Tout est départ

Tout est
départ
dans ce lit qu'on ne nomme plus
dans ce ventre tourné vers mille autres silences
dans ces mains repliées, ces baisers qui se perdent
dans les entrailles d'un mur trop longtemps resté froid

dans ces visages qu'on imagine

ces horizons endormis

tout est
dans le regard de celui qu'on quitte encore
dans l'embrasure fumante d'une porte dérobée
dans les arbres gelés
dans les corps défendus à cœur déboussolé
dans les escapades nocturnes les espaces mourants
et les wagons solitaires
les wagons
en bouche silencieuse

tout est départ

dans le cœur des obus qui s'étirent et se cachent
au sommet d'une tour terrassée par l'orage

dans les cloches qui hurlent
au vent de mes poumons remplis de chants funèbres

tout est lourd
débordant de sueur
impossible à tenir dans mon seul poing fermé
vide jusqu'à l'ivresse

ivre de certitudes

jusqu'à l'heure du départ
dans les caves bondées monte l'odeur des flammes

tout est
brûlant
jusqu'au bateau fuyant vers un cap inconnu
jusqu'aux rêves enfouis sous des milliers de draps
jusqu'au nappes changeantes de ton ombre étourdie
tout est
liberté
en dehors de ces vides que l'on appelle désir
en dehors des folies qu'on livre aux naufragés
tout n'est que départ
dans cette main tremblante aux lignes effacées.

Hue a écrit:Tout est
départ
dans ce lit qu'on ne nomme plus
dans ce ventre tourné vers mille autres silences
dans ces mains repliées, ces baisers qui se perdent
dans les entrailles d'un mur trop longtemps resté froid

dans ces visages qu'on imagine

ces horizons endormis

tout est
dans le regard de celui qu'on quitte encore
dans l'embrasure fumante d'une porte dérobée
dans les arbres gelés
dans les corps défendus à cœur déboussolé
dans les escapades nocturnes les espaces mourants
et les wagons solitaires
les wagons
en bouche silencieuse

tout est départ

dans le cœur des obus qui s'étirent et se cachent
au sommet d'une tour terrassée par l'orage

dans les cloches qui hurlent
au vent de mes poumons remplis de chants funèbres

tout est lourd
débordant de sueur
impossible à tenir dans mon seul poing fermé
vide jusqu'à l'ivresse

ivre de certitudes

jusqu'à l'heure du départ
dans les caves bondées monte l'odeur des flammes

tout est
brûlant
jusqu'au bateau fuyant vers un cap inconnu
jusqu'aux rêves enfouis sous des milliers de draps
jusqu'au nappes changeantes de ton ombre étourdie
tout est
liberté
en dehors de ces vides que l'on appelle désir
en dehors des folies qu'on livre aux naufragés
tout n'est que départ
dans cette main tremblante aux lignes effacées.

J'aime beaucoup ça,
En revanche, je trouve qu'il y a trop systématiquement un adjectif accolé aux substantifs ici

Cela commence par une frappe dentale (T-T-D) déjà pas évidente en soi. Ensuite c'est bien énumératif pour mon goût, et puis associer l'amour aux entrailles, c'est plutôt ne rien connaître à l'amour sinon (je ne dis pas forcément en ce cas, mais souvent) en avoir peur (peur de la dévoration).
j'adore néanmoins quelques passages ou trouvailles tels que "une tour terrassée par l'orage" (notez qu'il y a encore un T-T, comme un zézaiement, un balbutiement enfantin).

Tout cela pour dire que ce n'est pas si désagréable que j'en donne l'impression...

J'aime beaucoup :
"impossible à tenir dans mon seul poing fermé" - c'est un poing gauche!
"dans les corps défendus à cœur déboussolé" une vraie réussite avec le dérapage du corps à corps,

par contre d'autres images me semblent superflues, voire inappropriées :
"dans les caves bondées monte l'odeur des flammes" c'est quoi, le bombardement de Dresde?
"jusqu'au bateau fuyant vers un cap inconnu" chromo, la petite fumée sur la ligne d'horizon.

Comme quoi chacun son regard, et on ne peut pas contenter tout le monde. Mais il semble quand même que c'est un peu trop long : un petit truc pour chaque goût, finalement ça manque de force.