Assis, j'attendais
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Assis, j'attendais
Assis, j'attendais, là, dans ce vaste couloir,
Que vienne l'heure. Autour, plusieurs femmes en robe
Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent,
Ou colère entre couples électriques. Ô, vouloir
Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
À force de fuites en avant. Déjà deux heures.
Seul, je franchis bientôt la porte fatidique,
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
Perdu... Quelque accusé de réception ? Néant !
Tout était à refaire. La suite juridique :
Huissier. Le mot claqua dans toute sa froideur.
Que vienne l'heure. Autour, plusieurs femmes en robe
Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent,
Ou colère entre couples électriques. Ô, vouloir
Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
À force de fuites en avant. Déjà deux heures.
Seul, je franchis bientôt la porte fatidique,
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
Perdu... Quelque accusé de réception ? Néant !
Tout était à refaire. La suite juridique :
Huissier. Le mot claqua dans toute sa froideur.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Assis, j'attendais
Ce poème est la preuve que la forme sonnet est loin d'être désuète ( cf Roubaud ou surtout Réda)
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Assis, j'attendais
J'aime bien ce festival d'enjambements qui donne du punch à ce sonnet
(que l'on apprécie surtout en seconde lecture)
J'aime aussi l'originalité du sujet
Pas étonné que tu sois le premier à le traiter sous cette forme ;o)
Bref, me suis pas ennuyé une seconde
Le vers 4 a 14 syllabes mais il suffit de sucrer les chevilles pour qu'il s'alexandrinise
(que l'on apprécie surtout en seconde lecture)
J'aime aussi l'originalité du sujet
Pas étonné que tu sois le premier à le traiter sous cette forme ;o)
Bref, me suis pas ennuyé une seconde
Le vers 4 a 14 syllabes mais il suffit de sucrer les chevilles pour qu'il s'alexandrinise
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
Je salue le travail d'écriture,
le traitement du thème et
le choix du titre,
qui commence le sonnet ; bien trouvé.
Je l'aurais bien lu aussi
déconstruit,
comme un puzzle...
pour que le lecteur
remette en place
les pièces... c'est une proposition.
J'aime !
le traitement du thème et
le choix du titre,
qui commence le sonnet ; bien trouvé.
Je l'aurais bien lu aussi
déconstruit,
comme un puzzle...
pour que le lecteur
remette en place
les pièces... c'est une proposition.
J'aime !
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Assis, j'attendais
c'est une lecture qui met une boule dans la gorge...voire pire,
et un vraiment très beau poème.
carton plein, je dirais.
"Seul, je franchis bientôt la porte fatidique,
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
Perdu"
oh là là...
ta manière de découper le rythme de ces vers,
comme le coeur se découpe dans un tribunal...
je les vois bien ces avocates, et la porte fatidique de la sentence qui rime avec juridique.
quand on s'imagine ces vastes lieux de justice qui en imposent par leur disproportion,
on peut facilement se mettre dans la peau d'un enfant perdu.
glaçant...et terriblement émouvant.
bravo, jfmoods.
j'ai la chance de n'avoir pas connu ces lieux austères du côté des "accusés"...brrr.
et un vraiment très beau poème.
carton plein, je dirais.
"Seul, je franchis bientôt la porte fatidique,
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
Perdu"
oh là là...
ta manière de découper le rythme de ces vers,
comme le coeur se découpe dans un tribunal...
je les vois bien ces avocates, et la porte fatidique de la sentence qui rime avec juridique.
quand on s'imagine ces vastes lieux de justice qui en imposent par leur disproportion,
on peut facilement se mettre dans la peau d'un enfant perdu.
glaçant...et terriblement émouvant.
bravo, jfmoods.
j'ai la chance de n'avoir pas connu ces lieux austères du côté des "accusés"...brrr.
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
et ça :
"Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
À force de fuites en avant. "
comme c'est beau !
et bien rendu...
je voulais dire plus haut que le coeur se disloque, et non qu'il se découpe...pardon.
"Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
À force de fuites en avant. "
comme c'est beau !
et bien rendu...
je voulais dire plus haut que le coeur se disloque, et non qu'il se découpe...pardon.
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
"Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
Perdu..."
Dans cet univers glacial et angoissant, qui me fait penser à celui de Kafka, je lis ce vers comme une bouffée d'air frais, d'humanité retrouvée et les questions que je me posais au sujet du sens perdent soudain leur importance : Il y a le coeur d'un enfant qui souffre au milieu de toute cette colère, ces ombres noires et ces regards fuyants !
Les enjambements, les contre-rejets participent de l'ambiance hâchée, dont tu évoques les arêtes coupantes. Le rythme s'en trouve particulièrement déséquilibré ce qui correspond bien à l'état d'esprit du narrateur.
Un monde qui m'est étranger, où je ne m'aventurerais pas en poésie mais que tu a su recréer avec brio autour d'un personnage pathétique et désemparé. Je ne sais pas si j'ai aimé (j'y reviendrai) mais j'admire ce travail
Perdu..."
Dans cet univers glacial et angoissant, qui me fait penser à celui de Kafka, je lis ce vers comme une bouffée d'air frais, d'humanité retrouvée et les questions que je me posais au sujet du sens perdent soudain leur importance : Il y a le coeur d'un enfant qui souffre au milieu de toute cette colère, ces ombres noires et ces regards fuyants !
Les enjambements, les contre-rejets participent de l'ambiance hâchée, dont tu évoques les arêtes coupantes. Le rythme s'en trouve particulièrement déséquilibré ce qui correspond bien à l'état d'esprit du narrateur.
Un monde qui m'est étranger, où je ne m'aventurerais pas en poésie mais que tu a su recréer avec brio autour d'un personnage pathétique et désemparé. Je ne sais pas si j'ai aimé (j'y reviendrai) mais j'admire ce travail
Re: Assis, j'attendais
Je ne saurais mettre autant de talent que celui dont tu uses dans tes commentaires, en général. Je dirai juste, platement mais sincèrement, que j'ai aimé ton poème.
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
ce que j'apprécie le plus dans ce texte
c'est l'instantané, presque photographique de la scène
qui petit à petit
nous fait oublier la forme classique de l'écriture
c'est pour cela que je préfère la fin au début
que je trouve, à ma lecture, un peu trop forceps pour entrer dans le moule...
surtout ce vers-là : Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent,
mais ce que je viens d'écrire
c'est du petit bémol de quart-de-ton, presque du comma de poussière...))
à partir du second quatrain, j'ai la lecture roudoudou
alors
merci !!!
c'est l'instantané, presque photographique de la scène
qui petit à petit
nous fait oublier la forme classique de l'écriture
c'est pour cela que je préfère la fin au début
que je trouve, à ma lecture, un peu trop forceps pour entrer dans le moule...
surtout ce vers-là : Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent,
mais ce que je viens d'écrire
c'est du petit bémol de quart-de-ton, presque du comma de poussière...))
à partir du second quatrain, j'ai la lecture roudoudou
alors
merci !!!
Re: Assis, j'attendais
Seul, à la porte du JAF.
Tu fais bien ressentir la rudesse de la situation, où nul sentiment n'a place. Un constat d'échec mis en scène par l'administration.
Le vers 3 "Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent," a 13 syllabes, j'ai compté parce que la suite des E muets (noire/l'une) passe mal, sinon ça ne me paraît pas si grave.
Tu fais bien ressentir la rudesse de la situation, où nul sentiment n'a place. Un constat d'échec mis en scène par l'administration.
Le vers 3 "Noire, l'une parlant haut. Regards qui se dérobent," a 13 syllabes, j'ai compté parce que la suite des E muets (noire/l'une) passe mal, sinon ça ne me paraît pas si grave.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Assis, j'attendais
Merci à tous pour vos commentaires... et analyses.
L'événement (que je ne souhaite à personne de traverser) m'aura... inspiré. Pour les besoins de la cause, je me suis efforcé de "disloquer", tant que faire se pouvait, "ce grand niais d'alexandrin". J'ai également essayé d'insuffler un peu de vivacité en variant au maximum la ponctuation dans le dernier tercet. Il ne manque au sonnet, je crois, que le point-virgule, les tirets, les parenthèses... et les guillemets, évidemment. Inclure ne serait-ce qu'un semblant de dialogue me semblait impossible. Cependant, je me dis, à l'instant, que ce "Huissier", qui claque si froidement, méritait peut-être, justement, les guillemets.
L'événement (que je ne souhaite à personne de traverser) m'aura... inspiré. Pour les besoins de la cause, je me suis efforcé de "disloquer", tant que faire se pouvait, "ce grand niais d'alexandrin". J'ai également essayé d'insuffler un peu de vivacité en variant au maximum la ponctuation dans le dernier tercet. Il ne manque au sonnet, je crois, que le point-virgule, les tirets, les parenthèses... et les guillemets, évidemment. Inclure ne serait-ce qu'un semblant de dialogue me semblait impossible. Cependant, je me dis, à l'instant, que ce "Huissier", qui claque si froidement, méritait peut-être, justement, les guillemets.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Assis, j'attendais
franchement, et ce n'est en aucun cas à valoir pour cirage de pompes (ce serait tellement fat !),
je ne trouve rien à redire, de quelconque manière.
je trouve que brut, en l'état justement : c'est parfait.
ce n'est que mon avis, mais je pense qu'il ne faut rien y retoucher.
c'est encore une fois souvent la première idée qui est la bonne.
et pour tout ce que le sujet recèle, ça mérite de le garder tel quel : car cela fonctionne bellement !
je ne trouve rien à redire, de quelconque manière.
je trouve que brut, en l'état justement : c'est parfait.
ce n'est que mon avis, mais je pense qu'il ne faut rien y retoucher.
c'est encore une fois souvent la première idée qui est la bonne.
et pour tout ce que le sujet recèle, ça mérite de le garder tel quel : car cela fonctionne bellement !
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
C'est rare pour moi d'apprécier une versification classique, mais là je dois dire que je suis bluffé par tous ces enjambement et par le côté moderne de ce poème. En un mot: bravo !
Re: Assis, j'attendais
Oui, le thème est moderne, et les images du poèmes aussi. Mais quelqu'un a dit qu'il n'était pas désuet et cela ne me semble pas juste. Il est parsemé de nombreux mots, expressions, formes désuètes. Je les ai relevées :
vaste couloir
Ô
eût été
le temps scella
fatidique
à flanc de cœur
Et deux fois la très classique prononciation rendue nécessaire par la métrique : femmes-z-en noir.
Ce n'est pas un défaut, c'est un style.
Personnellement je n'ai jamais, même enfant, aimé la poésie classique. Le seul poème d'Hugo qui m'ait vraiment parlé c'est " Demain des l'aube" dans son dépouillement justement de toutes ces formes classiques.
Je me rends compte ici que beaucoup de gens au contraire y ont trouvé une beauté si touchante qu'ils la reprennent avec passion et naturel.
Je ne cherche pas à entrer, cette fois, dans une controverse, surtout avec quelqu'un d'aussi attentif et ouvert à tous les styles que jfmoods. D'une certaine façon, je déplore un peu mes propres réactions. Mais c'est ainsi, je ne vais pas me forcer.
vaste couloir
Ô
eût été
le temps scella
fatidique
à flanc de cœur
Et deux fois la très classique prononciation rendue nécessaire par la métrique : femmes-z-en noir.
Ce n'est pas un défaut, c'est un style.
Personnellement je n'ai jamais, même enfant, aimé la poésie classique. Le seul poème d'Hugo qui m'ait vraiment parlé c'est " Demain des l'aube" dans son dépouillement justement de toutes ces formes classiques.
Je me rends compte ici que beaucoup de gens au contraire y ont trouvé une beauté si touchante qu'ils la reprennent avec passion et naturel.
Je ne cherche pas à entrer, cette fois, dans une controverse, surtout avec quelqu'un d'aussi attentif et ouvert à tous les styles que jfmoods. D'une certaine façon, je déplore un peu mes propres réactions. Mais c'est ainsi, je ne vais pas me forcer.
Re: Assis, j'attendais
Une recherche rythmique trés intéressante et qui souligne bien le propos. Le temps se rétrécit, s'allonge, se courbe au gré des fluctuations des sentiments qui se mêlent ou s'entrechoquent, le lecteur est happé, ému, choqué. Bravo !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Assis, j'attendais
vraiment été passionné et ravi par
Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
sorti de ce cœur du texte, la poétique m'ennuie et son vacarme de bidules à décorer le blanc puis à commenter en noir. et vous viriez les guirlandes ?
Trouver du sens à tout ce qui se passait là
Eût été illusoire ! J'arpentais ma tête,
Ensemençant de digues lourdes les arêtes
De notre histoire, de tout ce que le temps scella
sorti de ce cœur du texte, la poétique m'ennuie et son vacarme de bidules à décorer le blanc puis à commenter en noir. et vous viriez les guirlandes ?
Invité- Invité
Re: Assis, j'attendais
rien que pour cette phrase :
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
j'Aime !
ce sujet là... me glace et, il est
magnifiquement traité.
Avec, à flanc de coeur, comme un dessin d'enfant
j'Aime !
ce sujet là... me glace et, il est
magnifiquement traité.
Re: Assis, j'attendais
Pas trop capable de commenter, mais je suis de près ce que tu écris et y trouve toujours quelque chose qui me contente. Je reviendrai picorer du côté de tes vers, avec un peu plus de matière en guise de commentaire.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
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