Exo « À chacun son bonbon » : Les crocodiles

Je l’attends, assis sur le petit banc sous le cèdre. J’ai acheté des crocodiles. Je sais qu’elle les adore. Je me dis que j’oserais peut-être aujourd’hui. Peut-être lui dire enfin que je l’aime beaucoup. Dans mes rêves les plus fous on s’embrasse même sur la bouche. Je ne cesse de regarder ma montre. Dans deux minutes elle sera là. 17heures pile, je regarde la porte de l’allée. Personne. Elle est en retard. 17h05, cette attente est un supplice. 17h10 ! Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ? Alors j’ouvre le sachet, je mange un croco vert fluo. Je commence toujours par les verts : c’est la vraie couleur des crocos. Je ne sais pas si elle va apprécier de voir que j’ai ouvert le sachet. Je m’en fiche : elle a qu’à être à l’heure. J’adore le goût de ces bonbons et puis en manger un m’occupe l’esprit. Mais c’est dingue : une demi-heure de retard. Elle m’a posé un lapin. Alors, par dépit, je plonge la main dans le sachet et fourre une douzaine de crocos à la fois dans ma bouche. En trois minutes je finis le sac. Je monte, furieux, chez elle. Sonne à la porte. Sa mère m’ouvre, je demande : « Est-ce que Laetitia est là, s’il vous plaît, madame ? »
Et de me répondre : « Oui, elle est là mais elle travaille. Elle ne descendra pas jouer avec toi. Elle travaille à son exposé.
Sur les crocodiles. »

C'est mignon tout plein, cette amourette enfantine.
Et puis toi au moins, tu as respecté la consigne. Bravo !

Ça me rappelle la planche de Reiser où un type attendait son rancart devant un demi.

Mais, tes crocos sont plus poétiques et ta chute d'un bien meilleur niveau.

Très poétique ce souvenir des amours enfantines ! Le croco de Lacoste n 'existait pas !
Comme quoi l 'amour a aussi ses larmes sucrées ...
Cependant un petit dérapage de doigt sur le clavier pour un accent ( à / a )
je connais ça avec mes ongles acryliqués : " elle a qu ' à être à l 'heure"

Mille pardons ! J 'ai mal lu ! Le (à ) était juste...So stupid !

"J'vous ai apporté des bonbons..." Mais Brel ne les a pas mangé, lui !

Très justement évoqué, l'attente, l'anxiété, le doute

(quand je pense que 40 ans après, on en est à peu près au même point, je sais pas pourquoi ça me rassure)

il a bien fait ce ptit mec de profiter de la douceur du crocodile plutôt que de lui verser des larmes d'attente et d'amour inassouvi. nan mais oh, l'intello elle ne s'est pas ce qu'elle a perdu !

Le déut ou la fin d'un grand amour, on ne sait pas mais c'est si joliment raconté ! J'en reprendrais bien, moi, quelques crocodiles !

Ah ! les crocos c'est comme la coco, une fois que tu mets le nez dedans, difficile de s'arrêter !
Délicieux moment de lecture... en plus, j'adore ce genre de bonbecs...

Je vous aime : je ponds une ridiculerie en cinq minutes et vous me dites que vous aimez !!! Je n'ai plus qu'à mourir, heureux.

Crac ! les crocos, une fois que t'as mis la main dans le sachet, tout y passe. C'est vorace ces bestiaux.
Sympa cette "ridiculerie".

C'est tout mimi, ta ridiculerie !
Quand on a la nostalgie toute empoissée de sucrerie, on est forcément réceptif aux textes des filles-à-la-vanille et gars-au-chocolat !

Sympa comme tout ce petit texte! Et jolie chute...

Oui, sympa ce texte.

Oh ben c'est bien bêta comme situation ! En fait ce que tu nous as fait c'est l'incipit d'une histoire mignonnette, une histoire qui ne commence vraiment qu'après la chute, mais c'est quand même enfantin tout plein !

♪ Au pays dagad´Aragon
Il y avait tugud´une fille
Qui aimait les glaces au citron
Et vanille
Au pays deguede Castille
Il y avait tegued´un garçon
Qui vendait des glaces vanille
Et citron ♫

Pensé à Brel, bien sûr. Mais surtout ravie que les mecs écrivent des instantanés aussi "mimi".

Pensé à "Il était une fois l'Amérique" Lorsque le môme… :-)