de me sentir vivant. C’est à ce moment là que tu as surgi enveloppée dans ta robe blanche, fraîche comme une fleur au coin de la rue du Paradis. Je ne sais pas où tu allais mais j’étais certain qu’il fallait que je fasse ta connaissance avant que tu ne t’évapores dans la foule. Sans réfléchir, je débloque la fermeture de ma mallette de travail et mes documents se déversent devant toi, ma belle inconnue. Surprise, tu recules d’un pas et tu t’excuses comme si cette maladresse venait de toi. Tu m’aides à ramasser mes papiers éparpillés sur le trottoir et ta main retient un livre que tu consultes dans un sourire. Je te l’offre et je te propose de boire un café en face de la rue. A la première gorgée, je peux apprécier la noblesse de ta féminité, l’intensité de ton regard. L’assurance d’avoir rencontré la femme de sa vie se résume à cet instant. Cette vie, je la désire simple, arrondie chaque jour de petits bonheurs avec toi. Celui de la paresse qui s’étire dans un lit bien chaud et sentir l’arôme du café qui coule dans la cafetière. Ecouter les ruissellements de l’eau sur ta peau bronzée que le savon parfumé au jasmin exhale lorsque tu es sous ta douche. Te regarder parler et boire tes paroles comme une tasse de thé. Te voir rire soudainement pour un petit rien. Contempler ton visage de plaisir.
L’ascenseur se réveille et moi aussi. Son corps d’acier tremble. Il descend les étages ou s’apprête à rejoindre la piste de l’aéroport. Mon corps est secoué par la vitesse. Mon hôtesse de l’imaginaire m’ordonne.
− Dans quelques minutes nous allons atterrir, veuillez attacher vos ceintures.
− Arrêter tout, à cette vitesse, l’ascenseur va s’écraser au sol et je vais être pulvérisé.
− Il est possible Evans que vous ayez raison. Que dire de notre fin véritable, de notre destiné ?
− C’est une plaisanterie, arrêtez cet ascenseur ! Ce délire !
− Il va s’arrêter c’est sûr, soit sur la piste de l’aéroport, soit sur le pavé de votre immeuble. Que choisissez-vous ?
− Rien, je veux seulement que tout redevienne comme avant.
− Alors, appuyez sur le bouton d’un étage Evans. C’est vous qui choisissez le chemin que vous devez prendre. Tout le long de la vie on est amené à faires des choix. Aujourd’hui, pour vous, c’est de choisir votre étage. Quel chemin prendrez-vous ?
− Il n’existe pas tous les numéros d’étages dans cet immeuble, alors cela me paraît tout à fait impossible.
− C’est là que vous vous trompez, tout est possible. Il suffit de grandir votre imagination et d’aller le plus loin possible. Grandissez-vous poussez le bouton de l’ascenseur encore plus loin. Allez jusqu’au bout de votre rêve, l’esprit est libre de choisir, essayez de vous sentir enfin vivre.
− C’est de la fiction tout ce que vous me dîtes. On ne peut pas obtenir tout ce que l’on veut parce que l’on en a rêvé.
− Alors, continuez de rêver Mrs Evans ou appuyez sur votre étage.
L’ascenseur continue de descendre. Je me lève difficilement, je colle mes mains moites sur la ferraille et j’essaye d’appuyer sur le numéro de mon étage. Une centaine de numéros s’affichent. Quel choix ? Je réfléchie quelques instant. Le chiffre qui me fait rêver, celui qui résume toues mes pensées. Tu es née le six, j’habite au numéro six, nous nous sommes rencontrés le six.
− L’avion va bientôt toucher terre Evans ou l’ascenseur va bientôt exploser. Bonne fin de voyage.
A ces mots, j’appuie avec hâte sur le sixième étage. L’ascenseur interrompt brutalement sa descente et je suis projeté au plafond violemment pour redescendre aussitôt sur le sol. Ma tête me fait mal. Je passe ma main sur mon front. Je sens une énorme bosse. J’ai du mal à cligner des paupières, mon droit ne peut plus se relever. Je vois ma chemise immaculée de sang. Mon arcade sourcilière est ouverte. Je n’ai aucun mouchoir pour arrêter l’hémorragie. Je sens mon sang couler sur ma joue et s’infiltrer dans le col de ma chemise. Mon torse en quelques minutes devient écarlate et humide.
L’ascenseur remonte doucement les étages et je sourie malgré mes douleurs. Je regarde les numéros du compteur qui augmentent progressivement. Enfin, je vois le numéro six qui s’affiche. La porte s’ouvre lentement, grippée de ne s’être pas ouverte depuis quelques heures. Le dernier battant s’étire et je vois Clara dans sa robe blanche qui me sourie comme au premier jour.
− Evans, tu es en sang ! Qu’est ce qu’il t’est arrivé ? De l’aide s’il vous plaît, un blessé ici dans l’ascenseur !
Mes collèges arrivent rapidement et m’emmènent à l’infirmerie. On soigne mes blessures, on m’ausculte de la tête au pied pendant que Clara me tient la main.
− Tu as bien reçu mon message pour te dire que je faisais demi-tour pour rester avec toi. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Tout d’un coup, j’ai eu l’impression que tu m’appelais pour que je revienne. C’était si fort. Je n’ai jamais rien ressenti de tel ! Alors, j’ai pris le prochain avion pour Paris.
− J’ai bien perçu ton message. Il était si …
− Oui, il était comment ?
− Si intense. C’était comment dire, une longue correspondance amoureuse télépathique. Des confidences transmises d’une façon si particulière. Je suis heureux que tu sois là.
RICHARD2- Nombre de messages : 160
Age : 64
Date d'inscription : 27/08/2010
Re: La rue du paradis
A lire ce long texte, on est essoufflé par le foisonnement d'idées, d'images. On est promené du rêve à la réalité , du délire à la raison, sans bien savoir où est la frontière.
En raison de la longueur du texte j'ai hésité à me lancer dans sa lecture, et je ne regrette pas d'être arrivée au bout.
En raison de la longueur du texte j'ai hésité à me lancer dans sa lecture, et je ne regrette pas d'être arrivée au bout.
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