Mirage
2 participants
Page 1 sur 1
Mirage
Elle avait pour moi
de ces intentions
qui vous arrachent les dents
vous déracinent les membres
et la peau avec et le reste ensuite
elle avait pour moi
elle avait
elle était d'ailleurs je sais pas bien d'où
elle était d'ailleurs et j'en étais fou
un mois, une semaine, un jour, une soirée
un regard je crois un clignement d'yeux
un phare à peau fier
a suffi je crois et j'étais en croix
planté devant elle sans un mot
murmure
penché côté-collé-côté mur
sans un mot
mur-mur
qu'un souffle amer
sur sa peau
du sable
de ces intentions
qui vous arrachent les dents
vous déracinent les membres
et la peau avec et le reste ensuite
elle avait pour moi
elle avait
elle était d'ailleurs je sais pas bien d'où
elle était d'ailleurs et j'en étais fou
un mois, une semaine, un jour, une soirée
un regard je crois un clignement d'yeux
un phare à peau fier
a suffi je crois et j'étais en croix
planté devant elle sans un mot
murmure
penché côté-collé-côté mur
sans un mot
mur-mur
qu'un souffle amer
sur sa peau
du sable
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Mirage
Il était grand, il était beau,
il était grand comme l'oiseau
des lacs des déserts,
gauche sur ses pattes
ses ailes repliées,
ses ailes tout contre lui
collées côté bord zinc.
Il marchait sur son ombre
qui lui faisait du pied,
du plat : « Regarde-la
»elle est faite pour toi »
et lui devait penser :
« Elles sont faites pour tout le monde ».
Mais le monde tourne seul
pour seuls qui veulent tourner
avec ou sans lui,
avec ou sans lui.
Il avait le regard oblique des enfants timides
et le geste emprunté,
saccadé dans la pénombre
du bar où je laissais mes habitudes.
Combien j'aurais aimé,
combien, oui... - combien ?
combien j'aurais aimé le transe porter loin
de son ombre,
de ses peurs,
combien j'aurais aimé
bien au-delà du quai
le porter dans mes bras jusqu'au bout du bout du quai,
affronter ces grains fous ensemble et décoller,
bordel !
Mais il était là, tout simplement,
il était là et c'était tout.
il était grand comme l'oiseau
des lacs des déserts,
gauche sur ses pattes
ses ailes repliées,
ses ailes tout contre lui
collées côté bord zinc.
Il marchait sur son ombre
qui lui faisait du pied,
du plat : « Regarde-la
»elle est faite pour toi »
et lui devait penser :
« Elles sont faites pour tout le monde ».
Mais le monde tourne seul
pour seuls qui veulent tourner
avec ou sans lui,
avec ou sans lui.
Il avait le regard oblique des enfants timides
et le geste emprunté,
saccadé dans la pénombre
du bar où je laissais mes habitudes.
Combien j'aurais aimé,
combien, oui... - combien ?
combien j'aurais aimé le transe porter loin
de son ombre,
de ses peurs,
combien j'aurais aimé
bien au-delà du quai
le porter dans mes bras jusqu'au bout du bout du quai,
affronter ces grains fous ensemble et décoller,
bordel !
Mais il était là, tout simplement,
il était là et c'était tout.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Mirage
Sans doute le propos est-il ici de donner une vision en miroir du mode de fonctionnement des pôles masculin et féminin dans le rapport au désir.
La focalisation masculine se fonde essentiellement sur l'interprétation hyperbolique des signes de reconnaissance apportés par l'autre ("qui vous arrachent les dents / vous déracinent les membres / et la peau avec et le reste ensuite"), signes qui fondent, en quelque sorte après coup, la force du ressenti personnel ("elle était d'ailleurs", "j'en étais fou" ). La vue se polarise sur quelques éléments clés immédiatement accessibles, d'abord incertains ("je crois") qui serviront néanmoins à fixer le champ d'attractivité ("un regard", "un clignement d'yeux / un phare à peau fier", "sa peau de sable") et à entretenir le feu du désir (gradation : "un mois, une semaine, un jour, une soirée"). Le sujet de crispation de la relation se situe dans la difficulté du partage verbal, de l'échange ("murmure") qui va jusqu'au silence ("sans un mot" x 2) de l'incommunicable ("mur-mur").
La focalisation féminine s'appuie sur l'empathie, interroge l'attitude générale de l'autre, se montrant sensible à une certaine fragilité ("gauche", "timides", "emprunté", "saccadé") qu'il s'agira de modeler (construction néologique savoureuse : "le transe porter loin de son ombre") pour faire homme ce qui n'en est que le brouillon. Mais tout se mesure à l'aune de cette triple occurrence du conditionnel passé ("j'aurais aimé") qui signale, avec l'interjection familière ("bordel !"), combien cet envol souhaité ("grand oiseau", "ailes repliées, ses ailes tout contre lui", "affronter ces grains", "décoller") se trouve hors de sa portée à elle, inaccessible ("il était là et c'était tout.") parce que lui ne voit rien ("Il marchait sur son ombre"), parce qu'il est incapable de décoder les signes ("Regarde-la / elle est faite pour toi"), de la voir autrement que comme un élément transparent, non isolable, du décor ("Elles sont faites pour tout le monde").
Merci pour le voyage !
La focalisation masculine se fonde essentiellement sur l'interprétation hyperbolique des signes de reconnaissance apportés par l'autre ("qui vous arrachent les dents / vous déracinent les membres / et la peau avec et le reste ensuite"), signes qui fondent, en quelque sorte après coup, la force du ressenti personnel ("elle était d'ailleurs", "j'en étais fou" ). La vue se polarise sur quelques éléments clés immédiatement accessibles, d'abord incertains ("je crois") qui serviront néanmoins à fixer le champ d'attractivité ("un regard", "un clignement d'yeux / un phare à peau fier", "sa peau de sable") et à entretenir le feu du désir (gradation : "un mois, une semaine, un jour, une soirée"). Le sujet de crispation de la relation se situe dans la difficulté du partage verbal, de l'échange ("murmure") qui va jusqu'au silence ("sans un mot" x 2) de l'incommunicable ("mur-mur").
La focalisation féminine s'appuie sur l'empathie, interroge l'attitude générale de l'autre, se montrant sensible à une certaine fragilité ("gauche", "timides", "emprunté", "saccadé") qu'il s'agira de modeler (construction néologique savoureuse : "le transe porter loin de son ombre") pour faire homme ce qui n'en est que le brouillon. Mais tout se mesure à l'aune de cette triple occurrence du conditionnel passé ("j'aurais aimé") qui signale, avec l'interjection familière ("bordel !"), combien cet envol souhaité ("grand oiseau", "ailes repliées, ses ailes tout contre lui", "affronter ces grains", "décoller") se trouve hors de sa portée à elle, inaccessible ("il était là et c'était tout.") parce que lui ne voit rien ("Il marchait sur son ombre"), parce qu'il est incapable de décoder les signes ("Regarde-la / elle est faite pour toi"), de la voir autrement que comme un élément transparent, non isolable, du décor ("Elles sont faites pour tout le monde").
Merci pour le voyage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Sujets similaires
» Discussions autour de nos textes
» Mirage
» Discussions autour de nos textes
» Mirage
» Discussions autour de nos textes
» Mirage
» Discussions autour de nos textes
» Mirage
» Discussions autour de nos textes
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum