Ici et maintenant
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Ici et maintenant
Montauban, le 22 décembre 2006
Chère Aïda,
Je t’écris de Montauban, en France. Je suis rentré de Montréal il y a maintenant une semaine.
Je ne crois pas avoir eu la chance de te le dire, Aïda, mais en France j’étudie l’économie. En première année, dans l’amphithéâtre encore bondé, un professeur nous a dit que la microéconomie était une science presque stupide, car personne n’adopte un comportement « pur et parfait. »
Le matin, je prenais toujours le bus assez tard, le 125. Le trajet durait environ 20 minutes. Je regardais la ville et je me répétais pendant ces 20 minutes que personne n’adopte un comportement pur et parfait. Puis je montais les marches qui séparaient, qui séparent toujours, la rue du bureau. Et là je vivais ma vie de stagiaire, à savoir : j’écoutais les médisances en faisant des photocopies et en baillant. Parfois quelqu’un prononçait ton nom à propos du matériel promotionnel ou d’un contrat avec la boîte de production. Et ce qui m’étonne dans tout cela, Aïda, c’est que personne ne mesurait l’étendue de mon désir pour toi, qui ravageait tout sur son passage, qui me laissait désemparé, dévisageant ce qui auparavant était moi. Pur et parfait. La rumeur de ce qui fait la vie d’un bureau me parvenait pourtant, de loin en loin, comme si j’avais été un foutu poisson rouge dans son bocal.
Ce que je voudrais te raconter, Aïda, ce n’est pas cela. Ce ne sont pas les mesquineries, ce ne sont pas les rires odieux, ni comment était habillé Jean-Marc, ni ce qu’a dit Alain, ni même les sourires aux gens qu’on déteste.
Ce que je voudrais te raconter, c’est mon désir, même dans sa brutalité, jusque dans son obscénité s’il faut en passer par là. Dans sa candeur aussi : celle, indépassable, qui irrigue le désir fou d’un jeune homme de 20 ans pour une femme de 40. Ne crains rien Aïda, je ne suis pas de ceux qui harcèlent les femmes. J’ose espérer, seulement, que mon récit sera de ceux auxquels repenser sans peine. Le cadeau, si j’osais, d’un minuscule été qui parcourrait tes doigts fins et descendrait jusqu’à tes orteils nacrés.
J’ai marché longtemps dans Montréal, le torse plein de vent, espérant semer le désir qui me poursuivait jusque dans mon lit, alors qu’allongé, crispé, j’observais la fissure du plafond pendant des heures. Les secondes, les minutes s’égrenaient dans des rêveries implacables, qui prenaient pour perpétuel sujet les boucles au long cours de ton cou, l’îlot de ton nombril, le renflement de tes chevilles, la plaine de ton dos, les rondeurs de ta poitrine.
Je t’aimais tu sais Aïda, je t’aime encore d’ailleurs, mais je t’aime désormais depuis 5 691 kilomètres. Je t’aime désormais de toute la hauteur de ma trouille, comme un sale cabot qui me croquait les chevilles quand j’approchais de ton corps, comme un tapis qui se faufilait entre mes pieds quand je tendais les bras vers toi. Je t’aime encore de toute la hauteur de mon échec, celui du jeune con de vingt ans, tremblant de tous ses membres devant l’irruption violente de la beauté.
Je ne te dirais pas que je ne regrette pas. Je ne te dirais pas que, bien sûr, mon amour pour toi ce serait probablement affadi au contact de ta lumière. Je ne te dirais pas que la passion s’éteint, que mon désir, dans son inassouvissement, demeure pour le moins pur et sans tâche. Je laisse ces raisonnements aux cons, aux tièdes, aux peine-à-jouir. Je te dis que je suis toujours là, ici et maintenant, et que je t’aime.
Christophe
Chère Aïda,
Je t’écris de Montauban, en France. Je suis rentré de Montréal il y a maintenant une semaine.
Je ne crois pas avoir eu la chance de te le dire, Aïda, mais en France j’étudie l’économie. En première année, dans l’amphithéâtre encore bondé, un professeur nous a dit que la microéconomie était une science presque stupide, car personne n’adopte un comportement « pur et parfait. »
Le matin, je prenais toujours le bus assez tard, le 125. Le trajet durait environ 20 minutes. Je regardais la ville et je me répétais pendant ces 20 minutes que personne n’adopte un comportement pur et parfait. Puis je montais les marches qui séparaient, qui séparent toujours, la rue du bureau. Et là je vivais ma vie de stagiaire, à savoir : j’écoutais les médisances en faisant des photocopies et en baillant. Parfois quelqu’un prononçait ton nom à propos du matériel promotionnel ou d’un contrat avec la boîte de production. Et ce qui m’étonne dans tout cela, Aïda, c’est que personne ne mesurait l’étendue de mon désir pour toi, qui ravageait tout sur son passage, qui me laissait désemparé, dévisageant ce qui auparavant était moi. Pur et parfait. La rumeur de ce qui fait la vie d’un bureau me parvenait pourtant, de loin en loin, comme si j’avais été un foutu poisson rouge dans son bocal.
Ce que je voudrais te raconter, Aïda, ce n’est pas cela. Ce ne sont pas les mesquineries, ce ne sont pas les rires odieux, ni comment était habillé Jean-Marc, ni ce qu’a dit Alain, ni même les sourires aux gens qu’on déteste.
Ce que je voudrais te raconter, c’est mon désir, même dans sa brutalité, jusque dans son obscénité s’il faut en passer par là. Dans sa candeur aussi : celle, indépassable, qui irrigue le désir fou d’un jeune homme de 20 ans pour une femme de 40. Ne crains rien Aïda, je ne suis pas de ceux qui harcèlent les femmes. J’ose espérer, seulement, que mon récit sera de ceux auxquels repenser sans peine. Le cadeau, si j’osais, d’un minuscule été qui parcourrait tes doigts fins et descendrait jusqu’à tes orteils nacrés.
J’ai marché longtemps dans Montréal, le torse plein de vent, espérant semer le désir qui me poursuivait jusque dans mon lit, alors qu’allongé, crispé, j’observais la fissure du plafond pendant des heures. Les secondes, les minutes s’égrenaient dans des rêveries implacables, qui prenaient pour perpétuel sujet les boucles au long cours de ton cou, l’îlot de ton nombril, le renflement de tes chevilles, la plaine de ton dos, les rondeurs de ta poitrine.
Je t’aimais tu sais Aïda, je t’aime encore d’ailleurs, mais je t’aime désormais depuis 5 691 kilomètres. Je t’aime désormais de toute la hauteur de ma trouille, comme un sale cabot qui me croquait les chevilles quand j’approchais de ton corps, comme un tapis qui se faufilait entre mes pieds quand je tendais les bras vers toi. Je t’aime encore de toute la hauteur de mon échec, celui du jeune con de vingt ans, tremblant de tous ses membres devant l’irruption violente de la beauté.
Je ne te dirais pas que je ne regrette pas. Je ne te dirais pas que, bien sûr, mon amour pour toi ce serait probablement affadi au contact de ta lumière. Je ne te dirais pas que la passion s’éteint, que mon désir, dans son inassouvissement, demeure pour le moins pur et sans tâche. Je laisse ces raisonnements aux cons, aux tièdes, aux peine-à-jouir. Je te dis que je suis toujours là, ici et maintenant, et que je t’aime.
Christophe
desaparecer- Nombre de messages : 45
Age : 39
Localisation : Paris
Date d'inscription : 04/12/2007
Re: Ici et maintenant
Bon, c'est drôle de texte. Avec une syntaxe bancale mais qui a son charme : les défauts de concordance des temps donnent au récit une allure boiteuse et le récit avance en clopinant.
Mais le début fonctionne tant que je crois à la fiction.
Puis je réalise que c'est raconté de l'intérieur.
Dans ce contexte, et ne ressentant évidemment en tant que lecteur aucun désir pour la Aïda en question que je ne connais ni des lèvres ni des dents, je suis agacé par la fin : ces insultes :
Ce sont pourtant bien ces raisonnements qui concluent ton texte.
Dommage.
Tu t'insultes toi-même.
Mais le début fonctionne tant que je crois à la fiction.
Puis je réalise que c'est raconté de l'intérieur.
Dans ce contexte, et ne ressentant évidemment en tant que lecteur aucun désir pour la Aïda en question que je ne connais ni des lèvres ni des dents, je suis agacé par la fin : ces insultes :
.desaparecer a écrit:Je laisse ces raisonnements aux cons, aux tièdes, aux peine-à-jouir.
Ce sont pourtant bien ces raisonnements qui concluent ton texte.
Dommage.
Tu t'insultes toi-même.
Invité- Invité
Re: Ici et maintenant
Bah non, ce n'est pas écrit de l'intérieur, je ne connais aucune Aïda ni assimilé, je suis une petite gonzesse sans aucun penchant lesbien en plus.
Enfin, cependant ça ne fonctionne pas, c'est dommage, encore quelques efforts manifestement. Merci de me l'avoir fait remarquer !
Enfin, cependant ça ne fonctionne pas, c'est dommage, encore quelques efforts manifestement. Merci de me l'avoir fait remarquer !
desaparecer- Nombre de messages : 45
Age : 39
Localisation : Paris
Date d'inscription : 04/12/2007
ici et maintenant
Concerne ce texte :
http://www.vosecrits.com/t14057-ici-et-maintenant#408427
“Je t’aimais tu sais Aïda…“ Avant, j'aime bien l'effet décalage horaire, la distance géographique, mais à la fin, cette affirmation du désir. Ou alors il faudrait prendre parti pour ou contre ton personnage pour faire comprendre que ce “je“ n'est pas toi. Qu'il est pathétique. Il pourrait s'engeueler lui même de ne pas parvenir à juguler ce désir que même la distance ne parviens pas à consumer. C'est ce que je sens au début et plus à la fin.
A propos (en riant), c'est quoi “une petite gonzesse“?
(message déplacé)
http://www.vosecrits.com/t14057-ici-et-maintenant#408427
Ça marche au début. Et puis que je n'ai pas compris ce que tu veux faire à la fin ne veut pas dire que d'autres ne peuvent pas voir les choses différemment. Moi, je ne marche plus à partir de là :desaparecer a écrit:Bah non, ce n'est pas écrit de l'intérieur, je ne connais aucune Aïda ni assimilé, je suis une petite gonzesse sans aucun penchant lesbien en plus.
Enfin, cependant ça ne fonctionne pas, c'est dommage, encore quelques efforts manifestement. Merci de me l'avoir fait remarquer !
“Je t’aimais tu sais Aïda…“ Avant, j'aime bien l'effet décalage horaire, la distance géographique, mais à la fin, cette affirmation du désir. Ou alors il faudrait prendre parti pour ou contre ton personnage pour faire comprendre que ce “je“ n'est pas toi. Qu'il est pathétique. Il pourrait s'engeueler lui même de ne pas parvenir à juguler ce désir que même la distance ne parviens pas à consumer. C'est ce que je sens au début et plus à la fin.
A propos (en riant), c'est quoi “une petite gonzesse“?
(message déplacé)
Invité- Invité
Re: Ici et maintenant
Je te réponds ici pour respecter la consigne des allumeurs de réverbères ;-), même si je persiste à penser qu'il est vraiment dommage que l'on ne puisse pas discuter d'un texte avec son auteur sans être sur une place publique pleine de bruits.
http://www.vosecrits.com/t11914p1080-discussions-autour-de-nos-textes#408471
Narbah, il y a tout loisir de discuter des textes sur leur fil, dans la mesure où l'auteur ne se sert pas de ses interventions pour faire remonter son texte indûment.
Ce que nous désapprouvons, c'est le texte maintenu artificiellement en haut de page par les soins de l'auteur, ce n'est pas le cas ici.
Partant, le message ci-dessus a été rapatrié sur le fil du texte.
La Modération
http://www.vosecrits.com/t11914p1080-discussions-autour-de-nos-textes#408471
Narbah, il y a tout loisir de discuter des textes sur leur fil, dans la mesure où l'auteur ne se sert pas de ses interventions pour faire remonter son texte indûment.
Ce que nous désapprouvons, c'est le texte maintenu artificiellement en haut de page par les soins de l'auteur, ce n'est pas le cas ici.
Partant, le message ci-dessus a été rapatrié sur le fil du texte.
La Modération
Invité- Invité
Re: Ici et maintenant
Bonjour,
Je suis gênée par la transition entre le premier et le deuxième paragraphe. J'ai mis un temps avant de comprendre que tout ce qui était au passé se déroulait à Montréal. Sans doute suis-je une lectrice peu attentive, mais une simple mention de la ville, dans les premières lignes du deuxième paragraphe, m'aurait aidée. Pour ma part, j'ai lu sans problème, sauf le dernier paragraphe, lourd dans sa suite de négations, et le passage du cabot qui mordille les chevilles, que je n'ai pas bien compris. J'aimerais bien avoir la réponse d'Aïda, ses sentiments à réception de la lettre: savait-elle ? sera-t-elle émue, attendrie, moqueuse, indifférente ? Merci pour cette lecture !
Je suis gênée par la transition entre le premier et le deuxième paragraphe. J'ai mis un temps avant de comprendre que tout ce qui était au passé se déroulait à Montréal. Sans doute suis-je une lectrice peu attentive, mais une simple mention de la ville, dans les premières lignes du deuxième paragraphe, m'aurait aidée. Pour ma part, j'ai lu sans problème, sauf le dernier paragraphe, lourd dans sa suite de négations, et le passage du cabot qui mordille les chevilles, que je n'ai pas bien compris. J'aimerais bien avoir la réponse d'Aïda, ses sentiments à réception de la lettre: savait-elle ? sera-t-elle émue, attendrie, moqueuse, indifférente ? Merci pour cette lecture !
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: Ici et maintenant
Complètement d'accord avec Narbah pour la concordance des temps et aussi avec le fait que si on le remarque, ça ne gêne pas la lecture pour autant.
D'accord aussi concernant le fait que le texte, qui commence comme une fiction devienne plus difficile à commenter au fur et à mesure de la lecture parce que plus personnel. Et qu'il n'y a alors rien à relever, à en dire.
Juste, côté fiction, cette notion de "pur et parfait", que je trouve intéressante, qui fait l'objet d'une tentative de développement mais sous-exploitée, timide et pas assez convaincante. Il serait peut-être intéressant de chercher de ce côté…
D'accord aussi concernant le fait que le texte, qui commence comme une fiction devienne plus difficile à commenter au fur et à mesure de la lecture parce que plus personnel. Et qu'il n'y a alors rien à relever, à en dire.
Juste, côté fiction, cette notion de "pur et parfait", que je trouve intéressante, qui fait l'objet d'une tentative de développement mais sous-exploitée, timide et pas assez convaincante. Il serait peut-être intéressant de chercher de ce côté…
Invité- Invité
re : Ici et maintenant
Assez d'accord avec les commentaires. Par contre je suis époustouflé que tu sois "fille" et que tu n'aimes pas de Aïda, car ton texte est criant de vérité ! Ton texte montre au moins que l'on peut se servir d'un vécu-personnel-intime et le déplacer, détourner, transposer pour une narration "fictive". Quand même, sans ta capacité d'aimer "qui que ce soit" tu n'aurais jamais pu écrire ce texte ?!... Avoue ! Ecrire c'est peut-être tromper, illusionner, mais ça ne marche jamais si l'auteur ne met pas à profit son expérience. La crédibilité entre le réel et la fiction, ça c'est la partie de l'écrivain. Et là je trouve que tu réussis "textuellement" le lien. Bravo.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Ici et maintenant
A mon sens, ce texte est plat, banal et d'une totale mièvrerie. Une coquille vide, quoi.
Je me permets de dire ceci parce que tous les autres textes que j'ai lus de toi, sur ce forum, m'ont paru d'une teneur vraiment supérieure, ils avaient tous un contenu "fort", une épaisseur...
La relation épistolaire dans ton écriture: un grigri ou un axe ?
Je me permets de dire ceci parce que tous les autres textes que j'ai lus de toi, sur ce forum, m'ont paru d'une teneur vraiment supérieure, ils avaient tous un contenu "fort", une épaisseur...
La relation épistolaire dans ton écriture: un grigri ou un axe ?
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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