Le livre
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isa
Annie
Frédéric Prunier
David
seyne
9 participants
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Le livre
les portes ne sont pas fermées
laissent passer les sons mais aussi
ne sont pas ouvertes
vision étroite, furtive d'une épaule
d'un bras et sa main.
je n'entends que les bruits légers :
les mouvements du corps dans la pièce
un objet déplacé.
et tu t'assieds
dans ce fauteuil à l'angle
dans la lumière de la fenêtre
qui donne sur un jardin.
lis-tu ? c'est le matin
la journée est encore comme une bulle offerte
où le temps ne s'écoule pas.
la lumière du matin de printemps
traverse les vitres, limpide
et baigne le livre blanc ouvert
sur ton genou.
je suis là absente.
laissent passer les sons mais aussi
ne sont pas ouvertes
vision étroite, furtive d'une épaule
d'un bras et sa main.
je n'entends que les bruits légers :
les mouvements du corps dans la pièce
un objet déplacé.
et tu t'assieds
dans ce fauteuil à l'angle
dans la lumière de la fenêtre
qui donne sur un jardin.
lis-tu ? c'est le matin
la journée est encore comme une bulle offerte
où le temps ne s'écoule pas.
la lumière du matin de printemps
traverse les vitres, limpide
et baigne le livre blanc ouvert
sur ton genou.
je suis là absente.
Re: Le livre
Bonjour seyne,
J'ai l'impression que ça parle d'une histoire qui aurait pu avoir lieu, ça collerait avec l'accord au féminin de "absente", et le "livre blanc ouvert" qui renvoie aussi au début sur les "portes". Il y a un passage aussi de l'épaule au genou au long des vers, qui charrie plein d'images. Je m'étonne du doublon de "matin", vers un passage qui ressemble un peu à une rime embrassée :
"dans la lumière de la fenêtre
qui donne sur un jardin.
lis-tu ? c'est le matin
la journée est encore comme une bulle offerte"
Il me semble qu'il gagnerait à être plus sobre, en l'état on pourrait le couler dans un roman, ça ressemblerait à un extrait sans la mise en vers. Les pronoms ne m'ont pas tant gêné mais les enlever pourrait faire ressortir les mouvements plutôt que les sujets, écrire "chaise" peut remplacer un "tu t'assieds" par exemple, mais ça peut ressembler à une liste si on va trop loin par là aussi.
J'ai l'impression que ça parle d'une histoire qui aurait pu avoir lieu, ça collerait avec l'accord au féminin de "absente", et le "livre blanc ouvert" qui renvoie aussi au début sur les "portes". Il y a un passage aussi de l'épaule au genou au long des vers, qui charrie plein d'images. Je m'étonne du doublon de "matin", vers un passage qui ressemble un peu à une rime embrassée :
"dans la lumière de la fenêtre
qui donne sur un jardin.
lis-tu ? c'est le matin
la journée est encore comme une bulle offerte"
Il me semble qu'il gagnerait à être plus sobre, en l'état on pourrait le couler dans un roman, ça ressemblerait à un extrait sans la mise en vers. Les pronoms ne m'ont pas tant gêné mais les enlever pourrait faire ressortir les mouvements plutôt que les sujets, écrire "chaise" peut remplacer un "tu t'assieds" par exemple, mais ça peut ressembler à une liste si on va trop loin par là aussi.
Re: Le livre
le vers : vision étroite, furtive d'une épaule ...je lis ce passage comme un script de cinoche... et j'ai toujours un peu de mal pour trouver musical cette technique d'alignement sans charnières, cela ne m'entraîne pas, je ne découvre pas l'image, on me la cloue.... j'ai toujours l'impression d'écouter une parodie de Jean-Luc Godart qui me dirait... vision épaule, les fleurs sont fanées, voiture bruit, il va rentrer...
...je préfère le déroulé de la seconde partie avec son final.... avec un petit plus pour l'ambiguïté phonétique du mot la / là... de je suis là absente... petit hiatus qui sonne à merveille ici, à mes zoreilles zamoije
merci
c'est un très beau morceau de poésie
...je préfère le déroulé de la seconde partie avec son final.... avec un petit plus pour l'ambiguïté phonétique du mot la / là... de je suis là absente... petit hiatus qui sonne à merveille ici, à mes zoreilles zamoije
merci
c'est un très beau morceau de poésie
Re: Le livre
Temps suspendu.
Dans cette description - et le livre est "blanc", on dirait que tu racontes au deuxième degré, comme un tableau silencieux (malgré les "bruits légers").
C'est beau.
Dans cette description - et le livre est "blanc", on dirait que tu racontes au deuxième degré, comme un tableau silencieux (malgré les "bruits légers").
C'est beau.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Le livre
Beau poème, tout en douceur, avec de belles images... Mention spéciale pour:
Par contre, j'ai un peu buté sur le début du texte à cause de la syntaxe:
la journée est encore comme une bulle offerte
où le temps ne s'écoule pas.
Par contre, j'ai un peu buté sur le début du texte à cause de la syntaxe:
J'ai tendance à plutôt lire "les portes qui ne sont pas fermées..." ou alors j'ai l'impression qu'il manque des virgules pour que la lecture se fasse sans heurts... Mais je pinaille un peu je pense!les portes ne sont pas fermées
laissent passer les sons mais aussi
ne sont pas ouvertes
isa- Nombre de messages : 559
Age : 33
Localisation : Elbonerg
Date d'inscription : 08/04/2009
Re: Le livre
Merci pour ce beau texte qui laisse une place inouïe au spectateur (oui, car il s'agit pour moi d'image) pas de rythme chaloupé pour le bercer, panneaux indicateurs grammaticaux ou structurels au minimum syndical, pas de bouée de sauvetage: t'es tout seul, man, tout seul dans cette immensité qui se reflète là : ton imagination.
(et encore, ça pourrait être bien pire: là, au moins, tu lis des mots...)
(et encore, ça pourrait être bien pire: là, au moins, tu lis des mots...)
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Le livre
c'est joli. mais trop descriptif, pour ce que ça veut dire ; je voudrais ouvrir le texte, comme le font parfois ici quelques images.
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 33
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Le livre
merci à vous tous.
le poème doit l'essentiel je crois à une exposition très belle qui s'appelle "Visages" et se tient à la Vieille Charité à Marseille.
Je l'ai vue deux fois, et c'est tout le mystère de l'altérité, du regard silencieux, et finalement de l'amour que j'ai eu envie d'exprimer par ce court poème.
Le visage n'y apparaît pas, parce que qui dit visage dit échange de regards, et donc réciprocité...là, c'est plus le regard du peintre ou du photographe, ou du cinéaste, qui ne cherche pas de réciprocité, plutôt la jouissance dans la contemplation.
Il y avait en particulier deux belles photos de Nana Godin, deux photos d'hommes détournés, dont le corps était aussi personnel, parlant, que ce qu'on pouvait imaginer de leurs visages.
Et oui, David, tu as raison, c'est comme "une histoire qui aurait pu avoir lieu"...ou plutôt comme ces moments où peu importent les histoires.
et isa, le léger décalage, le discrètement bancal, c'est volontaire. J'aime que les poèmes aient un petit caillou dans leur chaussure.
le poème doit l'essentiel je crois à une exposition très belle qui s'appelle "Visages" et se tient à la Vieille Charité à Marseille.
Je l'ai vue deux fois, et c'est tout le mystère de l'altérité, du regard silencieux, et finalement de l'amour que j'ai eu envie d'exprimer par ce court poème.
Le visage n'y apparaît pas, parce que qui dit visage dit échange de regards, et donc réciprocité...là, c'est plus le regard du peintre ou du photographe, ou du cinéaste, qui ne cherche pas de réciprocité, plutôt la jouissance dans la contemplation.
Il y avait en particulier deux belles photos de Nana Godin, deux photos d'hommes détournés, dont le corps était aussi personnel, parlant, que ce qu'on pouvait imaginer de leurs visages.
Et oui, David, tu as raison, c'est comme "une histoire qui aurait pu avoir lieu"...ou plutôt comme ces moments où peu importent les histoires.
et isa, le léger décalage, le discrètement bancal, c'est volontaire. J'aime que les poèmes aient un petit caillou dans leur chaussure.
Re: Le livre
grrr...Nan Goldin.
(Dieu maudisse les correcteurs automatiques)
si les correcteurs non automatiques - gardiens humains attentifs - du forum veulent bien corriger, merci beaucoup !
(Dieu maudisse les correcteurs automatiques)
si les correcteurs non automatiques - gardiens humains attentifs - du forum veulent bien corriger, merci beaucoup !
Re: Le livre
Par petites touches, par un déplacement lent du regard, nous entrons dans l'intimité d'une scène surprise par le photographe (?)... Peu à peu, les détails se mettent en place, comme un puzzle. Impressionnisme.
C'est ainsi que je regarde un tableau, que je me laisse emporter, dériver par un texte...
C'est ainsi que je regarde un tableau, que je me laisse emporter, dériver par un texte...
seyne a écrit:l
lis-tu ? c'est le matin
la journée est encore comme une bulle offerte
où le temps ne s'écoule pas.
alizarine- Nombre de messages : 104
Age : 80
Date d'inscription : 07/04/2014
Re: Le livre
Oubliés sur l’étagère, les livres dorment
Attendant une main qui prendrait soin
De tourner à nouveau les pages de leur vie
Connaître la fin de tous ces mots écrits
absente, mais pas sourde, le temps permet d'inventer son destin
Attendant une main qui prendrait soin
De tourner à nouveau les pages de leur vie
Connaître la fin de tous ces mots écrits
absente, mais pas sourde, le temps permet d'inventer son destin
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
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