Au café des Lilas
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Frédéric Prunier
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Au café des Lilas
Au café des Lilas la lumière est étrange
Tout le monde est figé la tasse dans la main
Yeux fixes, hébétés, la rue où rien ne bouge.
Connaître cette clarté de l'absurde sur l'enseigne
Du Café des Lilas ; supprimer les fleurs de sa
Devanture et voir la main appuyée à la banquette.
Un visage derrière la vitre ; l'inexpression
De la cuiller posée sur le flanc de la table où
Un rayon fait un rail de poussière ; train du soleil.
Le matin immobile grandit ; neuf heures, jour
Une assiette : au centre un oeuf, deux morceaux
D'orange et une croûte de fromage grignoté ;
Le journal déployé ; la guerre crie silencieusement
Un vent de sucre s'est déployé en travers
Quelqu'un sur la terrasse est parti rouler une cigarette.
Tout le monde est figé la tasse dans la main
Yeux fixes, hébétés, la rue où rien ne bouge.
Connaître cette clarté de l'absurde sur l'enseigne
Du Café des Lilas ; supprimer les fleurs de sa
Devanture et voir la main appuyée à la banquette.
Un visage derrière la vitre ; l'inexpression
De la cuiller posée sur le flanc de la table où
Un rayon fait un rail de poussière ; train du soleil.
Le matin immobile grandit ; neuf heures, jour
Une assiette : au centre un oeuf, deux morceaux
D'orange et une croûte de fromage grignoté ;
Le journal déployé ; la guerre crie silencieusement
Un vent de sucre s'est déployé en travers
Quelqu'un sur la terrasse est parti rouler une cigarette.
Re: Au café des Lilas
J'accroche pas Marine, déjà les textes centrés, j'ai du mal, il demande au lecteur un effort, mais si ce centrage n'a aucun rapport avec le contenu...
Ensuite il y a un dans le premier tercet un aller-retour intérieur/extérieur que je ne saisis pas (mais faut-il saisir...) mais qui me plaît bien.
le deuxième c'est du chinois.
Le quatrième, je me perds...
La suite, le comprends un p'tit déj', et puis...
Je pense qu'il manque des ponctuation ici où là, pour saisir...
Des instants de vies captées. Des instantanés.
Ensuite il y a un dans le premier tercet un aller-retour intérieur/extérieur que je ne saisis pas (mais faut-il saisir...) mais qui me plaît bien.
le deuxième c'est du chinois.
Le quatrième, je me perds...
La suite, le comprends un p'tit déj', et puis...
Je pense qu'il manque des ponctuation ici où là, pour saisir...
Des instants de vies captées. Des instantanés.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Au café des Lilas
Ah ... superbe cet arrêt sur image. Magnifique. Ce sont presque les aliments qui vont parler. Mais non, tout se tait. On croirait une photo tirée de La vie et rien d'autre ou de Capitaine Conan.
Marine, j'envie ce pouvoir évocateur.
Marine, j'envie ce pouvoir évocateur.
Re: Au café des Lilas
Il me semble qu'il y a là un vrai travail sur le style, c'est pourquoi ce texte me semble intéressant.
Arrêt sur image avec zoom, oui. Peu de verbes, et choisis pour cette impression (fixé, posé).
Une nature morte en quelque sorte.
Invité- Invité
Re: Au café des Lilas
En seconde lecture le texte apparaît comme ce qu'il est: magnifique.
La première est troublée par la versification. D'autant plus que le premier vers est un alexandrin. L'oreille cherche un rythme et passe à côté de l'essentiel.
En prose poétique, cet essentiel apparaît d'emblée.
Pour le plus grand plaisir du lecteur.
La première est troublée par la versification. D'autant plus que le premier vers est un alexandrin. L'oreille cherche un rythme et passe à côté de l'essentiel.
En prose poétique, cet essentiel apparaît d'emblée.
Pour le plus grand plaisir du lecteur.
Invité- Invité
Re: Au café des Lilas
On passe devant la terrasse, l'on s'arrête, l'on sent ce qui est suggéré +++
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Au café des Lilas
Je retiens de ce texte des belles images, j'aime particulièrement la dernière strophe. Mais j'ai été dérangée par la mise en page: le fait que le poète soit centré ne me gène pas mais certains retours à la ligne empêchent une lecture fluide à mon sens.
isa- Nombre de messages : 559
Age : 33
Localisation : Elbonerg
Date d'inscription : 08/04/2009
Au Café des Lilas
Oui, un arrêt sur image, « O temps! Suspends ton vol... »
Un petit plus : la guerre s'est déployée!
Où ? On ne saura pas, toujours quelque part est en guerre.
qui fait de cette évocation tranquille un soupçon.
Bravo Marine
Un petit plus : la guerre s'est déployée!
Où ? On ne saura pas, toujours quelque part est en guerre.
qui fait de cette évocation tranquille un soupçon.
Bravo Marine
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Au café des Lilas
impossible avec le retard que j'ai de lire tous les poèmes, je commenterai ( enfin si on peut dire ce mot)... que le tien ce soir.
Et je dirai simplement : J'ai beaucoup aimé
Vraiment.
Et je dirai simplement : J'ai beaucoup aimé
Vraiment.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Au café des Lilas
il y a un vrai bon rythme, et même si je n'arrive pas à faire mien cet arrêt au café des lilas parce qu'il y fait froid, les trois dernières lignes sont chouettes.
peut être parce que c'est figé.
le vent de sucre en travers, j'aime sans arriver à comprendre.
peut être parce que c'est figé.
le vent de sucre en travers, j'aime sans arriver à comprendre.
Invité- Invité
Re: Au café des Lilas
Premier tercet en alexandrins et puis la suite en....un certain brouillard, du moins pour quelques passages assez....étranges !
Pour en arriver à un petit déjeuner !
Pour en arriver à un petit déjeuner !
sentimentic- Nombre de messages : 163
Age : 44
Date d'inscription : 24/07/2009
Au café des lilas
étude d'un tableau, d'un instantané, avec une construction dramatique qui joue entre le matin calme, le vent sucré, la sidération des personnages, et la guerre qui rode autour.
Bien rendue.
Bien rendue.
Tollelege- Nombre de messages : 194
Age : 82
Date d'inscription : 27/08/2011
Re: Au café des Lilas
L'action est fixe, la forme la ponctuation doit y être quelques chose dans le charme de ses lignes. Original en tout cas.
Nicolah- Nombre de messages : 120
Age : 32
Date d'inscription : 26/09/2012
Re: Au café des Lilas
Que je l'aime ce poème
l'auteur plante le décor, puis avec le verbe à l'infinitif, elle se détache du descriptif pour laisser glisser les sensations et elle retourne à la description qui nous fait tout ressentir.
l'auteur plante le décor, puis avec le verbe à l'infinitif, elle se détache du descriptif pour laisser glisser les sensations et elle retourne à la description qui nous fait tout ressentir.
Invité- Invité
Re: Au café des Lilas
parisien. à part ça, rien.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Réponse
Il est en haut, je voulais remercier tout le monde pour vos réponses, ça tombe bien !
Pussicat :
"le deuxième c'est du chinois.
Le quatrième, je me perds..."
Merci de ton commentaire ; ces remarques m'intriguent ; le sens, peut-être, n'est pas à saisir complètement, ou de façon évidente comme dans une prose ; je sais que personnellement je n'attends pas d'un poème qu'il me raconte une histoire ; ou alors elle se décante vraiment petit à petit et est moins évidente que celle d'un texte avec un début, un milieu, une fin qui sont bien ordonnées et bien rangées et d'un bond saisissables à l'esprit. "Des instantanés", comme tu le dis, oui, je trouve que par contre ça correspond très bien à ce poème, dans ma sensation.
Pour le centrage, par contre, ce texte, je le vois vraiment centré. Je n'arrive pas à le concevoir autrement. Je pense que justement il y a un lien avec le sens, je le ressens, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi et lequel moi-même. Je crois que c'est à cause de tout ce blanc qui l'entoure sur la page : c'est un peu la même chose, tout ce blanc, que l'instant dont j'essaie de rendre compte au long du poème.
Merci Marvejols, encore une fois !
Condremon, Tizef, Ba, Isa, Annie, Maryse, Igloo, Sentimentic, Tollelege, Nicolah, Eclaircie merci à vous également.
HI Wen : Parisien dans la démarche intellectuelle du poème ou dans sa forme ? C'est la démarche en elle-même, le sujet que je traite, ou plus en profondeur le style qui l'exécute ?
Pussicat :
"le deuxième c'est du chinois.
Le quatrième, je me perds..."
Merci de ton commentaire ; ces remarques m'intriguent ; le sens, peut-être, n'est pas à saisir complètement, ou de façon évidente comme dans une prose ; je sais que personnellement je n'attends pas d'un poème qu'il me raconte une histoire ; ou alors elle se décante vraiment petit à petit et est moins évidente que celle d'un texte avec un début, un milieu, une fin qui sont bien ordonnées et bien rangées et d'un bond saisissables à l'esprit. "Des instantanés", comme tu le dis, oui, je trouve que par contre ça correspond très bien à ce poème, dans ma sensation.
Pour le centrage, par contre, ce texte, je le vois vraiment centré. Je n'arrive pas à le concevoir autrement. Je pense que justement il y a un lien avec le sens, je le ressens, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi et lequel moi-même. Je crois que c'est à cause de tout ce blanc qui l'entoure sur la page : c'est un peu la même chose, tout ce blanc, que l'instant dont j'essaie de rendre compte au long du poème.
Merci Marvejols, encore une fois !
Condremon, Tizef, Ba, Isa, Annie, Maryse, Igloo, Sentimentic, Tollelege, Nicolah, Eclaircie merci à vous également.
HI Wen : Parisien dans la démarche intellectuelle du poème ou dans sa forme ? C'est la démarche en elle-même, le sujet que je traite, ou plus en profondeur le style qui l'exécute ?
Re: Au café des Lilas
en te lisant,
j'avais l'impression de me lire
j'ai travailler un texte avec la même musique intérieure
je ne parle pas du titre que je considère comme un prétexte,
je te joins le lien et te renvoie au texte de Hugo qui m'a inspiré cette musique..
http://www.vosecrits.com/t12491-voyage
en tout cas,
je voulais te féliciter
déjà parce que les renvois, les coupures de vers, que d'habitude je trouve un peu forcé et grossiers
ne sont pas dans ton texte des effets de style qui se la joue juste " pour dire que.. "
mais ils sont ici musique et font la musique... là mon cher Marine... là...
tu veux que je te dise ?
...et bien continue.... fouille ta syntaxe à toije et ton univers à toije encore...
tu deviendras un homme mon gars !!!! hahaha !!! un grand ! avec la poésie en plus !
s u p e r b e ... j'aime ce texte.
j'avais l'impression de me lire
j'ai travailler un texte avec la même musique intérieure
je ne parle pas du titre que je considère comme un prétexte,
je te joins le lien et te renvoie au texte de Hugo qui m'a inspiré cette musique..
http://www.vosecrits.com/t12491-voyage
en tout cas,
je voulais te féliciter
déjà parce que les renvois, les coupures de vers, que d'habitude je trouve un peu forcé et grossiers
ne sont pas dans ton texte des effets de style qui se la joue juste " pour dire que.. "
mais ils sont ici musique et font la musique... là mon cher Marine... là...
tu veux que je te dise ?
...et bien continue.... fouille ta syntaxe à toije et ton univers à toije encore...
tu deviendras un homme mon gars !!!! hahaha !!! un grand ! avec la poésie en plus !
s u p e r b e ... j'aime ce texte.
Re: Au café des Lilas
Je copie-colle ton texte, pour être plus précis :
Au café des Lilas la lumière est étrange
Tout le monde est figé la tasse dans la main
Yeux fixes, hébétés, la rue où rien ne bouge.
-> ça, ça marche. Mais : "yeux fixes, hébétés" c'est pas super fluide comparé à tout ce qui vient avant, je trouve que le "fixe" fait très métallique par rapport à la tonalité florale... c'est du charabia, donc si tu comprends c'est parfait. Je pense que ce couplet a besoin, pour bien tout placé, de cette fluidité qui marche très bien avec les deux premiers vers, pour mettre en place.
Connaître cette clarté de l'absurde sur l'enseigne
Du Café des Lilas ; supprimer les fleurs de sa
Devanture et voir la main appuyée à la banquette.
-> euh... là... clarté de l'absurde ? ça suggère un rayon matinal, mais ça n'apporte rien à l'image, qui me semble boiteuse... "Clarté de l'absurde"... absurde je veux bien, puisque l'absurde est qu'on a retiré les fleurs de la devanture. "et voir la main appuyée à la banquette" d'accord... euhm... c'est pas que ce soit mauvais, c'est que je ne vois pas la place que ça a ici... On dirait que c'est faute de place.
Un visage derrière la vitre ; l'inexpression
De la cuiller posée sur le flanc de la table où
Un rayon fait un rail de poussière ; train du soleil.
-> Ici, je trouve la ponctuation mauvaise, les points virgules rendent la musicalité de ce couplet très heurtée. Pour ce qui est des images : pourquoi l'inexpression ? alors que de toute évidence, cette même cuiller propose un rayonnement, un sentiment, je pense, plus profond que l'inexpression. A moins que tu ne souhaites rien en dire de cette cuiller, mais le poème y perd, dans ce cas. Les hiatus sont un peu bizarres... : "où un" ça fait "ouin", c'est pas joli, et puis les hiatus à cheval sur deux vers, ça me met mal à l'aise. L'idée du train... bah je vois pas la place ici, peut-être pour suggérer l'atmosphère feutrée ? Dans tout les cas, la ponctuation est mauvaise, je pense qu'il faudrait la remplacer par un tiret. Sinon (ah ! je suis désolé de dire tant de mal de ce couplet !) je trouve cette phrase un peu longue, comparée aux précédentes, on perd un peu l'effet instantanée.
Le matin immobile grandit ; neuf heures, jour
Une assiette : au centre un oeuf, deux morceaux
D'orange et une croûte de fromage grignoté ;
-> "Le matin immobile grandit" : jolie image, mais les hiatus ! "matin i...". "Neuf heures, jour" on revient à l'instantanée , mais je pense que ce n'est pas utile de dire qu'il est neuf heure, ni même qu'il est le jour, on sait déjà que c'est le matin. De plus, il me semble qu'un point aurait sa place entre "jour" et "une assiette". Et j'aurais remplacé les deux points par une virgule, pour a fluidité, quoique ça retire le théâtrale. Le dernier vers de ce couplet me laisse froid. Le fromage n'est pas noble... et pas à sa place dans un petit dèj' (selon moi), quant aux morceaux d'orange, je préfère le mot "quartier" (lien avec la rue, mise en abyme).
Le journal déployé ; la guerre crie silencieusement
Un vent de sucre s'est déployé en travers
Quelqu'un sur la terrasse est parti rouler une cigarette.
-> tu répètes le mot "déployé" : effet d'élargissement (qu'on retrouve un peu partout) ? comme l'effet aller-retour du premier couplet ? "Silencieusement" j'aurais mis "crie en silence" ce hiatus me plait. Un vent de sucre ? Je comprend pas, mais ça marche. Une fin... ouai, on peut dire réussi, l'instantanée a ses limites.
(****** : l'avis sur les hiatus ne dépend que de moi)
Dans l'ensemble, j'aime ce texte, et c'est pour cela que j'ai bien tout critiqué (je n'analyse pas aussi bien mes propres textes). Ce côté années 30 est réussi (voulu ou non). Par contre, il n'y a pas de rime, c'est déstabilisant, surtout quand on remarque la rigidité de la ponctuation mêlée à la versification...
Bon texte, mais à revoir. Désolé pour la rigueur de mes propos, j'ai juste voulu les faire bien. PEACE
Au café des Lilas la lumière est étrange
Tout le monde est figé la tasse dans la main
Yeux fixes, hébétés, la rue où rien ne bouge.
-> ça, ça marche. Mais : "yeux fixes, hébétés" c'est pas super fluide comparé à tout ce qui vient avant, je trouve que le "fixe" fait très métallique par rapport à la tonalité florale... c'est du charabia, donc si tu comprends c'est parfait. Je pense que ce couplet a besoin, pour bien tout placé, de cette fluidité qui marche très bien avec les deux premiers vers, pour mettre en place.
Connaître cette clarté de l'absurde sur l'enseigne
Du Café des Lilas ; supprimer les fleurs de sa
Devanture et voir la main appuyée à la banquette.
-> euh... là... clarté de l'absurde ? ça suggère un rayon matinal, mais ça n'apporte rien à l'image, qui me semble boiteuse... "Clarté de l'absurde"... absurde je veux bien, puisque l'absurde est qu'on a retiré les fleurs de la devanture. "et voir la main appuyée à la banquette" d'accord... euhm... c'est pas que ce soit mauvais, c'est que je ne vois pas la place que ça a ici... On dirait que c'est faute de place.
Un visage derrière la vitre ; l'inexpression
De la cuiller posée sur le flanc de la table où
Un rayon fait un rail de poussière ; train du soleil.
-> Ici, je trouve la ponctuation mauvaise, les points virgules rendent la musicalité de ce couplet très heurtée. Pour ce qui est des images : pourquoi l'inexpression ? alors que de toute évidence, cette même cuiller propose un rayonnement, un sentiment, je pense, plus profond que l'inexpression. A moins que tu ne souhaites rien en dire de cette cuiller, mais le poème y perd, dans ce cas. Les hiatus sont un peu bizarres... : "où un" ça fait "ouin", c'est pas joli, et puis les hiatus à cheval sur deux vers, ça me met mal à l'aise. L'idée du train... bah je vois pas la place ici, peut-être pour suggérer l'atmosphère feutrée ? Dans tout les cas, la ponctuation est mauvaise, je pense qu'il faudrait la remplacer par un tiret. Sinon (ah ! je suis désolé de dire tant de mal de ce couplet !) je trouve cette phrase un peu longue, comparée aux précédentes, on perd un peu l'effet instantanée.
Le matin immobile grandit ; neuf heures, jour
Une assiette : au centre un oeuf, deux morceaux
D'orange et une croûte de fromage grignoté ;
-> "Le matin immobile grandit" : jolie image, mais les hiatus ! "matin i...". "Neuf heures, jour" on revient à l'instantanée , mais je pense que ce n'est pas utile de dire qu'il est neuf heure, ni même qu'il est le jour, on sait déjà que c'est le matin. De plus, il me semble qu'un point aurait sa place entre "jour" et "une assiette". Et j'aurais remplacé les deux points par une virgule, pour a fluidité, quoique ça retire le théâtrale. Le dernier vers de ce couplet me laisse froid. Le fromage n'est pas noble... et pas à sa place dans un petit dèj' (selon moi), quant aux morceaux d'orange, je préfère le mot "quartier" (lien avec la rue, mise en abyme).
Le journal déployé ; la guerre crie silencieusement
Un vent de sucre s'est déployé en travers
Quelqu'un sur la terrasse est parti rouler une cigarette.
-> tu répètes le mot "déployé" : effet d'élargissement (qu'on retrouve un peu partout) ? comme l'effet aller-retour du premier couplet ? "Silencieusement" j'aurais mis "crie en silence" ce hiatus me plait. Un vent de sucre ? Je comprend pas, mais ça marche. Une fin... ouai, on peut dire réussi, l'instantanée a ses limites.
(****** : l'avis sur les hiatus ne dépend que de moi)
Dans l'ensemble, j'aime ce texte, et c'est pour cela que j'ai bien tout critiqué (je n'analyse pas aussi bien mes propres textes). Ce côté années 30 est réussi (voulu ou non). Par contre, il n'y a pas de rime, c'est déstabilisant, surtout quand on remarque la rigidité de la ponctuation mêlée à la versification...
Bon texte, mais à revoir. Désolé pour la rigueur de mes propos, j'ai juste voulu les faire bien. PEACE
humpf- Nombre de messages : 247
Age : 28
Localisation : gsilva-89@hotmail.fr
Date d'inscription : 25/09/2012
Re: Au café des Lilas
ça me fait penser à ça, vaguement.
humpf- Nombre de messages : 247
Age : 28
Localisation : gsilva-89@hotmail.fr
Date d'inscription : 25/09/2012
Re: Au café des Lilas
humpf a écrit:Je copie-colle ton texte, pour être plus précis :
Connaître cette clarté de l'absurde sur l'enseigne
Du Café des Lilas ; supprimer les fleurs de sa
Devanture et voir la main appuyée à la banquette.
-> euh... là... clarté de l'absurde ? ça suggère un rayon matinal, mais ça n'apporte rien à l'image, qui me semble boiteuse... "Clarté de l'absurde"... absurde je veux bien, puisque l'absurde est qu'on a retiré les fleurs de la devanture. "et voir la main appuyée à la banquette" d'accord... euhm... c'est pas que ce soit mauvais, c'est que je ne vois pas la place que ça a ici... On dirait que c'est faute de place.
Absurde parce qu'il n'y a pas de lilas, pas de fleurs.
Ou parce que l'absurde se réfléchit jusque sur cette banale enseigne qui délivre sa lueur blafarde. Qui délivre sa banalité absurde...
Re: Au café des Lilas
Je n'ai pas beaucoup de temps, mais il est en haut, je réponds.
Hopper : voilà, c'est exactement ça. C'est exactement ce peintre qui m'a inspiré ce poème.
(Mais pas forcément ce tableau-ci)
L'absurde, il est dans la lumière : "lueur blafarde", exactement comme le dit Marvejols.
Et la cuiller, la cuiller c'est l'objet qui justement manifeste sa non-humanité.
Hopper : voilà, c'est exactement ça. C'est exactement ce peintre qui m'a inspiré ce poème.
(Mais pas forcément ce tableau-ci)
L'absurde, il est dans la lumière : "lueur blafarde", exactement comme le dit Marvejols.
Et la cuiller, la cuiller c'est l'objet qui justement manifeste sa non-humanité.
Re: Au café des Lilas
Je n'ai pas retrouvé le tableau que j'avais en tête...
Mouai, pour ce qui est de l'absurde et de la cuiller... Je suis pas convaincu.
Mouai, pour ce qui est de l'absurde et de la cuiller... Je suis pas convaincu.
humpf- Nombre de messages : 247
Age : 28
Localisation : gsilva-89@hotmail.fr
Date d'inscription : 25/09/2012
Re: Au café des Lilas
En lisant ton texte, j'ai pensé à quelques témoignages sur l'ordre de mobilisation générale de 1914. J'ai l'impression de me trouver confronté ici à une atmosphère assez similaire.
Ce qui te cueille tout de suite, c'est l'anonymat de ce moment, l'impossibilité d'agripper une forme quelconque d'identité ("tout le monde", "un visage", "la main", "Quelqu'un"). C'est aussi cet effet de suspension du temps que tu as su créer. Les phrases infinitives ("connaître", "supprimer", "voir") ont cette faculté de rendre caduque toute émotion, de maintenir le lecteur à distance des choses. J'aime cette "inexpression de la cuiller", comme si on cherchait désespérément dans les objets un sens qu'il est tout à fait impossible de trouver à présent dans une vie humaine vouée aux horreurs de la guerre. Cette cuiller est elle-même en équilibre instable ("posée sur le flanc de la table"). J'aime particulièrement cet égrènement, cet effilochement de la nominale aux vers 10 à 13, cette tentative vaine d'accrocher quelque chose qui ressemblerait à de la vie. Mais non. C'est un regard clinique qui n'accroche plus à quoi que ce soit qui fasse sens. Les objets, comme la nourriture, sont déjà orphelins. Il y a, surtout, ces deux métonymies qui renforcent, s'il était besoin, l'idée que les individus ont été brusquement mis en suspension de la vie. Elles-mêmes construites en oxymore, ces métonymies détonent absurdement ("Le matin immobile grandit", "la guerre crie silencieusement"). Plus rien n'a de sens. Au vers 9, le "rail" et le "train", utilisés dans un autre contexte, lourds de sous-entendus, nous projettent déjà violemment vers le départ tout proche, inexorable, d'un premier convoi de conscrits. Le "vent de sucre" vient se projeter contre la cigarette à rouler et c'est l'image d'un premier combat, déjà perdu, de l'homme contre les éléments qui se dessine.
Merci pour ce voyage !
Ce qui te cueille tout de suite, c'est l'anonymat de ce moment, l'impossibilité d'agripper une forme quelconque d'identité ("tout le monde", "un visage", "la main", "Quelqu'un"). C'est aussi cet effet de suspension du temps que tu as su créer. Les phrases infinitives ("connaître", "supprimer", "voir") ont cette faculté de rendre caduque toute émotion, de maintenir le lecteur à distance des choses. J'aime cette "inexpression de la cuiller", comme si on cherchait désespérément dans les objets un sens qu'il est tout à fait impossible de trouver à présent dans une vie humaine vouée aux horreurs de la guerre. Cette cuiller est elle-même en équilibre instable ("posée sur le flanc de la table"). J'aime particulièrement cet égrènement, cet effilochement de la nominale aux vers 10 à 13, cette tentative vaine d'accrocher quelque chose qui ressemblerait à de la vie. Mais non. C'est un regard clinique qui n'accroche plus à quoi que ce soit qui fasse sens. Les objets, comme la nourriture, sont déjà orphelins. Il y a, surtout, ces deux métonymies qui renforcent, s'il était besoin, l'idée que les individus ont été brusquement mis en suspension de la vie. Elles-mêmes construites en oxymore, ces métonymies détonent absurdement ("Le matin immobile grandit", "la guerre crie silencieusement"). Plus rien n'a de sens. Au vers 9, le "rail" et le "train", utilisés dans un autre contexte, lourds de sous-entendus, nous projettent déjà violemment vers le départ tout proche, inexorable, d'un premier convoi de conscrits. Le "vent de sucre" vient se projeter contre la cigarette à rouler et c'est l'image d'un premier combat, déjà perdu, de l'homme contre les éléments qui se dessine.
Merci pour ce voyage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Au café des Lilas
je te remercie d'avoir fait remonter ce texte jfmoods,
je suis complètement passée au travers, je l'ai lu deux fois avant de te répondre Marine, ce matin, et je ne comprends pas mon premier post... étrange... quelques substances liquides auront troublé ma lecture.
Pourquoi ? peut-être le retour à la ligne systématique a t-il gêné ma comprenette...
Carte postale, peinture, arrêt sur image ou... ralenti ?
je suis complètement passée au travers, je l'ai lu deux fois avant de te répondre Marine, ce matin, et je ne comprends pas mon premier post... étrange... quelques substances liquides auront troublé ma lecture.
Pourquoi ? peut-être le retour à la ligne systématique a t-il gêné ma comprenette...
Carte postale, peinture, arrêt sur image ou... ralenti ?
j'aime : "Le matin immobile grandit", c'est beau ça !Marine a écrit:
Le matin immobile grandit ; neuf heures, jour
Une assiette : au centre un oeuf, deux morceaux
D'orange et une croûte de fromage grignoté ;
Le journal déployé ; la guerre crie silencieusement
Un vent de sucre s'est déployé en travers
Quelqu'un sur la terrasse est parti rouler une cigarette.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Au café des Lilas
ici aussi poésie quotidienne, une réalité saisissable par le lecteur au sens propre et figuré, on dit que le présent n'existe pas vraiment, il n'est pas impossible que seule la poésie puisse le saisir.
Re: Au café des Lilas
Il est vrai que l'interprétation d'un texte poétique repose bien souvent sur la mise en perspective d'indices fragiles.
Les trois éléments qui ont pesé pour moi sont : l'absurdité de l'enseigne, la suppression des fleurs et la guerre. Tout cela faisait corps. L'évidence des choses se trouvait tout à coup bouleversée par des circonstances sortant de l'ordinaire. Les certitudes s'écroulaient soudain sous le poids de "l'Histoire avec sa grande hache", pour reprendre l'expression de Pérec.
Les trois éléments qui ont pesé pour moi sont : l'absurdité de l'enseigne, la suppression des fleurs et la guerre. Tout cela faisait corps. L'évidence des choses se trouvait tout à coup bouleversée par des circonstances sortant de l'ordinaire. Les certitudes s'écroulaient soudain sous le poids de "l'Histoire avec sa grande hache", pour reprendre l'expression de Pérec.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Au café des Lilas
Je suis allé y manger, j'ai pas aimé. Ai préféré ce texte!
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Date d'inscription : 08/04/2008
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