Exo "La fin du monde" : Fin du dernier monde connu

nous passions
sous les nuages et ceux-ci
passaient aussi et la terre tournait
inlassablement et nos épaules montaient
puis descendaient et nous respirions et tout était
en mouvement lorsque je pris ta main échappant
ainsi une feuille de papier à rouler qui s'envola
joua un peu avec le vent et finit par se
poser sur une gouttière sans doute
se demandant et maintenant
que vais-je faire tout était
possible et tout
changeait

et j'eus soudain l'impressions
de rouler mes clopes
avec des ailes de papillons

et j'eus soudain l'impres-sion
que ces passages incessants
signaient la fin de ce qui cesse
signaient la fin
du dernier monde connu

et j'eus soudain l'impression
de rouler mes clopes
avec des ailes de papillons

J'aime bien la fragilité du monde évoquée avec une telle délicatesse

super

Ici, tout est suggéré etf ça me plait

Ici, tout est suggéré et ça me plait

La fin du "dernier monde connu", ce n'est pas la fin du monde "tout court".
Et cette éventualité que tu laisses entrevoir d'un recommencement, d'une suite,
sous une autre forme, me plaît beaucoup, moi qui pense que tout a toujours existé,
que rien ne se crée, que tout se transforme...Bref, arrêtons là.
J'aime ton texte.

J'aime surtout la fin de ce texte un peu long pour un exo court *sourire*

Je trouve cela léger et fragile, dans le sens très mélancolique du terme. Ça me fait penser à ce titre de Derrida, "Chaque fois unique, la fin du monde"

le défilement des nuages dans le ciel
qui fixe visuellement l'instant où l'on ressent ce basculement
permet d'accéder aux dimensions que contiennent ces lignes.
ce sont les tiennes avec tes mots, mais elles me sont pourtant allées droit dans le mille.
quelque chose de grave, allégé par l'abandon et porté par le vent, très présent: fatum.

j'aime particulièrement ceci
"maintenant
que vais-je faire tout était
possible et tout
changeait

et j'eus soudain l'impressions
de rouler mes clopes
avec des ailes de papillons

et j'eus soudain l'impres-sion
que ces passages incessants
signaient la fin de ce qui cesse
signaient la fin
du dernier monde connu"

On met ce qu'on veut dans ce texte.
Feuilles mortes, soucoupe volante, derviche tourneur, valse, farandole, mots qui s'échappent de la feuille ...
C'est en cela qu'il est intéressant je trouve

J'hésite sur le rythme de la première strophe, à la fois bien maîtrisé, parfaitement significatif de cette envolée, mais quand même trop haché et trop évident dans l'émotion selon moi. Mais sinon, que dire, c'est aérien, fragile, la fin du monde est quotidienne...

Un texte subjectif. juste une remarque sur échappant (emploi intransitif) :

puis descendaient et nous respirions et tout était
en mouvement lorsque je pris ta main échappant => ici je le comprends plutôt comme libérant
ainsi une feuille de papier à rouler qui s'envola